Oser changer les règles pour un avenir meilleur| Surya Bonaly | TEDxTorino

Surya témoigne sur sa vie, de son enfance dans le sud de la France jusqu'au Jeux Olympiques. Une histoire de courage, d'audace, mais aussi de collaboration entre elle et sa famille - sans qui elle n'aurait jamais été aussi loin - et entre athlètes à travers le monde, car le sport peut traverser les frontières les plus opaques.

Surya Bonaly est une ex-patineuse artistique. Née à Nice, mais originaire de la Réunion, Surya est adoptée à 18 mois et commence le patinage à 11 ans. Championne de France pendant neuf années consécutives et championne d'Europe à cinq reprises, Surya est la première patineuse artistique à tenter un quadruple saut lors des championnats d'Europe en 1989. Elle a aussi participé aux Jeux Olympiques d'hiver en 1990, se retrouvant à la cinquième place, et en 1994, quatrième du classement.
Pourtant, sa célébrité n'est due qu'en partie à son palmarès ; elle est la seule patineuse au monde à pouvoir réceptionner un salto arrière sur un seul pied. Quand elle se rend compte qu'elle ne pourra pas gagner, Surya réalise ce saut - qui était interdit lors de compétitions officielles - pendant son programme libre lors des J.O. en 1998. Le saut fût pénalisé par les juges mais acclamé par la foule. Elle est maintenant coach de patinage aux États-Unis.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

Aujourd'hui, je suis venue en tant
qu'athlète olympique et enfant adoptée.

J'ai laissé ma marque dans mon sport,
le patinage artistique,

et j'ai influencé le sport.

Le jour où je suis née,
ma vie était différente,

atypique.

Quelques jours après ma naissance,

ma mère biologique a pris la décision
de me faire adopter

dans le sud de la France,
pendant son hospitalisation.

J'ai passé plusieurs mois seule.

Quand soudain, un couple
de Français blancs décida de m'adopter

et a changea ma vie pour toujours

en m'accueillant chez eux.

Ma vie a changé ce jour-là,
elle est devenue belle.

Mes parents étaient juste
des personnes normales

qui m'ont tout donné,

m'ont donné la chance d'être
une enfant heureuse, épanouie

et entourée d'amour.

Je peux vous dire que j'ai eu
beaucoup de chance d'avoir été adoptée.

C'était comme si
j'avais gagné à la loterie.

J'ai participé à trois
Jeux Olympiques d'hiver.

Le premier était en 1992 à Albertville,
dans mon pays natal.

Le Comité olympique m'a demandé
de prêter le serment olympique

au nom de tous les athlètes.

Les seconds J.O étaient
en 1994 à Lillehammer.

Et mes troisièmes et derniers J.O,
étaient en 1998 à Nagano, au Japon.

Cela a été ma dernière compétition
en tant qu'athlète amateur.

Et, j'ai décidé à ce moment-là
d'inclure ma meilleure figure.

C'était en fait un salto arrière,
réceptionné sur un seul pied

Cette figure n'avait jamais
été réalisée en compétition.

Oui, c'était fou.

En tant que pionnière dans mon sport,

Je voulais être la toute première
patineuse artistique

à réaliser un salto arrière
sur une patinoire olympique.

J'ai eu la chance et l'opportunité

d'avoir une carrière incroyable.

J'ai eu la chance de pratiquer
beaucoup de sports pendant ma jeunesse,

encouragée par ma mère
qui était coach sportive.

J'étais assez forte
à tout ce que j'essayais.

J'ai pratiqué la plongée,
l'escrime, l'équitation,

beaucoup de sports sauf les sports de
ballon, à ça je n'étais pas bonne du tout.

Ma mère, un jour, m'a conduite
à un gymnase impressionnant.

Et ma petite taille
m'a vraiment donné un avantage.

Cela à été un de mes meilleurs choix.

Je suis même devenue championne du monde
en gymnastique au sol à 12 ans.

J'ai pu aussi développer les compétences
nécessaires dans ma future carrière

pour tenter des figures incroyables
comme les salto et quadruple sauts.

J'étais d'ailleurs la première femme
à avoir tenté le quadruple saut

dans le monde entier.

Je me souviens quand j'avais 9 ans,

un de mes entraîneurs m'a dit que
je n'arriverais pas à faire un double saut

et il me m'a même pas laissée essayer.

Donc ma mère et moi avons décidé
de nous rendre à une autre patinoire

et de m'entraîner pour réaliser
cette figure qu'on m'avait interdite.

Et devinez quoi ?

Je l'ai finalement apprise.

Pour ma mère et moi,
cela a été une vraie victoire.

Ce jour-là, j'étais tellement
heureuse et pleine de joie.

Mais le lendemain,
mon entraîneur a vu ce saut.

Malheureusement, il était en colère

parce que je lui désobéissais.

J'étais trop jeune et
je m'améliorais trop rapidement.

Donc je remuais déjà les choses
dans le monde du patinage de l'époque.

À ce moment là, ma mère
est devenue plus attentive

et a essayé de passer plus de temps
à me regarder m'entraîner.

Même si elle devait se cacher
derrière les pots de fleurs et arbustes,

elle était toujours là pour
me voir m'entraîner.

Finalement, elle est devenue
mon entraîneuse à temps plein

même si j'avais des entraîneurs excellents
et de renommée internationale.

Ma vie était bien sûr différente

mais j'ai vécu une expérience formidable.

J'étais tellement excitée à l'idée
de participer aux Jeux Olympiques,

de pouvoir vivre cette aventure

et d'être au cœur de ces pays.

En tant que champions,

nous avons tellement de chance
de participer aux Jeux Olympiques -

sachant qu'il y a plus de 200 nations
qui se rencontrent -

et de passer ces deux semaines
de J.O. ensemble,

de vivre sous le même toit
et de suivre ce règlement :

respect, esprit sportif,

compétition et paix.

Ces règles sont vraiment importantes.

Je pense que ...

j'ai vécu tellement de choses
pendant ces compétitions internationales.

J'ai eu la chance de voyager
partout dans le monde

en participant à des compétitions
et à des galas.

J'ai même eu l'occasion et la chance

de me rendre en Corée du Nord
à trois reprises.

Vous vous en doutez, la Corée du Nord
peut parfois paraître étrange

mais j'y ai fait des représentations.

J'ai pu faire mes preuves
et on m'a respectée

comme dans tous les autres pays
où j'ai fait des représentations.

Les Nord-Coréens étaient
un peu réservés.

Pourtant, ils étaient vraiment respectueux
envers nous

et envers mes coéquipiers.

Même si j'étais noire et française
avec une adresse américaine

ils m'ont quand même appréciée.

Ils m'ont respectée tout comme mon équipe.

Je pense que le sport à la capacité
d'abattre les barrières

et ça c'est magnifique.

Souvent, le sport fonctionne mieux
que les gouvernements.

Le sport peut rassembler les peuples

et les unir avec de la joie et de l'amour
à travers le monde.

J'ai tellement de chance
d'être une athlète

qui a pu dévoiler ses talents
aux yeux de tous.

Je dirais que d'avoir des parents
qui m'ont épaulé à été une aubaine ;

des parents qui m'ont donné
une bonne éducation.

Ils m'ont encouragé sans cesse
à cultiver mes talents,

à oser m'exprimer et à m'améliorer
en tant que personne.

En tant qu'athlète,

c'est important de pouvoir montrer
ce que l'on veut faire,

de montrer au monde entier
que l'on a du pouvoir.

Je suis vraiment reconnaissante
envers mes parents

de m'avoir donné
cette force et ce courage.

Vous vous demandez sûrement
comment j'ai fait pour en arriver là.

Vous pensez peut-être que ça à été facile.

Non.

Tous les jours, année après année,
je m'entraînais 7 à 10 heures par jour.

Pourtant, la force, l'amour
et le pouvoir de mon sport

m'ont permis de devenir la personne
que je suis aujourd'hui.

Je suis vraiment privilégiée

d'être ici devant vous aujourd'hui

comme ambassadrice pour la paix.

Je suis ici aujourd'hui

et j'espère que ma carrière a eu un impact
sur les spectateurs qui m'ont suivie

et deviendra une source d'inspiration
pour beaucoup de personnes dans le futur.

Merci.

[Applaudissements]