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Tennis, amour et maternité

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    Gayle King : Assieds-toi, Serena Williams,
  • 0:04 - 0:07
    ou « assieds-toi, maman » devrais-je dire.
  • 0:07 - 0:09
    (Rires)
  • 0:09 - 0:12
    Vous avez dû penser
    la même chose que moi :
  • 0:12 - 0:15
    vous avez vu la publication de Serena
    la semaine dernière
  • 0:15 - 0:17
    portant ce superbe maillot de bain jaune.
  • 0:17 - 0:18
    En le voyant, j'ai pensé :
  • 0:18 - 0:23
    « Mince, pourquoi est-ce qu'elle n'a pas
    attendu d'être sur la scène de TED ? ».
  • 0:23 - 0:24
    Oui, c'était très égoïste.
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    Je t'ai questionnée à ce sujet.
  • 0:26 - 0:29
    Tu m'as dis que personne
    n'était censé voir cette photo.
  • 0:29 - 0:30
    Raconte-nous.
  • 0:30 - 0:32
    Serena Williams :
    En fait, c'était un accident.
  • 0:32 - 0:36
    J'étais en vacances,
    je prenais un peu de temps pour moi.
  • 0:36 - 0:41
    J'aime bien suivre l'évolution
  • 0:41 - 0:44
    et prendre des photos chaque semaine
    pour voir les changements...
  • 0:44 - 0:46
    GK : Et tu partages un peu ces photos ?
  • 0:46 - 0:49
    SW : Non, en fait,
    je ne faisais que les enregistrer.
  • 0:49 - 0:52
    Je n'avais pas annoncé la nouvelle
    à beaucoup de monde,
  • 0:52 - 0:54
    très sincèrement,
    je gardais ça pour moi,
  • 0:54 - 0:57
    et tu connais les réseaux sociaux :
    tu appuies sur le mauvais bouton et...
  • 0:57 - 0:58
    (Rires)
  • 0:58 - 1:00
    GK : Et voilà.
  • 1:00 - 1:02
    SW : D'habitude, je reçois peu d'appels,
  • 1:02 - 1:05
    et là, 30 minutes plus tard,
    j'avais manqué quatre appels.
  • 1:05 - 1:07
    Je me suis dit :
    « Tiens, bizarre. »
  • 1:07 - 1:08
    Et puis j'ai compris.
  • 1:08 - 1:10
    Mais c'était un bon moment.
  • 1:10 - 1:14
    Je pensais l'annoncer peu après,
    cinq ou six jours plus tard.
  • 1:14 - 1:18
    GK : C'était bizarre, en effet,
    tu avais juste écrit « 20 semaines ».
  • 1:18 - 1:20
    On n'en apprenait pas beaucoup.
  • 1:20 - 1:25
    SW : Oui, je faisais juste des photos
    pour suivre l'évolution de ma grossesse.
  • 1:25 - 1:29
    18, 19... chaque semaine,
    je faisais une photo et la sauvegardais.
  • 1:29 - 1:31
    J'avais si bien réussi jusque-là,
  • 1:31 - 1:35
    et à la 20e semaine,
    j'ai appuyé sur le mauvais bouton.
  • 1:35 - 1:37
    GK : Et voilà, eh bien, félicitations !
  • 1:37 - 1:38
    SW : Merci.
  • 1:38 - 1:40
    GK : Quand tu as appris la nouvelle,
  • 1:40 - 1:43
    qu'est-ce que tu as ressenti
    à l'idée d'être enceinte ?
  • 1:43 - 1:49
    SW : C'était deux jours
    avant l'Open d'Australie,
  • 1:49 - 1:51
    l'un des tournois du Grand Chelem.
  • 1:51 - 1:52
    GK : Deux jours ?
  • 1:52 - 1:54
    SW : Oui, deux jours avant...
  • 1:54 - 1:58
    J'étais nerveuse.
  • 1:58 - 2:02
    Je ne savais pas bien qu'en penser,
    mais je savais que, à ce moment-là,
  • 2:02 - 2:06
    c'était très important que je me concentre
    sur l'Open d'Australie.
  • 2:06 - 2:12
    Je ne savais pas quoi faire.
    Je me demandais si je pouvais jouer.
  • 2:12 - 2:17
    Comme il y a beaucoup de risques
    pendant les 12 premières semaines,
  • 2:17 - 2:19
    je m'interrogeais beaucoup.
  • 2:19 - 2:23
    GK : Vous avez non seulement joué,
    Mme Williams, vous avez gagné.
  • 2:23 - 2:26
    (Applaudissements)
  • 2:26 - 2:27
    SW : Oui.
  • 2:28 - 2:33
    Et si je peux rappeler :
    ton 23e tournoi de Grand Chelem gagné.
  • 2:33 - 2:33
    SW : Merci.
  • 2:33 - 2:35
    GK : En étant enceinte !
  • 2:35 - 2:37
    (Applaudissements)
  • 2:37 - 2:39
    SW : Je cherchais un autre handicap...
  • 2:39 - 2:43
    GK : As-tu joué différemment,
    sachant que tu étais enceinte ?
  • 2:43 - 2:45
    SW : Oui, ce n'était pas facile.
  • 2:45 - 2:47
    On entend toutes sortes d'histoires
  • 2:47 - 2:49
    sur des femmes enceintes
    qui sont malades et fatiguées.
  • 2:49 - 2:51
    GK : As-tu eu des nausées ?
  • 2:51 - 2:53
    SW : Non, j'ai beaucoup de chance.
  • 2:53 - 2:58
    On dit que les femmes
    sont épuisées et très stressées.
  • 2:58 - 3:01
    J'avais vraiment besoin
    de toute mon énergie,
  • 3:01 - 3:03
    alors j'ai chiffonné toutes ces idées
    et je les ai jetées loin.
  • 3:03 - 3:06
    Parce qu'à ce moment-là,
    je n'avais pas le temps
  • 3:06 - 3:09
    de gérer encore plus d'émotions
    ou de quoi que ce soit d'autre.
  • 3:09 - 3:13
    Personne ne savait que j'étais enceinte,
    j'étais censée gagner ce tournoi,
  • 3:13 - 3:16
    comme je suis censée gagner
    chaque tournoi auquel je participe.
  • 3:16 - 3:19
    On s'attend à ce que je gagne.
    Mes défaites font encore plus de bruit.
  • 3:19 - 3:21
    GK : Oui, c'est toute une histoire.
  • 3:21 - 3:27
    SW : Oui, donc j'ai dû enfouir
    toute l'émotion et la négativité
  • 3:27 - 3:32
    et essayer de comprendre
    quel devait être mon prochain pas.
  • 3:32 - 3:35
    GK : Tu as beaucoup de soutien
    et d'amour autour de toi.
  • 3:35 - 3:38
    A l'aéroport, pour venir ici,
    j'ai eu des échos positifs.
  • 3:38 - 3:41
    J'ai dit au personnel de bord :
    « Devinez où je vais ! »
  • 3:41 - 3:43
    Ils ont dit être très contents
    que tu sois enceinte.
  • 3:43 - 3:45
    Bon, il y a toujours ces Yankees...
  • 3:45 - 3:48
    Quelqu'un m'a parlé de Ilie Nastase.
  • 3:48 - 3:51
    Il a dit quelque chose de méchant
    et d'inapproprié, de raciste même.
  • 3:51 - 3:53
    Tu lui as répondu.
  • 3:53 - 3:56
    Je ne lui ferai pas l'honneur
    de répéter ses mots.
  • 3:56 - 3:57
    Pourquoi avoir répondu ?
  • 3:57 - 4:00
    SW : Certains commentaires
    sont si inappropriés, selon moi,
  • 4:00 - 4:01
    pas seulement celui-ci,
  • 4:01 - 4:05
    mais je soutiens beaucoup mes pairs
    et les personnes qui travaillent avec moi,
  • 4:05 - 4:07
    depuis que je joue chez les pros,
    bientôt 20 ans,
  • 4:07 - 4:10
    et j'ai à cœur de soutenir les femmes.
  • 4:10 - 4:13
    Ces jeunes femmes
    viennent me voir dans les vestiaires
  • 4:13 - 4:15
    pour avoir des photos avec moi,
  • 4:15 - 4:18
    et j'aimerais réussir à être
    un bon exemple pour elles.
  • 4:18 - 4:19
    Donc...
  • 4:19 - 4:22
    (Applaudissements)
  • 4:22 - 4:27
    En l'occurrence, ce commentaire
    nous attaquait toutes.
  • 4:27 - 4:28
    C'était important
  • 4:28 - 4:31
    de nous défendre les une les autres
    et de me défendre moi-même.
  • 4:31 - 4:33
    Je tenais à lui dire
  • 4:33 - 4:36
    que je n'avais pas peur,
    que je n'allais pas fuir,
  • 4:36 - 4:38
    que ce commentaire
    était vraiment déplacé.
  • 4:38 - 4:43
    Il y a un temps et un lieu pour tout,
    et ce n'était ni l'endroit, ni le moment.
  • 4:43 - 4:46
    GK : Nous avons coupé la partie
    où tu dis que tu ne vas pas fuir,
  • 4:46 - 4:49
    parce qu'en septembre, tu auras 36 ans
    et que le bébé va arriver.
  • 4:49 - 4:50
    Ton coach dit :
  • 4:50 - 4:53
    « L'âge est toujours important,
    mais en tennis c'est très important »,
  • 4:53 - 4:55
    mais il est sûr que tu reviendras.
  • 4:55 - 4:57
    T'es-tu posé la question ?
  • 4:57 - 4:59
    As-tu pensé à prendre du temps pour toi ?
  • 4:59 - 5:00
    Certaines femmes disent :
  • 5:00 - 5:04
    « Combien de temps faut-il pour un bébé ?
    Elle va quitter pour deux ans ? »
  • 5:04 - 5:05
    Où en es-tu ?
  • 5:05 - 5:07
    SW : J'essaie toujours
    de défier les probabilités.
  • 5:07 - 5:09
    Pour moi, tout est dans la tête.
  • 5:09 - 5:12
    Je prévois de revenir,
    je n'en ai pas terminé.
  • 5:12 - 5:14
    Je suis très inspirée par ma sœur.
  • 5:14 - 5:16
    Elle a un an de plus que moi.
  • 5:16 - 5:18
    Je me dis que
    tant qu'elle joue, je peux jouer.
  • 5:18 - 5:20
    (Rires)
  • 5:20 - 5:26
    Et il y a des joueurs plus âgés que moi,
    comme Roger Federer, et il gagne tout.
  • 5:26 - 5:28
    Alors je me dis que
    je peux le faire, moi aussi.
  • 5:28 - 5:32
    J'ai été très inspirée, surtout récemment,
  • 5:32 - 5:34
    et je sais que c'est quelque chose
    que je veux faire.
  • 5:34 - 5:38
    Mon histoire n'est pas encore terminée.
    J'en ai parlé à mon coach.
  • 5:38 - 5:43
    Dans ma vie, il s'agit juste
    d'un nouveau chapitre.
  • 5:43 - 5:45
    Mon bébé viendra dans la tribune
  • 5:45 - 5:48
    et j'espère qu'il viendra
    me soutenir sans trop pleurer.
  • 5:48 - 5:51
    GK : Tu as écrit un mot magnifique
    à ton bébé hier où tu disais :
  • 5:51 - 5:55
    « De la plus vieille numéro 1
    au plus jeune numéro 1,
  • 5:55 - 5:56
    je me réjouis que tu sois là. »
  • 5:56 - 5:58
    Beaucoup de personnes le voient.
  • 5:58 - 6:01
    Serena, jetons un coup d'œil
    aux six derniers mois.
  • 6:01 - 6:04
    Tu as connu trois étapes clés :
  • 6:04 - 6:08
    tu es tombée amoureuse, enceinte
    et tu as eu une superbe victoire.
  • 6:08 - 6:10
    Quand je t'ai vue l'an dernier,
  • 6:10 - 6:12
    je t'ai demandé où tu en étais
    dans ta vie personnelle.
  • 6:12 - 6:15
    Tu m'as dit que tu avais quelqu'un,
    un intello, un peu geek,
  • 6:15 - 6:18
    aucune chance que je le connaisse.
    Je t'ai demandé son nom.
  • 6:18 - 6:19
    SW : Je me souviens, oui.
  • 6:19 - 6:21
    GK : Tu as dit : « Alexis Ohanian ».
  • 6:21 - 6:24
    Je t'ai dit : « Je le connais. »
    C'est quelqu'un de super.
  • 6:24 - 6:27
    Mais je ne t'aurais pas imaginée
    avec quelqu'un comme lui.
  • 6:27 - 6:29
    SW : Je doit être honnête, moi non plus,
  • 6:29 - 6:32
    mais cette rencontre
    a été ce qu'il y a de mieux pour moi.
  • 6:32 - 6:33
    GK : Pourquoi ?
  • 6:33 - 6:35
    Est-ce qu'il a l'air d'un geek intello ?
  • 6:35 - 6:36
    Regardez sa chemise.
  • 6:36 - 6:37
    (Rires)
  • 6:37 - 6:38
    Il est vraiment super.
  • 6:38 - 6:40
    SW : On voit qu'il est
    dans la technologie.
  • 6:40 - 6:42
    GK : Il est très très gentil.
  • 6:42 - 6:44
    Je l'apprécie beaucoup.
  • 6:44 - 6:47
    Comment a-t-il réussi
    là où les autres ont échoué ?
  • 6:47 - 6:49
    Comment as-tu su que c'était « le bon » ?
  • 6:49 - 6:50
    SW : (Rires)
  • 6:50 - 6:54
    SW : Je vais garder ça pour moi, mais...
  • 6:54 - 6:54
    (Rires)
  • 6:54 - 6:57
    GK : Dis-nous Serena !
  • 6:57 - 6:58
    SW : Eh bien…
  • 6:58 - 7:01
    (Rires)
  • 7:01 - 7:02
    Oui.
  • 7:02 - 7:05
    (Applaudissements)
  • 7:05 - 7:06
    GK: Mais tu sais ce que je veux dire.
  • 7:06 - 7:08
    SW : Il est très aimant et bon ;
  • 7:08 - 7:10
    ma maman dit qu'il est très attentionné
  • 7:10 - 7:14
    et quand elle m'a dit ça,
    j'ai réalisé à quel point il l'était.
  • 7:14 - 7:17
    Ce sont les petites choses
    qui font une grande différence.
  • 7:17 - 7:18
    GK : Par exemple ?
  • 7:18 - 7:23
    SW: Par exemple, ma maison de couture.
    Nous organisons un défilé chaque année.
  • 7:23 - 7:28
    L'an dernier, j'étais très stressée,
    je n'arrêtais pas de courir,
  • 7:28 - 7:31
    parce que je devais tout organiser.
  • 7:31 - 7:35
    Il a fait quelque chose de très simple :
    il avait une chemise à lui,
  • 7:35 - 7:40
    et il voulait qu'on ait la même,
    et, c'est une drôle d'histoire...
  • 7:40 - 7:43
    C'était mieux en vrai, promis.
  • 7:43 - 7:45
    GK : Était-ce une belle demande ?
  • 7:45 - 7:46
    Ou à la Beyoncé :
  • 7:46 - 7:49
    « Si tu aimes ça, il devrais
    passer la bague au doigt » ?
  • 7:49 - 7:51
    Sentais-tu de la pression
    pour te marier ?
  • 7:51 - 7:52
    L'as-tu senti venir ?
  • 7:52 - 7:54
    SW : Je n'ai jamais eu
    de pression pour me marier.
  • 7:54 - 7:57
    Et je ne suis pas très mariage.
  • 7:57 - 8:01
    J'apprécie beaucoup ma vie.
    J'aime ma liberté.
  • 8:01 - 8:03
    On m'a dit que ça pouvait changer...
  • 8:03 - 8:07
    J'aime tout ce que je fais,
  • 8:07 - 8:09
    et j'aime ma carrière.
  • 8:09 - 8:12
    J'ai toujours craint que quelque
    chose puisse venir interférer.
  • 8:12 - 8:14
    Quand il m'a fait sa demande,
  • 8:14 - 8:18
    j'étais si concentrée sur ma carrière
    que j'étais presque fâchée.
  • 8:18 - 8:19
    Pas « presque », j'étais fâchée.
  • 8:19 - 8:22
    Parce que c'était au milieu
    de la saison d'entraînement,
  • 8:22 - 8:23
    je lui ai dit :
  • 8:23 - 8:26
    « je dois gagner l'Open d'Australie,
    je ne peux pas aller à Rome. »
  • 8:26 - 8:30
    Il voulait qu'on y aille ; je lui ai dit :
    « Je ne peux pas, je dois gagner. »
  • 8:30 - 8:31
    J'étais si concentrée.
  • 8:31 - 8:34
    GK : Cette femme dit :
    « Non, je ne peux pas aller à Rome. »
  • 8:34 - 8:37
    SW : J'étais concentrée sur mes objectifs.
  • 8:37 - 8:40
    Et à cette époque,
    une joueuse était dans mon viseur.
  • 8:40 - 8:42
    Je voulais dépasser
    le record de Steffi Graf.
  • 8:42 - 8:46
    Ça me tenait beaucoup à cœur.
    Et lorsque je décide quelque chose,
  • 8:46 - 8:49
    je suis déterminée,
    peu importe la situation.
  • 8:49 - 8:53
    GK : Je t'ai entendue dire que
    gagner crée une dépendance pour toi.
  • 8:53 - 8:54
    SW: Oui.
  • 8:54 - 8:55
    GK : Que veux-tu dire ?
  • 8:55 - 8:58
    SW : Gagner me rend accro.
  • 8:58 - 9:01
    Il me semble que
    lorsqu'on connaît la victoire,
  • 9:01 - 9:04
    on cherche à ressentir
    encore ce sentiment.
  • 9:04 - 9:06
    J'ai gagné mon premier tournoi,
  • 9:06 - 9:07
    quand je n'avais que 17 ans,
  • 9:07 - 9:09
    mais je n'oublierai jamais ce sentiment.
  • 9:09 - 9:11
    C'est comme si à chaque victoire,
  • 9:11 - 9:15
    j'essayais de ressentir à nouveau
    le sentiment du premier tournoi.
  • 9:15 - 9:16
    C'est incomparable.
  • 9:16 - 9:20
    Après toutes ces années d'entraînement,
  • 9:20 - 9:22
    depuis tout petit et qu'on joue,
  • 9:22 - 9:25
    gagner est une expérience incroyable.
  • 9:25 - 9:30
    J'adore ce sentiment.
  • 9:30 - 9:32
    Et bien sûr, je n'aime pas
    ressentir la défaite.
  • 9:32 - 9:36
    GK : En effet, tes proches disent que
    tu es une très mauvaise perdante.
  • 9:36 - 9:38
    SW : Je ne suis pas la meilleure perdante.
  • 9:38 - 9:40
    GK : Ils disent que
    tu es terriblement mauvaise.
  • 9:40 - 9:42
    Aucun athlète ou vainqueur n'aime perdre.
  • 9:42 - 9:43
    Je comprends.
  • 9:43 - 9:46
    Mais tu es particulièrement
    mauvaise perdante.
  • 9:46 - 9:48
    (Rires)
  • 9:48 - 9:51
    SW : Peut-être que je suis aussi
    la numéro 1 de la défaite alors.
  • 9:51 - 9:53
    (Rires)
  • 9:53 - 9:55
    (Applaudissements)
  • 9:55 - 9:59
    GK: Je suis intriguée
    par la dynamique entre toi et Venus.
  • 9:59 - 10:03
    Ceux qui ont suivi votre histoire
    savent que vous êtes très proches.
  • 10:03 - 10:05
    Et tu t'investis toujours à 100%.
  • 10:05 - 10:08
    Quand tu joues contre elle,
  • 10:08 - 10:11
    joues-tu à 98% parce que c'est elle,
  • 10:11 - 10:15
    ou, au contraire, joues-tu à 200%
    pour ne lui laisser aucune chance ?
  • 10:15 - 10:17
    Est-ce plus difficile ou plus facile
    de jouer contre elle ?
  • 10:17 - 10:20
    SW : Jouer contre Venus,
    c'est jouer contre moi.
  • 10:20 - 10:22
    Nous avons grandi
    en jouant l'une contre l'autre,
  • 10:22 - 10:23
    en nous entraînant ensemble.
  • 10:23 - 10:25
    C'était quelque chose de difficile,
  • 10:25 - 10:27
    parce qu'elle est ma pire adversaire.
  • 10:27 - 10:29
    Elle est grande, rapide,
  • 10:29 - 10:32
    elle frappe aussi fort que moi,
    elle sert comme je sers.
  • 10:32 - 10:34
    C'est jouer contre un mur.
  • 10:34 - 10:35
    GK : Elle te connaît.
  • 10:35 - 10:38
    SW : Elle sait où je frapperai la balle
    avant même que je ne le fasse,
  • 10:38 - 10:42
    alors ce n'est pas facile.
  • 10:42 - 10:44
    Sur le court,
  • 10:44 - 10:46
    je dois fermer mon esprit
    et me dire mentalement :
  • 10:46 - 10:47
    « Tu sais quoi ?
  • 10:47 - 10:51
    Tu joues contre une excellente joueuse,
    mais aujourd'hui, tu dois être meilleure.
  • 10:51 - 10:54
    Peu importe de qui il s'agit,
    s'il s'agit de ta sœur ou d'une amie,
  • 10:54 - 10:58
    aujourd'hui tu dois être là
    et te démarquer,
  • 10:58 - 11:03
    tu dois vouloir gagner
    plus que quiconque à cet instant. »
  • 11:03 - 11:07
    GK : Tu n'as jamais de faiblesse,
    sur le court, parce que c'est Venus ?
  • 11:07 - 11:11
    Parce que c'était toujours
    « Venus et Serena ».
  • 11:11 - 11:12
    SW : Oui.
  • 11:12 - 11:15
    GK : Et l'élève a dépassé le maître.
  • 11:15 - 11:18
    Te sens-tu coupable ?
    En es-tu contente ?
  • 11:18 - 11:20
    Est-ce une situation difficile pour toi ?
  • 11:20 - 11:22
    SW : Je ne pense rien de tout ça.
  • 11:22 - 11:25
    Dans ma vie, c'est, et ce sera toujours,
    « Venus et Serena ».
  • 11:25 - 11:28
    Elle est mon plus grand amour,
    ma meilleure amie
  • 11:28 - 11:30
    et mon âme sœur.
  • 11:30 - 11:32
    Il y a des photos de nous,
  • 11:32 - 11:36
    malheureusement de très mauvaise qualité
    sinon je les aurais partagées,
  • 11:36 - 11:39
    où elle me pousse dans une poussette
    sur un court de tennis.
  • 11:39 - 11:41
    Elle prenait toujours soin de moi.
  • 11:41 - 11:44
    Je dépensais tout mon argent
    au camion de glaces et autres,
  • 11:44 - 11:48
    et elle prenait son argent
    pour me le donner à l'école,
  • 11:48 - 11:50
    pour que je puisse manger.
  • 11:50 - 11:51
    Et elle n'avait plus d'argent.
  • 11:51 - 11:55
    Elle est comme ça, depuis toujours.
  • 11:55 - 12:00
    Nous avons énormément
    de respect l'une pour l'autre,
  • 12:00 - 12:01
    et beaucoup d'amour.
  • 12:01 - 12:05
    Comme quoi, on peut avoir du succès
    et garder une très belle relation.
  • 12:05 - 12:07
    Sur le court, elle est mon ennemie jurée,
  • 12:07 - 12:12
    mais à la seconde où on se serre la main,
    elle redevient ma meilleure amie ;
  • 12:12 - 12:16
    quand je perds,
    c'est le jour d'après pour moi,
  • 12:16 - 12:17
    mais pour Venus...
  • 12:17 - 12:20
    (Rires)
  • 12:20 - 12:23
    GK : En frappant la balle sur le court,
    tu ne te dis jamais :
  • 12:23 - 12:27
    « Ça, c'est pour l'école secondaire
    quand tu as fait ci ou ça » ?
  • 12:27 - 12:29
    Ça ne t'arrive jamais ?
  • 12:29 - 12:31
    SW : Je pense que ça a dû lui arriver.
  • 12:31 - 12:33
    Elle ne m'a jamais fait de mal,
  • 12:33 - 12:35
    mais je suis la plus jeune,
    la plus petite.
  • 12:35 - 12:38
    GK : Serena, vraiment,
    elle ne t'as jamais rien fait ?
  • 12:38 - 12:41
    J'ai trois sœurs, je peux penser
    à bien des choses que j'ai pu faire.
  • 12:41 - 12:45
    SW : A moins d'un lavage de cerveau
    pour que j'oublie, je ne vois pas.
  • 12:45 - 12:48
    GK : Ton amour pour elle est très pur.
  • 12:48 - 12:48
    SW : Oui.
  • 12:48 - 12:49
    GK : Oui, c'est sûr.
  • 12:49 - 12:51
    SW : On nous a élevées proches,
  • 12:51 - 12:53
    et nous sommes vraiment très proches.
  • 12:53 - 12:55
    Et pas seulement elle et moi.
  • 12:55 - 12:58
    J'ai aussi trois autres sœurs
    et nous avons toujours été très proches.
  • 12:58 - 13:00
    GK : Avant un grand match,
  • 13:00 - 13:04
    Venus et toi ne vous voyez pas
    pour mettre les choses à plat ?
  • 13:04 - 13:06
    SW : Avant l'Open d'Australie,
  • 13:06 - 13:08
    nous étions dans les vestiaires,
  • 13:08 - 13:12
    et je la chicane toujours, alors,
    pendant qu'elle se changeait,
  • 13:12 - 13:16
    je l'embêtais en prenant des photos,
    ce qui est tout à fait déplacé.
  • 13:16 - 13:19
    Et elle était très fâchée,
    elle me disait : « Serena, arrête ! »
  • 13:19 - 13:20
    et moi je riais.
  • 13:20 - 13:24
    C'est ce genre de lien que nous avons.
  • 13:24 - 13:26
    Dès que nous sommes entrées sur le court,
  • 13:26 - 13:30
    nous étions les pires ennemies,
  • 13:30 - 13:34
    jusqu'à la fin du match.
  • 13:34 - 13:36
    Les choses sont ce qu'elles sont,
  • 13:36 - 13:38
    elle sera toujours ma sœur.
  • 13:38 - 13:40
    Je ne jouerai pas
    à l'Open d'Australie en...
  • 13:40 - 13:42
    qui sait, je joue depuis si longtemps,
  • 13:42 - 13:45
    mais je ne pense pas
    que ce sera le cas dans 50 ans.
  • 13:45 - 13:47
    Soyons prudents, et disons 50 ans.
  • 13:47 - 13:49
    GK : Je l'ignore,
    tu ne ressembles à personne.
  • 13:49 - 13:51
    Quand on y pense,
    il n'y a jamais eu personne
  • 13:51 - 13:54
    qui te ressemble tant
    du point de vue du genre, de la couleur,
  • 13:54 - 13:57
    de la dominance
    que du regard du public.
  • 13:57 - 14:00
    T'es-tu dit que tu voulais
    « être comme ça » en grandissant ?
  • 14:00 - 14:03
    A présent, des petites filles
    te prennent pour exemple.
  • 14:03 - 14:04
    Qui était ton modèle ?
  • 14:04 - 14:08
    SW : C'est intéressant, je suis contente
    que nous abordions ce sujet.
  • 14:08 - 14:11
    Pour moi, quand j'étais petite,
    je voulais toujours être la meilleure.
  • 14:11 - 14:15
    Si on veut être le meilleur,
    il faut imiter le meilleur.
  • 14:15 - 14:22
    Toute petite, je voyais Steffi Graf,
    Monica Seles, ou même Pete Sampras,
  • 14:22 - 14:24
    et je voyais ce qu'ils faisaient.
  • 14:24 - 14:29
    J'avais remarqué que Steffi et Monica
    parlaient à peu de joueuses,
  • 14:29 - 14:30
    elles restaient plutôt seules.
  • 14:30 - 14:32
    Elles étaient très concentrées.
  • 14:32 - 14:35
    Et je regardais la technique
    de Pete Sampras,
  • 14:35 - 14:37
    je me disais : « Je veux faire ça. ».
  • 14:37 - 14:40
    Alors je l'ai fait,
    et il m'a semblé que
  • 14:40 - 14:45
    pour être le meilleur,
    il faut observer les meilleurs.
  • 14:45 - 14:49
    On ne devient pas le meilleur
    en regardant quelqu'un qui ne l'est pas.
  • 14:49 - 14:52
    GK : On dit que personne
    ne travaille aussi dur que toi.
  • 14:52 - 14:53
    SW : Je travaille très dur.
  • 14:53 - 14:54
    GK : C'est ce que j'entends.
  • 14:54 - 14:55
    SW : Beaucoup disent :
  • 14:55 - 14:57
    « Elle est talentueuse et athlétique. »
  • 14:57 - 15:00
    Enfant, j'étais très petite pour mon âge.
  • 15:00 - 15:03
    J'ai grandi plus tard,
    et j'ai dû travailler très dur.
  • 15:03 - 15:06
    L'une des raisons pour lesquelles
    je me bats et travaille tellement,
  • 15:06 - 15:08
    c'est parce que j'étais
    si petite et menue.
  • 15:08 - 15:09
    GK : Oui.
  • 15:09 - 15:11
    Tu n'es plus petite en tout cas.
  • 15:11 - 15:14
    SW : Non, plus à présent.
  • 15:14 - 15:17
    Mais à l'époque j'étais petite,
    pour une raison ou pour une autre.
  • 15:17 - 15:20
    Venus devait manger tous les Frosties.
  • 15:20 - 15:23
    GK : Les gens parlent aussi de ton corps.
  • 15:23 - 15:26
    Ton corps met les femmes
    et les hommes à genoux.
  • 15:26 - 15:28
    Je dis cela positivement.
  • 15:28 - 15:31
    Il fait couler beaucoup d'encre.
  • 15:31 - 15:35
    C'est une œuvre d'art ;
    il est masculin, plein de gloire,
  • 15:35 - 15:38
    on n'a jamais rien vu de tel.
  • 15:38 - 15:41
    Avais-tu des problèmes
    en grandissant ?
  • 15:41 - 15:43
    As-tu toujours été à l'aise
    avec ton corps ?
  • 15:43 - 15:46
    SW : C'est intéressant,
    parce que les adolescentes
  • 15:46 - 15:48
    qui grandissent dans l'œil du public,
  • 15:48 - 15:50
    sont beaucoup
    sous le feu des projecteurs.
  • 15:50 - 15:52
    En tant qu'adolescente,
  • 15:52 - 15:54
    je n'étais absolument pas
    à l'aise avec mon corps,
  • 15:54 - 15:56
    je ne l'aimais pas.
  • 15:56 - 15:58
    Je ne comprenais pas
    pourquoi j'avais des muscles.
  • 15:58 - 16:00
    J'ai arrêté de faire des haltères.
  • 16:00 - 16:01
    Je ne voulais plus en faire.
  • 16:01 - 16:03
    Mais lorsque j'ai gagné l'US Open,
  • 16:03 - 16:07
    j'ai compris que mon corps m'aidait
    à atteindre mes objectifs,
  • 16:07 - 16:09
    et j'ai voulu être heureuse avec,
  • 16:09 - 16:11
    j'y étais très sensible.
  • 16:11 - 16:12
    Je suis toujours en bonne santé.
  • 16:12 - 16:15
    J'ai beaucoup de chance
    et je suis très reconnaissante.
  • 16:15 - 16:19
    Non seulement je suis bien dans mon corps,
    mais je souhaite que d'autres personnes,
  • 16:19 - 16:22
    d'autres jeunes filles,
    qui ont vécu ce que j'ai vécu,
  • 16:22 - 16:23
    le soient elles aussi.
  • 16:23 - 16:27
    Peu importe s'il est jugé
    masculin, trop, pas assez.
  • 16:27 - 16:30
    Peu importe.
    tant que je m'aime moi-même.
  • 16:30 - 16:35
    (Applaudissements)
  • 16:35 - 16:37
    GK : Tu as appris beaucoup
    de tes victoires,
  • 16:37 - 16:39
    mais qu'as-tu appris de tes défaites ?
  • 16:39 - 16:43
    SW : Je déteste perdre, mais je pense
    que c'est ce qui m'a fait avancer.
  • 16:43 - 16:47
    Je suis comme je suis
    parce que j'ai connu des échecs.
  • 16:47 - 16:49
    Certaines défaites
    sont très douloureuses,
  • 16:49 - 16:52
    mais je n'en regrette aucune,
  • 16:52 - 16:54
    parce que chaque fois que je perds,
  • 16:54 - 16:56
    ma prochaine défaite
    met du temps à arriver,
  • 16:56 - 16:59
    et parce que j'en apprends tellement.
  • 16:59 - 17:01
    J'encourage les personnes
    que je rencontre,
  • 17:01 - 17:04
    je leur dis que si elles perdent,
    ou que quelque chose se passe,
  • 17:04 - 17:06
    pas en sport,
    mais au travail ou à l'école,
  • 17:06 - 17:08
    il faut en prendre de la graine.
  • 17:08 - 17:09
    Il faut vivre dans le présent,
  • 17:09 - 17:11
    et veiller à ne pas
    refaire les mêmes erreurs.
  • 17:11 - 17:13
    C'est un principe
    que je m'efforce de suivre.
  • 17:13 - 17:15
    GK : Tu prépares ton mariage,
  • 17:15 - 17:17
    et je me demandais
    si une destination était prévue
  • 17:17 - 17:21
    comme les Catskills,
    les Poconos ou la Floride ?
  • 17:21 - 17:23
    Que prévois-tu ?
  • 17:23 - 17:25
    Fête intime ou grosse fiesta ?
  • 17:25 - 17:28
    SW : Nous imaginons entre deux.
    Je ne veux rien d'exagéré.
  • 17:28 - 17:31
    Ensuite, on se dit qu'on ne peut pas
    dire non à cette personne, ni à celle-là.
  • 17:31 - 17:34
    Vraisemblablement,
    il sera de taille moyenne.
  • 17:34 - 17:37
    Je suis un peu bout-en-train,
    j'espère que vous le voyez,
  • 17:37 - 17:39
    je ne suis pas trop sérieuse.
  • 17:39 - 17:40
    GK : Et tu aimes danser.
  • 17:40 - 17:43
    Quel est la prochaine étape
    pour Serena Williams ?
  • 17:43 - 17:47
    SW : Oh, eh bien,
    je vais avoir un bébé.
  • 17:47 - 17:50
    je resterai en forme
    et reviendrai jouer
  • 17:50 - 17:52
    et continuerai à travailler
    mes collections.
  • 17:52 - 17:53
    Ça serait génial.
  • 17:53 - 17:55
    GK : Ce sera une fille ou un garçon ?
  • 17:55 - 17:57
    SW : Je ne sais pas,
    mais l'un ou l'autre, je pense...
  • 17:57 - 18:01
    C'est fifty-fifty, mais j'ai mon idée.
  • 18:01 - 18:02
    GK : Gayle est un prénom unisexe.
  • 18:02 - 18:05
    Peu importe votre choix, on vous soutient.
  • 18:05 - 18:06
    SW : Merci.
  • 18:06 - 18:07
    GK : Je t'en prie.
  • 18:07 - 18:08
    On te soutient, Serena Williams.
  • 18:08 - 18:09
    SW: Merci mille fois.
  • 18:09 - 18:11
    Merci, merci à tous.
  • 18:11 - 18:14
    (Applaudissements)
Title:
Tennis, amour et maternité
Speaker:
Serena Williams et Gayle King
Description:

Après avoir remporté son 23e titre de Grand Chelem, Serena Williams, la célèbre joueuse de tennis s'assied pour une discussion chaleureuse et espiègle en compagnie de la journaliste Gayle King. Elle commence par expliquer comment sa grossesse a été communiquée par erreur, puis se penche sur sa vie, sa vie amoureuse, ses victoires et ses défaites.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
18:28

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