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Célébrons l'invalidité comme faisant partie de la diversité humaine | CATALINA DEVANDAS AGUILAR | TEDxGeneva

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    Un jour, quand j’étais petite,
    j’ai entendu ma grand-mère parler de moi.
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    Elle ignorait que j’écoutais
    quand elle a dit : « Quelle tristesse,
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    ma petite fille, elle a un si joli visage
    mais personne ne voudra d’elle ! »
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    Je suis née avec le spina bifida et cela
    signifie que depuis que je suis petite,
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    je n’arrive pas à bien marcher.
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    J’ai grandi au Costa Rica : un magnifique
    petit pays en Amérique latine.
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    Je m’y suis toujours sentie aimée
    et encouragée par ma famille.
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    J’ai grandi
    comme tous les autres enfants :
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    je jouais, j’allais à l’école,
    j’ai appris à nager.
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    Un jour, on m’a demandé quelle partie
    de mon corps je souhaiterais changer.
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    J’ai répondu aucune.
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    J’étais heureuse, libre et encouragée
    à faire tout ce que je voulais.
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    Pourtant, bien plus tard,
    à la naissance de ma première fille,
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    mon père l’a tenue dans ses bras
    et il a dit à ma mère :
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    « Je n’ai jamais rêvé
    qu’un tel moment puisse survenir. »
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    Cela m’a surprise car certes,
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    je pensais que ma grand-mère appartenait
    à une ancienne génération,
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    mais que mon père, mon père aimant,
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    celui-là même qui m’a dit
    qu’il n’y avait pas de limite,
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    ne puisse croire
    que je devienne mère un jour !
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    Bom, j’ai trois enfants, je suis avocate,
    je suis mariée et vous l’avez entendu,
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    je suis rapporteur spécial pour les droits
    des personnes handicapées.
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    Dans mon travail, je fais la promotion
    des droits de l’Homme,
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    je voyage beaucoup pour rencontrer
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    des personnes en situation de handicap,
    toutes sortes de personnes :
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    des enfants, des personnes âgées,
    des autochtones, des femmes
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    et je m’assois avec elles.
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    Je visite des écoles,
    des hôpitaux psychiatriques
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    et j’apprends
    quelles sont leurs difficultés.
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    Après cela, je vais voir les gouvernements
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    et je discute avec eux de ces difficultés
    pour tenter de les résoudre.
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    J’ai visité des pays très différents
    sur tous les continents
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    en Asie, en Europe, en Afrique,
    en Amérique latine et du Nord,
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    des pays riches ou pauvres,
    des pays développés ou émergents.
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    Ce qui est fascinant,
    c’est que partout dans le monde,
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    les défis auxquels les personnes
    handicapées sont confrontées
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    sont semblables et voici quelques-unes
    de nos frustrations communes :
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    nous sommes nombreux à nous sentir exclus,
    sans école, sans travail ;
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    à nous sentir sous-estimés :
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    dans certains endroits, les personnes
    handicapées n’ont pas le droit de vote.
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    Beaucoup sont en colère
    car elles ne peuvent pas quitter la maison
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    ou utiliser les transports publics.
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    Certains veulent fonder une famille
    et ont des partenaires
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    mais cela ne semble pas normal,
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    D’autres enfin sont las :
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    nous sommes las des gens
    qui ressentent de la pitié pour nous
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    car on n’aime pas en être l’objet
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    et bien trop souvent,
    on décide à notre place.
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    Nous ne sommes pas autorisés à décider
    ce que nous souhaitons faire de nos vies.
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    D’autres ont du pouvoir sur nous
    et peuvent décider pour nous,
  • 3:05 - 3:07
    des médecins par exemple,
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    ou des professionnels, des enseignants
    voire même des personnes soignantes.
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    J’insiste sur le fait que ça n’existe pas
    uniquement dans les pays pauvres
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    ou des pays moins démocratiques,
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    contrairement aux pays riches
    ou plus démocratiques, non, c'est général.
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    Prenons le cas d’Alice :
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    Alice est la fille de 9 ans de mon amie
    et à leur arrivée en Suisse pour y vivre,
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    Alice n’a pas été autorisée
    à intégrer une école.
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    Les professionnels là-bas pensaient
    que son syndrome de Down
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    justifiait son exclusion de l’entourage
    des autres enfants.
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    Alice n’a pas pu aller à l’école
    pendant quatre ans,
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    aussi incroyable que cela puisse paraître.
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    Mais c’est vrai et nous sommes
    des millions dans le monde à le vivre.
  • 3:54 - 3:58
    Ça doit changer ! Nous devons modifier
    ces déséquilibres de pouvoir.
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    Les personnes handicapées
    doivent contribuer et participer
  • 4:03 - 4:05
    à la vie de nos communautés
    comme tout le monde.
  • 4:05 - 4:10
    Nous luttons pour cela depuis des dizaines
    d’années, exigeant un changement.
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    Grâce à ce combat, nous sommes aujourd’hui
    pourvus d'un outil important :
  • 4:15 - 4:17
    Cet outil, c’est la convention
    des Nations Unies
  • 4:17 - 4:19
    pour les droits des personnes handicapées.
  • 4:19 - 4:23
    Cette convention est une loi,
    une loi internationale
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    qui donc crée des obligations
    pour les États.
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    Elle a été préparée avec la participation
    active de personnes handicapées
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    et j’ai eu le privilège d’en faire partie.
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    La convention contient
    au minimum deux messages nets.
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    Le premier :
    ce n'est pas nous le problème.
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    Le problème n'a jamais été nous :
    ce n'est pas personnel,
  • 4:45 - 4:50
    ni social, ni de nous guérir,
    il s'agit d'enlever les barrières.
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    Le problème, ce sont les escaliers
    mais aucune pente dans les cinémas.
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    Le problème, c'est la loi qui autorise
    d'autres personnes à décider en notre nom.
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    Le problème, c'est que l'école est conçue
    pour certains enfants, pas tous.
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    La convention rappelle aussi aux pays
    la nécessité de prendre le temps
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    de discuter et d'écouter les personnes
    en situation de handicap
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    car nous savons mieux
    quels sont les problèmes
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    et nous savons mieux
    comment les faire cesser.
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    Bien sûr, nous devons collaborer
    pour construire les solutions,
  • 5:30 - 5:33
    mais nous sommes les spécialistes
    indispensables.
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    Voici un exemple :
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    un jour, j'ai rencontré
    un jeune homme, Oscar.
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    Il était très contrarié car il venait
    de recevoir un nouveau fauteuil roulant.
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    Un super fauteuil roulant qui représentait
    un certain budget pour la municipalité.
  • 5:50 - 5:54
    Mais le problème était qu'Oscar vivait
    dans la montagne, dans un milieu rural.
  • 5:55 - 5:57
    Et il ne pouvait pas sortir
    avec ce fauteuil roulant.
  • 5:58 - 6:03
    Il voulait seulement un cheval
    mais personne n'avait posé la question,
  • 6:03 - 6:06
    bref, ne faites rien pour nous sans nous !
  • 6:07 - 6:11
    C'est le leitmotiv de la communauté
    des personnes handicapées :
  • 6:11 - 6:12
    rien pour nous sans nous.
  • 6:13 - 6:18
    C'est aussi la clé qui va nous aider
    à prendre le contrôle de nos vies.
  • 6:20 - 6:23
    Le changement est là :
    il survient partout dans le monde.
  • 6:24 - 6:28
    De plus en plus de personnes en situation
    de handicap vont à l'école, au travail
  • 6:29 - 6:33
    et la prise de conscience sur les besoins
    en accessibilité devient manifeste.
  • 6:33 - 6:38
    Si la technologie contribue à notre
    épanouissement, pour vraiment réussir,
  • 6:38 - 6:42
    et obtenir une participation entière
    des personnes handicapées dans la société,
  • 6:42 - 6:45
    nous devons continuer
    à chercher les racines des problèmes.
  • 6:45 - 6:49
    Quelles sont les causes de l'exclusion ?
    Pourquoi cela existe-t-il encore ?
  • 6:49 - 6:53
    Je constate dans mon travail et ma vie
  • 6:53 - 6:57
    que cela est dû à la perception
    que les autres ont de nous.
  • 6:57 - 7:02
    Les perceptions sociales sont au centre
    du problème car hélas,
  • 7:02 - 7:04
    de nombreuses personnes pensent encore
  • 7:04 - 7:07
    que nous ne pouvons pas
    avoir de vie épanouissante,
  • 7:07 - 7:09
    que nous représentons un fardeau,
  • 7:09 - 7:12
    que nous ne pouvons pas être indépendant
    ou fonder une famille.
  • 7:12 - 7:16
    Des mères pensent que nos vies
    ne valent pas la peine d'être vécues,
  • 7:18 - 7:22
    que nos vies
    ne sont que tristesse et laideur,
  • 7:23 - 7:27
    que notre expérience de vie
    doivent être évités à tout prix.
  • 7:27 - 7:32
    Certains pourraient même penser
    que le handicap est pire que la mort.
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    Nous devons donc changer ces perceptions
    et cela peut sembler téméraire
  • 7:42 - 7:45
    et difficile mais je suis optimiste
  • 7:45 - 7:52
    car de la même manière que nous avons pu
    faire régresser le sexisme, le racisme,
  • 7:52 - 7:58
    et l'homophobie, nous pourrons progresser
    et faire régresser le capacitisme,
  • 7:58 - 8:03
    la discrimination et le préjudice social
    contre les personnes handicapées.
  • 8:05 - 8:06
    Nous pouvons y parvenir
  • 8:06 - 8:10
    en acceptant que le handicap fasse partie
    de la diversité humaine.
  • 8:10 - 8:14
    En comprenant que les personnes
    avec un handicap et que les invalidités
  • 8:14 - 8:16
    fassent partie des expériences normales.
  • 8:16 - 8:19
    Qu'il puisse être célébré.
  • 8:21 - 8:26
    Il s'agit donc du handicap comme une part
    entière de la diversité humaine,
  • 8:27 - 8:32
    une part que l'on devrait célébrer,
    c'est puissant, n'est-ce pas ?
  • 8:34 - 8:36
    Regardons cela en détail :
  • 8:36 - 8:41
    le handicap fait partie de l'expérience
    normal de l'homme : c'est assez simple
  • 8:41 - 8:42
    car c'est un fait.
  • 8:43 - 8:49
    Nous représentons 15 % de la population
    mondiale : 1 milliard de personnes.
  • 8:50 - 8:54
    C'est beaucoup de monde et j'ai un scoop :
    on n'est pas près de partir.
  • 8:55 - 9:00
    Si nous allons quelque part,
    ce sera pour être plus nombreux
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    car la population vieillit
  • 9:02 - 9:06
    et parce que grâce aux avancées
    scientifiques et technologiques,
  • 9:06 - 9:10
    notre vie est améliorée
    et nous vivons plus longtemps.
  • 9:11 - 9:15
    On peut donc dire que nous sommes
    le résultat du progrès de l'Homme.
  • 9:15 - 9:16
    N'ayez crainte !
  • 9:16 - 9:19
    Vous savez, un jour,
    j'ai participé à une interview à la radio
  • 9:19 - 9:22
    et je présentais ces chiffres justement.
  • 9:21 - 9:24
    Le journaliste m'a interrompue et dit :
  • 9:24 - 9:27
    « Mon dieu ! Il y a de plus en plus
    de personnes invalides ?
  • 9:27 - 9:28
    Que pouvons-nous faire ? »
  • 9:28 - 9:32
    Ce n'est pas de ça qu'il s'agit
    et cela m'emmène au deuxième point :
  • 9:33 - 9:35
    la célébration que nous devons faire.
  • 9:36 - 9:42
    Car comme pour tout le monde, notre vie
    peut être excitante, belle et cool !
  • 9:43 - 9:48
    Comme pour tout le monde,
    nous nourrissons des espoirs et des rêves.
  • 9:49 - 9:53
    Comme tout le monde, quand l'occasion
    se présente, nous nous épanouissons.
  • 9:54 - 10:00
    Et comme tout le monde, nous traversons
    des moments de solitude et de tristesse,
  • 10:00 - 10:02
    mais c'est la vie, n'est-ce pas ?
  • 10:04 - 10:08
    Nous ne souhaitons pas guérir,
    nous souhaitons l'accès.
  • 10:09 - 10:12
    Nous ne voulons pas de pitié,
    nous voulons être fiers.
  • 10:13 - 10:21
    Et je le suis : mon handicap enrichit
    ma vie de tant de façons.
  • 10:21 - 10:25
    Il enrichit aussi la vie
    de mon entourage :
  • 10:25 - 10:29
    mes collègues, mes amis, ma famille,
    mes filles et pourquoi pas, mon mari !
  • 10:29 - 10:31
    Et pourquoi pas !
  • 10:33 - 10:36
    Nous devons célébrer
  • 10:36 - 10:44
    car personne ne devrait avoir le pouvoir
    de décider en notre nom ou pour nous,
  • 10:44 - 10:49
    personne ne devrait pouvoir décider
    de la valeur de nos vies.
  • 10:50 - 10:54
    Cette idée est révolutionnaire,
    c'est un grand changement philsosophique.
  • 10:56 - 10:58
    Un qui fera en sorte
  • 10:58 - 11:03
    qu'aucun père ne limite
    plus jamais ses espoirs pour sa fille.
  • 11:05 - 11:07
    Chaque révolution démarre avec l'espoir.
  • 11:08 - 11:12
    Il ne s'agit pas de vous ou de moi,
    il a toujours s'agit de nous.
  • 11:15 - 11:20
    Jusqu'où êtes-vous prêts à aller
    avec nous dans notre cheminement ?
Title:
Célébrons l'invalidité comme faisant partie de la diversité humaine | CATALINA DEVANDAS AGUILAR | TEDxGeneva
Description:

Activiste des droits de l’Homme toute sa vie, Catalina Devandas est devenue le premier Rapporteur spécial pour les droits des personnes handicapées en 2014.
Catalina partage avec nous les leçons importantes qu’elle a apprises au sujet des barrières auxquelles elle est confrontée dans sa vie quotidienne, comme des millions d’autres personnes en situation de handicap. Elle explique que les obstacles les plus difficiles à franchir ne sont pas ceux de l’environnement physique, comme dans les bâtiments ou la rue. Ce sont ceux qui émanent d’un système de valeurs sociales qui diminue la valeur des personnes avec une invalidité et les juge incapable de mener une vie qui fait sens.
Elle explique aussi comment le mouvement mondial pour les personnes en situation de handicap se lève contre ces barrières et pourquoi la convention onusienne des droits des personnes handicapées est un allié de taille dans cette lutte.
Catalina Devandas est le premier rapporteur spécial pour les droits des personnes handicapées des Nations Unies. Elle est née au Costa Rica avec la maladie spina bidifa. Avocate de formation, elle dévoue sa carrière aux droits de l’Homme. Elle a travaillé pour Disability Rights Fund (DRF), les Nations Unies, la Banque mondiale, et en 2006, elle a participé à la rédaction de la convention des Nations Unies pour les droits des personnes handicapées.
Dans son travail de rapporteur spécial, Catalina réunit les témoignages et les preuves de violations des droits de l’Homme chez les personnes en situation de handicap dans le monde et elle propose des recommandations aux gouvernements pour promouvoir et protéger le droits des personnes handicapées dans leur droit et dans leurs pratiques institutionnelles.
Pour en apprendre davantage sur son travail et sa vision :
Blog : http://embracingdiversity.net/

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus: http: //ted. com/tedx

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English
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
11:31

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