Pourquoi je n'ai pas peur de vieillir | Olga Chatyko | TEDxMinskWomen

Avez-vous déjà réfléchi sérieusement à la façon dont vous affronterez la vieillesse ? Olga Chatyko nous montre par son propre exemple que 70 ans est le nouveau 50 ans et que la vie peut être éclatante à tout âge. Olga est convaincue que nous avons tous besoin d'une nouvelle représentation du troisième âge : plutôt que la grand-mère assise sur son banc, la femme d'âge mûr active et sûre d'elle.

Olga Chatyko est docteure en médecine, médecin rééducateur, mais aussi mannequin et star d'Instagram.

Cette présentation a été donnée lors d'un évènement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. Pour en savoir plus : http://ted.com/tedx

Avez-vous déjà pensé à votre vieillesse ?

On voudrait tous vivre vieux
tout en restant jeune.

Est-ce bien réaliste ?

Les progrès de la médecine nous ont offert
20, voire 25 ans de vie supplémentaires.

L'espérance de vie augmente
dans le monde entier.

On constate une croissance exponentielle
du nombre de personnes centenaires.

On prédit même que
la génération née après 2020

vivra en moyenne 100 ans.

Vivre vieux, c'est donc une réalité.

Mais qu'est-ce qu'on prolonge au juste ?

La vie se divise en trois âges :
la jeunesse, la maturité et la vieillesse.

Ce serait fantastique si nous pouvions
prolonger la durée de la jeunesse,

mais hélas, c'est la vieillesse
que l'on prolonge.

Quelles notions associez-vous
à la vieillesse ?

La vieillesse, pour vous,
c'est la maladie,

l'infirmité,

la solitude

et la précarité,

et vous n'avez sûrement aucune envie
de prolonger cette période de votre vie.

Y a-t-il une solution ?

Oui, il nous faut améliorer
notre qualité de vie après la retraite.

La vieillesse n'est pas vouée à n'être
qu'une période d'attente de la mort.

La vieillesse devrait être un âge
où l'on profite de nouvelles opportunités,

où l'on cultive ses talents

et où l'on atteint des objectifs
qui donnent du sens à notre vie.

Mais tout cela n'est possible
qu'à une condition :

il faut rester en bonne santé.

Je voudrais vous inciter
à investir dans votre santé.

Je ne parle pas d'investir de l'argent,

mais du temps,

de l'énergie et des efforts.

Je voudrais vous raconter comment
j'ai entrepris ce parcours

vers un mode de vie
qui préserve ma santé.

J'ai eu la chance, à 19 ans,

de voir un documentaire
sur les yogis indiens.

Je me souviens encore de ce yogi de 63 ans

au corps jeune et souple,

qui réussissait les postures
les plus difficiles.

Ma grand-mère avait aussi 63 ans,

je pouvais comparer,
et j'ai bien vu la différence.

J'ai compris qu'il était possible
de garder un corps jeune et souple,

mais à une condition :

être prêt à s'acquitter
de certaines obligations envers lui.

Ça, c'est la première révolution
qui s'est produite dans mon cerveau.

La seconde s'est produite
lorsque j'avais 35 ans.

Un créateur occidental est venu présenter
à Moscou sa collection de vêtements

et ses mannequins.

C'était des femmes âgées de 50 à 60 ans,

mais qui avaient l'air de jeunes femmes :

belles, minces, avec de longs cheveux
qui flottaient sur leurs épaules,

et elles marchaient sur le podium
avec une telle aisance et une telle grâce,

c'était incroyable !

Elles ont balayé tous les stéréotypes
que j'avais en tête et j'ai compris

qu'on pouvait rester jolie, stylée
et élégante à tout âge,

mais là encore...

il faut respecter certaines obligations
envers son corps et sa santé.

Je me suis alors imaginée à cet âge,

telle que je voulais me voir devenir,

et j'ai cru à cette image.

J'ai introduit l'exercice physique
dans ma routine quotidienne

et j'en ai fait un véritable rituel.

J'ai commencé avec un peu
de gymnastique le matin,

puis je me suis progressivement tournée
vers d'autres formes d'activité physique.

C'est devenu une habitude

et si je dois faire une pause
pendant quelques jours,

je ressens une vraie gêne,

et je reprends rapidement
la marche nordique et la gym.

J'en ai tiré un avantage de taille :

mon corps m'obéit aussi bien
que quand j'avais 35 ans.

Je n'ai pas mal aux articulations,

je peux me mouvoir librement.

Je peux parcourir une longue distance,
monter au huitième étage à pied,

courir derrière le bus,

et cet avantage, ça ne s'achète pas.

J'ai lu un jour une comparaison
entre la vie humaine et le vélo.

Jusqu'à 45 ans, on roule sur du plat :

on pédale et on avance,

et si on arrête de pédaler,
on arrête d'avancer, c'est tout.

Après 45 ans, on roule en montagne :

si on pédale, on avance lentement,

mais si on arrête de pédaler,

on commence à redescendre la pente.

Plus on prend de l'âge,
plus la montée est abrupte,

plus il faut fournir d'efforts
pour continuer à pédaler.

Si on arrête de pédaler,
on redescend vite tout en bas.

C'est-à-dire vers la décrépitude
et l'infirmité qu'on redoute tant.

Mais comment inclure l'exercice physique
dans sa routine quotidienne ?

C'est tout simple :
choisissez ce qui vous plaît,

ce qui vous parle.

Si l'exercice vous procure du plaisir,

vous trouverez facilement du temps
à y consacrer dans votre journée.

Cela deviendra même un rituel,
comme le brossage des dents.

Essayez de ne pas vous brosser les dents
pendant un jour ou deux,

ça ne va pas vous plaire.

Prendre soin de sa santé,

c'est aussi faire attention
à ce que l'on mange.

On sait que certains aliments
peuvent perturber

le métabolisme des glucides
ou des graisses.

Par exemple :

le métabolisme des glucides est perturbé
par le sucre et la farine blanche.

Le métabolisme des graisses, par
les acides gras trans, comme la margarine.

Si on mélange tout ça,
on obtient nos sucreries préférées,

celles qui rendent la vie plus douce.

Je ne consomme aucune sucrerie.

J'ai simplement fait le choix d'utiliser
des alternatives plus saines.

J'ai remplacé le sucre par de la stévia,

un ingrédient naturel
issu des feuilles de stévia.

On l'utilise comme édulcorant
depuis plus de 3 000 ans.

Quant aux acides gras trans,
j'y ai substitué des graisses saines.

Vous allez dire : « Vivre sans sucreries ?

Est-ce qu'on peut appeler ça une vie ? »

Préparez des desserts vous-même,
à partir d'ingrédients sains.

Remplacez les sucreries
par des fruits et des baies.

J'ai fait ce choix il y a 30 ans
et j'en ai tiré un avantage considérable :

j'ai évité le diabète de type 2,
dont souffraient mes deux parents.

J'ai été témoin des conséquences
de cette maladie sur leur qualité de vie.

À 70 ans, je ne prends aucun médicament.

Adopter un mode de vie sain à 40 ans,

c'est investir à long terme
dans votre bien-être.

Vous ne deviendrez pas esclave
des laboratoires pharmaceutiques,

vous ne leur ferez pas chaque mois
don de votre argent à la pharmacie,

et vous recevrez en cadeau la longévité.

C'est votre attitude envers la vie
qui vous donnera de l'énergie.

La capacité de toujours voir
le bon côté des choses,

c'est un talent en soi, ça se cultive.

J'ai lu l'autre fois une parabole
sur les abeilles et les mouches.

La mouche, quand bien même
elle atterrirait dans le jardin d'Éden,

trouvera de la saleté partout où elle ira
et l'emportera sur ses pattes.

L'abeille, où qu'elle aille,
trouvera partout du nectar

et l'emportera avec elle.

Les gens, c'est pareil :

il y a des mouches et des abeilles.

Que préférez-vous être ?

J'ai compris que la beauté
n'attendait que d'être remarquée.

Et j'ai entrepris de diriger mon attention
vers les belles choses du quotidien.

Je me concentre sur la beauté des fleurs,
des paysages, de l'architecture,

sur le bruissement des feuilles,
le chant des oiseaux, le rire d'un enfant.

Je ne fais pas que me concentrer dessus,
j'en retire du bonheur et de la joie.

Pouvoir percevoir toutes ces choses
me procure un sentiment de gratitude.

Et ce sentiment modifie
la chimie de mon cerveau,

m'emplit d'énergie et m'aide à établir
de bonnes relations avec moi-même

comme avec le monde qui m'entoure.

J'ai appris à préserver
cette attitude positive.

Je crois même que ma série de réussites
personnelles ces deux dernières années

est liée à cette attitude positive.

Mais ce qui effraie le plus les femmes,
et je parle d'expérience,

ce sont les changements extérieurs
qui interviennent avec l'âge.

J'ai vécu cette crise à 43 ans,

quand j'ai remarqué pour la première fois

les changements liés à l'âge
sur mon visage et dans ma posture.

La panique m'a envahie.

J'ai compris que ça ne ferait qu'empirer.

En tant que médecin, je ne m'imaginais pas
me tourner vers la chirurgie esthétique,

parce que je sais que chaque opération
est une épreuve pour l'organisme

et présente des risques de complication.

J'ai donc cherché ma propre solution.

J'ai collecté des idées petit à petit
et les ai testées directement sur moi.

Pour finir, je me suis arrêtée
sur des méthodes ancestrales :

le yoga du visage et le shiatsu du visage.

Ce sont des exercices très simples,
vous pouvez les faire n'importe quand,

il n'y a pas besoin de dégager du temps.

Vous pouvez les faire
assis devant votre ordinateur

ou en voiture, coincé dans les bouchons.

C'est vraiment efficace.

J'en ai tiré un avantage extraordinaire :

mon visage a très peu changé.

Des gens qui ne m'ont pas vue
depuis 30 ou 40 ans

me reconnaissent sans difficulté
et me disent que je n'ai pas changé.

Malgré tout, je le sais, j'ai des rides,
d'autres marques de vieillissement,

mais cela ne me contrarie pas :

j'ai appris à m'accepter à l'âge que j'ai.

Au lieu de partir en quête de jeunesse
et en guerre contre les rides,

j'ai créé la meilleure version
de moi-même à l'âge que j'ai.

J'ai mené cette sorte d'expérience
sur moi-même pendant 27 ans

et je peux le dire avec certitude :

il existe bien un moyen de vieillir
en bonne santé et avec grâce et naturel.

Ce qui est important aux yeux des femmes,

c'est de se sentir femme à tout âge,

de préserver les habitudes et les rituels
qu'elles avaient plus jeunes.

Par exemple, si vous vous maquilliez
quand vous étiez plus jeune,

continuez à le faire toute votre vie.

Si vous aimiez vous habiller à la mode,

continuez à le faire toute votre vie.

Si vous aimiez aller au karaoké, chantez,

si vous aimiez danser, dansez.

Votre cerveau vous percevra
comme une jeune femme

et votre corps s'adaptera automatiquement
aux signaux envoyés par votre cerveau :

vous aurez une autre démarche,
une autre allure, un autre regard

et même d'autres expressions faciales.

Mais surtout, vous vous verrez
comme une jeune femme.

Ce sentiment se transmettra
à votre entourage :

on vous percevra comme telle,

et vous désactiverez dans votre cerveau
la zone du vieillissement.

Malheureusement, dans notre société,

les personnes du troisième âge
sont perçues au travers de standards.

Ces standards sont archaïques,

ils viennent tout droit du siècle dernier,

ils ne correspondent pas du tout
aux idées contemporaines sur l'âge,

mais ils continuent
à peser sur les femmes.

Beaucoup de femmes ont peur
de ne pas correspondre à ces standards.

Elles se disent par exemple :

« Cette couleur est trop vive à mon âge »,

ou « Cette tendance n'est pas pour moi,
c'est pour les jeunes »,

« Ce modèle n'est pas adapté à mon âge ».

Bien sûr, il faut abolir ces standards

et construire une nouvelle image
des personnes du troisième âge :

actives, heureuses, en bonne santé
et qui vivent avec leur temps.

Qui peut nous y aider ?

L'industrie de la mode
et la publicité bien sûr.

Ce sont elles qui définissent
les modèles à suivre,

mais la mode et la publicité
sont minées par l'âgisme.

Les concepts de beauté, d'élégance,
de style, de glamour,

sont exclusivement associés à la jeunesse.

Lorsque vous atteignez 45 ou 50 ans,

vous ne voyez plus de femmes
qui vous ressemblent :

dans les magazines féminins biélorusses,

dans les publicités
des créateurs biélorusses,

sur les affiches publicitaires,

même dans les émissions télévisées,

vous n'en verrez pas.

Et c'est dangereux, car vous vous mettez
à avoir l'impression qu'à votre âge,

vous vous retrouvez
comme en marge de la vie,

comme si la vie intense et passionnante
suivait son cours sous vos yeux.

Cela fait naître un sentiment d'anxiété,

une angoisse face à vos perspectives

et surtout, vous commencez inconsciemment
à ne pas aimer votre troisième âge,

et c'est très dangereux.

Des études l'ont prouvé :

la santé des séniors est avant tout liée
à leur perception du troisième âge

et à la façon dont ils le vivent.

J'ai décidé d'apporter ma contribution
à la lutte contre l'âgisme.

Le fait est que dans les pays occidentaux,

on a compris depuis longtemps
cet aspect social et négatif de l'âgisme.

On combat très efficacement l'âgisme.

Lors de chaque Fashion Week, vous voyez
des mannequins de 60 ou 70 ans défiler.

Elles font la couverture des magazines,
on écrit des articles à leur sujet.

Elles passent des contrats
avec de grandes marques

et deviennent leurs égéries.

On les voit sur des affiches dans
les centres commerciaux et les aéroports.

Tout le monde s'est rendu compte
de la beauté des femmes âgées.

À 69 ans, je suis devenue
mannequin sénior.

Et j'ai une bonne nouvelle :

les choses changent !

Des marques de prêt-à-porter biélorusses
et des magazines de mode font appel à moi,

des agences me proposent
de tourner dans des pubs,

et pas des pubs pour des dentiers
ou des couches pour adultes,

(Applaudissements) (Cris d'approbation)

mais dans des pubs pour des gadgets,
pour des services bancaires.

À 69 ans, je suis devenue blogueuse :
je possède une page Instagram.

J'y partage mon expérience,
mes connaissances, je raconte ma vie,

mais la mission essentielle de ma page,

c'est délivrer les femmes
de leur peur de vieillir

et leur montrer qu'on peut avoir une vie
intéressante et bien remplie à tout âge.

Il y a même toute une communauté
qui s'est formée autour de cette page.

Parfois, des discussions entières
se tiennent dans les commentaires,

je reçois beaucoup de remerciements,

et ça donne du sens à ma vie.

Ma huitième décennie,

je la vis comme des vacances d'été :

je ne fais que ce qui me plaît,

ce qui m'apporte du plaisir.

Je rencontre des gens créatifs,
j'assiste à des événements intéressants,

je me fixe des objectifs
et je les atteins.

Et je regarde vers l'avenir sans crainte.

Alors, je voudrais vous inciter
à ne pas avoir peur de votre âge,

à prendre soin de vous,

à façonner la meilleure version
de vous-même à tout âge,

à toujours avoir une attitude positive.

Pédalez et la longévité
dont vous rêvez vous sera offerte.

(Applaudissements)

Pour plus d'informations sur TEDx,
rendez-vous sur www.ted.com/tedx