< Return to Video

L'économie de la connaissance | Idriss ABERKANE

  • Not Synced
    Merci à vous d’être venus aussi nombreux.
    Effectivement je suis spécialiste du cerveau.
    Je fais de la neuroergonomie
    qui est en fait une science très simple.
    Certains d’entre vous m'ont peut-être vu sur TF1
    dans l’émission « Les extraordinaires »,
    si certains d'entre vous l'ont vue,
    c'était une émission qui est passée il y a
    à peu près 1 mois
    présentée par Christophe Dechavanne
    où on faisait intervenir des hypermnésiques,
    des athlètes de la mémorisation.
    Il y avait notamment un individu qui était capable,
    quand on lui montrait 2 murs de Rubik's cubes,
    vous voyez ? Deux murs de 40 par 40, on changeait
    1 pixel et il savait exactement lequel avait changé.
    Et c'est ça que j’étudie.
    C'est comment notre cerveau a des capacités
    complètement incroyables.
    J'étudie également des calculateurs prodiges.
    Le meilleur du monde étant Alexis Lemaire
    qui est Français,
    et qui sait calculer la racine 13e
    d’un nombre à 100 chiffres, de tête,
    en 3 secondes 62.
    Et il n'est pas autiste,
    il est tout à fait normal comme personne.
    La neuroergonomie c'est la science
    qui s'intéresse à la façon dont on peut
    mieux répartir la charge sur notre cerveau.
    En fait, ce que fait Alexis LEMAIRE,
    on sait qu'il a le même cerveau que nous,
    simplement, il l’utilise différemment.
    Mais son cerveau est le même !
    C'est-à-dire qu'il a des aires visuelles
    comme les nôtres,
    il a une aire associée à la mémoire épisodique
    comme la nôtre, etc...
    Mais lui ce qu'il fait, c'est
    qu'il spatialise le calcul.
    Il utilise sa mémoire spatiale
    et sa mémoire épisodique dans son calcul,
    que nous avons tous
    et que nous utilisons pour savoir
    où nous nous sommes garés, par exemple,
    où nous avons grandi,
    ce que nous avons mangé le matin,
    si je vous demande de me dire où l'on peut trouver
    des ciseaux chez vous, et bien c'est
    cette mémoire spatiale que vous allez utiliser.
    Pratiquement personne sur Terre ne l'utilise
    pour faire des maths,
    et lui, l'a utilisée pour faire des maths.
    Donc en fait, si vous voulez,
    si ça c'était un problème mathématique,
    et que ça c'est votre cerveau,
    l'immense majorité des gens l'attrape comme ça.
    Ce n'est pas ergonomique,
    ce n'est pas la bonne façon de l'attraper.
    Les calculateurs prodiges l'attrape comme ça,
    c'est tout.
    Et la neuroergonomie c'est la science
    qui s'intéresse à la façon dont on pourrait
    mieux attraper la connaissance avec notre cerveau,
    puisque pendant les 15 000 dernières années,
    on ne savait absolument pas
    comment notre cerveau apprenait.
    Et maintenant qu'on commence à le découvrir,
    on se rend compte que nos façons d’enseigner
    sont très peu neuroergonomiques.
    Bon, ça c'est la parenthèse sur les neurosciences.

    Est-ce que vous avez déjà vu ce bâtiment ?
    Qu'est ce que c'est ?
    Alors ce n'est pas le CERN, effectivement
    beaucoup de gens pensent que c'est le CERN.
    C'est le nouveau siège d’Apple.
    C'est dans la Silicon Valley,
    le nouveau siège d'Apple qui sera inauguré en 2016
    pour fêter les 40 ans de la compagnie.
    Je l'ai mis là parce qu'il illustre très bien
    cette seconde Renaissance
    dans laquelle nous sommes en train d'entrer,
    et qui au fond, est le sujet de cette conférence.
    Il illustre très bien
    le rapport entre technologie et nature.
    Le rapport entre technologie et nature est
    en train de changer complètement.
    Ce bâtiment, Steve Jobs voulait
    qu'il évoquât « The fruit bowl of America »
    (la corbeille de fruits de l’Amérique)
    qui était le nom de la Californie en général.
    La Californie, son surnom c'était
    "La corbeille de fruits de l'Amérique"
    puisque c'était un État agricole, et même si
    aujourd'hui c'est l'état devenu le plus High Tech
    des États-Unis, ça a toujours été un État agricole,
    et c'est encore un État agricole.
    Simplement, contrairement au Mid West,
    c'était un État agricole haut de gamme,
    à forte valeur ajoutée.
    Maraîchage et vin. C’est encore là-bas que l'on trouve
    le meilleur vin d’Amérique du Nord.
    Et donc, ce bâtiment a tout un tas d'influences,
    mais, pour illustrer l'économie de la connaissance,
    je voulais rappeler certains chiffres très prosaïques.
    Quand Apple aujourd’hui téléphone à sa banque
    pour savoir combien ils ont sur leur compte courant,
    à votre avis que répond la banque ?
    Parce que c'est ça l'enjeu de
    l'économie de la connaissance, c'est aussi
    très concret, très basique.
    La banque répond
    « Vous êtes créditeur du PIB du Vietnam »,
    vous avez le PIB d'un pays, en liquide,
    180 milliards de $, et c'est le Cash,
    c'est la trésorerie,
    je ne parle pas de la valeur boursière etc...
    En trésorerie ils ont 180 milliards.
    Et ils l'ont en vendant de la connaissance !
    Ce qu’Apple vend ce sont des technologies,
    des innovations.
    Et il ne faut pas oublier qu'Apple, en 1976,
    comme vous le savez, ça ressemblait à ça...
    Qui est un monument historique classé
    dans la Silicon Valley.
    Un bête pavillon comme il y en a plein d'autres
    le long d'une rue pavillonnaire sans histoire.
    L’économie de la connaissance, c’est la seule qui
    vous permet de passer de ça à ça en 2 générations.
    De 1976 à nos jours, on est passés au campus
    le plus dingue de l'histoire des campus d'entreprise,
    et puis la trésorerie la plus dingue de toutes
    les entreprises, y compris celle des Rockefeller.
    J'ai ajouté une petite parenthèse,
    que j'ajoute spécialement depuis le 7 janvier,
    et qui est cette influence sur le campus d'Apple.
    À votre avis, qu'est-ce que c'est cette ville ?
    Non, ce n'est pas la Mecque.
    Non, ce n'est pas Jérusalem non plus.
    C'est géographiquement très proche de Babylon,
    mais historiquement très éloigné.
    C'est Bagdad.
    C'est la ville de Bagdad au IXe siècle,
    donc du temps de Charlemagne.
    C'était la Silicon Valley de l’époque
    puisque c’était là-bas qu’on fabriquait
    les meilleurs instruments astronomiques.
    Pour un caravanier sur la route de la soie,
    avoir un instrument astronomique de qualité,
    ça coûtait un prix... astronomique, bien sûr,
    et ça coûtait un an de salaire,
    et ça vous faisait gagner plusieurs semaines donc
    c'était comme avoir un ordinateur dans votre gestion.
    C'était les ordinateurs de l'époque,
    et les meilleurs ordinateurs au monde
    on les fabriquait là-bas.
    C'est une influence sur le campus d’Apple,
    vous voyez absolument la similitude.
    J'aime beaucoup ce bâtiment parce que,
    le commanditaire était musulman.
    Le premier architecte était zoroastrien,
    le deuxième architecte était juif,
    le maître d’œuvre était bouddhiste
    et le financier était chrétien.
    C’était une autre époque !
    J'en parle avec d'autant plus de peine
    et d'enthousiasme que, au fond,
    on a oublié c'est choses-là aujourd'hui et donc
    il était important de faire cette petite parenthèse,
    parce qu'après tout, encore aujourd’hui,
    donc en 2015...
    Est-ce que vous savez par exemple que les musulmans
    étaient de très gros consommateurs d'alcool ?
    C'est attesté historiographiquement,
    c'est attesté archéologiquement,
    et c'est attesté par des docteurs de l'Islam,
    qui théologiquement disent
    "Oui, certes, c'est vrai,
    dans la péninsule arabique, les premiers bédouins
    qui ont adopté l'Islam initialement,
    se bourraient régulièrement la gueule avec du picrate
    qui pique bien fort, du Liban à 18°.
    Il a fallu faire une proposition de loi,
    à peu près vers les 640 / 650,
    et la proposition de loi c'était
    « Avant de venir à la mosquée, arrêtez de boire ».
    « Ne venez pas bourré à la mosquée »,
    c'était ça la proposition,
    parce que ça cause des désordres...
    Il a fallu 8 ans pour faire passer cette loi,
    et le problème c'est que,
    dans l'Histoire de l'Humanité,
    il ne faut pas plus de 6 générations
    pour croire qu'une chose a toujours existé,
    et c'est le problème que l'on a
    dans les Sociétés musulmanes modernes.
  • Not Synced
    Savez-vous que le minaret
    est une structure chrétienne ?
    Les tous premiers minarets, celui qui a servi
    de modèle à tous les minarets de Moyen-Orient, c'est
    la Mosquée des Omeyyades à Damas qui était une église.
    C'était une église,
    l'église de Saint Jean le Baptiste,
    c'est encore là-bas qu'il y a
    le tombeau de Saint Jean le Baptiste,
    et quand les musulmans ont envahi l'actuelle Syrie,
    ils ont dit « C'est génial ce grand bâtiment
    pour faire les appels aux vêpres
    (qu'on faisait de manière orale, y'avait pas cloche)
    C'est super, il faut absolument qu'on ait ça ! ».
    Et ils ont copié cette structure architecturale,
    et la première grande copie qui allait rayonner
    dans le monde musulman entier c'était
    la Mosquée de Kairouan en Tunisie, qui était
    une inspiration de cette Mosquée de Omeyyades.
    Et peut-être un dernier exemple
    parce que ça relève de la Renaissance,
    et que c'est pour ça que je dois en parler...
    Est-ce que vous savez quelle est
    la plus longue alliance de l'Histoire de France ?
    Avec quel pays la nation française
    s'est alliée le plus longtemps depuis Clovis ?
    Le Vatican ? Non.
    L'Empire Ottoman, absolument.
    En 1536, François 1er cherche une alliance
    à réaliser pour contrebalancer
    le pouvoir de Charles Quint.
    Charles Quint ce n'est pas n'importe qui...
    Ses possessions sont en Espagne, au Nord de l'Italie,
    en Bourgogne et aux Pays-bas,
    donc la France est complètement encerclée.
    Et puis Charles Quint,
    c'est l'homme le plus puissant du monde !
    C'est quelqu'un qui dévoré 3 Empires au petit déjeuner
    en Amérique du Sud : les Incas, les Mayas
    et les Aztèques, donc on ne plaisante pas avec lui !
    Et François 1er cherche un allié, qui va d'abord être
    Henri VIII Tudor, mais l'alliance va tourner court.
    Et là, il cherche un autre allié, proche de l'Europe,
    et après beaucoup de réflexion, l'allié idéal,
    la seule personne suffisamment puissante
    pour contrebalancer le pouvoir de Charles Quint,
    c'est Soliman le Magnifique dans l'Epire Ottoman.
    Cette alliance, sur le plan géopolitique,
    est parfaite ! Puisque c'est vraiment
    un équilibre des pouvoirs.
    Elle est tellement parfaite qu'elle va durer 250 ans.
    Elle va être renouvelée par Henri IV,
    elle va être renouvelée évidemment pas Louis XIII,
    Louis XIV, Louis XV et même Louis XVI,
    et elle va prendre fin quand Napoléon fera
    la campagne d'Egypte, et que les Mamelouks
    se battront dans le camp anglais,
    contre les Français, ce qui, de facto,
    mettra fin à l'alliance.
    Donc, plus grande alliance de l'Histoire de France,
    entre 2 Empires qui n'avaient pas forcément
    la même culture. Et pourquoi ?
    Parce que les Silicon Valley ont toujours
    été des hauts lieux de rencontres,
    et non pas de choc de civilisations en l'occurrence,
    mais de rencontres, des dialogues des civilisations,
    puisque quand vous avez des zoroastriens,
    des bouddhistes, des juifs, des musulmans
    dans le même endroit, et qu'ils s'entendent !
    Ce qui reste la bonne alchimie,
    la différence de points de vue crée
    un climat propice à l’innovation,
    et c'est ce que l'on a vu dans la Silicon Valley.
    Cette parenthèse est fermée, et j’en reviens
    au sujet de cette présentation, qui est au fond
    notre deuxième Renaissance.
    Aujourd’hui, en 2015, toutes les conditions sont
    réunies pour une seconde Renaissance dans le monde.
    Exactement, voire même plus
    que pendant la première Renaissance en Europe.
    Revenez 500 ans plus tôt, précisément en 1515,
    le couronnement de François 1er.
    On entre dans la haute Renaissance française.
    On y était rentrés bien avant,
    enfin petit à petit, par étapes,
    ce n'est pas une date précise,
    mais dans les livres d'Histoire, on considère que
    le début de la haute Renaissance française c'est 1515.
    La Renaissance en Europe a été la conjonction
    de la redécouverte de l’imprimerie par Gutenberg
    (les Chinois l’avaient inventée,
    c'est pour ça que je dis redécouverte).
    La redécouverte de l'imprimerie d'une part,
    la redécouverte des Amériques
    (donc grande découverte géographique),
    et puis les découvertes médicales.
    Ces 3 paramètres ont exactement leur équivalent
    aujourd’hui : l'imprimerie a comme équivalent
    aujourd'hui internet, qui est encore plus important
    dans l'Histoire de l'Humanité que l'imprimerie,
    on le verra en rétrospective.
    L'impact qu'à internet aujourd'hui sur la circulation
    des connaissances est encore plus grand que celui de
    l'imprimerie à l'époque de la Renaissance européenne.
    À l'équivalent des grandes découvertes géographiques
    à l'époque de la Renaissance, nous avons aujourd'hui
    l'intérêt pour l'astronomie.
    D'une part, nous avons découvert cet été précisément
    la place de notre galaxie dans l'Univers.
    On a cartographié, on a produit une carte qui donne
    précisément la place de notre galaxie dans amas
    galactique qui s'appelle "Laniakea", qui
    veut dire paradis incommensurable en dialecte hawaïen,
    et cette découverte est au moins aussi importante
    que l’héliocentrisme du temps de Copernic,
    et c'est cet été précisément qu'on l'a fait.
    On a découvert cet été aussi, un truc complètement
    dingue qui est que nous avons des océans d'eau
    à l'état SOLIDE* sous les continents.
    (*Erratum : ce sont des ceistaux de Ringwoodite)
    C'est quelque chose, si vous aviez dit ça
    à un professeur de SVT il y a à peine 18 mois,
    il vous aurait traité de fou, et on a découvert
    précisément cet été, qu'il existe des océans,
    des masses d'eau à l'état SOLIDE
    sous les plaques continentales.
    Avec évidemment une grande question :
    "Y a-t-il de la vie dans ces océans ignorés ?".
    Donc vous voyez qu'on a encore des tas de choses
    à découvrir, d'autant que l'engouement pour
    le nouveau monde du temps de la Renaissance
    est l'engouement aujourd'hui, par exemple
    pour la conquête de Mars.
    Je citerai simplement la phrase du grand entrepreneur
    Elon MUSK, qui est le patron de TESLA et de SpaceX,
    qui a dit "J'aimerais bien mourir sur Mars...
    … Mais pas à l'impact".
    Évidemment, l'équivalent des découvertes médicales
    sont les découvertes sur le cerveau.
    Pour la 1ere fois depuis 15000 ans on commence
    à comprendre comment le cerveau apprend.
    Aristote pensait que le cerveau était un radiateur,
    ce qui n'était pas bête parce qu'il est très
    circonvolué et très irrigué, et on attrape froid
    facilement par la tête, donc ça pouvait sembler
    être une structure pour réguler la température
    du corps, et c'était ça que l'on pensait.
    Et aujourd'hui, on commence petit à petit, on a
    encore énormément de choses à apprendre,
    mais à comprendre comment le cerveau fonctionne.
    Donc, le sujet de toute ma présentation, c'est
    cette nouvelle Renaissance dans laquelle
    nous sommes en train d'entrer.
    Je vais vous parler de 3 éléments :
    l’économie de la connaissance d'une part,
    le biomimétisme qui est son application
    à l’environnement, et la Blue Economy qui est
    l'application de l’économie de la connaissance
    à l’entreprise.
    Donc je vais aller du plus abstrait au plus concret,
    du plus général et macroéconomique,
    au plus concret et pratique pour l'entreprise.
    Première histoire : l'économie de la connaissance
    Imaginez une économie dont la ressource est infinie.
    Imaginez une économie où 1 et 1 font 3, littéralement,
    ce n'est pas une métaphore.
    Imaginez une économie où
    quand je vous donne quelque chose,
    il m’appartient encore.
    Imaginez une économie où le chômeur
    a plus de pouvoir d’achat que l’employé.
    Ce qui paraît pour le moins étrange… Alors,
    pourquoi faire de l’économie de la connaissance ?
    Pour une raison très simple qui est que,
    la connaissance, comme la connerie, elle est infinie !
    Ça change tout quand vous y réfléchissez bien.
    Le pétrole ce n’est pas infini.
    Le poisson, ce n’est pas infini.
    Le gaz naturel, ce n’est pas infini.
    L’or, le strontium, l’uranium, la bauxite,
    les carcasses de porc, ce n’est pas infini.
    Tout ce qui est matériel ce n’est pas infini,
    même si c’est renouvelable, puisque le temps est fini.
    Si vous voulez une croissance infinie
    uniquement basée sur les matières premières,
    c’est mathématiquement impossible.
    Et on sait aujourd’hui que l’on consomme
    entre 1.5 et 1.8 fois la planète Terre.
    Sur les ressources halieutiques
    on a atteint 1.8, dans les stocks.
    C’est -à-dire que l’on consomme .08 au-delà
    du taux de renouvellement des ressources halieutiques.
    On sait, pour l’instant que, si notre croissance
    est uniquement indexée sur l’exploitation matérielle
    de la terre, on ne va pas aller plus loin.
    Mais ça ne veut absolument pas dire qu’il faut entrer
    dans la décroissance, bien au contraire.
    Ça veut simplement dire qu’il faut changer
    la répartition de notre croissance.
    Matérielle, et immatérielle.
    La première bonne raison donc de faire
    de l’économie de la connaissance,
    c’est que la connaissance est infinie.
    Du coup, il y a beaucoup de gens qui ont fait
    ce calcul avant moi. À commencer par Jimmy CARTER
    en 1977, qui disait déjà à l’époque que ce qui
    serait bien, c’est que le dollar ne soit pas seulement
    la monnaie des matières premières, puisqu’encore
    aujourd’hui quand vous achetez n’importe qu’elle matière première sur les marchés internationaux,
    du chocolat au sucre en passant par le café,
    et le pétrole, et les métaux,
    il faut la payer en dollars.
    C’est très injuste, puisque les producteurs
    en ont marre d’être rémunéré en papier en un sens
    qu’il ne tient qu’aux États-Unis d’imprimer contre
    leurs matières premières, mais pour l’instant,
    le système économique mondial
    fonctionne sur ce mode-là.
    CARTER dit « Attendez, après tout,
    on est une Nation très innovante,
    on est leader dans l’aérospatiale …
    Pourquoi le dollar ne serait pas
    la monnaie de la connaissance plutôt ?
    Et si nous faisons du dollar la monnaie
    de la connaissance, puisque nous avons aussi
    les meilleures Universités, et bien
    notre croissance pourra être illimitée,
    et elle ne dépendra plus des taux
    des matières premières. »
    Ce discours ne va pas être particulièrement
    suivi d’effets mais il va avoir un impact culturel
    très fort, en particulier sur la Silicon Valley.
    Or en 1984, Apple lance le premier Macintosh.
    C’est une révolution discrète dans le sens où
    Apple n’a pas inventé l’ordinateur personnel.
    Il est faux de dire qu’Apple a inventé
    l’ordinateur personnel. Xerox avait inventé
    l’ordinateur personnel. Mais les patrons de Xerox
    n’y croyaient pas du tout, c’était les ingénieurs
    seulement. Et quand les ingénieurs de Palo Alto
    ont amené à New-York la souris, la souris est
    passée comme ça dans un Comex (Comité exécutif),
    et le président du Comex s’est levé pour dire
    aux ingénieurs présents « Vous n’espérez quand même
    pas que Xerox va investir dans un produit qui
    s’appelle la souris ?! »
    Ça, ça me permet de vous présenter un message
    qui est probablement le plus important
    de toute cette présentation :
    Toute Révolution, dans l’Histoire de l’Humanité
    (scientifique, culturelle, politique, morale,
    philosophique, technologique, managériale,…),
    toute Révolution, passe systématiquement par
    3 étapes : d’abord c’est considéré comme RIDICULE,
    ensuite c’est considéré comme DANGEREUX,
    et ensuite c’est considéré comme ÉVIDENT.
    Prenez le droit de vote des femmes.
    1789 : Déclaration des Droits de l’Homme
    et du Citoyen… « Et les femmes dans tout ça ?
    Non mais j’ai pas de temps à perdre, soyons sérieux… »
    1889 : C’est dangereux !
    « Qui va garder les gosses et faire la vaisselle ? »
    (encore une fois en Malaysie j’ai vu un super t-shirt,
    sur l’étiquette il y avait écrit –je ne plaisante pas-
    « instructions de lavage : donnez-le à votre femme,
    c’est son job » Je sens que cette marque
    va rencontrer le succès …).
    Donc RIDICULE, DANGEREUX, …
    1989 : les femmes votent and so what ?
    C’est évident.
    RIDICULE, DANGEREUX, ÉVIDENT.
    L’ordinateur personnel est passé par ces 3 étapes.
    Pour IBM et pour Xerox (« N’espérez pas que l’on
    va investir dans la souris ») c’était ridicule.
    Pourquoi ? Parce que vous êtes IBM,
    International Business Machines …
    « On fait des affaires, c’est du sérieux,
    et ça c’est un gadget. Nous on fait des ordinateurs
    qui font la taille d’une pièce, avec plusieurs
    dizaines d’ingénieurs pour les faire fonctionner,
    alors ça, un ordinateur dans chaque foyer américain,
    c’est complètement débile… »
    L’Américain moyen lui-même était le premier à dire
    qu’il ne voulait pas d’un ordinateur personnel
    quand on lui faisait une étude de marché.
    « Voulez-vous d’un Personal Computer ?
    Computer c’est la NASA ça, moi je ne suis pas
    ingénieur, je n’y connais rien, ça me fait peur ! »
    Il fallait le mettre sous les yeux pour que les gens
    l’adopte, et c’était précisément le message de ce
    design qui fait encore aujourd’hui la force d’Apple
    par rapport à ses concurrents, qui est un design
    qui dit essentiellement « N’aie pas peur ! ».
    Le message de cet ordinateur, contrairement à tous
    ceux de l’époque, qui étaient encore très complexes,
    et qui nécessitaient pratiquement de savoir programmer
    pour les faire fonctionner, celui-là disait
    « N’aie pas peur ».
    Justement, il y a une petite vidéo qui n’a
    pas pris une ride :
    Présentatrice : La bataille économique aujourd’hui ce n’est pas seulement exporter,
    c’est aussi reconvertir le paysage industriel et
    on le voit bien dans le cas de la sidérurgie,
    et attirer à cette fin des investissements étrangers.
    Un Américain a investi en France dans le domaine qui
    est le sien, celui des composants électroniques.
    Il a 29 ans, et son nom appartient déjà à la légende
    dorée des réussites économiques américaines.
    Il s’appelle Steve Jobs, et pour reprendre les termes
    du Président MITTERAND qui l’a rencontré en Californie
    et qui parlait de lui dans sa dernière conférence
    de presse, il est le fondateur de la firme Apple,
    qui représente des centaines de millions de dollars.
    Jean-Marc ILLOUZ lui a demandé si la France se prêtait
    à des réussites comme la sienne.
    Steve JOBS : Il semble qu’en France, la recherche
    soit d’un bon niveau, mais les faiblesses viennent
    des applications concrètes : une étape qui est,
    en elle-même une source d’innovations.
    Cela je pense, vient d’un manque de société prête
    à risquer pour entreprendre.
    Ce que nous appelons le « développement »,
    ce sont rarement les grandes entreprises qui le font,
    c’est plus les petites ou les moyennes entreprises.
    Alors ce qu’il faut, c’est beaucoup de
    petites entreprises, avec des étudiants doués,
    des capitaux à risques plus efficaces
    dans les mains du secteur privé,
    et aussi des champions que l’on prenne pour modèle,
    en disant « L’innovation, c’est ça. ».
    Mais il y a quelque chose de plus subtil, c’est le
    facteur culturel. En Europe, l’échec c’est très grave.
    Si, en sortant de l’Université, vous loupez votre
    coup, cela vous suit toute votre vie.
    Alors qu’en Amérique, à Silicon Valley,
    on passe son temps à échouer : quand on
    se casse la figure, on se relève et on recommence.
    Ce qu’il faut pour que l’industrie informatique
    se développe en Europe et en France,
    c’est une solide industrie du logiciel,
    parce le logiciel c’est le pétrole des années 80
    et 90, de cette Révolution informatique.
    Il faut des centaines de mini-entreprises du logiciel,
    et la France pourrait dominer l’Europe dans
    le logiciel : elle a les étudiants les plus brillants,
    une bonne maîtrise de la technologie.
    Ce que nous devons faire, c’est encourager les jeunes
    à créer des sociétés de logiciels.
    Nous, nous ne voulons pas mettre la main dessus.
    Le gouvernement ne doit pas non plus tenter
    de le faire, elles doivent appartenir
    à ceux qui prennent des risques.
    Vous voyez qu’avec tout le recul, ça n’a
    pas vraiment perdu de son actualité.
    Je vais juste reprendre 2 messages.
    Donc Steve JOBS rencontre François MITTERAND
    qui lui demande « Pourquoi nous n’avons
    pas de Silicon Valley en France ? »,
    et au fond, dans leur entretien, la première phrase
    qui s’est détachée c’est « Parce que chez vous
    l’échec c’est très grave ».
    Vous savez ce qu’une grande psychologue américaine a
    dit sur la mère Française versus la mère Américaine ?
    Un enfant essaie de monter à une échelle et se casse la gueule, la mère Américaine lui dit
    « C’est très bien, tu as essayé », la mère Française
    lui dit « Tu vois, je te l’avais dit ».
    De même, si vous voulez, sur un CV par exemple,
    vous créez une entreprise et vous la plantez :
    aux Etats-Unis c’est sur votre CV, en France,
    vous avez pris une année sabbatique…
    Parce qu’il n’y a rien de pire que d’avoir
    planté une boite en fait.
    Donc on a cette aversion à l’échec,
    qui est récente, qui viendrait vraisemblablement
    des 2 Guerres Mondiales, parce quand même mine
    de rien ça forge un peu le caractère tout ça et ça
    peut vous donner une envie de moins prendre de risques
    d’avoir eu autant de destructions sur votre sol.
    Et ce n’est pas valable qu’en France, c’est valable
    en Europe, mais en France en particulier.
    Mais, du temps par exemple de Jules Verne, on n’avait
    pas du tout cette aversion au risque et à l’échec.
    Et donc l’essai / erreur, il n’y a pas de secret,
    pour les boîtes innovantes
    c’est comme ça que ça fonctionne.
    Et l’autre message important : logiciel c’est
    le pétrole des années 80 et 90.
    Ce qui était complètement inimaginable
    pour la plupart des entreprises, même américaines
    (IBM n’y a jamais cru). IBM disait à Bill GATES
    « Il n’y a pas d’argent à faire dans le logiciel ».
    Ça a été une phrase célèbre d’un chef de section
    d’IBM quand Bill GATES est venu le voir et il lui
    a dit « Il n’y a pas d’argent à se faire dans votre
    domaine, le logiciel, il n’y a pas d’argent… »
    Bill GATES c’est l’homme le plus riche du monde
    aujourd’hui.
    Mais au-delà du logiciel, la connaissance a toujours
    été le pétrole de toutes les époques.
    La Révolution Industrielle repose bien sur une
    connaissance qui était celle de la machine à vapeur.
    Donc au-delà du logiciel, qui était ce dont parlait
    JOBS parce que c’était son domaine, mais bien au-delà,
    la connaissance est le pétrole de toutes les époques.
    D’ailleurs vous connaissez peut-être la petit blague
    dont on parle sur la Silicon Valley: on dit que les
    Américains ont Steve Jobs et que nous
    (les Français) on a Paul… Emploi…
    L’économie de la connaissance on y est…
    J’aime beaucoup cette image,
    parce qu’elle représente bien le langage corporel.
    Vous avez Barack OBAMA qui nomme dans sa première
    Administration, Steven CHU ministre de l’énergie.
    Normalement le secrétaire à l’énergie aux États-Unis,
    c’est un expert du pétrole et/ou du renseignement,
    en général les deux. Entendez par là un euphémisme
    pour « Expert en assassinat, coups d’état,
    reversement de gouvernement, … » Donc c’est Dark Vador
    le secrétaire d’état à l’énergie,
    on ne plaisante pas avec lui.
    Et là, le type qu’il a nommé, il se demande
    ce qu’il fait dans ce grand bureau,
    il n’est pas du tout à son aise,
    ce n’est pas un politicien.
    Barack OBAMA a donc nommé ce monsieur,
    Steven CHU, prix Nobel de Physique,
    qui n’y connaît rien en politique, et encore rien
    en géopolitique, renversement de gouvernement,
    mais qui s’y connaît en connaissances.
    Tous les commentateurs ont analysé cette nomination
    initialement dans la première Administration OBAMA,
    comme un tournant vers l’économie de la connaissance.
    Mais l’économie de la connaissance,
    on y est complètement en Corée du Sud.
    La Corée du Sud a eu un ministère de l’économie
    de la connaissance autonome, régalien,
    indépendant des finances et de l’industrie :
    un ministère complet. C’est vous dire
    à quel point ils prennent ça au sérieux.
    Et pourquoi ils prennent ça au sérieux les Coréens ?
    Aujourd’hui, la Corée du Sud exporte plus
    que la Fédération de Russie : 20% précisément,
    100 milliards de plus chaque année.
    Digérons un peu ce chiffre : la Corée du Sud exporte
    plus que la Fédération de Russie, avec 3 fois
    moins d’habitants et 171 fois moins de territoires.
    La Russie, ils ont toutes les matières premières
    qu’ils veulent : de l’or, du pétrole, du gaz naturel,
    de la bauxite, du strontium, de l’uranium…
    Ils ont tellement de platine que ce sont les Russes
    qui ont inventé l’usage monétaire du platine.
    Les premiers à frapper des monnaies en platine
    c’était eux. Et ils exportent 20% de moins
    que la Corée du Sud.
    Comment ça se fait ?!
    Les Coréens n’ont rien sur le plan minier,
    leur sous-sol n’a absolument rien à exporter.
    Et sur le plan halieutique, ils se partagent la Mer de
    Chine avec la Chine, la Russie et la Japon, et je peux
    vous garantir que ce n’est pas eux qui gagnent.
    Les Coréens, qu’est ce qu’ils nous vendent ?
    Des écrans LCD, des tablettes et des smartphone
    Samsung, des voitures, des moteurs de bateau
    et des bateaux entiers.
    Les Coréens ont complètement investis dans l’économie
    de la connaissance, et ils sont passés d’un PIB par
    habitant qui était celui de la Somalie en 1957,
    à aujourd’hui un PIB par habitant
    supérieur à la France.
    Le niveau de vie du Coréen est supérieur au niveau de
    vie du Français, alors que c’était la Somalie en 1957.
    Tout à l’économie de la connaissance.
    Quand les Coréens veulent faire de la robotique
    une grande cause nationale, ils ne créent pas
    de nouveaux programmes scolaires,
    ils créent un parc d’attractions : Robot Land.
    Dont vous voyez la mascotte, HUBO Einstein,
    qui aussi dit « N’aie pas peur ! ».
    C’est une très bonne idée, parce que
    les parents vont y aller avec leurs enfants.
    Si le fils veut faire de la robotique,
    ou la fille, ne soyons pas sexistes,
    les parents lui diront « Oui, on voit bien
    que c’est une filière d’avenir, vas-y. »
    Et puis, les enfants auront vu que c’est sexy,
    que c’est drôle, que c’est amusant.
    En fait, pour faire de la technologie
    une cause nationale, il faut avant tout
    la rendre agréable à étudier,
    donner l’envie de l’étudier.
    Alors pourquoi Barack OBAMA nomme un secrétaire
    à l’énergie aussi atypique et pourquoi l’économie
    de la connaissance est aussi centrale en Corée ?
    C’est parce que, première propriété de la
    connaissance : elle est prolifique, elle explose.
    Elle se reproduit très vite.
    La connaissance mondiale double tous les 9 ans,
    en quantité. C’est-à-dire que si l’on compte tous
    les problèmes techniques ouverts qui ont été fermés,
    et là on peut les compter, cette donnée double
    tous les 9 ans. En quantité encore une fois,
    pas en qualité, c’est-à-dire qu’une Révolution sera
    compté comme une seule phrase dans ce compte,
    alors qu’elle en changera des milliers d’autres.
    C’est récent évidemment, la connaissance n’a pas
    pu doubler tous les 9 ans depuis l’Antiquité.
    En fait la connaissance est rentrée dans une phase
    exponentielle autour de la Révolution Industrielle.
    Au début il fallait à peu près 50 ans pour que
    la connaissance mondiale double, à la fin de la
    deuxième Guerre Mondiale on était autour de 25 ans,
    puis on est allés vers 15 ans dans les années 1970,
    et avec l’apparition de l’informatique personnelle,
    ce temps de doublement s’est raccourci.
    Aujourd’hui on serait plutôt autour de 7 ans.
    Ce qui voudrait dire qu’en 7 ans et 1 jour,
    l’Humanité a produit plus de connaissances qu’elle
    n’en a produit dans les 15000 dernières années,
    c’est ça que ça veut dire doubler !
    En quantité, pas en qualité, encore une fois.
    Or, pas besoin d’être expert en logistique
    pour savoir que si vous produisez un bien à une
    vitesse exponentielle et que vous le livrez à une
    vitesse linéaire, vous avez un gros problème.
    Si vous produisez du blé exponentiellement et que
    pour le livrer à vos clients vous n’avez qu’une seule
    route avec les camions qui font la queue pour le
    livrer, à la fin de la journée, vous allez avoir une
    pile de blé non livré qui va pourrir sur place.
    La connaissance, ça ne pourri pas, mais aujourd’hui
    nous produisons beaucoup plus de connaissances que
    nous ne pouvons en livrer. C’est un problème mondial.
    Les gouvernements, les entreprises, les états, les
    universités, les écoles, cherchent à mieux transférer
    la connaissance, parce que nous produisons plus de
    connaissances que nous ne pouvons en transférer.
    Première propriété donc, elle est prolifique,
    elle explose.
    La deuxième propriété de la connaissance est
    très bien illustrée par ce Monsieur.
    Ce Monsieur a produit l’un des 7 sites les plus
    visités au monde, et, je vous le dit tout de suite,
    vous n’avez aucune honte et absolument pas à rougir
    d’y aller tous les jours malgré la photo.
    À votre avis, quel est ce site ?
    C’est Wikipédia, absolument.
    Alors là le trouver aussi vite… D’habitude
    les gens mettent plus de temps à trouver.
    Oui parce que je dois expliquer que, par exemple,
    quand je donne mon cours à l’École Centrale,
    dans l’amphi il y a toujours un élève pour dire
    « Hey ! Mais je la connais elle ! » Et puis là
    je suis quand même obligée d’enchainer en disant
    que c’est quand même une actrice porno au départ…
    Donc ce Monsieur, Jimmy WALES : vous allez mieux le
    reconnaitre ici, il est plus digne tout de suite.
    Mais, parlons un peu de ça : Jimmy WALES est un
    entrepreneur du porno, et puis à 45 ans, ulcère à
    l’estomac, hypertension (parce que mine de rien,
    c’est une industrie qui use, il faut pas croire…),
    il se dit « c’est super, j’ai réalisé mon rêve d’ado,
    c’était pas comme je croyais, j’ai envie
    de réinvestir tout mon pognon ailleurs. »
    Et là il se passe une chose qui ne se passe qu’aux
    États-Unis, « Je suis entrepreneur du porno, tiens, si
    j’allais concurrencer l’Encyclopaedia Universalis ? »
    Quand on est dans un pays légitimiste,
    on ne peut pas faire ça…
    Et donc il veut créer une encyclopédie qui va être
    une encyclopédie tout ce qu’il y a de plus normal.
    C’est-à-dire qu’il va payer des spécialistes
    pour écrire des pages. Et ça ne marche pas.
    Parce que, au bout d’un certain temps
    il a perdu tout son argent. Et puis les profs
    d’Universités, les prix Nobel, ne sont pas très
    contents d’avoir comme commanditaire un
    entrepreneur du porno, donc ça n’avance pas.
    A côté de lui il y a quelqu’un qui fait exactement la
    même chose, mais qui a chéquier infini.
    C’est quelqu’un qui peut payer tous les prix Nobel
    de la Terre, avec un salaire confortable s’il le veut.
    Qui c’est ? Bill GATES, PDG de Microsoft,
    l’homme le plus riche du monde,
    il peut payer tous les prix Nobel s’il le souhaite.
    Et il fait une encyclopédie dont plus personne n’a
    entendu parler et que plus personnes n’utilise
    qui s’appelle Encarta.
    Et Encarta c’est l’ancien monde en un sens,
    ça a beau être Bill GATES qui est l’homme le plus
    riche du monde c’est complètement l’ancien monde
    puisque c’est juste une encyclopédie sur CD,
    et c’est tout.
    Ça reste exactement le même modèle de production
    que les encyclopédies d’avant. Jimmy Wales
    n’a plus d’argent, alors il est obligé d’innover.
    Et oui parce que quand on a argent infini
    on n’innove pas. Y’a pas besoin d’innover
    si vous pouvez payer les gens pour faire le travail.
    Un ami vient le voir et lui dit « Il y a une
    technologie qui s’appelle le Wiki, qui est une
    technologie collaborative.
    Tu ouvres les pages à tout le monde et
    après les Prix Nobel reliront quand même ».
    Et Jimmy WALES n’est pas chaud du tout parce que
    toute Révolution passe par 3 étapes !
    C’est complètement ridicule cette idée, mais
    comme il n’a pas d’argent il est obligé de l’adopter.
    Il l’adopte à contrecœur, vraiment.
    Et puis au bout de 6 mois il a 25 000 pages.
    Alors c’est plus ridicule, qu’est-ce que c’est ?
    C’est dangereux. Tous les professeurs qu’il avait
    recruté, levé de boucliers « Mais c’est un scandale
    enfin ! Qu’est ce qui va se passer si Mme MICHU
    édite la page Physique Quantique ? »
    Mais Mme MICHU elle n’est pas bête.
    Elle va pas l’éditer, elle sait qu’elle
    ne peut pas l’éditer et qu’elle n’est pas encore
    assez qualifiée pour l’éditer : elle l’éditera pas !
    C’est déjà bien si elle l’ouvre !
    On sait aujourd’hui que Wikipédia, et
    ça a été démontré en 2007, donc on sait depuis 7 ans,
    depuis 8 ans pardon, que Wikipédia
    sur les articles scientifiques, est
    plus fiable que l’encyclopaedia Britannica.
    Plus fiable. Oui parce que, il faut être très
    très clair : aucune encyclopédie dans l’histoire
    de l’Humanité ne vous a dit « Quand vous me lisez,
    enlevez votre cerveau. » Aucun esprit critique.
    Vous lisiez une encyclopédie dans les années 50 ça
    vous disait que les noirs avaient un QI inférieurs
    aux blancs. Donc dans toutes les encyclopédies il y a
    eu des erreurs, c’est normal, les encyclopédies
    représentent l’esprit de leur époque.
    L’esprit de l ‘époque il n’est pas parfait,
    il y a des erreurs. Simplement, il faut juste
    expliquer aux gens qui sont sur Wikipédia « N’oubliez
    pas qu’il faut regarder les sources, etc … »
    Mais l’esprit critique c’est toujours bien
    de sortir avec. Simplement, sur une page scientifique,
    je prends un domaine à la fois pointu et que je
    connais bien : les neurosciences cognitives.
    Et bien je lis la page neurosciences cognitives
    de Wikipédia, elle me colle ! Ça a beau être
    ma spécialité elle me colle !
    Pourquoi ? Il y a 7000 contributeurs.
    Je ne suis pas plus érudit que 7000 personnes.
    Et c’est ça les pages scientifiques de Wikipédia.
    Moralité : la connaissance est collégiale.
    La vérité est un miroir brisé,
    chacun en possède un petit morceau.
    Mais comme nous avons un ego, nous avons tendance
    à croire que notre petit morceau représente le tout,
    et qu’il n’existe rien en dehors de ce petit morceau.
    Ça c’est le premier effet de l’ego.
    Et le deuxième effet de l’ego c’est évidemment que,
    une fois qu’on a compris qu’il y a d’autres morceaux
    on ne veut absolument pas les mettre en commun.
    Parce qu’on perdrait notre différence
    si on le faisait.
    La connaissance est collégiale.
    La vérité est un miroir brisé.
    Ça c’est la deuxième propriété de la connaissance.
    Première propriété prolifique, elle explose.
    Deuxième propriété collégiale.
    La collégialité de la connaissance est très
    bien illustrée aussi par cet ordinateur, qui est
    une double légende : vous savez que « légende »
    en latin ça veut dire « qui mérite d’être lu ».
    Et l’histoire de cet ordinateur,
    elle mérite d’être lue. D’abord l’ordinateur
    en lui-même, et après il y aura l’étiquette,
    qui est encore plus légendaire.
    Cet ordinateur, il s’appelle NeXtcube, et il été
    créé par Steve Jobs quand il est licencié d’Apple.
    Oui par ce que je sais qu’on vous a sans doute
    beaucoup parlé d’Apple et de Steve JOBS, mais
    encore une fois là aussi c’est une légende
    au sens où ça mérite d’être lu.
    Steve JOBS c’est quelqu’un qui fait 1 million de $
    à 21 ans, qui en fait 10 à 25, qui en fait 100 à 28,
    et qui à 29 a tout perdu ! Et tout perdu avec un
    fracas tel que à l’époque dans la Silicon Valley,
    se faire virer de sa propre boite
    ça s’appelle « se faire Stever ».
    C’est-à-dire que dans les écoles de commerce
    Américaine, on dit aux jeunes qui font des start-ups
    « Attention ! Ne vous faites surtout pas Stever ! »
    Y’a des gens qui auraient complétement broyé du noir
    et qui se seraient flingué pour ça !
    Mais le Steve JOBS avait décidé de repartir en faisant 2 entreprises. La première c’est le rachat de la
    branche effets spéciaux de Lucasfilm (Star Wars).
    Donc il rachète les effets spéciaux qui ont fait Star
    Wars, et il en fait une firme qui s’appellera Pixar,
    qui sera revendu à Disney, et qui rendra vraiment
    Steve JOBS riche pour le coup.
    Et l’autre firme c’est NeXT, c’est-à-dire vraiment
    « je vais faire l’ordinateur de demain, le prochain
    ordinateur, et je vais essayer de battre ma propre
    compagnie à qui j’ai déjà tout donné, et qui a une
    meilleure expertise. Je vais essayer de faire encore
    mieux. Donc je fais table rase et je recommence. »
    Donc quand il disait à François MITTERAND
    « Quand on se plante, on recommence »
    ce n’était pas pour plaisanter !
    Et à l’époque où il l’avait dit
    il ne l’avait pas fait encore.
    Puisqu’il était encore à la tête d’Apple
    quand je vous ai montré cette vidéo.
    Ça c’était 2 ans plus tard.
    Cet ordinateur, contrairement au premier Mac,
    il ne dit pas « N’aie pas peur »
    Parce que ça c’était un ordinateur destiné à être
    vendu aux entreprises donc là il dit plutôt
    « Tu viens de payer 150 000 balles donc
    j’ai intérêt à avoir l’air agressif. »
    Le design était très innovant et les ailes
    de refroidissement étaient tellement innovantes
    qu’elles allaient être copiées par Playstation 10 ans
    plus tard, donc c’était vraiment le « Next computer ».
    Cet ordinateur ne se vendra pas si bien
    mais il aura des légendes. La première c’est qu’Apple
    va le racheter, c’est ce qui fait que Steve JOBS
    retourne chez Apple. Et la deuxième, c’est que
    cet ordinateur en particulier a servi pour quelque
    chose. Il y a une étiquette ici qui dit
    « Je suis un serveur, ne m’éteignez surtout pas. »
    À votre avis
    c’est le premier serveur de quoi cet ordinateur ?
    (internet ?) Pas loin… le World Wide Web.
    Il ne faut pas confondre les deux.
    En fait internet c’était les échanges de protocoles
    entre ordinateurs et ça a commencé à exister avec
    ARPANET dans les années 80, et le World Wide Web,
    qui a été cette surcouche qui a permis de faire
    cette surcouche qu’on connaît.
    Le premier serveur où on a tapé « www » c’était
    cette machine, et elle était au CERN, et c’est pour ça
    que le siège d’Apple ressemble aussi au CERN, comme
    certains l’ont noté, sauf que le CERN est enterré et
    que le siège d’Apple de l’est pas.
    Le CERN donc le Centre Européen de Recherche
    Nucléaire, à l’instar de la connaissance, il est
    partagé entre plusieurs personnes et pays. Il est
    partagé entre la Suisse, la France, l’Italie. Et donc
    illustre bien cette collégialité de la connaissance.
    Pourquoi on a inventé le World Wide Web là-bas ?
    Parce que, on est au CERN, donc il y a des Prix Nobel,
    etc… Et puis il y a un ingénieur de recherche qui se
    dit « Tiens, j’aimerais bien créer un réseau pour
    qu’on échange la connaissance plus vite. »
    Pour que vous vous situiez dans cet écosystème très
    particulier qu’est le monde économique tout de même,
    l’ingénieur de recherche au CERN c’est le mec qui n’a
    pas de doctorat : c’est le vers de terre, il est sous
    les feuilles mortes… Il est dans l’humus.
    Ce n’est pas le type le mieux considéré du labo.
    Et justement, parce que ce n’était pas le type le
    mieux considéré du labo on le laissait dans un petit
    bureau sans fenêtres, il avait des crédits…
    Et cet ingénieur de recherche, Tim BERNERS-LEE crée ce réseau. Et on passe évidemment par les 3 étapes :
    « Non mais on n’a pas que ça à faire… C’est ridicule.
    Nous on cherche le boson de Higgs. Amuse-toi avec tes
    petits réseaux, nous on fait du sérieux. »
    Et puis ça marche très bien ! Ça marche très bien,
    tout le monde l’adopte. Oui parce qu’avant on
    s’envoyait quand même des faxes pour échanger de
    l’information entre laboratoires du CERN…
    Donc automatiquement ça a permis d’accélérer.
    Et puis, Tim BERNERS-LEE, puisqu’il n’est « que »
    ingénieur de recherche, à l’idée de dire
    « si ça marche pour vous les Prix Nobel du CERN,
    ça marchera pour tout le monde ».
    Et ça aussi ça passe par les 3 étapes :
    « Mais enfin c’est ridicule, nous on est des Prix
    Nobel, qu’est-ce que vous voulez que M. Tout le monde
    utilise un truc aussi sophistiqué ! »
    Et puis deuxième étape : « C’est dangereux !
    C’est une technologie de qualité militaire ! Si on
    l’ouvre à tout le monde qu’est ce qui va se passer ? »
    Et puis aujourd’hui le World Wide Web est ouvert
    à tout le monde, c’est une évidence.
    Ridicule. Dangereux. Évident.
    Qu’est-ce que nous apprend cette histoire ?
    C’est que la connaissance est collégiale d’une part,
    mais surtout que si nous n’apprenons pas en groupe,
    nous n’apprendrons plus du tout.
    La connaissance croît beaucoup trop vite pour que
    l’expertise reste individuelle au XXIe siècle.
    Ce qui est dramatique parce que nous rentrons au XXIe
    siècle avec une école qui a été conçue au XIXe.
    Le mode d’enseignement aujourd’hui nous est hérité
    du XIXe siècle. De la Révolution industrielle
    en particulier, je vais y revenir.
    Mais… Aujourd’hui, la connaissance croît beaucoup
    trop vite pour que l’expertise reste individuelle.
    J’aimerais beaucoup que, quand mes enfants iront lire
    et chercheront dans le dictionnaire le mot « expert »
    (bon, ils ne chercheront pas dans le dictionnaire
    déjà), et bien ça dise « groupe », pas « individu ».
    Vous savez très bien qu’on peut réunir des gens
    brillants individuellement et qu’ils peuvent être
    collectivement des connards. Je suis sûr que vous avez
    des idées en tête… Donc il est très important
    d’apprendre à travailler en groupe. Et c’est ce que
    démontre cette collégialité de la connaissance.
    Maintenant les règles de l’économie de la
    connaissance, elles sont d’une grande simplicité mais
    elles changent tout. L’économie de la connaissance
    elle est aussi différente de l’économie classique
    que ne l’était la physique quantique
    de la physique classique.
    Dans ces règles il y a, 2 bonnes nouvelles
    et 1 mauvaise nouvelle.
    Première règle : Les échanges sont à somme positive.
    Qu’est-ce que ça veut dire ?
    Si je vous donne 20€, ils ne sont plus à moi.
    C’est ce que l’on appelle un échange à somme nulle.
    Tout ce que je vous donne, je le perds.
    Si je partage une pizza avec vous, tout ce que je vous
    donne, ça fera de la pizza en moins pour moi.
    Donc si je vous donne 20€ ils ne sont plus à moi,
    mais… Si je vous donne de la connaissance, elle est
    encore à moi. Là je vous donne de la connaissance, à
    priori je ne vais pas sortir plus bête de cette pièce.
    Si je vous donnais 20€ à chacun, je sortirai plus
    pauvre, et je ferai plus beaucoup de conférences au
    bout d’un mot. Mais la connaissance, je peux en
    donner… Ma seule limite c’est le temps. Quand on
    partage de la connaissance on ne la perd pas.
    En fait, la règle est plus générale que ça : « quand
    on partage un bien matériel, on le divise, et quand on
    partage un bien immatériel, on le multiplie ».
    Cette phrase est de Serge SOUDOPLATOFF,
    grand expert français d’internet.
    « Quand on partage un bien matériel, on le divise, et
    quand on partage un bien immatériel, on le multiplie »
    Et oui, vous partagez encore une fois une pizza, c’est
    matériel, tout ce que vous avez partagé ça en fait
    moins pour vous. Si vous y réfléchissez bien, la
    quasi-totalité des guerres depuis 15 000 ans repose
    sur ce principe. Que vous partagiez un mammouth, un
    champ de blé ou une nappe de pétrole, ça en fera moins
    pour vous. Donc là bonne nouvelle là c’est que dans
    l’économie de la connaissance ce n’est pas le cas.
    La deuxième règle est une mauvaise nouvelle :
    les échanges ne sont pas instantanés.
    Et oui, je veux dire, un échange de propriété, c’est
    instantané. 20 euros ou 20 millions d’euros, c’est une
    signature sur un chèque, ça prend le même temps.
    Transférer la propriété de 20 euros ou 20 millions
    d’euros, c’est une signature.
    Les échanges de propriétés, sur le papier encore une
    fois, pas physiquement, sont tellement instantanés
    qu’il y a du trading haute fréquence.
    Dont la limite légale aujourd’hui est la nanoseconde !
    Ce qui veut dire qu’on a le droit de faire
    1 milliards de transactions par seconde
    sur les marchés financiers.
    Mais dans L'économie de la connaissance,
    il n’y a pas de trading haute fréquence !
    Cette présentation elle prend du temps !
    Je peux transférer 20 euros ou millions d’euros,
    en 1 seconde, mais la connaissance,
    la physique quantique, les maths… je ne peux pas !
    Ça prend du temps.
    Ça c’est la mauvaise nouvelle.
    Les échanges de connaissance, contrairement aux
    échanges de propriétés, ils prennent du temps.
    Troisième règle, qui est une très bonne nouvelle
    aussi : les échanges ne sont pas linéaires.
    Les combinaisons ne sont pas linéaires.
    Qu’est-ce que ça veut dire ?
    Si vous prenez 20€ et 20€, et que vous les mettez
    ensemble ça fera 40€.
    Si vous prenez 1kg de riz et 1kg de riz et que vous
    les mettez ensemble ça fait 2kg de riz.
    Mais si vous prenez 1kg de connaissances et 1 autre kg
    de connaissances, ça fait 3 kg de connaissances !
    Parce qu’à chaque fois que vous regroupez
    2 connaissances, ça crée une tierce connaissance,
    qui est au pire triviale, et au mieux,
    révolutionnaire.
    C’est résumé dans cette équation qui est en fait
    d’une grande simplicité, n’ayez pas peur.
    Oui parce qu’on a découvert que notre enseignement
    des maths en France est tellement violent en France
    qu’en fait, vraisemblablement chez certains élèves
    qui ont une peur panique des maths, il y a, quand ils
    voient une équation, avant même d’essayer de la
    comprendre alors qu’elle est très compréhensible,
    il y a une aire du cortex préfrontal qui s’active et
    qui dit en gros « N’essaye même pas. »
    Et le fait que vous riez, me montre aussi que vous
    devez avoir des cas aussi…
    Alors cette équation elle est très simple, elle dit
    juste que savoir (k c’est pour savoir, knowledge en
    l’occurrence = connaissance, know = savoir), et ça, ça
    veut juste dire « et ».Savoir a et b ensemble,
    c’est plus que savoir a et savoir b séparément.
    Mais si vous remplacez « savoir » par « posséder »,
    c’est pas vrai. Posséder a et posséder b ensemble, ce
    n’est pas du tout plus que posséder a et posséder b.
    Je veux dire, ce serait sympa si avoir 10 000€ sur un
    compte et 10 000€ sur un autre compte et que les
    verser sur un même compte ça fasse 22 000€, mais ce
    n’est pas le cas.
    Alors que dans la connaissance, avoir de la
    connaissance sur un compte, et une autre connaissance
    sur un autre compte, quand vous fusionnez les 2
    comptes, ça crée une tierce connaissance, et c’est
    pour ça que la connaissance explose en fait.
    C’est parce que plus on en crée, plus il s’en crée.
    Voilà donc les règles de base de l’économie de la
    connaissance : les échanges sont à somme positive,
    ils ne sont pas instantanés, et quand on met la
    connaissance ensemble il s’en produit plus, c’est
    comme de la reproduction en fait,
    et c’est ce qui a fait que les combinaisons,
    les échanges, ne sont pas linéaires.
    Mais pour moi la plus belle conséquence de l’économie
    de la connaissance c’est être la structure de son
    pouvoir d’achat. Là on réalise une transaction.
    Je vous donne de la connaissance, là je suis en train
    de vous en donner, et vous vous êtes en train de me
    donner deux choses en échange, très précieuses.
    Lesquelles ?
    Du temps, très bien. De l’attention.
    Ecoute, attention.
    Et bien, la monnaie de l’économie de la connaissance,
    c’est l’attention multipliée par le temps.
    Ça se résume dans cette formule qui est en fait très
    simple et très belle, qui veut juste dire « Le flux de
    connaissances… » Phi ça veut juste dire « Flux ».
    « Le flux de connaissances est proportionnel… » ça
    veut juste dire proportionnel ce signe
    « … À l’attention multipliée par le temps. »
    Vérifions que c’est un produit déjà.
    Un « produit », qu’est-ce que ça veut dire ?
    Ça veut dire que si l’un des 2 termes vaut 0,
    le tout vaut 0, contrairement à une somme.
    Si vous me donnez une heure mais que pendant
    une heure vous êtes en mode « Barry WHITE » dans votre
    tête (y’en a forcément qui vont ressortir et qui ne
    vont pas réussir à sortir « Let the music play ♪ »
    de leur tête. Je vais polluer un peu votre cerveau sur
    ce coup-là.) L’échange de connaissance sera faible.
    Vous me donnez une heure de votre temps mais pendant
    une heure vous êtes en mode musique d’ascenseur dans
    votre tête (je ne vais pas dire que Barry WHITE c’est
    de la musique d’ascenseur j’insiste) l’échange de
    connaissances ne sera pas très bon.
    Mais, pareil, si vous me donnez 30 secondes avec toute
    votre attention l’échange de connaissances ne sera pas
    excellent non plus. On voit bien que c’est un produit.
    Il faut de l’attention et du temps. Mais c’est tout !
    Au passage, j’utilise une formule mathématique là
    parce qu’elle est plus courte en fait. Et c’est à ça
    que ça sert une formule mathématique quand on y
    réfléchit. Ce n’est pas pour rendre les choses
    compliquées. C’est au contraire pour pouvoir expliquer
    plus de choses en un petit espace puisque « les
    échanges de connaissance sont proportionnels à
    l’attention multipliée par le temps » ça ne tiendrait
    pas là sur cet écran.
    Alors, quelles conséquences ont peu voir à ça ?
    Il y a une mauvaise nouvelle nouvelle et
    tout le reste ce ne sont que de bonnes nouvelles.
    Si votre portefeuille, votre pouvoir d’achat, c’est
    de l’attention multipliée par du temps,
    la mauvaise nouvelle c’est que si vous ne le
    dépensez pas il se dépense tout seul. Le temps…
    Si dans votre portefeuille il y a du temps, tout
    le temps que vous n’avez pas dépensé vous n’avez
    pas pu le mettre en réserve pour plus tard.
    C’est la seule mauvaise nouvelle. Tout le reste,
    ce ne sont que des bonnes nouvelles qui changent
    complètement par rapport à l’économie normale.
    D’abord, si votre pouvoir d’achat c’est de l’attention
    multipliée par du temps et bien oui, le chômeur a
    plus de pouvoir d’achat que le travailleur.
    Il a plus d’attention et de temps libre. Même si on
    sait qu’aujourd’hui trouver un emploi est un job à
    temps plein, mais l’idée c’est quand vous n’avez pas
    d’activité, sur le papier, ça reste un modèle, et bien
    vous avez plus d’attention et de temps à dépenser.
    Si votre pouvoir d’achat c’est de l’attention et
    du temps, quelle est l’autre bonne nouvelle ? Si votre
    portefeuille c’est de l’attention et du temps ?
    Ce n’est pas illimité ! Par contre, tout le monde en a
    à la naissance ! La grande différence c’est que,
    le petit Somalien, il n’est pas né avec 1000$ en
    poche, dans l’économie des matières premières, dans
    l’économie classique des biens et services, tout le
    monde n’est pas né avec du pouvoir d’achat.
    Le pouvoir d’achat n’est pas garanti à la naissance,
    mais dans l’économie de la connaissance, le pouvoir
    d’achat est garanti à la naissance !
    Ce n’est pas le même pour tout le monde,
    parce qu’on n’a pas le même temps.
    Mais à la naissance on a un pouvoir d’achat non nul.
    Et ça économiquement ça change tout, en supposant un
    accès égal bien sûr, ce qu’internet est en train de
    réaliser. Et puis… si votre pouvoir d’achat c’est de
    l’attention multipliée par du temps, et bien ça veut
    dire que le pouvoir d’achat ne dépend que de vous.
    Et oui, vous ne pouvez pas aller chez un
    concessionnaire Maserati et vous dire « Tiens,
    aujourd’hui j’ai envie d’avoir le pouvoir d’achat
    d’une Maserati ». Par contre, vous dire « Tiens,
    aujourd’hui j’ai envie d’avoir le pouvoir d’achat de
    la physique quantique » ça ne dépend que de vous.
    Ça nous amène à l’autre partie intéressante de
    l’économie de la connaissance, c’est qu’en fait
    l’obstacle dans l’économie de la connaissance, ce
    n’est pas le pouvoir d’achat, c’est l’envie.
    Parce qu’il y a tellement de choses dans lesquelles on
    peut dépenser notre attention et notre temps que la
    dépenser dans la physique quantique ça arrive
    rarement, parce qu’il y a d’autres choses qui attirent
    plus notre attention et notre temps. Donc en fait dans
    l’économie des biens et des services, c’est l’argent
    qui détermine ce que vous pouvez acheter ou pas.
    Dans l’économie de la connaissance c’est l’envie,
    et l’obstacle reste de taille ! C’est bien pour ça
    qu’à chaque fois que l’on veut enseigner quelque
    chose, il faut d’abord donner envie.
    C’est extrêmement important. Ce qui m’amène à
    la partie la plus belle de cette équation.
    Dans quelle circonstance vous maximisez votre pouvoir
    d’achat ? Dans quelle circonstance vous donnez toute
    votre attention et votre temps ? Quand vous donnez
    toute votre attention et votre temps à une personne,
    comment ça s’appelle ?
    L’amour !
    L’économie de la connaissance est la seule économie
    qui maximise littéralement le pouvoir d’achat des
    amoureux ! Parce que quand vous êtes amoureux d’une
    connaissance, votre flux d’apprentissage est beaucoup
    plus rapide. L’amour est ce qui maximise votre
    attention et votre temps : vos enfants vous les aimez,
    vous allez dépenser votre attention et votre temps
    avec eux, sans compter ! L’envie de la dépenser n’est
    pas le problème. Et bien, à chaque fois que vous
    voulez transférer une connaissance,
    faites en sorte de l’aimer d’abord.
    On dit dans la Silicon Valley que
    le « knowledge flow » précède le « cash flow »
    (c’est-à-dire, le « knowledge flow », le flux de
    connaissances, on l’appelle aussi « k flow » :
    « knowledge flow » = « k flow »), le « k flow »
    précède le « cash flow ». C’est très vrai dans les
    boîtes de la Silicon Valley, mais ce qu’on observe
    aujourd’hui c’est que ça commence à être vrai dans le
    monde entier, tous secteurs confondus. Et ça aussi
    c’est étrange, mais quand vous pensez aux futurologues
    des années 80, ils disaient « Jamais un agriculteur
    n’aura besoin d’un ordinateur personnel. » C’est
    complètement bidon aussi. Donc l’idée que tous les
    secteurs de l’industrie… De l’économie puissent se
    « Silicon Valleyiser », que les problèmes qu’a la
    Silicon Valley aujourd’hui seront les problèmes de
    tout le monde dans 10 ans, ça parait aussi étrange
    aujourd’hui que d’avoir dit « Même un agriculteur aura
    besoin d’un ordinateur personnel », mais c’est ce qui
    est en train d’arriver.
    Donc… l’amour. Juste en dessous de l’amour il y a
    l’addiction. Et oui, tout amour est addictif mais
    toute addiction n’est pas amour.
    Parlons de l’école… un petit peu.
    Alors je vais juste rester sur cette équation
    pour le moment et puis après on reviendra.
    L’attention et le temps, donc c’est aussi
    le flux de connaissances à l’école.
    Sauf que, à l’école c’est obligatoire.
    Donc l’école a très peu évolué pour être capable
    de capter l’attention. Et c’est ce que l’on voit
    aujourd’hui : on a un monde de divertissements de plus
    en plus immersif, et une école de plus en plus chiante
    en comparaison. Parce que, en 1905, l’école c’était
    super excitant ! Je veux dire, si vous aviez le choix
    entre tailler des sabots et aller à l’école apprendre
    des tas de trucs, c’était plus intéressant d’aller à
    l’école. Mais aujourd’hui vous avez le choix entre les
    jeux vidéo et l’école, l’école n’est plus compétitive
    pour ça.
    Mais parlons un peu de connaissances.
    Pour ça j’ai besoin d’une métaphore, d’une parabole…
    « Mes biens chers frères… » Bon, avec ma tronche
    ce n’est pas très crédible tout ça…
    Imaginez que vous vous trouvez dans un
    hôtel 5 étoiles, devant un buffet à volonté.
    Mais attention, le buffet de la mort, le buffet
    exceptionnel ! Salade bar, viande grillée, desserts à
    volonté, caviar, massage des pieds… la totale !
    Là vous êtes au paradis. Maintenant, imaginez que le
    maître d’hôtel débarque et vous dise
    « Tu dois tout bouffer. Tout !
    Chaque assiette que tu laisseras, ce sera
    porté sur l’addition. Et si tu en laisse trop,
    non seulement tu paieras une addition mirobolante,
    mais ensuite tu seras vidé de l’hôtel, et on fera une
    haie d’honneur pour t’humilier. »
    Et puis le maître d’hôtel regarde sa montre et fait
    « Ah au fait ! T’as une heure. Quelqu’un l’a fait
    avant toi donc on sait que c’est possible. »
    Bon, bon, bon… Là vous êtes en enfer.
    Le buffet n’a pas changé, le contenu n’a pas changé,
    les règles du jeu ont changé. C’est-à-dire que vous
    comprenez déjà comment en changeant juste les règles,
    on peut transformer un truc génial en un truc chiant !
    Et toute l’idée de la gamification ou de la
    ludification, transformer le travail, c’est…
    comment on fait dans l’autre sens ?
    Comment on transforme un truc chiant
    en un truc génial ? En changeant juste les
    règles du jeu sans changer la bouffe.
    Bon, ça ne vous ai jamais arrivé une expérience
    pareille, on est d’accord ? Personne ne vous a jamais
    demandé de finit un buffet complet et de payer ce que
    vous aurez laissé. Si ça vous était arrivé une fois
    dans votre vie vous auriez été en psychanalyse
    pour le restant de vos jours…
    Et si je vous disais moi que, non seulement ça vous
    est déjà arrivé, mais qu’en plus ça vous est arrivé
    1700 jours minimum dans votre vie.
    L’école. Et oui, à l’école en fait, vous êtes noté sur
    ce que vous avez laissé. Si vous avez tout mangé
    vous avez 20, mais tout ce que vous avez laissé
    ça fait des points en moins. Et si vous en laissez
    trop, vous avez moins de 10, vous redoublez.
    Et dans les temps anciens, bonnet d’âne avec les
    élèves qui se foutent de vous etc… Donc, oui : vous
    avez un buffet de connaissances qui est là, sauf que
    votre appétit on s’en fout, on n’a pas le temps,
    ce n’est pas ça qu’on contrôle. Il y a un volume de
    connaissances, il faut l’absorber qu’il pleuve qu’il
    vente ou qu’il neige.
    Aujourd’hui, notre mode d’enseignement, il est basé
    sur ce modèle. Ce n’est pas une métaphore : il y a un
    volume de connaissances, qu’il pleuve, qu’il vente ou
    qu’il neige, il faut l’absorber.
    « Les enfants aujourd’hui on va faire
    de la trigonométrie – Ah non mais je ne suis
    pas sûr que… - Ta gueule ! »
    Du coup… vous avez deux types d’étudiants
    grosso modo : vous avez ceux qui arrivent à l’école
    avec de l’appétit, et avec eux ça va bien se passer
    (je ne vous cache pas que c’était mon cas).
    Ceux qui arrivent sans appétit, vous allez leur donner
    une crise de foie direct et vous allez
    les dégouter de la connaissance.
    Et vous avez tout l’intermédiaire entre les deux.
    Et oui les maths c’est un peu comme le caviar,
    ou le chocolat ou le café de la connaissance.
    Donnez du chocolat à un bébé il va le recracher
    tout de suite. Parce que c’est amer.
    Il faut apprendre à aimer ce gout.
    Mais une fois qu’on l’a aimé, c’est un des aliments
    intellectuels les plus délicieux.
    Le problème c’est que, si vous forcez un bébé à avaler
    du chocolat noir jusqu’à 7 ou 8 ans, là toute sa vie
    il va détester ça ! C’est exactement
    ce qu’on fait avec les maths en France.
    Pourquoi ce modèle ?
    Et bien parce qu’il est industriel, et qu’il vient
    de la Révolution industrielle, c’est tout !
    Tous les pays qui se sont industrialisés vite,
    ont un système éducatif violent.
    La France, le Japon, la Corée, la Chine. En fait,
    l’idée de l’enseignement industriel c’est quoi ?
    On n’enseigne pas pour le Bonheur Intérieur Brut,
    on enseigne pour le Produit Intérieur Brut.
    Vous savez que le Bonheur Intérieur Brut ça existe :
    c’est une variable qui a été inventé au Bhoutan et qui
    mesure justement le bien-être.
    Mais on n’enseigne pas pour le Bonheur Intérieur Brut,
    on enseigne pour le Produit Intérieur Brut.
    Le but est d’avoir une main d’œuvre formée.
    Et donc on enseigne par lots.
    L’enseignement des Humanistes était
    complètement opposé à ce modèle-là !
    C’est-à-dire que vous prenez un très beau cas qui est
    Léonard de VINCI et François Ier. François Ier était
    un cancre, mais c’est le roi de France :
    il faut qu’il réussisse.
    Donc tu lui enseignes comme tu veux,
    tu te démerdes, il doit réussir. Budget illimité…
    c’est le roi de France. Ça, c’était
    l’enseignement de Léonard de VINCI à François Ier.
    Ça a tellement bien marché…
    Alors Léonard de VINCI a tout fait pour
    qu’avant même d’enseigner une chose,
    le roi ait envie de l’apprendre.
    Ça a tellement bien marché que François Ier,
    après la mort de Léonard de VINCI,
    allait créer le Collège de France, 1536.
    Cet enseignement il a une énorme force
    et une énorme faiblesse.
    Énorme force : il est ergonomique, taillé sur mesure,
    avec de la patience, il est impeccable,
    il est très ergonomique.
    Il est basé sur le mentorat en fait.
    On laisse le professeur le temps d’être un mentor.
    Pas seulement un distributeur de connaissances.
    Par contre, il est très cher,
    il n’est pas démocratique : il n’y a que le roi qui
    peut se payer un Léonard de VINCI.
    Donc l’enseignement des Humanistes…
    Force : parfaitement ergonomique.
    Faiblesse : parfaitement pas démocratique.
    L’enseignement industriel.
    Force : parfaitement démocratique.
    Faiblesse : parfaitement pas ergonomique.
    L’enseignement du XXIe siècle
    sera celui qui aura réussi à fusionner les deux.
    À avoir la démocratie de l’enseignement industriel,
    et l’ergonomie de l’enseignement Humaniste.
    Or justement, pour ce qui est d’attention et de temps,
    il y a des technologies qui savent très très
    très bien la capter. Les jeux vidéo.
    Je vous ai dit
    « Juste en dessous de l’amour il y a l’addiction ».
    Est-ce que vous avez une idée du nombre d’heures
    que l’Humanité a accumulé à jouer à ce jeu…
    World of Warcraft, qui est un jeu
    massivement multijoueur en ligne ? De 2004 à 2014,
    si on compte toutes les heures jouées
    par tous les joueurs de ce jeu,
    ça va chercher dans les combien tout ça ?
    Qui pense que c’est l’âge des États-Unis d’Amérique :
    250 ans ? 250 ans en homme/heures, pour une PME
    c’est pas mal ! On fait des trucs avec ça !
    Bon, c’est plus ou c’est moins ?
    Qui pense que c’est l’âge de la France : 1500 ans ?
    L’âge de la civilisation : 15 000 ans ?
    L’âge de l’Humanité : 200 000 ans ?
    200 000 ans… 10 000 générations.
    Plus ? Bon, qui pense que c’est moins quand même
    parce qu’on approche des chiffres un peu…
    C’est 7 millions d’années !!!
    Si on met bout à bout tous les hommes/heures
    sur World of Warcraft, de 2004 seulement à 2014 !
    Et aujourd’hui en 2015 on est passés à 11 parce que
    c’est exponentiel aussi, même si ça va retomber.
    7 millions d’années en 10 ans !
    Pour remettre ça en perspective, en dézoomant un petit
    peu, la firme qui a le PIB du Vietnam en liquide…
    c’est 1/50 de ce temps depuis 1976.
    Si on compte tous les hommes/heures qui ont
    été mobilisés par Apple, y compris les sous-traitants,
    y compris les contractants de ménage, ça fait 1/50
    de tout ce temps, depuis 1976 !
    Et ils ont le PIB du Vietnam avec ça… en liquide.
    Évidemment si je vous dis qu’un jour peut-être
    qu’on pourra créer le PIB du Vietnam en jouant…
    C’est ridicule. Je vous laisse méditer là-dessus…
    Au passage, dans l’économie de la connaissance,
    les jeux vidéo, c’est la fibre optique.
    On ne connait pas de technologie aujourd’hui
    aussi efficace que les jeux vidéo
    pour transférer vite de la connaissance.
    Simplement les jeux vidéo qui ont des succès
    commerciaux, en général ne sont pas faits
    pour transférer de la connaissance.
    Du coup leur contenu est faible, mais leur
    bande passante est très grande… très très grande.
    D’ailleurs on sait en neurosciences…
    Posons la question : à votre avis, dans quelle
    circonstance le cerveau travaille le plus
    (ça peut de mesurer par sa consommation de glucose),
    quand il résout une équation différentielle
    aux dérivées partielles stochastiques,
    ou quand il joue à World of Warcraft ?
    Pour la raison de neuroergonomie que
    je vous ai évoquée. Quand vous faites…
    Donc imaginons que ça ce soit équation différentielle
    aux dérivées partielles stochastiques, il n’y a que ça
    qui travaille. Donc le sentiment de pénibilité est
    fort parce que la crampe du petit doigt vous guette.
    Mais quand vous jouez à World of Warcraft, c’est ça
    que vous faites, du coup vous pouvez le tenir beaucoup
    plus longtemps, par contre la consommation de glucose
    va rester plus grande puisque
    plus de muscles travaillent.
    On a fait beaucoup trop longtemps… On a fait le pari,
    la stupidité que pénibilité = travail. C’est faux !
    On l’a tellement fait d’ailleurs que, on assume encore
    aujourd’hui sur les questions d’ouverture le dimanche
    etc… que le travail c’est forcément pénible !
    À tel point que, j’ai vu des gens
    dans l’Éducation Nationale qui disaient
    « C’est bizarre, vos élèves s’amusent, c’est mal ! ».
    Parce que si on travaille on se fait chier !
    Ce n’est pas possible de faire les deux à la fois…
    Bon ça c’est faux, pénibilité
    n’est pas égal à travail.
    Il y a du travail qui est pénible,
    mais ça ne veut pas dire que les deux sont égaux.
    Tout travail ne doit pas être pénible,
    bien au contraire.
    Et du coup, quand on souffre en faisant des maths,
    ça ne veut pas dire qu’on travaille plus.
    Alors maintenant… le jeu vidéo est
    la fibre optique des transferts de connaissances…
    Je pourrais vous citer juste un exemple :
    il y a en chirurgie ce que l’on appelle
    la chirurgie laparoscopique. C’est un mode d’opération
    avec des manettes et un écran, donc on doit opérer
    avec une image sur un écran et des manettes.
    Évidemment… manettes, écran…
    On doit opérer le plus vite possible parce que
    l’opération peut être réalisée en ambulatoire,
    et il faut éviter qu’elle dure trop longtemps
    sinon le patient risque de contracter
    des maladies nosocomiales.
    Et bien, le but est d’aller vite
    avec des manettes et un écran…
    Rapidement, des internes se sont dit
    « Quand même, les gens qui jouent aux jeux vidéo,
    peut-être qu’ils seront meilleurs à ça. »
    On a fait le test : les médecins qui jouent aux jeux
    vidéo d’action, du type « je butte des Allemands à
    Call of Duty » sont 35% plus performants, sur la
    chirurgie laparoscopique, à tel point que l’étude
    conclue « Si vous devez passer une chirurgie
    laparoscopique, demandez à votre médecin
    s’il joue aux jeux vidéo ! »
    Et Nintendo à breveté un jeu, pour les chefs
    de service qui n’ont jamais eu le temps de jouer dans
    leur carrière. C’est un petit jeu en 20 minutes,
    on y joue juste avant l’entrée au bloc,
    et là on a on a 15% de performances en plus.
    Et ce n’est pas un simulateur, c’est-à-dire que
    l’opération ne représente pas du tout l’opération
    réelle. C’est un jeu.
    Maintenant moi ce que je peux vous garantir,
    si vous êtes sorti du modèle du gavage,
    voici votre courbe d’apprentissage en heures,
    dans n’importe quelle connaissance.
    Mais très important, c’est la courbe d’apprentissage
    uniquement quand êtes amoureux.
    C’est-à-dire en supposant l’attention maximale.
    Comme on suppose l’attention maximale, on peut ne
    s’intéresser qu’au temps.
    5h, 50h, 500h, 5 000h, peut-être 50 000h
    Tout ce que je vais vous dire encore une fois
    ne marche que si vous apprenez par passion.
    Vous allez très rapidement voir que
    ça n’est pas vérifié quand vous apprenez
    dans l’apprentissage obligatoire.
    Par passion, en 5 heures vous entrez dans
    n’importe quelle connaissance. Le chinois, le macramé,
    la pâtisserie, la physique quantique : 5 heures.
    Le piano, ce que vous voulez.
    Par passion j’insiste. Vous allez me dire
    « Non, c’est pas vrai. À l’école on fait un peu
    plus de 5h d’anglais et on n’est pas bilingue. »
    En 5 heures, vous entrez dans n’importe quelle
    connaissance, si c’est par passion et en autodidacte.
    En 50 heures, vous êtes autonome.
    C’est-à-dire que si vous apprenez le chinois par
    passion, et bien le moment où bout duquel vous allez
    apprendre tous les symboles que vous ignorez encore,
    et tous les mots que vous ignorez encore, uniquement
    en écoutant les gens parler, en regardant le journal
    ou en regardant la télé, va survenir après 50 heures.
    En 500 heures, vous pouvez enseigner.
    Un brevet de pilote en Suisse c’est 200 heures.
    5 000 heures… on a les premiers Prix Nobel.
    C’est-à-dire que T.S. Eliot, Prix Nobel de littérature
    en 1948, il a passé moins de 5 000 heures à écrire
    toutes ses œuvres.
    Entre 5 000 et 50 000 vous avez tous les Prix Nobel.
    Et au-delà de 50 000, vous avez ce que les Japonais
    appellent « Trésor national vivant », inutile de vous
    dire que ça représente une certaine valeur économique.
    Ce qui peut être l’équivalent en France, pour nous,
    des MOFs (les Meilleurs Ouvriers de France).
    50 000 heures c’est 17 ans donc c’est un mariage là.
    On parlait d’amour…
    Vous êtes tombé amoureux d’une connaissance
    et vous l’avez épousée cette connaissance,
    vous lui avez consacré votre vie.
    Et là, on tombe sur des gens qui, en général,
    se foutent complètement des récompenses.
    C’est très intéressant à voir, parce que, après tout,
    si on prend la métaphore du mariage…
    au bout d’un moment, si vous êtes heureux avec
    quelqu’un, vous n’allez pas en attendre un prix.
    Vous vous en foutez : vous êtes déjà heureux.
    Donc ces grands maîtres Japonais qui font des sabres
    dans la tradition de Masamune, des sabres qui vont se
    vendre à 7 millions de dollars, ils sont déjà heureux.
    S’ils devaient mourir demain, la seule chose
    qu’ils voudraient faire c’est embrasser
    leurs petits-enfants et finir leurs sabres.
    Donc, les prix ils en reçoivent mais ils s’en foutent.
    Et on en voit certains (pas tous évidemment)
    qui vivent dans des appartements miteux de la banlieue
    de Kobe, alors qu’ils sont Trésor national vivant !
    Mais ça s’explique très bien encore une fois :
    ils sont heureux dans ce qu’ils font !
    De toute façon, 17 000 heures, si vous n’aimez
    pas ça vous n’allez pas vous l’infliger !
    Inutile de vous dire que la valeur économique maximale
    en économie de la connaissance est atteinte
    quand vous avez passé 50 000 heures ou plus.
    Et que le but pour un pays normalement,
    ce serait de faire en sorte que sa population
    puisse trouver le truc sur lequel elle a envie
    de passer 50 000 heures ou plus.
    Parce que c’est là que l’on crée le plus
    de valeur économique et de compétitivité.
    Vous ne pouvez pas être compétitif si vous
    n’aimez pas votre job, il faut être très très clair.
    Les meilleures boites aujourd’hui
    elles font avant tout ce qu’elles aiment.
    Je pense à Apple, à Tesla, à Audi…
    Donc ça, c’était la partie économie de la
    connaissance. Donc la première histoire…
    de cette Renaissance 2.0, de ce nouvel eldorado.
    En sachant que, d’une façon très intéressante,
    si aujourd’hui on était en 1515,
    et bien Léonard de VINCI serait né en 1953 :
    il serait de la génération des années 50.
    UCCELO… avant Léonard de VINCI, serait né en 1894.
    MICHELANGE serait né dans les années 70.
    RAPHAËL serait né dans les années 80.
    Et le TINTORET serait à naître, en 2018.
    Tout ça pour vous dire qu’une Renaissance
    c’est évidemment sur plusieurs générations,
    donc chaque génération y contribue.
    Et c’est juste pour vous donner cette perspective de…
    Voilà, si on était dans la Renaissance aujourd’hui,
    Léonard de VINCI ce serait …
    … un mec qui serait né en 1953.
Title:
L'économie de la connaissance | Idriss ABERKANE
Description:

more » « less
Video Language:
French
Duration:
02:17:15

French subtitles

Incomplete

Revisions