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Jagal - The Act of Killing (full movie)

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    Paix ! Bonheur ! Sourires !
  • 1:00 - 1:05
    Souriez ! Montrez vos dents !
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    On filme en gros plans !
  • 1:09 - 1:14
    Soyez beaux pour la caméra !
  • 1:16 - 1:18
    Souriez ! 1, 2, 3, 4 !
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    De la joie authentique,
    pas du chiqué !
  • 1:24 - 1:30
    De la beauté naturelle !
    On est dans la réalité !
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    Voilà, paix ! Paix ! Paix !
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    L’ACTE DE TUER
  • 2:16 - 2:23
    En 1965, le gouvernement indonésien
    été renversé par la junte militaire.
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    Tout opposant à la dictature militaire
    pouvait être accusé d’être communiste.
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    Membres d’un syndicat, fermiers sans terre,
  • 2:31 - 2:35
    intellectuels, personnes d’ethnie chinoise.
  • 2:35 - 2:38
    En moins d’un an et avec le soutien de
    gouvernements occidentaux,
  • 2:38 - 2:43
    plus d’un million de communistes
    furent exécutés.
  • 2:52 - 2:54
    L’armée se servit de gangsters et d’organisations
  • 2:54 - 2:57
    paramilitaires pour exécuter ces meurtres.
  • 2:57 - 2:59
    Depuis, ces hommes sont au pouvoir
  • 3:00 - 3:03
    et continuent de persécuter leurs opposants.
  • 3:09 - 3:15
    Quand nous avons rencontré les meurtrier,
    ils se sont vantés de leurs actes.
  • 3:16 - 3:19
    Pour mieux comprendre, nous leur avons proposé
  • 3:19 - 3:22
    de recréer les scènes de ces meurtres.
  • 3:24 - 3:30
    Ce film retrace cette reconstitution
    et ses conséquences...
  • 3:45 - 3:49
    Anwar Congo
    Bourreau en 1965
  • 3:52 - 3:55
    Herman Koto
    Gangster et leader paramilitaire
  • 3:58 - 4:03
    Ouvrez.
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    Je cherche une actrice
  • 4:10 - 4:13
    pour jouer une mère.
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    Des femmes âgées comme vous.
  • 4:16 - 4:19
    Vous voyez des stars à la télé ?
  • 4:19 - 4:23
    Vous devez rêver d’en être une.
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    - Non, je n'y tiens pas.
    - Pourquoi pas ?
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    - Vous n’avez rien d’autre à faire
    - Non, je suis occupée.
  • 4:30 - 4:36
    Ces femmes n’accepteront pas
    de jouer des communistes.
  • 4:37 - 4:44
    Ça marchera si on les invite
    d’abord dans votre maison.
  • 4:44 - 4:48
    Mais si on leur demande ici,
    elles auront peur.
  • 4:48 - 4:51
    Les gens croiront qu’elles sont
    vraiment communistes.
  • 4:51 - 4:56
    Je ne suis pas d’accord
    Dans mon quartier, elles accepteraient.
  • 4:57 - 5:00
    Alors, allons plutôt là-bas.
    Ici, c’est impossible.
  • 5:00 - 5:04
    Tout ce quartier était communiste.
  • 5:08 - 5:11
    Toi, comment tu t'appelles ?
  • 5:12 - 5:15
    Essaye.
  • 5:15 - 5:20
    N'aie pas peur !
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    On cherche des mères avec des enfants,
  • 5:26 - 5:30
    pour jouer des femmes communistes.
  • 5:30 - 5:36
    Vous essayez de nous empêcher
    de brûler votre maison.
  • 5:37 - 5:39
    Finalement,
    on la brûle quand même.
  • 5:39 - 5:42
    Alors tu pleures.
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    Pleure et prends ce gosse
    dans tes bras, le moche, là.
  • 5:51 - 6:03
    "Maman, ils ont brûlé notre maison !"
  • 6:04 - 6:06
    Voilà, comme ça c’est bien.
  • 6:06 - 6:11
    C’est pas grave si tu touches ses seins.
    T’es encore qu’un gosse.
  • 6:11 - 6:13
    Prêts ?
  • 6:17 - 6:19
    Tuez-les !
  • 6:19 - 6:19
    Non !
  • 6:21 - 6:25
    Détruisez leur maison !
    Non, par pitié !
  • 6:29 - 6:32
    Brûlez-la !
  • 6:33 - 6:34
    Tuez !
  • 6:34 - 6:39
    Criez ! Pleurez !
  • 6:41 - 6:44
    Ne brûlez pas ma maison.
  • 6:44 - 6:49
    Continuez de pleurer !
  • 6:51 - 6:54
    C'est bon coupez !
  • 7:03 - 7:07
    Que ça passe au cinéma
  • 7:07 - 7:13
    ou seulement à la télé,
    c’est sans importance.
  • 7:14 - 7:19
    - Mais on doit montrer…
    - La véritable histoire.
  • 7:19 - 7:23
    C’est ce que nous sommes.
  • 7:23 - 7:26
    Comme ça, plus tard,
    les gens se souviendront !
  • 7:27 - 7:30
    Pas besoin d’en faire un grand film
  • 7:30 - 7:37
    comme la Rank Organization,
    Paramount Pictures ou MGM.
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    Nous-mêmes, à notre façon,
    pas à pas.
  • 7:44 - 7:48
    On va raconter l’histoire
  • 7:49 - 7:53
    de ce qu’on a fait
    pendant notre jeunesse.
  • 7:55 - 7:59
    Pardon…
  • 8:23 - 8:30
    Il y a des fantômes ici,
    beaucoup de gens sont morts là.
  • 8:30 - 8:34
    Mais pas de mort naturelle.
  • 8:34 - 8:37
    Ils sont arrivés en bonne santé,
  • 8:37 - 8:41
    Arrivés ici, ils ont été battus
    et ils sont morts.
  • 8:42 - 8:45
    On les traînait…
  • 8:45 - 8:47
    Jusque-là.
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    D’abord, on les battait
    jusqu’à ce qu’ils crèvent,
  • 8:52 - 8:54
    mais il y avait trop de sang.
  • 8:54 - 8:58
    Il y avait tellement de sang, ici.
  • 8:59 - 9:05
    Quand on nettoyait,
    l’odeur était insoutenable.
  • 9:05 - 9:11
    Pour éviter le sang,
    j’avais inventé un système.
  • 9:11 - 9:13
    Je peux vous montrer ?
  • 9:13 - 9:16
    D’accord.
  • 9:16 - 9:20
    Vous voyez ce poteau ?
  • 9:21 - 9:25
    J’attachais le fil de fer au poteau.
  • 9:34 - 9:37
    Assieds-toi la.
  • 9:46 - 9:49
    Regarde par là-bas.
  • 9:49 - 9:52
    Ça doit être crédible.
  • 10:10 - 10:12
    Voilà comment on fait,
  • 10:12 - 10:17
    pour éviter qu’il y ait trop de sang.
  • 10:19 - 10:24
    J’ai essayé d’oublier tout ça
    avec de la bonne musique.
  • 10:25 - 10:28
    En dansant,
  • 10:28 - 10:30
    en gardant la pêche.
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    Un peu d'alcool…
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    Un peu de marijuana…
  • 10:37 - 10:42
    Un peu de... comment on appelle ça ?
    Ecstasy.
  • 10:42 - 10:47
    Une fois que j’étais soûl,
    je planais, je me sentais bien.
  • 10:48 - 10:50
    Cha cha cha.
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    Voilà un homme heureux !
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    Gouverneur du Sumatra du Nord
    Syamsul Arifin
  • 12:37 - 12:40
    C'est pourquoi,
    toutes ces photos ?
  • 12:40 - 12:42
    Viens, ma belle.
  • 12:42 - 12:44
    T'as un petit ami ?
  • 12:44 - 12:46
    Non, monsieur.
  • 12:46 - 12:49
    Tu mesures combien ?
  • 12:49 - 12:52
    1 m 63.
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    Anwar Congo,
    du groupe des paramilitaires.
  • 12:56 - 13:00
    Vous avez entendu parler de lui ?
    Il travaillait au cinéma Medan.
  • 13:00 - 13:05
    Maintenant, je suis gouverneur.
    S’il me menace, je le tue.
  • 13:07 - 13:11
    Anwar adorait danser.
  • 13:11 - 13:14
    Il y avait une boîte en ville,
  • 13:14 - 13:19
    il allait y danser tous les soirs.
  • 13:19 - 13:22
    Tout le monde avait peur de lui,
  • 13:22 - 13:23
    sauf moi.
  • 13:24 - 13:27
    Il s’occupait de moi
    quand j’étais gosse.
  • 13:28 - 13:31
    J’allais au collège.
  • 13:32 - 13:35
    J’étais le seul
    à ne pas avoir peur de lui.
  • 13:35 - 13:40
    Pour moi, c’était pas un gangster
  • 13:40 - 13:43
    Quand les gens entendaient son nom,
    ils étaient terrifiés.
  • 13:44 - 13:47
    - Pourquoi ?
    - C'était un des tueurs.
  • 13:47 - 13:51
    On l’aimait bien quand il était petit,
  • 13:51 - 13:56
    il était tout rond, comme une boule.
  • 13:57 - 14:01
    Maintenant, les enfants des communistes
    commencent à parler,
  • 14:02 - 14:05
    en refaisant l’histoire.
  • 14:05 - 14:10
    Y en a un qui a écrit "Je suis fier
    d’être l’enfant d’un Communiste".
  • 14:10 - 14:13
    Ça ne durera pas.
  • 14:13 - 14:16
    Les gens ne l’accepteront pas.
  • 14:16 - 14:20
    Le communisme ne sera jamais
    toléré en Indonésie.
  • 14:20 - 14:27
    Il y a trop de gangsters
    et c’est très bien comme ça.
  • 14:27 - 14:32
    Le mot gangster vient de l’anglais
    "hommes libres".
  • 14:32 - 14:36
    Les bandits veulent être libres d’agir,
    même quand ils ont tort.
  • 14:36 - 14:41
    Quand on sait s’y prendre avec eux,
  • 14:41 - 14:45
    il n’y a plus qu’à les commander.
  • 15:02 - 15:07
    On était des gangsters,
    sans vrais boulots.
  • 15:08 - 15:15
    On aurait fait n’importe quoi
    pour faire de l’argent
  • 15:15 - 15:18
    et s’acheter des beaux vêtements.
  • 15:19 - 15:22
    Ça, c’est le cinéma
  • 15:22 - 15:25
    où je travaillais.
  • 15:25 - 15:30
    Je me tenais là et je revendais
    des places, en frimant.
  • 15:30 - 15:34
    Quand les films marchaient,
    on revendait des tickets
  • 15:34 - 15:40
    Mais quand les communistes
    ont voulu faire la loi,
  • 15:41 - 15:47
    ils ont demandé l’interdiction
    des films américains.
  • 15:47 - 15:53
    Ils n’en voulaient pas.
  • 15:53 - 15:57
    Alors, nous les gangsters,
    on gagnait moins.
  • 15:57 - 16:00
    Le public ne venait plus.
  • 16:00 - 16:04
    Les films de Hollywood
    marchaient bien.
  • 16:04 - 16:09
    Sans ces films, les gangsters
    faisaient moins d’argent
  • 16:10 - 16:14
    Chez nous, on dit
    "Le repas a raté le ventre."
  • 16:16 - 16:21
    Quand on regardait des films joyeux,
    comme ceux d’Elvis,
  • 16:21 - 16:27
    on quittait la salle avec le sourire,
    en dansant sur la musique.
  • 16:28 - 16:31
    Nos mains, nos pieds,
  • 16:33 - 16:37
    suivaient le rythme.
  • 16:38 - 16:41
    On était dans l’esprit du film.
  • 16:42 - 16:47
    On sifflait les filles qui passaient.
  • 16:47 - 16:52
    C’était super.
    On se foutait du regard des autres.
  • 16:52 - 16:59
    Ça, c’était le bureau des paramilitaires
    où j’assassinais les gens.
  • 16:59 - 17:04
    Je voyais le gars, en train
    d’être interrogés.
  • 17:04 - 17:09
    Je lui filais une cigarette,
    en continuant à danser et à rire.
  • 17:09 - 17:14
    C’était comme si on tuait
  • 17:15 - 17:16
    dans l'allégresse !
  • 17:40 - 17:44
    Quand ma mère vivait encore,
  • 17:44 - 17:50
    parfois, je criais dans mon sommeil.
  • 17:51 - 17:57
    Elle accourait pour me réveiller.
  • 17:57 - 18:00
    "Avant de dormir,
    lave-toi les pieds !"
  • 18:01 - 18:05
    "Dis tes prières,
    ne dors pas tout de suite !"
  • 18:06 - 18:15
    Je sais que mes cauchemars
    sont causés par ce que j’ai fait.
  • 18:15 - 18:19
    Tuer des gens qui voulaient pas mourir
  • 18:20 - 18:22
    Je les ai forcés à mourir.
  • 18:26 - 18:32
    À quoi rêves-tu, mon amour ?
  • 18:33 - 18:38
    En es-tu si incertaine ?
  • 18:55 - 18:59
    Regardez, la star !
  • 19:00 - 19:01
    T'es une star, maintenant !
  • 19:06 - 19:09
    Incroyable !
  • 19:09 - 19:11
    Ce type est une star !
  • 19:13 - 19:15
    Éditeur de journaux
    Ibrahim Sinik
  • 19:15 - 19:17
    Joshua, filme les photos !
  • 19:18 - 19:23
    C’est le beau père du président,
    Sarwo Edhie.
  • 19:23 - 19:27
    Je les présente un par un.
  • 19:27 - 19:28
    Lui, c’est le président.
  • 19:28 - 19:33
    - Et un autre président !
    - Et un candidat à la présidentielle.
  • 19:33 - 19:37
    - Les trois sont candidats.
    - Le chef des armées.
  • 19:37 - 19:40
    Encore un président…
  • 19:40 - 19:42
    Le président Suharto…
  • 19:43 - 19:47
    Ibrahim Sinik est célèbre
    dans tout le pays,
  • 19:47 - 19:50
    pas seulement à Sumatra Nord.
  • 19:50 - 19:56
    Nous, les gangsters, on le protège.
  • 19:57 - 20:00
    Longue vie à lui !
  • 20:00 - 20:02
    Mais n'oublie pas
    de partager ton fric !
  • 20:03 - 20:05
    Demande plutôt du fric à Joshua.
  • 20:05 - 20:08
    Après tout, il vient de Londres !
  • 20:08 - 20:12
    Vous interrogiez des communistes
    à votre journal ?
  • 20:12 - 20:16
    Il cherchait toujours à avoir
    de l’information.
  • 20:16 - 20:21
    Quand on l’avait obtenu,
  • 20:21 - 20:26
    il disait "Coupable !"
    On les emmenait et on les tuait I
  • 20:34 - 20:39
    Vous pouvez me parler
    d'Anwar Congo ?
  • 20:39 - 20:40
    Qui ?
  • 20:40 - 20:45
    Qu'est-ce que vous pensez
    d'Anwar Congo ?
  • 20:45 - 20:47
    Y'avait pas que lui !
  • 20:47 - 20:51
    Y en avait des centaines comme lui.
  • 20:51 - 20:54
    Pourquoi parler d'une seule personne !
  • 20:54 - 20:58
    Il n’était qu’un parmi tant d’autres.
  • 20:58 - 21:03
    Pourquoi perdre mon temps
    à parler de lui ?
  • 21:03 - 21:06
    Quand vous interrogiez des
    communistes dans votre bureau,
  • 21:07 - 21:10
    quelles questions leur posiez-vous ?
  • 21:11 - 21:14
    Quelle que soit la question,
    on changeait leur réponse,
  • 21:14 - 21:18
    pour les faire mal paraître.
  • 21:18 - 21:20
    En tant qu’éditeur de journal,
  • 21:20 - 21:26
    mon travail était de faire en sorte
    que la population les déteste.
  • 21:27 - 21:30
    Et votre relation avec l'armée ?
  • 21:30 - 21:34
    - L’armée.
    - Aucune relation formelle.
  • 21:34 - 21:38
    Une fois qu’on avait capturé
    les jeunes communistes
  • 21:38 - 21:41
    et qu’on les avait bien tabassés,
  • 21:42 - 21:45
    on les livrait à l’armée,
    mais ils n’en voulaient pas.
  • 21:45 - 21:49
    Ils nous disaient :
    "Balancez-les dans le fleuve."
  • 21:50 - 21:53
    Vous avez un souvenir précis
    de ce que l'armée disait ?
  • 21:54 - 21:57
    Ce n’est pas moi qui les emmenais.
    J’avais des hommes pour ça.
  • 21:57 - 22:01
    Pourquoi j'aurais fait ce sale boulot ?
    Pourquoi j'aurais tué des gens ?
  • 22:01 - 22:05
    J’avais pas à le faire.
    Un signe de moi et ils étaient morts.
  • 22:13 - 22:17
    Les Jeunesses Pancasila sont
    l’une des plus puissantes
  • 22:17 - 22:21
    organisations paramilitaires d’Indonésie.
  • 22:21 - 22:26
    Elles ont joué un rôle majeur
    dans les exactions de 1965-1966.
  • 22:43 - 22:48
    Jeunesses Pancasila !
  • 22:49 - 22:54
    Chef des Jeunesses Pancasila
    Yapto Soerjosoemarno
  • 23:00 - 23:03
    Comment ça va, Artwan ?
  • 23:04 - 23:07
    Anwar Congo en personne !
  • 23:09 - 23:14
    J’ai apporté des photos de nous,
    de l’époque.
  • 23:14 - 23:17
    Super ! On va les mettre sur un CD.
  • 23:17 - 23:22
    Hé, on pourrait les passer
    à notre congrès national.
  • 23:27 - 23:33
    Jeunesses Pancasila,
    au service de la Nation.
  • 23:34 - 23:37
    Toutes voiles dehors,
  • 23:37 - 23:42
    nous allons de l’avant.
  • 23:53 - 23:56
    Les Jeunesses Pancasila comptent plus de
  • 23:56 - 23:59
    trois millions de membres en Indonésie.
  • 24:00 - 24:02
    - Pancasila !
    - Pour toujours !
  • 24:06 - 24:13
    Tous les membres des
    Jeunesses Pancasila sont des héros.
  • 24:14 - 24:16
    De l’extermination des communistes
  • 24:16 - 24:21
    au combat contre les néo-communistes
    et l’extrême gauche,
  • 24:21 - 24:28
    et contre tous ceux qui veulent
    détruire notre pays.
  • 24:29 - 24:32
    Ce n’est pas seulement la tâche
    de l’armée et de la police.
  • 24:32 - 24:36
    Nous, Jeunesses Pancasila
    avons le devoir de nous impliquer.
  • 24:37 - 24:43
    Devant ces menaces contre la Nation
    nous devons agir.
  • 24:45 - 24:50
    On dit que Jeunesses Pancasila
    est une organisation de gangsters
  • 24:50 - 24:52
    Si on est des gangsters,
  • 24:52 - 24:56
    je suis le plus grand des gangsters !
  • 25:01 - 25:03
    Eh merde !
  • 25:12 - 25:16
    Comment Jeunesses Pancasila
    a-t-elle exterminé les communistes ?
  • 25:16 - 25:18
    On les a tous tués.
  • 25:18 - 25:21
    Voilà comment ça s’est passé
  • 25:22 - 25:25
    Je peux frapper ma balle ?
  • 25:33 - 25:38
    Quand il y a trop de démocratie,
    c’est le chaos.
  • 25:38 - 25:42
    Démocratie de mes deux !
  • 25:42 - 25:46
    Tout allait mieux
    sous la dictature militaire.
  • 25:46 - 25:49
    Meilleure économie.
    Plus de sécurité.
  • 25:51 - 25:56
    Trop d'exercice après manger…
    Je vais gerber.
  • 25:58 - 26:00
    Les gangsters sont libres.
  • 26:00 - 26:06
    Ils veulent profiter de la vie
    avec style.
  • 26:07 - 26:11
    Relax et Rolex.
  • 26:14 - 26:19
    Sérieux, t’as un grain de beauté
    sur la chatte.
  • 26:20 - 26:22
    C’est vrai en plus.
  • 26:26 - 26:29
    J’abats les quilles,
    j’ai un massage.
  • 26:29 - 26:33
    Et n'échappe pas la boule !
  • 26:33 - 26:41
    - Regarde-moi.
    - Je vais faire comme toi.
  • 26:51 - 26:54
    Super, non ?
  • 27:04 - 27:09
    Pour un "strike", tu me masses.
  • 27:09 - 27:12
    Pour un "spare", laisse tomber.
  • 27:30 - 27:35
    Il y a beaucoup de fantômes, ici.
  • 27:37 - 27:39
    Là, on les battait
  • 27:40 - 27:45
    à mort.
    On les trainait…
  • 27:53 - 27:55
    Assieds-toi là.
  • 28:03 - 28:08
    Jamais j’aurais porté
    un pantalon blanc.
  • 28:09 - 28:12
    Je portais jamais de blanc.
  • 28:12 - 28:15
    Que des couleurs sombres.
  • 28:16 - 28:20
    Je suis sapé comme
    pour un pique-nique !
  • 28:22 - 28:29
    Pour faire ça,
    je devrais d’abord boire.
  • 28:29 - 28:34
    - Je devrais avoir l’air violent.
    - Brutal.
  • 28:35 - 28:37
    Pas comme ça.
  • 28:42 - 28:46
    Regarde, je rigole. C'est raté, non ?
  • 28:46 - 28:48
    C’est ma faute.
  • 28:48 - 28:56
    Al Pacino…
    Un de mes préférés.
  • 28:56 - 29:00
    Dans les Westerns,
    des stars comme John Wayne…
  • 29:01 - 29:07
    Tu vas être ravissant avec celui-là !
    Parfait !
  • 29:07 - 29:13
    - Putain, qu'est ce que c'est ce truc ?
    - Juste une décoration.
  • 29:14 - 29:17
    Ça s’accorde parfaitement
    avec tes formes.
  • 29:18 - 29:21
    Parfait !
  • 29:21 - 29:27
    - Celui là pour le "Big Boss".
    - Oui ! C'est parfait pour moi.
  • 29:27 - 29:33
    - Et celui-ci pour moi.
    - Ça va ?
  • 29:34 - 29:38
    Il me va parfaitement !
  • 29:40 - 29:44
    Je prenais une table comme ça.
  • 29:47 - 29:52
    Je la mettais pile sur le cou.
  • 29:52 - 29:58
    - Le pied de la table ?
    - Oui. Je la soulevais...
  • 29:59 - 30:02
    … et la plaçait sur la gorge.
  • 30:02 - 30:07
    - Ici ?
    - Oui, la tête ici.
  • 30:08 - 30:16
    La table était sur le balcon.
  • 30:17 - 30:21
    Donc le type était bâillonné.
  • 30:21 - 30:26
    On s’asseyait dessus.
  • 30:27 - 30:30
    - En regardant...
    - La rue ?
  • 30:30 - 30:34
    En regardant la rue
    et le cinéma.
  • 30:34 - 30:38
    On s’amusait. Comme ça.
  • 30:38 - 30:44
    On va s’asseoir sur la table.
    Hé, ta braguette.
  • 30:44 - 30:48
    En chantant… En battant la mesure…
  • 30:49 - 30:53
    Hello, hello Bandung.
  • 30:53 - 30:57
    Ville des jours heureux !
  • 30:57 - 31:01
    Hello, hello Bandung !
  • 31:01 - 31:05
    Ville des souvenirs joyeux !
  • 31:06 - 31:14
    Il y a si longtemps
    que je t’avais vue.
  • 31:14 - 31:16
    L’ennemi t’a incendiée.
  • 31:16 - 31:19
    L’ennemi t’a, incendiée.
  • 31:19 - 31:21
    Nous te reconquerrons !
  • 31:22 - 31:26
    Oh ! Il est mort !
  • 31:26 - 31:30
    Debout ! Il est mort !
  • 31:30 - 31:35
    On retire le corps.
  • 31:40 - 31:43
    On va me prendre pour un fou !
  • 32:03 - 32:04
    - Maintenant ?
    - Oui.
  • 32:05 - 32:08
    Détendez-vous, respirez par le nez.
  • 32:27 - 32:30
    Les dents toujours nickel.
  • 32:33 - 32:37
    Il y avait plein
    de communistes chinois.
  • 32:38 - 32:43
    J’avais un gros carnet
    avec tous leurs noms.
  • 32:43 - 32:47
    J'allais les voir et je leur disais :
    "Combien tu me payes ?"
  • 32:47 - 32:52
    Ils me disaient :
    "Pitié, Monsieur ! Je suis vieux"
  • 32:52 - 32:58
    On les extorquait
    On les tuait pas.
  • 32:58 - 33:01
    Mais s’ils payaient pas,
    on les tuait.
  • 33:01 - 33:03
    Ils peuvent pas tout avoir, non plus.
  • 33:04 - 33:07
    La bourse
  • 33:07 - 33:10
    ou la vie.
  • 33:15 - 33:20
    Chef paramilitaire local
    Safit Pardede
  • 33:20 - 33:26
    Ils sont coriaces, ces Chinois.
    Parfois, ils m’insupportent.
  • 33:30 - 33:36
    Voilà…
    Vous parlez bien des chinois.
  • 33:38 - 33:43
    Quand j’ai besoin d’argent,
    rien ne vaut un vieil ami.
  • 33:43 - 33:48
    Avec les autres,
    quand il y a pas le compte, je refuse.
  • 33:49 - 33:55
    Salut Lung. Allez, serre-moi la main.
    Ça fait un bail.
  • 33:55 - 33:59
    - J'ai besoin d'argent.
    - Pourquoi moi ?
  • 34:00 - 34:04
    Je te demande gentiment.
  • 34:04 - 34:09
    Aux autres, je demande même pas.
    Je frappe.
  • 34:09 - 34:12
    Un uppercut dans le plexus.
  • 34:14 - 34:19
    C est de bon cœur ?
    Alors merci beaucoup.
  • 34:26 - 34:29
    Qui est le suivant ?
  • 34:30 - 34:35
    Notre organisation prévoit un grand
    rallye. On a besoin d’argent.
  • 34:35 - 34:39
    Plus que d’habitude.
  • 34:39 - 34:43
    Il nous faut un gros montant.
  • 34:43 - 34:47
    Pas la somme habituelle.
  • 34:47 - 34:50
    C'est quoi ces merdes ?
  • 34:50 - 34:52
    Tu donnes plus ou c’est non.
  • 34:53 - 34:58
    - S'il vous plaît…
    - J'accepte jamais si peu.
  • 34:59 - 35:01
    Voilà.
  • 35:01 - 35:04
    C’est pas assez, je te dis.
  • 35:05 - 35:07
    Qu'est-ce qui t'arrive, Cik ?
  • 35:08 - 35:11
    T’es comme notre papa, Cik.
  • 35:11 - 35:17
    Alors, crache l’oseille.
    C’est pour la bonne cause.
  • 35:17 - 35:21
    Compte les biffetons,
    mets-les dans l’enveloppe.
  • 35:26 - 35:35
    Vice-président de l’Indonésie
    Jusuf Kalla
  • 35:38 - 35:44
    L’esprit des Jeunesses Pancasila,
  • 35:44 - 35:48
    que la population accuse
    de gangstérisme…
  • 35:48 - 35:53
    Les gangsters sont des gens
    qui travaillent hors du système,
  • 35:53 - 35:57
    pas pour le gouvernement.
  • 35:59 - 36:03
    Le mot gangster vient de
    "homme libre".
  • 36:03 - 36:07
    Ce pays a besoin "d'hommes libres !"
  • 36:11 - 36:14
    Si tout le monde travaillait
    pour le gouvernement,
  • 36:14 - 36:18
    nous serions une nation de bureaucrates.
    Ce serait l’inertie.
  • 36:18 - 36:22
    Nous avons besoin de gangsters
    pour que les choses avancent.
  • 36:22 - 36:25
    Des hommes du secteur privé,
    libres et efficaces.
  • 36:28 - 36:32
    Il nous faut des hommes
  • 36:32 - 36:36
    prêts à prendre des risques
    dans les affaires.
  • 36:36 - 36:40
    Faites travailler vos muscles !
  • 36:40 - 36:43
    Les muscles ne servent pas
    à tabasser les gens.
  • 36:43 - 36:48
    Même si parfois, il faut bien
    les tabasser un peu !
  • 36:51 - 36:54
    - Allez, Pancasila !
    - Pour toujours.
  • 36:55 - 36:57
    - Pancasila !
    - Liberté !
  • 37:01 - 37:06
    Nous profitons de l’attente du passage
    de ce tram pour vous rappeler
  • 37:06 - 37:12
    que le code de la route vous protège,
    vous et votre famille.
  • 37:12 - 37:17
    Nous vous informons également
    que, selon la loi…
  • 37:24 - 37:27
    Je déclare que les jours prochains
  • 37:27 - 37:30
    seront ceux de l'action !
  • 37:35 - 37:39
    Le gouvernement avait produit ce film
  • 37:39 - 37:43
    pour qu’on déteste les communistes.
  • 37:43 - 37:47
    À partir de l’école élémentaire
  • 37:47 - 37:51
    tous les enfants devaient le voir.
  • 37:52 - 37:59
    Chaque année, on les emmenait au cinéma
    pour voir ce film.
  • 38:00 - 38:04
    Je m’en souviens,
    je travaillais au cinéma.
  • 38:04 - 38:09
    Les enfants étaient répartis
    en deux groupes.
  • 38:10 - 38:17
    Les plus jeunes au premier rang.
  • 38:28 - 38:35
    Certains enfants étaient
    traumatisé par le film.
  • 38:36 - 38:41
    Mais au fond de moi, j’étais fier
  • 38:42 - 38:47
    parce que je tuais les communistes,
    qui avaient l’air si féroce
  • 38:48 - 38:49
    dans le film…
  • 38:49 - 38:56
    Moi j’ai fait bien pire
    que ce qu’il y a dans le film.
  • 38:57 - 39:00
    Papa !
  • 39:15 - 39:17
    Papa !
  • 39:51 - 39:56
    Adi Zulkadry
    Assistant Bourreau en 1965
  • 39:57 - 40:05
    - Adi ! Comment va la famille ?
    - Très bien, merci.
  • 40:06 - 40:11
    Bon vol ?
  • 40:12 - 40:16
    - Comment tu vas, Anwar ?
    - Ça va.
  • 40:16 - 40:20
    - La ville a bien changé.
    - Tu trouves ?
  • 40:22 - 40:26
    J’ai essayé de t’appeler
    plein de fois.
  • 40:26 - 40:30
    Jamais de réponse.
  • 40:39 - 40:42
    Pas mal, hein ?
  • 40:42 - 40:44
    On voit le fil de fer ?
  • 40:44 - 40:47
    Non c'est super !
  • 40:51 - 40:56
    Voilà, Adi. C’est ici.
  • 40:56 - 41:00
    - Notre bureau ?
    - C'est là qu'on tuait.
  • 41:00 - 41:03
    On en a tué un paquet, ici.
  • 41:03 - 41:07
    J’appelais ça le "bureau sanglant".
  • 41:10 - 41:15
    Le Medan Post.
    C’est le bureau d’Ibrahim Sinik.
  • 41:17 - 41:20
    Voilà, la rivière Deli.
  • 41:20 - 41:25
    Tout le monde sait
    que la Deli est hantée.
  • 41:25 - 41:27
    On jetait les corps
    par-dessus le pont.
  • 41:28 - 41:33
    On les traînait par les pieds…
  • 41:33 - 41:37
    Et on les balançait...
    Un, deux... et trois !
  • 41:37 - 41:42
    C'était beau.
    Comme des parachutes. Boum !
  • 41:51 - 41:56
    J'imagine que vous avez chacun
    tue des centaines de personnes…
  • 41:56 - 42:04
    Je voudrais connaître votre avis
    sur le film de propagande.
  • 42:04 - 42:13
    Pour moi, grâce à ce film,
    je me sens pas coupable.
  • 42:13 - 42:20
    Je le regarde
    et ça me rassure.
  • 42:21 - 42:27
    Ah bon ? Pas moi, je crois
    que c'est un tissu de mensonges.
  • 42:27 - 42:31
    Même les tortues grimpent
    aux arbres abattus.
  • 42:31 - 42:35
    Facile de dénigrer les communistes,
    maintenant qu’on les a décimés.
  • 42:36 - 42:39
    Ce film a été fait pour ça.
  • 42:39 - 42:42
    Des femmes communistes
    qui dansent nues…
  • 42:42 - 42:46
    Bien sûr, c’est un mensonge.
  • 42:47 - 42:51
    Tuer, faut faire ça vite ! Tu jettes
    les cadavres et tu rentres chez toi !
  • 42:52 - 42:55
    C’est vrai
    quand on tuait, on faisait ça presto.
  • 42:55 - 42:58
    Aussi vite que possible.
  • 42:59 - 43:03
    On voulait pas attirer l’attention.
  • 43:06 - 43:10
    On devrait pas parler de ça, Adi.
  • 43:10 - 43:15
    On devrait pas dire du mal
    de ce film devant des étrangers.
  • 43:15 - 43:18
    On devrait parler de notre film.
  • 43:18 - 43:20
    C’est lui qui a posé la question.
  • 43:21 - 43:28
    - Tu te souviens de Soaduon ?
    - Bien sûr, il est où ?
  • 43:29 - 43:33
    Là-bas, Soaduon Siregar.
  • 43:33 - 43:38
    Aujourd’hui, il se la ramène,
    mais dans le temps, c’était un minable.
  • 43:38 - 43:42
    Je me souviens de lui.
  • 43:48 - 43:54
    - Adi, je te présente Soduon Siregar
    - Je me rappelle de toi.
  • 43:54 - 43:58
    C’est un des journalistes
    d’Ibrahim Sinik.
  • 43:59 - 44:01
    Comme on dit :
  • 44:01 - 44:06
    "En Arabie, le chameaux
    ne visitent jamais la Mecque."
  • 44:06 - 44:11
    Avoir un patron riche,
    ça l’a pas rendu riche.
  • 44:11 - 44:15
    C’est comme moi.
    Assieds toi.
  • 44:28 - 44:32
    Les communistes étaient
    moins cruels que nous.
  • 44:33 - 44:37
    On était plus cruels.
  • 44:37 - 44:42
    La cruauté, c’est différent
    du sadisme.
  • 44:42 - 44:46
    - Non, les deux sont synonymes…
    - Non.
  • 44:46 - 44:49
    Le sadisme, c’est autre chose.
  • 44:49 - 44:52
    - Tu joues sur les mots !
    - Pas du tout !
  • 44:52 - 44:55
    Tu joues sur les mots.
  • 44:55 - 44:59
    Interrogatoire communiste : prise 2.
  • 45:01 - 45:06
    On donne la terre aux fermiers.
  • 45:08 - 45:13
    Des fertilisants, des semences,
    des outils agricoles.
  • 45:14 - 45:19
    Dans le but de propager
    le communisme, c'est ça ?
  • 45:19 - 45:27
    Précisément, on veut montrer que
    les communistes sont le meilleur parti.
  • 45:29 - 45:35
    Pourquoi recrutez-vous des gens
    dans un parti-hors-la-loi ?
  • 45:39 - 45:41
    À l’époque, c’était légal.
  • 45:41 - 45:46
    - Vraiment ?
    - Avant 1965 ? Bien sûr !
  • 45:48 - 45:53
    - Il a filé !
    - Non, on I'a.
  • 46:04 - 46:06
    Tiens-le
  • 46:10 - 46:15
    Il s’est cogné la tête.
  • 46:20 - 46:27
    Parfois je me dis, si mon père
    avait été communiste et assassiné,
  • 46:27 - 46:31
    je serais en colère. Normal, non ?
  • 46:35 - 46:41
    Par exemple, si t’avais tué mon père,
    je t’en voudrais à mort.
  • 46:41 - 46:43
    Pourquoi t'as tué mon père ?
  • 46:44 - 46:48
    Après, tu m’interdis d’aller à l’école.
    Tu m’empêches de travailler.
  • 46:49 - 46:54
    Tu refuses même que je me marie.
    Ça doit changer.
  • 46:54 - 46:57
    Il n’y a eu aucune excuse officielle.
  • 46:57 - 47:01
    Pourquoi c'est si dur de s'excuser ?
  • 47:01 - 47:05
    Ce serait au gouvernement
    de s’excuser, pas à nous.
  • 47:05 - 47:09
    Comme un remède
    qui atténue la douleur.
  • 47:09 - 47:14
    - Le pardon.
    - Ils nous maudissent pas,
  • 47:17 - 47:21
    parce que
    s’ils le faisaient ouvertement,
  • 47:22 - 47:27
    on les arrêterait, alors
    ils nous maudissent en murmurant.
  • 47:29 - 47:33
    Tu vois, Adi, finalement,
  • 47:33 - 47:38
    si je dors mal,
    c’est peut-être que
  • 47:38 - 47:44
    quand j’étranglais les gens avec un fil,
    je les regardais mourir.
  • 47:44 - 47:48
    Avec les autres méthodes,
    tu regardais aussi.
  • 47:52 - 47:55
    C’est ça qui provoque mes cauchemars.
  • 48:04 - 48:10
    Tu te sens hanté
    parce que ton esprit est faible.
  • 48:11 - 48:15
    Les gens qu’on a tués ont perdu.
  • 48:15 - 48:18
    Même quand ils avaient un corps,
    ils avaient perdu.
  • 48:18 - 48:20
    Maintenant ils n’ont plus qu’une âme.
  • 48:21 - 48:24
    Ils sont encore plus faibles.
    Comment peuvent ils te hanter ?
  • 48:24 - 48:30
    Mais si tu culpabilises,
    tes défenses s’écroulent.
  • 48:32 - 48:35
    T'as déjà vu un neurologue ?
  • 48:35 - 48:41
    Si je voyais un neurologue,
    ça voudrait dire que je suis fou.
  • 48:41 - 48:46
    Non ! Les psys,
    c'est pas que pour les fous.
  • 48:46 - 48:53
    Ils ne traitent pas que la folie.
    C’est des experts en nerfs.
  • 48:53 - 49:00
    Même moi, j’en ai vu un,
    pour un petit AVC.
  • 49:01 - 49:08
    Tes cauchemars,
    c’est un problème nerveux.
  • 49:08 - 49:11
    Vas en voir un,
    ça coûte rien d’essayer.
  • 49:11 - 49:17
    Quand tu vois un psy,
    tu parles, il parle,
  • 49:17 - 49:21
    et après, il te donne des vitamines
    pour les nerfs.
  • 49:31 - 49:34
    C'est lequel qui est infirme ?
  • 49:34 - 49:38
    - Lequel ?
    - Le blessé.
  • 49:38 - 49:41
    Celui-là.
  • 49:42 - 49:46
    - Pauvre petit canard.
    - Lâche-le, tu lui fais mal.
  • 49:49 - 49:53
    Il est faible,
    tu lui as cassé la patte.
  • 49:56 - 50:01
    Arrête. C'est un bébé !
  • 50:02 - 50:06
    - Dis-lui "Pardon, petit canard."
    - Pardon, petit canard.
  • 50:06 - 50:10
    C'est bien
    Dis-lui : "c'était un accident"
  • 50:11 - 50:14
    "J’ai eu peur, alors je t’ai frappé"
  • 50:15 - 50:18
    - Allez.
    - Pardon canard.
  • 50:19 - 50:22
    Dis lui : "C'était un accident."
    Plus fort.
  • 50:22 - 50:27
    - Pardon, canard.
    - Caresse-le un peu.
  • 50:48 - 50:51
    Tu te souvienne la campagne :
    "Écrasez les chinois", en 1966 ?
  • 50:52 - 50:56
    Tu m’avais donné la liste
    des communistes chinois.
  • 50:56 - 50:58
    Le long de la rue Surdiman,
  • 50:59 - 51:03
    j'ai poignardé tous les Chinois
    que je croisais !
  • 51:03 - 51:11
    Je ne me souviens plus combien,
    mais c’était par douzaines.
  • 51:11 - 51:14
    J’en croisais un,
    je le poignardais.
  • 51:15 - 51:19
    Jusqu’à la rue Asia, où j’ai connu
    le papa de ma fiancée.
  • 51:19 - 51:24
    Tu te souviens
    qu'elle était Chinoise ?
  • 51:24 - 51:29
    "Écrasez les Chinois", c'est devenu :
    "Écrasez le beau-père !"
  • 51:29 - 51:33
    Lui aussi, je l'ai poignardé
    Parce qu'il était Chinois !
  • 51:33 - 51:35
    Il est tombé dans un fossé.
  • 51:35 - 51:37
    Je l’ai frappé avec une brique.
    Il a coulé.
  • 51:49 - 51:55
    Tuer, c’est le pire crime
    qu’on puisse commettre.
  • 51:55 - 51:58
    Le truc, c’est de
    trouver une façon
  • 51:58 - 52:03
    de ne pas ressentir de culpabilité.
  • 52:03 - 52:06
    Il faut trouver la bonne excuse.
  • 52:06 - 52:12
    Par exemple,
    si on me demande de tuer quelqu’un
  • 52:14 - 52:20
    et que c’est bien rémunéré,
  • 52:22 - 52:24
    alors bien sûr j’exécute.
  • 52:24 - 52:27
    En un sens, ça se justifie.
  • 52:27 - 52:31
    Il faut arriver à s’en convaincre
    de faire les choses comme ça.
  • 52:31 - 52:34
    Après tout,
    la moralité est relative.
  • 52:50 - 52:54
    Au début, j'étais terrifié.
    C'était des gangsters de première !
  • 52:54 - 53:01
    Comme toi et Anwar…
  • 53:01 - 53:06
    Terrifiant !
    En faire un film, ça me choque !
  • 53:06 - 53:09
    - Ça fait mal ?
    - Non.
  • 53:49 - 53:50
    Caméra.
  • 53:53 - 53:55
    Tu ferais mieux de m’écouter
  • 53:55 - 53:58
    ou tu vas entendre ma faucille !
  • 53:58 - 54:00
    Ma faucille est rouillée !
  • 54:01 - 54:03
    Et ton œil va goûter cette rouille !
  • 54:11 - 54:14
    Et les applaudissements ?
    Allez, applaudissez !
  • 54:15 - 54:19
    Vous voulez une histoire vraie ?
    J'en ai une bonne.
  • 54:19 - 54:24
    Raconte.
    Tout doit être vrai dans ce film.
  • 54:24 - 54:29
    Il y avait ce commerçant.
  • 54:29 - 54:34
    Le seul Chinois du quartier.
  • 54:34 - 54:38
    En fait, c’était mon beau-père.
  • 54:38 - 54:41
    Voisin d'Anwar : Suryono
    C'était mon beau-père...
  • 54:42 - 54:45
    Mais même en tant que beau-père,
  • 54:46 - 54:50
    On vivait ensemble
    depuis que j’étais bébé.
  • 54:50 - 54:56
    À 3 heures du matin,
    on frappe à la porte.
  • 54:56 - 55:03
    Ils appellent mon père ! Ma mère lui dit :
    "C'est dangereux ! Ne sors pas !"
  • 55:03 - 55:05
    Il y est allé quand même.
  • 55:06 - 55:09
    On l'a entendu crier : "Au secours !"
    Puis plus rien.
  • 55:09 - 55:14
    Ils l’ont emmené.
    On n’a pas dormi de la nuit.
  • 55:14 - 55:18
    - T'avais quel âge ?
    - 11 ou 12 ans.
  • 55:19 - 55:21
    Je m’en souviens très bien.
  • 55:22 - 55:25
    C’est impossible à oublier.
  • 55:25 - 55:30
    On a retrouvé son corps
    sous un fût de pétrole.
  • 55:30 - 55:35
    Le fût était sectionné en deux
  • 55:35 - 55:38
    et le cadavre était dessous.
    Comme ça.
  • 55:38 - 55:41
    Sa tête et ses pieds
    étaient recouverts de sacs.
  • 55:42 - 55:45
    Mais un pied dépassait.
  • 55:45 - 55:49
    Ce matin-là, personne
    n’est venu nous aider.
  • 55:49 - 55:57
    On l’a enterré somme une chèvre,
    sur le bord de la route.
  • 55:57 - 56:01
    Moi et mon grand-père,
    on a transporté le corps
  • 56:02 - 56:06
    et creusé sa tombe. Personne
    ne nous a aidé. J’étais qu’un enfant.
  • 56:07 - 56:16
    Après, toutes les familles communistes
    on été forcées de s’exiler.
  • 56:16 - 56:21
    On nous a entassés dans un bidonville,
    à l’orée de la jungle.
  • 56:21 - 56:25
    C’est pour ça, en fait,
    que je suis jamais allé à l’école.
  • 56:26 - 56:29
    J’ai dû apprendre par moi-mème
    à lire et à écrire.
  • 56:30 - 56:33
    Pourquoi je vous le cacherais ?
  • 56:33 - 56:37
    On doit apprendre
    à se connaître, non ?
  • 56:37 - 56:43
    Je jure que je ne critique pas
    ce que vous faites.
  • 56:43 - 56:49
    C’est juste du contenu pour le film.
    Je vous promets, c’est pas une critique.
  • 56:49 - 56:52
    Écoute, tout est déjà planifié.
  • 56:52 - 56:56
    On peut pas tout raconter non plus.
    Le film finira jamais !
  • 56:56 - 57:03
    Ton histoire est trop compliquée.
    Ça demanderait des jours à tourner.
  • 57:04 - 57:09
    - Peut-être qu’on peut l’intégrer.
    - Ça motiverait les acteurs.
  • 57:18 - 57:22
    - On devrait lui donner une cigarette.
    - Ouais.
  • 57:22 - 57:27
    Donnez-lui de l’eau et une cigarette.
    Il a peur.
  • 57:29 - 57:32
    Nous croyons que cet homme
    est communiste.
  • 57:33 - 57:40
    Après qu’on les condamnait, y’avait
    diverses réactions. Certains priaient.
  • 57:40 - 57:45
    - Allez, prie.
    - "Dieu, aide-moi !"
  • 57:45 - 57:48
    D’autres gémissaient.
  • 57:48 - 57:50
    Dirige-le
  • 57:50 - 57:55
    Gémis. Regarde autour de toi,
    terrifié.
  • 57:55 - 58:00
    Comment tu lui annonces qu'il
    va mourir ? Durement ou doucement ?
  • 58:01 - 58:03
    Normalement.
  • 58:03 - 58:06
    - Froidement ?
    - Oui.
  • 58:07 - 58:13
    J’essaie de le leur faire accepter
    l’idée de la mort.
  • 58:14 - 58:20
    Anwar, montre-nous
    comment on torture.
  • 58:20 - 58:25
    "Tu veux que j'me serve de ça ?"
  • 58:25 - 58:29
    - Je dois lui faire peur ?
    - Oui.
  • 58:29 - 58:34
    "Tu veux que j'me serve de ça ?"
  • 58:34 - 58:41
    Supplie-le de ne pas le faire.
  • 58:42 - 58:50
    Maintenant, bande-lui les yeux.
    Bâillonne-le aussi.
  • 58:51 - 58:54
    Pas le nez,
    faut qu’il puisse respirer.
  • 58:54 - 58:59
    C’est pas grave s’il meurt pour vrai.
  • 59:00 - 59:04
    Pas trop serré.
    Ça va, on va le tuer pour de bon.
  • 59:04 - 59:09
    On avait toujours du fil sous la main
    C’était notre outil principal.
  • 59:09 - 59:16
    On le passe autour du cou,
    sans qu’il voie ce qui se passe.
  • 59:16 - 59:21
    Tout à coup,
    il se sent étranglé.
  • 59:22 - 59:28
    Josh me demande tout le temps :
    "Tu bossais dans le même bureau,
  • 59:28 - 59:32
    comment t'as pu ne pas voir ?"
  • 59:32 - 59:39
    Je t’affirme que je n’ai jamais rien vu.
  • 59:40 - 59:44
    Maintenant que je vois
    votre reconstitution,
  • 59:44 - 59:47
    je réalise à quel point
    vous étiez des rusés.
  • 59:47 - 59:53
    Même moi, le journaliste
    aux "oreilles d’éléphant",
  • 59:53 - 59:57
    les sens bien aiguisés,
    je n'ai jamais rien vu !
  • 59:58 - 60:07
    Je suis étonné. Parce qu’on a
    jamais caché ce qu’on faisait.
  • 60:07 - 60:10
    Si lu ne savais rien,
    je serais choqué.
  • 60:11 - 60:12
    Sérieux, je savais pas.
  • 60:12 - 60:15
    On était dans le même bureau.
  • 60:15 - 60:20
    - Et ça se passait au grand jour.
    - Jamais rien vu.
  • 60:22 - 60:29
    Vous étiez des rusés
    et je montais rarement à votre bureau.
  • 60:29 - 60:35
    - Ton éditeur dirigeait la torture.
    - Non !
  • 60:35 - 60:39
    - Il le dit lui-même !
    - C'est un mensonge !
  • 60:39 - 60:46
    Lui et les autres chefs
    décidaient qui on allait tuer.
  • 60:51 - 61:00
    Je dis pas que t'es menteur,
    mais en toute logique…
  • 61:01 - 61:05
    - Continue, Adi.
    - Je le traite pas de menteur, Joshua.
  • 61:07 - 61:14
    Mais cet homme, un journaliste
    qui se distancie des faits…
  • 61:14 - 61:20
    Des actes qu’on commettait
    au grand jour,
  • 61:20 - 61:26
    comment il pouvait ne pas savoir ?
    Même les voisins savaient !
  • 61:26 - 61:31
    Ils ont été des centaines à mourir.
    C’était un secret de polichinelle.
  • 61:33 - 61:38
    - Bois !
    - Prends de l'eau.
  • 61:38 - 61:43
    - Bois !
    - C'est pas du poison !
  • 61:51 - 61:55
    C’est pas du poison.
  • 61:57 - 62:01
    Bois.
    Ça va te rafraîchir.
  • 62:01 - 62:04
    Donne-lui une cigarette.
  • 62:05 - 62:08
    Laisse le fumer.
  • 62:09 - 62:13
    C’est du sadisme, Adi.
  • 62:15 - 62:19
    Laisse-le fumer.
    Après, interroge-le.
  • 62:20 - 62:23
    Calme-toi. Relax.
  • 62:24 - 62:28
    Balance sa cigarette.
  • 62:28 - 62:32
    Ligote-lui les mains dans le dos.
  • 62:39 - 62:44
    Questionne-le de nouveau
    sur ses activités.
  • 62:46 - 62:51
    Ayez pitié de moi !
  • 62:56 - 63:00
    S’il vous plaît, monsieur.
  • 63:11 - 63:14
    Est-ce qu'on devrait te tuer ?
  • 63:15 - 63:20
    Attendez. Vous pouvez transmettre
    un message à ma famille ?
  • 63:20 - 63:22
    Bien sûr.
  • 63:23 - 63:29
    Je peux leur parler
    une dernière fois ?
  • 63:36 - 63:40
    C’est bon, tirez.
  • 63:46 - 63:52
    Baisse un peu la tête.
  • 63:59 - 64:02
    Emballez-le.
  • 64:02 - 64:05
    Emportez-le.
  • 64:28 - 64:34
    Écoutez, si on arrive à faire le film,
  • 64:34 - 64:40
    ça dissipera toute les rumeurs
    sur la cruauté des communistes.
  • 64:40 - 64:43
    - C'est nous les plus cruels !
    - On incarne là cruauté.
  • 64:43 - 64:47
    Si le film est un succès.
    Il faut comprendre
  • 64:47 - 64:50
    chacun des gestes qu’on pose.
  • 64:50 - 64:54
    C’est pas une question de peur.
    Ça s’est passé il y a 40 ans.
  • 64:55 - 64:58
    Il y a prescription.
  • 64:59 - 65:04
    C'est pas une question de peur
    mais d'image. La société dira :
  • 65:04 - 65:11
    "On s’en doutait, ils ont menti
    sur la cruauté des communistes."
  • 65:11 - 65:15
    C’est pas un problème pour nous,
    c’est un problème pour I’histoire.
  • 65:15 - 65:23
    Toute l'histoire sera inversée.
    Pas à 180 degrés, à 360 degrés !
  • 65:23 - 65:26
    À condition de réussir
    cette scène-là.
  • 65:27 - 65:35
    Mais pourquoi cacher notre histoire
    si c'est la vérité ?
  • 65:36 - 65:39
    Non, l’enjeu, c’est que
  • 65:39 - 65:43
    tout ce qu’Anwar et moi
    avons toujours raconté est faux
  • 65:43 - 65:46
    Les communistes n’étaient pas cruels.
  • 65:46 - 65:50
    - Mais c'est la vérité !
    - J'approuve complètement.
  • 65:51 - 65:56
    Tout ce qui est vrai ne doit pas
    nécessairement être rendu public.
  • 65:56 - 66:00
    Je crois que même Dieu
    garde des secrets.
  • 66:01 - 66:05
    Je suis conscient
    que nous avons été cruels.
  • 66:07 - 66:11
    C’est tout ce que j’ai à dire.
  • 66:11 - 66:16
    Maintenant, c’est à vous de voir.
  • 66:58 - 67:04
    Sans vouloir vous mettre mal à l’aise,
    je m’interroge.
  • 67:04 - 67:09
    En insinuant qu’il s’agit d’une guerre,
    vous n’êtes pas hanté comme Anwar.
  • 67:09 - 67:14
    La convention de Genève définit pourtant
    vos actes comme des crimes de guerre.
  • 67:14 - 67:18
    Je ne suis pas entièrement d’accord
    avec ces lois internationales.
  • 67:18 - 67:23
    Quand Bush était au pouvoir,
    Guantanamo se justifiait.
  • 67:23 - 67:29
    Saddam Hussein possédait
    des armes de destruction massive.
  • 67:29 - 67:36
    Sous Bush, ça allait
    mais plus maintenant.
  • 67:37 - 67:42
    La Convention de Genève, c’est
    peut-être la moralité d’aujourd’hui,
  • 67:42 - 67:47
    mais demain, on aura la Convention
    de Jakarta. Genève, terminé !
  • 67:48 - 67:53
    Ce sont les gagnants qui définissent
    les crimes de guerre.
  • 67:53 - 67:57
    Moi, je suis un gagneur.
    Je fais mes propres définitions.
  • 67:57 - 68:00
    Je ne me soumets pas aux
    règles internationales.
  • 68:00 - 68:07
    L’important, c’est que toute vérité
    n’est pas nécessairement valable.
  • 68:07 - 68:12
    Certaines vérités ne sont pas bonnes.
    Comme le fait de rouvrir cette affaire.
  • 68:13 - 68:16
    Même si ce que vous trouvez est vrai,
    ce n’est pas bien.
  • 68:17 - 68:22
    Mais pour les familles des millions
    de victimes,
  • 68:22 - 68:27
    si la vérité sort au grand jour,
    c’est bien.
  • 68:27 - 68:33
    D’accord, mais parlons
    du meurtre originel, Caïn et Abel.
  • 68:33 - 68:37
    Pourquoi se focaliser
    sur les communistes ?
  • 68:37 - 68:40
    Les Américains ont tué les indiens.
  • 68:40 - 68:44
    Qui les a punis pour ça ?
    Punissez-les, eux !
  • 68:44 - 68:48
    Pour moi, rouvrir ce dossier,
    c’est de incitation à se battre.
  • 68:48 - 68:53
    Je suis prêt ! Si le monde veut
    la guerre perpétuelle, je suis prêt.
  • 68:53 - 68:57
    Si vous voulez qu'on se batte,
    je suis prêt !
  • 68:57 - 69:04
    Et si on vous assignait devant la
    Cour des droits de l'homme à La Haye ?
  • 69:06 - 69:07
    - Maintenant ?
    - Oui.
  • 69:07 - 69:13
    J’irais. Je suis pas coupable,
    mais j’irais.
  • 69:13 - 69:18
    C'est que je serais célèbre !
    Je suis prêt !
  • 69:18 - 69:23
    Je vous en prie, faites-moi assigner
    à La Haye.
  • 69:31 - 69:33
    Ça va être chaud.
  • 69:37 - 69:39
    Très chaud.
  • 69:45 - 69:48
    Et sans se presser, hein ?
  • 69:51 - 69:54
    J'adore ! Du bonheur pour le yeux.
  • 70:03 - 70:07
    Pour un mec comme moi,
    c’est bon pour la santé.
  • 70:12 - 70:14
    Pourquoi les gens
    regardent James Bond ?
  • 70:16 - 70:18
    Pour voir de l’action.
  • 70:19 - 70:25
    Pourquoi ils regardent des films sur les
    les Nazis ? Pour le pouvoir et le sadisme !
  • 70:25 - 70:27
    On fait ça très bien, nous.
  • 70:27 - 70:33
    On peut être encore plus sadique.
  • 70:34 - 70:40
    Pires que dans les films de Nazis.
  • 70:41 - 70:43
    Bien sûr que je peux.
  • 70:43 - 70:48
    On ne voit jamais de films
    où les gens sont décapités.
  • 70:48 - 70:52
    Sauf en fiction,
    mais c’est autre chose.
  • 70:53 - 70:57
    Moi, je l’ai fait pour de vrai.
  • 71:12 - 71:19
    Ce qui est clair, c’est qu’aucun film
    n’a jamais utilisé notre méthode.
  • 71:20 - 71:24
    On peut faire un carton au box-office.
  • 71:24 - 71:28
    L’humour, c’est un must.
  • 71:28 - 71:31
    - L'histoire d'amour ?
    - On l'a !
  • 71:31 - 71:35
    Parce que si le public reste tendu
    tout le long.
  • 71:35 - 71:38
    Avec rien pour se divertir,
    ça ne marchera jamais !
  • 71:48 - 71:52
    Tu sens bon, Herman !
  • 71:54 - 72:00
    Par chance que je l'ai apporté.
    Imagine-comme tu sentirais, sinon !
  • 72:00 - 72:06
    Mais faudra me la rendre.
    C’est pas un cadeau.
  • 72:06 - 72:11
    J’ai toujours mis de l’eau de Cologne.
  • 72:11 - 72:16
    C'est seulement pour que t'en mettes
    Pas pour la garder !
  • 72:16 - 72:20
    - Alors tu me la rends, entendu ?
    - J'te la rendrai.
  • 72:21 - 72:24
    Une fois j’ai porté un parfum
  • 72:24 - 72:27
    qui s’appelle Christian Dior, Herman.
  • 72:28 - 72:31
    Les gens qui me croisaient
  • 72:31 - 72:34
    se retournaient sur mon passage.
  • 72:35 - 72:37
    "Ce type sent super bon !"
    qu'ils disaient.
  • 72:38 - 72:40
    Comme moi maintenant ?
  • 72:40 - 72:43
    Toi t’es laid,
    alors si l’un de nous sent bon,
  • 72:44 - 72:47
    on croira que c'est moi,
    sûrement pas toi !
  • 72:48 - 72:52
    Hé, c'est quoi cette rivière, Herman ?
  • 72:58 - 73:02
    Je vois toutes les veines.
  • 73:03 - 73:07
    Dans mes paupieres.
  • 73:07 - 73:13
    Je vois chaque veine.
  • 73:19 - 73:22
    J'ai un couteau au lieu du revolver !
  • 73:23 - 73:31
    Quand j’étais petit, j’imitais
    les stars américaines.
  • 73:35 - 73:41
    Je les regardais tellement
  • 73:41 - 73:46
    que je m’y croyais.
  • 73:53 - 73:56
    Je regardais
    des films, de gangsters…
  • 73:57 - 74:04
    Des films violents…
    Je voyais toutes ces façons de tuer.
  • 74:07 - 74:10
    Et je les imitais.
  • 74:11 - 74:14
    Surtout quand les gangsters
    tuaient avec un fil de fer.
  • 74:23 - 74:32
    C’est ma méthode pour capturer
    et tuer les communistes.
  • 74:33 - 74:37
    Bien sûr,
    On n’est pas au même endroit.
  • 74:37 - 74:41
    Maintenant, je suis dans la jungle
  • 74:42 - 74:45
    à jouer aux cowboys.
  • 74:52 - 74:56
    Baisse la tête, s’il te plaît.
  • 74:57 - 75:02
    Baisse tes mains
    comme un bon garçon…
  • 75:03 - 75:08
    T’es un traître.
  • 75:20 - 75:22
    Elle est super
    ma chemise rouge, non ?
  • 75:23 - 75:27
    - J'aime pas la mienne.
    - La jaune ?
  • 75:27 - 75:31
    - C’est moche, le jaune.
    - Ça dépend qui le porte.
  • 75:32 - 75:33
    Qu'est ce que tu veux dire ?
  • 75:34 - 75:36
    Certaines couleurs
    vont à certaines personnes.
  • 75:37 - 75:43
    N'importe quoi !
    Comment tu sais que le rouge te va ?
  • 75:43 - 75:46
    C'est nous qui te regardons !
  • 75:46 - 75:51
    Je sais ce qui me va bien
    parce que je suis artiste.
  • 75:51 - 75:54
    - Donc je suis pas un artiste ?
    - Eh non.
  • 75:54 - 75:57
    T'es le seul artiste ?
  • 76:31 - 76:33
    Admirez le paysages, Madame.
    Attention…
  • 76:34 - 76:37
    - 1,2,3...
    - Ah !
  • 76:37 - 76:39
    - Un autre.1,2,3...
    - Ah !
  • 76:43 - 76:49
    J’ai rejoint le Parti des Patrons
    et Ouvriers Indonésiens.
  • 76:53 - 76:57
    On m’a demandé de me présenter
    au parlement.
  • 76:57 - 76:59
    Ça m’a surpris.
  • 77:01 - 77:05
    "Pourquoi moi ?"
    Ils ont dit : "tu peux y arriver ! "
  • 77:08 - 77:14
    Alors je me suis dit,
    "Pourquoi pas ?"
  • 77:15 - 77:20
    En fait, je suis le candidat idéal,
    tout le monde me connaît.
  • 77:42 - 77:47
    Vive le parti "Patrons et Ouvriers !"
    Je m'appelle Herman.
  • 77:47 - 77:52
    Je me battrai pour les droits
    des ouvriers.
  • 77:52 - 77:56
    Votez pour moi le jour des élections !
  • 77:58 - 78:05
    Si je suis élu, je siégerai
    à la Commission de la construction.
  • 78:05 - 78:10
    J’obtiendrai de l’argent
    de tout le monde.
  • 78:11 - 78:15
    Par exemple, si un immeuble
    est trop court de 10 centimètres,
  • 78:17 - 78:21
    je peux exiger sa démolition !
  • 78:21 - 78:25
    On me suppliera "Ne nous dénoncez pas.
    Voici votre argent."
  • 78:27 - 78:30
    Et même si l’immeuble est en règle,
  • 78:31 - 78:35
    si je les menace, ils paieront.
  • 78:36 - 78:41
    Et pas des petites sommes.
    Dans un pâté de dix immeubles,
  • 78:42 - 78:45
    chacun rapporte 10 000 dollars.
    Faites le compte.
  • 78:45 - 78:49
    Ça fait déjà 100 000 dollars.
  • 78:51 - 78:53
    Et ça c'est qu'un seul quartier !
  • 78:55 - 79:02
    En fait le parlement devrait être
    l’endroit le plus noble de la société.
  • 79:02 - 79:05
    Mais quand on
    ce qui s'y passe…
  • 79:06 - 79:13
    Ce ne sont que des gangsters
    en cravate.
  • 79:16 - 79:20
    À quel type d'activités illégales
    s'adonne Jeunesses Pancasila ?
  • 79:21 - 79:21
    Le jeu.
  • 79:21 - 79:24
    Membre du parlement de Sumatra du Nord
    Marzuki
  • 79:24 - 79:28
    Les casinos et les boîtes de nuit.
  • 79:28 - 79:30
    Les supermarchés.
  • 79:30 - 79:35
    Ce n’est pas illégal.
    On assure seulement leur sécurité.
  • 79:35 - 79:39
    - Et les activités illégales ?
    - Les casinos.
  • 79:39 - 79:42
    - Quoi d'autre ?
    - La contrebande.
  • 79:42 - 79:48
    Pèche illicite, coupe de bois, jeu.
  • 79:48 - 79:53
    S’ils ne paient pas,
    on les fait chanter.
  • 79:53 - 79:58
    Ces entrepreneurs me craignent.
  • 79:58 - 80:01
    S’ils ne payent pas,
  • 80:01 - 80:06
    mes sbires vont les retrouver.
  • 80:06 - 80:11
    Et parce que je suis proche
    des milieux du pouvoir.
  • 80:12 - 80:16
    L’armée, la police, le gouverneur.
  • 80:16 - 80:19
    Le gouverneur a besoin
    des Jeunesses Pancasila
  • 80:19 - 80:21
    pour le maintien de l’ordre.
  • 80:21 - 80:29
    S’il y avait seulement la police,
    il n’y aurait pas de sécurité.
  • 80:32 - 80:34
    Qu'est-ce qui a besoin
    d'être sécurisé ?
  • 80:35 - 80:40
    Les gangsters peuvent maintenir l’ordre
    comme provoquer la révolte.
  • 80:40 - 80:46
    En exterminant les communistes,
    on a montré de quoi on était capables.
  • 80:46 - 80:50
    Ceux qui sont au pouvoir ont compris.
  • 80:50 - 80:55
    Si on ne s'occupe pas de ces gangsters,
    c'est dangereux !
  • 80:56 - 80:59
    Bienvenue à notre candidat,
    Marzuki !
  • 81:03 - 81:04
    Pancasila !
  • 81:14 - 81:16
    Je suis prêt !
  • 81:17 - 81:20
    Qu'est-ce que je dois dire déjà ?
  • 81:21 - 81:25
    Ma première phrase, c'est quoi ?
    "Je suis Herman ”.
  • 81:25 - 81:28
    Je suis Herman !
    Debout, ça sera mieux.
  • 81:29 - 81:32
    Mesdames et messieurs. Ensuite ?
    J'arrive pas à m'en rappeler.
  • 81:32 - 81:39
    "Je suis Herman,
    du parti Patrons et Ouvriers."
  • 81:45 - 81:49
    - Y a des T-shirts gratuits ?
    - Non. Voici ma carte, madame.
  • 81:50 - 81:52
    Des T-shirts ! Des cadeaux !
  • 81:53 - 81:59
    Vous en faites pas,
    on reviendra avec des cadeaux.
  • 81:59 - 82:02
    Priez pour qu’il remporte l’élection.
  • 82:02 - 82:05
    À ceux qui réclament des cadeaux,
  • 82:05 - 82:08
    dites qu’ils en auront,
    si vous l’emportez.
  • 82:09 - 82:12
    Dites-leur qu’on filme, aujourd’hui.
  • 82:13 - 82:18
    Tenez, madame.
    Pensez à voter pour moi.
  • 82:18 - 82:22
    - Une carte, c'est tout ?
    - Et les cadeaux ?
  • 82:23 - 82:26
    - Ça viendra plus tard.
    - Si vous êtes élu ?
  • 82:26 - 82:31
    - Attends, coco, tu te crois où ?
    - Oui, mais...
  • 82:32 - 82:39
    Certains partis distribuent
    des pots-de-vin.
  • 82:40 - 82:43
    En fait, ils le font tous.
  • 82:43 - 82:47
    Quand vous voyez des milliers
    de gens aux rallyes,
  • 82:47 - 82:51
    ils sont tous payés pour être là.
  • 82:55 - 82:58
    Pour eux, c’est comme un boulot.
  • 82:58 - 82:59
    Pour eux, c’est comme un boulot.
  • 83:01 - 83:03
    Pas payés, ils ne viennent pas.
  • 83:03 - 83:07
    - Ils se demandent tous entre eux.
    - "T'as touché combien ?"
  • 83:10 - 83:15
    Les chefs, pareil.
    Ils touchent juste un peu plus.
  • 83:20 - 83:30
    Aujourd’hui plus aucun candidat
    ne croit aux idée qu’il défend.
  • 83:33 - 83:36
    On est tous devenus
    des stars de feuilleton télé.
  • 83:39 - 83:43
    Nos âmes ressemblent a
    un feuilleton télé.
  • 83:43 - 83:46
    Ils sourient tous, là,
    mais au fond, ils ont la haine.
  • 83:47 - 83:50
    Ils se disent :
    "Qu'ils aillent se faire foutre !"
  • 83:56 - 84:02
    Herman a toujours été
    dans les Jeunesses Pancasila.
  • 84:02 - 84:08
    Mais il a pris la grosse tête.
    Il veut devenir quelqu'un…
  • 84:10 - 84:15
    Même les candidats riches
    ne trouvent pas d'électeurs…
  • 84:20 - 84:25
    Herman n’a que ses belles paroles.
    Jamais il ne pourra gagner.
  • 84:31 - 84:36
    Herman n’a pas été élu au parlement.
  • 84:36 - 84:40
    Febby, souviens-toi toujours de Dieu.
  • 84:41 - 84:43
    Et prie pour ton papa.
  • 84:43 - 84:50
    Quand je serai mort,
    tu devras continuer ta route.
  • 84:50 - 84:53
    Alors sois courageuse…
  • 84:54 - 84:59
    Tous tes désirs…
  • 84:59 - 85:04
    Tu dois être courageuse,
  • 85:04 - 85:10
    pour faire face aux épreuves
    à la réalité…
  • 85:31 - 85:36
    C’est un beau film de famille.
    Plein d humour.
  • 85:37 - 85:42
    Une belle histoire,
    des paysages merveilleux.
  • 85:43 - 85:46
    Ça montre vraiment
    ce qui est spécial dans notre pays…
  • 85:46 - 85:49
    même si c'est un film…
  • 85:50 - 85:52
    sur là mort.
  • 85:59 - 86:03
    Les enfants de communistes
    pourront-ils apprécier ce film ?
  • 86:04 - 86:07
    - Je pense…
    - Bien sûr.
  • 86:07 - 86:13
    Bien sûr, mais…
  • 86:15 - 86:19
    S’ils savent de quoi ça parle,
  • 86:20 - 86:24
    ils ne voudront pas le voir.
  • 86:24 - 86:28
    Mais s’ils ne savent pas,
    ils voudront le voir.
  • 86:49 - 86:52
    Dans mes rêves,
    ils ont une voix menaçante.
  • 86:53 - 86:58
    Comme si les fantômes me haïssaient.
  • 86:58 - 87:05
    C'est peut-être les communistes
    qu'on a tués en 1965 ?
  • 87:05 - 87:08
    J’imagine pas tant en détail.
  • 87:09 - 87:15
    - Ils ont un rire terrifiant.
    - Essaie de rire.
  • 87:23 - 87:25
    Le cauchemar d’Anwar, prise 2.
  • 87:26 - 87:27
    Moteur.
  • 87:28 - 87:29
    Action !
  • 87:51 - 87:55
    Je croyais t'avoir tué !
  • 87:59 - 88:03
    - J'ai pas dit le bon truc ?
    - Lève-toi, tout simplement,
  • 88:04 - 88:10
    et dis : "Pourquoi t'es toujours vivant ?"
    C'est pourtant pas compliqué.
  • 88:22 - 88:26
    Je... Je croyais t'avoir tué !
  • 88:59 - 89:03
    Je me souviens. J'ai dit :
    "Descends de la voiture."
  • 89:04 - 89:07
    Il a demandé :
    "Où m'emmenez-vous ?”
  • 89:08 - 89:13
    Puis, il a refusé
    de continuer à marcher.
  • 89:14 - 89:19
    Alors je lui ai foutu
    des coups de pied dans l’estomac.
  • 89:20 - 89:26
    J’ai vu Roshiman
    m’apporter une machette.
  • 89:27 - 89:34
    Spontanément, j’ai marché vers lui
    et je lui ai tranché la tête.
  • 89:35 - 89:40
    Mon copain ne voulait pas regarder.
  • 89:41 - 89:45
    Ils ont couru vers la voiture
  • 89:46 - 89:49
    et j'ai entendu ce son…
  • 89:53 - 89:57
    Son corps était tombé.
  • 89:58 - 90:03
    Et sur sa tête,
    les yeux étaient encore…
  • 91:14 - 91:18
    Au retour, je me suis demandé pourquoi
    je ne lui avais pas fermé les yeux.
  • 91:19 - 91:24
    Ça m'obsédait. Pourquoi
    ne lui ai-je pas fermé les yeux ?
  • 91:30 - 91:36
    C'est la source
    de tous mes cauchemars…
  • 91:36 - 91:43
    Ces yeux que je n’ai pas fermés
    ne cessent plus de me regarder.
  • 91:43 - 91:49
    C’est ce qui me perturbe toujours.
  • 92:04 - 92:08
    - Ça me ressemble ?
    - Celui-là, oui.
  • 92:09 - 92:12
    - De profil ?
    - C'est tout à fait toi.
  • 92:12 - 92:16
    De profil,
    c’est ton portrait craché.
  • 93:27 - 93:30
    Tranche-lui la gorge !
  • 93:31 - 93:35
    Décapite-le !
  • 93:47 - 93:50
    Bois son sang !
  • 94:03 - 94:06
    Pose la tête par terre.
  • 94:06 - 94:08
    Pose-la !
  • 94:13 - 94:15
    Maintenant ris !
    Éclate de rire !
  • 94:38 - 94:42
    Je vais poser avec toi.
  • 94:42 - 94:45
    C est un honneur !
  • 94:48 - 94:51
    Vous l'avez eue ? Elle est bonne ?
  • 94:51 - 94:53
    - Merci.
    - Merci à vous, monsieur.
  • 94:53 - 94:58
    Une si belle fille, c’est plutôt moi
    qui devrais vous remercier.
  • 95:00 - 95:05
    Dommage qu’elle se teigne en blonde,
    elle a l’air d’une pute.
  • 95:10 - 95:13
    - Raconte-lui, dans la voiture.
    - Il s'est passé quoi ?
  • 95:13 - 95:16
    Il y avait cette fille…
  • 95:16 - 95:18
    Elle a sucé six mecs.
  • 95:18 - 95:21
    Pas une goutte de sperme par terre.
  • 95:21 - 95:24
    - Six mecs ?
    - Elle a tout avalé.
  • 95:24 - 95:28
    Quand le dernier dernier a éjaculé,
    elle suçait toujours.
  • 95:28 - 95:33
    Comme si elle en redemandait.
  • 95:39 - 95:45
    Mon Dieu
    faites que notre grande organisation
  • 95:45 - 95:49
    soit le pilier de cette nation.
  • 95:49 - 95:53
    Fais des Jeunesses Pancasila
    un modèle pour tout le pays !
  • 95:53 - 95:57
    Homme d’affaire et chef paramilitaire
    Haji Anif
  • 96:00 - 96:04
    Tu veux savoir le prix de cette terre ?
    200 millions de dollars.
  • 96:06 - 96:09
    Je l’ai donné aux oiseaux,
  • 96:10 - 96:15
    pour qu’ils soient heureux.
    Comme moi, je suis heureux.
  • 96:17 - 96:20
    Tout le monde craint
    les paramilitaires.
  • 96:21 - 96:26
    Quand un homme d’affaire convoite
    une terre habitée par des gens,
  • 96:26 - 96:30
    s’il doit payer plein pot,
    ça fait cher.
  • 96:30 - 96:36
    Nous, on peut l’aider à résoudre
    son problème.
  • 96:37 - 96:42
    Comme les gens nous craignent,
    quand on arrive,
  • 96:42 - 96:47
    ils nous disent "Prenez la terre,
    donnez-nous ce que vous voulez."
  • 96:49 - 96:53
    Ça c’est spécial.
    Edition limitée.
  • 96:53 - 96:56
    C’est très rare,
    alors je l’ai acheté.
  • 96:56 - 97:01
    C’est très cher.
    On en trouve très peu d’exemplaires.
  • 97:16 - 97:19
    C’est une rose.
  • 97:20 - 97:22
    Très, très limitée.
  • 97:27 - 97:31
    Un éléphant.
    Très, très limité.
  • 97:33 - 97:37
    Seulement des séries limitées.
  • 97:37 - 97:40
    Extrêmement limitées.
  • 97:43 - 97:47
    J’achète ces souvenirs
    dans tous les pays que je visite.
  • 97:48 - 97:51
    Hongrie.
    2 250 dollars.
  • 97:54 - 98:01
    On est contre
    les manifestations politiques.
  • 98:04 - 98:10
    Par exemple quand le président vient
    et les gens manifestent contre lui,
  • 98:11 - 98:13
    on n’accepte pas ça.
  • 98:14 - 98:17
    Alors on les disperse, de force.
  • 98:44 - 98:51
    Tu dois être furieuse,
    et triste à la fois.
  • 98:51 - 98:53
    Regarde ça !
  • 98:55 - 99:00
    Tu dois être en colère, triste.
    Sadique.
  • 99:00 - 99:05
    Regarde, ton sang.
  • 99:07 - 99:12
    Regarde ce que j'ai trouvé
    dans tes entrailles, ton foie !
  • 99:33 - 99:38
    II est pourri !
  • 99:38 - 99:43
    Regarde ça
  • 99:44 - 99:50
    Regarde, ton sexe !
    Je te le fourre dans la bouche.
  • 100:50 - 100:55
    Samedi soit, j’ai été au cinéma.
  • 100:55 - 101:01
    Ho ! Je vais pas tortiller du cul,
    non plus !
  • 101:01 - 101:08
    J’ai vu un film
    tout seul avec ma chérie.
  • 101:09 - 101:16
    Comme c’était complet,
  • 101:16 - 101:23
    On a acheté les places
    aux gangsters qui en revendaient.
  • 101:23 - 101:27
    C’était délicieux.
  • 101:27 - 101:31
    Rien que nous deux.
  • 101:31 - 101:37
    Comme un roi et une reine
    dans un palais.
  • 101:38 - 101:41
    Je suis allé acheter à boire
  • 101:42 - 101:45
    mais j’avais pas d’argent.
  • 101:46 - 101:51
    Comme c'est embêtant.
    Que dois je faire ?
  • 102:13 - 102:18
    Imagine si le film
    finissait sur cette scène…
  • 102:20 - 102:23
    Les gens penseraient
    que j’ai un mauvais karma.
  • 102:23 - 102:26
    Mais si c’est au début,
  • 102:27 - 102:31
    alors, tout les trucs sadiques
    que je fais ensuite
  • 102:31 - 102:35
    seraient justifiés
    par le sadisme de cette scène.
  • 102:35 - 102:37
    Totalement justifiés !
  • 102:38 - 102:41
    Mais Anwar,
    tu es mort dans cette scène,
  • 102:42 - 102:44
    puisque je t’ai décapité.
  • 102:44 - 102:46
    Alors si elle est au début,
  • 102:47 - 102:53
    il faudrait couper la fête
    à quelqu’un d’autre, pour la tienne.
  • 102:53 - 102:58
    Non, parce que cette scène…
  • 102:58 - 103:04
    - Mais cette scène est hors du temps.
    - Ouais.
  • 103:27 - 103:31
    Le type qui appelle à la prière,
    il était communiste.
  • 103:31 - 103:33
    Lui ?
  • 103:38 - 103:42
    Celui qui appelle à la prière ?
    Oui.
  • 103:42 - 103:48
    Il a eu la chance de ne pas tomber
    entre mes mains. Sinon, il serait mort.
  • 103:50 - 103:55
    Même maquillé on dirait
    qu'il arrive d'Éthiopie !
  • 103:56 - 104:01
    - De Tanzanie. Comme ldi Amin.
    - Idi Amin Dada.
  • 104:06 - 104:12
    Caméra 3, sur Citra !
    Gros plan sur Citra pour ouverture.
  • 104:13 - 104:17
    Tout le monde est prêt ?
    Lancez le générique !
  • 104:21 - 104:26
    Télévision Nationale Indonésienne
    "Dialogue spécial"
  • 104:26 - 104:30
    Bienvenue sur le plateau
    de "Dialogue spécial".
  • 104:31 - 104:33
    Nos invités aujourd’hui
    sont des gangsters de cinéma,
  • 104:33 - 104:34
    qui tournent un film
  • 104:34 - 104:37
    commémorant la répression
    des communistes.
  • 104:37 - 104:39
    Commençons avec vous, Ibrahim Sinik.
  • 104:40 - 104:46
    D’après le beau père, du président,
    le général Sarwo Edhie,
  • 104:47 - 104:50
    2.5 millions de communistes
    ont été massacrés.
  • 104:51 - 104:58
    Eh bien, Sarwo Edhie a eu cette idée :
  • 104:58 - 105:03
    Si on exterminait les communistes ?
  • 105:03 - 105:06
    J’étais à la tête de tous
    les groupes anti-communistes
  • 105:06 - 105:09
    mais je recrutais mes hommes
    chez les Jeunesses Pancasilas.
  • 105:09 - 105:14
    On applaudit bien fort les Jeunesses
    Pancasilas pour leur vision du futur !
  • 105:14 - 105:19
    Les Jeunesses Pancasila
    Ils étaient au cœur de l'extermination !
  • 105:20 - 105:24
    Voici maintenant
    la star du film, Anwar Congo.
  • 105:24 - 105:28
    On applaudit Anwar Congo.
  • 105:29 - 105:32
    Quel est votre acteur de cinéma
    préféré ?
  • 105:32 - 105:36
    Celui qui me ressemble plus…
  • 105:36 - 105:40
    C'était un acteur noir, fameux…
  • 105:40 - 105:42
    Sidney Poitier.
  • 105:42 - 105:45
    Sidney Poitier !
  • 105:45 - 105:50
    À vous de décider si Anwar
    ressemble à Sidney Poitier !
  • 105:51 - 105:55
    De face, non,
    mais de profil, oui !
  • 105:56 - 106:00
    À l’époque, les gangsters de cinéma
    étaient très réputés.
  • 106:00 - 106:03
    Quelle est l'origine du mot "gangster" ?
  • 106:04 - 106:07
    En fait, gangster veut dire
    "homme libre".
  • 106:08 - 106:13
    C’est pour ça que le thème du film
  • 106:13 - 106:19
    est une chanson intitulée "Born Free".
  • 106:19 - 106:23
    Donc vous emmeniez les communistes
    directement dans votre bureau ?
  • 106:23 - 106:26
    Oui, et après les avoir interrogés,
  • 106:26 - 106:30
    on décida
    qu’ils ne méritaient plus de vivre.
  • 106:31 - 106:35
    On devait les exécuter.
  • 106:35 - 106:39
    Et vos méthodes d'exécution
    s'inspiraient de films de gangsters ?
  • 106:40 - 106:42
    Parfois, oui.
  • 106:42 - 106:44
    C'est comme…
  • 106:44 - 106:47
    Incroyable !
    Il s'est inspiré du cinéma !
  • 106:47 - 106:53
    Chaque genre a ses codes.
    Dans les films de mafia,
  • 106:53 - 106:59
    on étrangle un mec dans sa voiture
    et puis on jette le corps
  • 107:00 - 107:02
    Nous aussi, on a fait ça.
  • 107:02 - 107:06
    Voyez qu’Anwar et ses amis
    ont développe
  • 107:06 - 107:10
    une méthode unique et efficace
    pour exterminer les communistes.
  • 107:10 - 107:16
    Moins cruelle et moins sadique,
    sans violence excessive.
  • 107:16 - 107:20
    En fait, vous les avez oblitérés.
  • 107:23 - 107:30
    - Combien de gens il a tué ?
    - Environ 1000.
  • 107:30 - 107:34
    Comment il arrive à dormir ?
    Ça ne le hante pas ?
  • 107:34 - 107:38
    - Beaucoup sont devenus fous.
    - Tu m’étonnes.
  • 107:38 - 107:41
    - Ils se sont surtout enrichis.
    - Ouais.
  • 107:41 - 107:45
    Enrichis par le vol.
  • 107:45 - 107:50
    Mais tuer tous ces gens
    les a aussi rendus fous.
  • 107:51 - 107:56
    Quel message faites-vous passer
    aux jeunes dans ce film ?
  • 107:57 - 108:03
    Ils doivent se rappeler
    de leur histoire.
  • 108:03 - 108:07
    Ne jamais oublier.
  • 108:07 - 108:09
    Dieu doit être contre les communistes.
  • 108:10 - 108:12
    C'est vrai, Dieu hait les communistes !
  • 108:12 - 108:16
    C'est pourquoi il a permis
    que ce film soit si beau !
  • 108:16 - 108:21
    Et pour ce qui est de la réconciliation,
    il n'y en a pas !
  • 108:21 - 108:24
    Parce que ce qui s’est passé
    est historique.
  • 108:24 - 108:29
    C'est le sens de l'histoire.
    Donc pas de réconciliation !
  • 108:29 - 108:34
    Pourquoi les enfants des victimes
    n'ont-ils jamais songé à se venger ?
  • 108:34 - 108:41
    Ce n'est pas qu'ils ne veulent pas.
    C'est qu'ils ne peuvent pas !
  • 108:41 - 108:45
    Parce qu'on les exterminerait tous !
  • 109:08 - 109:10
    Al Pacino.
  • 109:10 - 109:13
    C’est ton portrait craché.
  • 109:13 - 109:15
    Membre du parlement
    Rahmat Shah
  • 109:15 - 109:18
    J’ai acheté ça aux enchères,
    à Christie’s.
  • 109:20 - 109:24
    Michael Schumacher, Michael Jordan,
    Michael Jackson… Tous les Michael.
  • 109:25 - 109:27
    Regarde, la chaussure
    de David Beckham.
  • 109:28 - 109:30
    Je les ai fait empailler…
  • 109:31 - 109:34
    J’en ai des tas comme ça.
  • 109:37 - 109:43
    J'ai tiré celui là ! Un rhinocéros noir.
    Ils sont en voie d'extinction...
  • 109:51 - 109:57
    T'imagines si le cerf était une femme
    et le léopard un homme ?
  • 110:38 - 110:44
    - Là c’est moi, Anwar Congo.
    - Oh, c’est toi i
  • 110:44 - 110:47
    Regarde, je roule un joint.
  • 110:47 - 110:50
    Tu fumes de l’herbe.
  • 110:51 - 110:57
    Là, en Thaïlande
    pour un tournoi de bowling…
  • 110:57 - 111:00
    On a perdu… Le bowling…
  • 111:03 - 111:07
    C’est moi. Chemise à motif,
    pantalons camouflage.
  • 111:08 - 111:11
    Ta vu ? Des chaussures à plateforme.
  • 111:11 - 111:14
    Trop classe, non ?
  • 111:14 - 111:18
    Pour la scène de Kampung Kolam…
    C'est un massacre, alors…
  • 111:19 - 111:22
    Pour les massacres, normalement,
    je mets des jeans.
  • 111:22 - 111:28
    Pour les massacres,
    faut des pantalons épais. Comme ça…
  • 111:28 - 111:33
    - Et un motif à carreaux ?
    - Ça pourrait aller, mais alors petits.
  • 111:39 - 111:46
    Ne la nourris pas maintenant.
    On fera ça au tournage.
  • 111:48 - 111:50
    Ne vous arrêtez pas.
  • 111:54 - 111:59
    Anwar, pourquoi tu fais les cent pas ?
  • 111:59 - 112:06
    C’est seule foi qu’un ministre
    se déplace pour l’un de nos tournages.
  • 112:06 - 112:13
    Il vient spécialement
    pour vous motiver et vous soutenir.
  • 112:13 - 112:16
    Soyez-en fiers !
  • 112:16 - 112:19
    Vous serez tous dans le film !
  • 112:20 - 112:23
    Voici les paramilitaires
    de Sumatra Nord !
  • 112:24 - 112:28
    Le monde entier va voir ça.
    Londres, au Royaume-Uni.
  • 112:28 - 112:31
    Oubliez Jakarta.
    Jakarta, c'est rien !
  • 112:33 - 112:36
    Ministre adjoint de la Jeunesse et des Sports
    Sakhyan Asmara
  • 112:36 - 112:41
    Super ! Tes assassins sont tous là.
  • 112:41 - 112:46
    - Salut Herman. Ça va ?
    - Bien.
  • 112:47 - 112:53
    C’est un vrai combattant.
    Il a maigri.
  • 112:57 - 113:00
    Improvisez pour exprimer votre fureur.
  • 113:00 - 113:03
    Hurlez : "Écrasez les communistes !"
  • 113:03 - 113:08
    - Écrasez les communistes !
    - Exterminez-les !
  • 113:08 - 113:11
    C’est bon, on essaie.
  • 113:11 - 113:16
    Attaque de Kampung Kolam, prise 1 !
  • 113:16 - 113:20
    Aucun communiste ne doit s'échapper !
  • 113:22 - 113:26
    À mort les communistes !
  • 113:28 - 113:31
    Massacrez-les !
  • 113:31 - 113:33
    Prêts à l'attaque ?
  • 113:34 - 113:41
    Maintenant, Anwar va mener
    I’attaque contre les communistes.
  • 113:41 - 113:48
    Mort aux communistes !
  • 113:51 - 113:54
    Ne faites pas pas prisonniers !
  • 113:54 - 113:57
    Massacrez-les tous !
  • 113:57 - 114:01
    Brûlez leurs maisons !
  • 114:01 - 114:07
    Mort aux communistes !
    Taillez-les en pièces !
  • 114:10 - 114:14
    Exterminez-les à la racine !
  • 114:16 - 114:23
    Coupez-leur la tête !
    Brûlez-les ! Tuez-les tous !
  • 114:23 - 114:27
    À mort !
  • 114:27 - 114:32
    - Tuez les tous !
    - Chante, Herman. "En avant, sans peur".
  • 114:32 - 114:39
    En avant, sans peur !
    Défendons ce qui est juste !
  • 114:39 - 114:46
    En unisson !
    Nous vaincrons !
  • 114:46 - 114:51
    Coupez ! Coupez ! Coupez !
  • 114:51 - 114:54
    Joshua et l’équipe, je m’adresse à vous,
  • 114:55 - 114:58
    comme dirigeant des Jeunesses Pancasila.
  • 114:58 - 115:03
    Ce que nous venons de voir
    n’est pas représentatif
  • 115:03 - 115:05
    de notre organisation.
  • 115:06 - 115:15
    On ne doit pas avoir l’air de bêtes
    assoiffées de sang.
  • 115:16 - 115:23
    C’est mauvais pour notre image.
  • 115:23 - 115:27
    Faut exterminer les communiste,
  • 115:28 - 115:30
    les éradiquer totalement,
  • 115:31 - 115:36
    mais avec moins de cruauté.
  • 115:36 - 115:40
    Ce qu’on a filmé là,
    c’est très pénible pour moi.
  • 115:40 - 115:43
    Surtout de voir mon image,
    au milieu de ce carnage.
  • 115:44 - 115:46
    Tu comprends, Joshua ?
  • 115:46 - 115:51
    Une histoire vécue.
    C'est ce qu'on veut tous, non ?
  • 115:51 - 115:54
    Évidemment.
  • 115:55 - 115:57
    Tu vois,
    la scène qu’on vient de filmer.
  • 115:57 - 116:02
    Garde-là ! Elle doit de servir à montrer
    à quel point on peut être féroces !
  • 116:03 - 116:08
    En fait, on peut l'être encore plus !
  • 116:08 - 116:14
    Interprète ça comme une simulation
    de notre fureur,
  • 116:15 - 116:19
    lorsqu’on menace notre pays.
  • 116:20 - 116:24
    C’était fabuleux d’être ici.
    Bonne chance à tous.
  • 116:25 - 116:28
    Je vous laisse.
  • 116:29 - 116:31
    - Pancasila !
    - Pour toujours !
  • 116:38 - 116:42
    Si elles sont jolies, je les viole toutes.
  • 116:42 - 116:49
    Surtout à l’époque
    où on dictait notre loi.
  • 116:49 - 116:51
    La nique !
  • 116:51 - 116:55
    Toutes celles que je rencontre,
    je leur défonce le cul !
  • 116:55 - 117:00
    T'es une femme communiste ?
  • 117:00 - 117:03
    Tu caches quoi là-dessous ?
  • 117:04 - 117:06
    Voilà, c'est le principe !
  • 117:07 - 117:11
    Quand t’en trouves une de 14 ans.
  • 117:12 - 117:13
    Le délice !
  • 117:13 - 117:19
    Je lui dis : "Tu vas vivre l'enfer,
    mais pour moi, ça va être le paradis !"
  • 117:20 - 117:23
    Il faut nous résister.
  • 117:23 - 117:26
    Personne n'aime être torturé,
    on est d'accord ?
  • 117:26 - 117:29
    Si vous avez un moyen de sauver
    votre peau, faites-le.
  • 117:30 - 117:33
    Et si vous pouvez vous enfuir,
    courez !
  • 117:38 - 117:40
    On fait comme ça…
  • 117:41 - 117:42
    Fais le tour…
  • 117:43 - 117:46
    Faut que ça fasse le tour du cou.
    Attention tout le monde !
  • 117:46 - 117:51
    Quand vous jouez,
    pensez aux caméras.
  • 117:53 - 117:57
    Allez, mesdames.
    On pense positif !
  • 117:57 - 118:00
    Si vous pensez positif,
  • 118:00 - 118:06
    votre jeu sera sensationnel
    et la scène sera réussie.
  • 118:06 - 118:09
    Positif. Pensez positif !
  • 118:29 - 118:31
    Emmenez-le.
  • 118:31 - 118:33
    Tuez-le.
  • 120:06 - 120:10
    Coupez !
  • 120:13 - 120:16
    Bakti ! De l'eau !
  • 120:37 - 120:41
    Laissez-la se reposer.
  • 121:07 - 121:13
    Febby, t’as bien joué,
    mais là, faut arrêter de pleurer.
  • 121:14 - 121:21
    Tu me fais honte ! Les vraies actrices
    pleurent uniquement durant la scène.
  • 121:31 - 121:38
    Mon seul regret, franchement,
  • 121:39 - 121:43
    je ne pensais jamais
    que ça serait si horrible…
  • 121:44 - 121:49
    Mes amis me disaient
    d’être plus sadique,
  • 121:49 - 121:54
    mais quand j'ai vu les femmes
    et les enfants…
  • 121:57 - 122:00
    Imaginez l’avenir de ces enfants.
  • 122:00 - 122:02
    Ils ont été torturés.
  • 122:02 - 122:06
    Maintenant on brûle leurs maisons.
  • 122:06 - 122:09
    C'est quoi leur avenir ?
  • 122:11 - 122:15
    Ils vont nous maudire pour toujours.
  • 122:16 - 122:19
    C'était très, très…
  • 123:39 - 123:42
    Quand tu penses au 'karma',
  • 123:42 - 123:47
    qu'est-ce que ça évoque pour toi ?
    De quoi as-tu peur ?
  • 123:48 - 123:58
    Le 'karma' est comme
    une loi de la nature.
  • 124:01 - 124:10
    Je pourrais me retrouver handicapé…
  • 124:13 - 124:23
    Comme une punition de Dieu, je dirais.
  • 124:44 - 124:47
    Toute cette obscurité…
  • 124:47 - 124:54
    C’est comme vivre
    à l’extrémité du monde.
  • 124:55 - 125:00
    Autour de nous,
    il n’y a que l’obscurité.
  • 125:03 - 125:07
    C’est terrifiant.
  • 125:27 - 125:33
    On leur enfonçait du bois dans le cul
    jusqu’à qu’ils en crèvent.
  • 125:33 - 125:38
    On leur brisait la nuque avec du bois,
    puis on les pendait.
  • 125:38 - 125:43
    On les a étranglés avec un fil de fer.
    On leur a tranché la tête.
  • 125:43 - 125:46
    On leur a roulé dessus
    avec des voitures.
  • 125:49 - 125:51
    C’était permis de le faire.
  • 125:51 - 125:57
    La preuve, on a assassiné des gens,
    sans jamais être punis.
  • 126:03 - 126:07
    Ceux qui sont déjà mort,
    on ne peut rien faire.
  • 126:07 - 126:10
    Il faut l’accepter.
  • 126:13 - 126:18
    Peut être je me justifie simplement
    mais j’ai réussi.
  • 126:18 - 126:23
    Je ne me suis jamais senti coupable
    dépressif, ni eu de cauchemars.
  • 126:58 - 127:03
    Ne remue pas la tête.
    On dit : "Oui, monsieur !"
  • 127:05 - 127:10
    C'est bien d'être communiste, hein ?
    Tu baises les femmes des autres...
  • 127:12 - 127:17
    Vraiment marrant !
    Tu voles leurs biens aussi.
  • 127:18 - 127:22
    - Surtout les chefs.
    - Alors tuons-le.
  • 127:27 - 127:30
    - Tu veux une clope, Pang ?
    - Non.
  • 127:30 - 127:37
    Tiens, un cigare néocolonialiste.
  • 127:37 - 127:40
    Prends une taffe.
  • 127:41 - 127:44
    Mets-toi le dans le nez
    si tu veux pas fumer.
  • 127:45 - 127:48
    - Regarde-le !
    - Regarde-moi.
  • 127:48 - 127:50
    Regarde-le dans les yeux !
  • 127:58 - 128:00
    Tu es jaloux.
  • 128:01 - 128:05
    Tu es jaloux de ma cravate, pas vrai ?
  • 128:06 - 128:12
    On veut pas être pauvres. Même si
    on n’est que des gangsters de cinéma,
  • 128:13 - 128:18
    on veut se sentir comme ceux
    qu’on voit dans les films.
  • 128:20 - 128:23
    Espèce de salaud !
  • 128:24 - 128:28
    T es jamais content !
  • 128:31 - 128:33
    Fils de pute.
  • 128:35 - 128:38
    Fais ce que je te dis.
  • 128:42 - 128:45
    Fais une pause.
  • 130:41 - 130:45
    - Tu m'offres ton enfant ?
    - Non.
  • 130:45 - 130:50
    - Ne m’insulte pas.
    - Ta fille est laide et n’a qu’un œil.
  • 130:51 - 130:59
    Ta femme, ça irait, mais ta fille,
    elle n’a qu’un œil.
  • 130:59 - 131:04
    Espèce de minable !
  • 131:04 - 131:08
    - Tu me dégoûtes.
    - Je vous en prie, monsieur.
  • 131:08 - 131:13
    Regarde le plafond.
  • 131:16 - 131:18
    Tu m’as insulté.
  • 131:18 - 131:23
    - Tu veux que je te frappe ?
    - S'il vous plaît, non.
  • 131:24 - 131:25
    Donne-la-moi.
  • 131:25 - 131:27
    S’il vous plaît,
    ne lui faites pas de mal.
  • 131:28 - 131:32
    - Je ne veux que la tenir.
    - Ne faites pas de mal à mon enfant.
  • 131:32 - 131:40
    - Assieds-toi !
    - Ne faites pas de mal à mon enfant.
  • 131:43 - 131:45
    Donne la moi !
  • 131:46 - 131:50
    - Lâche-la, sinon... !
    - Oui, monsieur.
  • 131:53 - 131:58
    Tu essayais de m'acheter
    avec cette enfant ?
  • 131:59 - 132:04
    Tu t'imagines
    qu'elle est assez bonne pour moi ?
  • 132:04 - 132:11
    - C'est une insulte !
    - Ma fille.
  • 132:12 - 132:14
    Regarde-la, maintenant !
  • 132:16 - 132:17
    Non !
  • 132:19 - 132:25
    Assieds-toi !
  • 132:25 - 132:27
    Assieds-toi !
  • 132:27 - 132:30
    Tu m’as insulté.
  • 132:31 - 132:32
    Regarde !
  • 132:39 - 132:43
    Regarde, l’œil qui lui reste.
  • 132:48 - 132:52
    Ses jolies fossettes…
  • 132:56 - 133:01
    Ses jambes... Tu te souviens
    quand elle courait vers toi ?
  • 133:04 - 133:07
    Les deux.
  • 133:14 - 133:21
    Voilà ce qui arrive à ceux qui essaient
    de nous acheter avec leurs enfants.
  • 133:23 - 133:26
    Tu vois ?
    C'est toi le sans-cœur.
  • 133:27 - 133:30
    C’est toi le barbare.
  • 133:30 - 133:33
    Le vrai barbare.
  • 133:41 - 133:48
    Je ne ressens rien,
    je ne vois rien venir…
  • 133:51 - 133:57
    mais le tourment
    se fait toujours plus grand.
  • 134:28 - 134:30
    Tu fais comme on dit !
  • 134:30 - 134:33
    Écoute !
  • 134:33 - 134:35
    Écoute bien les questions qu'on te pose !
  • 134:39 - 134:42
    Réponds ! Plus vite !
  • 134:42 - 134:45
    Jalaludin Yusuf.
  • 134:46 - 134:50
    Alors c'est toi le chef ?
  • 134:51 - 134:55
    Tu vas voir comme je vais t'arranger !
  • 134:56 - 134:57
    Parle !
  • 134:57 - 135:00
    Note. Il a dit "Oui".
  • 135:00 - 135:03
    Parle ! Parle !
  • 135:05 - 135:09
    Réponds,
    ou je te casse les jambes !
  • 135:10 - 135:13
    Dépêche-toi
    ou je te casse les jambes !
  • 135:13 - 135:16
    Dana, pose-lui la question.
  • 135:16 - 135:20
    Ailleurs qu'à Titi Kuning,
    où exercez-vous vos activités ?
  • 135:21 - 135:23
    Hamparan Perak.
  • 135:25 - 135:29
    Tu nous fais perdre notre temps !
  • 135:30 - 135:32
    Tiens-toi droit !
  • 135:32 - 135:35
    Lève ta main ou je la coupe !
  • 135:35 - 135:40
    Regarde-moi ça ! De l'or !
  • 135:40 - 135:44
    Retire ta montre !
  • 135:44 - 135:49
    Pose-la sur la table.
    T'as quoi d'autre ?
  • 135:49 - 135:52
    Une bague ?
  • 135:52 - 135:54
    Non.
  • 135:54 - 135:58
    Une chaîne en or ?
  • 135:58 - 136:01
    Calme-toi et écoute !
  • 136:04 - 136:07
    Allez. Parle
  • 136:08 - 136:15
    Donnez-lui un mouchoir.
    Ça lui coule dans les yeux.
  • 136:16 - 136:22
    - Voilà, voilà. Ne pleure plus.
    - Ça m’a coulé dans les yeux.
  • 136:22 - 136:26
    Tant mieux. Ça fait plus réaliste !
  • 136:47 - 136:52
    Alors comme ça, on veut interdire
    les films américains en Indonésie ?
  • 136:52 - 136:55
    Ça rime à quoi, au juste ?
  • 136:57 - 136:59
    Ta gueule !
  • 136:59 - 137:03
    - T'essaies de faire quoi ?
    - S'il vous plaît, monsieur.
  • 137:03 - 137:08
    Arrête avec ce ton amical !
    On n'est pas tes amis !
  • 137:08 - 137:11
    Réponds aux questions !
  • 137:12 - 137:17
    Parle !
  • 137:17 - 137:22
    - Pitié, non
    - Je le fais pas, mais parle !
  • 137:23 - 137:26
    Parle !
  • 137:27 - 137:29
    Coupez.
  • 137:47 - 137:53
    Tes mains ont tant fait…
  • 137:57 - 138:07
    À ton cou, j’accroche cette médaille.
  • 138:38 - 138:45
    Un instant, j'ai cru que j'étais mort…
  • 138:48 - 138:51
    Respire.
  • 139:12 - 139:16
    - Prends pas ça tellement au sérieux.
    - C’est pas ça.
  • 139:16 - 139:22
    N’y pense plus.
  • 139:29 - 139:32
    Bon, on reprend.
  • 140:15 - 140:21
    - Ça va ?
    - Non. J'y arrive plus.
  • 140:44 - 140:48
    Apporte de l’eau.
  • 140:52 - 140:56
    Bois.
  • 142:47 - 142:55
    Naître libre,
    libre comme le souffle du vent.
  • 142:55 - 143:05
    Libre comme l’herbe qui verdoie.
    Naître libre de poursuivre son cœur.
  • 143:07 - 143:16
    Vivre libre,
    la beauté qui t’entoure.
  • 143:16 - 143:27
    Le monde qui toujours l’éblouit
    Quand tu regardes une étoile.
  • 143:28 - 143:37
    Rester libre.
    Nul mur te sépare.
  • 143:37 - 143:46
    Libre comme le rugissement de la vague,
    ce n’est pas la peine de se cacher.
  • 143:47 - 143:55
    Pour m’avoir exécuté
    et envoyé au ciel,
  • 143:55 - 144:01
    merci mille fois, pour tout.
  • 144:40 - 144:44
    C’est magnifique Joshua.
    Vraiment très bon.
  • 144:44 - 144:50
    Jamais je n’aurai pu imaginer
    participer à un projet aussi grandiose.
  • 144:54 - 144:57
    Ce qui me rend le plus fier,
  • 144:57 - 145:02
    ce sont ces chutes d’eau qui expriment
    la profondeur des sentiments.
  • 145:06 - 145:14
    Tu sais, cette scène où on m’étrangle
    avec le fil de fer.
  • 145:16 - 145:19
    - Tu l'as, ici ?
    - Celle où on t'étrangle ?
  • 145:20 - 145:22
    Tu peux la mettre, s'il te plaît ?
  • 145:28 - 145:30
    Yan ?
  • 145:30 - 145:34
    Je veux qu’il voie ça.
  • 145:40 - 145:44
    - Yan ?
    - Il est déjà au lit.
  • 145:45 - 145:50
    Yan, viens voir la scène où grand-papa
    se fait torturer.
  • 145:50 - 145:55
    Ami, viens voir grand papa
    battu et ensanglanté.
  • 145:55 - 145:57
    Mais c’est bien trop violent.
  • 145:57 - 146:01
    Regardez ça.
    Grand-papa se fait tabasser.
  • 146:02 - 146:05
    Monte le son.
  • 146:05 - 146:08
    C'est trop violent, Anwar.
    T'es sérieux ?
  • 146:09 - 146:11
    Mais si, ça va aller
    T'as pas peur, Yan ?
  • 146:18 - 146:22
    C’est qu’un film. Regarde bien.
  • 146:22 - 146:27
    Grand-papa a l'air si triste, non ?
  • 146:27 - 146:30
    Ça fait trop peur.
  • 146:31 - 146:36
    C'est triste, non ?
    C'est grand-papa.
  • 146:37 - 146:42
    Grand-papa se fait frapper
    par un gros mec.
  • 146:42 - 146:45
    Il m’explose la tête.
  • 147:23 - 147:26
    Les gens que j’ai torturés,
  • 147:27 - 147:33
    tu crois qu'ils ressentent
    ce que je ressens maintenant ?
  • 147:39 - 147:43
    Je me sens comme
    ceux que j’ai torturés,
  • 147:43 - 147:52
    parce que ma dignité
    a été annihilée.
  • 147:52 - 147:56
    C’est à ce moment précis
    que la peur s’installe.
  • 147:56 - 148:01
    Soudainement, la terreur s’empare
    de mon corps.
  • 148:07 - 148:13
    En fait, ceux que tu as torturés
    ont ressenti bien pire,
  • 148:14 - 148:19
    parce que toi, tu sais que c’est un film.
    Eux savaient qu’ils allaient mourir.
  • 148:22 - 148:26
    Mais je le ressens. Josh.
    Au plus profond de moi.
  • 148:26 - 148:32
    J'ai pêché, non ?
  • 148:36 - 148:41
    D’avoir fait subir ça
    à tant de gens, Josh.
  • 148:43 - 148:47
    Tout est en train de remonter,
    c'est ça ?
  • 148:53 - 149:00
    J’espère vraiment que non.
    Je veux pas, Josh.
  • 151:10 - 151:26
    C’est ici qu’on a torturé et exécuté
    tout ceux qu’on capturait.
  • 151:39 - 151:41
    C’est mal, je sais,
  • 151:42 - 151:46
    mais je devais le faire.
  • 153:01 - 153:04
    Pourquoi je devais les tuer ?
  • 153:11 - 153:16
    Ma conscience me le dictait.
  • 153:22 - 153:25
    Ça…
  • 153:28 - 153:34
    c’est l’un des plus simples moyens
    d’enlever une vie humaine.
  • 153:38 - 153:40
    Et ça,
  • 153:41 - 153:46
    on s'en servait pour emporter…
  • 153:50 - 153:53
    les corps des victimes
  • 153:53 - 153:56
    Sans ces sacs,
  • 153:57 - 154:01
    les gens se seraient
    peut-être doutés.
Title:
Jagal - The Act of Killing (full movie)
Video Language:
Indonesian
Duration:
02:39:42
  • The English "translation" was distracting because it was absurd.

English subtitles

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