J'aimerais vous présenter dix façons
de créer de meilleures présentations.
C'est le fruit de mon propre apprentissage
ces dernières années,
en côtoyant des narrateurs.
Mon travail consiste à aider les gens
à améliorer leurs présentations
principalement dans les entreprises,
pour des pitches et des partages d'idées.
J'essaie d'instiller des éléments
narratifs dans leurs présentations,
mais vous le savez peut-être
ou comme vous avez pu le voir,
il y a beaucoup d'allocutions
profondément ennuyeuses dans le monde.
Quelqu'un parmi vous a-t-il déjà assisté
à une conférence ennuyeuse ?
Pas maintenant, mais...
(Rires)
OK.
Donc, cette idée de revenir en arrière.
On peut en percevoir davantage l'avenir
en observant le passé.
Lorsqu'on évoque la communication
et la communication visuelle,
nous pouvons apprendre beaucoup du passé.
Il y a deux ans, j'ai évoqué l'idée
de « kamishibai, » le théâtre ambulant.
C'est juste un exemple.
Une méthode principalement visuelle,
fondée sur l'utilisation des « emaki »,
ces rouleaux imprimés.
Dans les années 20, 30 et 40,
c'était vraiment populaire.
Il y a un narrateur,
un l'élément visuel
facile à visualiser par le public,
et il y a un public impliqué.
Voilà nos trois piliers, en harmonie.
C'est ainsi ce que devraient être
les présentations de nos jours aussi.
Après tout, c'est la narration
qui fait de nous des humains.
C'est ainsi que nous avons évolué.
Bien avant que les homo sapiens ne lisent,
nous racontions des histoires.
Les enfants, bien avant
de savoir lire et écrire,
évidemment, partagent des informations
en racontant des histoires
et utilisent des éléments de la narration
même lors d'une narration explicative.
Peu importe le type de narration,
on peut utiliser, au minimum,
plusieurs éléments narratifs
pour vraiment soutenir
l'implication du public dans notre récit.
Et bien sûr, ça renforce
l'aspect dramatique.
(Musique dramatique)
On aime toujours ajouter un soupçon
de drame dans nos présentations.
Ma femme, notre famille et moi,
nous vivons à Nara,
à un jet de pierre d'ici.
Et mon projet, notre projet,
c'est d'élever nos deux petits enfants.
Je suis ce qu'on appelle au Japon
un « ikuman » [papa poule].
(Rires)
J'amène mes enfants
à l'école et je les récupérer
en essayant de devenir
une grande part de leur vie,
autant que possible.
Les pédagogues répètent qu'il ne faut pas
regarder la télé avec de jeunes enfants.
On ne le fait pas mais on regarde
beaucoup de DVD en anglais.
On fait d'une pierre deux coups.
On a le divertissement
et en même temps on apprend l'anglais.
On a regardé tous les films Pixar
jamais produits,
des dizaines et des dizaines de fois.
Bref, j'aurais dû intituler ceci :
« 10 manières de faire
une meilleure présentation :
leçons apprises
avec trop de films Pixar. »
(Rires)
Alors, allons-y !
La première chose
que font les grands narrateurs,
comme tous les présentateurs d'aujourd'hui
et des autres TEDxKyoto,
c'est éteindre leur ordinateur.
Même s'ils vont utiliser
de la technologie,
ils savent, comme John Cleese l'a dit,
qu'ils ne savent pas
d'où viennent les grandes idées,
mais nous savons qu'elles ne sortent pas
de nos ordinateurs.
Donc, éteignez vos téléphones
éteignez tous vos appareils
pendant la phase de préparation.
C'est crucial.
Ne commence pas là.
Chez Google, et certainement chez Apple -
où j'ai travaillé
il y a plusieurs années -
des entreprises technologiques
avec du papier et des tableaux partout
parce que le papier reste très utile -
les post-it, notamment -
pour structurer vos idées.
Après, vous pourrez rallumer l'ordinateur
si vous souhaitez utiliser le multimédia.
Un de mes étudiants m'a envoyé ceci :
la meilleure utilisation d'un PC.
(Rires)
Je plaisante ; j'adore Bill Gates.
Très bien, deuxième point :
le public est prioritaire.
Privilégiez le public.
Je dis toujours car les gens
me demandent toujours :
« Je veux raconter mon histoire,
comment puis-je impliquer mon public ? -
souvenez-vous simplement
que votre histoire devient leur histoire
si vous utilisez la bonne approche.
L'intrigue, vos paroles
et la description des événements
vous sont uniques.
Mais le thème est universel
et le public peut se sentir impliqué.
Je vous montrerai un exemple plus tard.
Andrew Stanton, de Pixar,
a écrit et réalisé « Le monde de Nemo »
et beaucoup d'autres histoires.
Il en a parlé dans un TED.
Il a dit qu'il fallait faire en sorte
le public se sente concerné.
Que ce soit un mythe, une histoire vraie,
ou une conférence,
impliquez votre public.
Il dit : « Suscitez ma curiosité,
attirez mon attention émotionnelle,
intellectuelle et esthétique. »
La partie est à moitié gagnée.
Montrer de l'empathie
pour votre public dès la préparation
fait toute la différence.
Numéro trois :
il faut une structure robuste.
Billy Wilder est un de mes producteurs
de films préférés.
Il affirme que toute histoire
a besoin d'une architecture
qui est entièrement camouflée -
on ne la perçoit pas en regardant le film,
et il en va de même avec les allocutions.
Il y a une structure,
mais le public n'en a pas conscience
car il écoute, il comprend
et il est engagé dans votre récit.
Vous connaissez la forme
basique des histoires,
vous avez appris ça :
Il y a un début, un milieu et une fin.
C'est utile, certes,
mais un teckel aussi a un début,
un milieu et une fin.
Ce n'est donc pas si utile que ça.
Mais c'est vrai.
Il y a une situation initiale qui expose,
qui explicite quels sont les enjeux,
et les risques encourus.
Ensuite, il y a le nœud,
le problème au milieu,
les tensions croissantes,
et le dénouement à la fin.
C'est une bonne structure de base.
Dans le monde réel, celui des affaires,
j'emploie ce modèle
en me concentrant sur les solutions
car les entreprises ont l'habitude
de vendre des idées ou des produits
qui permettent de résoudre un problème.
C'est donc une activité
que je fais avec mes étudiants
et les entrepreneurs.
Je les incite à utiliser
la structure suivante :
envisagez un monde idéal
par rapport au monde actuel, la réalité ;
quel est le problème
à l'origine de cette réalité ?
Et quelle solution offrez-vous
pour le résoudre ?
Le modèle narratif de base.
Les étudiants préparent
alors un script.
Très vite, ils l'exposent sur le mur
pour le montrer aux autres
et en raffiner la trame.
On peut poser des questions.
On dépèce leurs idées.
Après ça, ils reprennent leur crayon
et créent l'intrigue
autour de leurs idées.
Il y a donc cette structure de base,
invisible aux yeux du public,
qui aide entrepreneurs et étudiants
à mettre leurs idées sur papier.
Ensuite, il faut un thème précis.
Le thème signifie le message.
Qu'est-ce qu'on veut dire ?
Avez-vous déjà écouté des discours
où vous ne voyiez pas
où l'orateur voulait en venir ?
Pas le mien, j'espère.
Quel message voulez-vous faire passer ?
Exemple.
Megumi produit des films,
elle est une oratrice de l'année dernière.
Je vous invite à l'écouter.
Mon ami Patrick aussi
a fait une présentation incroyable.
Il enseigne à l'Université
de Californie du sud.
Deux discours fabuleux,
mais très différents,
avec une intrigue différente.
Une jeune femme parle de grandir au Japon
quand on est un enfant « hafu » [mixte],
de parents japonais et américains,
et Patrick parle de ce que
cela implique d'être gay,
de devoir le cacher
et enfin de pouvoir l'avouer
et d'épouser l'amour de sa vie
totalement ouvertement,
une transformation extraordinaire.
Des contenus et des intrigues
très différentes.
Mais ils parlent tous les deux
du même sujet :
ce que signifie être différent.
Ces deux présentations
ont fait sens pour le public,
qui n'est pourtant ni composé
majoritairement de « hafu »,
ni composé de personnes homosexuelles.
Mais tout le monde se sent concerné
par le combat et les insécurités,
et ce genre de thèmes universels.
Votre histoire est donc leur histoire.
En adoptant cet angle,
vous créez toute la différence.
Numéro cinq : supprimer le superflu.
Les auteurs,
n'importe qui a déjà écrit un scénario
connaît le fusil de Tchekhov.
Le principe est de supprimer tout ce qui
n'est pas pertinent dans l'histoire.
Tchekhov l'illustre ainsi :
« Si, dans le premier acte, vous dites
qu'il y a un fusil accroché au mur,
alors il faut absolument
qu'un coup de feu soit tiré avec
au second ou au troisième acte. »
Ainsi, on n'ajoute jamais
rien de superflu.
Tout a une raison d'être.
Numéro six : ferrez-les rapidement.
George a été super, n'est-ce pas ?
Vous avez aimé son discours ?
Combien parmi vous étaient présents
le printemps passé ?
En direct, ce fut inouï.
Quand il est apparu sur scène,
il n'y a eu aucun décorum,
pas de merci, aucun souhait
de remercier maman, et papa,
ou même le Premier Ministre.
Aucun tralala.
Il a commencé avec :
« Je suis un vétéran
du vaisseau Enterprise. »
Avec ça, il a captivé
son public immédiatement
et l'a fait danser
dans sa main pendant 20 minutes.
C'était hallucinant.
Ce lien fort a brisé la glace
et lui a permis de tisser sa narration
de manière magistrale.
Il nous a emmenés
dans un voyage incroyable.
Un exemple formidable.
Numéro sept : expliciter le conflit.
Quel est le problème ?
Ce livre est intitulé : « Story Proof ».
Il enquête scientifiquement
sur pourquoi un récit fonctionne.
Dans sa définition, il dit :
« Une narration centrée
sur un personnage
qui se bat pour dépasser des obstacles
et atteindre un objectif important. »
Voilà l'histoire.
La clé : le héros se bat pour dépasser
un obstacle et accomplir sa mission.
Tout est à nouveau là : un personnage,
un combat,
des obstacles et un objectif.
C'est comme une trilogie :
personnage, combat et objectif.
Essayons ça ici.
Je suis confus que
l'animation soit puérile :
j'ai été aidé par un enfant de quatre ans.
Vous avez quelqu'un qui se balade
et il rencontre un obstacle.
Il y a un mur qu'il essaie
en vain de franchir.
Il n'y arrive pas.
Dans les affaires,
on peut lui offrir une solution
pour l'aider à franchir ce mur.
Métaphoriquement,
nous lui offrons une corde.
Le protagoniste continue de lutter,
mais ça va déjà mieux.
Il y a encore cette lutte
et la tension continue de monter.
Va-t-il vaincre ? Va-t-il réussir ?
Va-t-il y arriver ?
Oui, et il est transformé.
On peut appliquer ce fil conducteur
à de nombreuses narrations.
Je vois que vous y réfléchissez.
Un personnage, un combat et un objectif.
Bien. Numéro huit :
démontrez un changement clair.
Voici un autre exemple fabuleux :
Alex Kerr, l'année dernière,
quand il a présenté son travail
de réfection et remise en état
de maisons anciennes, 300 ans,
à Iya, par exemple.
Un exemple fabuleux
qui nous prend aux tripes.
Comme Al Gore
avec « Une vérité qui dérange »,
en montrant un avant et un après.
Il touche l'intellect des gens
et aussi leurs tripes.
Voilà l'avant, et voici l'après ;
le changement est évident.
Évidemment, la vie est changement ;
la vie n'est que changement.
Nos cellules changent constamment,
rien ne reste identique.
Chaque fois que nous montons sur scène,
chaque fois que nous faisons un discours,
on parle en fait de changement.
Si vous ne parlez pas de changement,
vous n'avez aucune raison
de prendre la parole.
Ensuite, il faut montrer ou faire
quelque chose d'inattendu.
Je recommande ce livre :
« Fait Pour Coller ».
Il a été traduit en japonais.
Une des façons principales
de rendre une idée inoubliable
est de faire une chose inattendue.
Vous souvenez-vous
de « l'Empire contre-attaque » ?
Star Wars : l'Empire contre-attaque.
Il y a longtemps. Je l'ai vu au cinéma
bien avant la vidéo.
Rappelez-vous de Dark Vador,
ce moment bouleversant où il dit :
« Luke, je suis ton père. »
Vous vous souvenez où vous étiez
quand la scène est passée.
Vous avez sans doute aussi vu
ce mème sur internet :
que se passera-t-il quand un chat
verra ça pour la première fois ?
(Vidéo) Je suis ton père.
Non !
Ce n'est pas vrai.
Garr Reynolds : Bouleversant.
Que faire pour que votre public
éprouve ce que ce chat ressent ?
Il faut un peu d'inattendu là-dedans.
Numéro dix : permettez-leur de ressentir.
Les données sont nécessaires.
Les preuves aussi.
Mais trop souvent, ce n'est pas suffisant
pour faire prendre la sauce.
Regardons un autre exemple
de l'année dernière.
Avant ça, un livre de Stephen Denning
que je vous recommande.
Il a fait une longue carrière
à la Banque Mondiale,
très analytique,
très cerveau gauche,
rien que des chiffres.
Mais comme il le dit ici :
depuis toujours,
la seule chose qui fonctionne
quand on veut que les gens changent,
pour vraiment changer leur comportement,
ou les rendre enthousiastes
au sujet de votre idée,
c'est un récit.
Bien sûr, ils ont les données,
bien sûr, ils ont les faits.
Mais cela tous seul ne fonctionne pas.
Voici John Gathright.
C'est le dernier orateur
de l'année dernière.
Il a un projet incroyable
pour aider les enfants
confrontés à des difficultés
physiques et émotionnelles.
Il les emmène sur les arbres,
parfois très haut.
Il a démontré chiffres à l'appui
que les arbres ont un effet thérapeutique
physiquement et émotionnellement.
Mais tout est dans son dernier exemple,
vous souvenez-vous de Nana,
de son état ?
Elle ne sourit jamais
et ne peut pas contrôler son corps
ni ses expressions faciales.
Personne ne savait s'il réussirait.
Il nous prend par la main
dans sa narration, avec les visuels.
Arrivée au somment de l'arbre,
elle a changé et elle sourit.
John nous dit que sa mère
n'avait jamais vu son sourire.
« Elle sourit, ma petite fille sourit
pour la première fois, grâce aux arbres. »
John nous a démontré les faits,
mais ce sont les visuels qui expriment
le mieux la transformation,
qui touchent les gens dans leur cœur.
Je me souviens que ce jour-là,
de nombreuses personnes
dans le public ont pleuré.
Aucun doute qu'ils se souviendront
de ce discours longtemps.
J'avais promis dix,
mais il y en a encore un.
Numéro 11 : être authentique.
On me dit souvent que c'est super,
mais comment être authentique ?
Tout le monde dit ça
mais quelle est la formule magique ?
La formule est d'être vulnérable,
de se permettre d'être vulnérable,
de prendre des risques.
Le système éducatif au Japon
n'encourage pas cela.
Mais les grands communicateurs,
tous les orateurs japonais
accueillis ces deux dernières années,
ont pris des risques,
se sont ouverts à la vulnérabilité
au moment de monter sur scène.
Ce fut deux années
formidables, 2012 et 2013.
La suite le sera aussi.
La question est donc de savoir
quelle est votre histoire.
Le monde est impatient de l'écouter.
Passez une bonne journée,
et j'espère vous revoir l'année prochaine.
Merci beaucoup.
(Applaudissements)