L'artiste et la solitude.
Un artiste doit prendre du temps
pour de longues périodes de solitude.
La solitude est très importante.
Loin de la maison,
loin du studio,
loin de la famille,
loin des amis.
Un artiste doit comprendre le silence.
Un artiste doit laisser
de la place au silence dans son travail.
Le silence est tel une île
au milieu d'un océan turbulent.
Mon endurance physique
et ma volonté à toute épreuve
me viennent sûrement de mes parents,
car mes parents
sont des communistes convaincus
et ils croient au sacrifice pour la cause.
Ce n'est pas ta vie qui importe,
mais à quoi tu la consacres.
C'est très austère et engagé.
Voilà mon éducation.
Quand ma mère a perdu les eaux,
en étant enceinte de moi,
c'était à une réunion du parti
et elle voulait aller jusqu'au bout.
Puis elle a accouché à l'hôpital.
Je croyais ça normal,
que c'était comme ça.
Il ne pouvait pas en être autrement.
Originaire de Yougoslavie,
avec un passif familial très intéressant,
dont des parents
qui ne croyaient en aucune religion
et ma grand-mère qui s'occupaient de moi
était une religieuse fanatique,
mon grand-père ayant été
un saint de l'église orthodoxe,
il était presque inévitable
que je devienne une artiste.
Tant de contradictions.
La performance est mon outil d'expression.
Selon moi, dans la vie d'un artiste,
il est crucial de trouver le bon outil.
J'ai été très chanceuse
de m'en être aperçue
si tôt et si clairement.
Petite, je dessinais
sans arrêt et partout.
D'abord sur des feuilles de papier,
puis sur les murs,
alors mes parents ont compris
qu'il fallait me donner plus de papier,
ensuite c'était sur toile
et voilà que je faisais de la peinture.
À 12 ans, j'ai eu ma première exposition.
Je me rappelle mes premières peintures,
je peignais les rêves que je faisais.
Des rêves marquants.
Parfois plus vrais que la réalité,
et en me réveillant
la réalité semblait onirique,
et le rêve semblait réel.
Mes rêves étaient toujours peints
en une sorte de bleu et de vert.
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