Dans les rues de China Town,
Trop de lumières crues,
D'obscurs mets cuits vapeur.
(Rires)
J'avais envie de commencer avec un haiku.
(Rires)
Bonjour, je suis Harry.
Ravi d'être parmi vous à nouveau.
J'ai presque terminé mes études à Bristol.
J'aimerais partager avec vous
quelques vers de cette période de ma vie.
Le premier poème est intitulé :
« Transi amoureux à la Fête des Bleus ».
Je le dédicace au génie de Bristol
qui a ouvert un kebab nocturne dans un van
et qui l'a appelé Jason Doner Van.
(Rires)
Nos regards se sont croisés
A travers la salle, entrelacés,
Son sourire m'a attiré,
Aussi surement que le parfum
De Jason Doner Van quand j'ai faim.
La salle, j'ai traversé,
Avant de percuter.
Je danse, maladroit,
Tel Jason Donovan, un samedi soir.
On l'appelle Bex.
Époustouflante Bex, saisissante Bex.
Un seul regard,
Je suis vertical et hagard.
Les poils en érection.
Quelle poésie !
Voilà Bex,
Belle Bex, saisissante Bex.
Un seul regard et je pense au sexe,
Pas à la théorie des ensembles.
A ce stade, pas de définition
d'un ensemble.
Même une naïve compréhension
d'une sélection d'éléments,
mène à des paradoxes.
L'ensemble de tous les ensembles
ne peut être un ensemble,
sans devoir s'inclure comme ensemble.
Qu'elle comprenne la beauté
de toutes les femmes du monde,
mène à une contradiction d'idées.
Fut-elle un ensemble,
elle serait fine-ie.
Bex. J'en ai l'estomac noué.
J'm'enfilerais bien une Beck's.
Bex. Ce n'est pas la méthode Coué,
Elle est aussi séduisante qu'une Beck's.
Je veux lui envoyer un sms,
qui se termine par x.
J'ajouterai un émoticon,
en prétendant que c'est pas con.
Quand ses lèvres s'entrouvrent,
telles un ascenseur
enfumé par des boules-puantes,
elle me demande :
« Et si tu te mettais au pole dancing ? »
Je lui réponds :
« Je ne suis pas ce genre de mec. »
Elle dit : « Les filles aiment
que les gars viennent avec. »
Je dit : « Tu plaisantes ?
Le pole dance ?
Seul un pervers aime,
ou un Est-Européen perturbé,
ou les deux ensemble. »
C'est bon pour la ligne,
persiste-t-elle.
D'une séance gratuite, tu es digne,
pour tester ton potentiel.
Dans mon esprit,
non pas LA fitness, mais LA Confidential,
l'obscur club masculin d'Ealing,
pas le thriller de Kevin Spacey.
De toute façon, je réponds :
« Je n'ai pas de force dans les bras. »
Une pote à elle nous interrompt :
« Montre tes biceps, Bex. »
Imaginez Popeye sous stéroïde,
sur un cliché polaroïd,
mais sublime.
C'est ma première semaine de cours.
Sans amis, je ne suis pas sur du velours.
C'est ma première semaine de cours.
Sans amis, je ne suis pas sur du velours.
C'est cool qu'une personne
ait envie de me parler.
Surtout que c'est une beauté.
Je continue la conversation,
même si je suis circonspect.
Pour peu qu'elle soit raisonnable,
il y a une réponse sensée à toute question
Danseur de pole dancing improbable
je ferai, mais passons.
Je lui demande si elle sera là.
Elle me répond :
« Je m'occuperai de toi. »
Je me la joue zen,
De mes amis, j'imite la façon.
C'est sûr, je gouterai à cette session.
(Rires)
Ne serait-ce que pour y retrouver Bex.
Oh Bex, ensorceleuse Bex,
enchanteresse Bex,
J'aurais dû m'attendre
à ce qui m'attendait, Bex t'es pas tendre.
A la séance d'essai, 50 participants.
Pas besoin de faire des maths
depuis longtemps,
Pour comprendre que je suis le seul gars.
(Rires)
Séducteurs sont ses mensonges,
J'y ai cru comme dans un songe.
Telle était précisément son intention,
Car durant son allocution,
l'entraîneur nous appelle à l'unisson :
Mesdemoiselles.
Sans manquer dans ma direction de lancer
un sourire sensuel.
J'ai compris que je vais passer
les 55 prochaines minutes
à tenter de cacher, ...
cacher ma honte, tout azimut.
(Rires)
Chez moi, on peut constater
certes ma pomme d'Adam,
mais pas seulement.
Ma maladresse est frappante.
Je ne suis pas aidé
par des mains moites,
des genoux flageolants, des bras ballants.
Sur mes mollets,
une marque de brûlure apparaît.
Je suis stressé mais n'en montre rien.
Calme et prêt,
pour le pole dance.
Je ne pense pas
que je danse comme un manche.
(Rires)
Je saute, je me tortille,
sur le parquet, je m'agenouille
Genoux et ego sont mis à mal.
Ouille ! Aille !
Bex s'approche de moi
avec la leçon qu'elle a promise.
Bien que de sa compagnie je sois béat,
Elle me dit avec franchise :
« J'en reviens pas que tu sois là ! »
Ça ne m'encourage pas.
(Rires)
Quand l'entraîneur annonce
la fin de la session,
Mon dernier souffle
est un soupir de soulagement.
Impitoyablement, elle enfonce
mes dernières illusions.
Je n'ai plus de rêve, évidemment.
« Je vous invite à participer
aux prochaines activités :
La semaine prochaine, soirée
avec le club de football américain.
Le mois prochain,
séance photo pour notre calendrier.
Et de nous montrer les calendriers
de filles en lingerie sexy.
Du regard, je croise Bex,
et télégraphe mon message.
Ma mère m'a éduqué
en faveur de l'égalité des sexes.
Certe, j'aimerais tant que ce visage
novembre puisse représenter.
(Rires)
Pour l'inscription, 20 euros,
c'est un peu trop.
(Rires)
Même si on reçoit en cadeau
un slip à damner un saint.
Sur mon chemin,
vers un resto de l'Union chrétienne,
j'exhibe mes jambes nymphéennes,
tente de convaincre
que le pole fitness a une légitimité.
Mais en vain.
Je suis persuadé,
que dire non a du bon.
Avec un ami, sinon,
Je m'y rendrai l'année prochaine.
Merci.
(Applaudissements)
J'ai grandi à Londres.
Ce qui est bien avec Londres,
c'est que,
où qu'on aille, partout ailleurs,
tout le monde est super cool.
(Rires)
Bristol ne fait pas exception.
Une autre caractéristique chouette
à Bristol, comparé à Londres,
c'est que la ville est assez proche
de la plage.
C'est un hasard si cette plage
relativement proche
s'appelle Weston-super-Mare.
(Rires)
Je vois que vous connaissez.
Le semestre commence
en septembre, octobre.
Je me réjouissais beaucoup,
mais pensais qu'il était préférable
d'attendre le bon moment.
Voici un poème sur ce qui est arrivé
quand nous y sommes allés.
Ça s'appelle :
« Weston-super-Cauche-Mare ».
(Rires)
La scène, imaginez !
Un groupe d'ados excités.
2 de chaque côté,
Vous au centre, à mes côtés.
Je salive de bonheur.
Si excités,
à ne presque pas pouvoir résister
et faire pipi,
un filet chaud venu avant l'heure.
Mais vous tenez bon.
Le froid glacial vous a envahi.
Presque nu comme un ver,
votre décision vous paraît téméraire.
Le climat vous paraissait meilleur
vu de l'intérieur.
De la chaleur du salon,
impossible de savoir s'il y a du vent.
Mais dehors, maintenant,
Le vent est un bébé ouragan.
Voici notre plan initial : sur la plage
en maillot, un peu de bronzage,
course sur le sable blanc,
les tongs en main,
baignade dans les flots accueillants.
Une serviette suffira.
Baignade avant le soleil couchant.
L'air chaud nous séchera,
nous réchauffera.
Mais tous vos plans vont à l'eau.
Pourquoi n'avez-vous pas
entendu les signaux ?
On est le 25 février,
Le soleil pointe un rayon sympa
depuis des lustres, assurément,
Mais ça ne change pas la réalité
qu'on est en hiver techniquement.
Il fait plus froid d'un paletot
que ce que vous pensiez plus tôt.
La serviette sur les épaules,
le pantalon de rechange
sur votre maillot.
A peine arrivé,
vous vous sentez toujours comme au Pôle
le froid vous fait greloter.
On fait parfois, c’est vrai,
des choses idiotes.
Ne pas se sentir vieux, tel est l'intérêt.
J'aurai 20 ans, dans quelques semaines.
A titre d'antidote,
Sur la plage sont tous mes potes.
Vanessa, Rebecca, Mandala McGregor,
Suzie, Sue, James et nous.
Nous sommes tous sur le même bateau,
alors, autant rester zen.
Weston-super-Mare,
soit, Weston-super-Gadoue.
De mes pas, pas de bruit sourd,
mais un bruit de flatulence.
Cependant, je m'en balance.
Peu me chaut la boue
jusqu'aux genoux,
je tiens à admirer le panorama.
Je suis un mec comme ça.
Côte à côte sur la côte,
avec Mandy, je décide, pas de faux-fuyant,
de ne pas partir sans entrer dans l'océan.
Arrêt sur image.
Polaroid, nos bouches ouvertes,
à notre grand dam,
surtout, ne pas avaler la gadoue.
Pas totalement hippopotame,
néanmoins cernés de boue.
A demain ne pensons pas.
Aujourd'hui est bien suffisant.
Aujourd'hui, on prend tous les risques.
100% de moi croit profondément
que s'éclater rime avec créativité,
peu importe le lieu et le temps.
Je ne parle pas d'ados bourrés,
nauséeux et vociférants « yoloo ».
Mais d'un mec interrogatif :
« un paquet de Polo est-il laxatif ? »
Et suffisamment téméraire pour vérifier.
(Rires)
Assez laxatif.
(Rires)
Les conséquences, il faut les envisager,
et arriver à la conclusion :
« Pourquoi pas ? »
Telle est la raison de presque remettre
mon inscription au club de pole dancing,
de vouloir essayer mon allocution
d'allemand en rappant,
mais de la réaliser en stripteasant.
(Rires)
J'ai raté de peu la meilleure cotation,
en allemand.
Voilà pourquoi, sortant de la mer,
grelotant, nu comme un ver,
une toute petite partie de moi,
se sent comme un roi.
A ce moment, une de mes tongs, j'ai perdu,
mon maillot est si souillé
que j'ai dû l'enlever,
mon T-shirt et la serviette,
par les vagues, sont détrempés.
Je suis un roi maculé,
à la recherche d'une baraque à frites.
Le garde-côte veille,
s'assure de ma bonne conduite.
Il me déconseille de rester là,
« Attention aux tessons de bouteilles. »
(Rires)
Du West Country, quand on a l'accent,
on peut tout dire.
L'avertissement n'est jamais menaçant.
(Rires)
La plage n'est pas, sans vouloir médire,
exactement ce que j'imaginais.
Ce je ne sais quoi de sinistre et mauvais
dans une station balnéaire,
la nuit, au milieu de l'hiver.
C'est le moment de rentrer chez moi,
mais pas de train avant trois heures.
Dans trois heures, c'est certain,
je serai mort de froid.
(Rires)
Vaillamment, je décide de persévérer.
Certains rêvent de devenir fortuné,
d'autres de célébrité,
moi, je veux juste chaudement m'habiller.
« New Look Femme » m'a éjecté,
c'est probablement une bonne idée.
Hormis la mort,
il me reste une seule chance.
Mon sens inné pour l'élégance,
pour la branchitude,
mon sens moral un peu prude
aurait pu empêcher ce qui va arriver.
Hélas, mon moral est bien bas,
et tout est fermé.
Je me rends chez Carrefour,
la mode à prix fou,
la, la, la, la, na, na, na, na.
Il y a des peignoirs et des tongs.
Exactement ce qu'il me faut.
na, na, na, na, na, na, na, na.
Je positive !
(Rires)
De la plage, je suis passionné
dans la mer, j'adore me baigner.
Les aventures m'enflamment,
car de la liberté je suis fan.
J'adore les gens exaltés,
prêts à tout et spontanés.
De la vie je raffole,
je m'attache à ceux qui l'aiment autant.
Que ce soit pour la gloire,
ou pour conter une belle histoire.
On n'est pas né pour rester insignifiant.
A chaque coucher de soleil,
ni remords, ni regrets.
Rien de tel que le plaisir,
s'amuser au plus haut degré.
En peignoir, à y réfléchir,
40% de coolitude en plus.
(Rires)
Particulièrement, quand en dessous,
pas de dessous : on est tout nu.
(Rires)
Imaginez un instant, vos rires fous, et
le toucher des microfibres molletonnées.
(Rires)
Combinez ça à la bise,
et à mon aspiration à la liberté.
Telle est ma témérité :
avec passion, découvrir des surprises.
Les conséquences, il faut les envisager,
et arriver à la conclusion :
« Pourquoi pas ? »
Merci.
(Applaudissements)