Bonjour, Je m'appelle Kevin SARA
et j'ai vu sur le tweet tout à l'heure
qu'un Américain allait parler.
Je n'aime pas les labels
et aussi je voudrais préciser que
je suis américain mais je suis aussi anglais.
Je suis né aussi en Allemagne,
j'ai passé mon enfance en Belgique,
(Rires)
mes enfants sont à moitié chinois,
et mes associés d'affaires sont tunisiens.
(Applaudissements)
Alors, qu'est-ce que je suis ? Je suis quoi ?
Public : Humain, humain !
Est-ce qu'on peut réduire la réalité, la vie,
l'interprétation des faits dans des tweets
de 200 caractères ?
Des fois, c'est très difficile.
Mais je m'excuse tout de suite
pour toutes les fautes de français que je vais faire,
je suis plutôt anglophone, mais on m'a dit
qu'il y avait plus de gens qui pratiquaient
le français que l'anglais dans la salle.
Alors, je vais faire de mon mieux, mais
de temps en temps, je vais mettre des mots
en anglais quand je ne trouve pas
les mots en français.
Alors, si on peut commencer avec le premier dia,
on ne le voit pas.
Bon! Qu'est-ce qu'on va faire
pour qu'on puisse voir ?
Est-ce que vous pouvez lire
quelque chose là ?
Public : Non !
Bon, je pense qu'il faut éteindre la lumière.
Alors, le titre de ma présentation c'est :
« Les éléphants d'Hannibal : quelle est
la signification pour la Tunisie d'aujourd'hui ? »
Bien sûr, on parle d'Hannibal, c'est très facile,
parce que tout le monde le connaît,
surtout en Tunisie, mais ce qui est intéressant
c'est que tout le monde le connaît,
partout dans le monde!
Et pourquoi est-ce
qu'on parle encore d'Hannibal ?
Alors, parce qu'il a fait
cette traversée des Alpes, avec des éléphants ?
Non, ça n'est pas si simple que ça.
Au fait, ce qu'il a fait,
il a fait un voyage extraordinaire !
Et, une guerre, il a conduit
une guerre extraordinaire !
Il a non seulement traversé les Alpes
avec quelques éléphants
mais il a conquis l'Espagne, il a traversé
les Pyrénées, il a traversé la France,
il a traversé le Rhône avec les éléphants !
Il a dû construire des bateaux spéciaux,
c'était une affaire extraordinaire.
Et tout ça, c'était avec 40 000 hommes,
12 000 chevaux, cavaliers
et une quarantaine d'éléphants.
Et ils sont arrivés en Italie du Nord.
Et en arrivant en Italie du Nord,
les éléphants, ils ont semé
la terreur chez les Romains.
C'était quelque chose qu'ils n'avaient jamais vu,
en tout cas arriver du nord.
Je pense qu'ils les ont peut-être vus
quelques fois avec les Grecs dans le sud,
mais c'était une innovation tactique
très étonnante.
Il y avait aussi une innovation stratégique étonnante
d'arriver d'où personne n'est arrivé avant.
On peut avoir la prochaine dia ?
Alors, pour un peu revenir dans l'Antiquité
et de l'histoire d'Hannibal,
un peu voir le contexte historique,
Carthage était vraiment
le centre du monde méditerranéen
-- ça c'était juste avant
la première guerre punique --
et elle dominait toute la Méditerranée
et c'était à cause de sa position géographique
à mi-chemin entre l'est et l'ouest.
Alors, elle a pu dominer tout le commerce
et dominer les mers.
Et c'est une idée extrêmement intéressante,
cette position géographique
parce que cette position n'a pas changé.
La Tunisie reste encore dans cette position-là.
Passons à la prochaine dia.
Alors, cette guerre, quelle était,
comme j'ai dit, l'innovation ?
C'était vraiment tout le voyage : l'Espagne,
la France, la traversée du Rhône, les Alpes.
Et puis, il avait déployé une innovation tactique,
des éléphants, mais aussi,
il avait une série d'innovations tactiques
dans la façon dont il conduisait la guerre.
Il y a des historiens militaires qui disent
que c'est Hannibal qui a inventé
la stratégie militaire.
Et il utilisait des ruses et des tactiques
qui n'avaient jamais été vues avant.
Par exemple, il utilisait la brume des lacs
à son avantage stratégique.
Il a utilisé... il a attaché
à des troupeaux de vaches des torches
et les a fait passer de l'autre côté
pour que les Romains pensent que
ses armées étaient là où elles n'étaient pas.
Avant Hannibal, les batailles
étaient très, très simples et normalement,
on choisissait des grands champs bien plats,
on allait des côtés opposés du champ
et on se rentrait dedans.
Voilà, ça c'était la guerre
et ça c'était les techniques de guerre !
Et on dit que c'est Hannibal,
avec une force inférieure,
il a quasiment conquis l'empire romain !
Mais il n'a pas tout à fait abouti,
il n'a jamais... il n'a pas détruit Rome
et on a écrit des tomes pourquoi :
peut-être qu'il n'avait pas le soutien de Carthage,
peut-être qu'il était assez mauvais
dans la bataille pour les villes,
il y a toute une série de théories, mais
ce n'est pas le but de cette présentation.
Alors, je voulais simplement vous rappeler
de vous souvenir de 2 idées :
Un : Hannibal était un innovateur stratégique
et deux : il était un innovateur tactique.
Et la combinaison des deux était fatale.
Alors, avec ces idées en tête, je veux présenter
ma société qui est une société
à capital mixte européen et tunisien,
qui s'appelle TUNUR.
Nous sommes membres associés
de DESERTEC,
alors, nous pensons, nous croyons que
dans tout ce concept on pourra
faire de l'électricité solaire moins chère
au Sahara, où il y a beaucoup de soleil,
qu'autre part. Et que cette électricité,
on peut la produire avec des nouvelles technologies
à des prix suffisamment bas
pour faire concurrence au nucléaire,
Pour faire concurrence, éventuellement
au gaz naturel et au pétrole.
Et aussi, ce que nous avons remarqué récemment,
on est concurrentiel avec le offshore éolien.
Alors, le concept de TUNUR est très simple :
on construit des grandes centrales
solaires dans le désert.
Et puis, c'est très important,
l'innovation stratégique,
c'est que c'est un concept intégré.
On a les centrales avec un câble sous-marin
qui assure le marché
et on vend l'électricité en Europe
qui la paye plus cher maintenant
qu'on pourrait la vendre en Tunisie.
Alors, ces ventes soutiennent tout
le développement d'une industrie tunisienne.
On utilise notre... nos éléphants, en fait,
c'est le CSP (Energie solaire
concentrée) avec le stockage.
Si on utilise l'énergie solaire classique
qu'on voit sur les toitures,
le PE on appelle ça,
le problème avec ça, c'est que quand le soleil
se couche, il n'y a plus d'électricité...
et c'est justement le moment
où on en a souvent le plus besoin
par exemple pour éclairer.
Le CSP permet de stocker l'énergie
pour pouvoir générer l'électricité
après que le soleil se couche.
C'est un concept très très important.
Et ça, c'est notre innovation tactique,
et notre innovation stratégique c'est le câble.
Alors, voilà. Nous pensons que
nous avons une formule gagnante aussi
avec l'idée d'avoir...
vraiment une nouvelle idée
où on fait un câble
qui va jusqu'en Europe du Nord,
ça va vraiment jusqu'en Italie du Nord.
Bien sûr, a priori, on peut se dire
qu'on peut faire un câble très court
et très simple jusqu'en Sicile,
mais ce n'est pas là où est le marché.
Il faut bien réfléchir quels sont les buts.
Les buts à long terme,
c'est de créer une industrie en Tunisie
qui peut vendre, qui peut faire concurrence
aux Russes dans le gaz,
qui peut faire concurrence
aux Français dans le nucléaire,
qui peut faire concurrence
aux Allemands dans l'éolien offshore.
Alors, il faut aller là où est le marché.
Et si on peut amener un câble
jusqu'en Italie du Nord,
c'est là où est le "European grid",
le "core of the European grid."
Et de l'Italie, on peut aller en Suisse,
on peut aller en France, on peut aller partout.
Alors, c'est vraiment
un mouvement stratégique.
Alors on essaie de faire une combinaison
d'une innovation tactique avec le CSP
et le stockage pour pouvoir produire de
l'électricité solaire après que le soleil se couche,
et puis avec cette innovation stratégique d'amener
un câble vraiment jusqu'au nord de l'Italie.
Le prochain slide.
Alors, pour résumer, qu'est-ce qu'on peut
en tirer, de toutes ces histoires ?
De l'antiquité et du parallèle
avec ce qu'on fait maintenant ?
La première leçon, c'est vraiment
l'importance de l'innovation.
De l'imagination et de l'innovation.
L'imagination ne coûte rien !
Il faut être créatif, il faut avoir des idées.
Je pense que plusieurs speakers en ont parlé.
L'imagination est clé, la créativité est clé,
avoir des idées nouvelles est absolument clé.
Mais les idées sont vides s'il n'y a pas
un contexte, s'il n'y a pas un leadership.
Et ça c'est absolument essentiel.
Le leadership -- et ça c'est très marrant,
en préparant ce speech,
j'ai essayé de trouver...
j'ai regardé dans le dictionnaire
quelle est la traduction
de leadership en français.
Public : Leadership !
KS : Non, non, un mot français,
s'il vous plaît!
Public : La gouvernance.
KS : La gouvernance ?
J'ai essayé et je n'ai pas trouvé.
J'ai regardé dans tous les dictionnaires
et je n'ai pas trouvé,
parce qu'en fait
il n'y a pas de traduction exacte.
Le leadership en fait,
c'est l'art de la planification,
de la gestion, de la direction,
tout combiné dans un.
Et c'est un concept extrêmement important
parce sans leadership,
il n'y a pas d’innovation.
Il y a seulement
l'imagination et des idées.
Pardon?
Public : un pionnier.
KS : Pionnier, oui, mais... pioneer...
C'est un autre concept.
C'est un leader qui est innovateur,
C'est un concept,
pionnier, ça peut être ça aussi.
Mais le leadership, c'est une capacité
"to lead men and women"
et d'inspirer.
C'est un concept extrêmement important.
Et c'est ça qu'un historien militaire a dit,
qu'une des grandes qualités d'Hannibal,
ce n'était pas seulement qu'il était
un innovateur tactique et stratégique,
mais que c'était vraiment
ses qualités de leadership.
Et ses qualités de leadership
se traduisaient par le fait
qu'il n'a demandé à aucun
de ses hommes ou femmes
de faire quelque chose que lui ne ferait pas, personnellement lui-même.
Et tout le monde le savait.
Et ça c'est le "leading by example,"
extrêmement important comme concept.
Aussi, pour le leadership,
il faut savoir comment motiver.
On disait qu'Hannibal
était un homme cruel.
Je vais vous raconter
une petite histoire
qui montre que peut-être
il était un homme cruel,
mais en même temps, il comprenait
très très bien la psychologie
et ce concept de leadership.
En arrivant en Italie du nord,
avant sa première grande bataille en Italie,
il avait quelques prisonniers suisses.
Et il voulait faire un show
pour motiver ses troupes pour gagner
et il a demandé à ses prisonniers suisses
s'il y en avait deux qui voulaient bien
se battre jusqu'à la mort.
Et le gagnant allait être libre
et pourrait rentrer en Suisse.
Il y a eu 2 volontaires. Ils se sont battus
devant les troupes d'Hannibal
et bien sûr, l'un est mort et l'autre
qui était fou de joie et qui a pu rentrer.
C'était simplement la leçon
très, très simple pour ses troupes :
on gagne ou on est mort !
Et il avait toute une série
de tactiques avec ses hommes
pour les motiver et
il n'y a jamais eu de mutinerie
parce qu'un des grands problèmes
dans l'Antiquité,
c'était que les troupes allaient
souvent contre le commandant
et c'était assez problématique
comme vous pouvez l'imaginer.
Hannibal n'a jamais eu ce problème.
Le troisième concept
avec lequel je veux vous laisser,
c'est que la position géographique
de la Tunisie n'a pas changé,
et que vous avez
de réels avantages concurrentiels
d'être au milieu de la Méditerranée.
Je pense qu'on a fait allusion, avant,
au fait que cette zone de croissance
était en Méditerranée et en Afrique.
La Tunisie a l'histoire d'être
un acteur fondamental dans cette zone.
Et ce n'était pas le cas
au temps de Carthage.
Carthage ne tenait pas
énormément de territoire
mais elle faisait des alliances.
Hannibal est parti avec des Espagnols,
des Libyens, des Gaulois pour attaquer l'Italie.
Il n'y avait pas beaucoup
de soldats de Carthage.
Et c'était ses qualités de leadership,
de pouvoir motiver
et gérer une force multinationale
qui a fait...
qui lui a permis de gagner !
Et ces qualités existent!
Ces idées-là
sont valables encore aujourd'hui.
Il n'y a aucune différence.
Au niveau des idées, rien n'a changé.
On reste toujours avec l'importance
de l'imagination et de l'innovation,
l'importance du leadership et
la situation géographique de la Tunisie.
Et si je peux rajouter :
on a cette idée qu'il faut
se tourner vers les pays BRIC,
vers la Chine, vers la Russie,
parce que c'est là où est la croissance,
mais justement,
si on voit une Europe affaiblie,
n'est-ce pas là
qu'il y a une vraie opportunité?
Et je vous laisse avec cette pensée-là,
je vous remercie beaucoup.
(Applaudissements)