Depuis plusieurs mois maintenant,
il m'arrive de me téléporter
dans le futur.
Oui, je sais.
(Rires)
Non ce n'est pas le trac,
je vous jure que c'est vrai !
Et dans ce futur, on entend
des choses particulières.
Aujourd'hui, j'aimerais vraiment
vous les partager
et peut-être qu'ensemble,
on arrivera à une certaine réflexion.
Je vous laisserai tout le temps,
toute votre vie, après, pour y réfléchir.
J'aimerais vraiment vous
transmettre tous ces messages
que j'ai eus du futur.
Par exemple, dans le futur, on entend
des choses étranges comme :
« L'amour, c'est une émotion »,
ou « Si je ne suis pas gentille avec
la vie, elle ne l'est pas avec moi »,
ou « Les cadeaux, c'est bien mais,
si on ne peut pas les partager avec
ceux qu'on aime, ils ne servent à rien. »
et même : « Réussir,
c'est être aimé des autres. »
Et vous savez qui m'a passé
ce genre de messages ?
Eh bien, ces êtres du futur sont comme
vous et moi, sans distinction différente :
deux bras, deux jambes, un corps,
un cœur en parfait état de marche,
et un cerveau qui marche
très, très bien aussi.
La seule différence, c'est que ce sont
des enfants entre six et dix ans.
Déjà, j'ai quelques
questions à vous poser.
Est-ce que vous avez déjà pris le temps
d'observer un enfant pour de vrai ?
Est-ce que vous avez déjà essayé
de vous mettre juste à sa place ?
Ou peut-être même essayé de penser
comme lui quand il se met en colère,
ou quand il a peur,
ou quand il a du chagrin ?
Évidemment, vous, en ayant toutes
ces questions, vous allez dire :
« Évidemment que j'écoute mon enfant,
je fais ça toute la journée ! »
ou alors : « Oui, ça va, c'est bon, c'est
un enfant, il verra quand il sera grand. »
La réalité, c'est que cet enfant
a vraiment sa propre façon de penser,
ses propres opinions.
Et vous adultes qui êtes devant moi -
sans juger personne vraiment -
inconsciemment, vous mettez cet enfant
dans une boîte, une case, la vôtre,
tout ça par vos croyances
limitantes, votre éducation.
Mais, cet enfant
est un être à part entière.
Il a des choses à nous dire.
Il arrive à penser par lui-même,
à ressentir les choses par lui-même,
il a ses propres idées.
Dans les ateliers du futur que j'anime -
parce qu'en plus je suis animatrice
dans les ateliers du futur,
appelés les « Ateliers philo » -
dans ces moments suspendus,
on arrive vraiment à partager ensemble
et les enfants partagent, échangent,
discutent autour d'un thème,
et sans l'aide des écrans,
d'Internet, de la télé.
Si, si ! Je vous jure
que ça existe dans le futur !
Et aujourd'hui, cet enfant est là,
et il arrive vraiment
à avoir sa liberté d'être,
à s'autoriser à exprimer ce qu'il veut.
Pour que tout cela fonctionne, il faut
prendre deux valeurs fondamentales,
en tout cas à mon sens :
le respect et l'amour.
Prenons tout d'abord, le respect.
Les enfants se respectent beaucoup
plus, je trouve, que les adultes.
Ce sont même de grands empathes
et je vais vous donner un exemple.
Cet exemple, je l'ai
retiré d'un atelier du futur.
On était avec des enfants
entre huit et dix ans,
et on avait choisi
une question qui était :
« À quoi ça sert un doudou ? »
Donc, ils ont commencé à réfléchir,
à échanger entre eux, à partager.
Et pendant cinq minutes,
c'était très, très convivial.
Et d'un seul coup, un petit
bonhomme qui s'appelle Léo,
s'est mis à pleurer à chaudes larmes.
Et moi, qu'est-ce que j'ai fait ?
Moi, adulte, déformation professionnelle
peut-être, j'essaie de le calmer en disant
« Ça va aller, qu'est-ce qu'il y a ? »
Et là il nous explique qu'il avait perdu
son doudou il y a trois ans -
il avait cinq ans - et qu'il
ne s'en était jamais remis.
Tous les enfants étaient là
et le regardaient,
et ce petit bonhomme était inconsolable.
Qu'est-ce que les autres ont fait ?
Au lieu d'aller lui faire
des câlins et le réconforter,
ils lui ont dit : « Tu sais,
on peut t'en prêter un, de doudou !
Même moi, je peux t'en donner un ! »
Il y en a même un
qui s'est levé et a dit :
« Et si on lui en fabriquait un ? »
À ce moment-là,
je les ai vraiment observés,
et j'ai vu qu'ils avaient
cette bienveillance innée en eux.
Ils ont vraiment cette profonde
bienveillance qu'ils peuvent nous apporter
et que nous aussi, adultes,
on peut leur apporter.
Pour moi, c'est la clé
des relations humaines.
Mais revenons sur le thème
de la bienveillance.
Qu'est-ce que c'est, la bienveillance ?
C'est un thème à la mode en ce moment,
un peu comme le lâcher-prise,
il faut être « bienveillant ».
La bienveillance,
ce n'est pas être un Bisounours.
Ça ne veut pas dire, dire oui à tout.
Pour ma part, la bienveillance
implique une affirmation,
mais une affirmation fondée
sur le respect d'autrui.
Pour que tout cela fonctionne aussi,
il faut y associer la deuxième
valeur qui est l'amour.
Les enfants adorent parler de l'amour
et moi j'adore les écouter,
et j'adore parler d'amour aussi.
Pendant ces moments
où ils partagent dans l'amour
et sur les sujets de l'amour,
eh bien, ils sont sans filtres,
ils sont authentiques.
Une petite fille a même illustré l'amour,
que ça pouvait se donner
entre un homme et une femme,
entre deux hommes ou entre deux femmes.
C'était vraiment
une authenticité flagrante !
Un enfant ne va pas faire
de distinction de couleur de peau
jusqu'à ce que l'adulte l'influence.
Ils ont leur liberté d'être,
ils s'autorisent à être,
sans filtres, sans rien.
Je vais vous donner
un exemple hors Atelier Philo.
Il y a quelques semaines,
je suis partie à New York,
et j'étais assise sur les marches
d'un musée célèbre.
Il faisait très beau,
c'était une journée splendide.
J'étais sur les marches et il y avait
un saxophoniste de rue qui était là
et qui jouait parfaitement bien
et je l'écoutais.
Et moi, de mon éducation,
de tout ce que j'avais entendu à l'époque
comme quoi je chantais faux, etc.,
je fredonnais dans ma tête.
pour ne pas être jugée.
Je ne voulais pas qu'on m'entende.
Et tout à coup, sur la gauche,
un groupe d'enfants est arrivé.
Ils allaient traverser
et ils ont écouté, forcément.
Ils ont entendu le saxophoniste de rue
et qu'ont-ils fait d'après vous ?
Eh bien, ils se sont mis à chanter,
à danser, à vivre, à rire,
sans se soucier du regard des autres,
et j'ai observé cette scène.
Ils étaient eux-mêmes,
ils s'autorisaient à être.
Donc, j'en ai conclu que,
quand on distribue de l'amour,
de la bienveillance, du respect,
eh bien, on distribue aussi des sourires.
Ce sont vraiment des moments
que je vis dans ces ateliers
qui sont extrêmement puissants.
Sans amour, l'être humain
n'est absolument rien,
et les enfants l'ont compris.
Lors d'un autre atelier
avec des tout petits, des six ans,
j'avais aussi parlé d'amour,
mais un petit bonhomme m'a dit :
« Écoute Ingrid, quand même
il y a une chose :
tu sais, tout le monde a besoin d'amour. »
J'ai dit : « Effectivement, oui,
tout le monde a besoin d'amour. »
Et il m'a dit : « Tu sais, les SDF
qui dorment dans la rue,
ceux qui sont tout seuls là,
ils n'ont pas d'amour eux,
et puis les gens qui passent devant eux,
ils ne leur donnent pas d'amour. »
Moi, adulte, je fais : « OK. »
Il dit : « Tu sais comment ils peuvent
trouver de l'amour, eux ?
Je dis « Non, je ne sais pas »
et il me répond :
« Eh bien,
il va prendre un petit compagnon,
un chien, comme ça, il aura de l'amour. »
Et il finit en me disant :
« Parce que sans amour, on meurt. »
À ce moment-là, ça m'a retournée.
Je suis restée scotchée sur ma chaise.
Il m'a touchée en plein cœur
ce petit bonhomme, et il avait raison.
Ce sont vraiment
des enfants extraordinaires,
mais une des expériences
qui m'a le plus touchée
et qui me touche au plus profond
de mon cœur depuis des années,
c'est que ces êtres du futur
ont quelque chose que nous n'avons pas,
que nous ne nous
autorisons pas, nous, adultes :
ils s'autorisent à rêver.
Les enfants ont des rêves
même beaucoup plus grands qu'eux.
Ça les aide à se construire,
à se réaliser, à être eux-mêmes.
Et donc, en parlant des rêves,
eh bien, je leur ai posé une question :
« Est-ce que vous croyez que
tous les rêves peuvent être réalisés ? »
J'avais peur de leurs réponses
et peur aussi de me faire éjecter de
ce futur, eux disant : « Elle est folle! »
Mais ils m'ont dit : « Oui, tous les rêves
peuvent être réalisés, absolument tous,
si on nous laisse la liberté d'être
et de pouvoir rêver à ce qu'on veut. »
De pouvoir rêver à ce qu'on veut !
Alors, j'ai osé leur voler une liste,
en tout cas, un échantillon
de leur liste des rêves.
Ce que vous allez entendre
n'est pas du tout la liste
à laquelle vous vous attendez.
On est loin de la liste au Père Noël.
Oui effectivement,
j'ai même volé le dessin.
Par exemple, on entend :
« Je rêve de prendre l'avion »,
« Je rêve d'une chambre
pour moi tout seul »,
« Je rêve de jouer tout le temps »,
« Je rêve de ne plus aller à l'école »,
« Je rêve que tous
les rêves se réalisent ».
Mais aussi on entend :
« Je rêve que mes parents
jouent plus avec moi »,
« Je rêve que la planète aille mieux »,
« Je rêve que les gens soient
plus gentils entre eux »,
« Je rêve que mon meilleur ami
revienne en France car il me manque »,
« Je rêve que mes parents
se remettent ensemble »,
« Je rêve que ma maman guérisse de sa
maladie et qu'elle rentre à la maison. »
Vous voyez la liste un peu là ?
Pas évident.
Alors, après avoir recensé
toutes leurs réflexions, leurs pensées,
je me suis intéressée
à leur mode de fonctionnement.
Comment font-ils, ces êtres du futur,
pour penser de cette façon ?
Donc, il y aurait trois clés, je dirais,
les trois clés fondamentales de cette
réflexion et de ces pensées universelles.
Premièrement,
c'est la pratique de l'attention.
Pendant cette pratique de l'attention,
les enfants se connectent à leur cœur,
sont en pleine conscience,
se dépolluent de leur agitation mentale,
comme tout le monde ici, au quotidien,
se connectent à leur âme,
s'autorisent, s'expriment,
et tout ça dans la plus
grande bienveillance.
Deuxième clé, ils s'autorisent
à s'exprimer et à rêver.
Le bonheur est dans les rêves
qui se réalisent.
Les enfants l'ont compris.
Troisièmement, pour pouvoir
s'exprimer et rêver,
il faut prendre en compte
une attitude positive.
J'ai une question à vous poser :
vous n'en avez pas marre, vous, d'être
plus spectateur qu'acteur de votre vie ?
Vous n'en avez pas marre
aussi d'être en permanence
pollué par des briseurs de rêves ?
Le bonheur est vraiment là,
dans les rêves qui se réalisent,
et les enfants l'ont compris.
Aujourd'hui, j'aimerais vraiment
que vous vous autorisiez à être.
Je suis extrêmement chanceuse
de passer ces moments dans le futur.
Je fais des allers-retours,
et il y a quelques jours,
ils étaient avec moi
et je leur ai dit que j'étais ici,
et ils m'ont dit : « Tu peux
leur passer un message ? »
Donc, je vous passe leur message
Je suis extrêmement fière
de vous le partager,
et c'est celui que j'ai au fond de moi
aussi depuis longtemps dans ma vie.
Ils m'ont dit : « Si on rêve grand,
et qu'on visualise tous les jours ce rêve,
eh bien un jour, il se réalise.
Et pour qu'il se réalise, eh bien,
il faut s'autoriser à être et à devenir. »
Alors, je terminerai en vous posant
deux dernières questions,
à vous, grands enfants que vous
êtes ici, là devant moi,
parce que vous êtes
tous des grands enfants -
quand est-ce que vous avez
joué pour la dernière fois ?
Les deux dernières questions, c'est...
(En éclatant de rire)
Qu'est-ce qui vous empêche
aujourd'hui de rêver grand ?
Et qui ou quoi vous empêcherait
vraiment de le faire ?
Merci.
(Applaudissements)