[Déclenchement répétitif de l’appareil photo] [Le dôme] [Liz Magic Laser, artiste] [Liz a déchiffré les non-dits de la rhétorique politique] [Deux discours présidentiels ; sans mots] [Alan Good, danseur] [Cori Kresge, danseuse] [Sept semaines plus tôt] [LIZ MAGIC LASER] Je vais démarrer l’appareil photo. [Déclenchement répétitif de l’appareil photo] [Chelsea, Manhattan] [Liz Magic Laser parle à la Main] On a travaillé sur le dernier discours d'Obama sur l'état de l'Union. BARACK OBAMA : -Monsieur l'orateur, Monsieur le Vice-président et membres du Congrès... LASER : -La fonction muet était activée. -Chers invités... -On s'est focalisé sur les mouvements de ses mains et de ses bras. Par exemple, le premier geste signifie : « Me voici, je suis là. » Main gauche sur main droite. Entrecroisées. LASER ET KRESGE : -Point, un, deux, trois, quatre, cinq, six. [RIRES] KRESGE : -Main gauche sur main droite. LASER : -Jouons avec le rythme, essaie de doubler la vitesse. C'est trop rapide ? -J’ai toujours perçu la politique comme quelque chose de très abstrait. Que disent-ils ? OBAMA : -Certaines sociétés violent les lois anti-fraudes... KRESGE: -Que cherchent-ils à dire ? Je trouve qu'il est plus facile d’observer leur langage corporel. Je ne pense même pas à ce qu'il dit. OBAMA : -C’est malhonnête et les Américains le savent. KRESGE : -Pour être honnête, ça je n'écoute pas. [RIRES] LASER : J'ai été frappé par la virtuose gestuelle d'Obama. Et j'ai commencé à me poser des questions sur la chorégraphie utilisée pour persuader le public. Ces techniques rhétoriques remontent à François Delsarte qui a développé un système oratoire pour que les acteurs, prêtres et politiciens captent l’attention de leur public. Il parle de ce cube imaginaire qui est en face de vous. Toucher le côté inférieur signifie que vous allez prendre soin des gens. Le dessus, que vous contrôlez, maitrisez les problèmatiques. On l'a appelé « Le visage numérique ». Pourquoi Delsarte nommerait-il un projet visage numérique au 19e siècle ? Cinq chiffres signifie cinq doigts, donc il parle du drame des mains. J'ai donc regardé les précédents discours de L'état de l'Union. JIMMY CARTER : -Nous répondrons aux menaces qui pèsent sur la paix. LASER : -Je pensais que Reagan serait le premier à s'animer, mais il s'est tenu à son script sans le moindre mouvement. La caméra recule mais il ne bouge toujours pas ses mains. RONALD REAGAN : -Et que Dieu bénisse l'Amérique. LASER : -Bush père a été le premier à utiliser ses mains et ses bras. GEORGE H. W. BUSH : -Il commence son discours avec ces mots, des mots d'une lointaine révolution. Nous tenons ces vérités pour évidentes... [Six semaines plus tard] LASER : -J'ai décidé de mettre Bush père dans un dialogue gestuel avec Obama, pour montrer comment les politiciens exploitent chacun de leurs mouvements. OBAMA : -Près d'un billion de dollars... -Les formateurs en prise de parole usent de la caméra pour détailler le mouvement. A notre tour on a utilisé des images figées pendant la répétition et optimisé la mécanique des gestes des interprètes. Je devrais commencer la répétition. On a décidé d'amplifier le son du déclencheur de l'appareil photo. Ce ton d'efficacité mécanique est devenu la bande-son. [ALAN GOOD] J'ai constaté deux choses chez Bush. D’une, c'est un serpent dans le sens qu' il rebondit rapidement sans mouvement musculaire au préalable. Ces mouvements de la main très rapides viennent de nulle part... C'est un peu comme se faire poignarder. [LASER] Génial.