Bonjour à vous tous. Je suis cardiologue et j'aimerais vous raconter une histoire sur la vie et la mort et tout ce qui advient entre les deux. Les cités anciennes comme Londres sont érigées au bord d'un fleuve, Et la puissante Tamise n'est qu'à quelques mètres d'ici. On dit que la Tamise est la force vive de Londres, et c'est vrai. Mais à l'intérieur de nous, nous avons aussi notre propre force vive, qui alimente chaque organe, chaque cellule, pour qu'on reste en vie. Et au centre de tout cela se trouve le cœur, qui bat 70 fois par minute, 24 heures par jour, commençant des mois avant notre naissance et jusqu'au moment de notre mort. C'est dire s'il est important ! Mais son travail est de faire circuler le sang, l'oxygène et les nutriments partout dans le corps. Et ces tuyaux qui partent du cœur et font le tour de notre corps - les artères, les capillaires, les veines - sont merveilleusement conçues. Si on devait les réunir bout à bout, pour chacun de vous, elles s'étendraient sur 100 000 km. Montrez-moi que vous êtes étonnés ! Imaginez, 100 000 km ! C'est deux fois et demi le tour du monde, à l'intérieur de votre corps ! Je vais donc vous montrer une vidéo. Imaginez que vous êtes un globule rouge et que vous surfez à travers ces tuyaux. Pas d'inquiétude, je ne vais pas vous affliger 100 000 km de vidéo ! Ce n'est qu'un court extrait pour vous donner une idée de ce qui se passe ici : des parois bien lisses, le sang qui coule là où on a besoin de lui. Regardons ensemble. (Battements de cœur) Ce n'est pas mon cœur. Voici le cœur ici. Qui pompe le sang à travers tout le corps, mais aussi pour lui-même, afin d'avoir assez d'énergie pour pomper. (Fin des battements de cœur) C'est un système génial, n'est-ce pas ? Mais, là, je regarde le public, et, je suis désolé de vous apprendre que vous subissez déjà presque tous une détérioration. Votre système vasculaire n'est pas bien lisse. De petites plaques de cholestérol se forment déjà. Je cherche des ados dans la salle – même chez vous, ce processus a commencé. Je vois d'autres parmi vous qui sont plus âgés. Vous, vous ressemblez un peu à une bouilloire ! (Rires) Vous êtes vraiment en train de vous boucher. C'est un processus qui dure toute la vie. On connaît plusieurs façons de retarder ce phénomène, mais regardons une vidéo qui montre ce qui arrive quand tout se passe mal. Plus sérieusement, environ une personne sur trois aura un jour une crise cardiaque ou un AVC (accident vasculaire cérébral). Vous pourriez donc être touché, et, avec le temps, j'en suis sûr, un membre de votre famille aussi. Environ une personne sur quatre – et je ne m'exclus pas… Vous avez deviné que je suis écossais, même si je travaille à Londres depuis 30 ans. Pour un Écossais, c'est son droit absolu de mourir d'une maladie cardiaque. (Rires) « Mon grand-père en est mort, mon père en est mort, et, bon Dieu, moi aussi je compte en mourir ! » (Rires) C'est un peu cette attitude qu'on doit changer. Mais je vais vous montrer ce qui arrive quand tout se passe mal. Dans cette vidéo, vous allez voir une grande plaque de cholestérol, ou gras, dans la paroi du vaisseau, ce qui est le cas chez la plupart d'entre nous. Le plus grave, c'est quand elle se rompt, que le haut se fend, et qu'un caillot de sang s'y forme bouchant complètement l'artère. Je vous laisse étudier cette illustration qui montre ce qui se passe. (Battements de cœur) (Ralentissement des battements) Elle bouche l'artère, et cette partie de l'artère qui alimente le cœur meurt… et vous avez un infarctus. Voilà ce qui peut arriver. Et c'est donc grave. C'est pourquoi il faut travailler ensemble pour réduire le risque qu'une artère se bouche. Et s'il y a une obstruction, de prévenir un accident cardiaque ou AVC. Mais, pendant une seconde, arrêtons de penser à nous et adoptons une perspective globale. C'est un phénomène dramatique. Depuis deux générations, ce problème se propage à travers le monde comme une épidémie. Autrefois, il ne frappait que les pays riches, comme les États-Unis et l'Europe de l'Ouest, Mais c'est devenu un problème mondial. 18 millions de personnes en meurent chaque année, soit une toutes les deux secondes. C'est le meurtrier le plus redoutable au monde, mais nous n'y faisons pas assez attention… Regardons ce qu'il se passe dans le monde pour comprendre le problème. Autrefois, il était peu connu dans de nombreuses parties du globe. Mais cela a très vite changé. Il ne touche plus seulement l'Amérique du Nord, mais l'Amérique du Sud et l'Asie, où les maladies cardiovasculaires étaient très rares. Je vais vous donner des indices pour expliquer pourquoi c'est arrivé en deux générations. En réalité, c'est simple et, j'espère, vous en connaissez déjà les raisons. Il suffit de sortir dehors pour constater les quantités de fast-food disponibles. Le tabagisme reste très répandu, surtout chez les jeunes femmes. Puis il y a notre mode de vie sédentaire. On passe de plus en plus de temps devant les écrans. Nous n'accompagnons plus nos enfants à l'école à pied, par exemple. Voilà les facteurs derrière ce changement, derrière cette épidémie qui gagne le monde entier. Mais ce sont des choses sur lesquelles nous pouvons agir, pour nos enfants, pour nos petits-enfants. Et c'est super de voir que Londres y participe, en nous donnant les moyens d'être actifs, en facilitant la circulation en vélo. Le maire de Londres demande aux constructeurs d'immeubles : « Vérifiez que les escaliers sont visibles pour qu'on puisse choisir. » Si vous ne retenez qu'une seule chose ici, dès que vous voyez des escaliers, pensez à moi ! Surveillez votre poids, faites attention au cholestérol et au diabète, et ralentissez la formation de plaque. Ne croyez pas que ce problème ne concerne que les autres pays. C'est toujours un fléau chez nous, et ce n'est pas près de disparaître. Regardons donc le Royaume-Uni. Vous pensez peut-être que ce problème touche les hommes plus que les femmes, Mais regardez les chiffres et les faits, en réalité, c'est pareil. Beaucoup de femmes pourraient penser qu'elles risquent bien plus de mourir d'un cancer du sein. Mais elles ont deux fois plus de chances de mourir d'un infarctus ou d'un AVC que d'une tumeur maligne. C'est donc une question essentielle qu'aucun de nous ne doit ignorer pour le bien de sa famille. Mon dernier point est de vous montrer ce que nous faisons en tant que médecins. Je vous ai montré ce vilain processus, mais ici, on voit de petits points bleus, signes d'un traitement médicamenteux sur lequel nous travaillons pour réduire les risques d'infarctus et d'AVC. Avant de terminer, je vais vous parler d'une nouvelle procédure médicale. Les cardiologues font tout le temps des essais cliniques, où nous testons une idée pour voir si elle peut être bénéfique aux malades. Et très récemment on a terminé une étude importante à laquelle 27 000 volontaires dans environ 60 pays ont pris part. On a tous entendu parler de l'aspirine, qui existe depuis environ 100 ou 120 ans et qui empêche assez bien la formation de caillots dans vos artères. « Assez bien », c'est loin être parfait. Les cardiologues ont toujours pensé que si on administrait quelque chose en plus de l'aspirine, les résultats seraient meilleurs. Mais on ne peut pas se fier à une intuition, il faut le prouver. Nous avons donc mené un vaste essai clinique auprès de 27 000 personnes, dont la moitié n'a pris que de l'aspirine, et l'autre moitié, de l'aspirine et un fluidifiant sanguin à faible dose : un anticoagulant. Toutes ces personnes avaient déjà eu un infarctus, un AVC, une angine ou un pontage coronarien. Nous savions donc que leurs artères étaient en mauvais état. On voulait savoir si l'aspirine prise seule était le meilleur traitement, ou est-ce qu'on devait le changer ? Ce qui est formidable, c'est que l'essai a été arrêté prématurément par le comité d'éthique, parce que les bénéfices d'ajouter l'anticoagulant à faible dose à l'aspirine ont été si spectaculaires qu'il aurait été contraire à la déontologie de continuer. L'aspirine associée à l'autre traitement était bien plus efficace, réduisant les risques d'infarctus ou d'AVC et augmentant l'espérance de vie. En temps voulu, quand on aura pris les mesures réglementaires, la façon dont les médecins traitent cette maladie va sans doute changer. En tant que cardiologues, nous travaillons avec les patients pour trouver de meilleures solutions si vous développez la maladie. Mais j'aimerais que vous réalisiez que vous aussi êtes responsables – de vous, vos enfants, petits-enfants et amis. Pensez à ce merveilleux système de tuyauterie : le système vasculaire. Et pensez que c'est très simple de le protéger tout au long de sa vie. En travaillant ensemble – vous et moi, et ma profession –, vainquons le meurtrier le plus redoutable au monde. Merci beaucoup. (Applaudissements)