Voilà comment ça se passe.
Je m'appelle Frank Stasio.
Une grande partie de la recherche scientifique
a été financée sur fonds publics,
mais l'accès au public en est restreint
par de coûteux péages – des « paywalls ».
Dans le même temps, certains éditeurs
de revues scientifiques ont des marges
plus importantes que des entreprises
comme Walmart, Google ou Apple.
Mais il y a un mouvement naissant
qui pourrait changer la donne.
Paywall
Le Marché du savoir
Les universités servent à instruire les gens,
il est totalement contre-productif
d'exercer une rétention de l'information.
Il n'y a rien à y gagner
à part de l'argent, du pouvoir.
et des choses contre lesquelles
il est important de se battre.
Beaucoup d'argent ?
Beaucoup d'argent !
Un marché se comptant
en milliards de dollars.
La publication scientifique est un marché
qui génère 25,2 milliards de dollars par an.
Ce journal, Biomaterials, publié par Elsevier,
coûte en moyenne 10 702 $ par an (version électronique)
Est-ce de l'argent bien dépensé ?
Difficile à dire.
En 1995, le magazine Forbes prédisait que
la recherche serait la première victime d'Internet.
Les universitaires sont progressistes et les revues
gagneraient moins si le contenu était en ligne.
23 ans plus tard,
rien n'est moins vrai.
S'il est une chose à retenir
de l'histoire,
C'est que nous sommes très mauvais
pour prédire l'avenir.
Pourtant c'est quelque chose
que les médias adorent faire
et dont le public raffole.
C'est ironique...
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[blip]
L'édition scientifique est une industrie qui
dégage une marge d'environ 35 à 40 %.
Au fil des années
j'ai étudié les chiffres,
et Walmart, par exemple,
a une marge d'environ 3 % ;
et Walmart, pour les gens,
c'est un genre de monstre maléfique.
Mais c'est 3 % par rapport à 35 %.
Vous voyez, j'aurais pu changer d'idée,
me dire que Walmart n'est pas si mal
par rapport à d'autres entreprises
dans d'autres secteurs.
En gestion de patrimoine, c'est environ 21 % ;
celle de Toyota environ 12 %.
Comment peut-on accepter de telles
marges de profit dans ce secteur
alors que leur matière première
ne leur coûte rien ?
— Quelles sont les filières
comparables
avec ce genre de marges de profit,
à 32-35 % ?
— Franchement, je n'ai jamais
entendu parler
d'entreprises avec de telles marges.
Dans la plupart
des autres branches, les branches normales,
ce genre de marge
évoque une logique monopolistique.
Même si hors du monde universitaire
les gens ne lisent pas beaucoup ces articles,
ne les trouvent pas utiles,
il les paient quand même.
Vos impôts vont aux gouvernements
qui vont financer les universités,
qui ont elles-mêmes des bibliothèques
qui paient des abonnements aux éditeurs.
Les revues et les éditeurs
profitent de votre argent.
Que ce soit vous ou votre voisin,
tout le monde met la main à la poche.
Et ceux qui en tirent les bénéfices
sont les éditeurs.
Tout le monde a droit à une marge de profit.
Mais comment des revues – des revues (!)
peuvent-elles dégager des marges
supérieures aux plus grosses entreprises techno ?
Eh bien, la raison, c'est que
les travailleurs ne sont pas payés.
Dans quelle autre industrie
(je n'en vois pas),
ceux qui produisent,
ici, les auteurs, les relecteurs,
ne gagnent-ils rien ?
Les marges de l'édition
n'ont rien à envier à qui que ce soit :
il y a quelques années, je les ai comparées
à celle de Facebook et elles sont à peu prés égales
à celles des entreprises de logiciels
les plus prospères.
Facebook, il va sans dire,
se développe à l'infini
et on pourrait dire qu'aucune entreprise
n'a mieux réussi depuis 5 ou 10 ans.
Les profits de l'édition sont donc obscènes,
ce pourquoi les éditeurs ne sont
pas pressés que cela change.
65
00:04:28,724 --> 00:04:31,324
La vraie question, c'est
pourquoi les marges sont si élevées,
de l'ordre de 35 % de plus que
Google ; comment est-ce possible ?
C'est simplement lié
au pouvoir de fixer les prix
Vous, si vous êtes Elsevier, imaginons,
vous avez un accès exclusif ;
vous vendez du contenu
à une université.
Ce n'est pas vraiment
comme aller au supermarché,
où, par exemple, si une bière est trop chère,
vous en choisissez une autre.
Un bibliothécaire de l'université
ne peux pas vraiment dire,
"Bon, les revues d'Elsevier sont trop chères,
on prendra celles de Wiley cette année."
Il vous faut toutes ces revues.
Et donc, les éditeurs peuvent définir
des prix aussi élevés qu'ils le souhaitent,
les universités vont en fait rarement rechigner.
Elles peuvent faire semblant,
mais en réalité elles doivent y avoir accès,
cela place les éditeurs
en position très avantageuse.
Il y a là un problème de marché.
Le marché de l'édition présente
ce que quelqu'un a appelé un risque moral,
ce qui n'a rien a voir avec l'éthique,
c'est un terme économique.
Un risque moral survient
quand l'acheteur d'un bien
n'en est pas le consommateur.
Et quel est ce bien
sur le marché traditionnel de l'édition ?
C'est l'accès,
l'accès par les lecteurs.
Les consommateurs sont des gens comme moi
qui veulent lire les articles,
mais les acheteurs sont d'autres personnes,
je ne suis generalement pas abonné.
La bibliothèque de Harvard dépense une fortune
pour s'abonner à toute une panoplie de revues.
Mais, je suis insensible au prix de ces revues
car je n'ai pas à payer la facture.
Mais c'est de l'argent réel, n'est ce pas ?
L'édition de revues
scientifiques est un secteur
de 10 milliards de dollars par an.
Ce n'est pas rien.
C'est beaucoup d'argent.
Quand on voit des marges de profit
de 30 à 40 % de cette somme,
qu'on pourrait réinvestir
dans la recherche
que ce soit pour soutenir
des projets scientifiques,
ou soutenir des universités,
recruter plus de chercheurs,
payer plus les professeurs,
réduire le coût des études,
cet aspect financier est symptomatique
du décalage de
ce modèle commercial
sur le plan de la pertinence
pour la recherche.
D'habitude, on ne pense
pas au rapport
entre les bénéfices
de ces entreprises
et l'augmentation constante
des droits de scolarité.
Or, c'est lié.
Ce n'est pas un
problème marginal.
Il ne s'agit pas de querelles
internes entre chercheurs,
mais de problèmes
sociaux fondamentaux.
Quel est l'avenir de nos sociétés ?
Le prix des revues
augmente bien au-delà de l'inflation
et bien plus
que le budget des bibliothèques,
depuis des décennies,
pas juste des années.
Et c'est une catastrophe.
Il y a à peine 10 heures,
l'université d'Anthem a fermé.
L'université Saint-Joseph
va bientôt fermer.
Criblée de dettes, l'université
Dowling ferme aussi.
Cette fermeture soudaine jette
les professeurs à la rue
et oblige des milliers d'étudiants
à se trouver une autre université.
Le monde universitaire
n'a pas vraiment étudié
le véritable coût
de la diffusion de la recherche.
Ce sont les budgets des bibliothèques
qui ont dû faire face au problème,
et nous avons souvent dû aller
quémander à l'administration
des rallonges pour nous abonner
aux revues de science, technologie,
médecine,
dont les prix venaient de flamber d'un coup
pour telle ou tellle raison
invoquée par les éditeurs.
La recette du profit
c'est la rareté.
Bienvenue dans le monde des « péage »
qui bloquent la recherche.
— Est-ce que vous avez rencontré un péage ?
— Certainement.
J'ai absolument rencontré un péage.
Je me heurte à des péage fréquemment.
— Êtes-vous déjà tombé sur un péage ?
— Oh oui.
J'ai heurté un péage
Assez souvent, je tombe sur un péage, oui.
Quand j'étais étudiant,
J'ai heurté un péage.
Je tombe souvent sur des péage.
— Qu'en pensez vous?
— Je suis furax.
Les étudiants poursuivent leurs études,
obtiennent leur master
passent dans une entreprise essaimée
et d'un coups se rendent compte
qu'ils n'ont plus accès
aux résultats de recherche
dont ils ont besoin
parce qu'ils ne sont plus liés à l'université.
Ils viennent frapper à ma porte.
Et je suis obligé de leur dire, en tant que documentaliste,
Je suis dans cette position délicate,
de bloquer aux utilisateurs non étudiants
l'accès à la recherche financée par le public.
Ce qui est totalement contraire
aux missions d'une bibliothèque et d'un documentaliste.
C'était une vraie révélation.
Est-ce que vous pouvez
nous parler un peu de vous ?
Je m'appelle Dwight Parker,
j'étais en train de travailler pour
ma thèse en psychologie de l'éducation
quand j'ai décidé de faire un break,
et je vends des voitures.
Tant que j'étais dans le programme,
j'avais accès à beaucoup de choses.
Mais une fois que vous en sortez,
Ces ressources ne sont
tout simplement plus accessibles ;
ou elles ne l'étaient plus pour moi en tout cas.
J'étais dans la psychologie de l'éducation
et la plupart de la recherche
est payée par l'argent public,
donc il s'agit de l'argent des contribuables
qui financent la recherche,
et qui sont à nouveau facturés,
ce qui est absurde.
— Je veux dire, c'est absurde.
— Tout à fait
Sans oublier que c'est un bien public.
Je veux dire, certaines recherches scientifique.
J'ai besoin de pouvoir accéder
à cette recherche sans barrière.
Je veux dire, je n'ai pas 79.99 ou..
pour faire ça.
Pas en vendant des voitures.
Même la plus belle des voitures.
Si je travaillais pour Elsevier,
je pourrais me le permettre.
Ou l'un des autres éditeurs.
Je veux dire, c'est tellement...
Tu vois... Les gens le font,
c'est tellement...
L'argent corromps tout, tu sais ?
Tu as l'argent, tu as le gouvernement,
et tout le monde est tellement...
c'est comme si la science se perdait.
Vraiment, elle s'y perd.
Ma femme a
une embolie pulmonaire
Ils ne savent pas pourquoi.
Personne n'est sûr de pourquoi
elle fait cette embolie pulmonaire.
Ça pourrait être un grand nombre de choses,
donc j'ai commencé à faire ce que je fais,
c'est à dire aller sur internet et faire
des recherches.En butant sur ces péage
derrière lesquels se trouve
des études sur les embolies pulmonaires.
et je n'ai pas les moyens de dépenser cet argent,
pour lire un papier de recherche
juste pour me rendre compte
qu'il ne s'applique pas à elle. Pertinent pour notre situation.
C'est peut-être le cas.
Peut-être pas.
Mais je n'ai pas assez d'information
devant moi pour le dire !
Alors que ça pourrait sauver sa vie !
La raison pour laquelle nous faisons de la recherche
est que nous essayons de résoudre
des problèmes dans le monde.
Nous essayons de guérir des maladies ;
nous essayons de maintenir l'eau pure ;
nous essayons de ramener à zéro la pauvreté.
Nous essayons d'éradiquer
certaines maladies une fois pour toutes.
Et si vous voulez y arriver,
il faut être sûr que chacun y ait accès.
Pas seulement les pays riches,
pas seulement les gens qui ont un doctorat,
Mais que tout le monde
puisse lire les publications de recherche,
y réfléchir et ensuite participer.
Mais quand une large partie de la population
n'a pas accès à la recherche,
le nombre d'entre nous qui résoud les grands problèmes
est bien plus faible.
Les éditeurs ont participé au partage du
dialogue universitaire
pendant des siècles.
Et pour celà, ils sont vitaux.
Mais en même temps, toute une population,
la grande majorité,
n'a pas accès à la recherche
sur les développements actuels
en science, médecine, culture, technologie,
science environnementale.
Et ils sont confrontés au fait de devoir essayer de
comprendre le monde sans accéder
aux meilleures connaissances à son propos.
Quelque part, c'est tragique
Les universités occidentales ont des financements
importants pour leurs bibliothèques,
Donc elles sont dans...
elles peuvent s'abonner à des revues scientifiques,
donner un accès à leurs étudiants,
Mais dans les pays en développement,
les bibliothèques sont vraiment pauvres.
Ainsi, on finit par faire tout soi-même
sans aucun soutien
de l'université.
Et même si vous essayez de vous rapprocher des
membres de l'université ou de vos professeurs,
vous avez la même réponse,
« nous avons fait pareil
et vous devez faire pareil ».
Donc, vous continuez, et personne
n'a de résultats concrets.
Donc, mes recherches étaient plus
en recherche fondamentale.
Relativité restreinte, plus exactement.
Et beaucoup de ces articles,
encore une fois, avaient
« Vous devrez payer pour ça ».
Je dirais que je ne paierais jamais
pour un article,
spécialement dans la situation économique du Venezuela,
actuellement, c'est encore pire, malheureusement.
Mais même quand j'étais étudiant là-bas,
vous preniez juste votre carte bancaire
et vous achetiez sur Internet.
ainsi, de cette impossibilité d'accès
est né un mouvement.
Et ce mouvement s'appelle « open acces » [accès libre].
Dans sa forme la plus simple,
l'open access est,
un accès gratuit
et sans entrave à l'information.
Très simplement, c'est un moyen
de démocratiser l'information.
Cela réduit la disparité
et promeut l'égalité.
Il y a beaucoup de scientifiques
qui peuvent ajouter leur pierre aux recherches
qui ont été faites auparavant
s'ils y ont accès.
Il y a peut-être certains des plus brillants esprits
de notre génération
qui vivent en République centrafricaine et
qui n'ont accès à aucun des contenus.
Que peuvent-ils alors construire sur la base de ce qu'on sait déjà ;
comment peuvent-ils participer à aller plus loin, plus vite ?
Et je pense que l'open access,
c'est exactement ça.
Il permet aux gens
qui veulent accéder aux connaissances
d'accéder aux connaissances
et de les enrichir.
Je pense qu'être passionné de l'open
access est une bonne chose.
Là où je m'inquiète
c'est quand la passion de certains pour
l'open access
les conduit à ne pas vouloir penser
ni à son prix,
ni à ses bénéfices.
Je m'inquiète quand l'open access
devient une religion
ou quand il devient une auréole
que tu dois aimer quoiqu'il
y ait en dessous.
Si nous perdons notre capacité, ou pire,
notre volonté à être critique
à penser de façon aussi critique et analytique
à un modèle d'open access
que pour un modèle d'accès payant
alors nous ne sommes plus
dans le cadre de la raison et de la science ;
nous sommes dans le cadre de la religion.
Et, étant une personne religieuse moi-même,
je n'ai rien contre la religion,
mais c'est important de ne pas la confondre
avec la science.
Je me rends compte,
surtout si vous être de l'autre côté,
que cela paraîtrait religieux.
Il y a beaucoup de croyances, non ?
C'est un mouvement basé sur la croyance
pour beaucoup de gens.
Mais les exemples les plus puissants de ce
mouvement viennent de la littérature biomédicale.
Des parents qui ne peuvent y avoir accès
des membres de la famille qui n'ont pas accès
Et cela donne des éléments de témoins
et témoignages qui s'approchent du religieux,
au moins dans les nuances, non ?
Et il y a un vrai pouvoir dans ces témoins, ces témoignages,
qui se rapproche des mouvements évangéliques.
Nous pouvons avoir une conversation très pointue
à propos de l'innovation,
où je peux vous raconter une histoire émotionnellement chargée ;
laquelle sera la plus virale ?
Les mouvements doivent être ouvert à tous, non ?
Les mouvements sont plus grands que les organisations ;
Ils sont plus grands que les peuples/les gens
quand ils fonctionnent, non ?
En quelque sorte, c'est pour ça qu'ils fonctionnent :
ils prennent cet aspect d'avalanche inarrêtable.
Pour moi, je fais ça
pour que cela
contribue à l'efficacité de la recherche.
Je veux voir l'efficacité
de la recherche augmenter au niveau global.
C'est mon but principal.
Si vous disiez que la science enclose est le bon moyen,
je supporterai la science enclose.
Il faut que l'efficacité de la recherche
vienne avec une augmentation de la qualité,
une augmentation de l'inclusion, de la diversité,
de l'innovation.
Avoir plus de personne
qui peuvent participer est bénéfique.
Nous avons de gros problèmes à résoudre
J'ai été très impliqué
vraiment très impliqué
dès le début de l'Open Access
dans les sciences du vivant.
Et notre espoir était que l'Open Access n'apporterait pas seulement
un changement significatif au niveau de l'accès;
cela semblait complètement fou
que la plupart des recherches ne soient pas disponibles
pour les gens qui en avaient besoin.
Je suis allé visiter l'université de Belgrade
il y a quelques années
et j'ai rencontré des étudiants
avant de donner mon cours
et nous marchions
dans une pièce
en discutant de ce que
chacun faisait comme recherche
de ce sur quoi chacun travaillait
pour sa thèse
Et presque tout le monde dans la pièce
travaillait sur la cognition implicite.
Et c'était tellement étonnant
de voir autant d'étudiants
travailler sur cet axe particulier de recherche
que j'ai dit,
"Comment se fait-il que vous travailliez tous là dessus ?
Comment se domaine de recherche est-il devenu si populaire ?
Et la réponse était simplement,
"Nous pouvons accéder à la littérature scientifique sur ce sujet".
J'ai demandé : "Que voulez-vous dire ?"
"Et bien c'est la norme pour la plupart
des chercheurs de notre domaine
de mettre leurs articles en ligne.
Donc nous pouvons y acceder.
et savoir ce qui est en cours
dans ce champs de recherche.
ce que nous ne pouvons pas
faire dans d'autres sous-disciplines."
J'étais attérré.
Qu'ils prennent la décision du sujet de leur recherche
uniquement par rapport à ce dont ils peuvent accèder.
Quand je dirigeais la bibliothèque
et que nous devions faire
des réductions importantes dans nos abonnements
à cause des contraintes budgétaires,
comme toute les bibliothèques,
nous avons fait une série de focus group
pour essayer de voir comment les gens y faisaient face.
Une des personne qui m'a beaucoup marqué
étaient un jeune étudiant de M.D Ph.D
qui avait parlé à son directeur de thèse,
qui lui avait dit :
Ces domaines sont interessant,
lit beaucoup dans ces domaines."
l'étudiant m'a dit "Donc je devais lire beaucoup,
mais ma capacité à lire largement
est limité par ce dont vous avez accès.
Et donc mon memoire va être limité par
ce à quoi vous allez pouvoir souscrire,
parce que je ne peux plus mettre la main et lire
les textes auxquels vous n'avaient plus accès."
Certains des défis
les plus important du monde
are not going
to be solved
ne vont pas être résolus
par un seul groupe de chercheur.
Et nous savons que la recherche
interdisciplinaire et la collaboration
sont le meilleur moyen
pour obtenir des solutions plus rapidement.
Beaucoup de ces challenges
sont très dominants
- eau propre, sécurité alimentaire,
réchauffement planétaire, santé publique -
ils y a tellement de défis
à résoudre
qu'il n'y a aucune raison
de ne pas vouloir faire tout ce que l'on peut
pour mettre en place cette collaboration
et lui permettre de se produire.
La connaissance médicale et l'expertise pointue
peut être à tous les points du globe;
nous n'avons juste pas assez puisé dedans.
L'un de mes amis est un chirurgien à Stanford,
spécialisé en cardiologie pédiatrique.
Il a observé en allant en Inde
dans un établissement qui a déjà
traité 10 fois plus de patients
que lui
qu'ils étaient capables d'obtenir
des résultats quasi équivalents aux siens
à Stanford
et qu'ils pouvaient le faire pour
5 à 10 % du coût.
Et pour moi, c'est génial !/du génie
C'est génial !
Et vous penseriez que dans le monde occidental
nous voudrions comprendre
ce qui se passe en Inde
autant qu'eux voudraient voir
ce dont nous sommes capables avec nos
merveilles de technologies.
Il est facile de conclure que
la connaissance doit être ouverte
pour que la connaissance arrive.
Et c'est assez curieux qu'elle ne
soit pas encore ouverte.
Et c'est vraiment à cause de la façon
dont nous en sommes arrivés ici.
Depuis la création des revues érudites
au milieu du 17e siècle,
les auteurs ont écrit pour elles sans payer,
et ils écrivaient pour l'impact,
pas pour l'argent.
Pour mieux comprendre le processus de recherche,
nous avons été là ou les revues scientifiques ont commencé :
la Royal Society de Londres.
Je suis Stuart Taylor, je suis
directeur de publication ici, à la Royal Society.
La Royal Society est l'académie des sciences nationale
de Grande-Bretagne.
Elle a été créée en 1660
en tant que société des premiers scientifiques,
comme Robert Hook et Christopher Wren.
Quelques années après, en 1665,
Henry Oldenburg
qui était le premier secrétaire de la société,
a lancé la première revue de science au monde ici.
Elle s'appelait Philosophical Transactions.
Et c'était la première fois que
les avancées et découvertes scientifiques
des premiers scientifiques
étaient clairement enregistrées.
Et cette revue a littéralement
posé le modèle
que nous connaissons aujourd'hui
pour les journaux scientifiques.
Donnant corps aux quatre principes : archivage,
enregistrement, dissémination et vérification.
Ce qui signifie, voir votre découverte
associée à votre nom à une date précise,
la voir vérifiée par vos pairs.
la voir disséminée vers d'autres scientifiques,
et la voir archivée pour le futur.
Dès qu'il y a eu des réseaux numériques,
les chercheurs ont partagé le savoir dessus.
Depuis, disons, le début des années 1990,
les scientifiques ont largement
promu l'Open Access.
Pas seulement en utilisant les réseaux pour
diffuser leurs travaux et recherches
mais aussi en en assurant la promotion
et en essayant de le partager à d'autres.
On pourrait penser que j'exagère, mais
Je pensais vraiment alors
et je n'étais pas seul
que si vous avez une
idée formidable
ou si vous faites une avancée,
vous aimez à penser que c'est parce que
vous avez été inspiré ou
vous avez travaillé plus que tout le monde,
mais vous n'aimez pas penser que c'est parce que
vous avez eu un accès privilégié à l'information.
Et donc, une part de mes intentions en 1991
était juste de monter le niveau,
c'est à dire, donner accès à tout le monde
à la même information au même moment.
et de ne pas avoir, vous voyez,
de disparités dans l'accès.
40% de tous les articles publiés
dans le "New England Journal of Medicine"
- et à ce moment là le "New England Journal of Medicine"
est sans doute
le journal avec le plus fort impact au monde -
mais 40% des auteurs viennent
de 200 Km autour de Boston
où se trouve le siège
du "New England Journal of Medicine".
L'édition est vraiment un jeu d'initié.
Ceux d'entre nous qui sont à l'intérieur
ont des accès facilités à la publication et l'accès
puisque nous appartenons aux institutions les plus riches.
Beaucoup de gens
souffrent des conséquences
de l'actuel
système académique
Un grand nombre de médecins auraient avantages
d'avoir l'information la plus récente
à propos des meilleurs traitements
à administrer à leurs patients.
Il y a tant de recherches
déjà effectuées
C'est ridicule parfois d'essayer d'accéder
à un papier écrit en 1975
Et qui est toujours en accès payant.
Cela n'a aucun sens.
Les journaux scientifiques ont fait
un long chemin depuis 1665.
Nous avons à présent la possibilité d'atteindre
nombre de personnes simultanément sur le globe
pour presque rien, et
ceci est une énorme avancée pour les scientifiques.
De nombreux auteurs pensent que si
ils publient dans une revue conventionnelle
particulièrement une revue importante,
prestigieuse, à fort facteur d'impact,
une revue conventionnelle de qualité,
ils atteignent tous ceux
qui s'intéressent à leurs travaux.
C'est faux.
Ils atteignent tous ceux qui ont la chance
de travailler pour une institution
qui a les moyens financiers
de s'abonner à ce journal
Et même si ces revues sont des
"best sellers" et qu'ils sont incontournables,
que toutes les bibliothèques veulent s'y abonner,
il y en aura toujours qui ne pourront pas payer.
et beaucoup de bibliothèques ont depuis longtemps
supprimé même des abonnements incontournables
simplement parce qu'elles n'ont plus l'argent
Donc les auteurs bénéficient
d'une audience plus large
et par cette audience plus large
d'un impact plus grand
parce que votre travail ne peut avoir d'impact,
être les fondements d'autres travaux,
cité, pris en compte ou utilisé
que si les gens savent ce qu'il est.
Et beaucoup d'universitaires travaillent pour l'impact.
Une partie du travail des universitaires
est d'étudier des questions,
d'essayer d'éclairer un phénomène
à partir de ce qu'ils ont appris
et ensuite de partager avec les autres
pour que d'autres puissent dire
"Eh, vous êtes sur de ceci ? De celà ?"
ou "Laissez-moi utiliser cela
d'une manière différente."
Ainsi, en fait, la connaissance est une conversation
et la seule manière d'avoir une conversation
est de savoir ce que l'autre dit
et sur quoi il se base pour le dire.
Et ainsi l'ouverture est fondamentale pour que la
connaissance fasse se qu'elle est supposée faire.
Il y a un mythe originel à propos
de l'open access.
Il n'y a pas de relecture par les pairs,
c'est "bas de gamme", et ainsi de suite
et nous savons que
quand vous ouvrez vos travaux
les gens verront vite si vous mentez,
vous serez pris très vite.
Si vous loupez quelque chose d'important
en termes de preuves
quelqu'un vous le dira.
Si vous n'êtes pas attentif à vos arguments
ou si vous oubliez une référence importante
quelqu'un vous le dira.
Et alors vous, en tant que chercheur,
profiterez de ces remarques et critiques et autres,
ainsi votre recherche sera meilleure,
et pas de moindre qualité !
Si vous ne travaillez pas dans ce cadre
vous n'avez pas de contacts
vous n'avez pas idée de cette espèce
d'impact dramatique
que ces tensions/échanges vont avoir
sur les gens.
Vous savez, quand vous regardez l'EPA
(agence de protection environnementale américaine)
mettre hors ligne la rubrique sur le changement
climatique de son site internet, il y a
un impact réel et concret à ne plus avoir d'information.
Il y avait là énormément d'informations gratuites
et nous savons comme celà peut être problématique.
Ce n'est bon juste parce que c'est gratuit,
ce n'est pas mauvais juste parce que c'est payant
et je pense que c'est la problématique que cette communauté
aura toujours à gérer.
Bien sûr, dans les tous premiers jours
du mouvement Open access
et des revues Open access, cette notion que
l'édition Open access n'est pas de haute qualité
était très prédominante
mais maintenant cela a changé.
Pour nous, l'Open access,
ne remet pas du tout en cause
l'évaluation par les pairs.
En fait, vous savez,
cela va même la rendre meilleure.
Le système d'évaluation dans nombre de pays,
nombre de pays en voie de développement,
reproduit toujours le nôtre,
en Angleterre et aux États-unis.
Nous avons mené une enquête récemment, sur
la perception de nos chercheurs
à propos de l'Open Access, et un grand nombre,
vous savez, disait
"Super, l'Open Access est exactement
ce que nous avons besoin, nous avons besoin
d'avertir le monde entier de nos recherches.
Tout le monde doit y avoir accès. C'est super."
quoiqu'il en soit, quand nous demandions aux chercheurs
leurs priorités concernant les journaux
où ils souhaitent publier,
les critères les plus demandés étaient l'impact
l'indexation, et en fin de liste, l'accès libre
Donc pendant qu'ils faisait la promotion
du libre accès
malheureusement, à cause du
système de récompenses, c'est assez déconsidéré
parce qu'ils ont toujours besoin
de faire progresser leur carrière.
Nous avons mis en place
le libre accès pendant un certain temps.
L'impact n'a pas été aussi
rapide que prévu,
et je suis vraiment inquiet pour les 5
années à venir. A quelle vitesse allons nous bouger?
Y'a-t-il une raison pour que les journaux
soient si lents à changer?
Et bien vous pourriez dire
qu'ils sont résilient [rires]
Je pense qu'il y a un peu de léthargie.
Comme vous le savez
les universitaires sont parmis les personnes
les plus conservatrices de la planète.
C'est vrai, il peuvent innover
avec leurs recherches
mais les structures académiques sont
très lentes à évoluer.
La communauté academique
est très, très conservatrice.
C'est très difficile de changer le système
de manière significative
dans la communauté universitaire.
Le processus de titularisation
est le même
qu'il y a 150 ans.
Les auteurs sont bien au courant
que leur chance de progresser
de garder leur travail,
d'obtenir des financements,
de grands pans de leurs carrières
dépendent de là où ils publient.
et ce besoin a créé
une sorte de prison
dans laquelle les auteurs ne peuvent
trouver de lieu de publication alternatif
excepté dans ces journaux
qui sont les plus à même
de les aider dans leurs carrières.
Un des plus gros obstacles
au libre accès est en fait
l’évaluation des ressources,
et la titularisation, et toute ces choses.
Parce qu’il y a toujours cette tendance
à dire, OK,
si vous publiez quatre articles
dans les journaux les plus cotés,
vous faites un meilleur travail de recherche.
Il est tout à fait possible que ces articles
ne soient jamais cités, voire jamais lus.
Mais l’influence d’un journal
fait office d’indicateur de qualité.
Et nous savons tous que cela
se prête bien au pari et à la fraude
Le facteur d'impact est en fait
le nombre moyen des citations
qu'une revue obtient
sur une période de 2 ans.
Le facteur d'impact est un indicateur pervers
qui a été en quelque sorte ancré
dans le système d'évaluation et la façon dont les chercheurs
sont évalués dans le monde.
Vous pouvez faire payer pour un sac à main Gucci
bien plus cher
que pour un autre que vous
trouvez dans un magasin de la ville
les facteurs d'impact ont perverti
l'ensemble du système
de communication des connaissances.
Même leur créateur, Eugene Garfield,
a dit qu'ils ne devraient pas être utilisés de cette façon.
Vous devez commencer à vous dire, à ce stade,
qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
Et la nature faussement scientifique de ces chiffres,
le fait qu'ils soient [présentés] comme précis
à trois décimales près
alors qu'ils ne le sont vraiment pas,
leur donne un vernis faussement scientifique.
La Royal Society a signé, il y a quelques années,
un document appelé
la Déclaration de San Francisco sur l'évaluation
de la recherche, abrégée D.O.R.A. en anglais,
qui demande aux institutions
et aux investisseurs d'évaluer les scientifiques
par des techniques qui n'utilisent pas le facteur d'impact.
C'est à dire retourner à l'évaluation par ses pairs
et regarder le travail en lui même
plutôt que simplement se reposer sur un indicateur
que beaucoup pensent être
un indicateur très biaisé.
Mais la manière de
s'occuper du problème est de
de commencer à séparer
l'évaluation d'un chercheur
des revues dans lesquels il publie.
Et si vous êtes capable d'évaluer
un chercheur selon les recherches
qu'ils produisent eux même, plutôt que
où cette recherche a été publiée,
Je pense qu'alors vous pouvez commencer à permettre
aux chercheurs de publier dans
des revues qui offrent un meilleur service;
une meilleure diffusion, un coût plus faible, toutes ces choses.
Les jounaux qui sont très sélectifs refusent des travaux
qui sont parfaitement publiables et parfaitement corrects,
mais ils les rejettent parce que
ce n'est pas une avancée significative,
ou que ça ne va pas faire les gros titres,
comme le pourrait un article sur une maladie ou sur les cellules souches.
Donc ils sont refusés
et vont voir une autre revue,
passent de nouveau une évaluation par leurs pairs
et ça peut tourner ainsi, de cycle en cycle.
En fait, l'idée derrière le lancement de la revue PLOS One
(projet américain à but non lucratif de publication scientifique anglophone à accès ouvert)
était exactement de limiter ces pertes de temps
des scientifiques, des évaluateurs et des éditeurs,
qui sont finalement imputés à la science et à la société.
Le temps qu'il faut pour envoyer pour évaluation
dans les revues du premier tiers,
et peut être ne pas être publié
et aller vers d'autres journaux
enferme ce type particulier de recherche
dans une boucle temporelle.
C'est dans l'intêret de ceux qui financent
la recherche, qui payent
des millions ou des millairds de dollars
pour financer la recherche chaque année,
pour que cette recherche soit disponible
de manière ouverte.
Il y a eu un grand nombre
de façon différent d'y arriver
et beaucoup de gens ont dit
avançons par petits pas,
créons d'abord ce que l'on appelle
la voie verte de l'accès libre
où vous offrez uniquement l'accès au contenu,
sans droits d'usage associés.
La Fondation Gates a dit
"Ce n'est qu'une demi-mesure,
Nous ne sommes pas là pour faire
des demi mesure, faisons le bien, ou pas du tout."
Je les ai vraiment applaudi de ne pas vouloir
prendre le chemin le plus simple.
Ils ont assez de prévoyance,
et, franchement, d'influence,
pour demander de bien faire dès le début.
Du point de vue de la Fondation
nous en étions capable,
grace à nos financement,
en travaillant avec nos bénéficiaires
"oui, nous allons vous donner cet argent,
et oui, nous voulons que vous fassiez
une certaine recherche scientifique et technique
et que vous ayez des résultats particuliers,
mais nous voulons que vous le fassiez
d'une façon particulière."
Et l'une des façons dont nous voulons
que les gens travaillent est de s'assurer
que les résultats de ce qu'ils font
est largement ouvert et accessible.
Et, en plus de ça, nous voulons être surs
que non seulement l'argent que nous dépensons
directement dans nos investissements
et de nouvelles sciences et technologies
conduit à un bénéfice tangible pour ces gens,
mais nous voulons aussi le voir avoir
un effet démultiplicateur pour que l'information
et les résultats de ce que nous avons financé sortent
pour une utilisation plus large par la communauté scientifique,
que la communauté universitaire les poursuivent
et en quelque sorte les accélère
et étende les résultats
que nous obtenons.
- A quoi pensez-vous en
entendant parler d'Elsevier ?
Oh mon Dieu.
Oui. Elsevier est une épine dans le pied
pour nous en Afrique,
parce que leurs tarifs sont trop
élevés pour nous,
ils ne veulent pas les baisser.
Vous savez, je pense
qu'on peut dire que Elsevier est
en fait un bon contributeur
à la communauté des éditeurs.
- Elsevier. Ce qui vient à l'esprit ?
Et bien, un niveau de profit qui
je crois est malheureusement
difficile à accepter.
Et insupportable, parce que
du point de vue d'une Université
bien sur, ce sont uniquement des fonds publics.
Leurs pratiques de licence qui ont certainement
évolué dans le temps.
Vous savez, si on examine les pratiques commerciales
ou de réutilisation dans les 10 dernières années,
je pense qu'ils ont fait beaucoup
de changement qui les ont rendu
plus favorables aux auteurs
ou aux chercheurs.
Donc il y a vraiment une évolution.
Ces éditeurs, quand nous publions
quelque chose chez eux,
c'est financé par nos équipes de recherche.
C'est de l'argent public en somme.
Donc nous donnons l'argent,
mais ils se l'approprient (??) le verrouillent
Je ne les caractériserais pas
comme un mauvais acteur.
Je pense qu'ils font beaucoup
pour soutenir l'innovation
et des initiatives assez
"inter-industrielles"
Il y a beaucoup de raisons qui font
que les gens voient Elsevier comme
une sorte de "bad guy".
Jetez un oeil à leur rapport annuel,
il est en ligne.
leurs profis augmentent ; leurs dividendes augmentent ;
ils se portent très bien ;
ils ont fait plusieurs milliards de livres
de bénéfice l'an dernier.
Au final, est-ce que notre industrie
traite correctement les chercheurs ?
Sommes-nous des passeurs
responsables pour ces importants
concepts ou idées,
en les rendant accessibles au monde entier,
en les diffusant et les réinjectant
dans la communuaté ? Je dirais oui.
Pour ma part, je pense
qu'Elsevier
a très mauvaise presse ;
une partie est méritée, je pense.
Je pense aussi qu'ils ont produit nombre
d'innovations intelligentes dans la publication
dont nous avons tous bénéficié.
Je me souviens quand je suis arrivé à UC Press,
Je suis passé de 20 années
dans l'édition commerciale
au monde de l'édition universitaire non-lucrative, et
il est apparu que l'un des soucis majeurs
d'une partie de l'équipe de direction était
que j'allais pousser UC Press dans les bras d'Elsevier.
Ce qui évidemment n'est pas arrivé.
Mais je... Plus sérieusement, je pense
que ceux parmi nous travaillant dans l'édition
non-lucrative peuvent apprendre
énormément de ces grands groupes.
J'ai travaillé pour Elsevier pendant une année,
Donc je dois le préciser ;
J'ai également travaillé 15 ans
pour des sociétés académiques à but non lucratif.
Et j'étais éditrice dans
ces deux types d'environnements.
Ce sont des environnements différents. Et pour moi,
ma vision de l'édition commercial a été formée
par mon expérience construite
dans l'édition académique.
J'ai travaillé pour l'American Astronomical
Society, où notre mission centrale était
de mettre la science
dans les mains des scientifiques
quand ils le voulaient,
de la manière qu'ils voulaient.
Je suis passée chez un éditeur commercial.
J'ai été recrutée par lui.
Je pensais que j'allais faire la même chose.
Mais ce n'était vraiment pas le même travail.
Le travail consistait à gérer un ensemble de journaux
pour atteindre une marge cible.
Et ce n'était pas ma tasse de thé,
ça ne correspondait pas à mes valeurs.
Donc je suis retourné vers
l'édition non-commerciale.
Je ne pense par que ces éditeurs commerciaux
sont mauvais, mais leur objectif est
de générer des profits pour leurs actionnaires.
Ils n'ont pas d'autres missions.
Et c'est logique;
ce sont des compagnies commerciales.
La question que je pose est, là, au 21ème siècle,
alors que nous avons tous ces mécanismes
en mesure de fluidifier la science,
est-ce que ces compagnies nous aident ?
Et j'aimerais les voir
ajuster leurs modèles pour être
un peu plus utiles à cela,
plutôt que nocifs.
Il y a de réelles critiques
que l'on peut faire à Elsevier.
Il y a de réelles critiques
que l'on peut faire à PLOS.
On peut critiquer à juste titre
n'importe qui, sur n'importe quoi.
J'essaie de ne pas juger de la légitimité
d'une critique à partir de ce qu'elle cible.
J'essaie de juger de la légitimité d'une critique
à partir de son contenu.
Ok, bien, je voulais simplement
m’assurer que quelqu'un dise cela.
J'ai besoin de parler du type
d'entreprise qu'est Elsevier.
L'hostilité qu'ils rencontrent,
ce n'est pas seulement à cause de l'argent ;
c'est à cause du type d'entreprise
qu'ils sont, n’est-ce pas ?
C'est à propos des actions qu'ils réalisent,
elles sont anti-universitaires.
Par exemple, lorsqu'ils envoient
des menaces de coupures à academia.edu
parce que des chercheurs y diffusaient
des pdf de leurs articles
et qu'Elsevier les a obligé
à les supprimer.
Les poursuites judiciaires vers Sci-Hub
en 2015, évidemment.
Certes, ces choses étaient illégales
mais la communauté académique s'en fiche.
elle ne les voit pas comme illégales.
Quand j’ai reçu mon avis de
retrait, je ne l’ai pas reçu
directement de la part
d’Elsevier.
Ils l’ont envoyé à un
responsable chez Princeton
L’avis lui-même mentionait uniquement une poignée
de publications de deux chercheurs de Princeton.
Maintenant, si vous regardez sur le site web de Princeton
vous y verrez probablement des centaines, si ce n’est des milliers
de PDFs de publications d’Elsevier.
Mais alors, pourquoi ont ils uniquement ciblé
ce petit nombre d'articles, juste ces deux chercheurs ?
Je ne suis pas sûr, mais je pense que
c'est parce qu'ils voulaient voir les réactions.
Rien n'empecherai Elsevier
de fouiller internet
pour trouver tous les pdf de ses articles
et d'envoyer massivement des avis de retrait
à tous ceux qui violent leur contrat
de droit d'auteur, mais ce n'est pas ce qu'ils font.
They do that, because I think they're
trying to tread softly.
Je pensent qu'ils préfèrent marcher sur des oeuf.
Ils ne veulent pas voir naitre une vague
de protestation qui pourrait completement
leur alienner la source de travail
gratuit sur laquel ils se basent.
Donc, j'ai été reconnaissant
à l'université de Princeton
de repousser leur demande,
et finalement ils ont retiré leur avis.
Donc je pense qu'ils ont
un avant-goùt de ce qu'il leur arriverai
s'ils se dressaient vraiment
contre toute la communauté scientifique.
La façon dont Elsevier raisonne
en tant qu'organisation est juste l'antithèse
de la façon dont nombre de scientifiques
raisonne concernant leur travail.
Nous avons envoyé une demande officielle
d'information à chaque université de Grande-Bretagne.
En 2016, Elsevier a reçu 42 millions
de livres des universités du Royaume-Uni
Le deuxième éditeur était Wiley,
maintenant c'est à 19 millions.
Elsevier, Wiley, Springer,
Taylor and Francis, et Sage,
à eux seuls ils prennent environ la moitié
de l'argent, et le reste est dispersé.
Elsevier en particulier est un grand lobbyiste
à l'Union Européenne et aussi à Washington.
Ils emploient beaucoup de gens qui
sont en fait des lobbyistes à plein temps.
Ils ont des réunions régulièrement
avec les gouvernements du monde entier
pour faire passer leur point de vue.
Il y a une notion que
les éditeurs ont, qui est
que publier doit être très cher
et que publier demande des publicitaires
et des relecteurs, des agents de relations publiques,
des directeurs de la rédaction, etc...
Ainsi plusieurs institutions universitaires,
pour s'en sortir face aux coûts importants,
ont choisi d'acheter les publications scientifiques
dans un format de "lot"
et pas en tant que titres de revues séparés.
Chaque institution,
négocie en général,
vous savez,
avec chaque éditeur pour un accès
à tout ce que l'éditeur publie comme titres de recherche
ou à une grande partie d'entre eux
dans ce qui s'appelle un "contrat global".
Ainsi, ces contrats globaux,
que beaucoup de bibliothèques
ont signé,
parce qu'elles veulent économiser
de l'argent,
sont tout à fait comme des bouquets
sur le cable.
Vous avez beaucoup de contenu, vous n'aimez peut être
pas toujours tous les programmes.
Mais si vous voulez payer juste pour
des titres individuellement,
le prix augmente exponentiellement
et vous ne pouvez pas vous le payer.
Nous sommes ainsi piégés par des contrats
pour des contenus dont nous avons pas entièrement besoin
pour essayer de baisser le prix.
Néanmoins, ils peuvent supprimer certains contenus
du contrat global sans avertissement.
Donc, si un éditeur décide qu'un vendeur
n'aura plus
telle ou telle référence dans son contrat global,
il peut être supprimé immédiatement.
Ca ne veut pas dire que vous pouvez annuler
le contrat ;
ça veut juste dire que vous n'aurez plus accès,
et nous n'avons aucun contrôle là-dessus.
Bien que la plupart des accès institutionnels à la
recherche en cours se fasse comme des abonnements au cable,
Nous avons trouvé une bibliothèque qui
est à résisté à ce mouvement.
Nous devions trouver une raison de rester
précieux pour la communauté des chercheurs.
Comment pouvions nous aller en ce sens,
alors même que nous ne pouvions supporter
le coût croissant
des publications électroniques ?
Et nous avons réalisé que nous le pouvions
en restant une bibliothèque centrée
sur le support papier.
- vous ne pouvez pas être débranchés
d'une revue papier.
- non, ce n'est pas possible. Non.
Et si le courant est coupé, vous savez,
on peut toujours lire le contenu à la lampe de poche.
Vous n'avez pas besoin de compte en ligne
ou d'une affiliation institutionnelle pour utiliser notre bibliothèque.
Nous sommes ouverts au public ; même si nous sommes financés
de façon privée, nous sommes accessibles publiquement.
Vous n'avez pas besoin de compte ;
tout le monde peut y accéder.
Dans le monde moderne, tout à coup,
l'impression papier semble assez arriéré.
La moitié de notre problème est peut-être
de s'être laissé enfermer dans ces négotiations éléctronique.
Imaginez un marché pour la télévision par cable
où vous ne savez pas et où vous ne pouvez savoir
combien paye votre voisin pour le même
abonnement que vous.
- " combien paies-tu pour la chaîne HBO ?"
- "je ne peux pas te le dire,
j'ai signé un contrat de confidentialité avec Comcast."
Les bibliothèques, les universités font ça tout le temps.
Les éditeurs commerciaux peuvent prendre
ce qui s'appelle le "surplus client".
Ils n'ont pas besoin d'élaborer un prix
qui maximise leurs revenus
ou leur bénéfice sur tout le marché.
Ils peuvent négocier ce prix optimal
avec chacune des institutions séparément.
Et c'est important, parce que c'est comme,
si vous achetez des soins de santé
et que le docteur regarde vos comptes en banque et
vous dise, "Ah, si vous voulez ce traitement,"
et ils voient que vous êtes millionnaire,
"alors, il coûte 500 000 dollars."
Et si vous êtes quequ'un sans beaucoup
d'argent,
ils vous font payer moins,
mais ont quand même un bon rendement.
Il me semble, pour plusieurs raisons, que c'est de cette façon
que fonctionne le marché de l'édition.
Les éditeurs peuvent regarder la dotation,
comment se porte une institution,
combien ils ont payé,
les décennies précédentes,
et alors faire payer directement au niveau
qu'ils pensent possible.
Il y a là beaucoup de choix
pour les bibliothèques.
Elles ne sont pas obligées de
signer ces contrats.
Et les universités publiques, comme
l'université du Michigan, ont fait
le choix d'être plus transparentes
sur ce qu'elles paient pour les choses.
Et la Big Ten Academic Alliance (NdT : consortium universitaire)
dont nous faisons partie,
fait ce travail de transparence les unes
vis-à-vis des autres.
Je me suis donc décidé à tester la transparence du Big Ten.
Malheureusement je me suis retrouvé confronté à des problèmes du même ordre
J'ai toujours de la sympathie envers les bibliothécaires
qui s'en prennent à Elsevier
Mais la réponse que je leur adresse est
"Annulez". Vous n'annulez pas.
Nous ne pouvons annuler
Vous le pouvez, mais il vous faut faire un choix
et personne ne le fait, ce qui les rend plus fort
Oui , et je pense que c'est juste
partie du travail de négociation,
c'est un facteur traditionnel
du travail sur
les collections en bibliothèque,
et il y a beaucoup de problème avec cela.
Mais cela partie de ce genre de negociation.
Et je ne pense pas que cela va changer parce que ...
- Une université comme Rutgers,
peut elle parler publiquement du prix que ça lui coûte?
-Non , nous ne pouvons pas. Non.
-Parce que vous êtes engagé contractuellement à ne pas le faire ?
-Oui, c'est comme cela que ça fonctionne. Et
encore une fois, ce n'est pas à moi de faire de
commentaire sur cet aspect particulier,
mais c'est comme ça que sa marche,
avec tous les éditeurs.
Pas seulement ceux dont vous avez entendu parler.
Mais voyez vous, je vois pas avec quoi je peux comparer ,
mais c'est comme ça que sa marche
726
00:46:35,096 --> 00:46:38,896
et je ne pense pas que cela va changer de si tôt
Vous savez , je comprends pourquoi une bibliothèque
veux avoir un avantage concurrentiel,
728
00:46:43,644 --> 00:46:48,544
veux montrer qu'elle dégage un bénéfice,
qu'elle dispose d'une large offre de contenu.
Et les bibliothèque publique sont
très différentes les une des autres
Et certaine doivent montrer certaines valeurs,
mais c'est un choix. Les bibliothèques ne sont pas
obligé de signer des clauses de confidentialité.
C'est souvent une contrepartie
pour ce qui ressemble à un avantage compétitif
sur le court terme, mais sur le long terme
ce n'est plus un avantage.
Cela réduit la transparence des prix
et augmente le risque de payer plus
.. et non moins.
C'est un sercret fractal,non ?
Chaque niveau est secret à tous les niveaux.
Combien ça coute, qui paie, quels étaient les
engagements. Et c'est fait exprès.
Ca évite un marchandage collectif, non ?
Et toutes ces choses maintiennent essentiellement
un marché radicalement injuste.
Il y a des gens qui croient
qu'il y en ce moment assez d'argent
dans l'édition universitaire,
qu'il doit simplement être redistribué;
Nous ne devons pas trouver plus d'argent. Nous devons
juste changer de quel façon il entre dans le système.
Un nombre grandissant de journaux
a trouvé avantageux
de quitter le paradigme lucratif.
dans le cas de Lingua / Glossa,
ce qui s'est passé est que cette
communauté
de chercheurs a décidé que
c'était assez et donc
le comité éditorial a démissionné.
Et a démarré un autre journal
sur une autre plateforme, sans but
lucratif, en accès libre, etc.
Il n'y a pas beaucoup de cas de tels changements,
mais ce que cet exemple montre est que
cela peut marcher. La communauté
entière, ou les meneurs de cette communauté,
- car c'est ce qu'est un comité éditorial :
les meneurs de la communauté -
ont décidé de démissionner collectivement;
chacun dans le comité a démissionné
et a démarré une nouvelle revue avec exactement
le même sujet et, d'une certaine façon,
exactement la même qualité, car
qu'est ce qui donne à une revue sa qualité ?
Ce n'est pas l'empreinte des éditeurs.
C'est en fait le rédacteur en chef
et le comité éditorial, qui prennent
toutes les décisions scientifiques.
Mon nom est Johan Rooryck,
Je suis professor de languistique
française
à l'université de Leiden.
Et je suis aussi éditeur d'une revue.
J'ai été pendant 16 ans le rédacteur en chef
de Lingua chez Elsevier.
En 2015, nous avons décidé de quitter Elsevier
et de crééer une revue en accès libre appelée Glossa,
simplement la traduction grecque du mot latin
pour mettre en évidence la continuité.
L'organisation de Lingua était de 5 rédacteurs
en tout, donc une petite équipe.
Quatre rédacteurs associés ;
et moi comme rédacteur en chef.
Et nous avions aussi un comité éditorial
d'environ 30 personnes.
J'ai préparé tout ça deux ans
avant que ça se passe.
donc, je veux dire, Elsevier n'a
rien su avant que nous partions.
Pendant deux ans, entre 2013 et 2015, j'avais déjà
parlé à pas mal de personnes
du comité éditorial, mais bien sûr,
tout était resté entre nous.
Et j'avais déjà parlé à tous les membres
de mon équipe éditoriale pour leur dire,
"Ecoutez, je suis en train de préparer ça,
si nous faisons ça, vous me suivez"
ou pas?
j'ai réellement besoin de savoir.
Soit nous le faisons tous,
soit nous ne le faisons pas."
Et je les ai tous regardé dans les yeux
et ils ont tous dit,
oui, si tu réussis à faire ça
nous le faisons.
L'équipe éditoriale de Lingua chez Elsevier
qui change pour l'équivalent en libre accès Glossa
a créé un précédent dans la façon dont une revue
qui réussi, respectée, pouvait changer
son business model et garder sa crédibilité
dans son domaine,
une relecture par les pairs de qualité,
et un impact global.
Nous vivons dans une culture qui donne vraiment
priorité aux start-up, à l'innovation et à l'entrepreunariat.
Et la réalité est que, à ce moment précis, il y a
une seule société qui peut innover
dans la littérature universitaire
et c'est Google.
Et c'est ça, Google est génial ;
j'utilise Google pour tout comme beaucoup de gens,
Mais je voudrais qu'il y ait une centaine
de sociétés qui se battent pour ça.
J'adorerais que des non-lucratifs puissent
se battre avec eux et essayent de
créer des alternatives qui disent "vous savez quoi,
cela ne devrait peut-être pas être un produit commercial,
ça devrait être un service".
Et ce genre de compétition est impossible
sans Accès libre.
ce genre de compétition est dans l'ADN
de l'Accès libre.
Et si vous regardez ça du point de vue
des grands éditeurs commerciaux,
vous voyez qu'ils sont en train de comprendre
que c'est effectivement un argument important.
Ils mettent en place des tuyaux qui réduisent
les capacités de mettre en place
du text-mining.
Nous savons faire des voitures autonomes.
Et vous me dites que nous ne pouvons pas
traiter mieux et massivement la littérature scientifique ?
Si une voiture devient autonome grâce
aux techniques computationnelles disponibles
et s'il y a une concurrence entre les entreprises
pour construire des voitures autonomes
alors ont doit pouvoir traiter massivement
la littérature scientifique biomédicale
et nous aider à décider
quel médicament prendre.
C'est la conséquence directe
d'un verrouillage de la littérature scientifique.
C'est un problème essentiel.
Nous avons préconisé au Congrès d'ouvrir les accès
aux résultats de recherches payées sur fonds publics.
La réponse la plus fréquente reçue
a été :
"Vous voulez dire que le grand public
n'y a pas déjà accès ?"
Come s'il y avait eu une incrédulité chez
les décideurs,
pour ce qui relevait de l'évidence.
Les chercheurs veulent
que leurs travaux soient lus.
Ils veulent faire progresser
la science et l'innovation.
Et pendant que je gâche
mon temps à me battre
pour savoir si le travail
doit être ouvert ou fermé,
à la fin, la vraie problématique est,
voulons-nous innover, ou pas ?
Et je pense qu'il est évident
que l'ouverture favorise l'innovation.
Nous constatons des résistances très inventives
de la part des éditeurs en place.
Mais je pense qu'il y a aussi
un facteur générationnel ici.
Je pense que pour les jeunes générations ,
de scientifiques,d'étudiants, d'universitaires,
l'ancien modèle
ne fait plus du tout sens.
Nous devrions avoir honte de tolérer
un modèle de ce type.
Nous disposons actuellement d'outils
pour partager le savoir, y compris universitaire
d'une manière impensable
il y a 20 ans.
Je le vois dans notre engagement
avec le secteur scientifique et universitaire
et par là, je renvoie directement
à nos bénéficiaires
car nous subventionnons
des institutions universitaires
et ce sont les chercheurs qui
y travaillent qui font le travail.
Il y a une appréciation beaucoup plus positive
du rôle de l'accès ouvert dans leurs recherches.
Vous savez, ils voient cela
comme un bénéfice pour eux,
d'être en mesure d'avoir accès
à l'information, aux données, etc
qui ont été générées par d'autres
et c'est donc plus confortable
d'envisager les choses sous l'angle d'une information
et de données ouvertes et accessibles.
Je ne suis jamais certain
de la bonne solution.
De fait, quand je parle
à un éditeur, je pense
"Puis-je faire ceci ?
Ou ne pas faire cela ?"
Vous savez, il y a tant
de questions autour du copyright,
il y a tant de questions
à propos de la propriété intellectuelle ;
il y a tant de questions à propos
de ce que les auteurs peuvent et ne peuvent pas faire
s'ils décident d'aller publier
dans un journal en particulier.
Il y a tellement de questions
dans chaque situation.
Une chose qui a bousculé le domaine
est l'apparition de Sci-Hub,
qui continue de connecter des personnes
directement avec les chercheurs dont ils ont besoin,
quand nécessaire, gratuitement.
Ceux d'entre nous qui travaillent
dans la communication scientifique
devraient vraiment regarder Sci-hub
comme une sorte d'aiguillon
qui te dit,
"Fait mieux."
Nous devons regarder Sci-Hub et nous demander,
"Qu'est ce que l'on peut faire
différemment concernant l'infrastructure
que nous avons développée
pour distribuer des articles de journaux,
des bourses ?"
Parce que Sci-Hub a cassé le code, non?
et qu'ils l'ont fait facilement
Et je pense que maintenant nous devons regarder
ce qu'il se passe avec Sci-Hub :
Comment cela évolue, qui l'utilise
qui y accède,
ce qui nous servira de leçon sur
ce que nous devons faire différemment.
Les gens utilisent des sites web tels que Sci-Hub,
considéré comme un pirate de la publication scientifique.
C'est comme le Napster de la publication scientifique.
Je sais qu'il y a eu des attaques en justice
avec Elsevier qui les a fermé,
ils ont simplement ouvert un autre site. Ils tournent
toujours et plus populaires qu'auparavant
Donc, si je devais donner un conseil au étudiants diplômés
ou à ceux qui ne sont pas affiliés aux institutions
qui donnent accès à beaucoup de ces journaux,
c'est que Sci-Hub est une bonne ressource
fournie gratuitement. Beaucoup de personnes
ne se sentent pas coupables d'utiliser ces ressources
tout comme quand Napster est sorti, parce que
l'industrie de l'édition actuelle profite trop
des personnes qui donnent d'elles mêmes
et font d'excellentes recherches
Donc, pour reprendre l'avantage sur les éditeurs,
pour obtenir gratuitement des articles
utilisés pour l'éducation
ou le développement de choses bonnes
pour le bien public,
c'est une voie que beauoup de gens
sont près à prendre.
Et je n'y suis pas totalement opposé.
Vous savez, j'aime ces actes
que je considère comme de la désobéissance civile.
Je pense qu'ils sont importants.
Je pense que nous sommes à un moment où
nous devrions discuter librement de ces sujets,
et je crains que cette discussion très ouverte
conduise à des débats sans nuances.
C'est plutôt, comme nous l'entendons,
Sci-Hub = Le Mal. Comme si cela se résumait à ça.
Sci-Hub est fondamentalement illégal.
C'est une activité totalement criminelle,
mais dans ce cas, pourquoi pense-t-on
approprié de se saisir
de la propriété intellectuelle de quelqu'un
et de juste la voler ?
Cela me préoccupe.
Cela ne concerne pas
seulement des personnes
qui n'ont pas d'accès.
C'est même utilisé par des gens dans
des institutions qui ont un accès complet (payé)
parce que cela fonctionne d'une manière
très simple et efficace.
Sci-hub montre le niveau de
frustration chez les chercheurs
suite au nombre de fois où
ils se heurtent à un paywall.
J'ai le sentiment que nous somme au milieu,
nous sommes dans cette période intermédiaire
et tout le monde souhaite que ce soit fait
et pas seulement des paroles
"Vous savez quoi ? Aucun de nous
n'a aucune idée de ce qui va arriver
dans les 15 à 20 prochaines années."
Tout ce que nous savons est que nous sommes
près à tomber de la falaise
de laquelle la musique est tombée avec Napster.
C'est cela que Sci-Hub montre.
Il n'y aurait pas de demande pour Sci-Hub
s'ils avaient trouvé ce qu'ils cherchaient
ou si l'industrie de l'édition
avait rempli son office, si ?
Ce que nous avons fait a été de créer
les conditions, des deux côtés,
nous et l'industrie de l'édition,
pour arriver à cette situation.
Et donc, vous savez, maintenant que vous
voyez le potentiel d'un système
qui permet de trouver n'importe quel article. J'ai utilisé
Sci-hub pour collecter les articles de mon père, ok.
Mon père est mort cette année, il a eu le prix Nobel
pour son travail sur le changement climatique.
J'ai essayé de construire une archive de tous ses articles
pour la donner à mon fils, ok.
Je n'ai pas pu ! Cela m'aurait coûté
des dizaines de milliers de dollars.
Bien. Je ne suis pas le seul qui a besoin de ces articles.
Je ne suis pas le seul à faire comme cela.
Je ne suis pas en train d'essayer
de redistribuer ces choses, ok.
Je suis littéralement en train de les imprimer.
Puis je vais les relier pour mon fils, ok ?
Afin qu'il sache qui était son grand-père, ce qu'il
a fait, parce qu'il ne s'en souviendra pas.
C'est un échec du marché.
C'est un énorme échec du marché.
Les priorités vont changer.
Et je pense qu'Elsevier est
une entreprise pleine de gens intelligents,
qui veulent que la recherche avance,
mais n'ont pas d'autre idée pour
faire de l'argent dans ce processus.
Et, malheureusement pour eux, l'Internet
est fait de l'histoire de murs qui tombent.
Ils sont les vigiles, entre,dans certains cas,
la recherche, et la découverte.
Si les recherches de quelqu'un sont derrière un accès payant
et que cela m'empêche de faire de la recherche
dans ce champ pendant la durée de ma vie, combien
de vies entières aurons-nous à attendre
pour que quelqu'un d'autre soit capable
de franchir une étape décisive ?
Parfois, l'innovation, c'est la bonne personne
au bon endroit au bon moment,
et tout ce qu'un accès payant a pour conséquences est de
diminuer les chances que la bonne personne
sera au bon endroit au
bon moment pour réaliser quelque chose.
Transcription : Elena Milova, Joshua Conway,
membre anonyme de lifespan.io
Traduction : dr4Ke, olivier ertzscheid,
Jeremy, vero, bullcheat, mmu_man, goofy,
véro, Jaam, Lumi, bullcheat, sonj,
Edgar Lori, dbourrion, hello,
Serici, véro, Piup, tilquin,
mart1oeil, enpassant, Jaam
et autres membre anonyme de Framalang
Synchronisation : Giannis Tsakonas