Bonsoir. Huit millions de détritus jetés dans les mers et océans chaque jour. Et la plaque de déchets plastiques du Pacifique nord, qui s’étend sur 2 700 km, soit deux fois la distance Aix-Porto. Un cachalot a été retrouvé mort en Indonésie. Son estomac contenait 115 gobelets, 25 sacs, 4 bouteilles, 4 tongs, et des milliers de petits morceaux, le tout en plastique. Un Français produit en moyenne 1 kg de déchets par jour. Et le traitement de ces déchets représente 3% des émissions de gaz à effet de serre – vous savez, ces gaz qui ont la particularité d’absorber le rayonnement infrarouge produit par la Terre et qui seraient responsables du réchauffement climatique. Déprimant, n’est-ce pas ? Oui. Mais ne comptez pas sur moi pour vous plomber le moral. Je ne suis pas là pour ça. Parce que constater, c’est bien, mais agir, c’est mieux. Et ces données sont une véritable opportunité d’action. Dans la vie, on a le choix : voir le verre à moitié plein ou à moitié vide. Bon, autant vous dire que moi, j’ai essayé les deux. Et j’ai commencé par le verre vide – il est moins lourd. Mais bon, comme il est vide, il ne se passe pas grand-chose. Alors on regarde, en espérant voir quelque chose. Du coup, on râle, parce qu'on voudrait le voir plein. Ah j'étais douée. J’avais cette capacité à voir les problèmes partout. À les mettre au premier plan et derrière, de me plaindre. J’aurais pu être diplômée d'un master en lamentations professionnelles. Hé oui ! Car se lamenter est un art... Mais pas un art de vivre. Et, un jour, je me suis sentie aussi vide que le verre. J’ai pris le temps d’observer ma vie, et j’ai constaté que l’ennui était récurrent. Surtout sur le plan professionnel. Après des études paramédicales et un poste de préparatrice en pharmacie, cet univers ne correspondait plus du tout aux valeurs que mon cœur ressentait. J’avais envie de vibrer, me sentir exister, et d’agir pour l’humanité. Alors oui, me direz-vous, en soignant les gens, je leur faisais du bien. Mais pour resituer le contexte, je n’étais que celle qui délivrait les médicaments que le médecin prescrivait. Cela ne me suffisait pas. Je voulais agir autrement. Et j’ai toujours trouvé que la médecine conventionnelle s’attardait plus sur les symptômes que sur la cause des problèmes. Et voilà ce que je voulais, moi : agir sur la cause des problèmes. J’ai commencé à m’ouvrir, à modifier mon schéma de pensée, pour voir le verre à moitié plein. Et ma vie a radicalement changé. Tout, dans ma vie, a changé. J’ai cessé de me plaindre et j’ai vu les opportunités dans les obstacles. J’ai cessé de me lamenter, et je suis passée à l’action. Parce qu’elle est là, la clé : passer à l’action. Si tu ne fais rien, il ne se passera rien ! Je me suis souvent plainte de ne jamais réaliser mes rêves. Aujourd’hui, c’est un objectif fondamental dans ma vie. J’ai réalisé mon premier rêve à 25 ans : l’expatriation en Afrique. J’ai quitté mon boulot, lâché mon appart, fait mes valises, et suis partie six mois dans une pouponnière à m’occuper des enfants abandonnés. Cette expérience a transformé ma vie. J’ai appris à vivre avec rien. A me laver les cheveux à l’eau froide avec un tuyau - quand il y avait de l’eau, à vivre sans frigo, sans électricité, à faire tout ça sous 40°c en compagnie des moustiques et des cafards. Et vous savez quoi ? Eh bah j’étais bien. C’est ça, la magie de l’Afrique. Là-bas, avec rien, ils ont l’essentiel : le sourire, le reflet de leur âme. À mon retour en France, j’étais métamorphosée. Et scandalisée. Je voyais tous ces Français, avec tout, parfois trop, mais sans l’essentiel. Sans ce sourire. Ces gens qui comblent un vide intérieur par une opulence matérielle. Elle était là, ma mission. Parce que je l’avais vécu, je voulais que les gens comprennent que le bonheur n’est pas dans le matérialisme. À mon retour, je n'avais plus de travail, je ne savais pas trop quoi faire, alors j’ai profité de cette période pour analyser le monde et faire une grande introspection. En Afrique, il n’y a pas cette consommation à outrance. Ils réutilisent tout et développent de fait énormément leur potentiel créatif. Je revois ce petit enfant courir après un pneu usagé qu’il faisait rouler. Et je me revois, avec une amie, au pied d'une cabane en paille, en train de boire le thé qui chauffait sur du crottin de vache. L’Afrique m’a donné le goût du peu et de l’essentiel. Elle était là, ma vie. Dans cet accord et ce respect envers la planète, envers la nature, et tout ce qu’elle m’offrait. J’ai aujourd’hui beaucoup de bienveillance et de gratitude envers la vie sous toutes ses formes. Et être écolo, végétarienne, minimaliste, et avec vous ce soir, me rend plus heureuse que jamais. Un jour, j’ai lu une phrase de Gandhi – vous savez, le petit homme moustachu à lunettes. Elle disait : « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde. » J’en ai fait mon leitmotiv. J’ai compris qu’il fallait se responsabiliser. Au départ, quand j’ai réalisé tout ça, lors de mon voyage, je me suis dit : « Punaise, tu es seule face à 99% de la population… » Et puis, tu te rends compte que d’une part, bon, ok, tu es fou, mais à la limite, ce n’est pas grave, c’est ce qui fait ton charme, et qu’ensuite, une vraie communauté de fous comme toi existe ! Et là, là, tu es rassuré. Dans la vie, il faut s’entourer des gens qui nous font du bien, et qui partagent des valeurs communes. Je m’inspire beaucoup de gens inspirants. Je vous ai cité Gandhi, mais il n’est pas le seul. J’aime aussi beaucoup la pensée de Churchill, qui disait : « Prenez le changement par la main avant qu’il ne vous prenne par la gorge. » Ou encore Pierre Rabhi, qui disait que si chacun de nous faisait un peu, avec le peu qu’il peut, alors, on ferait beaucoup. Il n’y a pas de petites actions, il n’y a que des grandes intentions. Nous sommes jeunes. Et le monde de demain nous appartient. Préservons-le. Alors moi, écolo et engagée, je me suis demandé comment, à ma manière, avec mes compétences, je pouvais agir sur la cause du problème. Il n’est plus possible de continuer à polluer autant. J’avais une passion : la couture. Et j’ai décidé d’allier cette passion aux valeurs qui me portaient. Depuis, je remplace les objets en plastique et en papier jetable, par des objets en tissu que je fabrique moi-même. C’est ma contribution pour l’environnement, qui me permet de ne sortir que quatre poubelles à l’année. En parallèle, je trie les déchets recyclables, et je fais le compost. C’est possible. Et c’est plus simple que vous le pensez. Ce que je veux dire, c’est que chacun de nous a la possibilité d’agir en fonction de ses préférences, et sans contrainte. Mettre sa peau de banane dans la poubelle ou dans le bac à compost, ça prend le même temps. Mettre son coton à démaquiller dans la poubelle ou dans le bac à linge, ça prend le même temps. Tout est question d’habitude. 21 jours, c’est le temps nécessaire pour changer une habitude. C’est-à-dire que, pendant 21 jours, vous allez devoir y penser avant que cela ne devienne évident. Vous allez penser à ramasser les déchets, et après, vous allez penser à ne plus en produire. Ou, tout du moins, à en produire moins. Je sais que vous êtes prêts. Je vous y encourage. Je suis toujours enjouée à l’idée de parler de l’écologie, parce que j’ai l’intime conviction que nous devons faire évoluer le monde sur ce terrain-là. Et en parler, sensibiliser les gens à ça, c’est une autre de mes missions. On a là un objectif à atteindre pour demain. On n’a pas le temps de pleurer. Faisons de demain un monde écologique. Y croire, c’est le penser, et le penser, c’est y arriver. Aujourd’hui, je pense que, pour accomplir quelque chose dans sa vie, il faut en être convaincu. Et moi, je suis ici, devant vous, et je suis convaincue que vous pouvez m’aider à contribuer à une planète plus saine et moins polluée. Chaque geste, chaque déchet ramassé, chaque emballage non acheté fera de vous un acteur de l’écologie et un contributeur au meilleur monde de demain. Comme le disait si justement Margaret Mead, anthropologue américaine, « Ne doutez jamais qu’un petit groupe de personnes puisse changer le monde. » En fait, c’est toujours ainsi que le monde a changé. Alors ne doutez pas de vous. Ne doutez pas de nous. C’est facile, c’est possible, ça prend 21 jours pour s’y faire, pour des années de sérénité derrière. Merci. (Applaudissements)