Je ne sais pas si c'est moi ou le sac
que je devrais mettre au milieu.
(Rires).
J'avais envie de vous poser une question.
Je voulais demander
à tous ceux qui consomment
de l'eau en bouteille en plastique
de lever la main.
C'est ce qu'il me semblait.
En fait, j'avais envie
de vous culpabiliser.
Puis je vous aurais rassurés.
Je vous aurais dit :
« Ne vous inquiétez pas,
vous n'êtes pas les seuls,
5,5 milliards de bouteilles d'eau
en plastique
sont vendues chaque année en France. »
Puis, j'ai réfléchi.
Je me suis dit : « Peut-être que
je ne devrais pas vous rassurer. »
Moi, j'ai pris conscience
de la rareté de l'eau
lors de mes nombreux voyages
et expériences de vie que j'ai pu avoir
en Afrique, en Asie
et dans de nombreux pays.
J'ai vu des enfants marcher
deux à trois heures le matin,
en pleine chaleur à plus de 40ºC,
pour aller chercher quelques litres d'eau.
Une eau marron impropre à la consommation.
Et ils recommençaient le soir.
Autant dire que
chaque goutte d'eau compte.
Imaginez-vous faire cela ne serait-ce
qu'une semaine.
Vous n'auriez plus jamais
le même regard sur l'eau.
L'eau devient de plus en plus rare.
Pourtant on n'en manque pas
sur notre planète - pas plus que d'air.
Je m'explique.
Vu de l'espace, on voit qu'il y a plus
d'océans que de terres.
Mais même si l'eau recouvre
72% de la planète,
plus de la moitié
de la population mondiale
est en situation de pénurie d'eau.
Proche du fameux jour zéro.
Le jour zéro, c'est le jour
où plus aucune goutte d'eau
ne sortira du robinet.
Les habitants du Cap, l'été dernier,
en Afrique du Sud,
ont évité de justesse ce fameux jour zéro.
Cet été, l'Inde a vécu
sa plus grande crise.
La pénurie touchait plusieurs régions
et le gouvernement a été obligé
de livrer par train et par camion
de l'eau à des villes comme Chennai,
des villes de plus
de 10 millions d'habitants.
Et là, au moment où je vous parle,
17 pays sont en situation
de pénurie d'eau.
Des estimations récentes
pensent que d'ici à 2040,
20 pays supplémentaires seront
en manque d'eau potable.
Heureusement,
sur notre Terre, on ne peut pas
manquer d'eau.
Et l'eau que vous utilisez tous les jours
pour manger, pour boire, pour vous laver,
elle provient du cycle de l'eau.
Le cycle de l'eau commence par
l'évaporation des mers et des océans
mais aussi sur les continents,
les terres, les cultures, les forêts,
les lacs, les rivières.
La chaleur va faire monter
la molécule d'eau.
Le froid va la liquéfier.
Et elle va tomber sous forme
de pluie ou de neige
Et la quantité d'eau que l'on a sur Terre
est constante.
Elle ne s'épuise pas contrairement
au pétrole, aux minerais.
Ceux-là, quand on les aura consommés,
il n'y en aura plus.
L'eau est perpétuelle. Elle est là.
Elle tombe par les précipitations.
Elle retourne à la mer,
elle repart dans l'air.
C'est un cycle sans fin.
C'est même rassurant de savoir
qu'on aura toujours autant d'eau
dans un million d'années.
La question n'est pas de savoir
quelle quantité d'eau on a sur la planète
mais quelle quantité est potable
et accessible,
pour soutenir toute la vie sur Terre.
Cette image que vous voyez a été réalisée
par des scientifiques de l'USGS.
Elle vous montre toute l'eau présente
sur la planète
sous forme de sphère
en comparaison au volume de la Terre.
La grosse sphère bleue,
indiquée par la flèche blanche,
c'est l'ensemble de l'eau
que l'on a sur Terre.
La sphère intermédiaire,
indiquée par une flèche rouge,
c'est l'ensemble de l'eau douce
souterraine,
dont la majeure partie est inaccessible.
Parce que hors d'atteinte.
Et la toute petite minuscule,
c'est toutes les eaux douces
de surface, disponibles,
que toute l'humanité doit se partager.
Et on aura une autre vision
du qualificatif « la planète bleue ».
Le pire, c'est que cette petite source,
on est en train de l'épuiser
à cause de notre surexploitation.
Et notamment dans deux domaines,
l'agriculture et l'industrie.
A eux deux,
non seulement ils consomment
92% de cette réserve,
mais en plus,
c'est les plus gros pollueurs.
Et la pollution de nos sols aujourd'hui
nous oblige à traiter de plus en plus
notre eau.
Je dirais même on la sur-traite.
90% des masses d'eaux superficielles
sont réputées contaminées par
des micropolluants persistants.
C'est-à-dire que 90% de l'eau
que l'on utilise tous les jours
est polluée par des micropolluants
persistants.
Je voudrais vous parler maintenant
d'une autre source d'eau
qui fait la panacée :
c'est l'eau minérale en bouteille.
Elle nous est présentée
comme un aliment sain et naturel
que les Français adorent.
Ils en consomment 5,5 milliards
de bouteilles d'eau chaque année.
Mais l'impact environnemental
est catastrophique.
La fondation d'Ellen McArthur estime
que l'on recycle moins de 20%
du plastique sur Terre.
Si on tient compte du fait
que pour fabriquer une bouteille
d'un demi-litre,
il nous faut 3 litres d'eau
et 33 centilitres de pétrole.
L'année dernière, on a brûlé 17 millions
de barils de pétrole
pour fabriquer les 89 milliards
de bouteilles en plastique
utilisées dans le monde.
Je vous rappelle que dans un baril de
pétrole, il y a 159 litres de pétrole.
Les conséquences de tout ça, c'est
la pollution de nos sols et de nos océans.
En fait, une étude allemande
qui a été publiée en 2014,
trouvait 25 mille résidus chimiques à
l'intérieur des bouteilles en plastique.
A la fin de cette liste,
on a l'impression que
tout ce que l'on fait
est mauvais pour l'environnement.
C'est un peu vrai.
En tout cas, tout ce que l'on produit
est mauvais pour l'environnement.
Il faudrait peut-être avoir
une autre gestion de nos ressources,
pour résoudre ce problème.
Et les petites décisions du quotidien
peuvent affecter les ressources
de notre planète.
Je peux dire que l'époque d'insouciance
où on pensait que l'eau était inépuisable
est bel et bien terminée.
Je me suis demandé de mon côté
ce qu'on pouvait faire.
Et je me suis dit
qu'on devrait exploiter
ce formidable potentiel
qu'est l'eau de l'air.
Pour cela, je voudrais que l'on revienne
dans les années 2000
où sur les conseils de mon épouse
que j'ai su écouter...
(Rires)
Mais j'ai souvent su l'écouter d'ailleurs
(Applaudissements)
En fait, j'ai cédé mes affaires
et on est venu s'installer aux Caraïbes.
Le 11 Septembre 2001 est une date
que les Américains n'oublieront jamais.
Et nous non plus, d'ailleurs.
Alors que les New-Yorkais
vivaient ces événements tragiques,
une autre psychose est venue les hanter :
une contamination des réserves d'eau
de la ville par des terroristes.
J'étais assis devant ma télé.
Je me suis dit :
« Que pourrait-on faire
pour avoir de l'eau dont on est sûr
sans être relié à un tuyau ? »
Quelque temps après,
en zappant sur une chaîne,
je regarde une émission
où on nous explique
que les Incas à l'époque récupéraient
l'eau de la rosée du matin sur des fils.
En fait, ils avaient copié les araignées.
Pour elles, toute leur source d'eau
vient de la rosée du matin.
Elles récupèrent les petites gouttelettes
sur leurs toiles.
C'est à ce moment-là
que je me suis dit :
« Il faut absolument exploiter
ce formidable potentiel de l'eau de l'air
en reproduisant
le cycle naturel de l'eau. »
C'est le début d'une aventure
qui a duré près de 15 ans,
avec quelques ingénieurs, on a réussi
à calculer le point de rosée
à toutes les températures
et taux d'humidité.
On a réussi à extraire de l'eau,
H2O, la molécule d'eau, à l'intérieur
de nos générateurs.
A ce stade,
la molécule ne peut pas se polluer,
car elle ne peut pas se mélanger.
La molécule d'eau a besoin de temps
pour se mélanger,
que ce soit avec des pesticides
ou avec des minéraux.
Si vous prenez un verre d'eau
et mettez un sucre ou du sel,
vous pourrez voir qu'il faut du temps
pour que tout cela se dissolve.
C'est la même chose
avec la molécule d'eau.
Elle n'arrivera à se mélanger
qu'en contact avec le sol.
Avec du temps sur le sol.
Le bienfait, c'est quand
elle se mélange avec les minéraux.
Mais on a pollué tous nos sols.
Donc elle se mélange aussi
avec des pesticides.
Nous avons pu la récupérer
avant ce stade-là.
On a fait beaucoup de tests.
Des tests avec des laboratoires,
on a fait analyser l'eau
dans le monde entier,
en Australie, en Chine, en Afrique,
en Guadeloupe.
Les résultats étaient absolument
identiques.
La molécule d'eau est pure.
Zéro nitrate, zéro pesticide.
C'est même très rassurant, d'ailleurs.
Vous allez me dire :
« L'air est pollué, on va polluer l'eau. »
Mais à ce stade, c'est la même chose.
Dans la condensation, la molécule
ne va pas se mélanger avec la pollution
qu'elle va rencontrer dans l'air.
Mais pour éviter ça, on a aussi mis
des systèmes de filtration
très performants sur ces générateurs,
qui vont filtrer l'air
et qui vont aussi filtrer l'eau.
Alors qu'on n'en n'a pas besoin
car on a aucun besoin de la dépolluer.
Mais c'est par sécurité,
pour avoir un produit
sans aucun risque de développement
bactériologique ou autre,
à l'intérieur des générateurs.
Elles fonctionnent à l'électricité
mais on a su les faire marcher
avec des systèmes solaires ou éoliens.
On a fabriqué des générateurs qui vont
de 30 litres jusqu'à 10 000 litres.
On les a testés -
pour les grosses capacités,
c'est une vraie solution pour les régions
qui sont en situation de pénurie d'eau.
Je voudrais revenir sur ce sac, là.
C'est la consommation d'eau
de deux personnes en Guadeloupe
pendant un mois.
Et on estime la consommation
d'eau de bouteilles en plastique,
sur une année
à plus de 150 millions de bouteilles,
1,5 million de fois ce sac.
Les conséquences sur nos îles
sont beaucoup plus dramatiques.
Il faudrait absolument l'éviter.
Et le dernier petit conseil
que je pourrais donner,
une petite phrase qu'il faudrait retenir :
arrêtons de boire ce que l'on nous dit.
Excusez-moi, je suis un peu perturbé.
Merci.
(Applaudissements).