L'année dernière, quelques employés
de BuzzFeed prévoyaient
de faire une blague
à leur patron, Ze Frank
pour son anniversaire.
Ils ont décidé de mettre une famille
de chevreaux dans son bureau.
(Rires)
BuzzFeed venait de signer
pour l'expérience Facebook Live,
alors naturellement nous avons décidé
de diffuser en direct
l'ensemble de l'événement sur internet
pour capturer le moment où Ze entrerait
et découvrirait le bétail dans son bureau.
Nous pensions que le tout durerait
peut-être 10 minutes
et que quelques centaines
d'employés Buzzfeed
se connecteraient pour la farce.
Mais que s'est-il passé ?
Ze était continuellement retardé :
il est allé prendre un verre,
il a été appelé à une réunion,
la réunion a duré longtemps,
il est allé aux toilettes.
De plus en plus de gens ont commencé
à se connecter pour regarder les chèvres.
Au moment où Ze est entré
plus de 30 minutes plus tard,
90 000 téléspectateurs
regardaient le livestream.
Notre équipe a eu beaucoup
de discussions à propos de cette vidéo
et pourquoi c'était si réussi.
Ce n'était pas la plus grosse vidéo
en direct que nous avions faite à ce jour.
La plus grosse
concernait une fontaine de fromage.
Mais ça avait marché tellement mieux
que ce que nous avions prévu.
Qu'y avait-il à propos des chèvres au
bureau que nous n'avions pas anticipé ?
Une personne raisonnable
aurait plusieurs hypothèses.
Peut-être que les gens aiment
les bébés animaux.
Peut-être qu'ils aiment
les farces au bureau.
Peut-être qu'ils aiment
les histoires de leurs patrons,
ou les anniversaires surprises.
Mais notre équipe ne pensait pas vraiment
au sujet de la vidéo.
Nous pensions plutôt à ce que les gens
qui regardaient la vidéo
pensaient et ressentaient.
Nous avons lu certains des 82 000
commentaires écrits pendant la vidéo
et nous avons émis l'hypothèse
qu'ils étaient excités
parce qu'ils participaient
à l'anticipation partagée
de quelque chose qui allait arriver.
Juste pour un instant, ils faisaient
partie d'une communauté
et ça les rendait heureux.
Nous avons donc décidé
que nous devions tester cette hypothèse.
Que pourrions-nous faire
pour le tester exactement ?
La semaine suivante,
armés du savoir selon lequel les vidéos
alimentaires sont très populaires,
nous avons habillé deux personnes
dans des combinaisons de protection
et enroulé des élastiques autour
d'une pastèque jusqu'à ce qu'elle explose.
(Rires)
800 000 personnes ont regardé
le 690ème élastique faire
exploser la pastèque,
marquant l'instant comme l'évènement
Facebook live le plus important à ce jour.
La question que je reçois le plus
fréquemment est :
comment rendez-vous quelque chose viral ?
La question elle-même est mal à propos ;
ce n'est pas à propos de la chose.
C'est à propos
de ce que les gens qui le vivent,
qu'ils lisent ou regardent,
à quoi pensent-ils ?
Quand la plupart des entreprises
de communication pensent aux métadonnées,
elles pensent à des sujets ou des formats.
C'est à propos de chèvres,
à propos de farces au bureau,
à propos de nourriture,
c'est une liste, une vidéo ou un quiz,
c'est 2 000 mots,
ça dure 15 minutes,
avec 23 tweets incorporés ou 15 images.
Ce genre de métadonnées
est moyennement intéressant,
mais ça ne touche pas
ce qui compte vraiment.
Et si, au lieu d'étiqueter les sujets
des articles ou des vidéos,
nous demandions :
Comment cela aide-t-il nos utilisateurs
à réaliser un vrai travail dans leur vie ?
L'année dernière, nous avons
démarré un projet
pour formellement classer
notre contenu de cette manière.
Nous l'avons appelé
« cartographie culturelle ».
Cela a formalisé une pratique informelle
que nous avions depuis très longtemps :
ne pensez pas qu'au sujet ;
pensez aussi, et en fait,
pensez principalement,
au travail que votre contenu réalise
pour le lecteur ou le spectateur.
Laissez-moi vous montrer la carte
que nous avons aujourd'hui.
Chaque bulle est un travail spécifique,
et chaque groupe de bulles, aux couleurs
spécifiques, sont des tâches liées.
Premièrement : l'humour.
« Me fait rire. »
Il y a tellement de façons
de faire rire quelqu'un.
Vous pouvez rire de quelqu'un,
vous pouvez rire
de blagues spécifiques à internet,
vous pourriez vous rire de gentilles
et inoffensives « blagues de papa ».
« C'est moi. » L'identité.
Les gens utilisent de plus en plus
les médias pour expliquer :
« Voilà qui je suis.
Voici mon éducation, voici ma culture,
Ceci est mon fandom,
voila mon plaisir coupable,
et voila comment je ris de moi-même. »
« Ce qui m'aide à me rapprocher
de quelqu'un d'autre »
C'est l'un des plus beaux
cadeaux d'internet.
C'est incroyable quand vous trouvez
un contenu média
qui décrit précisément
votre lien avec quelqu'un.
Voici l'ensemble qui m'aide
à faire quelque chose,
m'aide à clore un débat,
m'aide à apprendre quelque chose
sur moi-même ou une autre personne,
ou m'aide à expliquer mon histoire.
Voici le groupe qui me fait
ressentir quelque chose,
qui me rend curieux ou triste
ou rétablit ma foi en l'humanité.
Beaucoup de sociétés de médias
et de créateurs se mettent eux-mêmes
dans la peau de leur public.
Mais à l'ère des réseaux sociaux,
nous pouvons aller tres loin.
Les gens sont connectés les uns
aux autres sur Facebook, sur Twitter
et ils utilisent de plus en plus
les médias pour avoir une conversation
et parler les uns aux autres.
Si nous pouvons participer
à l'établissement d'une connexion
plus profonde entre deux personnes,
alors nous aurons fait
un vrai travail pour ces gens.
Laissez-moi vous donner quelques
exemples sur comment se passe
Voici une de mes listes préférées :
« 32 memes que vous devriez envoyer
votre sœur immédiatement ».
Immédiatement.
Par exemple : « quand tu fouilles
dans les affaires de ta sœur,
et que tu l'entends monter l'escalier. »
Absolument, j'ai fait ça.
« Regarder ta sœur avoir des ennuis
pour quelque chose
que tu as fait
et dont tu l'as accusée ».
Oui, j'ai aussi fait ça .
Cette liste a eu trois millions de vues.
Pourquoi ?
Parce qu'elle remplissait, très bien,
plusieurs fonctions :
« C'est nous, connexion avec la famille,
me fait rire ».
Voici quelques-uns des milliers
et des milliers de commentaires
que des sœurs se sont envoyées
en utilisant cette liste.
(Ecrit) Yeliz Hassan : Yesim, c'est nous !
Et récupère tes trucs dans ma chambre !
(DN) Parfois, nous découvrons
ce que les travaux font après coup.
Ce quiz : « Choisissez une tenue et nous
devinerons votre âge et taille exacts »
est devenue viral : 10 millions de vues.
Dix millions de vues !
Vraiment, avons-nous réellement
déterminé l'âge et la taille exacts
de 10 millions de personnes ?
C'est incroyable !
En fasit, nous ne l'avons pas fait.
(Rire)
Il s'avère que ce quiz
est devenu extrêmement viral
parmi un groupe de femmes
de 55 ans et plus,
(Rires)
qui étaient surprises et ravies
que BuzzFeed ait déterminé qu'elles
avaient 28 ans et mesuraient 1,75 m.
(Rires)
« Ils me donnent 34 ans de moins
et 18 cm de plus.
Je m'habille pour le confort
et je m'en fous de ce que les gens disent.
L'âge est un état d'esprit. »
Ce quiz a été réussi non pas
parce qu'il était exact,
mais parce qu'il a permis à ces dames
de faire un travail très important :
se vanter humblement.
Nous pouvons même appliquer
ce cadre aux recettes et à la nourriture.
Le travail normal d'une recette
est de vous dire quoi faire
pour le dîner ou pour le déjeuner.
Et voici comment vous devriez normalement
réfléchir à une recette :
vous déterminez
quels ingrédients utiliser,
quelle recette ça fait,
et alors peut-être que vous claquez
un travail à la fin pour le vendre.
Mais que se passerait-il si on renversait
le tout et on pensait d'abord au travail ?
Une session de brainstorming
a impliqué le travail de liaison.
Alors, pourrions-nous faire
une recette qui réunisse les gens ?
Ce n'est pas un processus de brainstorming
normal chez un éditeur alimentaire.
Nous savons que les gens
aiment cuisiner ensemble,
et nous savons que les gens
aiment faire des défis ensemble,
nous avons donc décidé de proposer
une recette qui implique ces deux choses,
et nous nous sommes mis au défi :
pourrions-nous amener les gens à dire,
« Hé, BFF, voyons
si nous pouvons le faire ensemble. »
La vidéo qui en a résulté était
la vidéo "Fudgiest Brownies Ever"
Elle a eu énormément de succès
dans toutes les mesures possibles,
70 millions de vues.
Et les gens ont dit les choses
exactes que nous recherchions :
« Hé, Colette, on doit le faire,
ça te dit ce défi ? »
« C'est parti ! »
Ça a fait le travail prévu,
qui était de rassembler les gens
autour de la cuisson et du chocolat.
Le potentiel de ce projet
m'enthousiasme vraiment.
Quand on parle de ce cadre
avec nos créateurs de contenu,
ils le comprennent instantanément,
quel que soit leur champ d'action,
le pays où ils se trouvent,
ou la langue qu'ils parlent.
La cartographie culturelle
nous a donc permis d'augmenter massivement
la formation de nos employés.
Quand on parle de ce projet
et de son cadre
avec les annonceurs et les marques,
ils comprennent instantanément
parce que les annonceurs, plus souvent
que les entreprises de médias,
comprennent à quel point il est important
de comprendre le travail
que leurs produits font pour les clients.
Mais la raison pour laquelle je suis
le plus enthousiaste à propos de ce projet
est parce qu'il change la relation
entre les médias et les données.
La plupart des entreprises de médias
pensent aux médias comme « à moi ».
Combien de fans ai-je ?
Combien d'abonnés ai-je gagné ?
Combien de vues ai-je eu ?
Combien d'identifiants uniques ai-je
dans mon entrepôt de données ?
Mais il manque la vraie valeur des données
qui est que ce sont les vôtres.
Si nous pouvons capturer dans les données
ce qui compte vraiment pour vous,
et si nous pouvons mieux comprendre
le rôle que joue notre travail
dans votre vie réelle,
mieux nous créons du contenu pour vous,
et mieux nous pouvons vous toucher.
Qui êtes-vous ?
Comment êtes-vous arrivé là ?
Où allez-vous ?
De quoi vous souciez-vous ?
Que pouvez-vous nous apprendre ?
C'est une cartographie culturelle.
Je vous remercie.
(Applaudissements)