Imaginons qu'au XVIIIe siècle les gouvernements d'Europe aient décidé d'encourager le progrès de la musique symphonique – ou du moins le pensaient-ils – avec un système de brevets sur les idées musicales. Toute personne pouvant décrire une nouvelle idée musicale avec des mots obtiendrait un brevet qui serait un monopole sur cette idée. Cette personne pourrait ensuite poursuivre quiconque mettant en œuvre cette idée dans un morceau de musique. Ainsi un motif rythmique pourrait être breveté, ou une séquence d'accords, ou un ensemble d'instruments à utiliser ensemble, ou n'importe quelle idée que vous auriez pu décrire avec des mots. Maintenant imaginez que nous sommes en 1800, que vous êtes Beethoven et que voulez écrire une symphonie. Vous allez trouver qu'il est plus difficile d'écrire une symphonie pour laquelle vous ne serez pas poursuivi en justice, que d'écrire une symphonie qui sonne bien. Parce que pour écrire une symphonie et ne pas être poursuivi, vous allez devoir frayer un chemin au travers de milliers de brevets sur les idées musicales. Et si vous vous plaignez en disant que cela entrave votre créativité, les titulaires de brevets diraient : « Oh, Beethoven, vous êtes juste jaloux parce que nous avons eu ces idées avant vous. Pourquoi devriez-vous voler nos idées ? » Plus de 200.000 brevets logiciels ont été attribués aux États-Unis. Les developpeurs ont de plus en plus de difficultés à écrire des logiciels pour lesquels ils ne risquent pas d'être poursuivis. À présent, imaginez...