Quand j'avais 21 ans,
je ne parlais que l'anglais
ce qui est classique ceux d'entre nous
qui habitons des pays anglophones
et j'avais de nombreuses
raisons pour que
que ce soit ainsi pour
le reste de ma vie.
J'en étais certain,
car je n'avais pas de talent inné,
j'avais une très mauvaise mémoire,
je ne pouvais pas encore voyager,
j'étais trop vieux,
je me sentais trop vieux,
et j'étais sûr
que j'allais frustrer
les locuteurs natifs
et que j'allais me ridiculiser.
De plus, à l'école,
je n'avais pas été très bon
en langues.
J'ai néanmoins trouvé l'opportunité
de me mettre aux langues
après l'obtention de ma licence
en génie électronique,
et ne parlant toujours que l'anglais,
j'ai déménagé en Espagne.
Je me suis dit, c'est ma chance !
Ça va résoudre mes problèmes,
vivre à l’étranger.
Mais non !
Après six mois en Espagne,
j'étais toujours incapable de
parler espagnol.
Une personne sensée
aurait renoncé à ce stade
et aurait compris.
Mais je ne suis pas très sensé.
Alors je me suis dit,
si je change mon approche
et mon attitude,
je pourrais peut-être aussi changer
mes compétences en langues.
Ce qui m'a inspiré à commencer à
apprendre des langues
est une rencontre avec un polyglotte.
Un polyglotte est une personne
qui parle plusieurs langues.
Et la première fois qu'on rencontre
quelqu'un comme ça,
on est vraiment
très impressionné.
Par exemple, Richard du Royaume-Uni,
qui, dans une vidéo en ligne,
parle 16 langues.
Je vous montre un petit clip
et vous pouvez le voir :
français,
estonien,
tchèque,
et catalan.
C'est très impressionnant.
Il y aussi Luca d'Italie,
et ici il parle :
allemand,
et portugais.
Voilà maintenant Susana,
qui ici passe par :
italien,
russe.
Et une vidéo très impressionnante
que j'ai vue
est celle d'un Américain de 16 ans
qui s'appelle Tim,
où il parle 20 langues en une seule vidéo,
et dans cet extrait,
vous pouvez le voir parler en :
wolof,
yiddish,
hébreu,
arabe, turc,
swahili,
et hindi.
Formidable !
J'ai rencontré une personne comme ça,
qui m'a vraiment impressionné.
J'ai pensé : « Je veux être comme lui ! »
Mais ce qui me motivait,
c'était que je voulais que
les gens pensent que je suis intelligent,
les impressionner,
et j'ai rencontré un polyglotte
au début de mon séjour en Espagne,
et avec cette motivation superficielle
qu'il serait cool d'apprendre
une nouvelle langue,
j'ai échoué.
Alors, après 6 mois,
ce que j'ai découvert,
c'est l'un des plus grands problèmes avec
l'apprentissage d'une nouvelle langue,
un problème qu'on ignore,
c'est la motivation.
Beaucoup de gens ont de mauvaises
motivations pour apprendre une langue.
On apprend une langue seulement
pour réussir un examen,
pour améliorer nos chances
d'avoir une bonne carrière,
ou, tel est mon cas,
pour des raisons superficielles
pour impressionner les gens.
Et ce que j'ai réalisé,
c'est que les polyglottes que
je vous ai montrés,
apprennent une langue
car ils sont fascinés par cette langue-là.
Ils sont passionnés par
la littérature, les films
et par l'idée de lire
dans une langue étrangère,
et certainement, par l'idée
de communiquer avec les gens.
Et quand j'ai changé cette priorité
d'utilisation de la langue avec les gens,
j'ai enfin réussi à apprendre
les langues moi-même.
Mais les gens s'inventent des obstacles
à l'apprentissage des langues.
Alors j'aimerais discuter de
cinq d'entre eux.
Les plus récurrents de mes discussions.
Je pense qu'il y a cinq causes principales
qui freinent l'apprentissage d'une langue.
Nous allons les passer en revue.
La première est qu'ils ne possèdent pas
de gène ou de talent pour les langues.
Pas de gène ni de talent, eh bien,
qu'est-ce que ça signifie ?
Effectivement, ce n'est qu'une
prophétie auto-réalisatrice.
Dans mon cas,
en grandissant, quand je devais
apprendre la langue,
ou pendant les six mois
à apprendre l'espagnol sans succès,
ce n'était que moi qui me disais :
« Je ne possède pas le gène des langues,
alors ça ne vaut pas
la peine d'essayer. »
Par conséquent,
puisque je ne faisais aucun effort,
je n'ai pas appris la langue.
Ce n'est qu'un cercle vicieux,
c'est tout dans la tête.
Il n'y a pas de gène des langues,
nous le possédons déjà.
Imaginons que certaines personnes
apprennent mieux,
car nous le voyons à l'école,
ces gens qui avancent
plus rapidement que le reste.
Alors disons qu'il existe
en fait quelques traits innés
qui donnent à quelqu'un
un avantage de 20% sur les autres.
Tant mieux pour eux !
Mais ça ne veut pas dire pas
qu'on ne peut pas,
ça veut dire tout simplement
qu'on doit travailler 20% plus dur.
Et j'ai trouvé que, au moins dans mon cas,
quand je travaille plus dur,
je peux rattraper ceux qui sont doués
et même les dépasser.
Alors, ne pas avoir un talent n'est pas
une bonne excuse.
La raison suivante
est que l'on est trop vieux pour
apprendre une seconde langue.
C'est ce que je ressentais,
car avant l'âge de 21 ans,
je n'ai pas appris de seconde langue,
et beaucoup de nous pensent
que les enfants...
sont préprogrammés pour apprendre
une nouvelle langue facilement.
Mais est-ce ici vraiment le fait
de la neurologie,
ou plutôt l'environnement
dans lequel l'enfant apprend la langue ?
Eh bien, une étude de
l'université de Haïfa en Israël
a trouvé que,
dans des conditions favorables,
les adultes apprennent mieux
que les enfants.
Ça a l'air invraisemblable,
mais c'est lié à l'environnement,
à la motivation,
à l'enthousiasme et l'encouragement
qu'on reçoit des autres.
Et quand on y pense,
les adultes ont tendance à étudier
des vieux livres de grammaire poussiéreux
et à faire des exercices ennuyeux,
alors que les enfants jouent
avec la langue et s'amusent.
Alors j'ai trouvé qu'en vivant
à travers la langue,
et non en l'étudiant,
j'ai beaucoup mieux réussi.
Alors, vous n'êtes pas trop âgé
pour apprendre une langue.
J'ai rencontré des gens
dans la soixantaine
qui commencent à apprendre
une nouvelle langue et réussissent.
Une autre excuse
que les gens peuvent avoir,
est qu'ils ne peuvent pas aller
dans le pays-là tout de suite.
Cette excuse était peut-être valable
il y a 20 ans,
mais aujourd'hui le monde est
plus petit que vous l'imaginez.
Grâce à l'internet,
on peut se connecter à des personnes
dont c'est la langue maternelle
à travers le monde entier
et vous verrez que dans beaucoup de cas,
ils aimeraient aussi apprendre
votre langue maternelle,
et puis l'argent n'est même pas
un problème,
car vous leur en apprenez un peu
et vice versa.
Mais même en oubliant
internet un instant,
beaucoup d'entre nous vivent dans
des villages ou des villes
qui sont plus internationaux
qu'on ne pense,
et lorsque je voyageais aux États-Unis,
je suis allé à Columbus, dans l'Ohio,
pour rencontrer un polyglotte très
intéressant qui s'appelait Moïse,
et il aime faire ce qu'il appelle
« nivellement par le haut »,
il va dans un endroit public
pour chercher des étrangers.
Et avec eux, il peut pratiquer la langue.
Je l'ai rejoint quand il est allé
dans un centre commercial à Colombus,
et tous les deux on est parvenu à
pratiquer douze langues,
dans ce clip,
vous pouvez le voir parler en :
cantonais,
ici en cambodgien,
et voyez que ses efforts sont
très bien accueillis par cette personne.
Alors, vous pouvez apprendre
une langue n'importe où,
et je voulais voir
jusqu'où on pouvait aller,
lors de mon projet le plus récent.
Je suis allé au milieu du Brésil,
pour apprendre l'arabe égyptien.
Et j'ai réussi,
car bien qu'il n'y ait pas eu d'Égyptiens,
je me suis connecté sur Skype
et j'ai parlé pendant une ou
deux heures par jour
et j'ai pu acquérir un niveau
de conversation.
Alors non !
Ne pas pouvoir visiter un certain pays
n'est pas une excuse.
L'excuse suivante que quelqu'un
peut donner
est qu'il a une mauvaise mémoire
pour retenir tout le vocabulaire.
Et c'est vraiment ce que j'ai ressenti
car quand j'ai commencé l'espagnol.
j'avais une longue liste de mots,
j'ai essayé de la mémoriser
mais j'ai oublié les mots rapidement.
Mais des recherches sur
la capacité de la mémoire
ont trouvé que
c'est mieux de réviser ces mots
avec la bonne fréquence,
et il y a cette technique qui s'appelle
« Répétition espacée »,
on révise un mot
juste avant de l'oublier.
Voici la courbe de l'oubli,
la ligne rouge est
ce qui se passe normalement
quand on voit un mot
mais pour faire entrer ce mot dans
la tête de façon permanente,
il faut juste le réviser avant
qu'il ne disparaisse,
par exemple, réviser le mot
un jour après, puis une semaine après,
et puis un mois après.
Et il y a des applications
dans les Smartphones
et il y a des programmes gratuits
que vous pouvez télécharger
qui vous aident
à chronométrer tout ça.
Et c'est génial
mais on peut apprendre ces mots
encore plus vite et mieux
en combinant ça
avec une technique d'association d'images.
Alors, par exemple,
disons que je veuille apprendre
que le mot espagnol
pour 'mettre' est 'caber'.
Alors si j'imaginais
qu'il est impossible de
mettre un ours dans un taxi?
'Cab' (taxi en anglais)
'bear' (ours en anglais)
est 'caber' qui signifie 'mettre'.
on peut faire ça
pour beaucoup de mots
et ça devient très facile avec le temps
et on peut apprendre
le vocabulaire instantanément.
Alors non, avoir une mauvaise mémoire
n'est pas une bonne excuse.
Ensuite,
et je pense que c'est là plus important,
les gens disent toujours,
qu'ils embêteront les locuteurs natifs.
Et c'est faux.
Je suis allé dans beaucoup d'endroits,
j'ai parlé à beaucoup de gens
et chaque fois que j'ai essayé
d'utiliser leur langue,
ils étaient ravis,
que je fasse l'effort !
Et j'ai l'impression que,
en particulier les adultes,
quand on apprend une langue,
on est trop perfectionniste,
on veut que tout soit absolument parfait,
alors que le perfectionnisme est
une mauvaise chose dans ce cas-là,
car la langue est
un moyen de communication,
c'est une façon de rencontrer
des gens et de nouvelles cultures,
et quand on se lance,
ce n'est pas grave de faire des erreurs !
En fait, un de mes objectifs est de faire
au moins 200 fautes par jour,
de cette façon
je sais que je progresse,
je suis en train d'utiliser la langue !
Alors couvrez-vous de ridicule,
allez, parlez aux étrangers
ce n'est pas grave.
Quand croyez-vous
qu'on apprend mieux une langue ?
Ici ?
Ou là ?
(Rires)
Alors, tout le monde peut
apprendre une langue
en l'utilisant avec les gens,
et c'est bien de l'utiliser tôt,
et c'est très important :
vous n'avez pas besoin d'attendre
de parler couramment la langue.
Vous pouvez commencer plus tôt
que vous ne pensez
et ça vous ouvrira beaucoup de portes
sur d'autres cultures,
Alors par exemple,
après avoir appris l'arabe au Brésil,
je suis allé en Égypte
et je suis allé dans le désert du Sahara,
je me suis assis avec
un Égyptien sur le sable
et nous avons bu du thé,
nous avons eu cette petite conversation :
(en arabe)
(en arabe)
et ici je dis simplement que
l'Égypte est tellement grande
et tellement magnifique,
c'est beaucoup plus que
seulement la Place Tahrir au Caire.
Et pendant que je parlais avec lui,
j'ai fait des fautes ici et là
et j'ai mal conjugué un verbe
de temps en temps,
mais ce n'est vraiment pas grave,
car même avec ce niveau de conversation,
nous avons eu une conversation fascinante.
Et j'ai fait ça avec d'autres cultures
et d'autres langues
et j'ai même pu apprendre un peu de
la langue des signes américaine.
Ici vous pouvez voir...
Juliana m'avait demandé
pourquoi je n'avais pas appris
la langue des signes irlandaise
et je réponds que
quand je suis en Irlande,
je préfère améliorer mon irlandais
et mon gaélique
pour que je puisse parler ici :
en irlandais
c'était moi à la radio irlandaise
parlant de mes voyages
et d'autres choses,
et j'ai appris l'irlandais pendant
dix ans à l'école
sans pouvoir dire la moindre
phrase la plus basique,
Mais adulte,
je suis retourné en Irlande
et je me suis mis à employer la langue
comme un débutant.
Et ça m'a aidé à atteindre ce niveau.
Et ce n'est pas grave d'être débutant,
ce n'est pas une mauvaise chose
de parler couramment,
mais quand vous commencez,
vous pouvez aller au niveau supérieur,
et ensuite, atteindre un très bon niveau.
J'ai un très bon niveau en français,
en espagnol entre autres.
J'ai travaillé comme
traducteur professionnel
comme ici, je suis en train
de converser en français :
(En français)
et c'est très bien,
c'est ce que tout le monde imagine
quand ils commencent
l'apprentissage des langues,
ils pensent,
« Je veux être au niveau professionnel,
je veux avoir des conversations
philosophiques profondes. »
et c'est fantastique
et oui, c'est impressionnant quand
on voit des gens comme ça.
Mais je pense que
c'est beaucoup mieux
se lancer dès le début.
Et l'une des expériences
les plus incroyables que j'ai eues,
c'est quand j'étais en Chine,
dans le train,
2 000 kilomètres au fin fond de la Chine,
et j'ai eu une conversation très
simple de type « Comment t'appelles-tu ? »
et enfin on m'a donné mon nom chinois,
là, dans ce train,
et regardez,
ça s'est passé comme ça :
(En chinois)
« Comment t'appelles-tu ? »
« Je m'appelle Benny. »
(En chinois)
« Je n'ai pas de nom chinois. »
et puis (inaudible),
Il dit : « Ton nom est Li Pun. »
parce que ça ressemble à ton propre nom
et ça signifie la capacité
ou les compétences.
Et comme vous voyez,
je peux avoir cette conversation,
même avec un niveau de
conversation élémentaire en chinois.
Et j'ai vraiment la capacité,
j'ai vraiment les compétences nécessaires
pour apprendre une langue.
Mais je les ai toujours eues,
nous les avons tous.
Et la raison pour laquelle
j'ai ces compétences
n'est pas parce que je suis né
avec et d'autres pas,
c'est une décision que j'ai prise.
Et le problème auquel beaucoup
d'entre nous sont confrontés,
est que nous avons l’impression
que c'est mieux d'étudier
et de se préparer pour parler
une langue un jour,
parce que si nous le faisons trop tôt
nous déclencherons la fin du monde
par la frustration
que nous causons aux autres personnes.
Il y a sept jours par semaine
et un de ces jours n'est pas l'un d'eux.
Je pense, plutôt que de voir
le monde prendre fin,
un tout nouveau monde commencera
si on essaye d'apprendre une autre langue.
Donc, j'espère que vous allez essayer.
Merci.
(Applaudissements)