L'idée est de fabriquer de la nourriture avec des moyens de base. Nous avons une usine pilote où nous pouvons produire 1kg par jour de cette nouvelle protéine. Et à partir de là, nous pourrons envisager une usine à grande échelle. Nous devons aussi demander l'autorisation de produire des aliments nouveaux. Parce que cette nourriture est d’un nouveau genre, nous avons besoin d'une autorisation pour la vendre. Entretien téléphonique : Pas Vainikka, PDG de Solar Foods (Finlande) Vidéo : ateliers de Replica Ltd (Royaume-Uni) ALIMENTS DU FUTUR "Solein"{\i0} est le nom de ce nouveau produit, c'est une protéine d’un nouveau genre. Ce n'est pas qu’une expérimentation, c'est vraiment comestible. D’une certaine manière, ça transforme l'électricité en calories comestibles. Donc en tant que tel, c'est déjà un produit, pas seulement un prototype. Nous pouvons produire de la nourriture, par exemple, dans le désert. Nous avons besoin d'électricité qui peut être produite avec des panneaux solaires. Et le CO2 et l'eau nécessaires à la production nous pouvons les capter dans l'air. Cela nous libère du temps et de l'espace, nous pouvons produire de la nourriture dans le désert ou l'Arctique. Ou même dans l'espace, ce pour quoi nous avons un projet avec l'Agence Spatiale Européenne. C'est donc une production alimentaire sans les effets de l’agriculture et de l’exploitation des terres. Nous l’adapterons pour la consommation humaine. Elle pourrait aussi, bien sûr, être utilisée pour l'alimentation animale. Mais nous la brevèterons pour la consommation humaine. L'idée est que nous entrons maintenant dans la 4ème phase de notre développement. La première fut lorsque nous avons appris à... Lorsque nous formions des sociétés de chasseurs-cueilleurs. Puis nous avons appris à cuisiner la viande et les légumes et le cerveau a obtenu plus d'énergie et ... le langage parlé s’est développé et cela a permis à la société d’alors d’accéder à un nouveau niveau, à se réorganiser en tribus et... La deuxième phase est celle où nous avons appris à pratiquer l'agriculture. Soudain, nous avons eu accès à beaucoup de nouveaux aliments et d’apport énergétique. Le langage écrit s'est développé. Et cette énergie et cette communication ont permis à l'humanité de franchir un nouveau cap. Pour former des cités-états... Et la troisième phase est celle que nous vivons actuellement, à savoir la révolution industrielle, où nous avons appris à utiliser et à tirer profit des combustibles fossiles et des ressources énergétiques, qui est aussi une des bases des engrais qui nous permettent de produire tous les aliments aujourd'hui. Ensuite, cette énergie associée aux nouvelles technologies de l'information et de la communication, la radio et la télévision, ont abouti à la mondialisation telle que nous la connaissons aujourd'hui. Mais aujourd'hui, avec les technologies de l'information et de la communication, chacun a un super-ordinateur dans sa poche. Et tout le monde a accès à l’information mondiale en temps réel et gratuitement. Et cette technologie de l'information, associée aux technologies de l'énergie renouvelable pourrait amener l'humanité à un nouveau niveau. Et cela pourrait aussi faciliter un avenir intéressant pour la production alimentaire. Et nous pensons que nous avons un rôle dans ce récit qui entrainera la 4ème phase de cette révolution industrielle. 75% des calories de la planète que les gens consomment sont produites à partir de et par 17 espèces : 12 espèces végétales et 5 espèces animales. Et nous avons un indice historique : nous avons été capables d'utiliser comme nourriture quelque chose que nous pouvons tenir entre nos doigts, que nous pouvons voir et sentir. Tout le monde comprend ce qu’est "une baie". Vous pouvez la tenir entre vos doigts. Vous comprenez le concept de "vache" et de "céréales", etc. Mais maintenant, ce que nous pouvons faire avec notre technologie est de fournir une nouvelle récolte de vie microbienne, et essentiellement la cultiver et la récolter pour la consommation humaine. Une grande part de la vie dans sa diversité et un certain nombre d'espèces sur la planète sont en fait, disons, de petites formes de vie que l'on ne peut pas vraiment voir et que l'on n'utilise pas vraiment. Donc, de façon stratégique, nous apportons un nouveau type de diversité alimentaire disponible au sein des organismes que nous allons utiliser. 20 à 25% des émissions de gaz à effet de serre dues à l'action humaine sont dues, directement ou indirectement, à ce que nous mangeons. Le principal problème concerne la viande et les protéines. Afin de produire beaucoup plus de calories pour la population croissante, et en même temps, ce que les accords de Paris sur le climat et les rapports du GIEC exigent, c'est que nous transformions notre système énergétique et alimentaire pour qu’il soit neutre en carbone. Pendant ce temps, certaines estimations disent que nous aurions besoin de produire environ 50 à 70 % de nourriture en plus pour répondre aux besoins d'une population croissante. C'est donc le conflit entre les ressources et la durabilité et la rupture entre production alimentaire et exploitation des terres. Ce qui se passe techniquement, c'est que... Beaucoup de gens savent comment la bière et le vin sont fabriqués, alors... Au lieu d'avoir un liquide dans un récipient où vous mettez de la levure, et cette levure... utilise du sucre dans le liquide, au lieu d'avoir cette levure dans nos réacteurs qui ressemblent à une brasserie nous avons nos microbes et au lieu de leur donner du liquide sucré, on leur donne un liquide dans lequel on met des petites bulles de CO2 et d'hydrogène. Et cet hydrogène est fabriqué avec de l'électricité en divisant l'eau. C'est donc la source d'énergie et la source de carbone est le dioxyde de carbone que l'on peut obtenir avec la technologie dite de « capture directe de l'air ». Et ce que vous obtenez, c'est un liquide contenant des cellules qui ont plus de 50% de protéines. Ensuite on extraie le liquide du réacteur, on le sèche et on obtient une poudre, une poudre sèche dont l'aspect physique est similaire à celui de la farine de blé et qui contient environ 50 % de protéines. Cette poudre peut être utilisée comme ingrédient, un ingrédient riche en protéines dans les produits alimentaires existants, par exemple, dans les pâtes et les pains et les plats cuisinés et les yaourts et tout ça... Et la deuxième utilisation possible est l'utilisation de substituts de viande à base de plantes, une option alternative pour l'alimentation future est de fabriquer quelque chose qui ressemble à de la viande mais en utilisant des matériaux d'origine végétale et là, nous pouvons également fournir des protéines à ces alternatives végétales. Et le troisième secteur dont nous pourrions faire partie est la "production de viande de culture" lorsque les cellules sont cultivées pour la production de viande de culture, alors ces cellules sont aussi maintenues dans un "milieu de culture". et elles ont besoin, dans ce milieu, de sucres et d'acides aminés pour se développer. Donc, en gros, nous pourrions peut-être fournir une partie des sucres, mais... Surtout les acides aminés pour le milieu de croissance où les cellules de viande sont cultivées. En fait, nous pensons que notre technologie est une sorte de plateforme technologique qui peut permettre de sortir de l'agriculture pour des types de produits très divers. Adaptation : Bertrand Grimault