Bonjour tout le monde !
Public : Bonjour.
Je m'appelle Matt Campion.
Aujourd’hui je suis là pour vous parler
de l'importance de la santé mentale.
Et je suis là aussi
pour vous parler du jour
où j'ai cru que j'allais mourir.
À la fin du talk,
j'aurai quelque chose à dire à quelqu'un.
Maintenant,
J'aimerais faire une expérience
avec vous, si ça vous va.
J'aimerais vous demander
si vous avez eu des soucis mentaux
dans les dernières 24 heures.
Levez la main, s'il vous plaît.
Je parle de stress, d'anxiété,
de dépression, de panique.
Et la semaine dernière ?
Le mois dernier ?
L'année dernière ?
Génial, merci.
Vous pouvez baisser vos mains.
Ce que j'essaie de dire,
c'est qu'il est très important de créer
des endroits sûrs comme ici
où on peut montrer notre vulnérabilité.
Et je pense que pour moi,
une des choses contre lesquelles je lutte,
c'est de montrer cette vulnérabilité.
Là, je vous regarde, dans le public,
et comme l'a dit Jake,
je crois que certains d'entre vous
me reconnaissent, non ?
Ouais, c'est bien ça.
Je suis Stephen Henwood,
de la série télévisée iconique
« Soldier Soldier ».
(Petits rires)
(Éclats de rires)
Ça va, ça va.
(Rires)
Ce n'était pas si drôle.
Donc, enfant, j'ai eu la chance
de faire partie de ce qui s'appelle
le ITV Junior Television Workshop.
Le Workshop était un endroit génial
dans lequel j'ai grandi.
J'y allais toutes les semaines
après l'école.
C'était aux Central Television Studios,
à Birmingham,
où j'apprenais le métier d'acteur
dans un théâtre pour les films et la télé.
Et en l'espace de ce temps à l'atelier,
jusqu'à mes 20 ans,
j'ai eu la chance d'avoir joué
dans 40 émissions différentes.
La raison pour laquelle je vous dis ça,
ce n'est pas pour crâner -
pour ceux qui ont sifflé.
Je vous dis ça parce que
je pense qu'avoir été au Workshop
m'a appris à me créer un masque.
Ça m'a appris à faire semblant,
à créer cette supercherie.
Parce qu'en vrai,
dans mon enfance,
les choses étaient très différentes
à la maison.
J'ai grandi avec un père
alcoolique et addict
et qui luttait vraiment
avec sa santé mentale.
Et quand j'avais 10 ans -
c'est très dur pour moi de dire ça -
en rentrant à la maison, je l'ai trouvé
après qu'il ait tenté de se suicider.
J'avais 10 ans sur cette photo.
Alors imaginez comment c'était.
J'ai ensuite passé mon adolescence
avec cette incertitude, à chaque fois,
en rentrant :
Avait-il bu ?
Était-il blessé ? Mort ?
Et de fait, à l'adolescence,
je l'ai trouvé
après deux tentatives de plus.
Le truc, c'est que
c'était très traumatisant pour moi.
Et le truc, je pense,
c'est qu'on enfouit tous nos traumatismes.
On les met dans de belles petites boîtes
qu'on essaie de cacher.
Et je pense que faire partie
du Workshop d'ITV,
d'être acteur, est quelque chose
qui m'a aidé à les cacher.
Ça faisait partie du masque
dont je parlais avant.
J'étais en colère contre mon père,
très en colère.
Et en fait,
le traumatisme, quand on y pense,
le truc que j'ai compris en grandissant,
c'est que le traumatisme doit sortir.
Et la colère que j'avais -
je me souviens que je me disais :
« Je ne serai jamais comme ce gars. »
Quoi que je fasse, je n'échouerai pas.
Je serai un succès, je cocherai
toutes les bonnes cases de la vie.
J'aurai une bonne carrière,
une bonne famille -
je ne serai jamais comme lui.
En devenant adulte,
je suis allé à l'université.
Puis j'ai commencé une carrière
dans la télévision, en coulisses,
et je suis sûr que vous vous dites
que c'est une grande perte
pour le monde des acteurs.
(Rires)
À 23 ans,
je me donnais vraiment à fond.
Je suis devenu metteur en scène à 23 ans.
À 26 ans,
je suis devenu producteur délégué.
J'ai rencontré une femme brillante.
Je me suis marié,
j'ai eu deux beaux enfants.
À l'âge de 30 ans,
j'ai créé ma propre société
de production : « Spirit Media ».
J'étais à fond pour être le succès
qu'il n'était pas.
En 2016,
tout ça a changé.
Le NHS m'a abordé
ici à Brighton et Hove,
avec le YMCA,
pour créer une campagne
pour changer les préjugés
sur la santé mentale
chez les jeunes.
Et à l'époque,
je dirigeais le dernier clip
des Rizzle Kicks,
un autre groupe de Brighton et Hover.
Et Jordan, membre des Rizzle Kicks,
m'avait envoyé un solo,
pour le mettre dans le projet
sur lequel je travaillais pour la télé.
Et je suis tombé sur ce morceau
intitulé « Whole ».
J'ai commencé à l'écouter,
et ça a touché ma corde sensible.
Ce jeune était là
en train de parler librement de sa lutte
avec sa santé mentale
et de ses secrets les plus profonds.
Donc j'ai demandé au NHS :
« Avez-vous pensé à mettre de la musique
et un format vidéo
pour attirer les jeunes ? »
parce que, l'alternative
était de mettre des tracts
dans des cabinets médicaux,
et on sait qu'un jeune
n'ira pas les regarder.
Et, heureusement pour moi,
ils étaient d'accord.
Donc on a dû trouver une idée
pour mener une campagne
pour encadrer le projet.
Là, c'est le jour juste avant le jour-J
et, un peu comme le talk aujourd'hui,
je n'avais rien préparé en avance,
ce qui n'est pas bon
pour votre santé mentale.
Et la veille,
j'ai décidé d'écouter ce morceau
en boucle.
J'ai dû l'écouter peut-être 100, 200 fois.
Et très tôt le lendemain,
je me suis levé,
Et j'avais fait ce rêve.
Ce rêve où on demandait aux gens
de dessiner un cercle sur leur main
et de partager en ligne
leurs problèmes mentaux
pour changer ces a priori
autour de la santé mentale.
J'ai envoyé un SMS à Jordan
très tôt le matin :
« Jordan, rends-moi service.
Dessine un cercle sur ta main,
prends une photo,
et envoie-la moi. »
Et il m'a envoyé ça.
Le cercle sur la main de Jordan
n'est pas parfait.
Mais le cercle évoque
la communauté et l'unité.
C'est quelque chose qui est cyclique,
le cercle de la vie :
les choses iront toujours mieux ;
les choses vont changer.
Et en définitive, le cercle représente :
« Si tu te sens brisé,
tu es toujours entier. »
On a donc créé le hashtag #IAmWhole
(« #JeSuisEntier »).
Le jour de la journée mondiale
de la santé,
qui est le 10 octobre 2016,
on a lancé la campagne.
On a lancé le clip.
On a lancé le film de la campagne.
Et en deux heures,
quelque chose d'incroyable s'est produit.
On a reçu des centaines et des centaines
de photos publiées en ligne
avec les gens qui utilisaient le hashtag
et qui parlaient de leurs propres
problèmes mentaux.
Des célébrités nous ont rejoints :
Ed Sheeran et James Corden.
C'était juste incroyable.
À 14h, on parlait de nous au Parlement.
Et en fin de journée,
on est passés de petite nouvelle le matin
à faire la une.
Nous avions atteint
120 millions de personnes.
(Applaudissements)
Mais ce que les gens ne savaient pas
à propos de moi
au moment de la campagne,
c'est que deux semaines auparavant,
j'ai cru que j'allais mourir.
J'étais au travail,
je finissais une révision.
J'étais en sueur.
J'étais essoufflé.
Je perdais contrôle.
Je décidai alors de rentrer,
de Londres à Hove,
pour aller voir un docteur.
Et alors que je marchais vers la gare,
le monde s'est refermé sur moi.
Je ne respirais plus,
mon cœur allait exploser
hors de mon torse.
Selon moi,
je faisais une crise cardiaque
je n'allais plus jamais voir ma femme
et mes enfants.
C'était vraiment un moment terrifiant.
Le moment d'après,
j'étais dans une ambulance
direction l'hôpital.
Ça, c'est moi à l'hôpital,
Ils m'ont fait des analyses de sang
et un électrocardiogramme,
et les résultats étaient bons.
Et on m'a dit que, en fait, je venais
d'avoir ma première crise de panique.
Et le timing de cette crise
n'était pas dû au hasard.
Parce que, en fait, je pense que,
pour donner à la campagne la tournure
que je voulais qu'elle prenne,
j'ai dû creuser loin dans mon passé
et revivre tous ces moments sombres
de mon enfance.
J'avais aussi des discutions
avec d'autres personnes
à propos de leurs problèmes mentaux.
Donc ce n'est pas une coïncidence
que ça me soit arrivé.
Et je pense que cette crise de panique
m'a permis de libérer ce traumatisme
que j'avais enterré
et mis dans une belle petite boîte
quand j'étais enfant dans les années 80.
Cette crise a créé une réaction en chaîne,
et les 18 mois suivants,
j'ai continué à faire
des crises de panique.
Très, très, très effrayant.
Si quelqu'un ici a parfois
des crises de panique,
je comprends vraiment votre douleur.
Revenons à mon travail.
Le business avançait bien.
On avait plus de projets TV.
« I Am Whole » avait pris sa vie propre.
Et on allait vers le plus gros projet
que notre business allait connaître.
On allait organiser un concert
à la Roundhouse à Londres,
« Music for Mental Health »,
avec certains des plus grands artistes
du Royaume-Uni.
À l'époque,
je n'en avais parlé à personne,
pas directement en tout cas.
Et j'étais très inquiet
que les gens en haut de mon industrie
n'aient pas confiance en moi
pour mener à bien ce projet
ou les autres projets, d'ailleurs,
si je luttais mentalement.
Donc j'avais décidé
de n'en parler à personne.
Puis quelque chose a changé.
On a fait un podcast, « The Whole Truth ».
[Toute la vérité]
Ce podcast parle des gens,
célébrités, auteurs, influenceurs,
qui ont du mal avec leur santé mentale,
ils viennent dans cette émission,
animée par Jordan,
où ils parlent ouvertement
de leur santé mentale.
Je me suis dit :
« Serait-ce hypocrite
si je ne parlais pas
de mes propres problèmes mentaux
alors que j'ai mené cette campagne ? »
Alors j'ai voulu faire le premier épisode,
et je l'ai fait.
Et le monde ne s'est pas effondré sur moi.
En fait,
certains des plus grands de l'industrie
sont venus me dire
que ça les avait inspirés
et ils ont alors partagé avec moi
leurs histoires.
Je n'y croyais pas.
Mais le but de ce talk
est de vous donner des astuces,
et j'aimerais vous dire
qu'il y a une solution facile
quand on a des problèmes de santé mentale.
Mais malheureusement, il n'y en a pas.
Et il y a quelques clichés,
mais je veux vous dire quelques
trucs qui marchent pour moi.
Je ressentais que la caféine
était quelque chose qui déclenchait
toujours mes crises de panique,
donc je l'ai supprimée de mon régime.
J'ai essayé de réduire un peu l'alcool
parce que je pense que c'est pour tous
un mécanisme de défense contre le stress.
Dormir, car le sommeil est une des choses
qui m'ont le plus changé.
J'essaie de dormir, quand je peux,
au moins 8 heures.
Et laissez-moi vous dire
que ça fait la différence.
La pleine conscience :
j'ai téléchargé des applis,
les méthodes de respiration,
être présent.
Ça fait vraiment une grande différence.
Mais s'il y a une chose
que je pourrais vous dire aujourd'hui,
qui a fait la plus grande différence,
et même s'il n'y a qu'une personne
dans cette pièce qui entende ça,
je veux que vous l'entendiez vraiment.
Parlez à quelqu'un.
Parlez à un professionnel,
à un membre de votre famille,
à un ami ou à un inconnu.
Je ne peux pas exprimer à quel point
ça a changé ma vie de parler à quelqu'un.
Avant de finir,
je veux vous montrer un court film,
qui montre ce qui arrive
quand les gens se rassemblent
et combattent les idées reçues.
(Vidéo) Jordan Stephens : Quelque chose
dont on doit plus parler,
une campagne, Jor, que tu peux
lier avec de la musique.
Prêt ?
Matt Campion : J'écoute le titre « Whole »
et ça a résonné en moi.
JS : J'avais pas réalisé que j'écrivais
un texte sur ma propre dépression.
On venait tout juste de demander à Matt
de faire une campagne
pour le NHS et le YMCA,
contre les préjugés des problèmes
mentaux chez les jeunes.
Et ensuite il me dit : « Écoute ».
MC : Dessine un cercle sur ta main
et prends une photo.
Sans s'en rendre compte,
on filmait un clip vidéo
Et à la journée de la santé mentale,
on l'a publiée.
(Musique)
On était n°1 des tendances
sur les réseaux sociaux,
lon a parlé de nous au Parlement.
On faisait les gros titres
en fin de journée.
On avait atteint 120 millions
de personnes dans le monde.
Des mois après,
on recevait des photos
de chaque continent.
D'autres célébrités nous ont rejoints.
Ça avait pris vie.
Cette année, on s'est demandé :
« Comment avoir plus d'ampleur ? »
JS : C'est là qu'on a su :
la musique est la clé.
De la musique pour la santé mentale.
MC : On a fait un partenariat
avec trois associations géniales.
JS : Puis Matt a dit : « Qui viendra ? »
Donc je dis, Ella-Eyre, Professeur Green,
Olly Murs, James Arthur,
Hussain Manawer, Anne-Marie,
Nothing But Thieves, Louis Berry.
Puis j'ai demandé à Ed,
qui a dit : « Ouais ! »
et j'ai répondu « Quoi ? »
(Musique en fond)
Présentatrice : C'est la première
en son genre.
Je ne savais pas que ça
prendrait cette ampleur.
(Musique en fond)
Professeur Green : C'est un honneur
de faire partie d'un tel show.
C'est incroyable !
Olly Murs : Je souffre d'anxiété terrible.
Ce soir, c'est la première fois
que j'en parle.
Fille A : C'est partager et
recevoir du soutien des autres.
Homme : C'est plus facile d'en parler.
Fille B : Je pense que la musique connecte
beaucoup de gens.
JS : C'est seulement le début.
Fais un pas en avant
et opère un vrai changement
3...
2...
1...
(Tous en même temps) I am whole !
Présentateur : Mesdames, Messieurs,
faites du bruit pour Ed Sheeran !
(Cris)
(Fin de la vidéo)
(Applaudissements)
MC : Merci.
Au tout début,
j'ai dit qu'il y avait quelqu'un
à qui je voulais dire quelque chose
à la fin de mon talk.
Et c'est quelque chose que je sens
que je suis capable de dire
seulement maintenant.
Papa, si tu regardes ça un jour,
je te pardonne.
Je m'appelle Matt Campion,
et je suis entier.
(Applaudissements) (Cris)