Petite fille, j'avais le rêve de rencontrer le prince charmant qui me porterait dans ses bras. Nous nous marierions et nous exercerions à avoir des enfants. Nous nous aimerions dans le bonheur et dans une maison avec un grand jardin. J'ai rencontré mon prince charmant et il m'a prise dans ses bras. Nous avons eu trois beaux enfants. Notre vie était parfaite et nous avions la maison avec le grand jardin. Au bout de huit ans de mariage, j'ai eu le sentiment troublant, une intuition que quelque chose n'allait pas. Était-ce moi ? Était-ce lui ? Était-ce notre relation ? Quelque chose n'allait pas. Alors, je lui ai posé la question. Il m'a apaisée. J'en suis arrivée à la conclusion que je me trompais. Un jour, j'ai constaté un débit de notre compte bancaire qui m'a fait penser qu'il me trompait. Alors, je lui ai demandé des explications. Il m'a répondu avec empathie et gentillesse : « Emily, je ne te tromperais jamais avec une autre femme. » Naturellement, je ne voulais pas y penser et je ne savais pas comment réagir alors j'ai eu recours au sarcasme et je lui ai demandé : « Qu'es-tu alors ? Tu es gay ou quoi ? » Son silence le trahissait mais je ne comprenais pas. Il m'a répondu avec une question : « Alors, tu savais depuis le début ? » Les 18 mois qui ont suivi, j'ai dû gérer tant de choses. Le temps manque pour parler de tout, mais voici une liste des choses principales pour vous aider à comprendre ce qui m'est arrivé. Je me suis sentie seule et je ne voulais pas que cela se sache car je craignais qu'on pense que je suis stupide. Comment avais-je pu être si naïve ? Le divorce était la dernière chose que je souhaitais au monde car j'aimais mon mari. Et les gens affirmaient catégoriquement que ma seule option était le divorce. D'autres, moi incluse, luttaient avec ces choses. Pour rester en phase avec mes valeurs chrétiennes, ma foi, mes vœux de mariage et les Écritures, je devais rester mariée avec lui. Je me sentais coincée. J'ai tenté de le manipuler et de changer qui il était. J'étais en situation de déni. J'ai utilisé les enfants contre lui. J'ai utilisé les Écritures contre lui. J'étais désespérée. J'étais désespérée car j'ignorais qui j'étais sans lui. Qui étais-je loin de lui ? La maison avec le grand jardin et ma vie parfaite étaient en ruines. Je m'adresse aujourd'hui à deux types de personnes avec ce scénario. Je m'adresserai d'abord au conjoint hétéro. Ensuite, je m'adresserai à l'autre personne dans la relation. Je les évoquerai comme LGBTQ, et toutes sortes de lettres. Il y en a bien davantage. Je pourrais aussi parler de conjoint gay ou lesbien. Gardez à l'esprit que ces mots sont interchangeables dans notre contexte. J'espère, même si vous n'avez pas dû gérer une telle situation, que vous glanerez quelque chose car je pense qu'il s'y cache de bons principes. D'abord, le conjoint hétéro. Je souhaite vous dire deux choses. D'abord, vous n'êtes pas seul. Je vais le répéter : vous n'êtes pas seul. Nous sommes des centaines de milliers, des estimations parlent de 2 millions, qui ont traversé ou traversent cela ou vont le traverser. Ce qui est intéressant, c'est qu'il n'y a pas de manuel, pas de : « Conjoint hétéro pour les Nuls ». Si cela existait, soit A : j'adorerais écrire sur le sujet, ou B : je ne serais pas là, je n'en aurais pas eu besoin. Quand on traverse quelque chose pour lequel il n'y a pas de manuel, vous devez trouver des personnes qui ont été à votre place ou qui traversent la même chose. Trouver d'autres personnes permet de savoir qu'on n'est pas seul, et c'est un grand pas vers la guérison. La deuxième chose que je souhaite dire au conjoint hétéro, est de découvrir votre vous profond. Je vais expliquer cela rapidement. Quand deux personnes ont une relation, quelle que soit sa durée, surtout si cette relation dure depuis longtemps, on risque de perdre une partie de son identité en la mélangeant avec celle de l'autre. Ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose. Quand la trahison arrive, vous serez perdu si vous n'avez pas d'attaches solides pour vous maintenir debout. Si et quand ça arrive, et je forme le vœu que cela ne vous arrive pas, cherchez votre identité profonde, acceptez-vous et aimez-vous car vous allez devoir prendre des décisions difficiles, et vous les prendrez. Et vous aurez besoin d'un rocher pour rester debout. Si vous envisagez de créer des frontières difficiles à maintenir, vous devez vous connaître et vous aimer profondément pour avoir quelque chose de solide auquel vous attacher. C'est un grand pas dans la direction de la guérison. Bien, maintenant, le conjoint LGBTQ, gay ou lesbien. Je veux d'abord reconnaître une chose. Bon, je sais que faire un coming-out est dur. Mais personne dans mon monde ne dira que c'est une mauvaise chose. C'est ce que je pensais jusqu'à ce que mon mari fasse son coming-out. Alors, voici deux conseils qu'il me semble essentiel de partager avec vous. Je reçois des messages sur mon blog et via d'autres sites internet qui demandent : « Comment puis-je aider mon conjoint et merci de nous aider. » Voici donc mes conseils. Dites la vérité. Entièrement. C'est facile de penser que quand on a dit la vérité, on ressent un poids qui s'en va. Vous avez porté ce poids toute votre vie, consciemment ou pas, et vous vous soulagez de ce poids en réalisant et cela fait du bien. Je le sais. Je ne dis pas que la route sera facile. Mais en vous libérant de ce poids, vous le déposez sur les épaules de votre conjoint qui ne s'y attend pas. Imaginons que vous partiez car c'est ce qui semble la chose à faire. Je ne veux pas mortifier quiconque, mais juste un peu de compréhension. Alors, quand on demande la vérité, on ne veut pas de demi-mesures par crainte de nous blesser davantage. Nous avons des pièces du puzzle qui manquent depuis un moment et nous avons besoin de comprendre et la seule manière d'y arriver, c'est avec toute la vérité. Je vous y encourage tous. Ne fuyez pas quand votre conjoint vous pose des questions car vous vous sentez plus léger et du coup vous ne pensez pas que c'est important. La deuxième chose que je souhaite vous dire, c'est de reconnaître là où vous avez tort et faire amende honorable. Certes, vous ne pourrez pas revenir en arrière et changer la situation. Vous soucier du passé n'aidera pas. Mais à partir de ce moment, je souhaite vous encourager non pas à dire : « Je suis désolé, mais... » comme dans : « Je suis désolé de t'avoir blessé ou blessée mais je n'y peux rien. » Vous voyez, quand on présente des excuses, on crée des murs d'amertume et une attitude défensive chez les deux partenaires. On demande simplement un vrai repentir et on le reconnaîtra. Cela nous permet de guérir. J'ignore ce que vous devrez dire. J'ignore la forme que prendra cette discussion dans votre relation. Mais je sais que c'est la voie de la guérison d'un conjoint hétéro dont le partenaire a fait son coming-out et lui a réellement demandé pardon d'une manière ou d'une autre. C'est un moment crucial pour notre guérison. Quoi que ce soit pour vous, faites-le s'il vous plaît. Maintenant. Quand mal est fait au sein d'une relation, la guérison semble impossible quand on se sent seul. La guérison ne semble pas atteignable quand on ne connaît pas toute la vérité. La guérison semble inimaginable si celui qui blesse l'autre ne le reconnaît pas avec humilité. Au conjoint hétéro et au conjoint LGBT, je dirais ceci : soyez authentique, connaissez-vous et aimez-vous. Et surtout, faites tout ce qui est en votre pouvoir pour aider l'autre à guérir. Et enfin, à mon ex-mari que j'aime et encourage, je souhaite le remercier d'avoir fait son coming out car sans cela, je n'aurais pas pu connaître et aimer la personne que je suis en dépit de tout, et cela inclut la vie imparfaite que j'ai vécue. Merci. (Applaudissements)