Mon histoire commence le 4 novembre 2015
avec ce choix décisif pris
lors de l'entraînement de foot américain.
La veille, j'ai reçu
une légère commotion cérébrale.
Je me suis dit : « Ce n'est pas grave,
que peut-il m'arriver de pire ? »
Je me souviens juste d'ouvrir les yeux
deux heures après dans les vestiaires.
D'après mes coéquipiers,
je m'étais évanoui.
Ils m'ont pris
et m'ont ramené aux vestiaires.
Quand je suis revenu à moi,
j'avais les symptômes d'une commotion :
perte de connaissance et de mémoire,
maux de têtes, troubles
et trouble de la parole :
je mangeais mes mots.
Je suis donc allé à l'hôpital
et mon état continuait à empirer,
en plus de développer
de nouveaux symptômes.
Par exemple, en regardant les posters
et les panneaux à l'hôpital,
j'ai réalisé que je ne pouvais plus lire.
Et je parlais de plus en plus
comme un personnage de dessins animés.
Les docteurs m'ont dit que je souffrais
de multiples commotions.
Ce que mon cerveau avait déjà subi
avec la première commotion
ne faisait qu'empirer
car je voulais continuer à jouer.
Les docteurs m'ont dit que
je devrais être guéri en deux semaines,
je n'aurais plus aucun symptôme.
J'ai noté la date sur mon calendrier
et j'ai attendu.
Et le jour venu, ils ont remarqué
que rien n'avait changé.
Je ne pouvais qu'attendre.
Car pour les commotions,
il n'y a pas de remède à prendre
ou de procédure à suivre
pour accélérer la guérison.
Vous ne pouvez qu'attendre.
J'ai donc attendu et attendu
pendant six longs mois
avant de pouvoir reparler correctement.
Et j'ai encore dû attendre un an
avant de pouvoir lire correctement.
Et encore aujourd'hui,
trois ans après l'accident,
j'ai toujours du mal avec la mémoire,
tout ça parce que je pensais être
plus fort qu'une commotion.
Beaucoup ici pensent que je suis là
pour parler des dangers des commotions
et de ceux du foot.
Je pourrais en être la mascotte.
Mais ce n'est pas le cas.
Je suis là aujourd'hui
pour vous dire que j'aime le football,
et pour vous dire qu'on a plus à gagner
en gardant le foot dans notre société.
Je suis là pour vous dire
que le football devient plus sûr.
Mais le plus important, pour vous dire
que les États-Unis ont besoin du foot.
(Rires)
(Applaudissements)
La polémique contre le football
a commencé par la découverte de l'ECT :
l'encéphalopathie traumatique chronique,
une maladie cérébrale très grave
causée par des commotions.
Ça a été découvert
chez des anciens de la NFL.
La découverte de cette information
et sa mauvaise gestion
par les autorités du football
ont créé une peur du football,
l'appelant même une violence organisée.
Le foot U.S. est un sport physique.
Ce n'est pas pour tout le monde.
Mais ce n'est pas ce que c'était avant.
Le football américain est devenu plus sûr.
Ces changements en matière de sécurité
sont au niveau
des technologies des casques,
des pénalités pour protéger les joueurs
et des protocoles de commotions.
Mais l'un des changements
les plus importants
est que les joueurs apprennent
désormais à plaquer.
Ça commençait à peine
pendant ma première année.
On appelle ça les plaquages des Seahawk.
Ces plaquages identiques à ceux du rugby,
créés par Pete Carroll,
joueur des Seahawk de Seattle,
retirent la tête de l'équation
et ciblent la partie basse du corps,
rendant le plaquage plus sûr
pour le plaqueur et le plaqué.
Et cette technique a été appliquée
partout dans le pays,
peu importe le niveau.
Et ces changements ont des résultats.
La sensibilisation et la prévention
battent non seulement tous les records,
mais la NFL a également constaté
que lors de la saison de 2018,
les commotions avaient baissé de 29 %
par rapport à l'année précédente.
En plus de cela,
près de 50 commotions ont été rapportées
par les joueurs eux-mêmes.
Cela montre que le monde du football
se soucie plus que jamais de la sécurité.
Une fois guéri, on m'a dit
que je ne pourrais plus rejouer au foot.
J'ai rempli ce vide
en pratiquant d'autres sports
comme le foot, le basket, le golf,
la natation et le baseball.
J'aime bien pratiquer ces sports,
mais il manquait toujours quelque chose.
L'été avant ma dernière année,
j'ai donc pris une décision :
je voulais faire du foot américain
une dernière fois.
Je suis donc allé voir à mon entraîneur
qui savait déjà pour ma commotion,
mais j'avais une échappatoire :
je voulais être
le botteur.
(Rires)
(Applaudissements)
Le rêve !
99 % du temps, le botteur
n'entre pas en contact.
Je pouvais être totalement en sécurité
en occupant ce poste.
Mon entraîneur m'a proposé de tester ça
pendant la nouvelle saison.
Je me suis mis au travail.
J'ai commencé à regarder
des centaines de vidéos sur YouTube
en prenant constamment des notes.
J'ai commencé l'entraînement.
Au début de l'été, je frappais 20 balles
un jour par semaine.
Non, ce n'est pas beaucoup,
mais à la fin de l'été,
je frappais 200 balles par jour.
Et les gens me disaient que j'étais fou.
Fou de m'efforcer
« d'être simplement le botteur ».
Les botteurs existent aussi.
(Rires)
Et ils ne comprenaient pas
ce que le foot représentait pour moi
et ils ne comprendraient sûrement pas
que l'un des meilleurs moments de ma vie
a été quand mon coach m'a annoncé que
j'étais le botteur titulaire de ma fac.
C'était ma deuxième chance
de pouvoir faire du football.
(Applaudissements)
J'ai toujours aimé le sport,
ma famille a toujours aimé le sport,
mais ce que j'aime dans le sport,
ce sont les anecdotes sportives,
les histoires qui inspirent
et qui défient les pronostics.
En grandissant, j'ai réalisé que cet amour
était pour la culture sportive
et pour mon entraîneur de foot…
il m'a apporté cette culture.
C'est le genre de personne
qui se cultive en permanence.
Il a eu une bonne influence sur moi
et je voulais jouer pour lui.
Il a instauré la culture à suivre
pendant ma saison dès notre premier jour.
On appelle ça le CPCC :
connexion, prise en charge et compétition.
Bien sûr, il voulait nous faire devenir
de meilleurs joueurs,
mais il voulait surtout faire de nous
des meilleures personnes.
C'est ce qu'il a fait en prenant un moment
pendant notre pré-saison
pour nous parler des dangers des insultes
et du respect envers les gens
qui nous entourent.
Il faisait tout son possible
pour nous rendre meilleurs
et ça m'a énormément touché.
Le football américain
est unique en son genre.
Par exemple, il est unique
car on a plusieurs chances
d'aller sur le terrain et jouer.
On est en plein dans le tournoi de basket
de la NCAA en ce moment,
donc je vais commencer par ça.
Dans le basket, il y a cinq joueurs
sur le terrain en jeu continu.
C'est cinq chances de jouer.
Même chose pour le foot :
11 joueurs sur le terrain en jeu continu.
C'est 11 chances de jouer.
Pour le foot U.S., il y a 11 joueurs
sur le terrain en même temps.
Avez-vous 11 chances de jouer ?
11 chances en défense, 11 en attaque,
11 en coup de pied de dégagement,
11 en réception, 11 à l'engagement,
11 en réception, 11 en placement
et 11 en blocage :
vous avez donc 88 chances
d'aller sur le terrain,
sans compter les remplacements
et changements de formation.
C'est plus que dans tous les autres sports
que j'ai pu voir.
Et ce car le terrain évolue constamment
et le foot a besoin
d'un grand nombre de personnes
pour occuper
cette grande sélection de postes.
Par exemple, au football,
les joueurs ont de l'endurance :
ils peuvent courir vite
tout en maîtrisant correctement la balle.
Mais dans le football américain,
on veut de la différence.
Prenons les défenseurs de première ligne
en exemple.
Ils ont le rôle le plus important
dans un match de foot américain.
Ils sont indispensables au jeu.
Ils font tout le sale travail en attaque,
ils libèrent un espace pour courir
et protègent les passes et les frappes
et j'en suis très reconnaissant.
Merci à vous défenseurs.
Les défenseurs de première ligne
sont des costauds,
et pour le foot au lycée,
ce ne sont pas les plus athlétiques
sur le terrain.
Tout le monde peut participer
à quelque chose grâce au foot américain.
Même quelqu'un comme moi
qui n'aurait pas dû être sur le terrain.
Voir toutes ces compétences
s'unir sur le terrain, c'est incroyable.
Le foot U.S. est un art
et est très technique.
Si j'étudiais le foot américain
jusqu'à ma mort,
je serais encore plus confus
que je ne le suis là,
et ça en partie à cause des commotions.
(Rires)
Je n'avais jamais vu
un tel esprit d'équipe avant.
L'individualité n'existe pas.
Vous gagnez ou vous perdez
en tant qu'équipe.
Il n'y a aucun mal à ça.
Pour être un bon quarterback,
il vous faut une bonne ligne pour bloquer
et de bons receveurs pour bien attraper.
Là, il est question de confiance mutuelle
entre joueurs pour bien faire son travail.
On a tous quelque chose
qui nous pousse à nous lever le matin
et qui nous pousse à être quelqu'un
de meilleur que la veille.
Pour moi, c'était le foot américain
et j'ai souffert quand on me l'a retiré.
Parce que le foot U.S.
est le meilleur sport d'équipe.
Ça inculque un tel travail, une endurance
et un respect sans précédent,
mais ça m'a surtout donné espoir.
Sans le foot et sans être botteur
en dernière année,
je n'aurais jamais pu continuer
en sport universitaire.
Je le fais grâce au football.
On a tous un passé
avec quelque chose qui nous hante.
C'est pareil sur le terrain.
Mais dès que vous posez le pied
sur le terrain de football,
plus rien ne compte.
Tout ce qui compte
c'est les personnes autour de vous.
Dès que je foule le terrain
pour faire ce que je dois faire,
l'histoire qui me hantait depuis trois ans
ne compte plus.
Tout ce qui compte pour moi,
c'est mon équipe.
Le sport a un impact incroyable
sur les gens.
Mais le football américain…
c'est unique en son genre.
Merci beaucoup.
(Applaudissements)