Bonjour tout le monde ! La vidéo de cette semaine est sur un sujet qui m'est souvent demandé !
Le trouble de personnalité Borderline, les troubles du comportement alimentaire et l'automutilation et
la façon dont ils sont liés entre eux. Regardez la vidéo jusqu'à la fin:
je vous donnerai le vilain petit secret au sujet de la thérapie.
J'ai reçu beaucoup de questions au sujet du trouble de personnalité Borderline (BPD: borderline personality disorder ; il est plus simple de l'appeler comme cela, c'est plus court!)
Le BPD est un trouble avec lequel certains d'entre nous vivent. Parfois, nous pouvons avoir été diagnostiqué par un psychiatre, ou
alors, on peut nous avoir dit que certains de nos symptômes peuvent être associés à ce trouble. Souvent, on se demande ce que cela signifie et surtout
pourquoi est-ce que nous avons l'impression que c'est une "mauvaise chose", que c'est "mal".
Maintenant, je vais vous expliquer ce qu'est ce trouble.
Selon moi, et c'est mon opinion, c'est la façon que notre esprit a trouvé pour "gérer" certaines choses.
Je vais vous lire ce que le DSM dit à ce sujet, pour que vous puissiez vous faire une idée sur ce trouble.
Je vais essayer d'être claire et précise pour que vous compreniez bien en quoi le BPD consiste.
Le DSM dit:
(c'est l'ancien, le nouveau va bientôt sortir) qu'il faut avoir cinq des symptômes (minimum) suivants pour être diagnostiqué.
1. efforts effrénés pour éviter un abandon réel ou imaginé ;
(Kati en avait parlé dans sa vidéo "Peur de l'abandon") ; ce critère est le plus répandu chez les patients souffrant de ce trouble.
Mais il ne faut pas oublier qu'il faut au moins cinq critères présents pendant un laps de temps significatif pour que le diagnostic se fasse.
2. mode de relations interpersonnelles instables et intenses caractérisées par l'alternance entre les positions extrêmes d'idéalisation excessive et de dévalorisation ;
Autrement dit: relation amour/haine. Soit le patient hisse la personne sur un piédestal, soit il la dévalorise totalement.
C'est, généralement, la chose que les gens que l'on fréquente remarquent en premier, étant donné qu'ils nous côtoient.
Si du jour au lendemain, vous passez du "je t'adore" à "je te déteste", ça peut être dur pour eux et c'est pour cela que c'est un symptôme assez remarquable.
3. perturbation de l'identité : instabilité marquée et persistante de l'image ou de la notion de soi ;
Pour celui-ci, beaucoup d'entre nous peuvent s'y identifier. C'est pour cela qu'il faut rencontre cinq critères minimum.
Cependant, je pense que c'est ce critère là qui fait que le BPD est aussi lié aux troubles du comportement alimentaire.
Tout simplement parce que nous avons une vision déformée de nous-mêmes et que nous avons tendance à nous détester/dévaloriser.
4. impulsivité dans au moins deux domaines potentiellement dommageables pour le sujet (dépenses excessives, sexualité, toxicomanie, alcoolisme, conduite automobile dangereuse, crises de boulimie ou d'anorexie, etc.)
Encore une fois, on remarque bien le lien avec les troubles du comportement alimentaire.
5. répétition de comportements, de gestes ou de menaces suicidaires, ou d'automutilations ;
Ce critère m'a assez frustré: l'automutilation n'est pas seulement présente chez les patient atteints de BPD, mais le DSM le met uniquement ici.
Enfin ! On espère que ça changera dans l'avenir.
Beaucoup d'entre noux luttons contre nos pensées suicidaires et je me suis rendue compte que certains de mes patients
utilisaient le suicide, les pensées suicidaires comme une façon d'éviter l'abandon.
Ils ont peur que la personne en face d'eux les abandonnent, donc ils ont tendance à menacer de se suicider pour être sûrs qu'ils ne se retrouveront pas seuls, qu'ils ne seront pas abandonnés par leurs proches.
Ca a du sens. Je peux totalement comprendre le lien entre ce critère et la peur de l'abandon.
6. instabilité affective due à une réactivité marquée de l'humeur (dysphorie épisodique intense, irritabilité ou anxiété durant habituellement quelques heures & rarement plus de quelques jours) ;
L'humeur peut changer du tout au tout: on peut passer de la joie à la colère sans crier gare. Ca ne dure pas plus qu'une journée.
Si c'est le cas, ça peut être un trouble bipolaire. J'en parlerai dans une vidéo à part.
7. sentiments chroniques de vide ;
On peut, encore une fois, s'identifier à celui-là. Mais n'oubliez pas: il faut remplir CINQ critères !
Certains d'entre vous peuvent se reconnaître dans les critères que j'ai énuméré précédemment et c'est pour cela que vous avez pu entendre
que vous aviez des "tendances borderline", notamment si vous ne remplissez pas tous les critères.
8. colères intenses (rage) et inappropriées ou difficulté à contrôler sa colère (fréquentes manifestations de mauvaise humeur, colère constante ou bagarres répétées, colère subite et exagérée) ;
Je pense que ce critère est lié aux troubles du comportement alimentaire et à l'automutilation.
La plupart du temps, nous ne savons pas comment gérer tout ça, toute cette colère, et pourtant nous la ressentons et ça nous rend vraiment mal...
9. survenue transitoire dans des situations de stress d'une idéation persécutoire ou de symptômes dissociatifs sévères ;
J'ai parlé de ce critère dans ma vidéo sur le PTSD (syndrome de stress post-traumatique).
Par exemple, parfois lors d'un "binge" (crise de boulimie), on peut avoir l'impression d'être "hors de son corps" parce que c'est trop pour nous d'un coup.
Les symptômes dissociatifs apparaissent quand les émotions sont trop intenses et qu'il nous est impossible de les gérer.
Voilà en quoi consiste le BPD, et vous pouvez vraiment voir le lien qu'il entretient avec les TCA ou l'automutilation.
Mais n'oubliez pas: cinq critères minimum pour pouvoir être correctement diagnostiqué.
Mais au moins, ça vous donne une idée de ce à quoi consiste ce trouble.
Le vilain petit secret au sujet de la thérapie:
Je pense qu'il est important que vous le connaissiez, parce que j'entends beaucoup d'entre vous dire
"Je n'arrête pas d'être envoyé de thérapistes en thérapistes et ils ne semblent pas savoir comment me prendre en charge, et je ne sais plus quoi faire."
Ca peut être frustrant et ça peut renforcer notre peur de l'abandon.
Mais il faut savoir que pendant nos études, on nous répète à quel point il est dur de "traiter" quelqu'un atteint du trouble de la personnalité borderline.
Certains thérapistes sont "effrayés" par les patients atteints de ce trouble (à cause de leur instabilité, de leurs changements d'humeurs, de leurs peurs, etc.).
Personnellement, je ne suis pas "effrayée" par les patients souffrant de ce trouble.
Mais je vous conseille aussi d'essayer de rejoindre une thérapie comportementale dialectique. C'est la meilleure des choses pour les patients ayant ce trouble là.
C'est une façon de gérer les émotions que l'on ressent, au lieu de les laisser nous contrôler.
La colère, la peur de l'abandon, les pensées/gestes suicidaires... Tout ça peut être apaisé, calmé.
Grâce à des techniques assez nombreuses.
Bref. C'est pour cela que certains docteurs fuient les patients borderline. Mais ce n'est pas si compliqué que ça à traiter, tant que l'on travaille ensemble.
C'est dur, c'est intense mais après ces thérapies, on est plus calme, on se sent mieux et les thérapistes seront plus enclins à travailler avec vous.
C'est embêtant parce qu'on ne nous dit rien, mis à part "on ne se verra plus", "je dois vous rediriger vers quelqu'un d'autre" et ça nous fait nous sentir mal.
J'espère que cette vidéo vous aura aidé à mieux comprendre ce trouble et comment vous pouvez le gérer (via la thérapie comportementale dialectique notamment).
Vraiment, renseignez vous sur ce genre de thérapies, s'il y a des groupes pas loin de chez vous.
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