Ouverture de la retraite des Pluies 2019 - Enseignement par Fr. Phap Huu ( Cloche ) Cher Maître respecté, chers Frères, chères Soeurs, chère Noble Communauté, Aujourd'hui nous sommes le 19 septembre 2019. Aujourd'hui c'est la première Journée de Pleine Conscience de notre Retraite des Pluies. J'ai un bon Karma, je donne souvent le premier enseignement lors de nombreuses retraites du village des Pruniers. Je commence à m'installer dans ce rôle. C'est aujourd'hui la première journée où nous allons pratiquer ensemble en tant que Quadruple Communauté. La Quadruple Communauté réunit les moines, les moniales, les pratiquants laïques hommes et femmes, pratiquant tous ensemble. Durant cette retraite, nous nous retrouverons tous les dimanches en Quadruple Communauté. Les jeudis, les monastiques auront leur Journée de Pleine Conscience séparée et les laïques auront leur Jour de Pleine Conscience entre laïques de leur côté, un jour où vous serez tranquilles sans monastiques... (rires) Ainsi vous pourrez apprécier la pratique entre vous, apportant à chaque instant l'énergie de la pleine conscience qui rend davantage vivant. La force de la pratique en communauté réside dans le fait que nous apprenons à nous reposer les uns sur les autres. Notre Maître compare toujours la Communauté à une rivière où chacun de nous est une goutte d'eau. Nous venons tous d'endroits différents et nous sommes réunis ici au village, où nous apprenons à couler ensemble. Et tant que la rivière s'écoule, elle atteindra l'océan. La pratique ne consiste pas à être heureux lorsqu'on atteint l'océan. La pratique consiste à apprécier le voyage vers l'océan, à apprécier de faire partie de cette rivière. Parfois on va vite, parfois on va lentement. Aussi longtemps que nous prenons refuge et que nous restons connectés à cette rivière, nous continuons de couler, d'avancer. Faire partie de la rivière, cela demande parfois peu d'efforts lorsqu'on s'appuie sur l'énergie collective de la communauté, l'énergie collective des frères et des soeurs qui sont ici depuis plus longtemps que nous. Et pour nous qui sommes plus anciens dans la communauté, nous comptons aussi sur la fraîcheur des nouvelles gouttes d'eau de cette rivière. Parfois, nous regardons la rivière et il semble que l'avant tire l'arrière. Parfois, l'arrière pousse l'avant. Donc, lorsque je peux me connecter à cette image de couler comme une rivière, je peux aussi apprendre à me réfugier et à avoir plus confiance. Lorsque nous pratiquons, nous développons également notre patience, nous grandissons en tant que pratiquant de la pleine conscience, de la méditation. Nous apprenons à prendre conscience de qui nous sommes, de ce qui se manifeste ici et maintenant à l'intérieur de nous, et de ce qui se passe autour de nous. Quand nous pouvons toucher cela, nous sommes dans le moment présent, nous touchons la vie ici et maintenant. Avec une respiration, nous ramenons notre esprit à la maison, dans notre corps, nous permettant de nous y établir. C'est si simple mais si profond, parce que, lorsque nous nous permettons d'être présent en ce moment, nous sommes vraiment en contact avec la vie. Nous sommes constamment emportés par nos pensées, nos projets, nos soucis, et de temps en temps nous devons nous inviter à revenir au moment présent. C'est l'art de la méditation, comment nous nous construisons en nous permettant de revenir à nous-mêmes dans le moment présent, dans notre vie quotidienne. La retraite des pluies a été mise en place par le Bouddha et sa communauté il y a 2600 ans. Au début, le Bouddha et la Sangha, son groupe de moines et de nonnes, n'avaient pas de monastère. Ils voyageaient de village en village afin de diffuser l'enseignement et tisser des liens avec la communauté laïque. Mais au fil des ans, ils virent que, pendant la saison des pluies, à partir de juillet ou même au début de juin et jusqu'à septembre-octobre, les fortes pluies rendaient les déplacements beaucoup plus difficiles. A cause de la pluie, il y avait toutes sortes de bestioles, sangsues, escargots, grenouilles. Lorsqu'ils voyageaient pendant la saison des pluies, Ils réalisèrent qu'ils pouvaient involontairement marcher sur ces petits insectes . Dans les rizières, il y avait aussi de jeunes pousses de riz fraîchement plantées, et ils étaient conscients de détruire également certaines parcelles des champs de riz en voyageant. De sorte que le Bouddha et sa communauté ont commencé à établir une période où les moines et les nonnes ne voyageraient pas. Ils resteraient ensemble dans un même lieu dont ils auront défini les frontières, frontières que les moines et les nonnes ne dépasseraient pas. Habituellement, durant la saison sèche, ils pratiquaient chaque jour la méditation marchée dans le village. Ils allaient de maison en maison les mains jointes, avec leur bol pour mendier leur nourriture. Quoi qu'on leur offre, ils l'acceptaient sans discrimination, que ce soit la maison du roi, celle d'un homme d'affaire, ou même celle d'un intouchable. Quelle que soit la nourriture offerte, ils apprenaient à l'accepter sans discrimination. que ce soit du riz, de la soupe ou du curry, tout était mélangé dans un même bol. Ce n'était pas comme que nous le faisons aujourd'hui, la salade d'un côté, le riz d'un côté, le tofu d'un autre, Puis ils revenaient dans la forêt où ils résidaient, mélangeaient la nourriture et la partageait entre eux. Ils prenaient un seul repas quotidien. Pendant la retraite des pluies, la communauté laïque soutenait les monastiques par des offrandes de nourriture, leur évitant ainsi de sortir des frontières. Cette pratique était fort bénéfique pour la communauté car c'était une occasion rare de passer trois mois en compagnie de leur enseignant, le seigneur Bouddha. Comme cela devait être magnifique d'être en sa présence, d'écouter ses enseignements, C'était aussi un moment précieux permettant aux jeunes monastiques de nourrir, d'approfondir leur pratique sous la guidance des grands frères et grandes soeurs auprès d'eux. Cette nourriture ne vient pas seulement des cours, des lectures, du tutorat, elle vient de la simple présence. Voir nos frères s'asseoir, marcher, manger, prendre le temps de dire: "Chers frères, voulez-vous que nous marchions ensemble?" . Ces moments très simples peuvent avoir un effet puissant pour nous nourrir sur notre chemin spirituel. A l'époque, c'était aussi une occasion pour regarder la vie de la Sangha, la vie communautaire. Regarder notre communauté est aussi une merveilleuse occasion de nous relier et voir comment nous vivons en harmonie et comment poursuivre notre apprentissage du lâcher-prise. Ce matin, je buvais le thé dans la chambre d'un de mes frères avant de venir au Hameau nouveau. Sur un tableau blanc, il a écrit [ en vietnamien] "l'esprit de la retraite des pluies", puis ça disait [ en vietnamien] "apprendre à lâcher avec nos affaires personnelles". Je me suis dit: "Oh, c'est une pratique incroyable!". Car en tant que moines, nous pouvons accumuler plein de choses (rires). Au Village des Pruniers , nous changeons de chambre une fois par an. Nous nous réunissons tous, pour moi c'est l'un des meilleurs rassemblement du Hameau du haut. Nous sommes tous ensemble et nous nous connaissons si bien qu'il est impossible de dissimuler quoi que ce soit. Nous savons qui ronfle, qui aime faire la fête. Ici, faire la fête signifie boire beaucoup de thé, parler beaucoup et parfois jouer beaucoup de musique, rien d'autre. (rires) Ce moment est l'occasion de vivre avec de nouveaux frères durant une année entière, c'est donc un moment très important où nous devons contempler cette question: "Vivrai-je en harmonie avec ces trois frères pendant une année?" En même temps, je veux ouvrir mon coeur pour créer de l'espace pour ces frères et apprendre à vivre ensemble, lâcher prise de mon moi, de mes besoins personnels, de ce "je suis comme ça et ça serait bien que vous soyez tous comme moi". Quelquefois nous avons une personnalité dont on croit qu'elle est la meilleure. On apprend les copier-coller comme en informatique. Ainsi je pratique le copier-coller sur mes jeunes frères, sur les membres de la communauté, et nous souhaitons qu'ils nous ressemblent. Cette pratique nous aide à briser cette barrière. Nous avons beaucoup d'amis venus pour 90 jours, je pense que c'est un nombre record cette année au Hameau du haut et à Son Ha, 70 laïques pratiquant avec nous pendant 90 jours. Nombre d'entre vous vivent seuls à l'extérieur, disposant de vos propres toilettes, de votre chambre, votre salon, votre bureau, votre cuisine, et soudain (rires) vous êtes avec 8 autres personnes. C'est une expérience monastique vous enseignant le lâcher-prise. Quand mon frère est arrivé dans la chambre, je lui dit que sa pratique cette année était un vrai modèle, "apprendre à lâcher prise". Il a répondu: Non, ce n'est pas [ en vietnamien] mais [ en vietnamien] ( rires ) ça signifie [ en vietnamien] En vietnamien comme en anglais, il y a des synonymes. [ en vietnamien] signifie exactement l'opposé : ça veut dire qu'il a besoin de faire une étagère pour mettre ses affaires. (rires) Mon esprit avait élaboré toute une idée comme quoi ce frère avait vraiment une incroyable pratique, apprendre à laisser aller les choses... Quand il est entré et que je l'ai complimenté, au lieu de répondre "Oh oui, oui, c'est ma pratique", il a dit: "Ben non, j'ai besoin de faire une étagère pour poser mes affaires." J'apprécie cette forme de vérité, d'honnêteté, de la part des frères. Donc, quand nous permutons nos chambres, c'est également une pratique pour apprendre le lâcher-prise. Nous avons beaucoup de vaches, cette terminologie vient du temps où le Bouddha enseignait. Un jour il était assis avec un groupe de moines pour partager, et ils virent un fermier très inquiet venir leur demander : "Chers moines, avez-vous vu mes vaches? Elles ont disparu et sans elles, je ne peux pas labourer mes champs. S'il vous plaît, aidez-moi." Le Bouddha lui répondit avec compassion: "Nous n'avons pas vu vos vaches par ici, vous devriez aller voir dans une autre direction." Après le départ du fermier, le Bouddha se tourna ves les moines et les moniales et leur dit: "Quelle chance nous avons de n'avoir aucune vache à perdre!" Regardant en nous-mêmes, nous voyons que nous avons beaucoup de vaches, et pas seulement au plan physique, nos vaches peuvent aussi être nos idées, nos perceptions auxquelles nous nous accrochons. Nos vaches peuvent être l'idée que nous avons de la pratique. Nos vaches peuvent être nos efforts pour atteindre un but. La pratique consiste alors à identifier quelles vaches sont des obstacles m'empêchant d'être joyeux, d'être heureux dans la vie quotidienne. Cette pratique concerne autant les débutants que les frères et soeurs avancés dans la pratique. Notre esprit fabrique des vaches en permanence et en tant que gardien de nos vaches, nous devons apprendre à guider notre troupeau dans la bonne direction. Quand les vaches tournent en rond, nous nous sentons égarés, perdant notre liberté et notre simplicité. En tant que monastiques, nous apprenons à nous détacher des biens matériels. Lâcher prise est une pratique qui allège le corps et l'esprit. Parfois on se sent plus heureux en donnant qu'en accumulant. Apprendre à relâcher les tensions dans le corps est fondamental dans notre pratique, pourtant nous avons tous besoin qu'on nous le rappelle constamment. Quand nous revenons à notre inspir et à notre expir, cela nous relie à notre corps physique. Tous ceux d'entre nous qui travaillent devant des écrans perdent la connexion avec leur corps au bout d'un moment, et les tensions accumulées amènent des douleurs physiques et du stress. Ce sont des formes de souffrances courantes à notre époque, les tensions, le stress. En tant que monastiques et pratiquants dans notre tradition, nous devons maîtriser l'art d'être conscient de notre corps et apprendre à diriger la pleine conscience dans les tensions du corps afin de les relâcher. Cela fait partie de l'enseignement du Bouddha dans les 16 exercices sur la respiration consciente. Je pense que Sr Tu Nghiem / Sr Eleni, offrira un enseignement là-dessus. Ces exercices se pratiquent dans n'importe quelle position, assis, debout, en marchant ou allongé. La pratique de retour au corps, du relâchement des tensions dans le corps, c'est un art, et plus nous faisons un avec elle, plus nous sommes détendus, plus nous générons de paix en nous-mêmes. La paix n'est pas à l'extérieur. Thay nous a enseigné cela. La paix n'est pas quelque chose d'extérieur que nous nous efforçons d'obtenir. La paix, la tranquillité, le calme peuvent être générés de l'intérieur. Lorsque nous rendons possible la présence de cette énergie calme et tranquille, au début cela peut être très bref, mais plus nous nous investissons dans cette pratique, plus elle devient notre fondation. La paix devient une énergie naturelle générée au quotidien. Dans la paix, il y a la douceur, mais il y a aussi un aspect de fermeté. Si vous vous êtes déjà trouvé à proximité de quelqu'un qui a cette énergie de paix, non seulement vous ressentez la chaleur, mais aussi la stabilité. L'on me posa un jour cette question: "Quelle caractéristique de Thay aimerais-tu avoir? " C'est comme si on me demandait quel super-pouvoir de Thay j'aimerais avoir. Thay est notre Maître. C'était une bonne question car j'aime beaucoup de choses chez Thay. Il a été mon modèle de référence, aussi mon idole. Mais Thay nous a aussi enseigné à être nous-mêmes, à exprimer notre beauté. Nous devons aussi développer nos propres capacités. Il y a une qualité, un super-pouvoir unique propre à Thay, quelle que soit la situation dans la communauté ou dans quelque endroit où nous allons, et j'ai participé à maintes retraites avec Thay, qu'importe la situation, pour donner une interview ou donner un enseignement au parlement. Je ne sais pas si vous m'avez aperçu, mais avant l'enseignement, j'ai tourné en rond 20 fois autour du Hameau nouveau, juste pour apaiser mes émotions et prendre soin de moi. Mais quand j'étais avec Thay, il y avait toujours le sentiment que tout irait bien. Tout ira bien, il n'a jamais dit cela mais je l'ai toujours senti. Ce sentiment que tout ira bien prend sa source dans le calme et la paix tellement vivants en lui. Ce n'est pas une chose qui peut s'acheter au marché, mais c'est une chose qu'il génère et qu'il a pratiqué durant de nombreuses années. Quelque que soit la situation dans laquelle il se trouve, il est capable de se relier à ces fondations et y prendre refuge. C'est exceptionnel. Alors l'un de mes voeux est que, peu importe la situation dans laquelle moi-même ou la communauté se trouvent, je souhaite que nous puissions générer collectivement ce calme et cette paix afin que tout aille bien. Car si chacun commence à paniquer, alors je ne pense pas que le résultat de cette panique soit la meilleure chose que nous voudrions offrir. Mais si nous pouvons nous appuyer sur ces fondations de calme, de tranquillité et de paix, alors la solution à laquelle nous pourrons parvenir sera plus claire, plus calme et beaucoup beaucoup plus lumineuse. J'aimerais partager cette histoire avec vous du temps où j'étais l'assistant de Thay, pendant une Retraite des pluies comme maintenant. Thay vivait au Hameau du haut avec les moines et tous les matins, il s'asseyait avec nous. C'était bien avant la rénovation de la salle de méditation de l'Eau Calme. Si vous allez au Hameau du bas, regardez la salle du Nectar du Dharma derrière la salle à manger, alors vous aurez une idée de ce à quoi ressemblait la salle de méditation à l'époque. Ce matin-là, nous étions tous assis à pratiquer, d'abord une première assise de 30 mn, suivie d'une marche lente, puis une seconde assise de 30 mn. Il y avait un chien qui n'appartenait pas au Village, comme tous les animaux au Village, mais il est venu prendre refuge dans notre communauté. Ce chien se nommait Cacahuète et était devenu membre de notre communauté, nous suivant pendant la marche, s'asseyant dehors pendant l'assise. Il n'y avait pas encore d'entrée où ranger les chaussures comme aujourd'hui. Ce jour-là, nous pratiquions la marche lente, une respiration, un pas. Soudain le chien s'est mis à aboyer sans s'arrêter. Nous étions tous ok, nous disant Cacahuète fait sa routine matinale, tout va bien. Nous continuons notre marche. Mais soudain un frère n'a plus supporté ces aboiements, "Pourquoi ce chien aboit-il autant?" Alors il a ouvert la porte, il a regardé dehors, puis il a regardé vers la communauté et a hurlé "Au feu!". (rires) "Au feu!" En pleine marche lente, tout le monde s'est mis à courir hors de la salle de méditation. C'est l'un de mes moments zen mémorables au Village des pruniers et cela devrait faire partie de nos histoires zen. Toute la communauté se ruait à l'extérieur et soudain je me retournais et vit Thay continuant juste à marcher lentement. ( rires) Toute sa communauté l'avait abandonné. ( rires ) Thay continuait juste à marcher lentement. Je ne savais comment réagir, je me dis que Thay n'avait aucune peur, Thay savait que tout irait bien. Thay marchait lentement et à la vérité, tout s'est bien passé. Thay rangeait toujours ses chaussures devant la porte d'entrée de la salle et quand il vint se chausser pour sortir, elles n'étaient plus là. Ca signifie qu'un moine, dans sa précipitation, avait trouvé les chaussures à sa convenance et avait fui avec. (rires ) Tout à coup, dehors en plein hiver, on entendit l'assistant de Thay qui criait: "Qui a les chaussures de Thay ? Qui a les chaussures de Thay ? Regardez vos pieds!" Et vous n'allez pas le croire, c'était un aspirant, un de ces gars habillé en gris, qui avait les chaussures de Thay aux pieds. C'est un moment que je n'ai jamais oublié car pour moi, cet épisode témoigne de la stabilité de Thay et aussi de sa compréhension de la situation. Si à ce moment, au lieu de crier "Au feu!", le frère nous avait dit calmement: "Chère communauté, je pense que nous devrions cesser notre marche et quitter la salle rapidement", le résultat eut été différent. Je n'oublierais jamais cela. En un battement de coeur, la Sangha a laissé tomber la pleine conscience. J'essaie toujours de me rappeler cet épisode dans les moments de folie ou d'agitation, pendant la retraite d'été quand il y a tant de gens, que des bols tombent au moment du repas, qu' il pleut et manque de place pour les partages du Dharma, tout le monde court...cette image me revient toujours: le feu et Thay marchant lentement. Pour nous pratiquants, il est important, dans les moments de crise, d'apprendre à revenir à notre centre, le centre est ce qui nous enracine et garde vivante l'énergie de la pratique. Dans ces moments, toute notre pratique de l'assise, de la marche durant toutes ces années, prend tout son sens pour nous aider à faire face. L'assise et la marche, c'est comme couper du bois pour pouvoir allumer le feu le moment venu, quand on a besoin de rester au chaud, besoin de préserver notre stabilité. Ecoutons un son de cloche en nous reliant à ce centre à l'intérieur de nous. ( cloche ) Pour préparer ce partage, je me suis relié à Thay, essayant d'imaginer ce que Thay aurait aimé offrir à la communauté. Parcourant mes notes et mes dossiers, je suis heureux d'être tombé sur ce manuscrit original, enfin non, ceci n'est pas l'original mais une photocopie de notes prises par Thay en 1996. Dans une partie de ces notes, Thay a tracé des cercles et il a dit: ce sont les entraînements que les monastiques ont besoin de suivre. Je vais les écrire au tableau car ce sont des pratiques que chacun de nous peut investir durant ces 90 jours. Nous tous, nous les pratiquons déjà, mais nous pouvons toujours approfondir ces pratiques, nous pouvons aller plus loin, nous pouvons les enrichir et nous pouvons les rendre plus puissantes et plus fortes dans notre pratique quotidienne. [ au tableau, Phap Huu trace une première colonne avec 6 cercles contigus les uns sous les autres] [ cercle 1: Ecouter / cercle 2: Parler / cercle 3: Manger / cercle 4: Marcher / cercle 5: Respirer / cercle 6: S'asseoir ] Dans cette première colonne, Thay a noté comment apprendre à pratiquer en dirigeant cette flèche vers le bas. En tant que membre de la Sangha, nous devons apprendre à écouter, nous écouter nous-même et apprendre à écouter nos frères et sœurs. La pratique d'un moine ou d'une nonne est d'améliorer et d'enrichir notre Boddhicitta. La Bodhicitta est l'un des sujets du premier mois de notre retraite des pluies. La Boddicitta est l'esprit d’'amour, l'esprit du débutant. Chacun d'entre nous ici présent a l'esprit de débutant. L'esprit de qui veut apprendre, qui veut expérimenter, qui veut découvrir, et grâce à cet esprit qui veut s'enrichir, qui aiguise la curiosité, nous pouvons nous ouvrir et recevoir. Parfois nous pourrions penser que nous avons assez reçu et que nous ne voulons plus recevoir. Alors soyez conscient de cette énergie quand elle survient dans notre pratique dans la communauté. L'ouverture est très importante, l'ouverture porte en elle l'énergie de l'humilité. L'essence d'un moine ou d'une nonne est d’apprendre à être un mendiant, nous apprenons à mendier. En principe nous n'avons rien, nous avons appris à tout abandonner, et ce qui nous est offert est comme une transmission, comme une offrande que nous recevons de tout notre cœur. Demandons-nous: "Comment j'applique cela dans ma pratique?" Certains des enseignements que nous recevrons aujourd'hui ou demain, nous ne comprendrons peut-être pas sur-le-champ comment les appliquer, alors on les stocke au sous-sol, dans la réserve. Vous ne savez jamais à quel moment cet enseignement vous paraîtra clair, quand vous le comprendrez. Nous continuons donc à apprendre à écouter. Tant que nos yeux et nos oreilles restent ouverts, nous continuons à nous enrichir. Lorsque vous êtes ouvert, l’offrande et le partage viennent à vous. Mais si vous vous refermez sur vous-même et que vous vous laissez emporter par votre ego, alors il devient beaucoup plus difficile d'entrer en contact avec vous. C'est une qualité que nous recherchons chez tous nos aspirants lorsqu' ils veulent rejoindre la communauté monastique. Aspirants, écoutez-vous? Lorsque nous vous rencontrons, nous regardons la qualité de votre ouverture. Etes-vous capables de recevoir un feedback de la part des frères? Peut-être ce frère est-il plus jeune que vous en âge, mais il est plus ancien que vous au sein de la communauté. Quelle est votre réaction, comment réagissez-vous? Cela nous permet de voir si vous êtes ouvert à recevoir les retours et les instructions. Parfois, nous ne pouvons pas voir nos propres habitudes, nous ne pouvons pas voir nos propres difficultés, il est nécessaire d’avoir quelqu'un pour nous éclairer. Nous ne nous attendons pas à ce que vous changiez aussitôt, nous ne recherchons pas la perfection mais nous pouvons percevoir votre ouverture, nous pouvons percevoir si vous êtes capable d'accepter, si vous êtes capable de regarder et explorer comment vous pouvez vous transformer. En tant que membre de la communauté, nous apprenons à parler, à parler d'une manière qui apporte l'harmonie, qui soit encourageante et compassionnée. Il existe un moyen de donner un avis sans être critique, sans porter en soi l'énergie de la haine ou de la discrimination. C’est très concret, lorsque vous êtes en colère, frustré et que vous voulez rester en harmonie, mieux vaut ne rien dire et attendre le retour du calme et de la tranquillité en vous afin de créer une communication. Si vous êtes venu au Village de pruniers à la recherche d'une retraite silencieuse ... surprise,...nous parlons beaucoup, nous partageons beaucoup, et de cette façon, nous apprenons aussi à nous exprimer. Quand nous pouvons commencer à metttre des mots sur nos émotions et à identifier comment est notre pratique, à pouvoir offrir et à partager cela, alors cela peut être très guérissant. Lorsque nous parlons avec cette énergie, cela crée la communication, cela crée ce sentiment de confiance. Pour certains d'entre nous, cela prendra plus de temps, certains d'entre nous sont très extravertis et nous pouvons trop parler, et notre pratique consiste à atténuer cela. Pendant la retraite des pluies, cette pratique soutient cette énergie de calme, alors nous parlons d'une manière qui soutient également l'énergie collective de pratique de la communauté. Notre discours est aussi un moyen de consommation. Lorsque nous parlons, que nous avons de nombreuses conversations pas toujours très fructueuses, c'est aussi une habitude de combler le vide, de combler le silence. Durant cette retraite, nous vous encourageons également à regarder le type de conversation que nous amenons: est-ce un soutien pour notre pratique ou est-ce parce qu'il y a trop d'espace, trop de silence, que nous parlons, parlons ? C'est aussi une façon de consommer, alors soyez conscient de cela. Remarquez où votre conversation est emportée. Parfois, nous devons apprendre à être habiles et à nous retirer. J'ai également appris ici, en tant que moine, que parfois, boire trop de thé n'est plus nourrissant. Et il y a aussi un point où c'est trop, il faut trouver le chemin du milieu, la voie du milieu pour ne pas être emporté. Manger. Manger est une pratique si facile, il suffit de manger. Mais ici, nous apprenons à apprécier la nourriture que nous mangeons. Je souhaite vraiment que nous nous souvenions de l'esprit de la communauté bouddhiste, nous apprenions à manger ce qui est offert, et dans la communauté, nous sommes très chanceux d'avoir une alimentation saine et que cette nourriture nous soit offerte grâce à l'énorme travail de notre frères et sœurs. Si nous pouvons nous connecter à cela et avoir plus de gratitude, alors automatiquement la nourriture devient bien plus délicieuse, et nous parvenons aussi à manger plus lentement. Marcher. La méditation marchée. Je me souviens que dans l'un des ses discours sur le Dharma, Thay a partagé cela, de manière à rappeler à tous les moines et nonnes du Village des pruniers, qu'au Village des pruniers, il n'y a qu'une seule façon de marcher et c'est la marche méditative. J'ai vu les frères et sœur commencer à transpirer parce que nous en sommes encore loin. Mais nous avons besoin de cet encouragement. C'est un rappel de la part de notre Maître qui a créé cette pratique pour nous tous, il est si facile d'oublier et l'on doit nous le rappeler. Ce rappel peut passer par un discours mais peut aussi venir de l'exemple, l’exemple de pratiquants dans la communauté. Parfois vous vous surprenez à marcher très vite et vous voyez quelqu'un marcher plus lentement et plus calmement. Cette personne pourrait être votre cloche de pleine conscience pour vous aider à ralentir, à apprécier vos pas. Si vous pensez que c'est difficile, Thay a placé la barre bien plus haut et nous l'a également rappelé maintes et maintes fois : Thay a dit: lorsque vous marchez, ne faites que marcher, vous ne pouvez pas marcher et parler en même temps. Wow... là, c'est un enseignement de haut niveau ! Et Thay est fidèle à ses paroles. J'ai été son assistant pendant très longtemps et Thay ne parle jamais en marchant. Quand Thay a besoin de parler, il s'arrête, puis il parle et ensuite seulement nous continuons à marcher. Une fois, j'étais son assistant et ce jour-là, il y avait un groupe de jeunes moines et moniales. Nous étions tous des adolescents et Thay voulait faire une promenade avec nous. Oui, au début, nous marchions avec Thay ! Peu à peu nous avons commencé à nous éloigner afin de pouvoir discuter entre nous pendant que nous marchions, - pouvez-vous le croire - alors que Thay était là parmi nous ! Mais l'habitude était si forte! La seule chose que Thay a eu besoin de faire: se retourner, et soudain nous nous sommes tous tus ! (rires) Cela montre que cette habitude nous a été transmise de génération en génération, ainsi que l'énergie collective de la société, ce bruit incessant dont nous continuons à nous remplir même si notre intention est très pure. Donc je me mets au défi durant cette retraite des pluies de réapprendre cette pratique de ne pas parler en marchant. Vous devez m'aider, chers frères et sœurs, chers amis. Je vous encourage aussi, frères et sœurs et amis, à revenir à cette simple pratique mais qui nous définit en tant qu'étudiants de Thay. Thay a toujours été très fier de nous, monastiques, quand nous pouvons faire des pas qui nous amènent la liberté, des pas qui nous amènent la solidité. Un de nos amis présent durant cette retraite des pluies, a partagé que son aspiration en venant pendant 90 jours, est d'apprendre à être une continuation de Thay Je crois que beaucoup d'entre nous ont également cette aspiration. Si vous souhaitez être la continuation de Thay, c'est une pratique que vous pouvez appliquer dès aujourd'hui. Lorsque nous marchons ensemble en tant que communauté, pendant la marche méditative nous marchons comme une rivière, chaque pas que nous faisons est un sceau que nous imprimons sur cette planète. Lorsque nous marchons avec cette énergie collective de pleine conscience, non seulement nous faisons partie de la nature, nous sommes en contact avec les merveilles de la vie, mais nous nous guérissons et guérissons cette planète. Nous pratiquons aussi la marche méditative lente. En ralentissant pendant la marche méditative, il m'est beaucoup plus facile de me concentrer et ressentir de la solidité à chaque pas. Cette pratique est vraiment l’application de la pleine conscience et de l'attention portée à chaque pas. C'est une véritable unification de la respiration et des pas, et c'est aussi un rappel pour nous tous, de revenir à cette pratique simple. Je vois parfois les frères marcher en faisant trois pas pour une respiration, on oublie ce qu'est la pratique, une respiration pour un pas, et il y a une profondeur en cela: entraîner notre concentration, nous pouvons nous concentrer et maintenir notre attention et notre pleine conscience à chaque pas. Revenons donc, s’il vous plaît, à ces pratiques fondamentales de notre communauté telles que notre Maître nous les a enseignées et prenons réellement racine dans cette pratique. [ au tableau, Phap Huu trace une 2° colonne de cercles] [ cercle1: Renouveau - cercle 2: Entraînements à la pleine conscience/ Préceptes- cercle 3: Chant ] [ cercle 4: Etude- cercle 5: Regard profond- cercle 6: Arrêt] Tous les jours, nous avons l'occasion de pratiquer la méditation assise. La méditation assise dans notre pratique, c'est tout d'abord apprendre à nous asseoir comme une personne libre. Je sais que pendant l'orientation, on vous a déjà parlé de cette pratique ceci est un bref rappel. Quand nous nous asseyons, nous essayons de nous asseoir comme si nous étions sur une fleur de lotus. Chaque fois qu'un artiste a dessiné le Bouddha, il a toujours représenté le Bouddha assis sur une fleur de lotus. Ceci nous encourage à voir que la méditation assise peut être fraîche et légère. La première fois, cela peut être très difficile il peut sembler que nous sommes assis sur un tas de braises chaudes et nous sommes très mal à l'aise, il y a un peu d'agitation présente en nous. En tant que pratiquant de la pleine conscience, nous sommes comme le gardien conscient de ce qui se manifeste durant notre méditation, - pensée, sentiments, émotions - que nous ramenons et laissons prendre racine dans la respiration, dans l'énergie de pleine conscience. Nous pouvons également faire le scan de notre corps. Parfois en méditation assise, nous pourrions penser qu’aujourd’hui c'est le jour où je vais atteindre l'éveil - ça y est !- et nous arrivons avec ce désir très intense. J'ai vécu de nombreux moments comme ça. Il y avait des jours, en tant que moine novice, où je me réveillais et je pensais: aujourd'hui je vais être conscient à 100% et bien sûr, au bout de trente minutes j'oubliais. Mais au moins j'avais cette intention, j’avais cette aspiration. Mais j'ai appris au cours de ma pratique qu’il faut adopter une attitude beaucoup plus détendue et beaucoup plus facile. Le premier chapitre du livre "Sur les traces de Siddharta" est intitulé « Marcher juste marcher ». Parfois je m'assois pour juste m'asseoir, je viens et je m'assois pour m'asseoir. Assis et juste être présent, car lorsque vous êtes présent, vous pouvez prendre soin de ce qui se manifeste. Dans notre méditation assise, nous devons également être conscient de notre posture. S'il vous plaît, chers amis, vous avez des mentors pendant cette retraite, veuillez en profiter, vous avez des moines qui sont vos mentors. Il est important d'avoir la bonne posture en position assise. Parfois l'esprit dirige le corps, parfois le corps soutient l'esprit. Si nous ne trouvons pas la bonne posture, nous n’ établissons pas les bonnes fondations pour notre méditation assise. Trouver le bon coussin, la bonne taille de coussin et la bonne posture et s'y habituer, c'est très important car l'intention de s'asseoir est d'allumer l'énergie de la pleine conscience, d’y amener la présence. Mais si nous ne permettons pas à notre corps de parvenir à cette rectitude, nous ne soutenons pas notre assise. Si nous sommes assis d'une manière paresseuse ou incorrecte, il sera beaucoup plus difficile d'apprécier l'assise et de progresser dans notre pratique. Soyez donc conscient que parfois le corps aide également à diriger l'esprit. C'est pourquoi nous les moines, les nonnes et les novices, nous entraînons notre esprit de manière consciente: la façon dont nous marchons, la façon dont nous parlons, la façon dont nous nous inclinons, la façon dont nous mangeons, car l'action du corps peut également aider à diriger l'esprit et à entraîner l'esprit. Au début, nous devrons peut-être ralentir dans tout ce que nous faisons. Mais la pleine conscience ne signifie pas être lent. Lorsque nous débutons, notre habitude est normalement d’être plus rapide, donc revenir à un pas plus lent, c'est aussi contraindre nos habitudes et être conscient des énergies qui se manifestent. Un jour j'étais avec Thay à l'aéroport lorsque la porte d'embarquement de notre vol a modifiée au dernier moment seulement 15 minutes avant l'heure, nous avons tous couru et Thay a couru aussi parce qu'il y a des moments où nous devons être rapides. Il y a des moments où nous devons être rapides et il y a des moments où nous pouvons ralentir. Quand vous savez que vous cuisinez pour la communauté, que vous cuisinez pour 400 ou 600 personnes les jours de pleine conscience, vous devez être à l'heure, vous devez être ponctuel, vous devez cuisiner avec suffisamment d'efficacité, vous ne pouvez pas simplement dire: " Oh...notre pleine conscience rythme avec lenteur" et toute la communauté devra attendre deux heures pour manger ! La pleine conscience est aussi la capacité de s'adapter à chaque situation. Dans notre communauté, nous pratiquons le Renouveau pour rétablir la communication quand il y a un blocage dans notre relation avec quelqu’un ou s'il y a un malentendu. De la même façon, nous pratiquons l’arrosage des fleurs. Arroser les fleurs est une chose que nous pouvons faire tous les jours, c'est quand nous apprécions une qualité de nos frères, de nos sœurs, de nos amis, et que nous leur offrons notre gratitude, nous arrosons la fleur de cette personne. Vous pourriez aussi avoir besoin de temps en temps d'arroser votre propre fleur, vous devez vous regarder dans le miroir et réapprendre à sourire, sourire à vous-même. Les entraînements à la pleine conscience sont les préceptes pour vivre en harmonie au village des Pruniers. Que vous ayez ou non reçu les 5 entraînements à la pleine conscience, vous devez les appliquer lorsque vous vivez avec nous. Les 5 entraînements à la pleine conscience, portent en eux l'essence de l'entraînement de notre pratique, c'est aussi une vision portée par le Village des Pruniers. En pratiquant au Village des Pruniers, nous apprenons les entraînements et les mettons également en pratique. Si vous ne les connaissez pas, s’il vous plait demandez à vos mentors. Chanter. Le chant est également une pratique au Village des Pruniers. L'année dernière, nous avons eu de nombreuses sessions où nous nous sommes réunis pour produire un nouveau CD comme une offrande à la communauté, ainsi qu'à notre communauté mondiale, à nos sanghas à travers le monde. Chanter en harmonie, chanter à l'unisson, c'est très puissant, ça éleve notre esprit et ça nous porte. J'ai été très impressionné par la cérémonie d'ouverture avec les tambours et les cloches, le chant de la communauté était si puissant comme si ça annonçait : "Bien, ça va être une bonne retraite", à cause de l'harmonie et de la qualité de la communauté présente. Tout au long de la retraite, nous avons également de nombreuses occasions d'étudier. Je ne sais pas comment c'est organisé au Hameau du bas et au Hameau nouveau, mais au Hameau du haut, avec les frères, nous offrons environ huit cours qui ont lieu le matin et s’adressent à différents groupes. Pendant ces moments d'étude,nous devons toujours nous demander comment appliquer les enseignements dans notre vie quotidienne, comment les intégrer dans notre vie quotidienne en regardant profondément et en s'arrêtant : ce sont les deux ailes de la méditation. apprendre à faire une pause, apprendre l'immobilité. Chaque fois que nous entendons le son de la cloche, nous nous arrêtons tous ensemble, nous revenons tous à nous-mêmes et nous nous connectons tous au moment présent : c'est une signature du Village des pruniers. Chaque fois que nous entendons le son de la cloche, nous devons en faire une habitude, que cela devienne automatique, cette cloche est là pour nous rappeler de revenir à notre inspiration et à notre expiration. Il y aurait des choses à ajouter mais le temps passe, et je dois aborder d'autres points. Écoutons ensemble un son de cloche pour nous arrêter et juste être conscients de notre inspiration et de notre expiration. ( cloche ) Pendant la Retraite des pluies, en tant que communauté, nous examinerons collectivement trois thèmes. Notre frère aîné l'a évoqué lors de la journée d'ouverture, mais j'aimerais rappeler à la communauté que le but n'est pas d'apporter une solution, trouver une réponse, mais de contempler ces sujets en tant que corps collectif. Voir comment nous pouvons les enrichir, comment nous pouvons soutenir et de contribuer. Le premier sujet est: comment enrichir notre bodhicitta, notre esprit d'amour, en tant qu’individu et en tant que groupe. Le deuxième sujet que nous aborderons au cours du deuxième mois de retraite: nous chercherons les ressources dans notre pratique, au plan collectif et individuel, pour aider la planète Terre et la question du changement climatique, cette prise de conscience qui émerge à travers le monde en ce moment, pour passer à l'action. Le dernier sujet que nous aborderons en tant que communauté est la construction de la sangha. En juin 2020, nous organiserons la retraite de 21 jours. L'esprit de la retraite de 21 jours est d'inviter tous les membres de l'Ordre de l'Inter-être à travers le monde à se rassembler pour trois semaines de pratique et de réflexion sur différents sujets. Cette année , nous aimerions particulièrement porter notre regard sur la croissance de notre communauté du Village des Pruniers jusqu’aux différentes ramifications des nombreuses sanghas hors du village des Pruniers. Au village des Pruniers, nous apprenons à vivre en harmonie afin d’être un refuge et un soutien pour l'extérieur. Je me souviens d'une fois où Thay a partagé quelque chose avec nous tous, les moines, il a dit: tant qu’il y a l'harmonie, tout est possible, mais en l'absence d'harmonie, faites un pas en arrière, pour vous ressaisir, vous reconstruire, vous rassembler, et comprendre d'où vient la dysharmonie afin de rétablir l'harmonie pour ensuite repartir. L'harmonie est le fondement de notre communauté monastique et de la quadruple communauté. C'est un processus de transformation continue que nous devons mener car notre communauté est très vivante, sans cesse changeante. Ce groupe est présent aujourd'hui pour les prochains 90 jours, ensuite ce sera un groupe différent. Nous changeons constamment et nous grandissons également constamment, grandissant en tant qu'individu et grandissant en tant que collectif, et comme nous le savons, plus nous grandissons en tant que collectif, plus il y a d'énergie nous tirant dans toutes les directions. Nous recevons de nombreuses demandes, nous recevons de nombreuses invitations à nous rendre ici ou là. En tant que communauté, en tant que corps d'enseignants du Dharma, nous devons avoir conscience de nos capacités afin de préserver notre sangha monastique, de préserver l'essence du service comme une offrande au coeur de notre pratique monastique. Je voudrais inviter tous les enseignants du Dharma à prendre le temps d'observer notre communauté du Village des Pruniers en France, à prendre le pouls de la Sangha, à entendre les battements du coeur de la Sangha, à voir comment la retraite de 90 jours cet automne se déroule au plan individuel et collectif. J'aimerais inviter tous les enseignants du Dharma à se réunir le 3 octobre pour ouvrir un partage sur le déroulement de ces 90 jours. Comme certains d'entre vous ne le savent peut-être pas, normalement notre retraite des pluies n’a pas lieu en automne; elle a lieu généralement en hiver, de novembre à début février. Mais après avoir écouté la communauté, la Sangha monastique, beaucoup ont vu qu'en hiver, nous faisions une pause pendant les vacances de Noël et du Nouvel An. Après cette interruption dans notre retraite des pluies, le retour à la pratique nous demandait beaucoup d'énergie. Alors la Sangha a collectivement décidé de modifier la date de la retraite des pluies à l'automne, période plus cohérente pour les études, la pratique et la présence. Nous avons décidé d'essayer pendant deux ans puis de faire le point pour voir si nous continuons ainsi ou si nous changeons de nouveau. Alors s'il vous plaît, frères et sœurs enseignants du Dharma, prenez un moment, prenez le pouls pour estimer l'impact de ce changement. Nous sommes également conscients que notre décision affecte celles des autres centres aux États-Unis et en Allemagne, nous le prenons en considération lorsque nous étudions cela ensemble. Lors de nos partages, nous n'avons pas à prendre de décision tout de suite, mais nous devons lancer le processus, car de nombreux autres centres observent ce que nous faisons au Village des Pruniers afin de s'inspirer. Ce sera donc le 3 octobre, chers enseignants du Dharma. Donc l'équipe monastique en charge de l'organisation, veuillez s'il vous plaît veiller à ce que les enseignants du Dharma puissent se réunir et ne pas faciliter ce jour-là. Il y a bien d'autres choses mais je voudrais terminer, j'ai un autre discours sur le Dharma à préparer pour un autre jour, alors je vais m'économiser. Avant de terminer, j'aimerais inviter Thay Phap Dung à venir, il a une annonce pour notre communauté. (Phap Dung:) Cher Thay, chère noble communauté, merci Phap Huu et la Sangha de nous avoir permis de partager un peu. Il y a un groupe parmi nous qui se rendra à Bordeaux demain pour se joindre à un rassemblement. Ce matin, nous avons partagé l'image de Thay marchant lentement tandis que quelqu'un criait au feu, c’ est une belle image. Nombre d'entre vous savent que le climat est lui aussi en feu au point de faire peser une menace sur l'avenir. Comment réagissons-nous face à cela? Cette interrogation est venue au devant de la scène ces derniers mois. Ce mois-ci et le suivant, les gens appellent à l'action pour demander au gouvernement de bien vouloir se réveiller. Une petite délégation, moines et nonnes et amis laïcs, ira à Bordeaux demain, juste pour montrer notre soutien et apporter de l'énergie d'amour. Beaucoup participants viennent de groupes religieux, il y a aussi des étudiants,ce mouvement est inspiré par les étudiants et les enfants du monde. Chaque vendredi depuis longtemps maintenant, ils font grève, ils ne vont pas à l'école, et c'est tellement beau. Les enfants, pouvez-vous imaginer les enfants face à la police, que va-t'il se passer? C'est très beau. Le pape, le dalaï-lama et tous les chefs spirituels soutiennent ce mouvement, également les adultes, les parents, les enseignants soutiennent ces enfants. C'est un mouvement très inspirant allumé comme la mèche d’une bougie par une jeune adolescente suédoise. Certains d'entre vous la connaissent et elle inspire beaucoup d'enfants, même ma nièce la connait et elle n'a que 8 ans. Donc demain nous irons là-bas et nous voulons le partager avec la Sangha. S'il vous plaît soutenez-nous depuis ici, car pour vous qui venez passer trois mois ici, votre démarche est la même. Nous empruntons une voie différente mais nous sommes dans ce même mouvement vers un éveil collectif. Demain nous voulons simplement montrer notre soutien en amenant une énergie d'amour, la conscience du moment présent. Les gens viennent avec des intentions différentes, et nous espérons faire une marche et une assise méditatives, apprécier de la terre mère, tomber amoureux de la terre mère. Nous transmettrons l'enseignement de Thay, le message de Thay, à travers notre pratique. Nous irons demain dans cet esprit pour offrir cela en emmenant toute la communauté avec nous. Cet après-midi il y aura un groupe de partage sur le Dharma par affinité, nous aurons donc une opportunité de partager sur ce sujet parce que certains d'entre nous souffrent face à ces questions et pratiquent avec cela. Profiter de la terre mère est également une pratique. A trois heures cet après-midi, nous aurons un groupe de partage sur le Dharma afin de partager davantage. Merci pour votre soutien. Que vous y alliez ou non demain, c'est la même chose Merci. S'il vous plaît, profitez de la Terre Mère avec la marche d'ici quelques minutes. (Phap Huu:) Merci Thay Phap Dung. Pour terminer, écoutons trois sons de cloche. Revenons à notre respiration et restons en contact avec la Terre mère, la planète terre. ( Cloche )