- [Professeur Tyler Cowen] Dans la vidéo
précédente, nous avons introduit les idées
de l’information asymétrique et de la sélection
adverse et nous avons appliqué ces idées au
marché des voitures d'occasion. Prenons ces mêmes
concepts et construisons un modèle de base de
l'assurance maladie. Supposons que les consommateurs
potentiels d'assurance maladie soient dans une gamme
de différents états de santé. Par exemple, les personnes
qui sont en moins bonne santé pourraient coûter environ
30 000 dollars par an. Ce sont ces personnes situées ici. Celles
qui sont en meilleure santé pourraient ne rien coûter en soins
de santé. Ce sont celles qui sont situées ici. Les
consommateurs connaissent cette information, au
contraire des assureurs qui sont supposés ne pas la
connaitre. Du point de vue de l'assureur, tout le monde a le
même état de santé moyen. Là encore, nous avons une
information asymétrique. C'est-à-dire que les consommateurs
de soins de santé ont plus d'informations sur
leur état de santé que les assureurs. Dans
ce scénario, les assureurs doivent fixer le prix
de la couverture sur la base du coût moyen de
tous les consommateurs, à savoir 15 000 dollars. Mais
si l'assurance coûte 15 000 dollars, une partie
du marché, les gens relativement en bonne santé,
choisiront de ne pas acheter une assurance puisque
le coût de cette assurance est plus élevé
pour eux que le bénéfice attendu. Donc,
seule une partie de ce marché achètera une
assurance. Le coût moyen de ceux qui effectivement
l'achèteront n'est donc pas de 15 000 dollars, mais de
22 500 dollars. Dans ce cas, si la compagnie d'assurance
essaie de fixer le prix à 15 000 dollars, elle perd de
l'argent. Si la compagnie d'assurance augmente plutôt le
prix à 22 500 dollars, la même
dynamique s'exercera de nouveau.
C'est-à-dire que les personnes relativement en bonne santé
penseront que cela ne vaut pas la peine de payer ce prix.
Les personnes malades continueront d'acheter l'assurance,
ce qui fera augmenter les coûts escomptés de
l'assureur, poussant donc le prix encore plus à la
hausse. Cette dynamique se poursuit jusqu'à ce que
la compagnie d'assurance individuelle arrive à la conclusion qu'il
n'existe aucun tarif auquel elle peut attirer un groupe de
clients ayant des coûts de soins de santé inférieurs
au prix de l'assurance. Ceci est la même
spirale de la mort que nous avons vue auparavant avec les voitures
d'occasion et qui conduit à une défaillance du marché. Comme nous
l'avons vu sur le marché des voitures d'occasion, il existe
plusieurs raisons expliquant pourquoi la réalité pourrait différer
de ce modèle simple. Tout d'abord, le modèle que
nous avons présenté prédisait que les personnes
en bonne santé, celles qui font du sport, mangent des
légumes et bouclent leurs ceintures de sécurité
n’achèteraient pas d'assurance, tandis que le
modèle prédit que les fumeurs, les alpinistes
et les motards devraient acheter une assurance.
Cela est-il vrai ? Non dans la majorité des cas.
Les gens qui achètent une assurance de santé se
révèlent en fait être aussi ceux en meilleure santé.
Pourquoi donc ? Eh bien, ceux qui essaient d'éviter
les risques en mangeant bien, essaient également
d'éviter les risques en achetant une assurance
maladie. Notre hypothèse de départ selon laquelle
chacun calcule les coûts et les avantages exactement
de la même manière est trop simple. Une fois
que vous tenez compte du fait que les gens ont des
tolérances différentes au risque, vous pouvez
finir par une situation dans laquelle ce sont les personnes
en bonne santé qui choisissent d'acheter l'assurance
maladie. Ce cas est appelé « sélection propice »,
lorsque les gens qui achètent l'assurance maladie
sont ceux en meilleure santé, pas plus malades que
la moyenne. Cela peut maintenir des coûts bas, et
empêcher la spirale de la mort. Une autre
réponse possible au problème de la sélection adverse
dans le cas d'assurance maladie pourrait sembler familière.
Si vous vous souvenez, nous avons vu que des services tels
que CARFAX et les programmes de certification peuvent
atténuer le problème de l'information asymétrique
lors de l'achat d'une voiture d'occasion. Ces
services permettent à l'acheteur de la voiture
d'avoir des informations similaires à
celles que possède le vendeur de la voiture.
Le résultat de cette information est que de meilleures
voitures peuvent se vendre plus cher et les tacots
peuvent se vendre à plus bas prix. Qu’en-est-il pour les personnes
en matière d'assurance maladie, une approche analogue existe-t-elle ?
Eh bien, oui. La santé des personnes peut être
inspectée tout comme les voitures le sont. Donc
bien que les consommateurs peuvent avoir
initialement plus d'information sur leur santé que
les compagnies d'assurance, un bilan de
santé permettra à ces dernières d'avoir une
meilleure idée des coûts de santé anticipés
du consommateur, permettant ainsi aux
compagnies d'assurance de facturer moins les consommateurs
en bonne santé et davantage ceux qui sont malades.
Sur le marché de voitures d'occasion, cette solution
semblait être assez bonne. Après tout, les meilleures
voitures pouvaient se vendre plus cher,
et les tacots à un prix plus bas. Pour le
marché de l'assurance médicale, cette solution pourrait marcher,
mais certaines personnes la ressentent comme étant doublement
injuste. Non seulement les malades sont malades, mais
maintenant ils doivent aussi payer plus pour leur
assurance maladie. Un autre problème avec
l'inspection est qu'elle pourrait révéler trop
d'informations, faisant en sorte que l'assurance
maladie ne soit plus viable. Par exemple,
admettons qu'un très bon test de diagnostic
soit capable de déterminer : A. qu'un patient
a un cancer et B. que le traitement du cancer
coûtera 1 million dollar. Et bien, pour
assurer contre le cancer, le prix de la police d’assurance
doit donc être d'environ 1 million de dollars, mais
cela n'est plus une assurance. Cela revient tout
simplement à présenter une facture au patient.
L'assurance protège en cas de situations inattendues,
et est un type de regroupement de risques,
une manière de se protéger contre une
facture élevée. Mais si vous devez
recevoir cette facture élevée, quelles que soient les
conditions quand vous êtes malade, eh bien, nous avons perdu ces
avantages de l'assurance. Une autre solution au
problème de sélection adverse qui est utilisée
largement aux États-Unis est une assurance maladie
de groupe prise par les employeurs. La plupart
des gens en Amérique n’achètent pas d'assurance
directement mais c'est plutôt leurs employeurs
qui le font pour eux dans le cadre d'un plan
de groupe. L'avantage de ce système est que la
compagnie d'assurance n'a pas tellement
à s'inquiéter de la sélection adverse.
L'employeur n'en sait pas beaucoup plus
en matière de santé de ses employés
que la compagnie d'assurance.
En outre, l'employeur
va acheter
une assurance maladie pour ses employés
indépendamment de leur état de santé.
Donc pour ces raisons, le problème
de la sélection adverse est
beaucoup plus faible avec l'assurance maladie de
groupe. L'assurance maladie de groupe, cependant,
suscite d'autres problèmes. Si vous perdez votre emploi,
vous pourriez perdre votre assurance maladie.
Et qu'en-est-il des retraités ? Aux
États-Unis, diverses lois ont rendu
l'assurance maladie plus abordable, et de
plus, les retraités sont assurés par
l'État dans le cadre de l'assurance-maladie. Donc, des
solutions existent, certes imparfaites comme toujours.
L'approche la plus récente au problème
de sélection adverse a été mise en œuvre
dans la Loi sur les soins abordables, connue
également comme l’Obamacare. Selon la Loi
sur les soins abordables, tout le monde est censé acheter une
assurance maladie. Si vous ne le faites pas, vous serez
condamné à une amende. L'idée dans ce cas est d'obliger
toutes les personnes en bonne santé à faire partie du groupe
de ceux qui achètent une assurance, avec pour conséquence
une modération du coût de l'assurance maladie, ainsi que
d’éviter la spirale de la mort. Comme vous pouvez le
voir, bien que le modèle de sélection adverse soit
assez simple, il a beaucoup d'applications pour
certains des problèmes assez complexes du monde réel.
Nous aborderons ensuite
le risque moral. À plus tard.
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