Le grand naturaliste du 19ème siècle,
Alexander von Humboldt a dit :
« La vision du monde la plus dangereuse
est celle de ceux
qui n'ont jamais vu le monde. »
Je pense que le voyage est
un impératif moral
pour ceux qui peuvent se le permettre,
que nous devons au monde
de nous y engager.
Tout le monde doit, à un certain point,
être exposé au monde au sens plus large,
et je pense que si tout le monde passait
deux semaines dans un pays étranger
avant ses 30 ans,
où que ce soit,
peu importe ce qu'on y fasse,
la moitié des problèmes diplomatiques
du monde seraient résolus.
Je pense que si le gouvernement comprenait
cette fonction sociale du voyage,
il y aurait des politiques publiques
pour financer les voyages
tout comme nous avons des politiques
pour financer la santé et l'éducation.
Le voyage est à la fois
une fenêtre et un miroir.
C'est une fenêtre
car il permet d'observer
une autre société, une autre culture.
Mais c'est un miroir
car lorsque vous allez à l'étranger,
vous êtes dépouillé
jusqu'à votre moi profond,
et vous voyez ce qu'est ce moi profond
avec une clarté que vous n'auriez
pas pu atteindre autrement.
Nous avons tous besoin
de nos compatriotes.
Si l'on n'a pas de chez-soi,
savoir qui on est devient
presque impossible.
Mais sans personnes différentes,
vous devenez une caricature de vous-même.
Aucun modèle ne doit
nécessairement gagner.
Aucun des deux ne remet en cause l'autre.
J'ai la double nationalité
américaine et britannique.
Au cours de l'année passée, j'ai voté
contre le Brexit et contre Trump,
et j'ai perdu à chaque fois.
(Rires)
Les résultats de ces votes,
tout comme l'élection
de gouvernements nationalistes
en Polande, en Hongrie,
en Turquie et en Russie
représente un rejet de la diversité
et de l'ouverture des frontières
qui ont défini l'ordre du monde.
À la Conférence d'octobre
du Parti conservateur,
Theresa May a déclaré :
« Il n'existe pas de citoyens du monde.
Si vous estimez être un citoyen du monde,
vous n'êtes citoyen de nulle part.
Vous ne comprenez pas
le sens du mot ' citoyenneté '. »
Theresa May a tort.
Le patriotisme n'est pas du nationalisme,
et vous pouvez aimer votre propre pays
et aimer d'autres pays aussi.
Ce n'est pas binaire.
Si les politiques identitaires
des 20 dernières années
nous ont donné ne serait-ce qu'une chose,
c'est le vocabulaire
de l'intersectionnalité,
la compréhension que nous avons tous
des identités multiples tout le temps,
et que vous pouvez être vieux et
conservateur et britannique et gay,
ou jeune et sourd et radical et français,
ou anglo-américain et européen
et citoyen du monde.
C'est une marque de sophistication
de tolérer et de célébrer
les identités qui coexistent,
l'absence de cette capacité est une marque
d'aliénation et d'aversion.
Mais nous faisons erreur en supposant que
comme nous partageons les mêmes problèmes,
nous avons tous besoin
des mêmes solutions.
Quand je travaillais au Cambodge,
j'ai rencontré une femme, Phaly Nuon,
qui avait traversé
des horreurs inimaginables
pendant le génocide.
Elle avait dû regarder, forcée,
le viol de sa fille
puis son meurtre sous ses yeux.
Son bébé était mort
car elle était trop malnutrie
pour produire du lait.
À la fin de la guerre,
elle s'est retrouvée dans un camp
à la frontière avec la Thaïlande,
et elle remarqua, dans ce camp,
qu'il y avait beaucoup
de femmes, en particulier,
qui étaient parvenues à survivre
aux terribles humiliations et atrocités,
mais qui étaient juste assises
devant leurs tentes dans le camp,
à regarder dans le vide, sans prendre soin
de leurs enfants, ne faisant plus rien.
Elle alla voir les responsables des camps.
Ils lui dirent : « Nous sommes débordés
à cause des maladies infectieuses.
Nous ne pouvons rien y faire. »
Elle décida qu'elle devait
faire quelque chose.
Et elle eut l'idée de ce qu'elle appela,
son « programme en trois points ».
Elle dit : « Premièrement,
je suis allée voir ces femmes,
et je leur ai appris à oublier,
non pas qu'elles oublieront jamais
les choses terribles
qui leur sont arrivées,
mais je leur donnais d'autres choses
auxquelles penser
et remplissais leur esprit
avec d'autres choses
et c'était le début d'une forme d'oubli.
Après leur avoir appris à oublier,
je leur ai appris à travailler.
Certaines ne pouvaient rien faire
de plus que le ménage,
certaines savaient faire de l'artisanat,
d'autres pouvaient faire
des choses plus complexes,
mais toutes avaient besoin de voir
qu'elles savaient faire quelque chose. »
Elle dit : « Une fois que je leur avais
appris à oublier et à travailler,
je leur ai appris à faire
des manucures et pédicures. »
Et je dis : « Je vous demande pardon ? »
(Rires)
Elle dit : « Ce que
les gens avaient le plus perdu
durant le régime des Khmers rouges
était la capacité à se faire confiance
les uns les autres.
Ces femmes avaient passé tant d'années
sans avoir l'occasion de se sentir belles.
Je les invitais dans la tente,
et la remplissais de vapeur,
et en quelques minutes,
elles confiaient
leurs mains et leurs pieds
à des étrangères équipées
d'instruments tranchants.
(Rires)
Après plusieurs minutes,
elles commencèrent
à se raconter leurs histoires. »
Elle dit : « Ensuite j'ai essayé
de leur apprendre
que ces trois compétences
n'étaient pas cloisonnées,
mais faisaient partie d'une seule
et même façon d'être.
Et quand elles comprirent cela, eh bien,
elles étaient prêtes à reprendre
le cours de leur vie.
Les gouvernements démocratiques
doivent être ancrés
dans une vision du futur,
et cela implique d'oublier.
Mais nous devons aussi aspirer
à travailler et à nous faire confiance.
En ce moment, nous oublions
trop facilement,
et nous travaillons
et faisons confiance trop difficilement.
Durant sa campagne,
Donald Trump a déclaré :
« Je n'ai pas le temps de voyager.
L'Amérique requiert mon attention
en ce moment. »
Pouvez-vous voir l'Amérique si vous
ne l'observez pas parfois de l'extérieur ?
Il y a un sentiment dans tous
ces mouvements nationalistes
que la différence est menaçante
plus qu'elle n'est belle.
Et une partie de leur fonction commune est
de renier notre humanité.
C'est pour cela qu'il n'est pas surprenant
qu'au cours des mois
qui ont suivi le Brexit,
le Directeur de la police
métropolitaine de Londres
ait évoqué une terrible augmentation
des crimes haineux
alors que le Southern Poverty Law Center
aux USA a enregistré
plus de 1 000 incidents
alimentés par la haine
dans les trois semaines
qui ont suivi l'élection.
Lorsque nous ne nous connaissons pas,
il nous est plus facile de nous entretuer.
Quand j'avais environ six ans,
j'étais en voiture avec mon père.
Nous conduisions à travers la campagne.
Il me raconta une histoire
qui contenait une allusion à l'Holocauste.
Il pensait que je savais ce que c'était,
ce n'était pas le cas.
Je lui demandai de m'expliquer,
il m'expliqua.
Cela n'avait aucun sens pour moi,
et je lui demandai
de m'expliquer à nouveau.
Il expliqua à nouveau,
et quand je demandai une troisième fois,
il me dit :
« C'était le mal à l'état pur. »
Il le dit sur un ton qui marquait
la fin de la conversation.
Mais j'avais encore une question :
« Pourquoi les Juifs ne sont-ils pas
simplement partis
quand les choses ont mal tourné ? »
Mon père dit :
« Ils n'avaient nulle part où aller. »
Je me souviens avoir pensé,
même à ce moment, même à six ans,
que je ne serais jamais
une de ces personnes,
que j'aurais toujours
quelque part où aller,
que j'aurais des gens prêts à m'accueillir
à bras ouverts sur
tous les continents habités.
Et c'est devenu
une partie intégrante de ma vie.
Nous sommes dans une ère d'isolationnisme,
où les gens ont oublié
que la base de la sécurité est
d'avoir beaucoup d'endroits où aller.
J'étais à Moscou l'année dernière,
lorsque Poutine a fait passer
certaines de ses mesures autocratiques.
J'étais avec André Reuter, quelqu'un que
je connais depuis de nombreuses années,
qui était engagé dans
la résistance contre le Putsch,
lorsque l'URSS s'est dissoute
et qui avait lutté avec ses idéaux
pour la liberté et la justice.
Je lui ai demandé :
« Est-ce que tu regrettes ?
Est-ce que tu regrettes
d'avoir consacré tant d'énergie
pour ces espoirs qui
ne se sont jamais concrétisés ? »
Il m'a regardé et m'a dit :
« Est-ce que je regrette ?
Non, je ne regrette pas.
C'est le moteur de tout
ce que j'ai fait ou pensé depuis lors. »
Il m'a dit : « Ce moment d'idéalisme
était comme une enfance heureuse.
C'est quelque chose sur quoi tu peux bâtir
pour affronter tout
ce qui advient par la suite. »
Et j'ai réalisé à ce moment,
qu'un espoir brisé
est empreint d'une noblesse
que le simple désespoir
ne peut pas connaitre,
et que le moment où les choses basculent
peut avoir de la valeur dans le présent,
peu importe où ce basculement mène en soi,
et que le changement ne s'opère qu'après
les nombreuses genèses de l'espoir.
En février 2002, juste après l'invasion,
je suis allé en Afghanistan.
J'y suis allé surtout car je pensais
que cela ne pouvait pas être un pays
entièrement peuplé de paysans guerriers
et de bureaucrates corrompus,
ce qui était l'image du pays
dans la plupart
de la presse occidentale de l'époque.
J'avais quelqu'un là-bas qui était
mon traducteur et mon guide,
et qui est encore un grand ami : Farouq.
Je lui avais dit que je voulais
un de ces chapeaux en fourrure,
comme ceux que Karzai portait.
Farouq dit : « Si tu en veux un,
on devra aller dans la rue des fabricants
de chapeaux en commander un.
Donc nous avons commandé un chapeau,
et le jour suivant,
nous sommes retournés le chercher.
Et il dit : « Notre prochain rendez-vous
n'est qu'à cinq minutes d'ici.
Nous pouvons traverser ce marché. »
Je dis : « Ok ! » Et à cette époque,
la plupart des Occidentaux en Afghanistan
étaient soit de l'ONU soit de l'Armée,
et ils n'étaient pas autorisés à traverser
des lieux comme ce marché plein de monde.
Donc nous marchions et Farouq me dit :
« Mets ton chapeau. »
Je dis : « Farouq, les étrangers qui
s'habillent en locaux sont ridicules.
(Rires)
Je ne vais pas mettre mon chapeau. »
Il dit : « Oh allez ! »
Je dis : « Vraiment, Farouq,
je ne préfère pas. »
Et il dit : « S'il te plait,
mets ton chapeau. »
Je dis : « Ok, je vais
mettre mon chapeau. »
Donc je mis mon chapeau,
et soudain, tout le monde
autour de moi se mit à applaudir.
(Rires)
Et un vieil homme vint vers moi
et m'embrassa.
Il dit : « Vous êtes un étranger,
mais vous êtes venu dans notre pays,
vous êtes ici au marché avec nous,
vous portez un vrai chapeau afghan,
à l'afghane,
et nous voulons que vous sachiez
que vous êtes le bienvenu ici. »
Une semaine plus tard,
j'interviewais trois femmes activistes,
elle arrivèrent en burqas,
elles retirèrent leurs burqas aussitôt
pour qu'on puisse s'assoir et discuter.
Mais je leur dis :
« Vous n'êtes plus sous le régime taliban.
Vous n'êtes plus obligées
de porter ces choses.
Pourquoi est-ce que
vous les portez toujours ? »
La première femme dit : « Si je sors
sans burqa et que je me fais violer,
tout le monde dira
que c'était de ma faute. »
La deuxième dit : « Si je sors
sans burqa
et que les Talibans reviennent au pouvoir,
ils puniront peut-être toutes celles
qui sont sorties sans burqa. »
Mais la troisième me dit : « J'ai juré que
lorsque les Talibans seraient déchus,
je brûlerais ce vêtement et ne reverrais
plus jamais rien de la sorte.
Mais après cinq ans,
vous vous habituez à devenir invisible,
et l'idée de redevenir visible
est très stressante. »
J'ai compris que, pour cette femme,
son invisibilité lui donnait
une forme de liberté.
Mais j'ai aussi dû reconnaître que
cette liberté est elle-même une prison,
et que ce sont souvent
les personnes les moins libres,
qui comprennent plus
profondément la liberté.
Comme Tony Morrison a dit :
« Une fois que vous êtes libre,
vous devez revendiquer cet être libéré. »
Dans une société libre, vous avez
une chance de réaliser vos ambitions.
Dans une société non-libre,
vous n'avez pas ce choix,
ce qui génère souvent des ambitions
plus visionnaires.
Les personnes réprimées utilisent souvent
leurs mots avec plus de force,
mais le mot « liberté » est une action.
Vous devez la revivre
et l'atteindre chaque jour.
Elle n'est pas figée.
Ce n'est pas un état
que nous devons supposer continu.
Et cela prend tellement de temps
et tellement d'engagement
de construire la liberté.
Et pourtant, des libertés durement gagnées
peuvent se retrouver anéanties
avec une rapidité alarmante.
Le Nazisme, l'Apartheid,
le Hutu Power, la Grande Serbie,
tous ont balayé
la justice qui les avait précédés.
Lorsque j'étais en Chine,
j'ai passé du temps avec Zhang Peili,
un artiste qui a participé
à la révolte étudiante
de la Place Tian'anmen en 1989.
Il y était, il s'est échappé,
il a fait un tableau de ce qu'il a vu
et l'a suspendu à un pont à Hangzhou,
puis a dû se cacher
car il était recherché.
Il m'a dit : « Tu sais, ce qui s'est passé
est peut-être une bonne chose,
car si cela ne s'était pas produit,
il y aurait eu une révolution,
des centaines et des centaines de milliers
de personnes auraient pu mourir. »
J'ai répondu : « Mais Peili,
comment peux-tu dire cela ?
Tu a presque donné ta vie pour cela.
Tu as dû te cacher pour cela.
Tu croyais si fermement
en cette révolte étudiante. »
Et il a répondu : « Je suis un artiste,
et l'idéalisme est mon droit
en tant qu'artiste.
Mais l'idéalisme dans les mains
d'un leader est une terrible chose. »
Mon mari et moi, notre famille,
avons récemment accueilli
un réfugié libyen, Hassan.
Nous l'avons fait en partie car notre vie
en tant qu'américains gays
est un privilège si abstrait pour les gays
de sa région du monde,
et pour tellement de gays dans le monde,
et en partie car nous sentions que
nous avons tous une obligation morale
d'aider en ce moment les réfugiés,
et en partie car nous voulions
envoyer un message,
à nos enfants, à nos amis,
et aussi à nous-mêmes,
que cet « autre » diabolisé
peut être une personne
qui est non seulement familière,
mais aussi aimée.
C'est politique pour nous d'avoir Hassan
en tant que membre de notre foyer,
même s'il entraine notre fils au foot,
travaille dans un hôpital,
fait des gâteaux incroyables,
et nous fait tous rire.
J'avais espéré que le temps aurait ôté
l'aspect politique de sa présence,
mais cette éventualité nous a échappé
le soir de l'élection américaine.
Le théoricien politique italien
Antonio Gramsci a dit une fois
que la révolution requiert
le pessimisme de l'intellect
et l'optimisme de la volonté.
Je pense que tout changement social
requiert le pessimisme de l'intellect
et l'optimisme de la volonté.
À l'époque où l'Apartheid déclinait,
Je suis allé faire un reportage
en Afrique du Sud.
Je pensais que je venais d'une société
où la démocratie fonctionnait
et que j'allais dans une autre
où ce n'était qu'un espoir distant.
Mais ces choses peuvent se renverser.
Juste après l'élection en novembre,
l'artiste sud-africain, William Kentridge,
avec qui j'avais passé beaucoup de temps,
vint à New York,
et nous avons parlé
de ce qu'il s'était passé.
Il a dit : « Ce qu'il y a
de plus choquant n'est pas
à quel point tu es choqué maintenant,
mais à quel point tu seras
peu choqué d'ici six mois. »
Je l'ai pris comme une invitation
à rester choqué.
(Rires) (Applaudissements)
Merci.
Rester choqué est un jeu
de longue haleine.
Cela implique de résister au fait que
la répétition nous désensibilise,
et de reconnaitre
qu'en tant que société,
nous sommes en ce moment même
sur le point de devenir cruels,
et nous devons résister à cette tendance.
Le voyage est l'opposé du chauvinisme.
Le chauvinisme est un repli sur soi.
Le voyage est une ouverture
sur l'extérieur.
Et voir le monde dans sa globalité
est l'une des meilleures façons
de construire un monde global.
Le poète américain Robert Frost a écrit :
« Avant de construire un mur,
j'aimerais savoir ce que je dois garder
dehors ou bien dedans,
Et à qui je risquerais
de porter préjudice.
Il y a quelque chose
qui n'aime pas les murs,
Qui voudrait les abattre. »
Ce à quoi le voisin dans le poème répond :
« Les bons murs font les bons voisins. »
Mais l'histoire nous montre
que les bons murs
font principalement de vrais ennemis.
Donald Trump parle de ce grand projet
de construire un mur
entre les États-Unis et le Mexique.
La Grande-Bretagne travaille
sur le grand mur de Calais,
censé empêcher l'immigration illégale
provenant du continent.
Les murs de la paix en Irlande du Nord
vont maintenant être conservés
dans certains endroits.
La Hongrie s'est engagée à constuire
une gigantesque clôture frontalière
tout autour du pays.
Et Israël est en bonne route
pour devenir une nation emmurée.
Les murs sont des symboles
concrets d'exclusion,
et l'exclusion blesse souvent
ceux qui excluent
autant qu'elle blesse
ceux qui sont exclus.
Et ce processus implique d'observer
comment l'ordre mondial libéral
bénéficie aux nations,
il montre une indifférence naïve
à la propagation des guerres,
à la prolifération nucléaire.
Ça ne rendra pas
l'Amérique « great again »,
ni la Grande-Bretagne.
C'est une banalisation de la paix fragile
forgée après deux guerres mondiales,
qui n'est jamais acquise.
Car les murs sont nos burqas,
ils sont un symbole de sécurité
qui nous oppresse terriblement,
et nous en souffrons derrière eux.
Ceux parmi nous
qui prônent l'internationalisme
doivent reconnaître que
cela peut être déconcertant
et difficile à aborder.
La main d’œuvre bon marché supprime
des emplois en Occident
alors que l'Occident exploite les pauvres
aux quatre coins du monde.
Nous devons nous rappeler
que les fossés linguistiques mènent
à des incompréhensions,
et que les valeurs sont
souvent contestées.
Mais tant que le monde sera contaminé
par la guerre, la famine et la pauvreté,
il y aura des personnes luttant pour fuir
des endroits instables et appauvris
vers d'autres endroits en apparence
moins instables et plus prospères.
Ils ne partent pas parce que
l'émigration, c'est amusant.
Ils ne partent pas pour exploiter
d'autres endroits.
Ils ne partent pas sans regrets.
Ils sont bouleversés
qu'ils le veuillent ou non.
En reportage à Tripoli
à la fin du régime Kadhafi,
j'ai interviewé tous les ministres
de son gouvernement.
J'étais frappé de voir
que tous ceux que je rencontrais
et qui voulaient un rapprochement
avec l'Occident
avaient vécu ou étudié aux États-Unis,
au Royaume-Uni ou en Europe de l'Ouest.
Et tous ceux qui voulaient que la Libye
demeure un État voyou et terroriste
n'avaient jamais voyagé.
Isoler ce qui est autre,
empêcher les gens d'entrer
nourrit une ignorance de nous-mêmes
qui engendre la haine.
C'est l'ouverture
qui assure notre sécurité.
C'est frappant de voir
que New-York et Londres,
les villes avec le plus d'immigrés,
ont beaucoup moins peur de l'immigration
que les personnes de zones périphériques.
Les personnes les plus effrayées
des immigrants n'en ont jamais rencontré.
Construire des murs ne résout
pas leurs problèmes.
C'est une faiblesse
déguisée en rempart.
S'engager est la seule façon
d'aller de l'avant.
Theresa May a pris les choses à l'envers.
Nous devons agir en tant que
citoyens de nos pays,
tout en restant ouverts
au plus vaste ensemble.
Croire que nous ne pouvons pas être
des citoyens du monde
nous fera perdre le monde
dans lequel nous aurions pu être citoyens.
Merci.
(Applaudissements)
Merci.
Merci.
(Applaudissements)
Merci, merci.