Demain, je vais en Antarctique,
pour réaliser mon rêve.
(Applaudissements et acclamations)
Savez-vous situer l'Antarctique?
C'est le 7ème continent,
où on trouve le Pôle Sud.
C'est le continent le plus froid.
On a enregistré comme température
la plus basse -98°C,
et les vents les plus forts
soufflent à 300kms/h.
(Acclamations)
C'est un continent glacé.
Personne n'y habite,
à part les scientifiques
pour leur recherches,
et les aventuriers pour se défier;
comme moi, avec le voyage de demain.
(Applaudissements)
J'y vais pour grimper le plus haut sommet,
le mont Vinson,
dernier sommet que j'aie à grimper
dans le cadre du projet des 7 sommets,
qui consiste à gravir les plus hauts
sommets de chaque continent.
Une fois ce sommet gravi, j'aurai réalisé
mon rêve d'ascensionner les 7 sommets,
et je deviendrai la première marocaine
à réaliser ce défi Insha'Allah.
(Applaudissements)
J'ai peur de ce voyage,
et en même temps,
je suis enthousiaste.
J'ai peur, car on craint toujours
ce qu'on ne connaît pas,
car ça nous sort de notre zone de confort,
et je suis enthousiaste
de connaître ce nouveau monde,
de découvrir ce nouveau monde,
où je vais.
Et c'est ce qui me donne ferveur
et motivation.
Je me souviens encore de l'année 2011,
après l'ascension
de tous les sommets marocains,
j'ai décidé de monter le plus haut
sommet africain,
le Kilimanjaro à 5895 m.
Là-bas, j'ai découvert
le challenge des 7 sommets.
J'ai su que ce serait un challenge
difficile, avec l'Everest,
que ce serait onéreux.
Et en même temps, j'ai osé rêver.
"Pourquoi pas?"
"J'essaie et je verrai bien
où j'arriverai."
En fait, j'ai commencé par apprendre
l'alpinisme au Mont Blanc.
Là-bas, j'ai pris confiance en moi
et j'ai décidé de débuter l'expérience.
Les monts que j'ai grimpé
ont été une école où j'ai beaucoup appris.
J'ai appris à oser rêver
au Kilimanjaro,
j'ai appris la patience au sommet
de l'Elbrouz en Europe,
et qu'il n'y a pas d'echecs.
Quand je suis allée en Amérique latine,
grimper le plus haut sommet, Aconcagua
je n'y suis pas arrivée au début,
mais je n'ai pas abandonné,
j'y suis retournée et j'ai réussi.
J'ai appris le dépassement de soi
sur le Denali,
le plus haut sommet nord américain.
J'ai appris à faire face à l'inconnu
en allant dans les tribus papous
lors de l'ascension
du Carstens en Océanie.
Je ne vais pas vous mentir
car je suis passée par des étapes dures,
j'ai douté, j'ai pleuré,
j'allais abandonner mon rêve
mais avec patience et détermination
je suis allée au bout du chemin.
Il y avait aussi de gros défis financiers,
Il fallait trouver des sponsors
et ce n'était pas facile.
mais j'ai appris à communiquer
mes idées.
J'ai appris à chercher des sponsors,
à les convaincre pour avoir leur soutien.
Biensûr, on ne peut réussir seul.
Beaucoup de gens m'ont supporté et aidé,
pour que je réussisse,
et à leur tête,il y'a ma famille.
Mon mari m'a beaucoup soutenu.
Il est venu au Kilimanjaro
et au camp de base Everest.
Ma famille m'a aussi beaucoup soutenue.
Je partais et leur laissais ma fille,
rassurée.
Biensûr ça ne plaisait pas à ma fille
que sa mère la laisse.
Au début, elle pleurait et ça me peinait,
c'était mon point faible.
Je me sentais égoÏste de laisser ma fille,
ma maison et partir de longues périodes.
mais les sacrifices sont nécessaires
pour atteindre le succès.
à mon retour, j'essaie d'arranger ça,
en montrant à ma fille amour et affection.
Aujourd'hui elle est fière de sa mère,
et la prend comme exemple
dans sa vie.
(Applaudissements et acclamations)
L'ascension de l'Everest,
c'était quelque chose!
mais ce n'était pas mon objectif principal,
j'allais pas à pas.
Chaque sommet était un exercice
pour l'ascension de l'Everest.
Quand j'ai senti que le temps approchait,
je parle ici d'intuition,
j'ai commencé à me préparer.
J'ai fait tous les stages en Himalaya,
j'ai atteint un sommet à 7000m,
je suis allée dans les Alpes,
en Ecosse, en Espagne,
J'ai suivi des entraînements intensifs
de 3 à 4 heures de sport par jour.
Il n'y a pas que la force physique
qui compte, la foi est très importante.
J'ai fait de la méditation, du yoga,
du développement personnel.
J'ai lu sur l'Everest,
j'ai su que l'ascension est dure
et que des gens meurent,
mais ça ne m'a pas fait peur.
car la mort arrive quand Dieu le décide.
Il est donc mieux de vivre pleinement
notre vie.
(Applaudissements)
L'ascension de l'Everest a duré 2 mois
Avril et Mai 2017.
J'ai mis un mois à m'acclimater,
on escaladait et descendait
pour habituer le corps à l'altitude,
avec peu d'oxygène et la pression.
Au début, quand je passais
par la cascade de glace du Khumbu,
qui est l'une des routes
la plus dangereuse, j'avais très peur.
Puis je m'y suis habituée,
je montais et descendais.
Je me suis habituée
au bruit des avalances,
et à sortir de la tente
en courant pour les voir.
C'est surprenant comme l'humain
s'adapte aux difficultés.
Il lui faut juste des moyens,
et encouragements pour les affronter.
Et là, il découvre
qu'il a beaucoup de ressources,
et qu'il peut aller plus loin que les
limites imposées par lui ou la société,
J'ai essayé de vivre le moment
présent quand j'étais là-bas.
J'ai essayé de profiter des paysages
que je voyais,
Je reconnaissais la chance que j'avais
d'être là-bas.
Dans les moments très difficiles,
l'humain réalise la valeur des choses
anodines, en temps normal,
comme l'eau, la nourriture, et l'oxygène.
Ma présence dans le camp de base
de l'Everest, pendant une longue période,
m'a permis de rencontrer un ensemble
d'alpinistes venant de tout le monde,
J'ai appris de leur expérience,
et j'ai vécu de très beaux moments avec eux,
et cela apprend le savoir-vivre,
la considération de l'autre
sans regards sur sa nationalité,
sa religion, sans jugements.
Après un mois de pratique,
nous avons attendu.
La patience est compliqué,
surtout dans les moments difficiles
Mais, il est nécessaire
de rester concentré sur ses objectifs.
Quand le temps propice est venu,
nous avons commencé la marche,
avec mon guide, le guide de la région.
On est monté jusqu'au camp 4, à 8000m.
A ce niveau, on entre dans la zone
de mort,
avec seulement un tiers d'oxygène,
le corps se détériore très vite.
Et il vaut mieux
de ne pas y rester trop longtemps
car le sommeil là-bas
n'est pas réparateur.
Nous n'allions pas dormir là-bas
cette nuit là,
car on devait atteindre le sommet.
Mais le vent soufflait fort.
Le second problème est que le dispositif
à oxygène du sherpa s'est abîmé.
On a donc dû dormir
dans le camp 4, à 8000m.
En plus de cela, le sherpa m'a demandé
de partager mon oxygène.
On a peut-être l'habitude
de partager l'eau, la nourriture,
Mais l'oxygène, je n'y avais jamais pensé.
Mais je n'ai pas refusé car le partage
est pour moi une valeur précieuse.
Alors j'ai partagé mon oxygène.
(Applaudissements)
Et comme on sait, les neurones meurent
de manque d'oxygène,
Je me suis réveillée le matin me demandant
si je réfléchissais encore.
Et, j'ai fait du calcul mental.
"2x2 font combien?"
En disant 4, je me suis dit:
"Dieu merci, je réfléchis encore un peu."
Le lendemain, on est partis à 21h30.
Mais avant de commencer,
je me suis dit qu'il y avait forcément
une raison de ce retard.
Hier, le vent était si fort
que personne n'a pu monter au sommet.
C'est donc une bonne chose
que je n'y sois pas arrivée.
Et cela montre le rôle
de la force spirituelle;
car j'étais passive,
je me suis remise à Dieu,
et je me suis dit que tout ce qui vient
de Dieu est bienfait.
Et c'était un biefait
de ne pas être monté cette nuit-là.
Le lendemain à 21h30,
nous sommes partis vers le sommet.
A peine j'ai commencé la marche, le soir,
que ma lampe s'est éteinte
Je n'ai pas abandonné
et j'ai continué à grimper.
Mes lunettes de protection ont gelé
à cause du vent.
Il faisait -30°C
et le vent soufflait très fort.
J'ai enlevé mes lunettes,
et j'ai continué mon ascension.
J'ai passé à coté des cadavres.
Je les ai laissés
et j'ai continué de grimper.
Je ne pensais à rien,
j'étais concentrée sur mon objectif.
Je ne sentais rien,
même mes ressentis ont gelé.
(Rires)
Après 10 heures d'escalade,
10 heures de marche,
de l'ascension et de la souffrance,
j'ai atteint le plus haut sommet
du monde, l'Everest.
(Applaudissements)
Le paysage était magnifique,
Je pouvais voir la Vallée du Tibet,
celle du Khumbu, plus bas.
J'étais au dessus des nuages,
(Rires)
des nuages que je ne pouvais
pas collecter.
J'étais au dessus des sommets.
Je me sentais toute petite
face la création divine.
J'ai de la gratitude
pour la force et les moyens
que Dieu m'a donné pour atteindre le sommet.
Et je me suis sentie libre.
Au bout de 20 minutes là-haut,
j'ai su que je n'avais pas encore fini
car je devais descendre.
(Rires)
80% des accidents arrivent
pendant la descente.
car on est pressé d'arriver,
mais une fois arrivé,
soit on n'a plus d'oxygène,
soit on n'a plus de force.
A peine je débutais la descente,
comme je vous l'ai dit j'avais enlevé mes
lunettes,
les UV avaient abîmé mes yeux,
alors je ne voyais plus bien,
je voyais flou.
(Rires)
Là-bas, je me suis demandée
si je pourrais revenir.
En arrivant au camp 4,
j'ai réalisé que la plupart
de mes doigts avaient gelé.
J'ai eu des frostbites.
Biensûr aucun succès n'est simple.
mais il faut forcément passer
par les sacrifices et les souffrances
pour atteindre la réussite.
Maintenant, le sommet
que je veux grimper, demain
c'est le mont Vinson.
Biensûr, il n'est pas aussi
haut que l'Everest
mais ses difficultés viennent
du fait qu'il est en Antartique.
Comme je l'ai dit plus tôt, les conditions
climatiques sont très difficiles.
Demain, je vais au Chili,
mon périple commence au Chili,
de là-bas, on va à Punta Arenas
qui est à la pointe du Chili.
Puis nous allons prendre un avion
qui va nous emmener en Antartique.
Et nous allons arriver à l'Union Glacier.
De là, nous allons prendre
un autre avion, le Twin Otter,
qui va nous emmener
au camp de base de Vinson.
Et là, nous commencerons la marche
qui va durer environ 10 jours,
entre l'ascension au sommet, et le retour.
Ainsi, ses difficultés résident
dans les conditions climatiques,
Il y a des parties techniques,
Mais comme pour chaque sommet,
peu importe comme il est,
il doit être difficile,
et il faut se préparer pour l'escalader,
il a son lot de difficultés, de défis
et de leçons à tirer.
Donc, comme vous le savez,
demain je pars réaliser mon rêve,
et vous, où en sont vos rêves?
(Applaudissements)
Merci
(Applaudissements)
Talal Chakir: Bravo!
(Applaudissements)