25.000
Votre patron
vous a donné cette usine.
Que pensez-vous de son geste?
Le vrai héros dans tout ça,
c'est votre patron.
Ne vous prive-t-il pas de l'espoir
d'une révolution future?
Est-ce un acte isolé
ou correspond-t-il
à une tendance du monde moderne?
A une tendance du monde moderne.
Il semble s'agir d'une nouvelle
forme de course au pouvoir.
N'est-ce pas un premier pas
vers une transformation des hommes
en petits-bourgeois?
La bourgeoisie n'arrivera jamais
à faire des hommes des bourgeois.
Alors, un bourgeois,
par ce geste,
commet donc un erreur?
Je ne peux pas vous répondre.
La bourgeoisie change
de façon révolutionnaire.
Si la bourgeoisie faisait
de l'humanité une bourgeoisie,
elle n'aurait plus à triompher
d'une lutte de classe
ni avec l'armée, ni la nation,
ni l'Eglise confessionnelle.
Et sans des alliés naturels,
elle perdrait la lutte.
Vous voilà devant
des données toutes neuves.
Vous devez me répondre...
THEOREME
Sous-titres: Pierre KALFON
Sous-titrage vidéo: C.M.C.
"Et Dieu conduisit son peuple
au désert..."
Arrive demain.
Mets-nous de la musique.
Alors, tu te sens mieux?
Ce n'est rien.
Ce n'est pas très confortable.
Quelle invasion!
C'est ici que je couchais, petit.
Excuse-moi...
Je suis ici.
Excuse-moi...
Voilà tes amis.
Tu es un vrai sportif.
Quelle heure est-il donc?
Je ne sais pas.
Quelle importance?
Il est six heures!
Il s'agit d'un homme malade,
comme moi.
"Dans un tel état, lvan Illitch
trouva une consolation.
"Guérassime
était chargé du nettoyage.
"C'était un jeune paysan
propre, sain..."
Merci.
Que lis-tu?
"Elle était toute sa vie.
"Le tour de bonté serait plus long
à se reproduire qu'une étoile.
"L'Adorable
qui s'était rendue chez moi
"n'est pas revenue
et ne reviendra jamais."
Tu n'es pas comme Guérassime.
Avec toi,
la controverse est difficile.
Deux raisons
m'obligent à te parler.
La première,
c'est mon sens moral.
Et puis,
quelque chose de confus...
que je n'entrevois clairement
qu'en te parlant.
Tu m'as séduit, mon Dieu!
Et je me suis laissé faire.
Tu m'as violenté et tu as gagné.
Je suis la risée de tous,
on se moque de moi.
La calomnie hurlait,
autour de moi:
"Dénoncez-le!"
...et tu m'as accusé.
Mes amis gueulaient ma chute.
"Ll se laissera sûrement séduire.
Alors nous vaincrons.
"Nous prendrons sur lui
notre revanche."
Comment?
Tu parles?
Je suis content.
Je dois m'en aller...
demain.
Je ne me reconnais plus.
Ce qui me faisait l'égal
des autres n'existe plus.
Je leur ressemblais,
malgré mes défauts.
Les miens et ceux de mon monde.
Tu m'as soustrait
à l'ordre naturel des choses.
Je ne m'en suis pas rendu compte
lors de ton séjour.
Je m'en aperçois,
alors que tu t'en vas.
En te perdant, je prends
conscience de ma diversité.
Qu'adviendra-t-il de moi?
Ce sera comme vivre tout près
d'un autre moi-même,
qui n'a rien de commun avec moi.
Faut-il toucher le fond
de cette diversité
que tu m'as révélée,
et qui est ma vraie
nature angoissée?
Sans le vouloir,
ne vais-je pas dresser
tout et tous contre moi?
Je n'ai jamais eu...
d'intérêt pour rien.
Je ne parle pas
d'intérêts majeurs...
mais simples, comme ceux
de mon mari pour son usine,
de mon fils pour ses études,
de ma fille pour la famille.
Moi... Rien.
J'ignore comment j'ai pu
supporter un tel vide.
S'il existait quelque chose...
c'était l'amour instinctif
d'une vie stérile...
comme un jardin
où personne ne passe plus.
Ce vide était en fait
plein de valeurs erronées
et d'un horrible fouillis
d'idées fausses.
Je m'en rends compte
aujourd'hui.
Tu as rempli ma vie
d'un intérêt total et réel.
Ton départ ne détruit rien
de ce qui était en moi,
sauf une réputation
de bourgeoise chaste.
Ce que toi, tu m'as apporté:
L'Amour dans le vide de ma vie.
Tu le détruis en me laissant.
Notre rencontre a fait de moi
une fille normale.
J'ai finalement trouvé
une solution à ma vie.
Avant,
je ne savais rien des hommes.
J'en avais peur,
je n'aimais que mon père.
Maintenant, tu me laisses...
tu me précipites encore plus loin.
Est-ce cela que tu as voulu?
La douleur de te perdre
provoquera ma rechute,
plus horrible
que le mal qui m'accablait
avant la brève guérison
due à ta présence.
Je n'avais jamais décelé ce mal.
Maintenant, si!
Par le bien que tu m'as fait,
j'ai mesuré mon mal.
Comment te remplacer?
Peut-être quelqu'un...
je ne pourrais plus vivre.
Tu es venu ici pour détruire.
En moi,
cette destruction est totale.
Tu as anéanti l'idée
que je me faisais de moi-même.
Je ne trouve rien maintenant...
qui puisse me réintégrer
dans mon identité.
Que me proposes-tu?
Un tel scandale est pareil
à une mort civile:
Ma totale destruction.
Comment peut en arriver là
un homme formé pour l'ordre,
pour l'avenir,
et surtout pour la possession?
Laisse, je vais la porter.
Non, je la porte.
Portons-la ensemble, veux-tu?
Tu me donnes un mètre?
C'est servi, Mademoiselle.
Je ne peux rien faire.
Je suis désolé.
Mademoiselle, je vous en prie!
Desserrez le poing, Mlle Odetta.
Ouvrez votre poing.
Quelle horreur!
Que je suis con!
Tu as faim?
Non, je ne mange pas.
Mange quelque chose!
Je ne veux pas.
Tu ne veux pas manger?
Dis au moins ce que
tu veux manger... parle!
Il faut inventer
de nouvelles techniques,
impossibles à reconnaître,
qui ne ressemblent
à aucune opération existante,
pour éviter
la puérilité du ridicule,
se construire un monde propre,
sans confrontation possible...
pour lequel il n'existe pas
de mesures de jugement...
qui doivent être nouvelles
comme les techniques.
Nul ne doit comprendre
qu'un auteur ne vaut rien,
qu'il est anormal, inférieur,
que comme un ver, il se tord
et s'étire pour survivre.
Nul ne doit le prendre
en péché d'ingénuité.
Tout doit paraître parfait,
fondé sur des règles inconnues...
donc, non mises en doute...
comme chez un fou, oui, un fou.
Verre sur verre,
car je ne sais rien corriger...
et nul ne doit s'en apercevoir.
Un signe sur un verre...
corrige sans le salir...
un signe peint auparavant
sur un autre verre.
Il ne faut pas qu'on croie...
à l'acte d'un incapable,
d'un impuissant.
Ce choix doit paraître sûr,
solide, élevé
et presque prépondérant.
Nul ne doit se douter qu'un signe
est réussi "par hasard".
"Par hasard", c'est horrible.
Lorsqu'un signe est réussi,
par miracle,
il faut immédiatement
le garder, le conserver...
Personne ne doit s'en apercevoir.
L'auteur est un idiot frissonnant,
aussi mesquin que médiocre.
Il vit dans le hasard
et dans le risque,
déshonoré comme un enfant.
Sa vie se réduit
à la mélancolie et au ridicule...
d'un être qui survit
dans l'impression...
d'avoir perdu quelque chose
pour toujours.
A bas les états.
A bas toutes les églises.
Vive celui qui peint.
Le bleu est son portrait.
Mais le bleu ne suffit pas.
Le bleu n'est qu'une partie.
De quel droit ferais-je
une telle mutilation?
Quelle idéologie
pourrait le justifier?
N'étais-je pas sur la bonne voie
avec mes premiers portraits?
Regardez...
ce qu'elle est devenue
à force de manger des orties.
Mon Dieu! Quel scandale!
Désolé, je ne fume pas.
Quelle est la route de Milan?
A gauche et tout droit.
Qu'arriverait-il si je décidais...
de me dépouiller de tout et
de donner mon usine aux ouvriers?
Allons!
N'aie pas peur, je ne viens pas ici
pour mourir, mais pour pleurer.
Mes larmes ne sont pas
des larmes de douleur.
Elles formeront une source,
qui ne sera pas
une source de douleur.
Allez va... maintenant.