Bonjour chère Sangha,
très respecté Thay.
Chère sangha, aujourd'hui est
le 22 novembre de l'an 2019,
nous sommes dans la Salle de méditation
"Assemblé des Etoiles" en Hameau du Bas
notre jour de pleine conscience.
Nous commençons par écouter
trois sons de la cloche.
Réjouissez-vous du son de la pluie,
et du sentiment de votre respiration
dans votre corps.
[la cloche est réveilée]
[la cloche est invitée]
[la cloche est invitée]
[la cloche est invitée]
Chère Sangha, il y a environ 30 ans,
nous avions un picnic avec Thay
au Hameau du Haut.
Nous étions assis là
où il y avait une forêt,
mais maintenant
il y a la résidence des moines.
Pas exactement une forêt.
De l'herbe verte et quelques arbres.
C'était une belle journée.
Nous avions mis nos hamacs
entre les arbres après le picnic.
Nous nous étions couchés
pour faire la sièste.
Là, il a commencé à pleuvoir beaucoup.
Donc il fallait trouver un abri
dans le bâtiment le plus proche.
Le bâtiment le plus proche était
une maison en pierre avec une véranda.
Nous nous sommes assis sur la véranda.
Thay a dit: "Chan Duc,
écris une chanson sur la pluie."
Je ne sais pas,
♪ La pluie qui tombe si doucement, ♪
♪ lavant chaque feuille de chaque arbre, ♪
♪ lavant chaque souci." ♪
♪ Namo 'valokiteshvaraya, ♪
♪ Namo 'valokiteshvara. ♪
♪ La pluie qui tombe, oh si fort, ♪
♪ atteignant chaque racine de chaque arbre. ♪
♪ La pluie qui tombe oh, si bruyamment, ♪
♪ Namo 'valokiteshvaraya, ♪
♪ Namo 'valokiteshvaraya, ♪
♪ La pluie qui tombe, oh si bruyamment, ♪
♪ jouant la musique de joie
pour des milliers d'êtres. ♪
♪ Namo 'valokiteshvaraya, ♪
♪ Namo 'valokiteshvaraya, ♪
Donc, chère Sangha,
dans cette chanson nous pouvons voir
que le climat à l'extérieur de nous
et les émotions et les formations mentales
à l'intérieur de nous
ne sont pas deux choses séparées.
Quand nous voyons la pluie
qui lave la feuille d'un arbre,
nous ressentons aussi
que notre souci est enlevé.
Car nous sommes des enfants de la Terre.
Nous sommes la Terre.
Alors tout ce qui arrive à la Terre,
arrive aussi à nous.
Nous nous en sommes conscients
depuis très longtemps.
Pas besoin d'attendre le changement
climatique pour s'en rendre compte.
Mais avant le changement climatique,
les gens avaient oublié
qu'ils étaient la Terre.
C'est pourquoi ils ne prenaient pas soin
de la Terre.
En même temps ils ne prenaient
pas soin d'eux-mêmes.
Mais maintenant
nous avons cette opportunité,
pour voir que nous sommes la Terre.
Cela veut dire que chaque fois
que nous prenons soin de nous,
nous prenons soin de la Terre.
Et chaque fois que nous prenons soin
de la Terre,
nous prenons soin de nous-mêmes.
Quand je dis, "nous",
je veux vraiment dire
"nous-mêmes".
Je veux vraiment dire "nous-mêmes",
parce que nous ne sommes pas
séparés les uns des autres.
Si je prends soin de moi-même,
je prends soin de toi,
mon ami être humain.
Et je prends soin de toi,
espèce animale,
espèce végétale,
espèce minérale.
Nous sommes très chanceux
de vivre à cette époque.
Parce que c'est une époque d'urgence.
C'est une époque qui nous force
de regarder profondement
notre relation avec la Terre,
et notre relation avec les autres.
Si nous n'avions pas la menace
de ne plus être ici pour très longtemps,
nous pourrions être fainéants
à faire cet effort.
C'est un caractéristique humain
d'être un peu fainéant.
Le Bouddha a dit que nous avons
de la chance
d'être nés en tant qu'humains,
parce que si nous étions nés
en tant que dieux,
peut être que tout se passerait
comme nous le voulons,
nous nous sentirions très heureux
et tout irait bien
et nous ne nous mettrions pas à pratiquer.
Mais en tant qu'êtres humains,
il y a pas mal...
les choses ne sont pas OK,
et il y a pas mal de souffrance,
cela nous donne un élan pour pratiquer.
Aujourd'hui nous devons parler
de la Bodhicitta.
Parfois on traduit la Bodhicitta
par L'esprit d'amour.
Parfois on la traduit
par l'esprit d'éveil.
Il y a le même mot "bodhi"
dans le mot Bodhisattva.
"Citta" veut dire l'esprit,
et "bodhi" veut dire "l'éveil".
Il y a la même racine dans le mot Bouddha.
Si vous êtes russe, vous savez
que le mot pour "se réveiller"
a la même racine aussi, "Budta".
Alors nous devons nous réveiller.
Homo sapiens doit se réveiller.
Pour devenir homo...
je ne me souviens plus
le mot latin pour "être éveillé".
Vigila, vigilatus?
Nous devons devenir "homme éveillé"
plutôt que homo sapiens,
un nom que nous nous sommes donnés.
Je ne sais pas si nous nous sommes
nommés correctement.
"Sapiens" veut dire "sage",
mais je ne sais pas
si nous sommes toujours si sages.
Mais pour avoir assez de cette sagesse,
il faut progresser et devenir éveillé.
Nous avons de la chance car nous avons
les enseignements de la pleine conscience.
La pleine conscience nous garde éveillés,
elle nous réveille.
Un Bodhisattva est
"quelqu'un qui se réveille",
ou "un être qui aide les autres
à se réveiller".
Maintenant notre espèce a une opportunité
pour pratiquer afin de se réveiller.
Chaque génération,
chaque époque de l'espèce humaine
ici, sur la planète Terre,
a eu besoin de se réveiller
à certaines choses.
Maintenant il faut se réveiller au fait
que nous avons fait
beaucoup de dégâts,
que l'espèce humaine
fait toujours beaucoup de dégâts.
Les géologues appelent notre époque
l'Anthropocène,
l'époque qui est créé par,
la géologie est créée par les humains.
Elle n'est plus faite par des processus
naturelles de la Terre.
Si vous regardez la Terre, vous trouverez
beaucoup d'os de poules là-dedans.
Ces os de poules viennent des êtres
humains qui mangent trop de poules.
En tant qu'êtres humains,
nous créons la Terre Mère
comme elle devient.
Nous sommes des enfants de la Terre Mère .
Donc nous voulons nous réveiller.
Nous voulons nous réveiller au fait
que nous inter-sommes.
Nous sommes interconnectés
avec tout sur la Terre.
Quelle meilleure opportunité
que pendant la consommation d'un repas.
Manger en pleine conscience,
être en relation
avec la nourriture qu'on mange.
Quand j'étais jeune, une adolescente,
au début de mes 20 ans,
je souffrais de ce qu'on appelle
l'anorexie nerveuse.
Ça veut dire que je ne mangeais pas.
Je ne voulais rien manger.
C'était très destructeur pour mon corps.
C'était destructeur pour mon esprit aussi.
Ça plantait des graines dans mon corps
et mon esprit qui m'ont blessés.
Je ne réalise qu'à ce moment,
je blessais la Terre Mère aussi.
Je blessais aussi ma mère génétique
et mon père génétique
qui s'inquietaient beaucoup sur moi.
Mais à l'époque je n'étais pas
consciente de ce que je faisais.
Je n'avais pas la Bodhicitta,
l'esprit qui est éveillé.
Je n'étais pas le Bodhisattva
en train de s'éveillér.
Ça m'a pris du temps pour réaliser
ce que j'étais en train de me faire.
Manger en pleine conscience
peut restaurer,
restaure la bonne relation
avec ce que je mange.
Donc je suis très reconnaissante de la
pratique de manger en pleine conscience.
Quand je mets quelque chose
dans ma bouche,
je mets une cuillère de millet
dans ma bouche,
je me sens très connectée
avec tout l'univers.
Je me sens connectée
avec le soleil et les étoiles
et à la Terre sous mes pieds,
et avec l'atmosphère autour de moi
qui contient les nuages et la pluie.
Je sens que toutes ces choses
s'unissent pour me nourrir.
Mon cœur se remplit de gratitude.
Je sais qu'en tant qu'enfant de la Terre
je suis nourrie par la Terre.
Et quand je mange en pleine conscience,
je suis consciente
des origines de la nourriture.
et de la question si ce que je mange
contribue à l'empreinte carbon mondiale.
Je dois donc être consciente
de la distance parcourue de ma nourriture,
et du moyen de transport utilisé
pour qu'elle arrive chez moi.
Quand je mange je vois
qu'il reste toujours
une empreinte carbone
dans ce que je mange.
Mais ça ne diminue pas
ma joie de manger,
car, même si je veux minimaliser
l'empreinte carbone de ce que je mange,
en même temps je sais
que la chose la plus importante
est ma relation avec la Terre Mère,
avec l'atmosphère.
Et quand je ressens
cette profonde gratitude en moi,
et cette aspiration profonde
de prendre soin de la Terre
comme je prends soin de moi-même,
je sais que je fais la meilleure chose
que je peux faire.
Alors nous avons dit
que la Bodhicitta veut dire,
littéralement "Esprit d’Éveil".
Mais Thay l'a traduit en anglais
comme l'esprit de l'amour.
Comme si l'éveil et l'amour
n'étaient pas deux choses séparées.
Nous savons aussi
que la compréhension et l'amour
ne sont pas deux choses séparées.
Donc quand je m'assois
et je mange un repas,
je suis aussi consciente
de mes frères et mes sœurs
qui mangent avec moi,
parce qu'eux aussi sont la Terre.
Ils sont aussi des enfants de la Terre.
Si je ne peux pas
les comprendre et les aimer,
alors je ne peux pas non plus
comprendre ni aimer la Terre.
Donc pendant un repas, on n'est pas
juste reconnaissant de la nourriture,
ressentant l'amour pour la Terre Mère
et le cosmos qui a produit la nourriture,
mais on est reconnaissant aussi pour les
frères et sœurs qui sont avec nous,
et nous ressentons l'amour
pour les frères et sœurs avec nous.
Pendant la journée je reste vivante
avec ma pleine conscience
et avec l'usage des gathas,
et ma conscience de la Terre Mère.
Quand je me lave les mains,
je me lave les mains
pour que tous puissent avoir
des mains bénies
pour sauver la planète Terre.
Je sais que quand je me lave les mains,
je veux être présente à 100%,
parce que je suis en relation avec l'eau,
et l'eau est un cadeau tellement précieux
de la Terre et le ciel.
Nous savons que les sources de l'eau
pure dans la Terre, s'assêchent.
Les aquifères s'assêchent.
Les grandes fleuves sous-terrains d'avant
ne sont plus là.
Donc l'eau pure est
un très précieux cadeau.
Donc je veux faire de mon mieux
pour ne pas la gaspiller.
Même si parfois c'est très difficile
d'adapter un robinet pour que
pas trop de l'eau sort d'un coup,
ça me fait plaisir
d'être capable de l'adapter
pour que le montant d'eau exact
dont j'ai besoin sorte.
Et je peux ramasser cette eau
dans un récipient.
Je n'ai pas besoin de la laisser couler.
Comme ça je peux prendre l'eau
du récipient pour me laver le visage.
Ces choses-là ne demandent pas d'effort.
Ça ne prend pas d'effort de faire ça.
Pas besoin de me forcer pour faire ça.
Parce que je suis la Terre,
et la Terre est moi.
Quand je prends soin de la Terre,
je prends soin de l'eau,
je prends soin de moi-même.
Nous faisons tellement de choses
pendant la journée
qui peuvent nous garder en relation,
en bonne relation avec la Terre.
Bien sûr l'acte le plus important
est quand on marche sur la Terre.
Ce vendredi,
plusieurs parmi nous avaient l'opportunité
de marcher sur la Terre
pendant deux heures.
Il fallait se concentrer,
au moins, j'en avais besoin,
parce qu'il y avait beaucoup de bruit
autour de nous,
si je ne faisais pas attention
je risquais de perdre ma concentration.
Donc j'ai dû utiliser le gatha:
"Je suis chez moi, je suis arrivée,
bien ici et maintenant.
Je suis solide, je suis libre.
Dans la dimension ultime,
le domaine de sans mort sans naissance,
je m'établis."
J'ai pratiqué cela fermement.
Le lendemain quand je me suis réveillée,
je le pratiquais encore.
Parce que deux heures c'est très long
pour pratiquer un gatha.
Mais ce gatha est très important pour nous
qui prenons soin de la Terre.
D'abord nous voyons la Terre
comme notre maison.
Deuxièmement,
nous voyons que nous sommes arrivés
là où nous sommes.
C'est un des enseignements
du Village des Pruniers,
qui dit que les trois temps intersont.
Le passé, le présent et le futur.
Ce ne sont pas des réalités séparées.
Quelques écoles du Bouddhisme disent
que le passé, le présent et le futur
existent comme des réalités séparées.
Il y en a qui disent
qu'il n'y a que le moment présent.
Au Village des Pruniers,
Thay nous a appris
que les trois temps intersont.
Donc quand je suis arrivée
dans le moment présent,
ça ne veut pas dire
que le passé n'est pas là,
où que le futur n'est pas là.
La meilleure façon
de prendre soin du futur
est de prendre soin du moment présent.
Le moment présent existe
à cause du moment passé.
Donc je suis arrivée est important.
Il est important de me garder
dans le moment présent,
pour pouvoir prendre soin du futur.
Cela ne veut pas dire
que je ferme les yeux,
que je ne suis pas réveillée
à ce qui pourrait se passer dans le futur.
La raison pour laquelle je sais
ce qui pourrait se passer dans le futur
est que je sais ce qui se passe
dans le présent.
Bien sûr nous faisons très attention de
ne pas dépasser le 1,5 degré de réchauffement
et nous savons comment y arriver,
nous en sommes conscients.
Mais nous devons pratiquer
de rester solides,
de rester libres dans le moment présent.
Sinon nous aurons un burn-out
et ne serons pas capable
de faire les choses que nous voulons faire
pour que tout le monde nous aide,
pour aider la Terre.
Donc quand on devient moine ou nonne,
on dit qu'on devient moine ou nonne
à cause de la Bodhicitta,
à cause de l'esprit d'éveil,
à cause de l'esprit d'amour
qui est là dans le tréfonds
de notre conscience à tous.
Quand on se rase la tête,
la première fois puis chaque fois après,
on récite un poème.
[parle en vietnamien]
Je rase complètement
mes cheveux aujourd’hui
aujourd'hui je fais le grand vœu
que tout le monde puisse
transformer ses afflictions
et que toutes les espèces
passent sur l'autre rive.
[parle en vietnamien]
pour le monde, oui,
Et nous pourrons emmener le monde
et toutes les espèces à l'autre rive.
C'est un vœu très puissant.
Quand vous faites un vœu profond comme
celui-ci, le jour où vous vous rasez
vous réalisez que vous n'êtes pas
séparé des autres espèces.
Vous n'êtes pas séparé
de tous les êtres humains
et votre souffrance et leurs souffrances
ne sont pas deux choses séparées.
Donc vous rentrez dans le monastère
premièrement pour transformer
vos propres afflictions
et puis vous voyez
que la transformation de vos afflictions
aide les autres personnes à faire de même.
Pas besoin de faire un effort
pour aider les autres
à transformer leurs afflictions.
Quand vous vous transformez,
les autres le feront tout naturellement.
Cela est la Bodhicitta.
L'autre gatha qu'on récite
en recevant sa robe:
La robe d'un moine ou d'une nonne
est si belle,
c'est un champ rempli de bonnes graines.
J'incline la tête
pour la recevoir aujourd'hui,
et je promets de la porter
pendant toutes mes vies à venir.
Je pensais ça.
Maintenant j'ai 70 ans.
Je pense que je ne vivrais plus longtemps.
Peut-être j'éviterais
tout le changement climatique.
Mais j'ai vu que cela n'était pas
la pensée juste, la vue juste.
C'est la vue de l'annihilation,
que je cesserais d'exister.
Je ne devrais pas traverser
le changement climatique
Ce vendredi j'ai vu un poster
avec comme texte:
Vous mourrez de la vieillesse, mais nous
mourrons tous du changement climatique.
C'était écrit par une personne jeune.
Je pensais aussi comme ça.
Mais je ne pense plus comme ça.
Je sais que je continuerai.
Je sais que je serai là
et traverserai le changement climatique
dans une forme un peu différente.
Donc je porterai ma robe
pendant toutes mes vies à venir.
Pas seulement dans cette vie,
parce que je sais que ma pratique,
de pratiquant sérieux
sera utile dans les vies à venir aussi.
Donc on peut dire que ces deux gathas
représentent la Bodhicitta.
Je me souviens que
quand j'étais encore jeune et laïque,
je voulais faire quelque chose
pour aider le monde.
C'est ça, la Bodhicitta.
Nous ne pensons pas
à notre propre confort.
Nous pensons à faire quelque chose
pour vraiment aider.
Je voulais qu'il y avait
de la paix dans le monde.
Je ne voulais pas qu'il y avait
des armes nucléaires
et un matin je me suis levée.
Je me suis dit que je ne dormirais plus
à l'intérieur de la maison.
J'allais dormir dehors.
Donc cette nuit je dormais dehors
et il faisait un froid glacial.
Il faisait en dessous de zéro.
Mais je dormais dans mon sac de couchage,
ce n'était pas trop mal.
Dans mon sac de couchage je ne gelais pas.
Avec mon sac de couchage
et une paire de bottes en caoutchouc
je me suis dit,
je vais au Greenham Common.
[Greenham Common était
le site d'un camp de femmes...
et de manifestations contre
les armes nucléaires en 1981]
Et je me sentais libre
comme un oiseau sorti de sa cage.
Je marchais et je marchais jusqu'à
ce que mes pieds n'en puissent plus.
Le sentiment de liberté était si beau.
Parce que vous avez le monde pour vous
et vous avez cette aspiration
à faire quelque chose pour le monde
parce que le monde n'est pas soi,
le monde c'est vous.
Quand vous faites quelque chose pour
le monde, vous le faites pour vous-même.
♪ Respire et tu sais que tu es vivant, ♪
♪ respire et tu sais ce qui t'aide ♪
♪ Respire et tu sais que tu es le monde ♪
♪ respire et tu sais
que la fleur respire aussi ♪
♪ Respire pour toi-même
et tu respires pour le monde ♪
♪ inspire la compassion
et expire la joie. ♪
Alors...
Une des vues fausses dans le Bouddhisme est
'je suis le monde et le monde est moi.'
Cette vue fausse est un peu présente
dans cette chanson.
Mais quand je dis que je suis le monde,
je veux dire que
j'intersuis avec le monde.
Le monde n'est pas une entité
dotée d'un Soi séparé.
Je ne suis pas une entité
dotée d'un soi séparé.
Devenir nonne est un peu comme cela,
c'est d'avoir une aspiration profonde
à faire quelque chose,
à faire quelque chose pour le monde.
Tu te lèves et tu fais exactement ça.
Tu ne te tracasses pas trop
pour ton propre confort.
La compréhension de l'impermanence
est aussi une contribution importante
à la Bodhicitta.
Nous savons tous
qu'il y a deux sortes d'impermanence.
Il y a la sorte d'impermanence
qui se passe chaque seconde,
chaque instant.
Vous n'êtes plus la même personne
qui est entrée dans cette salle.
Il y a des cellules qui sont mortes
dans votre corps
et des cellules neuves sont nées.
Les sentiments que vous aviez
en rentrant cette salle
sont différents des sentiments
que vous avez maintenant.
Et vos perceptions sont différentes,
vos formations mentales sont différentes.
Votre conscience est différente.
Donc une sorte d'impermanence
est celle qui se passe à chaque instant,
l'autre impermanence est quand il y a
un changement majeur dans votre vie.
Vous n'êtes plus un enfant,
vous êtes un adolescent.
Vous n'êtes plus d'âge mur,
vous êtes vieux.
Votre certificat de décès est signé.
On appelle ces choses
'l'impermanence cyclique'.
Peut-être il y a 65 millions d'années
quand, on ne sait pas pour quelle raison,
peut-être une météorite
a touché notre chère Terre Mère,
et trois quarts des espèces sur Terre
sont disparues.
C'était de l'impermanence cyclique.
Maintenant nous faisons face aussi
à l'impermanence cyclique.
La fin de l'espèce humaine
peut être la fin de vie sur Terre,
au moins temporairement
la fin de vie sur Terre,
jusqu'à ce que la Terre se remette assez
pour que la vie puisse se reprendre.
Parce que le soleil restera là
pendant des milliards d'années à venir
pour soutenir la vie sur Terre.
Même si nous détruisons tout maintenant,
peut-être il y a une renaissance
dans le futur.
Voilà pourquoi l'impermanence cyclique,
cette compréhension de l'impermanence
est tellement importante.
Nous avons un gatha qu'on utilise
quand nous sommes en colère.
En étant en colère,
je sais que je suis en colère
dans la dimension historique.
Je ferme les yeux.
Il est important de fermer les yeux.
Ne regardez pas la personne
qui vous a mis en colère.
Ça ne ferait qu'arroser
les graines de colère en vous.
Je ferme les yeux
et je regarde profondement.
Dans 300 ans, où seras-tu?
Et où serai-je?
Cela nous rappelle
que je suis impermanente,
je n'en ai plus pour longtemps.
Vous êtes impermanent,
vous n'en avez plus pour longtemps.
Si nous pouvons nous rappeler cela,
tout ce que nous voudrons est prendre
cette personne dans nos bras et dire:
"Nous sommes si reconnaissants
que vous soyez encore là."
Quand j'étais en Israel,
en Palestine, une fois,
les gens chez qui j'étais hébergée
me disaient:
"chaque jour quand mon partenaire
part au travail,
je ne sais pas si je le reverrai le soir.
Donc nous profitons de chaque moment
que nous partageons ensemble.
On s'embrasse très fort
avant de partir au travail,
sachant que c'est peut-être
la dernière fois.
Une étreinte très profonde.
Quand on s'étreint profondement,
en inspirant et expirant ensemble,
on suit profondement la respiration.
Ainsi on reconnaît comme cette personne
est chaleureuse et vivante
et on se rend compte
que ça ne sera pas toujours comme ça.
Je ne serai pas toujours chaleureuse
et vivante, ni l'autre personne.
Quand on s'en rend compte,
on réalise comme ce moment est précieux.
Ce moment est le moment
le plus important de notre vie.
Et on s'en réjouit profondement,
on s'en réjouit pleinement.
On peut faire comme (William) Blake (poète)
a fait, et voir L'éternité dans une heure,
bon, pas dans une heure,
l'éternité dans une seconde,
dans une minute.
C'est pareil quand je contemple
l'impermanence de la Terre Mère.
Ça me fait me réjouir
de chaque instant sur la Terre Mère.
Je veux me réjouir
de toutes les beautés de la nature,
je veux me réjouir profondement
de tout ce qui est magnifique sur la Terre
parce que je ne sais pas
combien de temps elle restera là.
D'une certaine façon
je suis reconnaissante de ne pas savoir.
Je pense que
les dinosaures ne savaient pas
qu'une météorite allait toucher
la planète et qu'ils allaient s'éteindre.
Donc ils n'avaient pas l'opportunité
de se réjouir de chaque instant.
Nous avons un peu de temps,
notre situation est un peu différente
de celle des dinosaures,
ce qui veut dire que nous pouvons
nous réjouir de chaque instant,
nous réjouir
de notre relation avec la Terre,
de tout ce qui est beau sur la Terre.
Pas besoin de faire un effort
pour la conserver.
Nous le faisons avec amour.
Dans son livre Lettres d'amour à la Terre
Thay nous raconte
qu'il est amoureux de la Terre.
Chaque fois Thay sort
pour aller se balader,
Thay se dit,
"Je vais voir ma chère bien-aimée."
Je verrai toutes ces choses
belles et remarquables."
Thay a dit que si nous pouvons avoir
une relation amoureuse avec la Terre,
ça serait la meilleure façon
de prendre soin de la Terre.
Si nous n'avons pas cette relation,
peut-être nous ne pourrons pas
prendre soin de la Terre.
Quelques uns parmi nous s'épuisent
en faisant l'essai.
Quelques uns parmi nous
se mettent beaucoup de pression
pour continuer à prendre soin de la Terre.
Mais nous avons oublié nous-mêmes,
nous avons oublié
de prendre soin de nous-mêmes.
Nous avons oublié que nous sommes
des enfants de la Terre.
Donc être capable de ne rien faire
est une façon de prendre soin de la Terre.
Etre assis sur la terre, en paix,
se rétablissant,
reposant, et ne faisant rien.
On peut dire que vous ne faites rien
pour la terre, mais si, vous le faites.
Avec chaque respiration qui vous rétablit,
vous aidez la terre.
[La cloche est réveillée]
[La cloche est invitée]
Ce matin quand nous avons pratiqué
la méditation guidée
avant l'Enseignement du Dharma,
arrivant à la langue, je pensais qu'on
allait être conscient
du goût de la pluie sur notre langue.
Donc je l'ai pratiqué à l'avance.
Donc quand nous avons parlé
de la Bodhicitta,
on pourrait dire 'ma' Bodhicitta,
mais je pense qu'il n'est pas correct
de parler de 'ma' Bodhicitta.
Parce que la Bodhicitta
est une graine dans la conscience.
Elle est une graine
dans la conscience collective,
pas seulement dans 'ma' conscience.
Et elle a été transmise par mes ancêtres,
ma mère, mon père,
même si, peut-être, ils ne l'ont pas su,
ils avaient la Bodhicitta aussi.
Donc quand vous pratiquez la méditation
sur votre mère ou votre père,
en tant que des enfants de cinq ans,
vous ne voyez pas seulement
que votre mère et père ont souffert
en tant que des enfants de cinq ans,
même s'il est très important de voir cela
pour pouvoir susciter la compassion
pour votre mère et père,
mais vous voyez aussi que vos parents,
en tant que des enfants de cinq ans,
avaient la Bodhicitta,
avaient l'esprit d'amour,
et par conséquent ils avaient la capacité
de transformer leur souffrance
et ils vous ont transmis cette capacité.
Quand vous regardez des enfants,
vous voyez qu'intuitivement ils savent
comment offrir de l'amour aux autres.
Parfois, en christianisme,
on dit qu'il faut être un enfant pour
pouvoir entrer dans le Royaume de Dieu.
Chaque jour on veut marcher sur la terre
comme si on était dans le Royaume de Dieu,
comme si on marchait dans la Terre Pure.
Avant je pensais que la Terre n'était pas
un endroit perfect.
Quelque part il y avait un endroit meilleur,
il fallait y avoir un endroit meilleur.
Un endroit où aller
quand on meurt.
Mais là j'ai reconnu que...
tout ce dont j'ai besoin est ici sur Terre,
et quand je mourrais,
je ne voudrais que retourner sur Terre.
Si je ne suis pas capable de revenir
à la terre quand je suis vivante,
j'aurai du mal à revenir à la terre
quand je serais morte.
Donc tous les jours je veux pratiquer
pour revenir sur terre
et voir la terre comme un paradis,
comme le royaume de Dieu.
Parce qu'il est dit que la Terre Pure
n'est pas à l'extérieur de vous.
La Terre Pure se manifeste
dans votre esprit.
Je suis très reconnaissante envers les gens
qui risquent d'être arrêtés
pour manifester,
pour faire de la résistance non-violente.
Je vois que leur Bodhicitta est forte.
Mais je suis inquiète aussi.
Je pense que Mahatma Gandhi savait bien
comment prendre soin de lui
et il pouvait garder
l'esprit d'amour en vie.
Si nous avons de l'amour dans notre cœur,
si nous avons de la compassion
dans notre cœur,
c'est ce qui nous protège le plus de tout.
Même si on nous arrête nous pouvons
ressentir de la compassion et de l'amour,
et cela est important,
car si quelqu'un qui se met en risque
d'être arrêté
parce qu'il veut faire quelque chose
de bien pour le monde,
mais s'il ne ressent pas d'amour
dans son cœur,
ne ressent pas de compassion,
alors...
..il ne fait pas ce qui est le plus utile
pour aider le monde
Une fois le Bouddha enseignait
un discours très célèbre.
Il est intitulé le Kesaputtiya sutra,
quelques gens l'appellent
le Kalama sutra.
Le Bouddha a appris ce sutra
aux jeunes gens.
Ils étaient très perturbés parce que
Kesaputtiya est une ville
où il y avait très beaucoup
d'enseignants spirituels.
Alors les Kalamas, des jeunes,
avaient la possibilité d'écouter
nombreux enseignements de Dharma.
Peut-être ils avaient autant
d'enseignements de Dharma que nous ici.
Mais ici, nous les enseignants de Dharma
sont plutôt d'accord entre nous.
Si chaque semaine nous disons le contraire
de ce que la personne avant nous avait dit,
vous seriez dans la même confusion
que les Kalamas étaient.
Quelques enseignants disaient,
"Si vous faites une bonne chose ou
une mauvaise, ça ne fait rien.
Parce qu'il n'existe pas
de rétribution karmique."
Il n'y a pas de rétribution karmique.
La rétribution karmique veut dire
que si vous faites quelque chose de bon,
vous aurez des mérites et vous aurez
de quoi vous réjouir sous une forme ou une autre.
Si vous faites quelque chose de mauvais,
vous mourrez et vous irez en Enfer.
Voilà ce qui veut dire
la rétribution karmique.
D'autres enseignants venaient et disaient,
"Si vous faites quelque chose de mauvais,
vous mourirez et irez à l'enfer.
Si vous faites quelque chose de bon,
vous renaîtrez comme un dieu ou un humain.
Alors les Kalamas étaient très perturbés
et disaient: "Voilà, le Bouddha arrive!
Le Bouddha est illuminé.
Lui, il peut enlever notre perturbation."
A l'arrivée du Bouddha ils demandaient:
"Tant d'enseignants viennent ici et tous
nous disent qu'ils enseignent la vérité,
mais leur vérités entre elles
se contredisent.
Donc nous sommes très perturbés.
Pouvez-vous nous aider?"
Et le Bouddha disait:
"Vous avez raison d'être perturbés.
Je comprends.
Mais avant de croire quelque chose
il faut faire l'expérience vous-même.
Si vous faites quelque chose
et vous vous sentez bien,
et vous voyez que les gens autour de vous
se sentent bien aussi,
vous pouvez conclure
que la chose est bénéfique.
Si vous faites quelque chose et
vous vous sentez mal et les autres aussi,
alors vous savez que
cela n'est pas bénéfique.
Mais cela ne suffit pas complètement.
Car comme j'ai dit, quand j'étais jeune
j'avais l'anorexie nerveuse,
Ce n'était pas bien pour moi
ni pour les autres.
Mais à l'époque
je ne m'en rendais pas compte.
Donc j'avais besoin d'un bon ami
spirituel et gentil pour m'accompagner
et essayer de me faire voir
la racine de tout ça,
essayer de m'aider à la transformer.
Dans le sutra le Bouddha dit aussi:
"Est-ce que c'est quelque chose
que les sages approuveraient?
Que vos bons amis spirituels
approuveraient?
Ça aussi est une question
que vous devriez vous demander."
Puis le Bouddha dit,
dit aux Kalamas:
"Vous pouvez développer
votre esprit d'amour, la Bodhicitta.
Si votre cœur ne connaît pas d'inimitié,
vous pouvez être sûr...
... que vous avez de la paix et de la joie
dans le moment présent."
QUAND IL Y A L'ESPRIT DE L'AMOUR
IL Y A DU BONHEUR ICI ET MAINTENANT
et si il y a une chose comme du mérite,
il y aura de la joie pour cet acte
dans le futur.
Le Bouddha ne voulait pas dire
que vous serez heureux au futur.
Vous serez méritant et
cela vous rendra heureux dans l'avenir.
parce que si le Bouddha
avait enseigné cela,
ça voudrait dire
qu'il existe un soi séparé,
il y a un moi séparé
qui fait du bien maintenant,
et ce même moi séparée
sera heureuse à l'avenir.
Cela n'est pas l'enseignement du Bouddha.
C'est l'enseignement de l'éternalisme,
le contraire de l'annihilation.
Donc quand il y a l'esprit d'amour,
il y a du bonheur ici et maintenant.
Si nous comprenons
et avons vécu nous-mêmes
que le futur inter-est avec le présent,
nous pouvons dire que
basé sur l'esprit d'amour maintenant
il y aura de l'amour à l'avenir.
Pas besoin de dire 'mon' esprit d'amour,
ou 'me' rendre heureux dans l'avenir.
Donc si nous nous permettons
d'être arrêtés,
nous vivons dehors comme à Greenham,
sous une tente,
est-ce que l'esprit d'amour est présent,
ou sommes-nous toujours
en train de nous battre?
Toujours en train de penser à l'ennemi?
En nous considérant comme séparés
des guardiens qui gardent les missiles,
notre 'ennemi'?
Une fois j'assistais
à une sangha quelque part,
Je guidais une retraite,
et j'ai dit:
"J'étais à Greenham Common,
en 1981 environ."
et lui il a dit, "J'étais là aussi!
mais, a-t-il dit,
"J'étais à l'autre côté.
J'étais un des soldats de l'autre côté."
Et nous nous sommes retrouvés
dans la même sangha.
Donc il faut garder
cet esprit d'amour vivant
et si nous ressentons que notre esprit
d'amour n'est plus assez vivant,
ça se comprend.
Parfois une situation est tellement dure,
qu'il est difficile de garder
cet esprit d'amour vivant.
Il n'y a rien de mal à cela,
c'est naturel.
Mais il est important de reconnaître:
'L'esprit d'amour n'est pas présent,
j'ai besoin de me retirer.
J'ai besoin de faire autre chose.
Plutôt que de résister tout le temps,
de la résistance non-violente,
je devrais planter des arbres ou
faire autre chose qui me nourira plus.
et aidera l'esprit d'amour à revenir.
Parfois je vois que c'est un peu dangereux
pour des gens qui pendant des décennies
sont dans une sorte de résistance.
Je leur suis reconnaissante mais
il ne faut pas oublier l'esprit d'amour.
Voilà le premier réconfort.
Nous savons que
quand il y a l'esprit d'amour,
il y a la paix et le bonheur
ici et maintenant.
Cette paix et ce bonheur
si nous voyons
que les 3 temps inter-sont,
nous pouvons aussi voir
qu'il seront là dans l'avenir.
Le deuxième réconfort est,
QUAND LES TROIS TEMPS INTERSONT,
IL Y AURA DU BONHEUR AU FUTUR
[Le troisième:]
QUAND IL Y A DE L'INIMITIE,
IL Y A DE LA SOUFFRANCE ICI ET MAINTENANT
[Le quatrième:]
VU QUE LES TROIS TEMPS INTERSONT,
IL Y AURA DE LA SOUFFRANCE AU FUTUR
Mais le Bouddha a dit,
"Il ne faut pas juste croire
que les trois temps intersont.
"C'est quelque chose qu'il faut vivre,
pas juste croire."
Donc si vous ne pensez pas ça
et vous dites
qu'on peut oublier le futur,
pas grave, vous savez que celles-ci
sont les plus importantes,
la numéro une et la numéro trois.
Mais ne croyez pas que la souffrance
soit quelque chose de mauvais.
Ne croyez pas
qu'il faut éliminer la souffrance.
Nous parlons de la Bodhicitta,
et dans les enseignements bouddhistes
de la Mahayana
il est dit clairement que les afflictions,
la klesha, la souffrance, C'EST le bodhi.
La klesha,
l'éveil EST l'affliction.
EST la souffrance.
Cela veut dire que l'inimitié
que vous ressentez
peut être le fondement
pour le bodhi, pour l'éveil,
parce que dans le Bouddhisme
nous voulons pas créer deux camps.
Nous ne voulons pas créer un camp pour
le bon et un camp pour le mal.
Thay disait cela.
Par le passé, Thay disait:
"Ne prenez pas l'homme pour l'ennemi.
L'ennemi est l'avidité, la haine,
la confusion,
mais un jour Thay a dit
qu'il ne voulait plus dire cela.
L'avidité, la haine et la confusion
ne sont plus vos ennemis.
Elles sont la boue
d'où le lotus peut s'épanouir.
Mais nous avons déjà assez de la boue,
donc nous ne voulons pas en créer plus.
Nous avons assez de souffrance
pour pouvoir faire monter l'éveil,
pas besoin d'en créer plus.
Donc nous voulons éviter de créer
plus de souffrance si nous pouvons.
Nous voulons juste utiliser
la souffrance qui est déjà là,
pour nous aider à nous réveiller,
à être réveillés.
Je ne sais pas
si vous pouvez trouver un nom
pour l'espèce que nous voulons devenir.
Thay a proposé que nous parlions
de l' "Homo Conscientus",
l'homme éveillé.
Si nous parlons d'interêtre,
l'homme qui interest,
ça me semble bien.
Dans le Bouddhisme nous avons
le Vajracchedika sutra,
le diamant qui coupe l'illusion.
Ce sutra parle de quatre sortes
de mauvaise perception
qui sont très liées à l'éveil
dont nous avons besoin maintenant,
et la première mauvaise perception
est que j'ai un soi séparé.
La deuxième perception fausse est,
l'espèce humaine est séparée
des autres espèces.
La troisième fausse perception
est que les espèces vivantes,
celles parmi nous qui peuvent bouger
sont séparées des espèces non-vivantes.
Les animaux sont différents des plantes
et des minéraux, ils sont séparés.
Et la dernière perception fausse est
que nous avons une durée de vie.
Notre vie est limitée,
nous avons un jour pour naître
et un jour pour mourir,
et nous ne vivons que depuis nos jours
de naissance et de mort.
Il faut juste aller dans la forêt
pour regarder les feuilles sous vos pieds
pour savoir qu'il n'est pas question
de naissance séparée de la mort
Tout fait partie d'un cycle
de transformation magnifique.
La feuille ne va nulle part
quand elle tombe de l'arbre.
Elle retombe sur la terre,
elle devient la nourriture pour
la jeune feuille qui naît sur l'arbre.
En fait quand la feuille est encore
attachée à l'arbre
elle nourrit déjà l'arbre.
Donc la feuille entre dans l'arbre
quand elle est vivante,
et quand la feuille est tombée sur terre,
elle rentre aussi dans l'arbre.
Donc la feuille n'a pas de début ni fin.
Si nous pouvons nous voir
nous-mêmes comme des feuilles,
nourrissant la terre déjà
pendant que nous y sommes vivants,
et retournant à la terre
après avoir eu notre certificat de décès,
pour nourrir de la nouvelle vie sur terre,
alors nous n'aurons plus peur.
En tant que personnes
qui n'ont plus de peur
nous pouvons vraiment être utiles
et bénéfiques pour le monde.
Une partie de la Bodhicitta est
ce désir profond que nous avons tous
de réaliser la vérité
de ni naissance ni mort
qui peut nous emmener au-delà de la peur.
Ce n'est pas juste une tâche
pour un moine ou une nonne,
mais nous tous, la quadruple sangha,
doit prendre du temps pour le faire.
Parce qu'en tant que moine ou nonne,
nous pouvons être occupés.
Nous avons beaucoup de projets,
de choses que nous voulons faire
pour aider le monde,
peut-être de très bons projets
mais nous sommes occupés,
nous n'avons pas le temps
pour revenir à nous-memes et arrêter
et regarder profondement.
Une personne laïque est pareille,
vous pouvez être très occupé
par le travail ou par la famille,
vous n'avez pas le temps pour arrêter
et regarder profondement
dans le sujet de la non-naissance
et de la non-mort
Mais un moine ou une nonne,
une homme ou femme laïque,
nous pouvons nous donner quelque chose,
nous pouvons organiser notre vie,
pour avoir le temps de regarder
profondement dans l'impermanence.
Regarder profondement dans l'impermanence
ne veut pas dire être pris
par l'impermanence,
car l'impermanence peut devenir une idée
par laquelle vous êtes pris.
Là vous pensez que l'impermanence
est quelque chose de mauvais.
Mais en fait, l'impermanence ne veut pas
dire qu'il n'y ait pas de continuation.
Les choses changent d'une forme
à une forme différente,
il y a toujours de la continuation.
La pluie que nous écoutons maintenant
est la continuation du nuage.
Dans le Bouddhisme,
en Chine, on disait qu'il y avait
deux sortes d'éveil.
Il y a l'illumination soudaine
et l'illumination graduelle.
Les enseignements du Village des Pruniers
sont différents à mon avis.
Chaque jour nous pouvons avoir de petites
illuminations qui nous arrivent
quand nous pratiquons la marche
ou la respiration en pleine conscience.
Nous pouvons devenir illuminés un peu
tous les jours.
Pas besoin d'attendre
une illumination soudaine,
ni de penser qu'à la fin
d'une longue illumination graduelle
nous serons illuminés.
Parce que la Bodhi, l'illumination,
est présente en chacun de nous,
par notre propre pratique
d'être dans le moment présent,
par la pleine conscience de la marche,
la pleine conscience de la respiration,
cette illumination est toujours à
l'intérieur et elle peut toujours monter.
Avec la pleine conscience
et la concentration,
elle peut toujours être à l'intérieur.
Donc il ne faudrait pas rater
l'opportunité de la méditation guidée,
de la marche méditative.
Cela est notre aspiration,
de toujours rester frais, fraîche,
de ne pas se lasser de la pratique,
pas de la trouver ennuyante.
Ce sentiment d'ennui, d'être fatigué par
la pratique vient de notre propre esprit.
Nous devons ouvrir notre esprit
un peu plus
pour pouvoir être capable
de nous donner l'opportunité
d'utiliser la porte du Dharma
qui nous est donnée,
pour nous aider à avoir
de la compréhension.
Cette compréhension
nous apportera l'encouragement
et nous aidera à continuer le chemin
pendant longtemps.
Evidemment nous pouvons toujours
renouveler notre pratique.
Nous pouvons toujours avoir
de nouvelles idées sur comment pratiquer.
Nous devons être créatifs
dans notre pratique.
Si vous utilisez un couteau,
couper des carottes tous les jours
le rendra émoussé au bout d'un moment
Alors il faudra l'aiguiser à nouveau.
Si vous continuez
à utiliser le couteau émoussé
c'est comme de garder la forme extérieure
mais sans avoir le contenu.
Tant que la pratique a le contenu
et elle n'a pas juste
la forme extérieure,
elle vous nourrira toujours
et nourrira les autres aussi.
Donc chers amis,
merci de votre écoute.
Maintenant nous allons écouter
trois sons de la cloche.
[la cloche est réveillée]
[la cloche est invitée]
[la cloche est invitée]
[la cloche est invitée]