Enfant,
je savais que j'avais
des super-pouvoirs.
C'est vrai !
(Rires)
Je pensais que c'était vraiment formidable
car je pouvais comprendre et corréler
avec les sentiments des « marrons »,
comme mon grand-père,
un musulman conservateur.
Je pouvais, aussi, comprendre ma mère
afghane et mon père pakistanais,
pas très religieux mais ouvert
et plutôt libéral.
Et bien sûr, je pouvais corréler
avec les sentiments des « blancs »,
les Norvégiens blancs de mon pays.
Vous savez, blancs, marrons, qu'importe...
je les aime tous.
Je les comprenais tous, même si ce
n'était pas toujours le cas entre eux.
Ils étaient tous des miens.
Pourtant, mon père
était toujours très inquiet.
Il disait toujours que,
même avec la meilleure éducation,
je n'allais pas être traitée
avec équité.
J'allais quand même, selon lui,
faire l'objet de discrimination,
et que la seule façon d'être
acceptée par les blancs,
serait de devenir célèbre.
Notez bien qu'il a eu cette conversation
avec moi quand j'avais sept ans.
(Riant)
Donc... À sept ans, il me dit :
« Écoute, c'est soit le sport,
soit la musique ! ».
Il ne connaissait rien au sport
- béni soit-il -, donc ce fut la musique.
Donc, à sept ans, il rassembla
tous mes jouets, toutes mes poupées,
et s'en débarrassa.
En échange, il me donna
un petit clavier Casio minable,
et... (Rires) ... Oui !
...et des cours de chant,
et, en gros, il me força à pratiquer
pendant des heures, tous les jours.
Très vite, il me fit chanter devant
un public de plus en plus large,
et, bizarrement, je devins presque
une espèce d'enfant-modèle
du multiculturalisme norvégien.
J'étais très fière, bien sûr, parce que
même les journaux, à cette époque,
commençaient à dire du bien
des « marrons »
donc, je pouvais sentir
que mon super-pouvoir grandissait.
À 12 ans,
en revenant de l'école,
j'ai fait un petit détour
car je voulais acheter mes bonbons
préférés appelés « Salty Feet ».
Je sais, ça peut paraître
plutôt détestable... (Rires)
mais je les adore !
Ce sont ces petits morceaux
de réglisse salés en forme de pied.
Maintenant que je le dis tout haut,
je réalise, c'est terrible !
(Rires)
Quoi qu'il en soit, j'en raffole.
Donc, au moment d'entrer
dans le magasin,
il y avait cet adulte blanc
dans l'embrasure,
me bloquant le passage.
J'ai, donc, essayé de le contourner.
Et ce faisant, il m'a arrêtée.
Il m'a regardée...
Et il m'a craché
au visage, en disant :
« Écarte-toi de mon chemin, petite pétasse
noire ! Petite salope pakistanaise !
Va-t-en ! Retourne chez toi,
d'où tu viens ! ».
J'étais complètement horrifiée !
Mes yeux étaient fixés sur lui.
J'étais trop effrayée pour enlever
la salive de mon visage,
quand bien même
elle se mélangeait à mes larmes.
Je me souviens avoir regardé autour,
espérant à tout moment, maintenant,
qu'un adulte allait venir
et le faire cesser.
Mais les gens continuaient à me dépasser
en hâte, en prétendant ne pas me voir.
J'étais vraiment désorientée
parce que je pensais :
« Enfin... Mes blancs, allez !
Où sont-ils ? Que se passe-t-il ?
Pourquoi ne viennent-ils pas me sauver ? »
Inutile de dire que je n'ai pas
acheté les bonbons.
J'ai juste couru à la maison
aussi vite que j'ai pu.
Tout allait bien, du moins, pensais- je.
Avec le temps, j'ai eu
de plus en plus de succès,
et j'ai commencé à susciter aussi
le harcèlement des « marrons ».
Dans la communauté
de mes parents,
certains estimaient
inacceptable et déshonorant
pour une femme,
d'être dans la musique,
et d'être si présente dans les médias.
Très vite, donc, j'ai commencé à être
attaquée dans mes propres concerts.
Je me souviens un des concerts,
j'étais sur scène.
Je me penche vers le public
et la dernière chose que je vois,
c'est la figure d'un jeune marron,
et tout ce que je sais, c'est qu'un
produit chimique est lancé dans mes yeux.
Et je me souviens que je ne voyais
plus rien et mes yeux pleuraient,
mais je continuais à chanter.
On m'a craché au visage dans les rues
d'Oslo, cette fois-là, un marron.
Ils ont même tenté, une fois,
de me kidnapper.
Les menaces de mort étaient incessantes.
Je me souviens qu'un barbu plus âgé
m'a arrêtée, une fois, dans la rue
en disant : « Je vous hais vraiment
parce que vous faites penser à nos filles
qu'elles peuvent faire
tout ce qu'elles veulent. »
Un gars plus jeune m'a averti
de surveiller mes arrières, en disant :
« La musique est non-islamique
et le travail des putains.
Si vous continuez, vous allez être violée,
et votre estomac va être tranché
afin que vous ne puissiez pas engendrer
une autre putain comme vous. »
De nouveau, j'étais si désorientée !
Je ne comprenais pas ce qui se passait.
Mes marrons maintenant, commençaient
à me traiter de cette façon.
Comment cela se faisait-il ?
Au lieu de rapprocher les mondes,
les deux mondes,
c'était comme si je tombais
entre mes deux mondes.
Je suppose que le crachat était
pour moi, comme la kryptonite.
Dès l'âge de 17 ans,
les menaces de mort étaient continues
et le harcèlement constant.
C'est devenu si grave qu'un jour,
ma mère m'a fait asseoir et a dit :
« Nous ne pouvons plus te protéger,
assurer ta sécurité.
Il va falloir que tu partes. »
J'ai acheté un aller simple pour Londres.
J'ai fait ma valise et je suis partie.
Ma plus grande peine, à ce moment,
c'est que personne n'a rien dit.
Mon départ de la Norvège
a été très médiatisé.
Mes marrons... Mes blancs...
Personne n'a rien dit.
Personne n'a dit :
« Attends ! Ce n'est pas juste ! »
« Supportez, protégez cette fille
car c'est une des nôtres ! »
Personne n'a dit ça.
Je me sentais plutôt comme,
vous savez, à l'aéroport,
sur le carrousel des bagages, vous avez
ces valises qui tournent et tournent,
et il y a toujours
cette unique valise, à la fin,
celle que personne ne veut,
celle que personne ne vient réclamer.
Je me sentais comme ça.
Je ne me suis jamais sentie
aussi seule, ni aussi perdue !
Donc, après mon arrivée à Londres,
j'ai finalement repris
ma carrière musicale.
Un nouveau lieu, mais, malheureusement,
la même vieille histoire.
Je me souviens d'un message
disant que j'allais être tuée
et que des rivières de sang
allaient se mettre à couler,
et que j'allai être violée
plusieurs fois avant de mourir.
À ce point, je dois dire que je commençais
à avoir l'habitude de tels messages.
Mais ce qui était différent,
c'était que maintenant, ils commençaient
à menacer ma famille.
Donc, j'ai de nouveau fait ma valise.
J'ai quitté la musique
et j'ai déménagé aux États-Unis.
J'en avais assez.
Je voulais ne plus rien
avoir à faire avec tout ceci.
Je n'allais sûrement pas être tuée
pour quelque chose
qui n'était même pas mon rêve,
mais le choix de mon père.
Alors...
Je me suis un peu perdue,
effondrée en quelque sorte.
Mais j'ai décidé
que ce que je voulais faire,
c'est de passer les années
qu'il me reste à vivre
à aider les jeunes et essayer d'être là,
ne serait-ce qu'un peu,
de toutes les façons possibles.
J'ai donc commencé à faire du bénévolat
pour différentes organisations
travaillant avec les jeunes musulmans
à l'intérieur de l'Europe.
Et, à ma grande surprise,
j'ai découvert qu'un si grand nombre
de ces jeunes souffraient et peinaient.
Ils faisaient face à tant de problèmes
avec leurs familles et communautés
qui semblaient plus concernées
par leur honneur et leur réputation,
que par le bonheur et la vie
de leurs propres enfants.
J'ai senti que peut-être,
je n'étais pas si seule,
et que je n'étais pas si bizarre.
Peut-être existait-il beaucoup plus
de gens comme moi.
Ce que la plupart des gens
ne comprennent pas,
c'est qu'il y en a tant d'entre nous
qui avons grandi en Europe,
qui ne sommes pas libres
d'être nous-mêmes.
On ne nous permet pas
d'être qui nous sommes.
Nous ne sommes pas libres
de nous marier,
ou d'être en relation avec les gens
que nous choisissons.
On ne peut pas
choisir notre carrière.
C'est la norme chez les musulmans
du cœur de l'Europe.
Même dans les sociétés les plus libres
du monde, nous ne sommes pas libres.
Nos vies, nos rêves, nos futurs
ne nous appartiennent pas.
Ils appartiennent à nos parents
et leurs communautés.
J'ai découvert d'innombrables
histoires de jeunes,
qui sont perdus pour nous tous,
qui sont invisibles pour nous tous,
mais qui souffrent,
et qui souffrent seuls,
- des gamins que nous perdons
dans des mariages forcés,
dans la violence et les abus
basés sur l'honneur.
En fait, j'ai réalisé après plusieurs
années avec ces jeunes,
que je ne pourrai pas continuer,
que je ne peux pas passer le reste
de ma vie, effrayée, dissimulée,
et que j'allais devoir
faire quelque chose.
Et j'ai aussi réalisé
que mon silence, notre silence,
permet à de tels abus de continuer.
J'ai donc décidé de mettre à profit
mes super-pouvoirs de mon enfance,
en essayant de faire comprendre aux gens
de chaque côté de ces problèmes,
ce que c'est d'être une jeune personne
coincée entre votre famille et votre pays.
Alors, j'ai commencé à faire des films,
et à raconter ces histoires.
Je voulais aussi que les gens comprennent
quelles sont les conséquences fatales
de ne pas prendre
ces problèmes au sérieux.
Le premier film effectué
fut sur Banaz.
C'était une jeune fille kurde,
de 17 ans, à Londres.
Elle était obéissante, faisait tout
ce que ses parents voulaient.
Elle essayait de tout faire bien.
Elle s'est mariée à quelqu'un,
choisi par ses parents,
bien qu'il la frappait
et la violait constamment.
Quand elle demandait
l'aide de sa famille, ils disaient :
« Tu dois retourner
et être une meilleure épouse »,
car ils ne voulaient pas avoir
une fille divorcée sur le dos
car, bien sûr, cela apporterait
le déshonneur sur la famille.
Elle était frappée si violemment
que ses oreilles saignaient.
Quand, finalement, elle partit
et trouva un jeune homme de son choix,
dont elle tomba amoureuse,
la communauté et la famille l'apprirent,
et elle disparut.
Elle fut découverte
trois mois plus tard.
Elle avait été empaquetée dans une valise
et enterrée sous la maison.
Elle avait été étranglée,
et frappée à mort
par trois hommes, trois cousins,
sur l'ordre de son père et de son oncle.
Le plus tragique dans l'histoire de Banaz,
c'est qu'elle s'était rendue
à la police, en Angleterre,
cinq fois pour chercher de l'aide,
leur disant qu'elle allait
être tuée par sa famille.
La police ne l'a pas crue
donc, ils n'ont rien fait.
Le problème dans tout cela,
c'est que, non seulement beaucoup
de nos gamins rencontrent ces problèmes
au sein de leurs familles
et des communautés de leurs familles,
mais ils rencontrent aussi
l'incompréhension et l'apathie
dans les pays où ils ont grandi.
Quand leurs propres familles
les trahissent,
ils se tournent vers
le reste d'entre nous.
Et quand nous ne comprenons pas,
nous les perdons...
Pendant que je faisais ce film,
plusieurs personnes m'ont dit :
« Tu sais, Deeyah,
c'est simplement leur culture.
C'est ce que ces gens
font à leurs enfants,
et nous ne pouvons pas
vraiment interférer. »
Je peux vous assurer qu'être assassiné
n'est pas dans ma culture,
vous savez, et sans doute,
celles qui me ressemblent,
les jeunes femmes venant
des mêmes milieux que moi,
devraient être l'objet des mêmes droits
et des mêmes protections
que n'importe qui dans notre pays,
pourquoi ne serait-ce pas le cas ?
Donc, pour mon film suivant,
je voulais essayer de comprendre
pourquoi certains de nos jeunes
musulmans, en Europe,
sont attirés par l'extrémisme
et la violence.
Mais, avec ce sujet, j'ai aussi réalisé
que j'allais devoir
faire face à ma pire peur :
les marrons à barbe !
Des hommes comme ceux qui m'ont harcelée
la plus grande partie de ma vie,
des hommes dont j'ai eu peur
la majeure partie de ma vie,
des hommes que j'ai aussi
profondément détestés,
pendant de très nombreuses années !
J'ai donc passé les deux années suivantes
à interviewer des terroristes condamnés,
des djihadistes et d'anciens extrémistes.
Ce que je savais déjà,
ce qui était déjà très clair,
c'est que la religion, la politique,
le bagage colonial de l'Europe,
et les échecs de la politique extérieure
occidentale de ces dernières années,
faisaient tous partie du tableau.
Mais, ce qui m'intéressait plus,
c'était découvrir les raisons
humaines et personnelles
pour lesquelles certains de nos jeunes
sont réceptifs à de tels groupes.
Et ce qui m'a vraiment surprise, c'est que
j'ai découvert des êtres blessés.
Au lieu des monstres
que je souhaitais trouver
- que j'espérais trouver, honnêtement,
car cela aurait été très gratifiant -
j'ai découvert des gens brisés.
Tout comme Banaz,
j'ai trouvé que ces jeunes
hommes étaient déchirés
pour avoir essayé de combler le fossé
entre leurs familles et le pays
dans lequel ils étaient nés.
J'ai appris, aussi, que les groupes
extrémistes, terroristes,
profitent précisément
de ces sentiments de nos jeunes,
et canalisent ceux-ci de façon cynique,
vers la violence.
« Venez à nous ! » disent-ils,
« Rejetez les deux côtés,
votre famille et votre pays,
parce qu'ils vous rejettent !
Pour votre famille, leur honneur
est plus important que vous.
Et pour votre pays,
un vrai Norvégien, Britannique ou Français
sera toujours un blanc, jamais vous ! »
Ils promettent aussi à nos jeunes,
les choses dont ils ont soif :
importance, héroïsme, un sentiment
d'appartenance et une motivation,
une communauté qui les aime
et les accepte.
Ils donnent au faible
le sentiment d'être fort.
Ceux qui étaient invisibles et silencieux
sont enfin vus et entendus.
C'est cela qu'ils procurent à nos jeunes.
Pourquoi ces groupes procurent-ils cela
à nos jeunes et pas nous ?
Le point est que
je n'essaie pas de justifier
ou excuser quoi que ce soit
de la violence.
Ce que j'essaie de dire,
c'est que nous devons comprendre
pourquoi certains de nos jeunes
sont attirés par ça.
En fait, je voudrais aussi vous montrer :
ce sont des photos d'enfance
de certains de ces hommes dans le film.
Ce qui m'a vraiment frappée,
c'est qu'un si grand nombre d'entre eux
- jamais je n'aurais pensé cela -
mais un si grand nombre d'entre eux
ont des pères absents ou abusifs.
Et plusieurs de ces jeunes
finissent par trouver des images
de père attentif et compatissant,
à l'intérieur de ces groupes extrémistes.
J'ai aussi découvert des hommes
brutalisés par la violence raciste,
qui ont cessé de se sentir victimes
en devenant eux-mêmes violents.
En fait, j'ai trouvé, avec horreur,
quelque chose que j'ai bien reconnu.
J'ai trouvé le même sentiment que j'avais
ressenti, à 17 ans, en fuyant la Norvège :
la même confusion, la même tristesse,
le même sentiment de trahison,
et de n'être à ma place nulle part,
le même sentiment d'être perdu,
et déchiré entre deux cultures.
Cela dit, je n'ai pas choisi
la destruction.
J'ai choisi de prendre la caméra
au lieu du fusil.
Et je l'ai fait à cause
de mes super-pouvoirs.
Je pouvais voir que comprendre
est la réponse, plutôt que la violence :
voir les êtres humains,
avec toutes leurs vertus
et toutes leurs faiblesses,
au lieu de continuer à caricaturer :
nous et eux,
les méchants et les victimes.
J'ai finalement accepté le fait
que mes deux cultures n'avaient pas à être
sur une trajectoire de collision,
mais, au contraire, sont devenues
un espace où je trouve ma propre voix.
J'ai cessé de sentir comme
si je devais choisir un camp,
mais cela m'a pris des années
et des années.
Il y a tant de nos jeunes, aujourd'hui,
aux prises avec ces mêmes problèmes...
Et ils luttent seuls.
Ce sont des écorchés vifs.
Et pour certains, la vision du monde
de l'Islam radical
devient une infection
qui suppure dans ces plaies ouvertes.
Un proverbe africain dit :
« Si les jeunes ne sont pas
initiés au village,
ils le brûleront
rien que pour ressentir sa chaleur. »
Je souhaiterais demander
aux parents musulmans
et aux communautés musulmanes :
aimerez-vous
et prendrez-vous soin de vos enfants
sans les forcer
à répondre à vos attentes ?
Pouvez-vous les choisir
à la place de votre honneur ?
Pouvez-vous comprendre
pourquoi ils sont si en colère et exclus
quand vous placez votre honneur
avant leur bonheur ?
Pouvez-vous essayer d'être
un ami pour votre enfant,
afin qu'il vous fasse confiance
et désire partager avec vous
ses expériences,
plutôt que d'avoir à chercher
cela ailleurs ?
Et à nos jeunes gens
tentés par l'extrémisme :
pouvez-vous réaliser que votre rage
est alimentée par la douleur ?
Trouverez-vous la force
de résister à ces vieux hommes cyniques
qui souhaitent utiliser votre sang
pour leurs propres bénéfices ?
Pouvez-vous trouver une façon de vivre ?
Ne voyez-vous pas que
la plus douce vengeance,
c'est que vous viviez une vie
heureuse, pleine et libre ?
Une vie définie par vous
et personne d'autre ?
Pourquoi ne voulez-vous que devenir
un autre gamin musulman mort ?
Et pour le reste d'entre nous :
quand commencerons-nous
à écouter nos jeunes ?
Comment pouvons-nous les soutenir
en réorientant leur douleur
vers quelque chose
de plus constructif ?
Ils pensent que nous ne les aimons pas,
et nous moquons de ce qui leur arrive,
que nous ne les acceptons pas.
Pouvons-nous trouver un moyen
pour qu'ils se sentent autrement ?
Que nous faut-il
pour les voir et les remarquer,
avant qu'ils ne deviennent soit
les victimes, ou les auteurs de violence ?
Pouvons-nous nous forcer à nous soucier
d'eux et les considérer des nôtres ?
Et ne pas être en rage seulement
quand les victimes
de violence nous ressemblent ?
Pouvons-nous trouver un moyen
de rejeter la haine
et effacer les divisions entre nous ?
Nous ne pouvons pas nous permettre de
nous laisser tomber, nous ou nos enfants,
même si, eux, nous ont laissé tomber.
Nous sommes tous ensemble là-dedans.
À long terme, vengeance et violence
ne marcheront pas contre les extrémistes.
Les terroristes veulent que nous nous
blottissions de peur dans nos maisons.
en fermant nos portes et nos cœurs.
Ils veulent que nous ouvrions
plus de blessures dans nos sociétés,
pour pouvoir les utiliser
et répandre leur infection plus largement.
Ils veulent que nous devenions comme eux :
intolérants, haineux et cruels.
Le lendemain des attaques de Paris,
un de mes amis a envoyé
cette photo de sa fille.
C'est une fillette blanche
avec une fillette arable.
Elles sont meilleures amies.
Cette image est la kryptonite
des extrémistes.
Ces deux fillettes,
avec leurs super-pouvoirs
montrent la voie à suivre
vers une société
que nous devons construire ensemble,
une société qui intègre et soutient,
plutôt que de rejeter nos enfants.
Je vous remercie
de m'avoir écoutée.
(Applaudissements)