Okay, ça va être super sympa ! (Rires) Je suis vraiment content d'être ici. Je suis content que vous soyez là, sinon ça serait un peu bizarre. Je suis content que nous soyons tous ici. Et par « ici », je ne veux pas dire ici. Ou ici. Mais ici. Je veux dire, sur la Terre. Et par « nous », je ne veux pas dire nous dans cet auditoire, mais la vie, toute forme de vie sur la Terre. (Rires) Des êtres complexes aux unicellulaires, de la moisissure aux champignons, aux ours volants. (Rires) La chose intéressante, c'est que la Terre est le seul endroit que nous connaissons qui abrite de la vie, 8,7 millions d'espèces. On a regardé à d'autres endroits, peut-être pas aussi bien qu'on aurait dû ou pu, mais on a cherché sans rien trouver, la Terre est le seul endroit que nous connaissons avec de la vie. Est-ce que la Terre est spéciale ? Je voulais connaître la réponse à cette question depuis ma petite enfance, et je soupçonne que 80% de cet auditoire pensait la même chose et souhaitait aussi connaître la réponse. Pour comprendre s'il y a d'autres planètes dans notre système solaire ou ailleurs, qui puissent abriter la vie, la première étape est de comprendre ce dont a besoin la vie. Il s'avère que malgré les 8,7 millions d'espèces différentes, la vie a seulement besoin de trois choses : d'une part, toute vie sur Terre a besoin d'énergie. La vie complexe, comme nous, tire son énergie du soleil. Mais la vie souterraine peut tirer son énergie des réactions chimiques. Il y a de nombreuses sources d'énergie disponibles sur les planètes. D'autre part, toute vie a besoin de nourriture ou de nutriments. Et c'est une mission difficile, surtout si vous voulez une délicieuse tomate. (Rires) Toutefois, toute vie sur Terre tire sa nourriture de seulement six éléments chimiques, et on peut trouver ces éléments sur n'importe quel objet planétaire dans notre système solaire. C'est donc la troisième chose qui est la mission difficile, la plus dure à achever. Pas les élans, mais l'eau. (Rires) Bien que les élans, ça serait assez cool. (Rires) Et pas de l'eau congelée, ni à l'état gazeux, mais de l'eau liquide. C'est ce dont a besoin la vie pour survivre, toute forme de vie. Et de nombreux objets du système solaire ne possèdent pas d'eau liquide, donc on ne cherche pas là. D'autres peuvent avoir de l'eau liquide en abondance peut-être même plus que la Terre, mais elle est enfermée sous une croûte de glace, donc c'est difficile d'y accéder, de s'y rendre, c'est difficile même de découvrir s'il y a de la vie là-bas. Donc ça ne laisse que quelques objets que nous pouvons considérer. Rendons-nous le problème plus simple. Pensons seulement à de l'eau liquide à la surface d'une planète. Il n'y a que trois objets auxquels penser dans notre système solaire, considérant de l'eau liquide en surface d'une planète, et dans l'ordre de distance depuis le soleil : Vénus, la Terre, Mars. Vous voulez avoir une atmosphère pour avoir de l'eau liquide. Vous devez être très prudents avec cette atmosphère. Vous ne pouvez pas en avoir trop, ou une trop épaisse, ou trop chaude, parce que sinon vous finissez trop chaud, comme Vénus, et vous ne pouvez pas avoir de l'eau liquide. Mais si vous avez trop peu d'atmosphère et qu'elle est trop fine et trop froide, vous finissez comme Mars, trop froide. Donc Vénus est trop chaude, Mars trop froide, et la Terre est juste comme il faut. Regardez ces images derrière moi, vous pouvez voir immédiatement où la vie peut survivre dans notre système solaire. C'est un problème de type « Boucles-d'Or » et il est si simple qu'un enfant pourrait le comprendre. Toutefois, J'aimerais vous rappeler deux choses à propos de l'histoire de Boucles-d'Or auxquelles nous ne pensons pas souvent mais qui sont vraiment importantes ici. La première : si le bol de Maman Ours est trop froid quand Boucles-d'Or arrive dans la pièce, est-ce que cela signifie qu'il a toujours été trop froid ? Ou est-ce qu'il a pu être juste comme il faut par le passé ? L'instant auquel Boucles-d'Or entre dans la pièce détermine la suite de l'histoire. Et c'est vrai aussi pour les planètes. Elles ne sont pas statiques. Elles changent. Elles varient. Elles évoluent. Et leur atmosphère fait de même. Laissez-moi vous donner un exemple. Voici une des mes photos favorites de Mars. Ce n'est pas la photo avec la meilleure résolution, ni la plus sexy, ce n'est pas la plus récente, mais elle montre des lits de rivières creusés dans la surface de la planète. Des lits de rivières creusés par de l'eau liquide, qui s'écoulait. Des lits de rivières qui peuvent prendre 100, 1000 ou 10 000 ans à se former. Cela ne peut pas se produire sur Mars aujourd'hui, son atmosphère est trop fine et trop froide pour avoir de l'eau stable à l'état liquide. Cette image vous dit que l'atmosphère de Mars a changé, et changé de façon importante. Et elle a quitté un état que nous définirions comme habitable car les trois prérequis pour la vie y étaient présents il y a longtemps. Où est passée cette atmosphère qui permettait d'avoir de l'eau liquide à la surface ? Une hypothèse est qu'elle s'est échappée dans l'espace. Les particules d'atmosphère ont acquis assez d'énergie pour se libérer de la gravité de la planète, s'échappant dans l'espace pour ne plus jamais revenir. Ceci se produit pour tous les corps avec une atmosphère. Les comètes ont des queues qui sont de fantastiques démonstrations de la fuite de leur atmosphère. Mais Vénus aussi a une atmosphère qui s'échappe avec le temps, et Mars et la Terre également. C'est juste une question d'échelle et de degré. Nous souhaitons savoir quelle quantité s'est échappée au cours du temps pour pouvoir expliquer cette transition. Comment les atmosphères, les particules, acquièrent-elles leur énergie pour s'échapper ? Il y a deux manières, si nous simplifions un peu les choses. La première : la lumière du soleil. La lumière du soleil peut être absorbée par les particules atmosphériques et chauffe ces particules. Oui, je danse, mais elles... (Rires) Oh mon Dieu, même pas à mon mariage ! (Rires) Elles obtiennent assez d'énergie pour se libérer de la gravité de la planète, juste en s'échauffant. Une deuxième façon d'obtenir de l'énergie est le vent solaire. Ce sont des particules, de la masse, de la matière, éjectées de la surface du soleil, qui vont souffler à travers le système solaire à 400 km par seconde, parfois plus vite durant les tempêtes solaires, et elles se précipitent à travers l'espace interplanétaire vers les planètes et leurs atmosphères. Elles pourraient fournir assez d'énergie aux particules atmosphériques, afin qu'elles s'échappent. C'est quelque chose qui m'intéresse car c'est relié à l'habitabilité. J'ai dit qu'il y avait deux choses à propos de l'histoire de Boucles-d'Or sur lesquelles je voulais attirer votre attention, et la deuxième est un peu plus subtile. Si le bol de Papa Ours est trop chaud et celui de Maman Ours trop froid, le bol de Bébé Ours ne devrait-il pas être encore plus froid, si on suit la tendance ? Cette chose que vous avez acceptée votre vie durant n'est peut-être pas aussi simple, si vous y pensez un peu plus. Bien sûr, la distance d'une planète au soleil détermine sa température. Ceci entre en jeu dans son habitabilité. Mais peut-être qu'il y a d'autres facteurs. Peut-être que ce ne sont pas les bols eux-mêmes qui aident à prédire la suite de l'histoire, ce qui est juste comme il faut. Je pourrais vous parler de beaucoup de caractéristiques différentes de ces trois planètes qui peuvent influencer leur habitabilité. Mais j'aimerais parler pour juste une minute ou deux des champs magnétiques. La Terre en a un. Venus et Mars n'en ont pas. Les champs magnétiques sont générés dans les profondeurs d'une planète par une matière fluide en rotation qui conduit l'électricité et qui crée ce grand vieux champ magnétique qui entoure la Terre. Avec une boussole, vous savez où est le nord. Vénus et Mars n'ont pas ça. Avec une boussole sur Vénus ou Mars, félicitations, vous êtes perdus. (Rires) Est-ce que ça influence l'habitabilité ? Comment cela se pourrait-il ? De nombreux scientifiques pensent que le champ magnétique d'une planète sert de bouclier pour l'atmosphère, en déviant les particules des vents solaires autour de la planète un peu comme un effet de champ de force qui implique les charges électriques de ces particules. J'aime l'imaginer plutôt comme la vitre hygiénique d'un buffet à salades pour les planètes. (Rires) Oui, mes collègues qui vont regarder ça plus tard vont réaliser que c'est la 1ère fois dans l'histoire de notre communauté que le vent solaire a été comparé à du mucus. (Rires) OK, le résultat est que la Terre a peut-être été protégée depuis des milliards d'années parce que nous avions un champ magnétique. L'atmosphère n'a pas pu s'échapper. Mars d'un autre côté, n'était pas protégée car elle n'a pas de champ magnétique, et sur des milliards d'années, peut-être qu'assez d'atmosphère a été arrachée pour expliquer sa transition de planète habitable à la planète que nous voyons aujourd'hui. D'autres scientifiques pensent que les champs magnétiques agissent peut-être plus comme des voiles de bateau, permettant à la planète d'interagir avec plus d'énergie provenant du vent solaire qu'une planète en aurait été capable toute seule. Les voiles pourraient amasser l'énergie du vent solaire. Le champ magnétique pourrait amasser plus d'énergie, ce qui permettrait à encore plus d'atmosphère de s'échapper. C'est une idée qui doit être testée mais son effet et son fonctionnement semblent clairs. Parce que nous savons que l'énergie du vent solaire est déposée dans notre atmosphère, ici sur la Terre. L'énergie est conduite le long des lignes de champ magnétique jusqu'aux régions polaires, produisant d'incroyablement belles aurores boréales. Si vous en avez vu, c'est magnifique. Nous savons que l'énergie entre. Nous essayons de mesurer combien de particules sortent. Et si le champ magnétique a une quelconque influence. Donc j'ai soulevé un problème pour vous ici, mais je n'ai pas encore de solution. Nous n'avons pas de solution. Nous travaillons dessus. Comment ? Nous avons envoyé des sondes sur les trois planètes. certaines sont en orbite maintenant, dont la sonde MAVEN qui est actuellement en orbite autour de Mars, dans laquelle je suis impliqué et qui est dirigée ici, par l'Université de Colorado. Elle est conçue pour mesurer la fuite d'atmosphère. Nous avons des mesures similaires de Vénus et de la Terre. Dès que nous aurons toutes ces mesures, nous pourrons les combiner et comprendre comment ces trois planètes interagissent avec l'espace environnant, avec les alentours. Et nous pourrons conclure si les champs magnétiques sont importants pour l'habitabilité, ou pas. Une fois que nous saurons, pourquoi nous en préoccuper ? Je m'en préoccupe profondément. Et financièrement aussi, mais profondément. (Rires) Tout d'abord, la réponse à cette question va nous apprendre plus sur ces trois planètes, Vénus, la Terre et Mars. Pas seulement sur leur façon d'interagir avec leur environnement aujourd'hui, mais aussi il y a des milliards d'années, sur leur habitabilité. On va en apprendre sur les atmosphères qui nous entourent et qui sont proches. Mais encore, ce que nous apprenons de ces planètes peut être appliqué aux atmosphères partout ailleurs, aussi sur les planètes que nous observons autour d'autres étoiles. Par exemple, la sonde Kepler, qui a été construite et est contrôlée ici à Boulder, observe une région du ciel de la taille d'un timbre poste depuis plusieurs années, et elle a trouvé des milliers de planètes, dans une région du ciel de la taille d'un timbre poste, que nous ne pensons pas être différente de n'importe quelle autre partie du ciel. En 20 ans, nous sommes partis de connaître zéro planète en dehors de notre système solaire, jusqu'à maintenant, où nous en avons tellement que nous ne savons pas laquelle investiguer en premier. N'importe quel levier aiderait. En fait, en se basant sur les observations que Kepler a faites et d'autres observations similaires, nous croyons maintenant que sur les 200 milliards d'étoiles qu'abrite notre seule galaxie, la Voie Lactée, en moyenne chaque étoile possède au moins une planète. En plus, les estimations suggèrent qu'il y a entre 40 et 100 milliards de ces planètes que nous définirions comme habitables, rien que dans notre galaxie. Nous avons des observations de ces planètes, mais nous ne savons pas encore lesquelles sont habitables. C'est un peu comme être piégé sur un point rouge, (Rires) sur une estrade, et savoir qu'il y a d'autres mondes là-dehors et désespérément vouloir en connaître plus à leur sujet, vouloir les interroger et découvrir si peut-être juste un ou deux sont un peu comme le vôtre. Vous ne pouvez pas faire ça. Vous ne pouvez pas y aller, pas encore. Donc vous devez utiliser les outils que vous avez développés autour de vous pour Vénus, la Terre et Mars, et vous devez les appliquer à ces autres situations et espérer que vous tirez des conclusions raisonnables des données, et que vous serez capables de déterminer quelles sont les meilleures candidates de planètes habitables et celles qui ne le sont pas. A la fin, et pour le moment, du moins, ceci est notre point rouge, juste ici. C'est la seule planète que nous savons être habitable, toutefois très bientôt nous pourrions en savoir plus. Mais pour le moment, ceci est l'unique planète habitable, et ceci est notre point rouge. Je suis vraiment content que nous soyons là. Merci. (Applaudissements)