En grandissant, je ne faisais jamais,
au grand jamais, d'exercice.
Je n'avais aucune activité physique.
Je ne pratiquais aucun sport.
Rien.
J'étais réputée pour dire :
« je courrai le jour où je serais
poursuivie par un ours et pas avant. »
Cela a duré environ 34 ans
jusqu'au jour où je me suis réveillée
avec un bébé,
un enfant de deux ans et demi,
et un dos qui me faisait
souffrir en permanence.
À ce moment-là, j'ai réalisé
que si rien ne changeait,
si je ne devenais pas
plus forte et plus souple,
je ne serais jamais le genre
de mère que je voulais tant être.
Le genre de mère qui peut courir
avec ses enfants au parc,
soulever ses enfants
et les faire sauter
ou s'asseoir par terre cinq minutes
pour jouer aux Lego.
Pour devenir plus forte et plus souple,
il n'y a que l'exercice physique.
Mais ça ne me correspondait
tout simplement pas.
Nous avons tous connu ça, n'est-ce pas ?
Il y a cette chose dont on sait que,
pour devenir la personne
que l'on veut être,
l'innovateur que l'on veut être,
elle doit changer.
Mais même si on y pense tout le temps,
on en est toujours au même point.
Ce phénomène est ce que j'appelle
un « échec défensif »
et ça donne quelque chose comme ça.
Le dimanche,
vous dites à votre mari ou femme :
« Cette semaine, je vais aller
à la salle de sport trois fois. »
Vient vendredi
et vous n'êtes pas allé
à la salle de sport.
C'est très bizarre, non ?
Vous pensez : « Je voulais y aller,
j'avais l'intention d'aller
à la salle de sport.
Pourquoi ne vais-je pas
à la salle de sport ? »
Je suis psychologue en cognition, alors
j'ai fait ce que je sais faire le mieux.
Pendant trois ans,
j'ai cherché sans relâche
la réponse à cette question :
« Pourquoi ne vais-je pas
à la salle de sport ? »
Et j'ai découvert
que la raison pour laquelle on ne
fait pas ce que l'on dit vouloir faire
est en grande partie dans notre tête.
De ce fait, j'ai identifié
trois puissants blocages mentaux
qui vous enferment dans un cycle
d'échec défensif.
Et si l'un d'eux est à l'œuvre,
votre cerveau vous protège
contre un échec réel -
c'est pour cela qu'on le fait
mais pas de la bonne façon -
en vous redirigeant et en vous distrayant,
et vous restez au même point.
Alors passons-les en revue.
La première raison de cet enfermement
dans un cycle d'échec défensif
est que vous pensez,
quelque part dans votre cœur,
que vous ne pouvez pas y arriver.
Vous pensez que certaines personnes ont le
talent ou les gènes pour faire cette chose
alors que vous, précisément, non.
Parlons d'exercice pour
l'illustrer parce que
j'ai beaucoup d'expérience
dans ce domaine.
Quand j'ai commencé à faire de l'exercice,
j'ai décidé que j'allais
devenir une coureuse.
La toute première fois
que je suis allée courir,
je portais un pantalon
de yoga vraiment ample.
Je ne sais pas s'il y a
des coureurs parmi vous,
mais si les coureurs portent du lycra,
c'est pour une bonne raison.
Environ deux minutes après
avoir commencé à courir,
je devais tenir mon pantalon en courant.
Je n'étais pas équipée
et je devais consulter une application
de remise en forme sur mon téléphone,
sans endroit où le mettre.
Je cours en tenant mon pantalon
d'une main et mon téléphone de l'autre,
et mon pantalon glisse
dans ce sens maintenant.
Je dois l'attraper donc je l'attrape,
le téléphone tombe - « ah! » - je
récupère mon téléphone.
C'est la pagaille.
Et le pire de tout,
c'est que ça s'est passé
sur la piste d'athlétisme d'un lycée.
Ceci, mes amis, est un échec.
J'ai tenté quelque chose
pour la première fois,
et j'ai mal fait.
N'est-ce pas ?
Ce qui se produit à ce moment-là
est à la base de ce blocage mental.
Si vous croyez que le succès
découle du talent et des gènes,
cette erreur de débutant
va vous paraître très importante.
Vous n'étiez pas fait pour ça et c'est
la preuve dont vous aviez besoin, non ?
Mais si au contraire vous réussissez
à développer ce que Carol Dweck qualifie
d' « état d'esprit de développement »,
ces erreurs de débutant
perdent de leur importance.
Ce ne sont plus des preuves
que vous n'auriez jamais dû essayer,
mais des opportunités d'apprentissage.
Parce que vous savez que ce n'est pas
le talent qui est à l'origine du succès.
C'est l'effort.
C'est l'effort qui, avec le temps,
mène à la réussite.
C'est l'effort qui conduit à l'innovation.
Si vous êtes capable
de passer de cet état d'esprit
selon lequel certaines personnes
peuvent et pas vous,
à un autre où vous reconnaissez
que vos erreurs de débutant sont
des balises sur le chemin du succès,
vous pourrez alors vous libérer
de ce cycle d'échec défensif.
C'est la première raison de l'enfermement
dans un cycle d'échec défensif.
La deuxième raison de l'enfermement
dans un cycle d'échec défensif est
que vous pensez que les gens comme vous
ne font pas des choses comme ça.
Et l'on touche ici à l'identité.
Notre identité est quelque chose
de précieux, n'est-ce pas ?
Une des raisons pour lesquelles
on se soucie tant de notre identité
est qu'elle a été durement gagnée.
Alors parlons de comment
se forme une identité.
En observant la salle,
on dirait que tout le monde a réussi
à surmonter l'adolescence.
Ce n'est pas vrai ?
Il y a un homme ici qui dit : « Euh...
qu'entendez-vous par réussir ? »
(Rires)
Voici ce qu'il se passe à l'adolescence.
Vous aviez une identité
avant l'adolescence,
mais vous l'avez assimilée
par le biais de votre entourage, non ?
« Maman dit que je suis créatif. »
D'accord.
« Papa dit que je suis sportif. »
Oui, d'accord. Ça me paraît juste.
Mais cela change à l'adolescence.
Vous commencez à vous poser des questions
vraiment difficiles sur qui vous êtes,
et vous le faites socialement.
Vous vous demandez :
« Suis-je comme cette personne ?
Suis-je comme toi ?
Suis-je comme toi ?
Suis-je comme toi ? »
Vous empruntez un petit
morceau de leur identité,
pour voir ce que ça fait.
Vous pourriez emprunter par exemple :
mentir à vos parents et sécher l'école.
Ou vous pouvez essayer
un eye-liner noir vraiment épais,
vous teindre les cheveux en noir,
fermer votre porte,
et écouter de l'emo en boucle
dans votre chambre.
Vous empruntez des petits morceaux
des gens autour de vous,
et en faisant cela,
vous passez par ce qu'Erik Erikson
appelle une « crise identitaire ».
C'est assez pénible.
Cela crée des frictions dans votre esprit
parce que vous ne savez pas qui vous êtes.
Mais la bonne nouvelle est qu'au final,
vers le collège ou le lycée,
vous commencez à vous délester des
morceaux inutiles de votre identité.
Vous arrêtez peut-être de traîner
avec les enfants qui sèchent l'école.
Vous décidez : « Je n'aime pas le football
et je ne vais plus traîner
avec l'équipe de football. »
Chaque morceau de cette identité
que vous abandonnez représente une perte.
Ces amis avec qui vous traîniez
et qui séchaient l'école,
qui ont peut-être compté pour vous,
vous pouvez penser les avoir trahis.
Vous ne traînez plus
avec l'équipe de football
et pourriez perdre
en crédibilité au lycée.
Ce processus, qu'Erik Erikson appelle
la « cohésion identitaire »,
est très difficile.
Mais il en résulte une identité,
une foi en qui vous êtes vraiment.
Cela compte beaucoup pour vous,
et vous ne ferez rien
qui menace cette identité.
Je vous entends déjà rétorquer :
« C'est très intéressant,
mais quel rapport avec aller
au bout de mes objectifs ? »
Eh bien, quand je suis devenu coach,
j'ai eu beaucoup de mal
à obtenir des clients
parce que je me vois comme appartenant
au type altruiste du centre émotionnel
et que faire de la publicité
et vendre mes services,
me paraissait inauthentique et agressif.
Vais-je faire quelque chose qui me
paraît inauthentique et agressif ?
Non !
Jamais.
Et c'est ainsi que l'on s'enferme
dans un cycle d'échec défensif.
Vous dites :
« Ce mois-ci, j'irai à une réunion
de networking par semaine. »
Vient le jour de la réunion,
et votre cerveau dit :
« Hum, non. Nous n'allons pas faire ça ;
cela menace notre identité.
Et puis de toute façon, Amanda,
tu es tellement fatiguée.
Tu as été tellement débordée.
Tu devrais prendre soin de toi. »
En un clin d'œil,
la réunion de networking démarre
sans vous.
Vous êtes sur le canapé en jogging,
à la moitié du 13ème épisode
de la première saison de Friends.
(Rires)
Encore une fois.
Je ne juge pas, nous en sommes tous
passés par là.
Mais cela explique pourquoi
vous êtes toujours au même point.
Donc si vous vous reconnaissez,
si c'est un blocage mental
qui vous donne du fil à retordre,
vous devez trouver des gens comme
vous qui font ce que vous voulez faire,
et leur faire part de vos inquiétudes.
J'ai dû trouver une altruiste
du centre émotionnel
qui savait promouvoir son entreprise
et apprendre comment elle mettait
ces choses en adéquation.
Si vous trouvez un moyen d'aligner
ce que vous voulez faire
avec votre identité,
aller à la réunion networking
vous semblera
vraiment plus facile.
C'est la deuxième raison de l'enfermement
dans un cycle d'échec défensif.
La troisième raison de l'enfermement
dans un cycle d'échec défensif
est que secrètement,
vous ne voulez pas le faire.
Vous pensez juste que
vous devriez vouloir le faire.
Vous y attachez de l'importance
pour les mauvaises raisons.
Vous pouvez valoriser
les choses de deux façons.
D'une part,
vous pouvez les valoriser pour
des « raisons intrinsèques » -
raisons qui viennent de l'intérieur :
intérêts,
curiosité,
ou vous avez un plan bien déterminé
reliant cette chose que vous voulez faire
à vos futures ambitions et à vos rêves.
Vous pouvez aussi valoriser les choses
pour des raisons extérieures.
Des raisons extrinsèques du genre
« Les gens cool le font »,
« Ma mère serait fière de moi »,
ou « Qu'est-ce que j'aimerais
être admiré ! »
Imaginons un instant, à titre d'exemple,
que vous ayez dit :
« Je ne dois pas dépasser mon budget.
Ce qui me coûte le plus d'argent
est d'acheter mon déjeuner
au travail tous les jours. »
Alors vous décidez :
« J'arrête ça.
Je vais apporter mon déjeuner. »
Un jour, vous êtes à mi-chemin du travail
et réalisez que votre déjeuner
est resté sur le comptoir de la cuisine
juste à côté de votre téléphone portable.
C'est une journée difficile.
Vous n'avez rien à manger
et pas de Candy Crush.
(Rires)
Qu'allez-vous faire ?
Vous dites à votre collègue :
« C'est difficile aujourd'hui. »
Elle dit : « Ne t'en fais pas.
Ce doit être un signe de l'univers.
On va s'offrir un bon déjeuner.
Ça va être génial. »
Vous avez deux possibilités.
Vous offrir un « bon déjeuner »
avec votre amie,
payer 25 dollars pour un sandwich,
ou vous rendre au distributeur automatique
et acheter une barre énergétique
merdique à deux dollars.
Qu'allez-vous faire ?
Eh bien, ça dépend de pourquoi vous
essayez de ne pas dépasser un budget.
Si vous essayez de vous y tenir
parce que vous venez de vous fiancer et
que vous voulez acheter une maison,
et que vous rêvez
de voir vos enfants assis à côté
d'un feu crépitant à Noël,
alors vous irez au
distributeur automatique.
Mais si vous essayez d'économiser
parce que les riches sont admirés,
et, oui, ce serait sympa d'être admiré,
ce n'est pas suffisant.
Ça n'est pas suffisant pour lutter contre
l'impulsion, l'envie du moment
d'aller au restaurant avec votre amie.
Ceci s'applique à toutes les choses
que vous avez du mal à faire.
Si le travail que vous voulez
faire est difficile,
il y aura des moments
où vous voudrez abandonner.
Et c'est l'intérêt intrinsèque
qui vous permet de vous focaliser
sur les étapes à accomplir
au lieu de céder à l'impulsion
d'aller au restaurant avec votre amie.
Donc, si vous vous reconnaissez,
si vous avez du mal
avec ce genre de choses,
vous devez travailler
sur l'intérêt intrinsèque.
Vous devez trouver un moyen
d'être intéressé ou curieux
par rapport à ce que vous voulez faire.
Vous devez lire les blogs,
feuilleter les magazines.
Et si vous ne pouvez pas,
si vous n'y trouvez aucun intérêt -
les impôts par exemple -
alors vous devez formuler un plan
qui relie ce que vous voulez faire à
vos futures ambitions et à vos rêves.
Quand la tentation d'arrêter,
d'abandonner se présente
vous sortez ce rappel de votre poche
et vous vous le répétez
afin de vous rappeler
de votre intérêt intrinsèque.
Et c'est de cette façon,
chers amis, que vous vous libèrerez
du troisième cycle d'échec défensif.
Bon,
si un seul d'entre eux vous bloque,
vous aurez du mal à progresser
vers votre objectif.
Mais si vous avez eu du mal
toute votre vie,
il est probable que les trois
soient à l'œuvre,
comme c'était le cas
pour moi avec l'exercice.
Mais comme j'ai pu accepter
ces erreurs de débutant
comme faisant partie
du processus d'amélioration
et reconnaître
qu'il y a des gens non-compétitifs
comme moi qui font aussi du sport,
et accepter -
je me suis beaucoup intéressée
à la science du sport,
c'est passionnant -
j'ai pu, à ma grande surprise,
commencer à progresser.
Je ne veux pas que vous pensiez
que je suis ici pour dire :
« Changez d'état d'esprit et vous
connaîtrez aussitôt un succès fulgurant »
car ce n'est pas ainsi que ça fonctionne.
En revanche, vous pouvez
remplacer un cycle d'échec défensif
par des échecs
invitant à l'action,
constructifs
et productifs.
Un échec où vous vous trompez,
mais vous vous améliorez un peu.
Et vous vous améliorez encore,
jusqu'à ce que soudain, vous fassiez
ce que vous n'auriez jamais cru possible.
Dans mon cas, ce que cela a produit,
c'est qu'en environ trois ans,
j'ai appris à courir,
je me suis équipée.
J'ai appris à faire du vélo.
J'ai appris à nager.
Et une folle journée d'août,
j'ai combiné les trois
et fait un triathlon.
Je sais, j'étais surprise moi aussi.
(Rires)
Environ deux mois plus tard,
j'ai couru un semi-marathon.
Plus important encore, mon fils,
qui a maintenant six ans, qui pèse lourd
et qui saute partout,
je peux le soulever.
Je ne dis pas ça pour que vous
pensiez que je suis une athlète,
parce qu'à l'évidence,
ce n'est pas le cas.
Je vous le dis
parce que le jour
où j'ai fait ce triathlon
a été le plus grand jour de ma vie.
Parce que ce n'était pas censé m'arriver.
Ce n'aurait pas dû être possible.
Ce jour-là, j'ai réalisé
que moi,
vous,
nous tous,
pouvons être tout ce que nous voulons.
Nous libérons notre esprit
et avançons par étapes.
Si vous faites ces deux choses,
rien ne peut vous arrêter.
Merci.
(Applaudissements)