En mémoire à Howard Zinn
Cochabamba, Bolivia. 2000
Allez.
Vous avez vu?
Regardez!
Ils continuent à arriver.
Bonjour.
Bonjour.
Un casting ouvert à tous, Sebastián?
Quel bordel!
Je t'avais prévenu.
Bonjour!
Bonjour!
Pardon!
Comment ça se passe?
Ils veulent tous être reçus.
Ils sont des centaines...
Bien, dit leurs
qu'on n'a plus besoin de personne
On voit que ceux-là,
renvoie les autres!
Costa, on ne peut pas leur faire ça.
On ne peut pas tous les voir.
Sebastián.
Choisis ceux qui te plaisent
et renvoie les autres.
Vas-y!
Allez.
Fais ton choix et on file.
- Hello.
- Bonjour.
Vous allez avec la jeune femme?
Comment allez-vous?
Vous, allez-y.
Ils sont bien.
- Combien d'hommes?
- Cinq, et deux femmes.
Okay, okay. Okay.
Vous pouvez venir?
Merci.
Vous ne nous prenez pas?
On va voir...
- Sebastián...
- Quoi?
- On a ce qu'il faut.
- Déjà?
On en a trop,
ça devient ridicule.
Il faut leur dire de partir.
Dis-leur qu'on est désolés.
Ce n’est pas possible!
On est vraiment désolés.
Désolé.
On n'a plus besoin de personne.
On ne peut pas voir tout le monde.
Vous êtes trop nombreux.
Ce n’est pas normal,
ça fait des heures qu'on attend!
Allez-vous-en, c'est fini.
Non, nous ne partirons pas.
On ne bougera pas
tant qu’on ne nous aura pas reçus!
T'es sourd ou quoi?
Vous devez tous partir!
Vous devez tous partir!
- Dégage!
- Bâtard!
Dégage!
- Ca suffit!
- Qu'est ce qu'on fait.
Calmez-vous!
Arrêtez...
Qu'est-ce qui se passe?
Chacun a sa chance.
C'est écrit et ma fille veut un rôle.
Il y a trop de monde,
vous ne comprenez pas?
Écoute, petit Blanc,
on est là depuis ce matin.
Certains viennent de très loin
à pied!
Et tu nous dis de repartir?
On passera tous!
On ne partira pas!
On ne bouge pas d'ici!
Auditionne la petite et qu'il dégage.
- Ton nom?
- Daniel.
Daniel.
Daniel a raison!
Vous passerez tous.
Putain!
Ça prendra le temps qu'il faudra.
Sebastián, on y va!
Surtout, restez calmes.
Filme-moi ce type.
La petite aussi.
Il est super.
D'accord, vous allez tous passer.
En route!
MÊME LA PLUIE
T'es devenu fou, Costa?
Ralentis!
Sebastián, une question:
on est en Bolivie, c'est curieux, non?
On est à environ 2500 m d'altitude,
entourés de montagnes,
très loin des Caraïbes.
Pour Costa,
Colomb a atterri en parachute.
Costa sait qu'ici
ça grouille d'Indiens affamés,
qui sont autant de figurants.
Pas d'effets numériques,
du grandiose,
que ça en jette!
On risque de se planter.
T'as vu leurs têtes?
C'est des Quechuas.
- Et alors?
- Et alors??
Des Indiens des Andes!
Que fout Colomb
avec des Indiens des Andes?
C'est pareil.
Tu voulais des Indiens, non?
- C'est ce que tu voulais?
- Oh, non, non, non, non.
Tu fais chier!
Ils se ressemblent tous.
Non.
Ici, tout se négocie: hôtels, transport,
nourriture, tout!
C'est une question d'argent.
Comme toujours.
Sur ce coup, on est ric-rac!
T'entends,
M. le producteur de troisième zone?
En tournant en anglais, on aurait
le double de fric
et le double de public.
Mais t'as foutu ta merde.
Les Espagnols parlent espagnol.
T’imagine s'ils parlaient en anglais?
Ce n’était pas si con!
Les Espagnols parlent espagnol
et les Taïnos des Antilles le quechua?
Tu ne vas pas me lâcher?
C'est pour savoir...
Ça va le faire, Sebastián!
On soulève!
Allez!
C'est ça!
Costa, c'est dangereux!
Allez-y!
Tirez!
Attention!
Tout va bien?
On va y arriver!
- On s'y prend mal.
- Laisse-moi faire.
Trouve un autre moyen!
Un, deux, trois...
Soulevez!
Un, deux, trois...
Soulevez!
Encore une fois, à trois...
Un, deux, trois...
On soulève!
Fallait faire venir des pros
avec une grue.
Quelqu'un aurait pu se blesser!
Et pourquoi pas un ingénieur!
Tu sais combien on économise?
35,000, Alors calme toi.
Détends-toi, c'est fait.
Bravo, les gars!
On la fixe
et je vous paye une bière.
Éteins-moi cette saloperie!
- Désolé.
- C'est rien.
J'espère que j'y arriverai.
Il est bourré?
Tout le monde est là?
On est prêts.
Quand tu veux.
Surpris, des enfants taïnos
sont dissimulés dans les herbes.
De leur point de vue,
Ils voient Colomb et ses hommes
fouler le sol du Nouveau Monde.
Il y a des barques sur le rivage.
Les enfants sentent la forte odeur
de ces êtres étranges, trempés et sales,
certains barbus ou chauves,
qui s'approchent en clopinant.
Cachés, les enfants rigolent
en se demandant
qui sont ces inconnus..."
Moi, Christophe Colomb,
humble serviteur
du roi Ferdinand d'Aragon
et de la reine Isabelle de Castille,
au nom de Jésus-Christ,
Fils du seul véritable Dieu,
je prends possession de ces terres,
de ces mers
et de tout ce qu'elles contiennent.
Par cet acte,
je proclame la souveraineté
sur ces terres et mers
du plus gracieux des monarques.
Remercions la Vierge Mère
de nous avoir menés sains et saufs
jusqu'à ce grand triomphe.
Voici leur village.
Dieu merci, ils semblent pacifiques.
L'endroit idéal pour un fort.
Fraternisez avec eux.
Le premier qui trouvera de l'or
sera récompensé.
Capitaine,
ménagez-les,
nous avons besoin de leur nourriture.
Vérifiez de quelles armes ils disposent.
Amiral!
Vite, venez voir!
De l'or!
De l'or!
C'est de l’or.
Où se trouve l'or?
De l'or!
Où se trouve l'or?
Tu as bien compris: l'or!
Où est-il?
Rien à foutre, de l'or!
Filez-moi à boire, bordel!
Désolé.
Nous, les acteurs, on est égoïstes.
- Merci.
- De rien.
Tu te souviens de lui?
Ce type, il a des yeux pénétrants.
Un regard profond.
Il est petit, mais il en impose.
C'est un emmerdeur.
- Il n’a jamais joué.
- Je le dirigerai.
Justement, il est naturel.
Et l'acteur péruvien?
Un nul de la télé,
complètement prévisible!
C'est un fouteur de merde.
Son barouf au casting le prouve bien.
Tu voulais un leader
et il correspond au profil.
Il me le faut.
La petite aussi.
Pas question,
il va nous casser les couilles!
Je n'en veux pas.
Je te montre un truc.
- Qui est-ce?
C'est quoi?
- Ça, je sais.
- Vous l'avez fait quand?
- Ce matin.
- Sans me prévenir?
Regarde...
C'est Haute, y a pas à chier!
Vous ne trouvez pas?
- Incroyable!
- D'accord, prends-le!
Tu vas en baver avec lui.
Je t'aurai prévenu!
Tu le regretteras.
Rappelle toi ce que j’ai dit.
Il a raison dans un sens.
Mais le film passe avant tout.
En tant que gouverneur de cette île,
je vous remercie d'être venus me voir.
Après mon premier voyage,
j'ai été reçu par Leurs Altesses
qui m'ont commandé de vous traiter
avec respect et cordialité.
Vous reconnaîtrez l'Église et le pape
comme législateurs de l'univers.
Et vous accepterez le roi
et la reine d'Espagne
comme législateurs de ces contrées.
En échange,
vous recevrez notre amour
et notre charité.
Et si nous refusons?
Capitaine...
Dans ce cas,
nous vous réduirons en esclavage
et disposerons de vous à notre gré.
Nous saisirons vos biens
et vous infligerons
les pires souffrances.
Qu'attendez-vous de nous?
Des impôts.
Tout Indien de plus de 14 ans
remplira un grelot.
Que dit-il?
De quoi?
D'or.
Tiens.
Il n'est pas très gros.
Capitaine.
Alberto,
parle-nous de ton personnage.
J'incarne Bartolomé de Las Casas.
Il est arrivé aux Indes à 18 ans
pour s'occuper d'une encomienda,
une plantation avec esclaves.
Puis, choqué par les massacres
dont il est témoin,
il a passé le reste de sa vie
à défendre les Indiens.
Il s'est fait dominicain
et a failli se faire assassiner.
Sur son lit de mort...
Je cite textuellement.
Ne ris pas.
Écoute ce qu'il a dit:
Je m'élève contre ceux
qui ignorent le génocide
et dictent leurs lois au monde".
C'est le père du droit international
et j'ai que 8 scènes!
Et toi, Juan?
Je joue Antonio Montesinos.
Sebastián m'a filé des livres,
mais je ne lis pas autant qu'Alberto.
Mon personnage est moins célèbre
que Bartolomé,
mais il est plus important.
Il est plus important que Bartolome,
Parce que je suis le premier
à avoir défendu les Indiens.
J'ai tout déclenché
en faisant le fameux sermon:
Je suis la voix du Christ
dans le désert de cette île
et vous êtes en état de péché mortel!
Ça, c'est moi.
Daniel, qu'est-ce qui t'a poussé
à jouer dans ce film?
C'est-à-dire?
Qu'est-ce qui t'a plu
dans le personnage?
Le fait qu'il représente
la résistance des Indiens
ou qu'il donne une autre vision
de la colonisation...
Il le fait pour le fric!
Comment?
Il pense qu'au fric.
T'as des scènes d'amour?
Combien de filles
dois-tu embrasser?
On te voit tout nu?
Un rase-bitume comme toi!
Laissez tomber.
Vous creusez quoi?
On manque d'eau.
On s'est cotisés pour...
Tu vois cette colline?
On a acheté un puits là-haut.
On creuse une tranchée.
Sur 7 km.
- 7 km?
- Oui, km.
On va faire passer les tuyaux
sur le versant de cette colline
et amener l'eau.
Et toi?
Pourquoi t'es là?
Je filme le tournage.
C'est louche.
Daniel, méfie-toi.
Ces salauds arrivent!
Ils s'arrêtent.
Ils se sont arrêtés.
Qu'est-ce qu'ils veulent?
Qu'est-ce que vous venez foutre ici?
Vous voulez quoi?
On vous a dit de ne pas venir ici!
Comment on dit "nourriture"?
Et "c'était très bon"?
Et "je t'aime"?
Et "vin"?
Eau?
Je veux un peu de yaku.
À fond dans le personnage!
Dieu vous bénisse, mon père.
Mets dans un sac plastique
tous ces restes
sont plus précieux
que leur salaire
et donne-les-leur.
Leurs enfants les dévoreront
telles des rongeurs affamés.
Mon père,
vous serez un vrai missionnaire.
Antón, détends-toi.
C'est samedi soir.
Tu vas te souvenir que l'eau
se dit yaku?
Pas très catholique, ça!
Mais ce sera coupé,
comme tant d'autres choses.
Par exemple, le fait que Las Casas
voulait que des esclaves africains
remplacent les Indiens.
Mettons ça dans le film.
Ne rentre pas dans son jeu.
C'est vrai,
il l'a pensé quand il était jeune.
Mais pas très longtemps.
Il l'a regretté.
Et ses affaires avec les négriers?
Une erreur dont il a eu honte.
Ne montez pas sur vos sacrés chevaux!
Je t'explique.
Las Casas a dénoncé haut et fort
les évêques corrompus,
les marchands, les fonctionnaires.
L'État le haïssait.
- Sans blague!
- Écoute-moi.
Il a dit que les Indiens étaient décimés
pour satisfaire des intérêts privés.
Il y a 500 ans!
Les cyniques comme toi
réduisent sa vie à une seule erreur.
C'est comme au foot,
l'histoire s'acharne sur les perdants.
Oublie ces raseurs
et fais le film sur moi!
Je suis plus beau!
Jamais...
Beto!
Il n'a jamais contesté l'autorité royale
sur le Nouveau Monde.
Bref, c'était un conservateur!
C'était un radical!
Il ne voulait que les Indiens
soient traités comme les Espagnols.
Sous la Couronne!
Les Indiens approuvaient.
C'était un avant-gardiste.
Putain,
ce sujet en or a échappé à Disney!
C'est clair,
tu sanctifies ces deux cons
et moi, on me lynche.
Ce n’est pas de l'art,
c'est de la propagande.
- Pourquoi t'es là?
- Quoi?
Pourquoi tu le fais?
Pour l'or!
Et pour Jésus-Christ!
Je peux dire un truc, un seul?
Je suis la voix du Christ
dans le désert de cette île
et vous êtes en état de péché mortel!
Bonsoir, Cochabamba!
Ça ne va pas!
Passe-moi l'autre cadenas.
Ne touchez pas à notre cadenas!
Qu'est que vous faites?
On l'a creusé avec nos propres mains.
Pour que nos enfants aient de l'eau.
Vous n’avez pas le droit de le fermer.
Comment on fait pour vivre
sans eau?
On nous prend nos terres, nos puits...
Ce sera quoi après,
l'air qu'on respire?
On ne donnera pas plus d'argent!
Pas toutes en même temps!
Écoutez!
Ces messieurs font leur travail.
Quoi?
Nous prendre notre eau?
Non, ce n’est pas ça.
Ce puits nous appartient!
- C'est la loi.
- Vous avez des enfants aussi.
Vous avez aussi des enfants.
Si vous le scellez,
on se battra coûte que coûte!
C'est l'eau de nos enfants!
C'est l'eau de nos enfants!
On nous prend l'eau de nos enfants!
Donc,
on est en mars 1511.
Les gars, arrêtez 10 min.
Merci.
Mars 1511.
Les dominicains
invitent les riches de Saint-Domingue
à écouter le sermon.
Bartolomé est assis là.
- Là.
- Oui, exactement.
Il a encore ses Indiens
et sa plantation.
Ok? Oui?
Toi, tu es derrière.
On entend le cantique en latin.
Il se termine.
Une petite pause.
Tu échanges un regard avec Bartolomé.
Et on commence.
Les pharisiens envoyèrent un émissaire
demander à saint Jean-Baptiste qui il était.
Ce dernier répondit:
Je suis une voix qui clame dans le désert.
Les Indiens extraient l'or
avec lequel nous construisons nos villes
et nos églises.
Un or qui sert à financer
nos conquêtes les plus lointaines
et qui fait tourner la roue du commerce.
On profite tous de la sueur des Indiens,
surtout Son Altesse et ses évêques!
En tant que prêtre,
je me dois aux préceptes de l'Évangile
dont le premier
est de prêcher la vérité.
Je suis la voix du Christ
dans le désert de cette île
et vous êtes en état de péché mortel!
Que dit-il? Il est fou!
Vous vivez et mourez dans le péché!
Pourquoi?
Parce que vous êtes cruels
et tyranniques avec ces innocents.
De quel droit
et en vertu de quelle justice
tenez-vous ces Indiens
en une servitude si horrible?
Ils vivaient paisiblement.
C'est révoltant!
Qui vous autorise
à leur livrer ces guerres atroces?
Comment pouvez-vous les opprimer
et les laisser mourir de fatigue et de faim?
Ils meurent par votre faute.
Ou plutôt, vous les tuez!
Quelle honte, c'est intolérable!
Vous êtes endormis,
plongés dans un sommeil léthargique!
Regardez les Indiens dans les yeux.
Ne sont-ils pas des hommes?
N'ont-ils pas une raison et une âme?
N'êtes-vous pas tenus
de les aimer comme vous-mêmes?
Pour qui vous prenez-vous?
Votre sermon remet en question
mon autorité et celle du roi.
La concession d'Indiens
est autorisée par la loi.
J'exige un désaveu officiel,
père Montesinos!
La vérité a beaucoup d'ennemis.
Le mensonge, beaucoup d'amis.
C'est un outrage.
Pendez ce traître, brûlez-le!
Retourne en Espagne
avant qu'on ne te coupe la langue!
Très bien.
Il y va fort, non?
Oui, il ne s’est jamais rétracté.
Le samedi d'après,
il a dit la même chose.
Pendant des années,
et on a fini par le tuer.
Au Venezuela.
Il a été la première voix de la conscience.
Contre tout un empire.
Ça a commencé
dans une chapelle comme celle-ci.
C'est bon?
Ton costume.
Bravo!
- Super.
- Tu peux continuer.
Ils vendent nos fleuves
contre notre volonté.
Ils vendent nos puits, nos lacs...
Même la pluie
qui tombe sur nos têtes!
Au nom d'une loi!
Amis, c'est incroyable!
Il nous est nous interdit
de récupérer l'eau de pluie,
par la loi!
Qui accapare aussi cette pluie?
Une société
basée à Londres et en Californie.
Ils nous voleront quoi après?
La buée de notre souffle?
La sueur de notre front?
Moi, tout ce que je leur donnerai,
c'est ma pisse!
Vous n’inquiétez pas, camarades!
, camarades...
Costa!
Ils veulent mobiliser la population.
- Et alors?
- Paysans,
citadins, syndiqués...
Les gens sont à cran!
Normal, ils leur prennent l'eau.
Tu te rends compte?
C'est le docu à faire!
Laisse-moi le faire.
Pas avec mon fric.
Ce serait con, ça va chauffer!
On va laisser passer une super occasion.
Non, bordel!
Je ne suis pas une ONG,
ce n’est pas mes oignons.
Mais tu es ici!
Entrez!
Le chef en chair et en os!
Je viens pour te donner la réplique.
Toi?
Entre...
Personne ne s’aventure
dans l'antre de l'ogre.
C'est encore moi.
J'ai essayé tous les numéros.
Vous ne répondez pas.
Les gosses ne m’appellent pas.
La petite non plus.
Rappelez-moi.
Saloperie de machines!
T'as des enfants?
Un garçon de 14 ans.
Il est comment?
À vrai dire, je n’en sais rien.
Il vit avec sa mère.
Ce boulot fout en l'air la famille!
Ici.
Qu'est-ce qui t'arrive?
Cette foutue caboche!
J'ai un trou.
C'est ce putain de début!
Souffle-moi!
Ils sont si naïfs...
Ils sont si naïfs
et généreux avec ce qu'ils ont
qu'ils ne refusent rien.
La moindre chose,
ils sont prêts à vous l'offrir
ou à la partager avec vous.
Il me reste à découvrir
s'ils ont des propriétés privées.
Avec 50 hommes,
on peut les subjuguer
et disposer d'eux à son gré.
À son gré...
Sur la première île que je découvris,
j'en capturai quelques-uns.
Vos Altesses pourront avoir
tout l'or qu'Elles désireront
en échange d'un peu d'aide.
Outre des épices et du coton,
il y a des esclaves,
autant qu'on veut.
Toute la chrétienté devrait se réjouir
et remercier solennellement la Sainte-Trinité
d'avoir converti tant d'âmes
à la foi sacrée.
Remercions-La aussi
des innombrables avantages matériels
que cela nous rapportera
car non seulement l'Espagne,
mais toute la chrétienté,
en retirera du réconfort
et du profit.
Pas étonnant que t'aies du mal,
personne ne parle comme ça.
C'est textuellement la première lettre
que Colomb a envoyée du Nouveau Monde
à la Couronne.
Sebastián reste fidèle au texte.
J'ignore si ça marchera.
C'est risqué, mais ça me plaît.
Ce que j'aimerais,
c'est qu'il me laisse montrer
l'homme avec ses doutes,
ses préoccupations...
Demande-lui.
Pourquoi tu picoles?
Parce que j'ai toujours
très, très soif.
Tu vas pouvoir assurer?
Sans toi, on est foutus.
C'est bien de se savoir utile.
Il est grand!
- On peut monter?
- Faut demander à Costa.
C'est beau!
Ils devaient remplir ça d'or?
Apparemment, oui.
Daniel,
je t'ai vu à la manif avec les flics.
S'il t'arrive un pépin, on est foutus.
Sans toi, on ne peut pas finir le film.
Tu ne peux pas rester
à l'écart de tout ça?
Que trois semaines.
Excuse-moi...
Oui?
Les financiers.
Ils ont vu les images
et te trouvent super!
Bien.
Je suis avec Hatuey.
Je ne voulais pas de lui,
mais Sebastián avait raison.
Putain, c'est génial!
C'est dingue, engager des mecs ici,
ça coûte que dalle.
Deux dollars par jour
et ils sautent de joie.
Tu leur fileras des pompes à eau
et des vieux camions à la fin.
Et voilà: 200 figurants!
On se rappelle.
Daniel, nous allons faire
un film fantastique, tu verras.
Pas vraiment.
Sebastián prépare des scènes
incroyables…
Sebastián veut une foule
qui cherche de l'or dans la rivière.
Ça va être géant!
T'en fais partie, mon salaud!
Quoi?
Deux dollars de merde
et ils sont contents.
J'ai bossé 2 ans aux États-Unis.
Je connais la chanson.
Belén, laisse ça!
On s'en va.
- On ne monte pas sur le bateau?
- On rentre.
Dépêchez-vous!
Fais la queue!
Vas-y!
Capitaine...
C'est quoi, ça?
Tu veux me duper?
Ya que du sable.
Parle la langue des chrétiens!
C'est du sable!
Mutilez-le!
Au suivant!
Ce n’est pas assez.
Ce n’est pas assez!
Trop de sable!
Emmenez-le et mutilez-le!
Père! Père!
À toi!
- Bravo, tu as été très bien.
- Merci.
Tu es contente?
Merci!
Mademoiselle, beau travail!
Merci.
Tu es douée.
Tu peux être fière de toi.
J'espère qu'on te paie comme il faut.
Mieux que les figurants.
Mieux que les figurants?
Bon Dieu!
Tu sais combien je gagne?
- Quoi?
- Deux millions de bolivianos!
Papa!
Je viens de voir la scène de la forêt.
C'était intéressant.
Triste, mais intéressant.
C'était super!
Ce n’est pas la réalité, mais c'est beau.
- T'as aimé?
- Beaucoup.
Je m'excuse.
C'est un choix atroce,
déchirant.
L'idée que les chiens dévorent les bébés
vous horrifie.
Vous parlez avec Hatuey
et vous comprenez
que c'est la seule solution.
Vous prenez la décision
toutes ensembles
pour vous donner du courage.
Vous prenez les bébés.
Lentement,
vous entrez dans l'eau...
vous les immergez et les noyez.
Voilà comment on va s'y prendre.
Première prise:
vous entrez avec les bébés.
L'eau vous arrive à la taille,
on coupe, on arrête,
on apporte ces poupées
et on les met à la place des bébés.
Qu'est-ce qu'il y a?
Il y a un problème, Daniel?
Dis-leur qu'il n'y a aucun danger.
Les bébés ne vont pas se mouiller.
Dès que l'eau vous arrive à la taille,
on met les poupées.
Apporte-les...
Attends, laisse-moi faire.
Ok, mais on a peu de temps.
Ils font quoi?
Je ne sais pas.
- Alors?
- Elles refusent.
Je sais que c'est difficile,
mais essaie de les convaincre.
C'est très important.
L'idée même les dépasse.
C'est véridique.
C'est arrivé.
Il faut raconter ce qui s'est passé.
C'est capital pour le film!
Il y a des choses plus importantes
que ton film.
Fait chier!
Je n’y crois pas!
Qu'est-ce que je fais?
Rien.
On tourne la scène suivante.
Silence, s'il vous plaît!
On perd du temps
et il fait de plus en plus chaud.
Nous allons être fatigués.
Tous les quartiers comptent se rendre
sur la place du 14 Septembre
et l'investir!
Camarades!
On ira à la compagnie des eaux
et on l'occupera
jusqu'à ce qu'on nous ait rendu l'eau!
Non, c'est ce qu'ils veulent!
Ils n’attendent que ça
pour nous massacrer à nouveau.
Je suis contre!
Camarades!
On boit tous de l'eau, non?
On est tous obligés
de participer à cette marche!
Attendez, écoutons-la!
Je ne suis pas d'accord.
On va nous massacrer, et nous gazer.
Et nos enfants,
qu'est-ce qu'ils vont devenir?
On a des enfants, nous!
Moi, je n’irai pas!
Comment on peut payer
C'est du vol.
Autant se faire tuer et ce sera réglé!
Silence!
On va décider en procédant par vote.
Si vous voulez vous battre, criez:
L'eau est à nous!
L'eau est à nous!
L'eau est à nous!
C'est Daniel?
Qu'est-ce qu'il fait là?
Après consultation
des habitants...
Il fout sa merde.
Je te l'avais dit.
Et maintenant,
Qu'est ce qu'on fait.
...et avec nos camarades syndiqués,
Nous, le peuple de Cochabamba,
on déclare
que si la privatisation de l'eau
n'est pas abrogée dans les 48 h,
on organise un blocus illimité
dans la ville et sur les routes!
Qu'est-ce qu'on veut?
De l'eau!
Quand?
Maintenant!
Il vaut mieux entrer.
Fusil, mitraille,
le peuple ne se tait pas!
Merci.
Bienvenue!
- Ravi de vous rencontrer.
- Tout le plaisir est pour moi.
- J'ai vu tous vos films.
- C'est vrai?
Quel honneur
de vous avoir dans notre ville!
- Merci.
- Une photo pour mon album.
Merci.
Par ici, s'il vous plaît.
Nous sommes honorés
que vous racontiez chez nous
l'histoire de Bartolomé de Las Casas.
Un homme sous-estimé, hélas.
Vous avez raison.
Merci pour les policiers.
- Maintenant, on est rassurés.
- C'est un honneur.
La vache!
Ils brûlent les factures d'eau.
Veuillez nous excuser
pour ces troubles domestiques.
Rien d'inquiétant.
Ne vous en faites pas.
On a du champagne!
Donnez-leur de la brioche!,
disait Marie-Antoinette.
Un prétexte utilisé par un fanatique
pour rameuter les démunis,
et se faire un nom.
Ne le prenez pas mal,
mais leur demande est juste.
Informez-vous davantage …
Notre pays a peu de ressources.
Nous ne pouvons assurer un approvisionnement en eau
sans un fort investissement étranger.
Pour ces gens,
l'argent public pousse dans les arbres.
Pas mal!
Vu leur exploitation passée,
les Indiens ont la méfiance
dans les gènes.
Le dialogue est difficile.
De plus, ils sont analphabètes.
Mais c'est comme ça.
Selon des rapports objectifs
de Harvard, du FMI...
Comment feraient ces connards du FMI
pour nourrir leurs familles
avec 40 dollars par mois?
Dans ce monde globalisé...
Désolé, on me réclame.
Dans ce monde globalisé, les Indiens
brûlent les factures
et s'insurgent.
Le "victimisme" contre la modernité.
Sans vous manquer de respect,
pour moi,
quelqu'un qui gagne 2 dollars par jour
ne peut subir
une augmentation de l'eau de 300 %.
C'est ce qu'on m'a dit.
C'est drôle,
il paraît que
c'est ce que vous payez les figurants.
C'est vrai,
mais on a un budget très serré.
Comme nous tous.
Les rumeurs nous inquiètent beaucoup.
La révolte de l'eau...
Ça pourrait dégénérer
et nous empêcher de tourner.
Vous pourriez peut-être intervenir.
J'imagine que vous essayez
d'arriver à un accord.
Si on cède d'un pouce,
ces Indiens nous ramèneront
à l'âge de pierre.
Veuillez m'excuser.
Vous êtes chez vous.
Merci.
C'est clair,
on n'est pas assurés dans ce cas-là.
Je cite: "État de guerre,
mouvements sociaux quels qu'ils soient,
"putschs, révolutions
ou invasions de toute sorte..."
- De cafards ou d'aliens!
- Exact!
Je vous conseille de faire vos valises
et de foutre le camp.
Partir d'ici?
Tu veux qu'on aille tourner en studio
ou quoi?
Arrête, t'as vu les rushes!
Vous risquez de tout perdre.
Vous serez prévenus.
Je ne mettrai pas un centime de ma poche!
Putain de merde!
Comment il va?
- Ils l'ont bourré de coups.
- Au visage aussi?
On cachera ça avec les cheveux.
Bordel de merde!
Costa, fais lui comprendre, que si on tourne
la scène de la croix, on tient le film.
Sinon, tout foire!
Mets-lui ça dans le crâne.
Qu'il tienne parole!
À quoi tu joues, bordel,
tu peux me le dire?
Tu te rends compte
des efforts
que demande un film pareil,
les centaines de personnes
qui sont derrière,
le fric dépensé!
Si tu fais le con, on est tous foutus!
Trois semaines, c'est trop?
Personne d'autre
peut s'occuper du truc de l'eau?
Tu m'écoutes?
Tu fais l'Indien fier et taciturne?
C'est la meilleure!
Une manif de plus
et t'auras pas un rond!
D'accord?
T'as bien compris?
Voilà ce que je te propose.
On te donne un extra de $5,000
si tu ne participes pas aux manifs
jusqu'à la fin du tournage.
Ok?
Quoi?
Ce n’est pas digne de toi, bien sûr.
Ce n’est pas assez?
Eh, Daniel?
Ce n’est pas assez?
$8,000?
$1 0,000?
$1 0,000, Daniel, $1 0,000.
La moitié maintenant
et l'autre à la fin.
T'auras pas autant de fric
de toute ta vie!
C'est ta seule chance de sortir
de ce trou à rats où tu vis!
T'es assez futé pour le savoir,
non?
Putain!
D'accord.
Quoi?
D'accord.
T'oublies les manifs
et tu fais ce qu'on te dit
jusqu'à ce qu'on finisse.
J'ai ta parole?
J'ai ta parole?
Teresa, range cet argent.
Range l'argent.
On va en avoir besoin.
Bruno!
Bordel!
Tu peux leur dire de se taire?
C'est compris?
Bruno, qu'est-ce que j'ai dit?
Dis-leur de se mettre en place.
On n'est pas là pour s'amuser!
Quoi encore?
- C'est Costa.
- Passe-le-moi.
T'es où?
Non, attends!
Où sont mes Indiens, bordel!
Où est Daniel, merde?
Journée agitée à Cochabamba.
Dès l'aube, les agriculteurs
ont bouclé la ville.
Ouvriers agricoles, fermiers
et citadins souffrant du manque d'eau
menacent de radicaliser leur action
dès la semaine prochaine.
Des centaines de personnes
du secteur privé
se sont jointes aux agriculteurs
qui maintiennent les moyens de pression.
Bruno,
ça sent le roussi.
- On va pouvoir tourner?
- Bien sûr.
L'armée incite à la violence.
S'ils ne sont pas écoutés,
les manifestants paralyseront la ville.
Dans plusieurs quartiers,
de graves affrontements ont eu lieu...
Quel enfoiré !
…les points clef sont bloqués...
Quelle brute!
…des jeunes violents
affrontent la police...
C'est Daniel?
Ils l'ont défiguré!
Quel con!
Il va aller en taule.
Quoi?
Qu'est-ce que t'as, ivrogne?
Sans la scène de la croix,
Il n’ y a pas de film.
On est bien d'accord?
Cris? C'est Costa.
Combien en liquide, on peut avoir
pour ce soir?
Oui, ce soir.
$5,000.
Ok.
Daniel s'est fait arrêter...
Écoute-moi.
Trouve où il est,
fixe-moi un rendez-vous avec le commissaire.
Pour tout de suite.
Autre chose.
Préviens l'équipe:
demain, on tourne la scène de la croix.
Je me fiche de ce qu'on fera après.
C'est ça, grouille-toi!
Il ne va pas m'avoir, ce con!
Viens!
Voici 2000.
Il faut qu'il finisse le film.
D'accord.
À une condition:
dès qu'il aura fini,
je le ramène.
Non.
Ok.
- On ne peut pas accepter ça.
- Si!
Pas question.
On peut en parler?
Vous permettez?
Excusez-nous.
- Costa!
- Quoi?
Et s'ils le tabassent
et le tuent après?
Disparition du corps, torture.
Ils sont capables de tout!
J'aurais ça sur la conscience.
Il est déjà en taule,
on n'y est pour rien.
Et il nous a entubés.
Cette scène est capitale.
- Déconne pas!
- Je sais.
On accepte.
Mais on le prévient.
Si tu veux.
Mais après, la dernière scène,
sinon il va se tirer.
Ne déconne pas, c'est risqué!
- Tu fais chier.
- Je ne peux pas.
Si, tu peux!
Si, tu peux!
Daniel Aduviri!
T'avais promis.
T'as pas respecté notre marché.
L'eau, c'est la vie.
Tu ne comprends pas.
Merci, les gars.
Alors, tu as passé la nuit à vomir.
Je ne sais pas si j'y arriverai.
T'es le cinglé qui nous a entraînés ici
et tu te dégonfles.
Tu sais quand j'ai compris
que t'étais barge?
Il y a 7 ans.
Tu m'as appelé à 2 h du mat'.
Tu t'en souviens?
Faut que t'écoutes ça, Costa!
Tu disais qu'un curé avait écrit ça,
Montesinos, au XVIe siècle.
Et moi, rien à cirer!
J'étais dans un bar,
la musique à fond,
je me cuitais avec des potes.
Je n’entendais rien et tu ne me lâchais pas,
t'arrêtais pas.
Depuis une humble chapelle en paille...
un homme contre un empire,
une voix clamant dans le désert:
Ne sont-ils pas des hommes?
N'ont-ils pas une raison et une âme?
N'êtes-vous pas tenus de les aimer
comme vous-mêmes?"
C'est ça qui t'a saisi.
Ça t'a hanté.
Ça s'est mis là-dedans,
comme un virus.
T'es pas du genre à baisser les bras.
Pas du tout.
Tu ne peux pas renoncer.
Allez!
Qu'est ce qui ne va pas?
Courage!
Allez...
Allons-y.
On y va?
On continu!
Allez, on y va.
Amenez-les:
femmes, enfants, vieillards!
Tout le monde doit voir ça.
Je vous en supplie!
Ça dressera les Indiens contre nous
pendant des générations.
La Couronne vous jugera!
J'en doute.
Ce n'est pas chrétien!
Prenez-en 13 et libérez les autres.
Un par apôtre et un pour le Christ.
Vous voulez les choisir?
C'est un sacrilège.
Non, mon père.
C'est pour l'exemple.
Unissez-vous aux franciscains
et sauvez leurs âmes.
S'ils en ont une.
S'il s'en mêle, arrêtez-le!
Les évangélistes:
Mathieu.
Marc.
Luc.
Jean!
Mon père, aidez moi.
J'ai oublié leurs noms!
- Cesar.
- Carlos.
- Manolo.
- Paco.
Federico.
Felipe.
Qui va faire le Christ?
Je te baptise et les portes du ciel
te seront ouvertes.
Sinon, tu brûleras en enfer.
Au nom du Christ,
tu peux encore sauver ton âme.
Apprends à différencier
le ciel de l'enfer.
Demande pardon au Seigneur.
Je te baptise
et les portes du ciel
te seront ouvertes.
Sinon, tu brûleras en enfer.
Il a bien compris?
Les chrétiens vont au ciel?
Les bons, oui.
Alors, envoie-moi en enfer!
Silence!
Voilà ce qui vous attend
si vous défiez les chrétiens!
Que disent-ils?
Je méprise votre Dieu!
Je méprise votre convoitise."
Que Dieu leur pardonne!
Faites-les taire!
Que disent-ils?
Son nom!
Grâce à vous, on ne l'oubliera jamais!
Coupez!
Les gars,
merci, c'était génial!
Tu vas réussir!
Daniel Aduviri?
Venez!
On vous arrête.
Reculez!
Excusez-moi!
Du calme, s'il vous plaît!
S'il vous plait!
On les chope!
Lâchez-le!
J'hallucine!
Je n’en reviens pas...
Selon la délégation de l'eau,
si Aguas de Bolivia ne se retire pas,
le bouclage des routes
et de la ville sera maintenu.
La délégation
souhaite donc maintenir le blocus,
ce qui continue
à entraver la circulation
Le gouvernement
a déclaré l'état d'urgence.
La Paz a envoyé
des forces spéciales de police
pour réprimer
le vandalisme et la violence.
La place du 14 Septembre
est toujours investie par le peuple.
Les routes reliant Cochabamba
au reste du pays
resteront bloquées.
Selon le vice-président de la République,
ces agissements subversifs
visent à déstabiliser
un gouvernement constitutionnel
démocratiquement élu.
C'est une action opportuniste
qui cherche à faire sombrer le pays
dans le chaos.
Les gars!
Les gars!
J'ai peur.
Je veux un billet de retour
tout de suite!
Moi aussi.
Arrêtez,
nous laissez pas tomber!
Vous ne pouvez pas nous laisser en plan.
- Il y a un contrat.
- Fais pas chier,
- Tu ne peux pas assurer notre sécurité!
- Si, je peux!
Tais-toi et écoute-moi!
À 8 heures d'ici,
il y a un paysage identique
et l'endroit est sûr.
J'ai peur!
Tu comprends?
Peur.
Je viens d'avoir un enfant.
Je ne veux pas morfler
si le conflit explose!
Détalez, petits lapins!
Espèces de trouillards!
- Que ferait ton pote Bartolomé?
- Je t'emmerde!
Tu plains les Indiens
et là, ils peuvent crever!
Je les emmerdes!
Qu'est-ce qu'on peut faire?
On te l'a dit,
Changer d'endroit et finir le film!
Voilà ce qu'il faut faire!
On leur doit bien ça!
Le lieu est sûr.
J'ai tout arrangé,
on a même une sécurité privée.
On remballe
et on part avant qu'il soit trop tard.
On peut encore passer?
Pour le moment.
S'il vous plaît!
Vraiment...
je vous en supplie.
Moi, j'y vais!
Allez!
Faites un effort.
- D'accord.
- Merci.
Costa, tu m'entends?
On part à l'instant.
D'accord, parfait.
Allez-y, nous attendez pas.
On vous rattrapera.
Bye.
Ils vont barrer la route.
Faut y aller!
En voiture, on y va!
On attend qui?
Les costumes, comme d'hab!
Vite!
Teresa, qu'est-ce qu'il y a?
S'il te plaît, c'est ma fille.
Elle jouait avec les voisins
et elle est partie à la manifestation.
- À la manif?
- Elle est blessée.
On m'a prévenue.
Elle est blessée?
Des voisins qui étaient là-bas
m'ont dit qu'elle était blessée.
Comment t'as pu la laisser partir?
Si je n’y vais pas, elle va mourir.
Aide-moi!
Faut l'emmener à l'hôpital.
Elle perd tout son sang.
Je suis désespérée.
- Comment je dois te le demander?
- Je t'envoie quelqu'un.
Non, pas quelqu'un d'autre!
Ils laissent passer personne.
Il y a des policiers partout.
Avec toi, on pourra peut-être passer.
C'est impossible.
L'équipe m'attend, on doit partir.
S'il te plaît,
il n’y a que toi qui peux m'aider.
- Il n'y a que toi
- Quoi?
Aide-moi, je t'en supplie.
Attends-moi ici.
Il est arrivé quelque chose à Belén.
Elle est blessée.
Bordel!
Je dois l'accompagner.
Pas question!
Ne va pas là-bas, c'est une zone de guerre.
- Elle m'a demandé.
- Tu ne peux rien faire!
Fais pas chier, dis-lui que tu ne peux pas.
Dis-lui que l'équipe a besoin de toi.
- Je t'envoie quelqu'un.
- Aide-moi, s'il te plaît.
Aide-moi.
Ne me laisse pas.
Personne d'autre ne peut,
Ils ne le laisseront pas passer.
Je ne peux pas y aller.
Je suis le responsable de l'équipe.
Je ne peux pas les laisser.
C'est impossible!
On y va, merde!
- Allez!
- Tu es un ami.
Attends!
Une seconde, Bruno!
- J'emmène Belén à l'hôpital.
- T'es cinglé!
Écoute-moi!
Cette émeute va finir et on l'oubliera.
Notre film durera toute la vie.
Si jamais il t'arrive une merde,
tout tombe à l'eau!
Tu vas m'écouter!
Écoute-moi, une fois dans ta vie!!
S'il arrive un malheur à la petite,
je ne me le pardonnerai pas.
L'armée va tirer dans le tas
et tu risques d'y passer!
- C'est une gamine.
- T'y peux rien!
Comprends-moi, je ne peux pas la laisser.
Aide-moi, s'il te plaît.
Rends-moi service, pars avec eux.
Je ne peux pas la laisser.
Pars avec eux.
Teresa, allons-y.
Ils disent que c'est bloqué.
On ne peut pas passer.
Tourne ici.
Par là?
... les bureaux
de la compagnie des eaux.
Je suis au coin de la rue.
À quelques mètres seulement.
J'aperçois le drapeau.
Les soldats sont retranchés
derrière leurs boucliers.
Ils sont équipés de fusils,
de balles en caoutchouc, de gaz lacrymogène,
et de pire encore, je crois.
La scène est impressionnante.
Des citadins de tous âges, des fermiers
et des cultivateurs de coca
s'alignent aussi.
Ils s'apprêtent à charger.
Ils sont environ 2000
et les gens affluent
des rues adjacentes.
Ils y vont!
Une foule de citoyens avance,
armée seulement de bâtons!
On fait quoi?
Je vais leur parler.
Merci!
L'armée ouvre le feu.
Avec de vraies balles!
Il y a des morts.
Les manifestants ne reculent pas.
Des pierres contre des balles l
Des corps s'effondrent autour de moi.
Il y a des dizaines de blessés...
Réponds, Costa, putain!
Sur le côté!
C'est fichu, on n'ira pas plus loin!
Bordel de merde!
Baisse-toi!
Belén, ma chérie,
qu'est-ce qu'ils t'ont fait?
Qu'est-ce qu'ils t'ont fait?
Je suis là, ma chérie.
- Une parente?
- Sa mère. Comment elle va?
Ca s'aggrave.
Elle est très faible.
On va à l'hôpital en voiture,
on en prend d'autres.
Il y a des barrages de police.
Comment vous passerez?
En payant, ça se fait.
Très bien.
Belén,
c'est moi, Costa.
Où est papa?
T'inquiète pas, il va venir.
Je suis là, t'es plus toute seule.
Je ne sens pas ma jambe.
Tu m'entends?
On va t'emmener à l'hôpital.
Qu'est-ce qui se passe, merde?
On fait notre boulot!
Ils sont descendus.
Qu'est-ce qu'ils font?
Ferme-la, connard!
L'enfoiré!
Il lui a brisé la nuque!
Du calme!
- Fils de pute!
- Ferme-la!
Qu'est-ce que c'est que ce bordel?
Regarde ça!
Regarde, putain!
Qu'est-ce qu'on fout ici?
Regarde ce qui se passe!
Sebastián,
on ne va pas plus loin.
C'est décidé, on va à l'aéroport.
Rends-toi à l'évidence, Sebastián.
C'est fini!
Moi, je reste.
C'est fini, on s'en va!
María, on part avec eux.
Viens! Je prends ta valise.
Sebastián, viens!
Tête de mule!
Tu t'en vas aussi?
Désolée.
Viens avec nous.
- Antón?
- Moi, personne ne m'attend.
Hey, vous ne pouvez pas parler
aux prisonniers!
- Je peux la voir?
- Allez-y.
Docteur, comment elle va?
On est intervenus à temps.
Elle a perdu du sang,
mais elle est stabilisée
et s'en sortira.
- Seulement...
- Quoi?
On a sauvé sa jambe,
mais elle aura des séquelles.
Elle aura du mal à marcher,
si jamais elle remarche.
Je dois retrouver son père.
Merci, docteur.
Où est l'armée?
Arrêtez la lutte!
L'eau est à vous!
Arrêtez la lutte!
L'eau est à vous!
Comment va Belén?
On parle de vous partout.
Une multinationale
perd la guerre de l'eau en Bolivie
C'est toi, là.
On paie toujours le prix fort.
C'est dur.
Si seulement il y avait un autre moyen.
Mais il n’y en a pas.
Je sais.
Le plus dur reste à venir.
Qu'est-ce que tu vas faire?
Je ne sais pas.
Aider Sebastián à finir ça.
Coûte que coûte.
J'ignore où et comment.
Et toi, tu vas faire quoi?
Survivre, comme d'habitude.
On est doués pour ça.
Je t'aiderai avec Belén, promis.
Tu reviendras?
Je ne crois pas.
Un cadeau.
Merci beaucoup.
Tu as sauvé la vie à ma fille.
Je ne l’oublierai pas.
Je dois y aller.
Prends soin de toi.
S'il te plaît.
Prends soin de toi.
Toi aussi.
Synchro Truc007