Ce message est dédié à mes confrères
francophiles
qui se trouvent alarmés ou même offusqués
à l'idée d'abolir le français en tant
qu'une des langues officielles de la
République d'Haïti
mettons bien que je parle en tant qu'une
haïtienne véritablement éperdue de la
langue française. J'avoue que ma
fascination et mon respect, non seulement
envers la richesse de la langue, mais
également envers ceux qui maitrisent cette
langue est sans borne. Cependant, ces
jours-ci, je rejette la langue française.
Je la méprise autant certains de mes
compatriotes méprisent la langue créole.
Et par conséquent, j'ai beaucoup de mal à
m'exprimer en Français. Certains diraient
même que je perds mon français. Et je
trouve ça dommage que les haïtiens
prétendent si souvent perdre quelque chose
qui jamais et nul part ne leur appartiens.
Je dis tout cela et pourtant je m'efforce
aujourd'hui de présenter ces idées en Français
c'est parce que je m'adresse à ceux
d'entre vous qui auraient du mal à me
prendre au sérieux si j'aurai choisi de
partager ces idées dans ma langue
maternelle. Il faut que vous compreniez le
tort que vous faites au Pays. Je veux vous
amener à prendre conscience de ce tort et
j'espère que j'y arriverai en Français.
Donc ce que j'observe en Haïti et pour les
haïtiens qui vivent en Haïti
spécifiquement, c'est que le Français
n'est pas un outil de communication qui
facilite et qui permet même les échanges
des idées ou le passage des mœurs et des
cultures ou l'expression des convictions.
Au contraire, cette langue elle nous
démunie de la chose, je pense, la plus
précieuse et la plus remarquable de
l'humanité, qui est la conversation. Le
Français est devenu rien de plus qu'un
moyen supplémentaire de segmenter la
population haïtienne. Un moyen qui vous
permet d'identifier d'un coup ceux qui
méritent vos bonnes manières et ceux qui
méritent votre dédain. Ou encore ceux avec
qui vous marchanderez et ceux à qui vous
chargerez double. Donc ça ne sert pas
vraiment à communiquer correctement. Et
j'ai beaucoup observé le mauvais
traitement que les haïtiens reçoivent en
Haïti parce qu'ils n'arrivent pas à
s'exprimer en Français. Une langue
coloniale, une langue que l'on n'enseigne
même pas à la majorité des haïtiens, une
langue qu'en dépit du fait qu'elle a
dominé notre système éducatif pour plus de
200 ans, on arrive pas à la maitriser. Donc
c'est encore une fois assez déplorable et
je me souviens bien qu'en Haïti le
Français était réservé à des formalités, à
des premières rencontres. C'était comme un
préliminaire pour affirmer sa classe
sociale et pouvoir identifier à quel
niveau une relation pourrait évoluer entre
2 personnes. Et c'était pas une langue
qu'on utilisait dans le contexte familier
avec ceux avec qui on était proches. Et il
y a quand même un groupe assez restreint
de personnes en Haïti qui insistent à
constamment converser en Français, mais
ces gens-là on les considère comme un
petit peu prétentieux ou même carrément
débiles et souvent leurs conversations
restent assez superficielles et ils
n'arrivent pas vraiment à maintenir des
relations sérieuses avec des gens en
dehors d'un cercle très restreint. Donc, à
dire que le Français est une langue
officielle des haïtiens serait vraiment
une exagération grotesque. Ce que je peux
vous dire c'est que le pourcentage
d'haïtiens qui arrivent à s'exprimer avec
aisance et avec claireté en Français peut
être moins que le pourcentage d'haïtiens
qui parlent couramment l'Allemand ou le
Mandarin. Et, bien sûr, il y a des haïtien
dans la diaspora française comme en France
et au Canada. Eux ils parlent français
parce que c'est la langue qu'on parle dans
ces pays. C'est comme : moi je parle
anglais et l'anglais est devenu ma
première langue parce que je suis bien
obligée à communiquer en anglais aux
États-Unis. Mais à dire que les haïtiens
parlent français, encore une fois, c'est
complètement faux. Ce qui arrive aussi en
Haïti, c'est qu'on substitue l'habilité de
quelqu'un à lier quelques phrases en
français comme un forme d'intelligence ou
une sorte de sagesse. On attribut
l'habilité de se débrouiller en français
comme sagesse et maintenant il y a
beaucoup d'haïtiens qui tombent dans un
piège, parce qu'ils essayent, ils se tuent
à essayer de d'imiter l'élite prétendue
francophone d'Haïti et ils perdent
complètement parce que non seulement ils
n'arrivent pas capter la langue française,
mais ils ne développent pas la langue
créole qui leur est naturelle. Donc ce qui
arrive c'est que on finit par avoir un
peuple qui n'arrive pas à s'exprimer
correctement. Et la langue créole perd
dans le vocabulaire, elle perd dans tout
et elle est constamment bloquée à un
stigmate d'infériorité. Donc c'est assez
dommage. Si vous avez l'intention de ne
pas être en accord avec ce que je dis,
considérez que pour pouvoir faire
assimiler une langue, il faut vraiment
l'apprendre dans les classes avancées et
même au-delà, à la fac, pour vraiment
pouvoir manipuler la langue assez et la
manier pour exprimer ses idées et pour se
faire comprendre. En Haïti la majorité des
étudiants ne dépassent pas les cours
élémentaires, les classes élémentaires, et
même quand on à fait le bac, en Haïti,
c'est un bac qui est pas vraiment robuste.
Donc l'habilité des haïtiens non seulement
à s'exprimer, mais à s'exprimer dans cette
langue forcée, devient vraiment minicime,
si c'est un mot qui existe. donc, ce que
je veux vous dire et je vais vous laisser
avec ce message, c'est que : pensez à
communiquer, ok? Pensez d'abord à faire
passer vos idées. Ce que vous dites est
plus important que la langue que vous
utilisez. Et il faut se rappeler de ça à
chaque fois qu'on essaie de parler avec
quelqu'un en Haïti ou avec un autre
haïtien, il faut vraiment penser que ce
qu'on dit, c'est ça qui est important.
Pensez à communiquer et non à discriminer.
Pensez à communiquer et non à
impressionner. Impressionner ça peut venir
un peu plus tard, par la suite. Pensez
aussi que les français, ceux qui sont
immergés dans la langue, ceux qui peuvent
dire que le français est leur langue
maternelle, ils disent des bêtises tout le
temps, ils font des fautes grammaticales
en parlant, mais c'est les haïtiens
seulement qui ont ce qu'on appelle le
suret. C'est à dire que nous haïtiens qui
essayons avec beaucoup de malaise de
parler cette langue, on ne peut même pas
faire des fautes en parlant. La moindre
bévue nous soumet à toutes sortes
d'humiliations et de discrimination dans
notre propre pays. Et ça je pense que
c'est incroyablement insensé et c'est
cruel, presque cruel. Donc c'est
impardonnable. Soyons un petit peu plus
progressifs, pensons à communiquer encore
une fois. Et si on arrive à communiquer,
peut-être qu'on arrivera plus facilement à
faire quelque chose de positif dans notre
pays. Et ben voilà, je sais pas si vous
avez remarqué, mais ça m'a pris... c'est
assez difficile pour moi de m'exprimer en
français donc, mes amis francophiles,
j'espère que vous avez apprécié mes
efforts, même quand je sais que ça n'était
pas parfait et j'espère que ça vous à plu,
un petit peu au moins. Et puis c'est tout!
Encore une fois, moi je m'appelle Marilyne
je suis une ambassadrice d'espoir pour
Haïti et ça m'a fait grand plaisir de vous
parler aujourd'hui. À plus!