Je m'appelle Tabatha Coffey
et je suis une salope.
(Rires)
Ce n'est pas une plaisanterie.
Donc...
Que celles qui pensent être
une salope lèvent la main !
(Rires)
Je vois qu'on a du boulot !
Dans 10 minutes environ,
je veux toutes les mains levées
fièrement, chez vous toutes.
Il y a dix ans,
j'ai plongé dans le monde de la télévision
et je dis « plonger » littéralement.
J'ai participé à un concours télévisé
qui mettait en compétition des coiffeurs.
Ça a été dur.
Il m'a fallu vivre douze semaines
loin de mon entreprise,
de ma famille,
séquestrée dans une maison
avec onze inconnus.
Vivre avec eux 24 heures sur 24.
Ce fut une expérience incroyable.
J'ai adoré ça.
Je suis une combattante,
comme la plupart d'entre vous.
À la fin,
je suis rentrée,
à la maison, à mes affaires
et j'ai continué ma vie.
Quelques semaines plus tard,
mes clients étaient ravis de me voir
en compétition dans cette émission.
Quelques semaines passent encore.
Au bout de quatre semaines environ,
j'achetais des chaussures à Nordstrom.
De l'autre côté du centre commercial,
une femme m'a reconnue et balancé :
« Oh mon dieu !
Tu es la salope de la télé ! »
(Rires)
Je n'ai pas ri comme vous tous là.
J'en ris maintenant, mais sur le coup,
je n'ai pas trouvé ça drôle.
Ça m'a même mortifiée,
et -
ce n'était certes pas la première fois
qu'on me traitait de salope
et sans doute pas la dernière fois,
mais de la part d'une inconnue
qui m'a reconnue
et hurlé pour tout le centre commercial
que j'étais une salope à télé,
ça m'a vraiment coupé le souffle.
C'était incroyable.
Ce ne fut pas la seule fois, au contraire,
ça a continué,
et continué,
et encore, et encore.
Alors, je suis allée creuser,
lire des blogs
et ce que les gens disaient à mon sujet.
Il y avait littéralement des milliers
de gens qui me traitaient de salope.
Dire que ça m'a tétanisée
est un euphémisme.
J'étais pétrifiée.
Car...
je suis une dure à cuire,
je suis honnête
et je suis forte.
Et j'ai toutes les qualités
qu'on devrait toutes posséder
pour réussir dans les affaires
quand on est une femme.
Mais jamais je ne m'étais considérée
comme une salope.
Alors j'ai dû prendre du recul
et vraiment réfléchir
sur les événements et pourquoi
les gens me traitaient une salope,
pourquoi ils pensaient
que c'était acceptable
d'aborder une inconnue en disant :
« Mais quelle salope t'es ! »
(Rires)
Je sais maintenant que c'est plutôt cool
d'être une salope.
(Rires)
Pas vrai ? Aujourd'hui,
c'est même plutôt tendance.
Mais même si c'est cool maintenant
et qu'on interpelle nos amies :
« Eh alors salope, ça roule ? »
(Rires)
Pas vrai ?
D'ailleurs, nos hashtag sur Instagram
disent : « Un look de vraie salope ».
On balance ces mots
comme si de rien n'était.
Mais quand on nous traite de salope,
par qui que ce soit,
que ce soit une personne connue,
un collègue, un ami,
ou un parfait inconnu,
ça nous blesse.
On a l'impression d'être
poignardée en plein cœur.
Et ça fait mal.
Le truc intéressant,
et on en parle tout le temps,
il y a des livres à ce sujet,
et même des chansons.
Si vous êtes une femme forte,
si vous vous exprimez avec autorité,
si vous ne vous prosternez pas
devant les gens,
si vous dites ce que vous pensez,
si vous avez suffisamment d'ego,
si vous êtes super confiante en vous
et vraiment, vraiment passionnée,
vous êtes une salope.
Mais ces qualités chez un homme
font de lui un battant,
un bon dirigeant,
quelqu'un qu'on veut dans son équipe,
quelqu'un de très fiable
qui trouvera une solution aux problèmes.
Peut-être même le Président.
(Rires)
Ouais.
(Applaudissements)
Mais ces qualités chez nous, les femmes,
nous mettent dans la case des salopes.
Le plus gros problème, selon moi, c'est
que nous sommes impitoyables entre nous.
Les femmes se traitent de salope.
Et ce n'est pas mimi, à la Instagram :
« un look de vraie salope ! »
« Je suis avec ma meute. »
C'est sans affection.
(Rires)
C'est le : « Je vais savamment te dépecer
et te remettre à ta place ».
Parce que ce mot,
je l'ai étudié
et j'ai fait des recherches,
n'a pas d'équivalent masculin.
Aucun. Nada.
Il est destiné à diminuer notre aura,
à nous faire perdre confiance en nous,
à nous faire douter de nous-même,
et nous faire remettre
en question nos choix :
« Devrais-je faire autre chose ?
Je l'ignore. »
Voilà l'effet de ce mot sur nous.
On peut certes en rire, comme maintenant.
Néanmoins, ça continue de nous blesser.
Quand on l'inflige à nos sœurs,
et je parle de solidarité entre femmes,
ce n'est pas bien.
Combien de fois êtes-vous
sortie de réunion,
ou allée récupérer les enfants à l'école,
ou allée à un cocktail,
et vous avez pensé d'une femme :
« Oh, mais quelle salope ! »
Quand au fond,
elle ne l'était peut-être pas.
Peut-être qu'elle était juste
un peu plus honnête que vous.
Peut-être qu'elle a simplement
exigé ce qu'elle voulait
sans excuse ou justification.
Serait-elle une salope parce qu'elle
a de plus belles chaussures que vous ?
Est-ce une raison
pour la traiter une salope ?
Serait-ce pour cette raison, par jalousie,
que nous nous infligeons ça ?
Que nous voulons
nous décrédibiliser un peu ?
Parce qu'on n'est vraiment pas
en train de s'aider ainsi.
Or, nous devrions promouvoir notre
développement et arrêter les commérages.
Nous devons cesser de nous nuire
entre femmes.
Lorsque je regarde une femme,
et j'en ai rencontré
des centaines de milliers
puisque ça fait trente-six ans
que je suis coiffeuse,
et que ce sont toujours des femmes
qui s'assoient dans mon salon.
La raison pour laquelle je suis
passionnée par ce que je fais,
c'est que je comprends.
Je ne comprends pas les hommes aussi bien
parce que je n'en suis pas un.
Toutefois les femmes,
je nous comprends,
je connais nos insécurités,
je comprends à quel point
nous travaillons,
je comprends que tout le monde attend
de nous la perfection en permanence,
et que c'est vraiment, vraiment épuisant.
Je comprends que quand on a un rancard,
qu'on va à une soirée,
à une réunion de travail,
ou simplement en se levant le matin,
il y a de la pression sur nous.
Et ça sans prendre en compte
les enfants, le mari,
et tous ceux qui s'agrippent
à nous continuellement.
Je sais tout ça !
Alors, lorsque je regarde
l'une de mes sœurs,
pourquoi la traiterais-je de salope ?
C'est comme si je me traitais
moi-même de salope.
On se mortifie.
Quand vous regardez une autre femme,
vous regardez votre reflet.
Permettez-moi de vous le dire,
le fait que nous soyons des femmes,
et que nous pouvons créer la vie,
car il n'y aurait littéralement personne
assis ici ce soir sans une femme...
Mais oui ! -
est extraordinaire.
C'est extraordinaire.
Pour surmonter de me faire traiter
de salope tout le temps,
j'affronte mes peurs.
Pour les vaincre
je les regarde en face et je les gère.
Après réflexion,
j'ai trouvé une définition
de salope qui est un mélange
de Bravoure,
[salope en anglais : bitch ]
d'Intelligence,
de Ténacité,
de Créativité
et d'Honnêteté.
Et je mets au défi quiconque
dans cette pièce,
homme ou femme, qui ne désire pas
avoir ces qualités dans la vie.
Nous tous ici, homme ou femme,
nous sommes courageux :
inutile d'aller terrasser un dragon,
sortir de son lit le matin peut
s'avérer un acte de courage
pour affronter notre journée.
Nous sommes des combattants.
À mes yeux, l'intelligence n'implique pas
les diplômes ou le niveau de culture.
Ils en font partie certes,
mais il y a aussi l'intuition,
la compréhension,
l'accompagnement, savoir quand être là
et quand se mettre en retrait.
Ce sont des qualités où nous,
les femmes, nous excellons.
La ténacité, bien sûr.
Avez-vous déjà essayé d'importuner
l'enfant d'une femme ?
Je veux dire, sérieusement !
Nous sommes tenaces et si nous
voulons une chose, rien ne nous arrête.
Souvenez-vous de ces chaussures
dont vous mourez d'envie.
Vous n'en avez pas les moyens,
mais comme par magie, l'argent apparaît
et voilà, de nouvelles pompes aux pieds.
(Rires)
Ça, c'est de la ténacité !
La créativité, c'est regarder
les choses autrement.
Nous sommes douées pour ça,
nous les femmes.
Nous sommes les pros du multitasking :
nous sommes créatives.
Non seulement nous trouvons
les moyens pour ces chaussures,
comme par magie, grâce à notre créativité,
mais nous jonglons aussi avec différents
emplois du temps, nous réglons des choses.
C'est inné chez la plupart d'entre nous.
Quant à l'honnêteté, ça devrait être
la seule façon de vivre, pour nous tous.
Pour moi, être sincère,
c'est être suffisamment honnête
pour ne pas me détourner en traitant
l'une de mes sœurs de salope
et avouer :
« Vous savez quoi ?
Je suis un peu jalouse.
Parce que ce qu'elle fait
est très impressionnant,
et ça me donne envie ».
« Vous savez quoi ?
Je n'ai pas eu ce boulot,
ou je n'ai pas eu ce que
je voulais plus que tout.
Elle l'a eu. Bravo à elle.
Quelle leçon vais-je en retirer ?
Comment être meilleure ?
Comment puis-je apprendre d'elle
afin de m'améliorer,
au lieu de la traiter de salope.
Cela ne nous grandira jamais.
Ça ne va pas résoudre les problèmes que
les femmes, je pense, peuvent résoudre.
Donc, si vous adoptez ma définition
d'agir avec bravoure, intelligence,
ténacité, créativité et honnêteté,
Je vous encourage toutes à y songer
au moment de prendre une décision.
Et la prochaine qu'une personne
vous dira : « Quelle salope ! »,
souriez et répondez :
« Merci et en effet, vous avez raison.
Je m'efforce d'être la meilleure
des salopes. »
Merci Saint Louis.
(Applaudissements)