Oui, je suis la mathématicienne qui va vous permettre de coucher. (Rires) Pour commencer, regardez cette équation. Je crois que voici la source de votre premier orgasme. En fait, ce sont des équations très sophistiquées qui modélisent un mariage heureux. Ces équations sont une avancée, car c'est la première fois que des maths vraiment sophistiquées sont utilisées dans un contexte amoureux. Et elles prédisent avec une précision de 95 % si des jeunes mariés seront encore ensemble dans six ans. Comme vous voyez, « W » représente la femme, et « H » le mari. On a modélisé des jeunes mariés parlant de sujets de désaccord éventuel, comme la belle-famille ou l'argent. On a ensuite modélisé les réponses selon la manière dont chaque partenaire réagissait à l'autre. On y a inclu le langage corporel. Ce qui en est sorti, c'est cet intéressant facteur d'influence, là-bas tout au bout, qui révèle qu'en fait, les couples qui réagissent le moins l'un à l'autre, ont les meilleures chances d'avoir un mariage heureux. Ce qui veut dire... (Rires) Je vois de gens hausser les épaules : « On le savait ! » Les couples qui faisaient le moins de compromis restaient ensemble plus souvent. C'est très intéressant, car beaucoup de thérapies sont basées sur l'empathie. Vous qui venez de rire, vous ne dites peut-être pas à votre conjoint quand il rentre : « Oui, Chéri. Voilà un martini. Laisse-moi te masser les pieds. » En fait, ce n'est sans doute pas la meilleure façon de procéder. Peut-être que la meilleure façon, selon les maths, c'est d'avoir des standards élevés, et la voie à suivre consiste à trouver des façons de les atteindre. Les maths sont la science des modèles. Tous ces symboles ici, représentent des modèles. Vous voyez ? On synthétise les modèles. On a l'habitude de rencontrer les maths en physique ou en sciences de l'ingénieur. C'est parce qu'ils se fréquentent depuis longtemps. Vous savez, E=mc². Ça fait très 1900. Les choses ont évolué. Depuis le début des années 80, on trouve des maths dans les analyses de marché ou de risques. C'était très tendance. Et depuis les années 90 ou même 2000, on voit les maths faire leur apparition dans les sciences humaines : comme la psycho, la sociologie, l'anthropologie, ou la biologie. De nouvelles maths apparaissent chaque jour. Je vous en ai apporté un peu pour vous rappeler comment ça marche. Voici une recherche récente qui s'intéresse à l'utilisation d'antibiotiques, et comment les prescrire en cas de tuberculose pour guérir le patient tout en évitant une résistance aux antibiotiques. C'est sorti il y a quelques semaines. Cette équation montre comment une opinion se diffuse dans une population, et les conditions d'opinions coexistantes ou d'un consensus généralisé. Voici une de mes préférées. Je n'ai pas pu résister. Elle date de 2009 et explique comment créer le chocolat parfait. Celui qui fond dans la bouche, pas dans la main. Oui, ces équations sont très sexy. Je suis sûre que vous êtes d'accord. Les maths sont omniprésentes : on les utilise pour tout aujourd'hui. On ne va donc pas s'étonner de rencontrer des équations pour l'amour. L'amour, c'est nul. Je sais que vous le savez tous. Parce qu'au début, on est tout excité. Mais après, on a peur. « Oh mon Dieu. Je n'ai pas mangé. » On garde les yeux rivés au téléphone, « Allez, sonne ! » Quand on reçoit un SMS de deux mots, on fait une danse de la victoire parce que vous allez conclure. (Rires) Donc ces équations montrent quels traits de personnalité sont susceptibles de se trouver ensemble pour avoir un amour complice plus stable. Certaines personnes ont en permanence des hauts et des bas. Imaginez-vous sortir avec Charlie Sheen. Ça ressemblerait,... à une perpétuelle non-conclusion. A ceci aussi. (Rires) On perd vite le contrôle, mathématiquement parlant. Pour vous expliquer, ça concerne un élément à détecter : Surestimez-vous les qualités de votre partenaire ? On a tendance à se comporter comme des parents fiers. « Il est brillant et super sexy. » Les autres sont peu impressionnés, et marmonnent... Enfin bref. (Rires) Voici une autre sorte de maths. Les hommes affirment avoir des relations sexuelles deux à quatre fois plus souvent que les femmes, en moyenne. Cela n'a pas de sens ! (Rires) C'est impossible. (Rires) Vous pensez peut-être : « Il y a les prostituées. Et mon ex, alors ? Il couchait avec tout le monde. » Non. Chaque fois qu'un homme a une relation sexuelle avec une femme -- il y a des moyennes pour d'autres tendances -- mais dans un échantillon suffisamment grand, l'inverse doit être plus ou moins proportionnel. Voici une démonstration. Ici, Charlie Sheen, Il a couché avec tous le monde. (Rires) Le type d'à côté, une partenaire. une, une, une. Cela détermine le résultat pour les femmes. La première a un partenaire. Les autres en ont eu deux. 2, 4, 6, 8 et 9. On divise 9 par 5. A droite, 5, 6, 7, 8, 8, 9. 9 divisé par 5. Chaque fois qu'un homme a fait l'amour avec une femme, ça influence les deux moyennes. D'où vient cette différence, alors? Il semble que quand les enquêtes sont confidentielles et anonymes, les gens sont très honnêtes si on leur pose des questions osées. (Rires) On pense que la différence provient de la stratégie pour compter. Quand on énumère, on a tendance à sous-estimer. Quand on fait des approximations, on a tendance à surestimer. Les femmes, visiblement, énumèrent : « Justin, Brad, le mec avec les biceps sexys. Fin. » Les hommes, par contre, pensent : « 20 par an ces cinq dernières années. » (Rires) C'est le topo. Mon indice préféré au sein de toutes ces données, c'est que 80% des résultats masculins sont divisibles par 5. (Rires) Les mathématiciens détectent le menteur immédiatement. (Rires) Revenons vers d'autres courbes. Il y a des courbes dans les hormones féminines. Ces équations expriment les mécanismes à l'œuvre dans le corps des femmes -- comment le corps sait que 28 jours sont passés. Elles sont basées sur la compréhension de la raison pour laquelle les femmes ont leurs ovules immatures prêts à partir. On parle souvent des hormones féminines. Mais j'ai aussi des équations sur les hormones masculines. Elles sont - - (Rires) Ce sont des vraies équations. Je ne les ai pas inventées. Elles modélisent la relation entre le cerveau et les testicules, en termes de fluctuations quotidiennes. (Rires) Je vous jure que c'est vrai. La testostérone, par exemple, a un pic le matin, et une chute en soirée. Mais en général, il y a une mini-poussée de testostérone toutes les 2 à 2 heures et demi entre ces deux moments. Vous comprenez ce que ça signifie ? Surtout les femmes. Si vous demandez un truc à un mec, et qu'il refuse, attendez une demi-heure, et re-demandez... (Rires) Essayez jusqu'à arriver au moment creux. Il y a une raison pour ça. Les pics ont leurs propres raisons aussi. Vous voyez, on s'amuse beaucoup. Je pourrais continuer longtemps sur les maths et les problèmes sexuels. En fait, ce qui me fascine, c'est notre cerveau incroyable, l'impact de notre pensée abstraite, et son pouvoir. Je vais modifier les paramètres un tout petit peu : que pensez-vous qu'il se passe si on pense au sexe avant de faire des maths ? Parce qu'en fait, c'est pas super gênant. Cela améliore même certains processus cérébraux. En fait, il y a deux sortes basiques de processus cérébraux. On peut penser de manière générale ou locale. La forêt ou les arbres. Quand on résout un problème, on démarre souvent avec une approche générale, pour ensuite creuser et suivre les pistes qui mènent aux solutions. On est en train de découvrir, à travers des recherches récentes, que c'est lié à la pensée créative, opposée à la pensée analytique. En plus, on constate qu'il est aisé de les manipuler. Si les gens pensent à l'amour avant de résoudre des problèmes, ils seront meilleurs dans l'approche générale, le point de départ, la partie créative. Mais si les gens pensent au sexe, ils seront meilleurs au processus individuel de la résolution de problèmes. C'est aussi simple que ça. Il y a une question plus importante qui m'intéresse. Qu'est-ce que ce truc, appelé mathématique, qui existe depuis 2000 ans, qui apparaît dans le monde de manière indépendante, mais devant laquelle tant de personnes se sentent démunies ? Il y a quelque chose de bizarre. On ne peut pas envisager quelque chose de si récent, avec quelques personnes munies d'un morceau de cerveau supplémentaire. Cela n'a pas de sens. Il s'agit de trouver les bons mécanismes. Voici un de mes bulletins d'école, en français. Mes parents étaient des explorateurs, à la recherche de soirées extravagantes. En fait, je suis le rejeton conservateur d'une famille extravagante. Nous vivions à Cannes. Les soirées y sont géniales ! Mais regardez ! J'ai 2 sur 20 en math. J'obtiens mes meilleurs résultats en travaux manuels : 15 sur 20. J'ai fait de la menuiserie. (Rires) J'ai une vision très claire de ce qu'est la vie sans les maths. J'ai découvert les maths à 18 ans, en arrivant en Australie. C'était la première fois que je rencontrais une chose aussi pure, une chose si extraordinaire. Vous voyez, la reconnaissance de modèles est au cœur du règne animal. Même les reptiles font la distinction entre une proie, un ennemi à combattre, ou un congénère sexuel. Même les méduses savent la direction vers la surface ou vers les profondeurs. Le concept des nombres aussi, est profondément ancré dans le règne animal. Un troupeau d'animaux reconnaît si un autre troupeau est plus grand que le leur. On peut même apprendre à un rat à pousser sur un levier, un nombre approximatif de fois pour obtenir de la nourriture. J'ai utilisé le terme approximatif. En fait, le rat n'a pas de conscience, ni de capacité linguistique, qui lui permet de capter, de dompter ces sensations innées. Si le rat pousse 3 fois le levier, 1, 2, 3... il y arrive plus ou moins. Mais s'il devait le faire 16 fois, la pauvre bête va pousser et pousser sans savoir quand elle a atteint 16. C'est pareil pour nous. Dans une expérience où on ne peut pas compter, on fera la même erreur que le rat. L'homme est allé plus loin. Par exemple, 2+5 = 5+2. On peut interchanger l'ordre des éléments, et obtenir le même résultat. On est encore allés plus loin. a+b = b+a On peut substituer n'importe quel nombre fini, qui nous est inconnu dans une formule, et ça signifie la même chose. Le langage fait bien plus que nommer les choses. Il vient accompagné de la relation causale, du raisonnement temporel. Les maths sont notre usage le plus précis de cette compréhension syntaxique. Parce qu'avec les maths, à chaque étape que l'on crée, la découverte des liens entre les modèles, il n'y a aucune ambiguïté. Ce que vous faites à chaque étape, vos classifications, sont très précises. Vrai ou faux. C'est tout. A l'intérieur, ou à l'extérieur. C'est limpide. La précision ultime. Voilà ce qui rend les maths si puissantes, pourquoi elles s'immiscent partout, même dans le sexe. C'est aussi pour ça que c'est si dur. Parce qu'on repousse les limites de notre évolution le plus loin possible. On utilise, on dompte nos sensations innées, avec la meilleure précision dont nous sommes capables. Les mathématiques, ... Ce qui les rend si époustouflantes, c'est leur émergence indépendante dans le monde. Quand les peuples se réunissent, en temps de paix ou de guerre, ils peuvent se combattre au sujet des religions, des cultures, des langues. Mais leurs maths, la reconnaissance des modèles, sont entrelacées. Les maths sont à la source de l'humanité. Comme le sexe, elles transcendent les cultures. Maintenant que j'ai partagé ça avec vous, vous êtes les femmes les plus sexys en ville. (Rires) Merci beaucoup. (Applaudissements)