♪ [musique] ♪ LES PRINCIPES DE L'ÉCONOMIE LES THÉORIES DU CYCLE ÉCONOMIQUE : LA GRANDE RÉCESSION [Tyler] Penchons-nous plus en détail sur quatre grandes théories des cycles économiques : la théorie keynésienne, celle des cycles réels, l'approche des monétaristes, et également, celle de l'école autrichienne. Une façon de mieux saisir ces différentes théories consiste à observer leur tentative d'explication d'un événement historique bien particulier. Je songe, en l'occurrence, à la Grande Récession de 2008. Je repense à cette vieille parabole des quatre aveugles touchant un éléphant. C'est un animal grand et complexe, et dans notre cas, il peut représenter la crise économique de 2008 voire même, de manière plus générale, l'économie tout entière. En tant qu'économistes, nous sommes tels des aveugles touchant un éléphant. Certains touchent la trompe, d'autres la queue, d'autres encore, les jambes. Nous voyons, percevons et analysons différents aspects de l'éléphant. Il ne s'agit pas de donner raison au point de vue d'une personne et de réfuter ceux des autres, mais plutôt de comprendre l'éléphant, de saisir la Grande Récession, et il est important pour cela d'assembler les différentes perspectives. Que dit alors l'économie keynésienne à propos de la Grande Récession ? L'une des idées keynésiennes clés est la chute de la demande agrégée. Lorsqu'une telle chute se produit, il en résulte un déclin de la production et de l'embauche, c'est alors qu'une récession survient. Ainsi, selon Keynes, les éléments clés de la demande agrégée étaient la consommation, plus les investissements, les dépenses d'État, et, justement, tout l'ensemble chutait. Pourquoi la consommation chutait-elle ? L'économie américaine connaissait une bulle immobilière. Le prix des maisons augmentait. Tout le monde était content, dépensant et empruntant de grosses sommes. Mais lorsque cette bulle éclata, les gens se sentirent encore plus pauvres et endettés, et la consommation se mit à chuter. Et les investissements ? Là, ce fut un problème avec les banques. Ces dernières accordaient beaucoup d'emprunts, et lors de l'éclatement de la bulle immobilière, ces garanties hypothécaires, ces prêts immobiliers, valaient considérablement moins. De nombreuses banques firent faillite ou furent au bord de l'être, et elles voulurent garder leur argent. Par conséquent, moins de crédits furent créés, aboutissant à de moindres investissements dans le monde des affaires. Ainsi, cet autre élément de la demande agrégée chutait aussi. Enfin, le gouvernement ? Eh bien, moins de production signifie moins d'embauche, les États perçoivent moins d'argent sous la forme d'impôts et l'impact sur les dépenses du gouvernement est négatif. Ainsi, tous ces composants-clés de la demande agrégée chutaient, et comme le prédisait l'économie keynésienne, cela aboutit à une récession assez considérable. Voyons l'analyse que les théoriciens des cycles réels font de la Grande Récession. Une possibilité serait de remonter un peu le temps et de demander pourquoi l'économie américaine comportait tant de problèmes structurels en premier lieu. Si l'on observe les données de la productivité, il s'avère que le taux de croissance de la productivité américaine a énormément ralenti, il y avait donc un problème du côté de l'offre dans l'économie. Les keynésiens ont donc peut-être raison de dire qu'aux alentours de 2008, 2009, il y avait un gros souci au niveau de la demande agrégée. Mais d'où venait ce problème ? Il s'originait dans le fait qu'au final, on créait moins de richesse. Imaginez que ça se produise aux États-Unis où les gens dépensaient et empruntaient comme si la productivité augmentait de 3 % chaque année, alors qu'en fait, sa progression n'était que de 1 % par an. Une explication plus fondamentale, du point de vue des théoriciens des cycles réels, consiste à se concentrer sur les problèmes, ceux structuraux, de l'économie américaine, avant même que la crise de 2008 ne survienne. Les théoriciens des cycles réels analyseraient également la période de reprise et se demanderaient pourquoi elle fut si lente et pénible. C'était en partie dû au faible taux de croissance de la productivité, mais s'y mêlait également une grande incertitude politique. Dans certains cas, les impôts augmentèrent, ou des subventions furent accordées de telle manière que les particuliers étaient incités à ne pas reprendre un emploi le plus rapidement possible. Bien, et les monétaristes, alors ? Sous certains aspects, ils rejoignent les keynésiens... En effet, pour eux, la demande agrégée était le cœur du problème de la Grande Récession. Mais ils mentionnent bien plus la politique monétaire. Je pense en l'occurrence à une ramification du monétarisme en général... parfois appelé « le monétarisme de marché. » Les monétaristes de marché analysent l'année 2008, au moment où les problèmes ont commencé. Selon le monétarisme, il faut que la Réserve fédérale maintienne un flux constant de dépenses nominales à travers l'économie afin que la demande agrégée ne chute pas. Les ennuis allaient arriver en 2008, mais à la Réserve fédérale, ils étaient nombreux à l'ignorer dans la Banque centrale. Ils s'inquiétaient encore des taux trop élevés d'inflation des prix. C'est pourquoi la Réserve fédérale ne procéda pas au genre de politique monétaire expansionniste qui aurait été adaptée. Du point de vue monétariste de marché, il y avait bien un problème de la demande agrégée. Le système de la Réserve fédérale est en grande partie à blâmer, et le moment déclencheur, disons, à l'automne 2008, fut quand la Réserve aurait dû se montrer plus expansionniste. Bien, qu'est-ce que l'école autrichienne a à dire au sujet de la Grande Récession ? Comme certains théoriciens des cycles réels, l'école autrichienne préfère remonter un peu le temps et identifier les racines historiques des problèmes de 2008-2009. Certains d'entre eux ont vivement critiqué la politique de la Réserve. Au début, vers 2001, les conditions de crédit étaient assez larges, les taux d'intérêt relativement bas, et il y avait beaucoup de mesures de relance du crédit ainsi que du marché de l'immobilier. Ce n'était pas juste la banque centrale, il y avait, en effet, de nombreux programmes gouvernementaux encourageant les prêts, garantissant ces derniers, et, bien entendu, le régime fiscal américain encourage également à emprunter pour acheter plus de logements. On a donc ce surinvestissement et en effet, de mauvais investissements immobiliers, et selon le point de vue autrichien, c'est en grande partie la faute, en premier lieu, du gouvernement. Les Autrichiens reconnaissent l'existence d'une bulle immobilière, mais ils préfèrent élargir la perspective et se demander pourquoi, en premier lieu, cette bulle a si mal tourné ? Certains dans l'école autrichienne... en observant la durée et la gravité de la récession... citent certains facteurs dont les théoriciens des cycles réels ont parlé. Ainsi, en réunissant toutes ces perspectives, quand on demande « Quelles sont les solutions aux problèmes rencontrés par l'économie américaine ? », il est nécessaire de choisir entre différentes écoles de pensée. Les keynésiens et les monétaristes ont des recettes différentes pour répondre à la demande agrégée, alors que les Autrichiens et théoriciens des cycles réels ont des préoccupations bien différentes, et prônent bien plus souvent le fait de laisser les marchés s'adapter. Mais laissons de côté les solutions, et tentons de comprendre comment tout cela s'est produit. Comment les événements se sont-ils enchaînés ? Je reviens à nouveau à la métaphore de l'éléphant. L'économie et la macroéconomie sont vraiment complexes, et en tant qu'économistes, on progresse en quelque sorte à l'aveugle. Mais on peut saisir différents aspects ou facettes de l'économie à la façon dont les aveugles perçoivent l'éléphant. Mais toucher ou parler d'une partie du phénomène ne suffit pas. C'est donc en assemblant l'ensemble de ces diverses perspectives différentes que l'on parvient à une compréhension plus profonde et éclairée de ce que fut la Grande Récession. [Narrateur] Vous allez bientôt maîtriser l'économie. Testez vos connaissances en répondant à quelques questions d'entraînement. Si vous voulez en apprendre plus sur la macroéconomie, cliquez sur la vidéo suivante. Vous êtes toujours là ? Regardez les autres vidéos populaires de MRU. ♪ [musique] ♪