D’habitude j’aime bien travailler dans mon atelier,
mais quand il pleut et que
l’entrée de garage se change en rivière,
j’adore ça.
Alors je coupe du bois, je perce des trous,
je regarde l’eau,
je me promène à la recherche, peut-être,
de rondelles de plomberie.
Vous n’imaginez pas combien de temps ça me prend.
Ceci est la
« Double goutte d’eau de pluie. »
C’est la plus parlante de toutes mes sculptures.
Elle reproduit la somme des ondes générées
par deux gouttes d’eau de pluie tombant sur une surface
l’une à côté de l’autre.
À la place de cercles concentriques,
voici des hexagones qui prennent de l’expansion.
Toutes les sculptures sont
entrainées mécaniquement.
Vous voyez les trois sommets de la vague jaune?
Ici j’ai rajouté une onde sinusoïdale avec
quatre sommets et j’ai enclenché le mécanisme.
Huit cents bouteilles de deux litres
de boisson gazeuse.
Oh ouais!
(Rires)
Quatre cents canettes d’aluminium.
Le « tule » est un roseau de la Californie,
ça sent terriblement bon
quand on travaille avec ça.
Une seule goutte d’eau,
l’amplitude s’accroît.
Le tourbillon qui accompagne l’aviron
(voyage en canot).
Voici la somme de 4 ondes différentes.
Et ici je vais atténuer
les doubles longueurs d’ondes
et augmenter l’onde simple.
Le mécanisme d’entrainement comprend 9 moteurs
et près de 3000 poulies.
445 fils dans un tissage en 3 dimensions.
Transféré à plus grande échelle
— beaucoup plus grande en fait,
on m’a beaucoup aidé —
14 064 réflecteurs de lumière pour vélos;
l’installation prend 20 jours.
« Connecté »
est une œuvre de collaboration
avec le chorégraphe Gideon Obarzanek.
Des fils sont attachés aux danseurs.
Ceci est une vidéo des premières répétitions,
mais le produit fini est en tournée
et sera à Los Angeles dans deux semaines.
Deux hélices et 40 planches de bois
Avec votre doigt, dessinez cette ligne.
Été, automne, hiver, printemps,
midi, crépuscule, nuit, aube.
Avez-vous déjà vu ces nuages
stratocumulus
toujours en bandes parallèles dans le ciel?
Saviez-vous que c’est la même
couche continue de nuages
qui rentre et sort
de la couche de condensation?
Et si chaque objet
apparemment isolé
était la matérialisation
de son onde
au moment où elle traverse
dans notre monde?
La Terre n’est ni plate, ni ronde.
Elle ondule.
Ça sonne bien, mais je parie que vous savez bien au fond que ce n’est pas toute la vérité,
et je vais vous dire pourquoi.
J’ai une fille de 2 ans et elle est un trésor.
Et voilà, je l’avoue :
ma fille n’est pas une onde.
Et vous pourriez me dire: « Quand même Reuben,
si tu prenais un petit peu de recul,
— les cycles —
de faim et de nutrition,
de veille et de sommeil,
de rire et de pleurs
apparaitraient en harmonie. »
Mais je vous répondrais :
« Si je faisais ça,
je perdrais beaucoup trop. »
La tension entre le besoin
de creuser profondément
et la beauté de la présence du monde,
là où si vous tentez d’approfondir, vous
avez déjà perdu ce que vous recherchiez;
cette tension est ce qui fait bouger la sculpture.
Et pour moi, le chemin entre ces deux pôles
prend la forme d’une onde.
J’aimerais vous en montrer une autre.
Merci beaucoup. Merci.
(Applaudissements)
Merci.
(Applaudissements)
June Cohen : Quand je regarde chacune de vos sculptures,
elles évoquent tant d’images différentes.
Quelques unes évoquent le vent, d’autres les vagues,
quelquefois on les dirait vivantes,
d’autres fois ce sont des mathématiques.
Quelle est l’inspiration derrière chacune?
Pensez-vous à quelque chose de physique
de tangible quand vous les élaborez?
RM : Quelques unes proviennent d’une observation directe
comme les deux gouttes d’eau de pluie qui tombent,
cette simple observation est stupéfiante.
Puis simplement, j’essaie
de les fabriquer matériellement.
J’aime travailler avec mes mains.
Il n’y a rien de mieux que de couper
un morceau de bois
et tenter de le faire bouger.
JC : Et est-ce que ça évolue?
Pensez-vous élaborer une chose,
et qu’en bout de course
c’est quelque chose d’autre?
RM : La « Double goutte d’eau de pluie »
j’y ai travaillé durant 9 mois
et quand je l’ai mise en marche,
je l’ai détestée.
À l’instant de la mise en marche,
je l’ai détestée.
C’était une réaction viscérale,
et je voulais m’en débarrasser.
Et il y avait un ami avec moi,
il m’a dit, « Attend donc un peu. »
Et j’ai attendu, et le lendemain
je l’aimais un peu plus,
le jour suivant je l’aimais encore un peu plus,
et maintenant je l’aime vraiment.
Et alors, je suppose, de un, la première impression
peut-être parfois erronée,
de deux, ça ne ressemble pas à
ce à quoi on s’attendait.
JC : La relation évolue avec le temps.
Alors merci beaucoup. C’était une présentation spectaculaire.
RM : Merci.
JC : Merci Reuben.
(Applaudissements)