Norwegian Wood
Allez, donne-le moi.
Naoko et Kizuki étaient ensemble
depuis leur naissance.
Et comme j'étais le meilleur ami de Kizuki,
j'étais presque toujours avec eux.
J'ai perdu.
C'est à moi de payer.
Après la mort de Kizuki,
je décidais de partir de la ville.
Quelque part
où je ne connaîtrais personne.
Et où je pourrais oublier
tout ce qui était arrivé.
Le mythe d'Andromaque raconte
l'histoire d'un amour inaliénable
et de ses conséquences tragiques.
L'université de Baseda est en grève.
C'est la guerre au Vietnam.
Il y a plus important que les tragédies grecques.
Je ne crois pas qu'il y ait au monde sujet
plus important que les tragédies grecques.
Mais faites comme vous voulez.
Après que j'aie déménagé à Tokyo,
la lecture était tout ce qui comptait.
Ma vie s'arrêta et devint vide,
comme les marges des pages
qui défilaient devant moi.
Cela fera 10 000 yens.
Watanabe. Il est déjà 6 heures 30.
Au lieu de lire jusqu'au matin,
couche-toi plus tôt.
Tu devrais venir
faire du sport avec moi.
Nagasawa.
C'est vrai que tu as déjà couché
avec plus de 100 femmes ?
C'est des conneries.
70 peut-être. Pas plus.
Une seule me suffirait en ce moment.
La prochaine fois, tu viendras avec moi.
T'inquiète. Tu verras, c'est facile.
Nagasawa, bizarrement,
éveilla mon intérêt.
Sa nature complexe et raffinée
me subjuguait.
Pardon.
La vie est courte.
Cela n'a aucun sens
de gaspiller son temps,
quand le temps lui-même nous manque.
Allons, buvons !
Cet homme réussissait à être
un esthète élégant...
tout en demeurant un vrai pervers.
J'étais assis là bas et...
Que fais-tu à Tokyo ?
Ce que je fais ?
Que dirais-tu de marcher
et de parler un peu ?
Est-ce que tout va bien ?
Tu es bien silencieuse.
Je ne suis pas douée pour parler.
Désolée.
Pas de souci,
je ne suis pas
un grand parleur non plus.
Où sommes-nous ?
Sur la place dont nous sommes partis.
Nous avons tourné en rond.
Tu es dure !
Surpris ?
Est-ce que je peux t'appeler ?
Disons, samedi ?
Bien sûr !
Yankee, barrez-vous d'Okinawa !
Honte à la guerre au Vietnam !
Y'en a marre du pacte de sécurité !
Barrez-vous, barrez-vous !
Chaque samedi,
on se retrouvait et on marchait.
Nos yeux semblaient procéder à une sorte
de rituel, comme pour calmer nos âmes.
Et nous ne parlions
toujours pas du passé.
Le nom de Kizuki n'était jamais
mentionné dans nos conversations.
Je peux regarder ?
Maintenant tu peux.
Comme c'est joli !
Je peux souffler ?
Attends !
Juste une seconde, désolé...
- Je peux ?
- Vas-y !
C'est pour toi.
- Pour moi ?
- Oui.
Merci.
Ce n'est rien.
- Je peux l'ouvrir ?
- Bien sûr.
Quel anniversaire bizarre.
C'est bête d'avoir 20 ans et d'avoir
l'impression de n'être pas du tout prête.
Vraiment c'est trop bizarre.
Comme si quelqu'un te poussait dans le dos.
Plus que sept mois pour moi.
J'essaierai d'être prêt.
Chanceux ! Tu as encore 19.
Pour moi, les gens devraient
rester bloqués entre 18 et 19.
Tes 18 ans finis, tu as 19.
Tes 19 ans finis, tu as 18 de nouveau.
Si seulement cela pouvait être
comme cela.
Si c'était possible,
tout serait si facile.
C'est ta première fois ?
Alors ça veut dire que tu n'as jamais
couché avec Kizuki ?
Pourquoi ?
Pardon.
Je n'aurais pas dû demander.
Désolé mais...
je dois y aller.
Tu m'appelleras ?
Quand le logeur de Naoko m'apprit
qu'elle avait déménagé, je fus stupéfait.
Je lui écris alors une longue lettre,
à son adresse de Kobe...
en espérant qu'elle lui arriverait,
où qu'elle fût.
"Peut-être n'aurais-je pas dû agir
de la sorte à ton anniversaire.
Jamais de ma vie, je n'ai ressenti
quelque chose de comparable.
Réponds-moi.
Je veux savoir si je t'ai blessée."
Watanabe !
Coupe tes poils de nez.
T'as l'air horrible.
Tu sais que nous sommes
en retard !
Je sais. Et alors ?
Dépêche-toi !
Hazumi savait que Nagasawa
couchait avec d'autres.
Mais elle ne s'en plaignait jamais.
Elle l'aimait vraiment
et ne lui imposait aucune condition.
Alors ? On se trouve quelques filles
pour la nuit ?
Ok, allons faire la fête !
C'est quoi ton problème ?
T'es sérieux ?
Sérieux. De toutes les parties du corps,
le coude est le moins sensible.
Intéressant.
"Sois patient, un jour nous nous reverrons."
Désolée d'avoir pris tant de temps
pour répondre.
J'avais besoin de temps,
avant de pouvoir t'écrire.
Mais je ne suis pas encore
prête à te revoir.
De Tokyo, je suis retournée voir mes parents,
puis je suis allée à l'hôpital.
Le médecin m'a dit que dans les montagnes
près de Kyoto, il y avait un bon endroit pour moi.
Je crois que je vais y aller,
quelque temps...
Je te suis très reconnaissante
d'avoir été si proche de moi.
Ne t'inquiètes pas,
tu ne m'as pas blessée.
Je me suis blessée moi-même.
Je le sais."
Tu es Watanabe, n'est-ce pas ?
Oui, pourquoi ?
Est-ce que je peux m'asseoir ?
Ou tu attends quelqu'un ?
Je n'attends personne. Assieds-toi.
On s'est déjà rencontrés.
Euripide.
On a passé un semestre dans le même
cours. Tu te souviens pas ?
Mais avant les vacances tu avais
les cheveux aux épaules, pas vrai ?
Oui, mais cet été j'ai décidé de...
De changer un peu.
Ça te va très bien.
Vraiment, tu trouves ?
Dis-moi...
Est-ce que tu mens
souvent dans la vie ?
J'essaie de le faire le moins possible.
Où as-tu eu ce bronzage ?
J'ai voyagé à pieds,
deux semaines de suite.
- Tout seul ?
- Ouais.
Tu voyages toujours tout seul ?
Toujours.
Donc, tu aimes la solitude ?
Personne n'aime être seul à ce point.
J'essaie juste de ne pas me forcer
à avoir des amis.
Comme ça, je ne suis pas déçu plus tard.
Tu devrais écrire là-dessus
dans ton autobiographie.
Tu te moques de moi ?
J'aime juste ta manière de penser.
Je m'appelle Midori.
Pourquoi as-tu besoin
de lunettes de soleil ?
J'ai les yeux fatigués aujourd'hui.
Je n'ai pas assez dormi.
Désolée de ne pas avoir pu venir
la dernière fois.
Tu as attendu longtemps ?
Ce n'est rien.
J'ai beaucoup de temps libre.
Vraiment ?
J'aimerais pouvoir t'aider à dormir.
Tu es trop gentil.
Oui, c'est ouvert !
Je peux ?
- Entre.
- Salut.
- C'est pour toi.
- Merci.
Je vais les mettre dans l'eau.
Il n'est pas trop tôt ?
Non, bien sûr que non.
C'est une librairie au premier étage ?
Depuis au moins cent ans.
Je suis vraiment contente
que tu aimes ma cuisine.
Très savoureuse. Vraiment.
Dis-moi, honnêtement,
tu ne t'y attendais pas ?
Avec mon look, je ferais un bien
mauvais chef.
Où est ta famille ?
Ils sont partis ?
Ma mère est dans la tombe.
Ma soeur est partie faire un tour
en voiture avec son fiancé.
Mon père...
Il est parti en Uruguay,
en juillet dernier.
En Uruguay ?
Un de ses vieux amis de l'armée
a acheté un terrain fertile.
Mon père a soudain décidé
qu'il pourrait refaire sa vie là-bas.
Et il a pris l'avion pour l'Uruguay.
Et ben...
Perdre sa femme
a été un vrai choc pour lui.
Avant qu'il ne parte, il a dit :
"C'est trop dur pour moi maintenant,
"J'aurais préféré vous perdre,
que la perdre elle."
Sérieusement ?
Nous étions tellement scotchées,
qu'on n'a même pas pu répondre.
Tout de même...
c'est beau quand deux personnes
s'aiment à ce point, non ?
Et vous n'avez plus jamais eu de nouvelles ?
Seulement de temps en temps.
Il a envoyé une carte en mars.
Il n'y écrivait rien d'intéressant.
Et il y avait un singe débile sur la carte.
J'imagine qu'il est devenu complètement fou.
Avant, je me demandais souvent ce qui
arriverait si je perdais mes parents soudainement.
Maintenant que c'est arrivé,
je ne ressens rien.
Tu penses qu'ils ne t'aimaient
pas vraiment ?
Pas tout à fait.
Mais j'aimerais ressentir,
au moins une fois, un amour véritable.
Qu'est-ce qu'un amour véritable pour toi ?
Par exemple, je te dis :
"Je veux une tartelette aux fraises."
Alors, tu te lèves
et tu cours m'en acheter.
Puis tu reviens en courant de nouveau,
en haletant.
Et là je te dirais :
"Non, je n'en veux plus".
Et je jetterais cette putain de tartelette
par la fenêtre.
Voilà ce que j'appelle l'amour véritable.
Moi, je n'ai pas l'impression que tout cela
ait grand chose à voir avec le vrai amour.
Mais si !
Je veux que cet homme me réponde :
"Désolé, Midori, c'est ma faute.
"Je ne suis qu'un con, un imbécile,
un chien sans cervelle.
"Je vais te chercher autre chose.
"Que veux-tu ?
Une mousse au chocolat ?
"Ou un cheese-cake peut-être ?"
Et alors ?
Alors je l'aimerais.
Fatiguée ?
Ce n'est pas ça.
C'est juste que cela faisait longtemps
que je ne m'étais pas sentie si détendue.
En fait...
Je vois quelqu'un en ce moment.
Bizarrement, je le savais.
Y a-t-il quelqu'un que tu aimes ?
Oui...
"Le docteur m'a dit qu'il fallait je commence
à fréquenter des gens de l'extérieur.
"Mais je ne me souviens que de ton visage.
"Il faut aussi que je t'explique
quelque chose.
"Je ne pourrais pas te le cacher
de toutes façons.
"Cela fait quatre mois que je suis ici.
"Et pendant tout ce temps,
j'ai beaucoup pensé à toi.
"Je sens les sentiments
que tu as pour moi.
"Et j'en suis vraiment heureuse.
"Tu sais, si j'ai laissé une blessure
à l'intérieur de toi,
"ce n'est pas seulement ta blessure.
C'est aussi la mienne."
Marchez tout droit le long du chemin.
Le professeur Isida vient à votre rencontre.
D'accord. Merci.
Vous devez être Watanabe.
Vous pouvez m'appeler Reiko.
Enchanté.
Vous êtes donc le docteur de Naoko ?
Docteur ? Qu'est-ce qui vous fait penser
que je suis docteur.
On m'a dit qu'un professeur
venait à ma rencontre.
Je vois.
J'enseigne la musique ici.
Certaines personnes
m'appellent "professeur".
Mais en réalité, je ne suis
qu'une patiente parmi d'autres.
Je suis ici depuis 7 ans déjà.
- Je peux entrer ?
- Je vous en prie.
Quel bel endroit !
Ma chambre n'a que quatre murs
et une fenêtre.
Je vois.
Vous dormirez ici, d'accord ?
Bien sûr !
Naoko et moi avons encore
du travail au jardin.
Cela ne vous dérange pas d'attendre ici ?
Pas du tout.
Je vais étudier mon allemand.
J'ai un examen la semaine prochaine.
Autre chose...
Vous ne pourrez pas rester seul avec Naoko.
C'est interdit.
Vous aurez toujours un chaperon.
Ce sera moi.
Vous devrez vous y habituer.
Entendu.
- Bon, j'y vais.
- À tout à l'heure.
Sympa !
Oui, très bonnes pêches !
Non, je voulais dire :
"Sympa ta manière de manger ta pêche".
Quoi ?
Tu dormais ?
Non.
Ça va ?
Nous n'avons pas beaucoup de temps.
Normalement je ne suis pas autorisée
à être ici. Mais j'ai fraudé.
Bien...
Mes cheveux sont horribles,
tu ne trouves pas ?
Pas du tout, qu'est-ce que tu dis ?
Tu as de très beaux cheveux.
Ma mère m'a dit qu'ils étaient horribles.
Je voulais tellement te voir.
Même pas pour te parler.
Juste pour voir ton visage.
Depuis combien de temps es-tu là ?
Merci d'être venu.
Ça me rend très heureuse.
Mais si être ici devient un fardeau,
n'hésite pas à me le dire.
Je ne serai pas furieuse.
Je te le dirai, compte sur moi.
Je dois y aller.
Watanabe.
Désolée, tu peux sortir un moment ?
Est-ce que tu m'aimes ?
Je t'aime.
Énormément.
Lève-toi. Nous devons parler.
Tu m'as demandé pourquoi je n'avais
jamais couché avec Kizuki.
Ça t'intéresse toujours ?
Ce serait probablement mieux
que tu le saches.
Oui, probablement.
Après tout, les morts ne reviennent pas.
Et nous devons continuer à vivre.
Je voulais coucher avec Kizuki.
Et il le voulait aussi, vraiment.
Mais on avait beau essayer,
ça ne marchait pas.
C'est comme ça, je ne sais pas pourquoi.
Et je ne comprends toujours pas.
Je l'aimais.
Mais rien n'y faisait.
Je restais sèche et je ne pouvais pas
lui ouvrir mes jambes.
Ça me faisait trop mal.
Tout ce que je pouvais faire,
c'était...
de le caresser.
Avec mes lèvres...
Avec mes doigts...
J'aurais tellement voulu.
Je ne peux pas !
Je ne veux pas parler de tout ça.
Il n'y a rien que je puisse faire.
Je dois en parler parce que de moi-même...
je n'arrive pas à comprendre tout ça.
Après tout, quand j'ai couché avec toi...
j'étais vraiment excitée, tu te souviens.
Oui.
Ce soir-là, à mon anniversaire,
j'ai fondu dès que je t'ai vu.
Je voulais que tu me prennes,
que tu enlèves ma robe,
que tu me caresses.
Jamais de ma vie je n'avais ressenti ça.
Pourquoi ?
Pourquoi ?
Pourquoi est-ce que tout cela m'arrive ?
Je veux dire...
J'aimais vraiment Kizuki !
Essaies-tu de me dire
que tu ne m'aimes pas ?
Pardon.
Mais il faut que tu comprennes :
Kizuki et moi avions une relation
très spéciale.
Lui et moi...
on était ensemble depuis nos 3 ans.
On se disait tout.
On se comprenait
toujours l'un et l'autre.
Nous avons grandi ensemble, comme ça.
On s'est embrassés
la première fois en sixième.
Et c'était magnifique.
Quand j'ai eu mes premières règles,
j'ai couru vers lui
et j'ai pleuré comme un bébé.
Nous étions si proches.
Après sa mort,
j'ai cessé de croire que je pouvais
être avec quelqu'un d'autre.
Je ne savais même plus...
ce que ça voulait dire...
être amoureuse.
Naoko !
Allez, il est temps de me dire.
Qu'est-ce que vous faisiez
tous les deux ?
Sortir à cette heure-là, dans la forêt.
Et revenir presque nus.
Je ne peux pas te le dire.
Nous l'avons fait.
Mais ça n'a pas marché.
Qu'est-ce que tu veux dire ?
Watanabe était trop large.
Il n'a pas pu entrer en moi.
Cela fait 7 ans depuis la dernière fois.
Et j'étais toute serrée.
Reiko a fait un rêve
juste avant que tu n'arrives.
J'étais dans ton rêve ?
Non, pas toi.
Un homme.
Tu oublies que nous ne sommes pas
tout à fait normaux ici.
Apparemment.
Est-ce que tu as envie de moi ?
Oui, bien sûr.
Es-tu capable d'attendre ?
Oui, j'en suis capable.
Avant que cela n'arrive,
je veux aller un peu mieux.
Tu pourras attendre ?
Bien sûr, j'attendrai.
Est-ce que c'est dur ?
Quoi, mes semelles ?
Idiot.
Si tu parles de mon érection, alors oui,
bien sûr, ça l'est.
Tu peux arrêter de dire "bien sûr"
tout le temps ?
D'accord, j'arrête.
Ça doit être difficile.
Quoi ?
Quand tu deviens dur.
Je veux dire...
Est-ce que ça fait mal ?
Parfois, oui.
Est-ce que tu veux que je t'aide ?
Avec ta main ?
Oui.
Comme tu es chaud.
Tu es douée.
Sois un bon garçon et tais-toi.
- Tu es là depuis longtemps ?
- Un petit moment.
Pourquoi t'es si crevé ?
Je suis juste fatigué de mon voyage.
Watanabe.
Tu sais ce dont j'ai envie,
là, maintenant ?
Non, je ne vois pas.
Je veux m'allonger
sur un grand lit confortable.
Tu t'allonges près de moi,
tu me déshabilles lentement.
Très lentement, avec douceur.
Je me languis, je me sens bien. Et puis
soudainement je reprends mes esprits :
" Arrête, Watanabe ! "
"Arrête. Je t'aime bien mais...
"je vois quelqu'un d'autre.
Alors arrête, je ne peux pas faire ça."
Mais tu n'arrêtes pas et
tu le sors de ton pantalon,
ton engin.
Si large, si dur...
C'est ça que tu veux ?
Oui.
Dis-moi, est-ce que tous les mecs
qui sont ici se masturbent ?
Probablement.
Tu peux parler moins fort ?
Quand ils le font, est-ce qu'ils pensent
à des filles ?
Je doute que qui que ce soit
se masturbe en pensant
au budget du Canal de Suez.
Est-ce que tu l'as déjà fait en pensant à moi ?
Hé ! Dis-moi !
Quand tu n'es pas en cours,
tu passes ton temps ici ?
À chaque fois que je te vois,
t'as l'air crevée.
- Vraiment ?
- Pourquoi ?
Papa, c'est moi, Midori.
Comment tu te sens ?
Papa, je dois parler à l'infirmière.
Je reviens tout de suite, d'accord ?
- Tu peux rester avec lui ?
- Oui, bien sûr.
Allo ?
Mon père est mort.
Est-ce que je peux aider ?
Je n'ai besoin de rien.
Merci.
Je voulais juste que tu le saches.
Ne viens pas.
Je hais les enterrements.
Et je ne veux pas que tu y sois.
Je comprends.
Tu veux bien m'emmener
voir un film porno ?
Oui, bien sûr.
Un vraiment cochon.
J'en trouverai un.
Mon père aurait dû partir en Uruguay.
C'est vrai.
Tu serais venu me voir ?
Oui, bien sûr.
On aurait pu avoir
de beaux bébés là-bas.
Ça sonne plutôt bien.
Tu es trop gentil, Watanabe.
Je te rappellerai.
Oui.
- T'as quoi à ta main ?
- Je me suis coupé au boulot.
Je vois.
Je l'ai eu.
L'examen des Affaires Étrangères ?
Félicitations !
Tu quittes le Japon ?
La première année est ici.
Et puis après, à l'étranger.
Quels sont tes plans pour Hazumi ?
Vous serez séparés des années.
Qu'est-ce qu'il se passera pour elle ?
C'est son problème, pas le mien.
Que veux-tu dire ?
Écoute,
je ne suis pas prêt de me marier
avec qui que ce soit, elle le sait.
Donc...
Si Hazumi veut se marier à quelqu'un,
elle peut le faire.
Et si elle veut m'attendre,
elle peut aussi.
Voilà ce que je veux dire.
Tu penses que je suis une merde,
c'est ça ?
Oui.
La prochaine fois, je viendrai avec elle.
Vous parlerez.
Je suis sûre que tu l'aimeras.
Perte de temps.
Je suis trop pauvre
pour les filles de ton école.
Ne sois pas stupide.
Elle est très simple et pas prétentieuse.
La cafétéria de mon école propose
trois menus différents : A, B ou C.
Le menu A coûte 120 yens, le B, 100 yens
et le C, 80 yens.
Quand je prends le menu A, tout le monde
me regarde bizarrement.
Tu crois toujours
qu'on pourrait s'entendre ?
Rencontre-la.
Tu n'es pas obligée de la baiser.
Qu'est-ce que tu racontes ?
Il n'est pas question que tu le fasses.
Elle est toujours vierge.
Watanabe est déjà amoureux d'une fille.
Mais il n'aime pas en parler.
C'est vrai ?
Oui. Mais je ne cache rien.
C'est juste une situation difficile.
Pas du tout simple à expliquer.
Dommage. J'espérais vraiment
qu'on puisse sortir tous les quatre.
On aurait pu échanger les partenaires.
- Ne sois pas horrible.
- Il n'y a rien d'horrible.
Pas vrai ?
Une fois, lui et moi,
on a échangé des filles.
Watanabe ?
Est-ce vrai ?
Allez, dis-lui.
J'aimerais entendre cette histoire.
Ça m'a l'air très intéressant.
- Nous étions ivres...
- C'est bon.
Je ne blâme personne.
J'ai juste envie de connaître
cette histoire, c'est tout, d'accord ?
On était tous les deux
dans un bar de Shibuya.
On a rencontré ces filles.
Elles venaient d'un collège
et étaient bien soûles également.
Enfin bon.
Nous sommes allés dans un hôtel
et on a couché ensemble.
La chambre de Nagasawa était juste
à côté de la mienne.
Pendant la nuit, il a frappé à ma porte
et m'a proposé d'échanger les filles.
Je suis donc allé dans sa chambre
et lui dans la mienne.
C'était sympa ?
Oui...
Enfin, pas spécialement.
Alors pourquoi l'as-tu fait ?
- C'est moi qui l'ai suggéré.
- Je demande à Watanabe.
Pourquoi est-ce que tu l'as fait ?
Parfois, t'as vraiment envie de coucher
avec une fille.
Tu sais, Watanabe...
Je ne connais pas
toutes les circonstances mais...
Tout cela n'est pas trop ton style.
Tu n'es pas ce genre de personne.
Tu le sais, non ?
Je le sais, parfois.
Alors, pourquoi tu n'arrêtes pas ?
Laissez moi résumer...
Watanabe est amoureux d'une fille.
Mais pour diverses raisons,
ils ne peuvent pas baiser.
Donc sexe pour sexe,
autant satisfaire ses besoins ailleurs.
Mais si tu l'aimes vraiment,
tu peux bien attendre, Watanabe, non ?
Tu as probablement raison.
C'est juste un jeu.
Cela ne compte pas.
Et personne n'est blessé.
Je suis blessée.
Pourquoi je ne t'ai jamais suffit ?
Ce n'est pas que tu ne me suffis pas.
Dis-moi ce que tu penses
de Nagasawa et moi.
Quoi que je pense, ça ne change rien.
Arrête.
Dis-moi juste ce que tu penses,
c'est tout.
Si j'étais toi, je le quitterais.
Nagasawa...
Nagasawa n'est pas quelqu'un
qui rêve d'être heureux.
Ni même qui rêve
de rendre un autre heureux.
Toi, Hazumi, on a l'impression que tu pourrais
être heureuse avec n'importe qui.
Comment t'es-tu retrouvée
avec quelqu'un comme lui ?
Ça ne s'explique pas ces choses-là.
Ça arrive comme ça.
Et il n'y a rien que tu puisses faire.
Tu l'aimes à ce point ?
Je l'aime.
Ce doit être tellement bon.
D'aimer quelqu'un
avec tant de certitude.
Deux ans après que Nagasawa fût parti
en Allemagne, Hazumi se maria.
Deux ans plus tard,
elle s'ouvrit les veines et mourut.
Vraiment désolé pour hier.
Ce n'est rien.
J'ai un peu improvisé avec Hazumi.
Sans rire ?
Elle m'a dit que tu lui avais conseillé
de me quitter.
C'est ce que tu voulais, non ?
Watanabe, téléphone pour toi.
Désolé, je reviens.
Bienvenue.
Désolé, je suis en retard.
- Qu'est-ce que tu bois ?
- Un "Tom Collins".
Whisky soda.
Qu'est-il arrivé ?
Je me suis blessé au travail.
- Où étais-tu ?
- À Nara et Aomori.
Les funérailles ont dû être éprouvantes ?
Pas vraiment. Nous sommes habituées.
Ma soeur et moi avons fait ce qu'il y avait à faire
et continué comme nous le voulions.
J'ai décidé d'aller voir mon copain à Nara
et de baiser comme une dingue.
Et ça a marché ?
Non, on n'a même pas baisé une fois.
On est allés à l'hôtel
et j'ai eu mes règles.
Pourquoi tu ris ?
J'avais une semaine d'avance.
C'était pathétique.
Votre whisky.
On était tous les deux
sur le point d'exploser.
À la fin, on s'est disputés
et je ne l'ai plus revu depuis.
Je suis revenue à Tokyo, j'ai traîné
un peu et je suis allée à Aomori.
- Tu es déjà allé à Aomori ?
- Jamais.
Tu sais, tout le temps où je voyageais,
je n'arrêtais pas de penser à toi.
J'imaginais que tu étais à mes côtés.
Pourquoi ?
Comment cela pourquoi ?
Pourquoi est-ce que tu pensais à moi ?
Parce que je t'aime bien, idiot !
Pour quelles autres raisons ?
Tu as un mec.
Pourquoi penser à moi ?
Ne sois pas méchant.
Watanabe.
Tu sais ce dont j'ai envie maintenant ?
Je t'en prie !
N'oublie pas où nous sommes.
Je n'aurais jamais pu rêver
meilleure réponse.
Midori ! Réponds !
Jamais de la vie.
Est-ce que tu vois quelqu'un à Tokyo ?
Non.
Si tu fréquentes quelqu'un,
dis-le moi tout de suite, d'accord ?
Bien sûr.
Regarde ça !
Reiko ne mange toujours pas.
Elle fume cigarette sur cigarette.
L'automne prend fin. Il n'y a plus aucun
travail à faire au jardin.
Les oiseaux et les lapins jouent
aux alentours, comme toujours.
Tous les jours, on ramasse
des champignons et des noix.
On les cuisine avec du riz.
C'est tellement bon
qu'on ne s'en lasse toujours pas !
Les nouvelles qui me viennent du monde
me troublent la plupart du temps.
Mais tes lettres, elles, me relaxent.
C'est curieux.
Je me demande pourquoi.
À en croire tes lettres, Midori
semble être une personne intéressante.
J'ai le sentiment qu'elle doit être
amoureuse de toi.
Bon anniversaire.
Je souhaite que ta vingtième année
t'apporte plein de bonheur.
Il semble que la mienne
finisse tristement.
J'espère que tu pourras être heureux
pour nous deux.
Reiko et moi avons tricoté
cette écharpe ensemble.
La bonne partie est celle de Reiko.
La mauvaise, la mienne.
Est-ce que tu viendras me voir
aux premières neiges ?
Non.
Je ne peux pas.
Arrête, je te le demande.
Pourquoi tu t'intéresses à moi ?
Tu ne devrais pas
t'impliquer dans tout ça.
Tu ferais mieux de vivre ta vie.
Non.
Tu te trompes.
Ce n'est pas ce que je pense.
Peut-être que tu te mens,
à toi-même ?
Quitte-moi.
C'est ce que tu aurais dû faire
le jour de mon anniversaire.
Ne me touche pas.
Tu es fou, ne me touche pas !
- Bas les pattes !
- Naoko ! Calme-toi !
Va-t-en, ne me touche pas !
Calme-toi !
Ta présence est une blessure,
tu ne comprends pas ?
Tu ne comprends pas ?
Calme-toi.
Pourquoi ?
Je pense quitter le campus
et trouver un appartement.
Si je trouve un meilleur emploi,
je devrais pouvoir faire face.
Est-ce que tu aimerais y vivre avec moi ?
Merci.
Je suis heureuse que tu me le proposes.
Tu sais, ce n'est pas bon de rester
trop longtemps dans un endroit comme ça.
Réfléchis-y.
Quoi qu'il en soit, je déménage
le plus vite possible.
Dès que tu le veux,
tu peux me rejoindre.
Et si je n'arrive jamais plus
à être excitée ?
Ce n'est arrivé qu'une fois.
Pourquoi ?
C'est juste psychologique.
Il faut prendre le temps.
Il ne faut pas que tu t'inquiètes.
Mais si...
si je n'étais plus jamais
capable d'être excitée ?
Et que je ne pouvais plus jamais
faire l'amour avec toi ?
Est-ce que tu m'aimerais encore ?
Je crois que par nature...
je suis un grand optimiste.
Dès que j'aurai déménagé,
je reviendrai te voir.
Pense à tout ce que nous avons dit,
d'accord ?
À bientôt.
J'étais sûr
que je partirais d'ici avant toi.
Tu veux un bon conseil pour l'avenir ?
Vas-y.
Ne t'apitoie jamais sur toi-même.
Il n'y a que les dégénérés
qui s'apitoient sur eux-mêmes.
Je m'en souviendrai.
"Cela a dû être difficile pour toi
d'attendre la réponse de Naoko.
"Mais pour elle aussi,
ce mois a été difficile.
"Encore une fois, elle s'est mise
à entendre des voix.
"Elle a même du mal à avoir des
conversations un tant soit peu normales.
"Elle ne veut pas te voir
dans cet état."
Écoute.
Je voudrais te parler de quelque chose.
J'ai des choses de prévues.
Ce ne sera pas très long.
Juste quelques minutes.
Je ne veux pas te parler.
Désolée.
" Pour être honnête, il devient de plus
en plus difficile de contrôler Naoko.
"Je ne peux pas la laisser
seule une minute.
"Ses voix se font
de plus en plus fortes.
"Elle s'éloigne du monde extérieur,
et se renferme sur elle-même."
Kizuki ?
Kizuki.
Naoko !
Kizuki,
Contrairement à toi, j'ai choisi la vie.
Et j'essaierai de vivre
le mieux que je peux.
J'imagine que ça dû être dur pour toi.
Mais toi aussi, imagine
comme ça été dur pour moi,
quand tu es mort, laissant Naoko seule.
Mais je ne l'abandonnerai jamais.
Parce que je l'aime.
Je vais être plus fort, désormais.
Pour moi, il est temps de grandir.
On y va ?
Après que nous nous soyons vus dans le bar,
je lui ai parlé.
Et nous avons rompu.
Je t'aime beaucoup.
Vraiment beaucoup.
Mais je ne peux rien pour le moment.
À cause d'elle ?
Oui.
Dis-moi...
Tu as déjà couché avec elle ?
Juste une fois.
L'année dernière.
Tu ne l'as pas revue depuis ?
Si, deux autres fois.
Mais il s'est rien passé.
Pourquoi ?
Elle ne t'aime pas ?
C'est dur à dire.
C'est une situation compliquée.
Ce que je peux dire,
c'est que je me sens responsable d'elle.
Et que je ne peux pas fuir,
juste comme ça.
Même si elle ne m'aimait pas.
Même si elle ne t'aimait pas ?
J'ai besoin de temps.
Pardonne-moi.
C'est tout ce que je peux dire
pour le moment.
D'accord.
Je t'attendrai.
Parce que je te fais confiance.
Mais quand tu reviendras,
reviens pour moi seule.
Quand tu me serreras,
sers seulement moi.
Tu comprends ce que je veux dire ?
Je comprends très bien.
Très bien.
Tu peux faire de moi ce que tu veux,
mais ne me blesse pas, d'accord ?
J'ai déjà connu bien trop de peines.
Je veux juste être heureuse.
Tu veux bien me serrer ?
Naoko mourut.
Rien ne peut guérir la perte
d'un être aimé.
Aucune vérité, aucune compassion.
Aucune force, aucun égard.
Rien ne peut guérir cette peine.
Tout ce que l'on peut faire,
c'est vivre avec
et tenter d'en apprendre quelque chose.
Tout en sachant que rien ne pourra
nous aider à affronter le prochain chagrin.
Alors c'est ici que tu envisageais
vivre avec Naoko ?
Désolé, je dois prendre une douche.
Je veux que tu te souviennes
toujours de moi.
Je veux que jamais tu n'oublies
que j'étais à tes côtés.
Est-ce que tu promets ?
Je te le promets.
Je ne t'oublierai jamais.
Qu'est-ce que tu as prévu de faire ?
Je vais aller à Asahikawa.
Un ami du lycée a ouvert une école
de musique, là-bas.
Et tu ne veux pas voir ton mari et ta fille ?
Watanabe.
Oui ?
Est-ce que tu crois que les gens
tombent amoureux à Asahikawa ?
Oui, c'est sûr.
Tu trouveras quelqu'un de bien là-bas.
J'en suis certain.
Tu tomberas de nouveau amoureuse.
J'ai une faveur à te demander.
Oui, dis-moi.
Fais-moi l'amour.
Tu es sérieuse ?
Oui, je crois que nous devons le faire.
Je vais prendre une douche.
Es-tu sûre que c'est ce que tu veux ?
J'ai finalement retrouvé ce que j'avais
perdu il y a sept ans.
Merci.
Tu n'as pas besoin de m'accompagner.
Je trouverai mon chemin.
Non, j'en ai envie.
Vraiment, je t'assure.
Asahikawa est une belle ville.
Je viendrai te voir.
Sois heureux.
Pour moi et Naoko.
Allo ?
Midori ? C'est moi.
Midori.
J'ai besoin de te voir et de te parler.
Je veux tout recommencer.
Tout. Depuis le début.
Il n'y a rien d'autre que je veuille.
Si ce n'est toi.
Je t'aime.
Où es-tu ?
Quoi ?
Où es-tu, là, maintenant ?
Où je suis ?
Je me le demande.
Chaque saison qui passe,
je grandis loin de mes fantômes.
Kizuki a toujours 17 ans.
Naoko, toujours 21.
Pour l'éternité.
Sous titres : agent capsule
Corrections : fatmaster