Conférencier : Que voit Big Brother
pendant qu'il observe ?
Simon Menner vous en parle et
révèle des images
des archives secrètes de la Stasi. Il est
né dans le sud de l'Allemagne en 1978 et
maintenant vit et travaille à Berlin.
Il fait pas mal de choses
avec la photographie et
l'histoire et a passé trois ans à fouiller
les images et dossiers de la Stasi, et il
va nous montrer pourquoi c'est toujours
d'actualité aujourd'hui, et même
plus que jamais.
Accueillons-le chaleureusement.
[Applaudissements de la salle]
On m'a dit d'utiliser ceci, pas de micro-
cravate, alors espérons que ça marche.
Avant-tout, une déclaration - Je suis un
artiste, pas un historien
alors mon approche des matériels
que je vais vous présenter est
quelque peu différente de ce que vous
pourriez attendre d'un historien classique
mais nous pouvons en discuter en cours.
Très brièvement, avant de vous présenter
les images que j'ai trouvé dans les
archives de la Stasi et quelques autres
dans les archives du BND
(Renseignements Allemands).
Je vais vous montrer trois travaux qui
m'ont poussé à m'intéresser à la Stasi.
Je suis un vrai artiste, un photographe
et normalement je fais
des choses comme ça. Et je suis très
intéressé par ce que la relation... de... la
perception. Par le rôle de la perception
dans un contexte de conflit moderne.
Plus important, il s'avère que la perception
est un champ de bataille, et la peur une arme.
Ça n'est pas juste un lot de photos de
paysages, c'est en fait une série de photos
pour lesquelles j'ai eu le soutien de l'armée
Allemande. Ils m'ont aidé avec leurs 'snipers'.
Ils se cachaient dans le paysage, visant
l'appareil photo et celui qui le tient.
Donc les 'snipers' vont être dans la plupart
des photos, mais en fait il n'y a
presqu'aucun moyen de voir le 'sniper',
mais c'est à cela qu'un 'sniper'
ressemble dans le paysage.
Ils avaient l'ordre de me viser même
si je ne pouvais parfois pas les voir.
Quand on prenait la pose, je leur
disaient : "ne vous cachez pas
derrière un arbre sinon je ne vous vois pas."
Ils me disaient "non non, t'inquiète, on
t'as dans le viseur"
[La salle rit]
Bien sûr, tout cela est
artificiel parce qu'ils ne choisiraient
jamais ces endroits, et dans ces
conditions pour créer une
menace - il y a un sniper ici et
là mais c'est quelque chose qui
a son importance dans les
conflits d'aujourd'hui.
Vous essayez d'envahir l'esprit de
vos adversaires et d'influencer
leurs comportements en
créant de la peur.
Voilà une autre série d'images. Elle est
extraite de livres de l'armée US
sur comment construire des dispositifs
pièges à partir d'objets du quotidien.
Là, une TV ou une radio qui, si vous
l'allumez, explose. Une boite ou une pipe.
En tant qu'artiste, j'ai trouvé cette image
très intrigante parce qu'il y a une
peinture célèbre de Magritte :
"Ceci n'est pas une pipe".
En fait, c'est vraiment pas une pipe.
C'est supposé ressembler à une pipe.
Et cela vient de l'armée US des années
soixante, et ces livres sont maintenant
en circulation, et utilisés par les forces
ennemies. Et toute l'histoire
de ces manuels est qu'ils sont supposés
créer de la peur chez l'adversaire.
Voici une barre chocolatée allemande. Cassez
la et elle vous explose à la figure. Ou une bouilloire.
Plus les objets sont ordinaires plus
cela devient terrifiant
parce qu'une fois que vous réalisez
qu'il n'y a pas moyen d'échapper à cette
idée de la peur, tout devient dangereux.
Les adversaires le font aussi.
Ça, ça vient de vidéos trouvées en ligne.
Conférencier : Merci beaucoup Simon
[Applaudissements de la salle]