Souvent lorsque j'entends sonner mon réveil les jours d'école, je redoute de me lever. Je ne manque de rien. Je mange à ma faim, je vis dans une belle maison dans une jolie ville, je vais dans une bonne école, pourtant je n'ai pas envie d'y aller. C'est si facile de trouver des points négatifs à l'école. Par exemple le stress, le manque d'intérêt pour les cours sont deux choses négatives qui surpassent le positif. Pourtant une autre personne aurait sûrement un point de vue différent. Imaginons une jeune fille de 14 ans dans un pays africain : elle s'appelle Adisa et vit avec les cinq autres membres de sa famille dans sa maison d'une pièce. Elle donnerait tout pour accéder à l'éducation, mais sa famille ne peut se le permettre. Pour elle, l'école n'a rien du monstre que je vois. Elle trouverait ses côtés positifs. Elle verrait l'école comme un lieu de rencontres amicales et d'apprentissage. Lorsque je pense à Adisa et à d'autres dans cette situation, je me sens coupable. Je suis là, à me plaindre alors que j'ai tout et même plus. Alors qu'elle ne peut que rêver d'avoir une vie comme la mienne. On m'a dit que pour réussir dans la vie, il fallait réussir à l'école et que pour aller dans une bonne université, il fallait avoir de bonnes notes et participer à un grand nombre d'activités extrascolaires. De mon point de vue, se mettre autant la pression pour avoir de bonnes notes et participer à toutes les activités ne permet pas de profiter du lycée. Au contraire, cela augmente la pression et l'anxiété et empêche d'apprendre. Le stress me pèse vraiment et la pression d'avoir les meilleurs notes est omniprésente. Je me suis demandé ce que le nombre 20 signifiait pour moi et j'ai eu du mal à répondre. Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça doit être important si je fais autant d’efforts pour avoir cette note. Je veux faire de mon mieux mais je me demande pourquoi, vu la pression et l'anxiété. Pourquoi se mettre autant la pression pour finir avec une aversion de l'école ? Le stress de la charge de travail liée aux bonnes notes est de trop. Même pour moi qui ai toujours eu des facilités à l'école. J'éprouve rarement des difficultés, mais cela ne facilite pas les choses ; au contraire, ça les complique même. Or, les gens ne comprennent pas. J'ai eu plusieurs discussions où quelqu'un va me dire : « Si tu es si forte à l'école, pourquoi tu n'aimes pas ça ? » Cette question et ses variantes auxquelles j'ai souvent droit me perturbent. Comment travailler dur peut faire disparaitre le stress ou l'aversion pour l'école ? Par expérience personnelle, je sais que cela ne fait que les augmenter. J'ai suivi cette voie afin d'avoir plus d'opportunités de réussir ma vie, et j'essaye de comprendre pourquoi. Lorsque mon réveil sonne, je me prépare pour la journée à venir. Je me lève pour ces sept heures de cours. Quelle horreur ! Sept heures d'ennui, de frustration, et de critiques. J'ai plusieurs cours pendant lesquels je peine vraiment à ne pas m'endormir. Certains élèves pensent que lors d'un projet de groupe, ils peuvent très bien ne rien faire. Certaines présentations me font trembler de nervosité. Des camarades ressentent le besoin de diminuer les autres. Vous ajoutez tous ces éléments avec le stress existant, et ça donne la définition du supplice. Je regarde l'école et je vois une bulle de négativité, pourtant du point de vue d'autrui, les choses sont complètement différentes. Si Adisa allait à l'école, elle serait aux anges, elle voudrait participer à tous les cours sur tous les sujets. Elle ne s'inquiéterait pas de ses notes, parce qu'elle serait surtout intéressée par l'apprentissage. Elle ferait de son mieux pour réussir et ne verrait dans le stress qu'un effet secondaire minime. J'essaye d'adopter cette perspective parce que j'ai énormément de chance d'avoir ce que j'ai. Mais c'est une lutte continuelle. Je me dis qu'il faut que je vois l'école du point de vue d'Adisa, qui donnerait tout pour être ici. Je découvre les aspects positifs comme elle le ferait. Elle ferait des concessions même si tout ne lui plaisait pas. Je sais que cela devrait être simple, mais ça ne l'est pas. ,Je vous défie de penser à votre vie du point de vue d'une personne qui donnerait tout pour être à votre place. Trouver les aspects positifs et encourager les autres à faire de même. Sachez qu'il ne s'agit que d'une étape, et que ce n'est pas le pire qui puisse vous arriver. Je sais que c'est difficile, vraiment, je me bats tous les jours. Rappelez-vous : rien n'est acquis et restez ouvert à ce que vous n'aimez pas car il y aura toujours quelqu'un qui donnerait tout pour être à votre place. (Applaudissements)