Waouh ! Ce que je souhaite, si possible, c'est partager avec vous une méthode simple mais efficace, basée sur les neurosciences, pour faire des expériences passées des structures durables et utiles, dans notre cerveau. Autrement dit, transformer les expériences en bonheur, en résistance, ou en d'autres forces intérieures qu'on désire au fond de soi. Je suis tombé par hasard sur cette méthode à l'université, mais pour expliquer le contexte, je dois revenir un peu en arrière, à ma propre enfance. J'ai donc grandi dans une famille aimante, de bons parents, une famille intacte - mais j'étais très jeune à l'école - né en fin d'année, j'ai sauté une classe. Ça, plus mon caractère timide et ringard - mince, lunettes, le dernier choisi en baseball, tout ça. Ce à quoi ça conduit, c'était beaucoup d’expériences ratées ou gâchées par les enfants à l'école. Ce qui m'est arrivé n'était pas grand chose comparé à ce qu'ont malheureusement vécu beaucoup d'autres, mais nous avons tous un besoin naturel de se sentir apprécié, aimé. Nous sommes l'espèce la plus profondément sociale. En évoluant dans le Serengeti, l'exil était une sentence de mort. Cause à effet. Et si on n'a pas ce dont on a besoin, petit à petit, c'est comme si on vivait d'une maigre pitance. Vous pouvez survivre, vous le pouvez, mais il y a un vide à l'intérieur. Dans mon cas - espérons que ça marchera ; oui - j'ai fini avec pas mal de pensées et sentiments nuisibles en moi. Puis je suis allé à l'université, et j'ai commencé à remarquer quelque chose de fort et d'intéressant. Je veux dire ces petites bonnes choses qui arrivent. Une fille me souriait dans l’ascenseur, un gars me lançait le ballon au foot en salle et disait : « Bien rattrapé, Hanson », c'était très agréable. Ou on m'invitait à manger une pizza - Des choses toutes simples de la vie de tous les jours. Et puis j'avais une expérience. Je me sentais inclus, apprécié. La question est : qu'est-ce que je fais de cette expérience ? Si je faisais comme d'habitude, donc l'ignorer, la laisser passer, je continuais de me sentir seul et exclu. Mais j'ai commencé à remarquer que si je faisais les choses différemment, si j'y pensais pendant un peu plus de dix secondes à la suite, je sentais comme si je m’imprégnais graduellement de quelque chose qui était vraiment positif. Et j'ai commencé à me sentir de mieux en mieux, et plus confiant. Et à chaque fois, ce n'était pas un moment extraordinaire - j'en ai eu à travers d'autres moyens - mais... (Rires) Les bonnes choses se sont cumulées au fil du temps, certainement. Et maintenant, des années plus tard, en tant que neuropsychologue, je commence à comprendre ce que je faisais concrètement. Je ne changeais pas simplement d'avis, je changeais aussi mon cerveau. C'est pourquoi, les neuroscientifiques le disent : « Les neurones stimulés en même temps, se lient ensemble. » Des états cérébraux de passage deviennent des caractéristiques neurales durables. Petit à petit, je tissais ces ressources dans mon tissu cérébral et donc ma vie. Il y a plusieurs exemples de la manière qu'une activité mentale peut changer la structure cérébrale. Par exemple, les chauffeurs de taxi à Londres à la fin de leur formation ont un cerveau plus développé dans la partie principale appelée l'hippocampe qui contrôle la mémoire visuelle et spatiale. Dans un exemple différent, je ne sais pas si quelqu'un ici souffre de stress, oui ? De temps à autre. Si on souffre de stress, ça relâche du cortisol dans le corps, puis dans le cerveau. Le cortisol stimule graduellement l'alarme dans le cerveau, l’amygdale, elle sonne alors plus vite et plus fort, et le cortisol faiblit, ça détruit des neurones de l'hippocampe, qui en plus de contrôler la mémoire visuelle et spatiale, calme l'amygdale et réduit le stress. Alors cette expérience de stress, surtout si c'est chronique et de modéré à sévère, change petit à petit la structure du cerveau, on devient alors progressivement plus sensible au stress. Le mental peut changer le cerveau qui peut changer le mental. C'est très important à savoir parce que les forces intérieures - pour revenir au début de mon histoire - les forces intérieures que nous désirons tous : bonheur, positivité, détermination, amour, confiance, les qualités, les fonctions de direction, tous viennent du cerveau. La question est comment les faire entrer dans le cerveau. Ce qui est intéressant, c'est que la plupart des bonnes qualités de l'esprit et du cœur qui nous aident à faire face à la vie, y compris les moments difficiles, et avoir envie de donner aux autres, la plupart de ces forces intérieures viennent d'expériences positives de ces forces. Si vous voulez gagner en confiance, par exemple, ayez plus d'expériences de réussite. Si vous voulez avoir un cœur plus aimant, essayez d'avoir des moments de compassion ou de gentillesse envers les autres. Le problème, c'est que pour faire entrer ces expériences dans notre cerveau, nous devons surmonter la tendance naturelle du cerveau à voir le négatif. Ce qui veut dire que le cerveau est très bon pour apprendre des mauvaises expériences mais l'est moins pour apprendre des bonnes expériences. Autrement dit, les bonnes expériences ne sont pas imprégnées par le cerveau à moins de faire une petite chose dont je vais vous parler dans un moment ; alors que les mauvaises expériences sont tout de suite imprégnées. La raison de cette tendance à voir le négatif est que nos ancêtres devaient faire attention aux mauvaises nouvelles. Parce qu'ils y survivaient, ils devaient s'en souvenir pour toujours, pas vrai ? Chat échaudé craint l'eau froide. Aujourd'hui nous avons des expériences ordinaires - pensez aux relations que vous avez avec quelqu'un avec qui vous vivez, travaillez, couchez, peu importe. Imaginez qu'il se produit dix événements avec cette personne dans la journée. Cinq d'entre eux sont positifs, quatre sont neutres, un est négatif. Auquel allez-vous pensez quand vous allez vous coucher ? C'est pourquoi des études montrent qu'une relation durable et saine a besoin d'une moyenne de cinq interactions positives pour une négative. C'est une mise en garde, n'est-ce pas ? (Rires) C'est donc la tendance à voir le négatif. Elle crée un obstacle fondamental dans le cerveau qui rend difficiles les mécanismes et les initiatives pour grandir, guérir, et nous former en général. Que vous soyez psychologue ou un professeur de méditation comme moi, un formateur d'entreprise, un coach, un parent - je suis aussi un parent avec ma femme - que vous aidiez les gens d'une façon ou d'une autre, on a tendance à être très doués pour « activer » un état mental positif, mais est-on doués pour aider les gens à les ancrer dans le cerveau ? Je ne pense pas. Depuis longtemps, on s'imagine que si on fait durer une bonne expérience, elle finira par s'ancrer. Que peut-on faire ? On peut apprendre à s’imprégner des bonnes expériences, à dépasser l'obstacle dans le cerveau, et tisser les bonnes expériences dans notre tissu cérébral et dans notre vie. J'ai pensé que nous pouvions le faire ici, maintenant basé sur l'expérience. C'est le comté de Marin, (Rires) Lançons-nous. Essayons maintenant. C'est un peu étrange, un peu artificiel - pourquoi pas ? Lancez-vous. Nous allons donc faire simplement cet exercice, puis j'expliquerai l'exercice. Si vous le pouvez, pensez un quelqu'un qui vous savez vous porte dans son cœur. Ça peut être un animal de compagnie, un groupe de personnes, ça peut être une personne dans votre vie, de votre passé, peu importe. ce que vous essayez de faire, c'est d'avoir une bonne expérience, une simple expérience où vous sentez que quelqu'un tient à vous. Vous essayez d'aider l'idée de la personne, de l'image, ou du souvenir à devenir un sentiment. D'accord, vous voulez essayer ? Et une fois que vous y êtes - vous passez de l'idée à l'expérience - Gardez-la en tête. C'est en quelque sorte une période de temps, un seuil. L'expérience doit durer assez longtemps pour la transférer de la mémoire à court terme vers la mémoire à long terme, y compris l'apprentissage émotionnel. Et pendant ce temps, vous pouvez sentir cette expérience s'installer en vous, vous l'absorbez. Ça s'imprègne en vous, se sentir aimé, pendant que vous y plongez. Un simple moment. Dix, vingt secondes généralement ne changent pas votre vie. Mais petit par petit, ça peut vraiment faire une grosse différence. Je vais expliquer les étapes d’absorption des bonnes expériences, c'est très simple - j'ai même un acronyme pour les mémoriser. Notre fille a pensé au dernier mot de l'acronyme - très important, je voulais donc la mentionner. Dans la première étape, ayez une bonne expérience. Nous devons l'activer, Nous devons la faire durer. Le cerveau est comme un vieil enregistreur à cassettes. Il enregistre la musique en la jouant - nous devons avoir une expérience. Dans la deuxième étape, amplifiez l'expérience. Aidez cet état mental activé à devenir une caractéristique neurale du cerveau. Vous savez, faites-la durer, et grandir dans votre corps, aidez-la à gagner en intensité, donnez-vous à elle. Et la troisième étape pour s'imprégner des bonnes expériences, absorbez-la. Sentez la façon dont vous vous imprégnez de l'expérience. Ça amorce les systèmes de mémoire. Ça va les sensibiliser et les rendre plus efficaces pour encoder l'expérience dans la structure neurale. Ensuite, si vous le désirez, l'étape optionnelle, est de lier l'expérience positive avec une négative. Il faut faire attention ici parce qu'on ne veut pas être envahi par le négatif, mais si on renforce l'expérience positive, elle s'associera petit à petit à la négative - « Les neurones stimulés en même temps, se lient. » et s'associera à l'expérience négative pour la calmer, la soulager, même petit à petit la remplacer. Vous pouvez faire ceci, vous imprégner du positif, en associant le positif et le négatif, pour vous-même, vos enfants, vos clients, vos étudiants ou d'autres êtres chers, Cette méthode peut servir à soigner les peines du passé ou les manques, de la vie adulte ou de l'enfance, même replonger dans les souvenirs de votre enfance. Pour résumer tout ça, nous avons quatre étapes qui deviennent l'acronyme : HEAL [soigner]. C'est facile de s'en rappeler. Vivez l'expérience. Intensifiez l'expérience pour votre cerveau l'enregistre une fois activée dans votre esprit. Absorbez-la, et si vous désirez, associez-la pour qu'elle fasse partie de vous. Maintenant, ça peut paraître compliqué, nous savons tous comment prendre le bon, nous savons comment s'imprégner de leçons de vie, des bonnes expériences avec les autres. Nous savons comment ces choses arrivent. En résumé, tout ça se résume, tout mon blabla en quatre mots : Ayez l'expérience, et profitez-en. D'accord ? et surtout profitez-en pour qu'elle devienne une partie de vous. Il ne s'agit pas de cacher les vérités négatives, d'accord ? Le paradoxe, c'est que plus on s'imprègne du bon, plus on est capable de voir le mauvais et y réagir. En effet, il s'agit de gagner le contrôle des tendances préhistoriques du cerveau au 21ème siècle à trop se concentrer sur le mauvais et trop s'en inquiéter. Chaque fois que nous le faisons ne va pas changer notre vie. Mais une accumulation graduelle, au cours de notre vie et aux moments importants si on veut, comme au repas, ou avant de se coucher, ou après une méditation ou du sport, nous pouvons graduellement construire cela en nous-même. Si on y pense comme la loi des petites choses, d'accord ? C'est habituellement de multiples choses mauvaises qui nous rabaissent le moral. Et c'est l'addition de bonnes choses qui nous remontent le moral. Il y a un proverbe tibétain auquel je pense souvent. C'est celui-ci : « Si vous prenez soin des minutes, les années prendront soin d'elles-mêmes. » Je trouve ça très inspirant, n'est-ce pas ? Quelle est la minute la plus importante de votre vie ? C'est la prochaine. Vous ne pouvez rien changer au passé. Quelques minutes dans le futur, on perd de l'influence. Mais la prochaine minute est une grosse opportunité pour nous. Comme moi à l'université, ou nous tous aujourd'hui, ou au cours de cette soirée, que ferons-nous de la minute la plus importante de notre vie ? Et surtout, que ferons-nous des bonnes choses qui nous sont réellement accessibles ? Les gâcherons-nous ? Ou les absorberons-nous en nous, quelques fois ou plus dans la journée, ou plus ? Il y un proverbe bouddhiste qui parle au cœur de l'opportunité dans la minute la plus importante de votre vie. C'est le suivant : Ne négligez pas les bonnes choses, en disant que vous n'y aurez jamais droit. Goutte à goutte, le vase se remplit. De même, le sage, en les récoltant petit à petit, absorbe les bonnes choses. Donc, que vous, moi et tout le monde ailleurs, petit à petit, absorbions les bonnes choses. Merci. (Applaudissements)