"M. Trump... Votre mandat ?
J'adore votre mandat.
Je l'appelle "Disgrâce pour la nation".
Il y a plus de gens qui manifestent contre vous
que contre le cancer.
Vous parlez comme un gorille
qui aurait reçu un coup sur la tête.
En fait, votre bouche ne sert qu'à une chose :
tenir la **** de Vladimir Poutine.
Vous vous souvenez,
En janvier dernier,
Quand des millions d'américain.e.s
se sont enflammé.e.s sur Pinterest,
ont vidé leurs tubes de colles
et se sont éclatés,
comme en cours d'art plastique ?
Armé.e.s de millieurs de banderoles colorées,
de pancartes et de cartons,
environ quatre millions et demi de personnes
dans le monde sont descendues dans la rue
le 21 Janvier 2017, pour la Marche des Femmes.
Pour se souvenir de quelques unes de raisons
pour lesquelles les gens sont sortis ce jour là,
Prenons un moment pour écouter les quelques mots
de notre Commandant en chef,
qui ont inspiré ce formidable évènement.
"J'ai bien essayé de la baiser.
Elle était marriée.
J'ai essayé de la draguer comme une chienne.
Mais j'ai pas réussi.
Et elle était marriée
Vous savez, je suis automatiquement
attiré par les femmes séduisantes
- j'essaie de les embrasser.
C'est comme un aimant. J'embrasse.
[rires]
J'attends même pas.
Et quand tu es une star,
elles te laissent faire.
Tu peux tout faire."
"Les attrapper par la chatte.
Tu peux tout faire."
Oui, c'est notre Président en 2005
quand il était simplement un milliardaire,
présentateur de télé réalité,
annonçant fièrement comme il avait
abusé de ses pouvoirs et de sa célébrité
pour harceler et aggresser
des femmes vulnérables.
Et au fait :
c'est peut-être l'exemple le plus connu de Trump
parlant de sa conception du vrai
"Art de faire des affaires"
mais c'est loin d'être le seul.
Avant même l'annonce de la
candidature de Trump à la présidence,
toutes les reportages parlant de lui
donnaient l'impression d'être coincé
dans une partie de "Jumanji Culture du Viol".
Et c'est en partie en réponse à
cette misogynie flagrante et abusive,
que plus de 4,6 millions de personnes
se sont rassemblées
dans plus de 550 villes rien qu'aux états-Unis,
beaucoup d'entre elles, brandissant
des pancartes spectaculaires
avec des messages contre le racisme systémique,
le sexisme et d'autres formes d'oppression.
Malheureusement, toutes les images
ou slogans de Janvier n'étaient pas inspirantes.
En fait, quand on y regarde de plus près,
certaines pancartes ou slogans
ne manquaient pas juste de créativité -
elles renforçaient précisément
les idées contre lesquelles
ces personnes croyaient protester.
Un slogan incisif ne veut pas dire progressif...
Quand vous "blaguez" à propos de la taille
bizarrement petite des mains de quelqu'un,
ou que vous rigolez devant
des images homoérotiques,
vous renforcez l'idée que des gens
puissent croire qu'ils ont le droit de...
"draguer une fille comme une chienne".
Notre culture nous dit comment
un "vrai mec" devrait penser,
à quoi il devrait ressembler,
et qui il peut dominer.
Ces messages sont toxiques.
Ils se réfèrent à une
masculinité qui dit :
Les "vrais" hommes utilisent
la force pour dominer.
Ils prennent ce qu'ils veulent,
en affaires,
en politiques,
ou dans leurs relations avec des femmes.
Et oui, ces messages mettent en parallèle
le fait d'avoir des petites mains
(ou n'importe quoi de petit),
avec le fait de ne pas être un "vrai" mec.
Observons quelques exemples
pour nous aider à mieux
comprendre ce mécanisme.
En Août 2016,
notre dernier été heureux
avant les élections,
une statue apparut à
l'Union Square de New York,
représentant Donald Trump tout nu.
La taille du sexe de la statue était
clairement une insulte pour cet homme,
dont l'expérience de manager la plus réussie
fût sûrement de virer deux fois
Stephen Baldwin de The Celebrity Apprentice.
Tu es viré
De l'art de rue aux réseaux sociaux
en passant par les manifestations,
on voit ce genre de représentation partout.
C'est presque impossible d'éviter les memes
sur la taille de ses mains,
son auto-bronzant riddicule
ou sa mèche rebelle, qui essaient de
vexer un certain individu susceptible
qui a tendance à rager sur Twitter
et qui a accès aux codes nucléaires.
En plus des membres minuscules,
des petites mains
et des coiffures oranges,
les critiques dans l'espace publique
montraient beaucoup d'images
de Trump et Poutine
poussant leur niveau d'intimité
politique sur le plan sexuel.
De nombreux artistes ont profité
de la Saint Valentin pour provoquer Trump,
en utilisant une imagerie homo-érotique
pour l'atteindre.
Mais dans cette situation,
homo-érotique veut dire homophobe.
Si vous utilisez des images gay
pour insulter quelqu'un,
vous insinuez que l'homosexualité
elle-même peut être une honte.
Ces images ne font pas que critiquer
une relation politique.
Elles émasculent Trump en utilisant
du maquillage, des grossesses,
ou même la position dite de "la petite cuillère"
pour montrer sa féminité.
Ces images ridiculisent le fait
que deux hommes soient ensemble,
romantiquement ou sexuellement,
ce qui équivaut à dire aux spectateurs,
qu'en 2017, les relations sexuelles
entre "vrais" hommes sont riddicules.
Des gens qui se prétendent
être des alliés LGBT
utilisent le genre de logique qui insinue
que tout comportement qui ne soit pas
stéréotypiquement masculin ou hétérosexuel
est soit mauvais soit absurde.
Que veut-on dire par "stéréotypiquement masculin" ?
Et bien les media que nous créons
et avec lesquels nous collaborons,
représentent trop souvent
l'aggressivité, la force physique,
la fierté, la protection
ou même le mauvais caractère,
comme "masculins".
Ces caractéristiques sont passées de
"vertus masculines" à
"condition pour être un vrai homme" -
et varier ne serait-ce qu'un peu de
cette norme rend un homme suspect.
Du même coup,
notre culture toute entière
ressemble à des vestiaires pour
garçons plein d'imbéciles,
et notre président a appris la diplomatie
dans "Les Petites Canailles".
"Et si on créait un nouveau club...
Et on l'appellerait
"Le Club des Gros Bras Mysogines" ?"
Ces images sont tellement omniprésentes,
et établies socialement,
qu'on a fini par les croire
naturelles et vraies,
comme le fait que le soleil se lève à l'Est
ou qu'un film Star Trek sur deux
soit vraiment merdique.
Mais la notion du "vrai homme"
dictée par notre culture,
n'a rien d'objectif.
En fait, cette version de la masculinité
ne se définit que par son
contraste avec son opposé :
la faiblesse, l'humilité et la vulnérabilité.
En d'autres mots, la "féminité".
Si être un "vrai homme" veut dire
être impassible, fort et rationnel,
alors être une "vraie" femme
vous promet une vie pleine de timidité,
de faiblesse et d'hystérie.
Anecdote : le mot "hystérie" vient du
Grec et signifie "utérus".
Associer la compassion,
la vulnérabilité et les émotions
à la féminité est aussi incorrect
qu'associer l'agressivité et la
domination à la masculinité.
Mais en établissant ce contraste,
et en définissant des comportements,
des corps et des apparences,
comme féminines ou masculines,
notre culture dicte aux hommes
de montrer des attributs masculins
et inversement, aux femmes de
montrer des traits féminins.
Franchissez ou évitez cette frontière
définie par notre culture
et vous aurez des problèmes à gérer.
Qu'il soit petit ou grand.
La vérité, c'est que
les idées préconçues
sur la masculinité et la féminité
nous limitent tous,
d'une manière ou d'une autre,
même si les personnes
s'identifiant en tant qu'homme
et celles qui s'identifient en tant que femme
sont atteintes très différemment.
Dans notre culture, c'est très humiliant
pour les "vrais hommes"
de posséder des traits de caractères féminins.
Il n'y a rien de plus insultant
pour un homme
qu'un de ses pairs questionnant
sa masculinité
ou le traitant de femme
ou d'un de ses synonymes.
Pourquoi ?
Parce que tant qu'on continuera
à entretenir ce système
qui ne présente que deux options de genre,
la féminité sera toujours
considérée comme négative.
"D'accord et je suis quoi du coup ?"
"Ce que tu es ?
T'es ma salope.
C'est tout.
Ma petite salope personnelle."
"Tu seras la chienne de ma chienne.
Tu seras ma grande-chienne."
"Fais pas ta fillette!"
"Tu viens de me tirer dessus, putain!"
En réalité, des personnes
de tous les genres
peuvent avoir n'importe
quel trait de caractère,
et elles peuvent s'identifier
en tant qu'homme, que femme,
au milieu de cela,
ou en dehors complètement.
Mais tant que notre culture
normalisera et entretiendra
des attentes rigides relatives au genre
- comme par exemple
encenser la masculinité
tout en dénigrant la féminité -
ces idées contribueront à l'oppression
de certaines catégories de populations,
comme les femmes, les trans
et les personnes non binaires.
Ok, vous vous demandez sûrement,
qu'est-ce que ça a à voir avec les insultes
proférées envers Donald Trump ?
Laissez moi être très claire là dessus :
JE NE SUIS PAS en train de défendre Donald Trump.
Je veux juste qu'on reconnaisse
que les "blagues" sur qui est ou n'est pas
un vrai mec, ou des choses similaires,
font partie des choses
qui feraient beaucoup rire Trump.
Oui, on sait que ce genre de truc
énerve Trump au plus haut point.
Mais ce n'est pas une raison
pour y participer.
On vaut mieux que ça.
On est plus drôle que ça.
On se doit de remettre en question
ce que ces critiques et ces insultes
impliquent vraiment à propos
des hommes, des femmes,
du genre et de la sexualité,
parce que ça renforce de
dangereuses idées patriarcales
qui avantagent les gens comme
notre président actuel.
Bien sûr, ça peut faire du bien
de porter une pancarte
ou partager un post Facebook
qui ferait hurler notre
président soupe au lait,
qui tweete trop vite et
ne réfléchit pas à ses actions.
Et justement comme Trump croit tellement
en une vision terriblement sexiste
de la masculinité et du pouvoir,
questionner sa masculinité
parait un moyen simple et rapide
de le faire déchanter.
Mais on doit penser
au message qu'on envoie
quand on insulte n'importe qui sur l'idée
que les petites mains sont efféminées,
ou que voir deux hommes
qui s'aiment est gênant
- même un président qui laissait
un arrière gout dégoutant avec
sa propre ligne de steaks
dans les restaurants "Sharper Image"...
Bien avant qu'il nous offense et nous
embarrasse en tant que chef de l'état.
Si on se base sur une vision
patriarcale de la masculinité
pour insulter et protester
contre quelqu'un qui profite clairement
du patriarcat et de la misogynie,
et de sa position d'homme blanc,
hétéro et richissime,
alors on aide à perpétuer les mêmes normes.
Ces mêmes normes qui font
que certaines personnes peuvent
ignorer leurs antécédents de
sexisme ou d'agressions sexuelles,
et se faire quand même
élire au plus haut poste de l'état.
Ce qui serait transgressif
et vraiment embêtant pour Trump,
serait une résistance
qui travaille à déconstruire
les notions du patriarcat et du pouvoir
qui l'ont aidé à devenir président.
Une résistance qui défie
les notions rigides
de féminité et de masculinité,
qui soutient fermement
les personnes de tous les genres
et de toutes les expressions de genre.
Alors arrêtons de recourir
au body-shaming
ou à l'homophobie, quand
ce qu'on veut vraiment faire
c'est critiquer la misogynie,
les antécédents d'agressions sexuelles
et l'abus de pouvoir politique
d'un homme
qui aurait du nous rendre service
et disparaître depuis longtemps
de la sphère publique
après son caméo dans "Home Alone 2".
"Excusez-moi, le lobby c'est par où ?"
"Au fond du hall, à gauche."
"Merci."
C'était la toute nouvelle émission
de Feminist Frequency !
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