WEBVTT 00:00:19.944 --> 00:00:22.544 Sur l'onde calme et noire 00:00:22.544 --> 00:00:25.404 où dorment les étoiles 00:00:25.404 --> 00:00:26.994 La blanche Ophélia flotte 00:00:26.994 --> 00:00:29.634 comme un grand lys, 00:00:29.634 --> 00:00:32.014 Flotte très lentement, 00:00:32.014 --> 00:00:34.444 couchée en ses longs voiles... 00:00:34.444 --> 00:00:37.214 - On entend dans les bois lointains 00:00:37.214 --> 00:00:40.344 des hallalis. 00:00:40.963 --> 00:00:42.423 Voici plus de mille ans 00:00:42.423 --> 00:00:43.833 que la triste Ophélie 00:00:43.833 --> 00:00:46.023 Passe, fantôme blanc, 00:00:46.023 --> 00:00:48.113 sur le long fleuve noir 00:00:48.113 --> 00:00:50.133 Voici plus de mille ans 00:00:50.133 --> 00:00:51.393 que sa douce folie 00:00:51.393 --> 00:00:54.053 Murmure sa romance 00:00:54.053 --> 00:00:57.273 à la brise du soir 00:00:59.847 --> 00:01:01.887 Le vent baise ses seins 00:01:01.887 --> 00:01:03.727 et déploie en corolle 00:01:03.727 --> 00:01:05.037 Ses grands voiles 00:01:05.037 --> 00:01:07.537 bercés mollement par les eaux ; 00:01:07.537 --> 00:01:09.107 Les saules frissonnants 00:01:09.107 --> 00:01:10.927 pleurent sur son épaule, 00:01:10.927 --> 00:01:13.007 Sur son grand front rêveur 00:01:13.007 --> 00:01:17.007 s'inclinent les roseaux. 00:01:17.007 --> 00:01:18.817 Les nénuphars froissés 00:01:18.817 --> 00:01:20.787 soupirent autour d'elle ; 00:01:20.787 --> 00:01:22.147 Elle éveille parfois, 00:01:22.147 --> 00:01:23.777 dans un aune qui dort, 00:01:23.777 --> 00:01:26.557 Quelque nid, d'où s'échappe 00:01:26.557 --> 00:01:28.557 un petit frisson d'aile : 00:01:28.557 --> 00:01:30.057 - Un chant mystérieux 00:01:30.057 --> 00:01:34.057 tombe des astres d'or 00:01:39.549 --> 00:01:41.759 O pâle Ophélia ! 00:01:41.759 --> 00:01:43.699 belle comme la neige !
 00:01:43.699 --> 00:01:45.609 Oui tu mourus, enfant, 00:01:45.609 --> 00:01:47.969 par un fleuve emporté ! 00:01:47.969 --> 00:01:49.389 C'est que les vents tombant 00:01:49.389 --> 00:01:51.109 des grand monts de Norwège 00:01:51.109 --> 00:01:52.749 T'avaient parlé tout bas 00:01:52.749 --> 00:01:54.789 de l'âpre liberté ; 00:01:54.789 --> 00:01:56.149 C'est qu'un souffle, 00:01:56.149 --> 00:01:58.029 tordant ta grande chevelure, 00:01:58.029 --> 00:01:59.629 À ton esprit rêveur 00:01:59.629 --> 00:02:01.859 portait d'étranges bruits, 00:02:01.859 --> 00:02:03.199 Que ton coeur écoutait 00:02:03.199 --> 00:02:04.669 le chant de la Nature 00:02:04.669 --> 00:02:06.459 Dans les plaintes de l'arbre 00:02:06.459 --> 00:02:08.979 et les soupirs des nuits ; 00:02:08.979 --> 00:02:11.399 C'est que la voix des mers folles, 00:02:11.399 --> 00:02:12.959 immense râle, 00:02:12.959 --> 00:02:14.849 Brisait ton sein d'enfant, 00:02:14.849 --> 00:02:17.089 trop humain et trop doux ; 00:02:17.089 --> 00:02:19.139 C'est qu'un matin d'avril, 00:02:19.139 --> 00:02:21.329 un beau cavalier pâle, 00:02:21.329 --> 00:02:23.169 Un pauvre fou, 00:02:23.169 --> 00:02:27.169 s'assit muet à tes genoux ! 00:02:27.367 --> 00:02:30.087 Ciel ! Amour ! Liberté ! 00:02:30.087 --> 00:02:32.507 Quel rêve, ô pauvre Folle ! 00:02:32.507 --> 00:02:33.887 Tu te fondais à lui 00:02:33.887 --> 00:02:35.417 comme une neige au feu : 00:02:35.417 --> 00:02:36.587 Tes grandes visions 00:02:36.587 --> 00:02:38.277 étranglaient ta parole
 00:02:38.277 --> 00:02:40.657 - Et l'Infini terrible 00:02:40.657 --> 00:02:44.187 effara ton oeil bleu ! 00:02:45.026 --> 00:02:46.196 - Et le Poète dit 00:02:46.196 --> 00:02:47.936 qu'aux rayons des étoiles 00:02:47.936 --> 00:02:50.256 Tu viens chercher, la nuit, 00:02:50.256 --> 00:02:52.366 les fleurs que tu cueillis ; 00:02:52.366 --> 00:02:54.206 Et qu'il a vu sur l'eau, 00:02:54.206 --> 00:02:56.866 couchée en ses longs voiles, 00:02:56.866 --> 00:02:59.526 La blanche Ophélia flotter, 00:02:59.526 --> 00:03:03.526 comme un grand lys.