Nous commencons officiellement la conférence de presse de DieM -Mouvement Démocratie en Europe Voici Yanis Varoufakis, que vous connaissez sûrement. Mon nom est Srecko Horvat. Nous sommes uniquement quelques uns des représentants qui ont déjà rejoint le mouvement et vous allez aujourd'hui voir de quoi il s'agit. Nous avons 30minutes pour la conférence de presse ensuite nous devrons continuer avec nos... réunions. Donc, une courte introduction: En 1969, Adorno donna une interview pour Der Spiegel et le journaliste posa la question suivante: "Professeur, il y a deux mois, le monde semblait encore être en ordre." Et vous savez ce qu'Adorno répondit? "Pas pour moi!" Et je pense que c'est la même chose: Peut-être que pour certaines personnes l'UE semble aller bien, Mais pour nous, et surtout venant de l'expérience de Yanis comme ministre des finances grecques, cela ne semble pas "aller bien". L'an dernier, la société allemande pour le language a annoncé que les trois mots les plus populaire de l'année 2015 étaient réfugiés, Je suis Charlie et à la troisième place "Grexit" ( nom donné au possible retrait de la Grèce de l'UE ) À la dixième place, c'était "Nous pouvons y arriver", qui est, je crois, la phrase de Merkel quant à la crise migratoire. Ce que nous voulons c'est mettre cette phrase " nous pouvons y arriver" en première place. Et c'est pourquoi nous fondons ensemble avec les quatre coins de l'Europe, le Mouvement Démocratie en Europe. Mais je vais te laissez parler et ensuite, nous répondrons aux questions. Je pense que c'est mieux pour la conférence de presse. Laissez moi vous souhaiter la bienvenue pour cette conférence, merci d'être venus. C'est un grand honneur, un privilège, d'être dans le coeur de l'Europe, Berlin. Nous avons choisi Berlin, précisément parce que rien ne peut changer dans une direction progressive sans l'entier accord de l'allemagne dans nos efforts européens. Malheureusement, c'est une conviction de certains d'entre nous, qui construisent DiEM ensemble, que l'union européenne se désintègre et ce, assez rapidement! Quand on parle de la crise européenne, l'échec, l'incroyable échec de l'UE, à la fois en tant qu'union et en tant que membre qui se bat pour résoudre la crise des réfugiés de manière sensible, rationnel et humaniste Avec une possible exception d'Angela Merkel. Le phénomène de renationalisation des ambitions, La nationalisation de l'espoir, le fait que, maintenant, nous avons des gouvernements européens qui adoptent pleinement la mentalité de " pas dans mon jardin" Que ce soit à propos de dettes, de réfugiés, à propos de Schengen à propos de géopolitique, de notre attitude quant au Proche Orient ou à la Lybie, il suffit de mettre ensemble les mots „européen“ et „politique étrangère“ pour finir avec une blague. Ou pire, avec les mots „européen“, „migration“ et „politique“. Pourquoi l'Europe se désintègre-t-elle? La faute dans cette désintégration, c'est que, pendant les dernières décennies -les deux, voire trois dernières décennies, nous avons permis un processus de dépolitisation dans les prises de décisions au coeur de l'Europe, dans nos principales institutions europénnes. Et quand on dépolitise un processus de décision politique on finit avec de très mauvaises décisions et une politique économique superficiel. Désormais nous avons cela comme -c'est du moins notre estimation- cercle vicieux établi. Une mauvaise politique mène à de mauvais résultats économiques et à des taux d'intérêts négatifs. Comme les fonds pour la retraite en Allemagne ou la déflation en Espagne. Ces mauvais résultats économiques tendent à rendre les processus de décision bureaucratiques et technocrates et les font tourner de plus en plus vers l'autoritarisme. Ce degré d'autoritarisme grandissant conduit à plus de retrait dans le cadre de la mauvaise politique. Ce qui conduit à plus de résultats négatifs et nous nous retrouvons dans une sorte de cadre de désintégration des années 30. Mélangé à un choc tel que la crise des réfugiés, on assiste à une situation telle que celle que nous affrontons en Europe aujourd'hui. Nous nous sommes donc posés une très simple question: si notre analyse est exacte, si L'UE est en train de se désintégrer à cause de sa terrible politique, quelle est la solution? Et bien, nous savons quelle n'est pas la solution: ce n'est pas de nous réfugier derrière nos états nationaux. Ce n'est pas de construire de nouveaux murs, la solution n'est pas „ forteresse allemande“ et „forteresse francaise“, „forteresse grecque“. Ces murs représentent simplement nos échecs dans l'amour de sécurité. Ils ne sont pas la solution. Ce n'est pas non plus une solution d'enfouir nos têtes dans le sable pour prétendre être sur la bonne voie, et que nous avons juste besoin d'adapter un peu notre politique. Donc, si ce ne sont pas là les solutions, quelles sont-elles? Notre réponse est de rechercher à démocratiser les institutions de l'UE pour réaliser deux choses: d'abord recadrer les institutions existantes, afin de stabiliser les cinq crises qui désintègrent l'Europe, la dette, le secteur bancaire, les investissments bas partout même en Allemagne, la pauvreté croissante, qui nourrit la misanthropie et le nationalisme et la crise migratoire. Et nous voulons faire cela de manière à relégitimer le pouvoir politique et la politique européenne. Comment? Le système démodé de créer un parti politique dans un état national, faisant des promesses impossibles à tenir une fois au pouvoir, Ce système est fini. J'ai vu beaucoup de puissants ministres des finances être réduit à l'impuissance face au conseil européen et face à l'Eurogroupe. Donc, si nous avons raison et qu'un autre parti politique, une autre organisation à l'échelle nationale ne serait pas une solution, quelle est la seule alternative? La seule alternative est d'essayer quelque chose qui n'a pas encore été essayer. Un mouvement politique qui viendrait des quatre coins de l'Europe, en même temps, par delà les frontières, indépendamment des affiliations à différents partis politiques et qui aurait un seul but: amener les européens autour d'une table métaphorique, d'une table digitale, comme celle-ci ce soir, pour discuter en tant qu'européens de nos problèmes communs et de ce que nous voulons comme solutions communes à ces problèmes. L'espoir étant qu'un consensus émerge et s'exprime à l'échelle municipale, nationale, à l'échelle de l'UE, Maintenant nous attendons de répondre á vos questions. Commencons avec celle-ci: Q: le président de la Turquie, Erdogan, semble avoir menacé aujourd'hui l'Europe en disant que, si la Turquie ne recoit pas d'aides financières, il enverra des masses de réfugiés vers l'europe. Comment est-ce que ce genre de menace mettent les buts que vous voulez atteindre en question? R: Ces menaces, les dangers clairs présents que nous affrontons rehausse notre propos. Il est grand temps que nous traitions ces problèmes ensemble. Pas comme un problème grec, pas comme un problème devant êre réglé en transformant la Grèce ou l'Italie ou la Sicile en un camp de concentration. Mais comme un problème commun à une union large, puissante et riche, qui a spectaculairement échoué ces dernières semaines, ces derniers mois et années à gérer ces problèmes communs -de manière systématique. La raison d'être de ce que nous faisons est d'être capable de regarder Monsieur Adorno dans les yeux, en tant qu'européens avec une politique cohérente et consistante, cohérente entre autre avec un royaume de solidarité au travers de l'Europe, une stabilisation économique et l'arrêt de cette course qui mène l'Europe à la désintégration. Q: Cela n'aide pas lorsque vous essayez de réagir en tant qu'Europe et que vos partenaires externes sont enclin à vous mettre le pistolet sur la tempe. R: L'union fait la force! Si un pistolet nous est pointé sur la tempe, la dernière chose dont nous ayons besoin est une situation où Berlin se retourne contre Athène, Athène contre Paris, Paris contre Bratislava. Q: Vous avez dit vouloir débuter un mouvement dans tous les pays européens à la fois, qu'est-ce qui vous fait croire que vous pouvez réussir ce que tous les mouvements et protestations sociaux ou ATTAC par exemple n'ont pas réussi à faire? R: Absolument rien. Mais c'est le seul moyen pour que je sois éveillé le matin et être énergique à ce qui, je le crois, semble juste. Regardez: 2015 fut une année centrale. Ce fut une année où nous avons échoué en tant qu'Europe à gérer une politique économique qui a condamné de grandes parties de la périphérie à une dépression permanente. Une dépression permanente! Du même coup, les économies en surplus, les économies principales telles que l'Allemagne, les Pays-Bas, etc. firent face à un processus de déflation brûlant, ce qui sape aujourd'hui la confiance des pays principaux quant à la capacité de l'UE et des gouvernements de Berlin, des Pays-Bas etc. de réussir à gérer la situation. Pour la première fois, il existe une possibilité de coalition entre les démocrates. Qu'ils soient des démocrates libéraux, sociaux ou radicaux, des démocrates verts ( écologiques ). 2015 a montré à beaucoup de gens que notre système de gouvernement en Europe est inconsistent avec le partage de la prospérité. Maintenant, peut-être que ce que nous allons faire pourrait permettre à cette coalition de prendre forme. Ce que d'autres mouvements n'ont pas réussi à faire. Rappelez-vous que ce que les défenseurs du capitalisme, du marché libre proposent, mettant en avant un point de vue disant que la raison qu'a le capitalisme d'être dynamique, c'est que c'est un processus d'erreur où le marché détermine parmi de nombreux échecs quel est le score de réussite. Peut-être que nous avons besoin d'essayer différents mouvements pour arriver à celui qui permettra à l'Europe de s'intégrer plutôt que de se désintégrer. Peut-être que ce mouvement sera aussi un échec, mais nous devons continuer à essayer jusqu'à ce que le processus d'évolution, le processus historique de l'Europe soit poussé dans la bonne direction, sur le sentier de l'intégration et arrêtant la déconstruction actuelle. Q: Je veux vous questionner sur la terminologie des médias. Les médias -en Allemagne et aux USA utilisent des termes tels que „ ajustements structurels“, Flexibilité de marché du travail, paquets de secours, comme si toute la nation était sauvée, programmes de sauvetage. Noam Chomsky dit que la flexibilité du marché libéral est une autre expression pour quelqu'un qui ne sait pas s'il se réveillera demain avec un job. Je voudrais savoir si votre mouvement reprend ces terminologies et les change pour former une image plus appropriée de ce qui se déroule actuellement. R: Nous devrions tous, chacun de nous, prendre garde au double langage. Et à la facon dont chaque langage est tordu pour cacher ce que dissimulent certaines phrases et tournures politiques. Ne serait-ce pas bien si notre langage était utile dans le contenu d'un dialogue, afin que ce que nous pensons soit transmi ( de manière effective ) à nos interlocuteurs. J'ai un exemple favori de double langage: lors de nos négociations avec la Troika, les termes qu'eux utilisaient pour réduire les retraites était: „ Restauration de justice intergénérationnelle „ Q: ( impossible à comprendre) R: Si vous lisez notre manifeste, il est assez clair qu'il s'agit d'un manifeste pour la démocratisation de l'Europe et c'est un appel à tous les démocrates, indépendamment des idéologies, conception de la société et affiliation à des partis politiques. Nous avons tous notre idéologie particulière. Mais DiEM n'est pas moi, pas Srecko, ce n'est aucune des personnes qui seront ce soir à Berlin ( Volksbühne ). C'est chacun de nous, ensemble, et c'est ce manifest. Les termes du manifeste cherchent à embrasser chacun de ceux qui veulent une re-démocratisation replacant les peuples au centre de l'Europe. Q: Vous pensez vraiment que le Centre de gauche et le Centre de droite peuvent en être? R: C'est ce que nous voulons. Vous voyez, certains de mes amis politiques associés/collaborateurs, sont des gens qui seraient, en Grande-Bretagne, décrits comme des nouveaux libéralistes. Des gens qui s'indignent du manque de démocratie, à Bruxelles, Francfort, dans les institutions européènnes, qui font un si mauvais travail dans la gérance des affaires européènnes. Si je peux être ami avec ces personnes, je pense qu'il est parfaitement possible que DiEM parle à tout ceux qui sont d'accord avec la nécessité de re-politiser les décisions, afin d'arrêter la crise économique et la crise de l'autoritarisme excessif, notamment à Bruxelles et Francfort. Q: Re-démocratisation signifie donc de défendre les constitutions des états membres? R: Bien sûr! Nous sommes des démocrates constitutionnels. Mais laissez-moi vous dire ceci: Le moment où nous avons créée une devise commune, nous avons transféré la souveraineté de nos états nationaux dans un trou noir. Nous n'avons pas créée une fédération, si nous l'avions fait, nous aurions transféré notre souveraineté de nos états nationaux à un état fédéral. Et nous aurions besoin d'une constitution pour faire cela, qui recouvrirait les constitutions de nos états nationaux. Nous n'avons pas fait cela. Donc, non, il n'y a pas de souveraineté. Maintenant, il y a juste de l'opacité, de l'autoritarisme, il y a des fonctionnaires que certains d'entre nous connaissent, mais dont la plupart des européens n'ont jamais vu le visage ou entendu le nom et qui prennent des décisions importantes -cruciales, dans leur dos. Et le problème est que la grande majorité des européens, qu'ils soient d'accord avec moi ou pas, ressentent qu'il existe un manque de légitimation. Le problème avec cela étant que dans le contexte d'une spirale de déflation et avec la crise migratoire qui ne sont pas traités ensemble, il existe un danger sèrieux que ce mécontentement pour ce manque de légitimité de même que le mépris des constitutions sans avoir de constitution fédéral global conduise à la désintégration, au nationalisme, à un retour envisagé dans les états nationaux. En d'autres termes, pour faire simple, une version post-moderne des années 1930. Les démocrates doivent faire cesser cela. Nous devons donner aux gens, surtout à ceux qui ne veulent rien entendre de ma part, ou de gens comme moi, l'espoir que l'Europe peut utiliser cette occasion de réclamer des processus démocratiques constitutionnels de telle manière que ceux-ci soient cohérents avec leurs peurs et leurs aspirations. Q: Je me demande pourquoi nous avons besoin de votre mouvement, de ce nouveau mouvement, alors que nous avons d'autres parties politique de gauche qui se battent pour la démocratie et pour plus d'intégration. R: J'espère que vous savez que ce serait un rêve de ne pas avoir à faire cela. Cela serait génial, si les mouvements existants pouvaient avoir fait ce travail! Mais je ne pense pas qu'ils le peuvent et je ne pense pas qu'un mouvement de gauche puisse le faire. Je suis de gauche, je n'en fais pas un secret, mais je me dois d'être brutalement honnête: la gauche a subit une défaite majeure dans la fin des années 1980, au début des années 1990. Nous portons un fardeau de culpabilité énorme. Pour tous les crimes que nous avons effectué en tant que gauchistes -pas en tant qu'individu, mais en tant que culpabilité collective de la gauche au cours du 20ème siècle. La gauche n'a pas eu de succès depuis 1991 et surtout après 2008 lors de la grande crise financière, qui fut le déclencheur de la crise de l'euro et de l'UE maintenant. Nous avons échoué en tant que gauche a nous détacher de ce passé, à nous détacher de notre minorité si confinée. Nous avons réussi brièvement en Grèce, mais cela n'a pas été reproduit en Allemagne ou en France. Les problèmes auxquels nous faisons face, exactement comme dans les années 1970, sont des problèmes qui sont existentialistes pour la survie de l'Europe et cela au-delà des limites de la Gauche. C'est pourquoi nous appelons à une large coalition de démocrates libéraux, sociaux, gauchistes, radicaux, verts, qui sont d'accord sur une seule simple idée: que le „peuple“ soit plus central dans une „démocratie“ et non pas traité avec mépris par des bureaucrates qui usurpent de leur pouvoir sans que personne ne s'en rende compte. Q: La situation des réfugiés est toujours mentionné comme une menace. Je me demande si vous pouvez le voir, dans votre mouvement, comme quelque chose de positif? Comme un projet commun à l'Europe, une population qui grandit plutôt qu'une simple menace. R: Si vous lisez notre manifeste, il est très clair sur ce point: une des choses que nous avons attaché à l'Europe de nos rêves et à nos aspirations, c'est une Europe ouverte. Une Europe qui comprend que barrières et frontières reflètent l'insécurité et diffusent cette même insécurité au nom de la sécurité ( qu'ils prétendent ainsi garantir ) En parlant en tant que Yanis Varoufakis, moi même et non en tant que DiEM, parce que DiEM doit être authentiquement démocratique et nous devons convoquez une session avant que nous ayons une position sur quelque chose. Je vous parle donc maintenant personellement et non en tant que représentant de DiEM. Deux points quant aux réfugiés: D'abord, venant de la philosophie de l'ancienne tradition grècque, lorsque quelqu'un frappe à votre porte au milieu de la nuit, mouillé et affamé, blessé et effrayé, vous ne faites pas d'analyse de coûts et de bénéfices pour deviner si vous devriez ouvrir la porte. Vous l'ouvrez! Et vous vous préoccupez des conséquences de votre choix bien après, après que la personne soit séchée, nourrie, soignée et qu'elle ne soit plus effrayée. Premier point. Deuxièmement: l'Europe doit assumer son histoire. Depuis des centaines d'années, nous avons peuplé la terre. Nous avons exporté des européens en Amérique, en Australie, en Asie, en Afrique. Nous avons colonisé. Nous avons supprimé des tribus et pris le contrôle du monde. C'était bien, cela faisait partie du grand exode européen. Et bien vous savez quoi? Devinez donc! La démographie de notre planète est en train de changer et l'Europe sera repeuplé dans une très grande mesure par des gens extèrieurs à l'Europe. Nous ferions mieux d'accepter ce fait. Apprendre à vivre avec cela et apprendre comment en tirer toute l'énergie que nous pourrons. Nous vieillissons l'Europe et nous concentrons sur comment traiter ce problème là. Ce que les politiciens nécessitent pour réussir à faire cette transition dynamique se rapprochent plus des valeurs humanistes et européennes. Q: Pendant la lecture de votre manifeste, j'y ai lu quelques buts à court-terme, comme la transparence et la franchise et quelques autres buts comme une assemblée constitutionnelle venant directement des citoyens de l'Europe. Pourriez-vous expliquer de quelles influences vous disposez pour atteindre ces buts dans un contexte européen? R: Nous n'en avons pour l'instant aucune idée. Nous débutons cette nuit, avant cette nuit, nous n'existons pas. Nous n'avons donc encore aucune influence donc. C'est tout l'intérêt d'un mouvement, vous exposez des principes, des objectifs, vous appelez vos concitoyens des quatre coins de l'Europe à vous rejoindre s'ils pensent qu'il existe un manque quelconque et qu'ils ressentent le besoin de vous rejoindre et de promouvoir collectivement ces objectifs. Notre influence sera absolument proportionnel au nombre de personnes qui rejoindront DiEM et s'engageront activement dans la poursuite de nos objectifs communs. C'est cela, la démocratie. Q: Maintenant on trouve une véritable militarisation à Lesbos. Ma question n'est pas seulement une question européenne, nous avons beaucoup de crises avec les réfugiés, nous avons aussi des crises politiques, Ma question pour vous est : Quelle est votre réponse pour trouver un moyen de sortir de cette situation parce que vous trouvez que ni l'Europe, ni les institutions ne fonctionnent? Je veux entendre de vous quelque chose de plus concret, qui peut retentir ce soir comme un appel pour trouver d'autres chemins que celui de la militarisation, pour trouver une solution politique pour résoudre le problème. Il est vraiment temps d'agir là. R: Précisément! Cet échec que vous décrivez est la raison fondamentale pour laquelle nous croyons que nous nécessitons un nouveau mouvement en Europe, qui offrent aux européens une opportunité de discuter cela en tant qu'Européens, pas en tant que Grecs, Allemands ou Slovaques. Ce n'est pas le moment de formuler la réponse politique intégrale, mais permettez moi ceci: L'été dernier, notre gouvernement en Grèce -puisque vous parlez de Lesbos- fut forcé d'accepter un marché qui apporta à notre gouvernement en faillite 85 billion de plus. Avant cela, nous fûmes forcés en tant que nation à accepter -contre les manifestations de rues de nombreux d'entre nous- 130 billion en 2012. En 2010, nous fûmes forcés à accepter un autre billion, tout cela supposémment comme solidarité envers la Grèce -solidarité pour les banquiers plutôt, mais peu importe. Si tous ces billions peuvent être mis de force dans la gorge d'une nation qui ne peut simplement pas se le permettre, certainement est-il possible de trouver un ou deux ( billions) pour résoudre les problémes d'une facon qui ne constitue pas de tremplin vers la militarisation. Le fait que nous nous querellions à propos de quelques centaine de millier d'euros, quand en même temps des centaine de billions de prêts toxiques sont réunis est un autre signe de la désintégration de l'UE. L'Histoire va nous juger vraiment durement. Q: Vous parlez toujours de plus de démocratie. Sommes nous plus démocratique par exemple que le parti communiste de Grèce, qui appelle la Grèce a quitté l'UE? R: Laissez-moi répondre très sincèrement: peut-être que nous n'aurions pas dû créer l'UE comme nous l'avons fait. Je suis convaincu que nous n'aurions pas dû, nous aurions dû soit ne pas la créer, soit la créer différemment, mais une fois créée, la désintégration de l'UE va apporter un écroulement très rapide qui ressemblera terriblement à ce qui est arrivé dans les années 1930 Et ce que je réponds à mes amis du parti communiste de Grèce, radicaux de gauche, qui formulent la position que peut-être, la désintègration et le retour aux états nationaux serait la solution, c'est que je leur rappelle que, lorsque nous avons eu une pareille désintégration en 1930, ce ne fut pas l'humanisme et ce ne fut pas la Gauche qui en bénéficièrent. Ce furent les fascistes, les nazistes et l'Europe tomba dans un terrible piège aux coûts humains énormes. Voulons-nous la même chose? Moi en tout cas, certainement pas. Nous avons le temps pour une dernière question. Pour ceux qui sont accrédités, nous les invitons à nous questionner plus tard. Pour ceux qui n'ont pas de tickets maintenant, nous organisons aussi live-streaming. Donc, une dernière question et ensuite nous devrons terminer malheureusement. Q: Comment allez-vous engager des personnes de petits pays dans DiEM, comme la Slovénie par exemple? Y aura -t-il des choses à faire au niveau local ou l'ensemble restera-t-il une sorte d'idée générale? R: Nous sommes de grands croyants des actions locales dans le contexte d'un agenda englobant toute l'Europe. Il y aura donc différents niveaux de participations. Il y aura une application pour les mobiles, il y aura un site internet, de sorte que la plateforme digitale qui est essentielle aujourd'hui pour tout, permettra aux citoyens de Slovénie à Ljubljana de trouver qui autour d'eux est engagé. Notre idée est de passer très rapidement de ces formes de communication digitales à des réunions en mairies, dans les villes, dans les villages, sur des thèmes dont nous déciderons collectivement au travers de l'Europe. Cela nous ménera à de plus gros évènements au fur et à mesure, comme celui que nous avons aujourd'hui. de sorte que la communication digitale prenne la forme de meetings en face-à-face, au niveau local, au niveau national et ce partout en Europe. Merci beaucoup. Yanis, peut-être que tu veux transmettre un dernier message pour conclure. Et bien, le message final, c'est qu'il n'y a absolument aucun doute que ce que nous faisons avec DiEM semble être assez utopique. L'idée de débuter un mouvement européen, qui ne proviennent pas d'un pays particulier, ni d'une base organisée existante, mais venant plutôt d'une „ perspective horizontale“ au travers de l'Europe, afin de changer l'Europe et d'arrêter la descente dans ce trou que la désintégration creuse pour nous, cette idée semble aller chercher loin et il se pourrait bien que cela échoue. Mais quelle est l'alternative? L'alternative est de continuer à prétendre, comme le font les pouvoirs en place de l'UE, qu'ils peuvent maintenir cette UE que nous avons désormais. Ce qu'ils ne peuvent pas faire -cela est plus utopique encore que ce que nous faisons! Et finalement, l'alternative à ce projet utopique, est une horrible folie qui punira sévèrement tout le monde à l'exception de ceux prospérant et réussissant à profiter de la situation -profiter de désastres humains. Merci beaucoup!