Il y a dix ans, au début de l'automne, j'ai complètement perdu la raison. Je regardais les nouvelles en boucle, 24h/24, pendant des semaines, et ça avait allumé un feu en moi. J'ai fait mes valises et pris ma voiture pour me rendre à un endroit dont je ne savais pas quoi attendre, alors j'ai tout pris : de la nourriture, des équipements de camping, une trousse de secours et un bidon d'essence, pour pouvoir faire le plein avant de m'enfoncer dans cette zone. J'ai conduit 12 heures depuis ma maison à Indianapolis, dans l'Indiana, jusqu'à Tylertown, dans le Mississipi. Je me rendais au camp Katrina. Lorsque tout a été dit et fait, près de 600 bénévoles se sont rendus dans le golfe pour aider les victimes de Katrina. La plupart d'entre eux y allait pour aider les humains ; j'y allais pour sauver les animaux. Je faisais du bénévolat pour sauver des animaux depuis quelques années, et je me souviens exactement pourquoi ; j'avais lu dans un journal l'histoire d'un chien qui avait été si maltraité que je ne pouvais pas le supporter, et j'ai appelé le refuge que j'ai pu trouver et j'ai dit « Inscrivez-moi ». Je pensais avoir vu le monde infliger des choses assez terribles aux animaux, mais ce n'était rien en comparaison de ce que les animaux enduraient avec Katrina. Alors j'y suis allée. Avant que je ne me décide -- laissez-moi revenir en arrière. Le camp Katrina était géré par la Humane Society de Louisiane et c'était, essentiellement, un camp de réfugiés monté à la va-vite pour les animaux de compagnie déplacés par les ouragans. Avant que je ne me décide, deux mois s'étaient écoulé depuis Katrina, et les animaux arrivaient encore. Ils étaient en très mauvais état. Alors on les triait, on les stabilisait, on les installait. Ce n'est pas un travail prestigieux, nos responsabilités quotidiennes incluaient de ramasser beaucoup de déjections, de nettoyer beaucoup de bacs à litière, et si jamais vous devez un jour nettoyer la litière d'un chat errant, c'est à vos risques et périls. (Rires) Nous dormions à même le sol, quand on dormait ; il y avait de la nourriture, mais nous oubliions de manger ; et non, pas de douche. Donc on était fatigué, on sentait mauvais, mais personne ne se plaignait. Nous venions de plein d'endroits différents, il y avait même des gens qui venaient d'Hawaï et du Canada. Ils étaient tous comme moi, ils avaient vu la souffrance, ça les avait pris aux tripes, ça les avait enflammés et les avaient poussés à agir. Je me suis fait des amis au camp Katrina, et je suis tombée amoureuse de plein d'animaux. Lorsque je suis arrivée, le camp était rempli de pitbulls, et je peux vous dire qu'ils me rendaient nerveuse, mais j'ai vite réalisé qu'ils étaient juste comme les autres chiens : ils étaient terrorisés, fatigués, affamés, et désespérément en manque de contact humain. Il y avait ce moment, quelques jours après avoir recueilli un animal, surtout avec les chiens, où vous pouviez voir cette étincelle se rallumer dans leurs yeux, et voir qu'ils comprenaient que tout allait bien se passer. Tout allait bien se passer. D'une position recroquevillée, ils finissaient par s'ouvrir, sourire, et ils commençaient à remuer la queue, et ils redevenaient des chiens heureux et normaux. Voici mon ami Shelly, je lui ai parlé sur Facebook hier. Voici Amy ; elle était terrifiée par les pitbulls à son arrivée, elle a dépassé sa peur. C'était beau à voir, et c'était terrible. Nous avons vu beaucoup de souffrance, et pendant tout le temps que nous essayions de sauver ces animaux, des gens essayaient de pénétrer dans le camp pour les voler, voler les chiens, pour les battre. C'était déchirant et rageant de savoir que ces animaux que nous avions tant de mal à sauver, de qui nous tombions follement amoureux, que des gens voulaient les tuer pour leur propre divertissement. On a été obligé de construire une clôture de barbelés autour du camp, et de faire des patrouilles, de l'aube jusqu'au coucher du soleil, mais au final, nous les gardions en sécurité. L'Effort de sauvetage des animaux de Katrina est parvenu à réunir certaines familles avec leurs animaux - voici Gumbo et sa famille ; il n'y avait pas un œil de sec ce jour-là dans le camp - mais malheureusement, beaucoup de familles n'ont pas pu être localisées. On ne savait pas s'ils ne savaient pas où chercher leurs animaux - il y avait des refuges partout - ou s'ils étaient dans une situation qui ne leur permettait plus d'avoir un animal, ou s'ils n'avaient pas survécu. Les animaux qui n'ont pas retrouvé leur famille ont été placées dans de nouvelles familles. Ensemble, nous avons sauvé des centaines et des centaines d'animaux. Voici ce que le camp Katrina m'a appris : les gens veulent aider. Nous répondons aux histoires qui nous émeuvent, et parfois, ces histoires sont si puissantes qu'elles nous font passer de « quelqu'un devrait faire quelque chose » à « j'aimerais pouvoir faire quelque chose », à « Je vais faire quelque chose. » Des années plus tard, j'assistais à une conférence sur le service et le bénévolat à la Nouvelle-Orléans, et comme moi, beaucoup de gens du public avaient été au camp Katrina, Nous étions dans l'ombre du Superdome, revivant tous ces souvenirs, les bons comme les mauvais, et c'était incroyable de voir que des gens de Louisiane s'étaient manifestés. Littéralement. Des fanfares de lycée, des politiciens, beaucoup de célébrités, et ils n'arrêtaient pas de venir nous remercier. Malgré toute la souffrance qu'ils avaient vécue, il était important pour eux de nous dire que ce que nous avions fait avait du sens. Ça m'a coupé le souffle. J'ai réalisé que si j'étais descendue parce que je voulais aider les animaux, j'avais en fait aussi aidé des gens. Les bénévoles pour animaux font plus que déplacer des chiens et des chats, nous aidons des gens. Et parfois de façon très surprenante. Mes amis Tim et Donna ont adopté Sally et elle est à ce point une créature spectaculaire qu'elle les a inspiré à ouvrir un refuge qu'ils ont appelé Bad Rap. C'était il y a 16 ans et ils sont toujours bénévoles depuis. Aujourd'hui, ils sont vus comme des chefs de file dans le monde du bien-être animal. Ils ont été déterminants pour secourir les chiens de Vick, et ce faisant, ils ont changé la façon dont le système judiciaire traite les chiens victimes de combats de chien. Grâce à ça, un certain nombre des chiens de Vick ont pu être adoptés par des familles aimantes - voici Tim et Donna et cinq de leurs chiens ; effrayant, non ?- et certains de ces chiens sont même devenus des chiens de thérapie certifiés. Voici Leo, qui a travaillé avec un groupe appelé Notre Meute, et il est mort il y a quelques années, mais sa spécialité était de réconforter les gens alors qu'ils faisant leurs traitements de chimiothérapie. Il a l'air de faire un bon boulot. Et lui, c'est Charbon, parce qu'il vient du Kentucky. Il y a des années, j'ai aidé à le sauver d'une maison de drogués à la meth, et la femme qui l'a adopté l'a dressé pour être un chien secouriste. Donc malgré tout ce qu'ils ont vécu, avec l'aide des bénévoles, ces chiens ont trouvé un moyen de rendre la pareille. En Caroline du Nord, avec un groupe appelé « Une nouvelle laisse pour la vie » des prisonniers ont dressé des chiens de refuge, leur apprenant les premiers ordres. Ça a clairement aidé à ce que les chiens soient adoptés, et c'est super, mais les participants de ce programme ont aussi découvert que leur taux de récidive était passé de 36 % à 6 %. Donc les participants de ce programme, lorsqu'ils sortaient de prison, ils n'y retournaient pas. Le fondateur de ce programme a commencé un autre programme, « Des gens et des animaux pour l'espoir », même format, mais cette fois-ci, il confiait les chiens à des adolescents, et le but était de garder ces jeunes hommes et femmes hors du système pénal avant tout. Une histoire pour ceux qui aiment les chats : à Indianapolis, il y a un groupe, « IndyErrants », qui a commencé un programme de CSR : capture, stérilisation, et relâche, et ils ont commencé à stériliser tous les chats errants. Quelques années plus tard, la ville a vu que le nombre de chats errants arrivant dans les refuges avait considérablement baissé. Ce qui réduisait la pression sur les refuges. Ils ont fait quelques calculs rapides, et ont découvert que pendant ce temps où le programme avait tourné, les bénévoles d'Indy Errants avaient fait économiser aux contribuables près de 300 000 dollars. Pas mal. D'autres défenseurs se battent pour une législation anti-attache, pour empêcher les gens de laisser leurs chiens enchaînés 24/7. Je pense qu'on peut dire que bien que ceci soit surtout motivé par le bien-être des chiens, ça a aussi un effet secondaire important sur l'amélioration de la santé publique : peu importe ce que vous avez entendu sur les chiens qui mordent ou pourquoi, les chiens enchaînés sont trois fois plus susceptibles de mordre. Donc si vous leur enlever les chaînes, vous réduisez les morsures. Cette idée s'est répandue comme une trainée de poudre, et nous voyons des décrets anti-attache être ordonnés partout dans le pays, menant à des communautés plus sûres. Je pense qu'on peut dire que presque toutes, si ce n'est toutes les personnes qui ont fait ces choses, ont à un moment fait l'expérience ou entendu une histoire qui les a poussées à « Je vais agir », et leurs efforts - parce qu'elles aiment voir les chiens et chats recevoir les soins qu'ils méritent - ont eu des bénéfices significatifs pour leurs communautés. Donc nous avons observé le sauvetage d'animaux à travers le prisme du bénévolat, et vous pensez : « Si sauver des animaux, ce n'est pas mon truc ? » N'ayez crainte citoyens, quelle que soit la forme du benevolat, c'est bon pour vous et votre communauté. Les bénévoles ont tendance à avoir moins de problèmes de santé plus tard. Les séniors en particulier en retirent des bénéfices pour leur santé mentale et physique. Les villes ou États avec des taux de bénévolat élevés ont des taux de une mortalité et de maladies cardiaques plus faibles, et les communautés aux nombreux bénévoles sont plus saines civilement parlant. Ces personnes sont plus susceptibles de voter, sont plus susceptibles de sortir et de réparer ce qui doit l'être dans leur communauté, parce qu'ils savent qu'ils peuvent le faire. Ces communautés sont plus connectées, plus vivantes. Jusqu'ici tout va bien, n'est-ce pas ? Une personne sur quatre donne environ deux heures de son temps par semaine. Ça semble peu, mais ça s'additionne. En 2013, 62 millions de bénévoles ont donné à ce pays 7,7 milliards d'heures de service. La valeur de ce service est de 173 milliards de dollars. Les bénévoles ont donné leur temps équivalent à 173 milliards de dollars. Si vous payez des impôts, vous voudriez sûrement serrer un bénévole dans vos bras. Je suis là. Alors tout semble parfait, mais quelles sont les compétences nécessaires pour être bénévole ? Lorsque j'ai perdu la raison et que je suis allée au camp Katrina, je n'avais pas de compétences particulières. Enfin, je ne savais pas que j'en avais. Mais sur place, je me suis rendue compte que je parlais la langue des chiens. Vraiment. Je comprends bien les chiens, je me connecte à eux, et si un chien se sent en danger ou désorienté, j'utilise le langage corporel et le ton de ma voix pour aider le chien à se sentir en sécurité. Je peux aussi repérer un chien errant à plus d'un kilomètre. Je vois les chiens qui sont invisibles aux yeux des autres, et j'appelle ce petit don « Radaràchien » (Rires) et croyez-moi, c'est tout autant un don qu'une malédiction, parce que si je les vois, je dois aller les chercher. Mais j'ai découvert que j'étais vraiment douée pour ce genre de choses, que j'étais douée pour tout un tas d'autres choses que je n'aurais jamais découvertes si je n'avais pas fait un pas vers le bénévolat. Il y a quelques mois, quelqu'un m'a envoyé ce super t-shirt : « Je sauve des animaux, et toi, quel est ton super pouvoir ? » « Radaràchien », je parle chien. Si vous ne savez pas, n'êtes-vous pas un peu curieux ? Peut-être ? Parfois, tout ce qu'il suffit de faire, c'est allumer son ordinateur. En 2014, un vétéran, Steve White, a été attaqué par une personne qu'il connaissait à peine. Il a été battu, brûlé et il est mort de la suite de ses blessures. La communauté était choquée et dévastée. Il laissait derrière lui une femme et 3 chiens, et je le sais car un ami commun est venu me voir et m'a dit qu'ils avaient besoin d'aide pour faire adopter deux des chiens, parce que sa femme ne pouvait pas les gérer sans Steven. Voici Tiberius et Momo. J'ai été si émue par cette histoire que je fus très contente de savoir que je pouvais aider. Alors j'ai fait ce que je fais toujours lorsqu'un animal a besoin d'un foyer, je fais des photos, j'écris leur histoire, et je la publie sur Facebook. Facile non ? La publication a été partagée, de nombreuses fois. J'ai arrêté de compter après 4 000 partages. Parce que l'histoire était puissante, que les gens étaient émus et qu'ils voulaient aider. J'ai parlé avec des gens d'aussi loin que Seattle et Chicago, un vétérinaire en Virginie a donné un an de traitement anti-parasites et contre le ver du cœur parce que comme moi, elle était contente de savoir qu'elle pouvait agir par des petites choses. À ma grande joie, les deux chiens ont été adoptés dans des familles géniales, et tout ce que j'ai eu à faire, c'est raconter leur histoire sur Facebook. Alors, qu'est-ce qui vous prend aux tripes ? Qu'est-ce qui a le pouvoir et le potentiel de vous enflammer ? De passer de « Quelqu'un devrait » à « J'aimerais », à « Je vais » ? Il y a 10 ans, j'ai quitté la sécurité et le confort de ma maison pour installer un camp dans un champ boueux du Mississippi parce que l'ouragan Katrina m'a pris aux tripes et m'a enflammée. Je savais que je pouvais faire quelque chose. Et en fait, je pouvais faire beaucoup de choses. Merci (Applaudissements)