Bonjour à tous, je m'appelle Marie, je suis franco-italienne, je suis diplômée d'un Master 2 en Langues, Littératures et Civilisations étrangères, avec comme spécialité l'enseignement. Alors, j'enseigne le français et l'italien depuis 10 ans à peu près, maintenant, et depuis un an je suis professeure 100% en ligne. Mon public est assez vaste, assez large, puisque je donne des cours à des personnes de 7 à 77 ans C'est-à-dire aux enfants, aux gens qui travaillent, aux retraités, aux étudiants... Bref j'enseigne un petit peu à tout type d'apprenants et à des gens qui viennent un petit peu de tous les horizons. Alors c'est cette expérience professionnelle qui va me permettre aujourd'hui de vous proposer cet atelier. Et afin que vous compreniez un petit peu mieux le sujet, la thématique de cet atelier, je pense qu'il est nécessaire de vous parler un petit peu de moi, de mon parcours professionnel et de ce qui m'amène à questionner les différentes techniques d'enseignement les stratégies qu'on va devoir appliquer dans le contexte actuel de la pandémie Alors, j'ai débuté ma carrière comme professeure d'italien en collège et en lycée dans l’Éducation Nationale en France. C'est pendant ces années-là que j'ai réellement découvert les techniques d'enseignement dites classiques, mais aussi les programmes et les connaissances attendues dans le monde académique Suite à cette expérience-là, j'ai eu l'opportunité de travailler en Chine une opportunité que j'ai choisie auprès d'une grosse structure que vous connaissez certainement, et qui est celle de l'Alliance Française, en l'occurrence ici c'était à Pékin. Lorsque je suis arrivée en Chine, je tiens à en parler, je ne connaissais pas un mot de chinois, et mon niveau d'anglais était extrêmement bas. J'en parle parce que c'est ça qui m'a obligé à développer des outils pédagogiques différents : Je me suis formée rapidement, puisque j'ai enseigné à des collégiens à des universitaires, et aussi à des adultes. C'est donc au sein de l'Alliance Française que j'ai appris ces nouvelles approches linguistiques et pédagogiques, qui sont très différentes des stratégies françaises que j'avais eu l'occasion d'appliquer. Et c'est aussi comme ça que j'ai commencé à maîtriser un peu plus les outils informatiques qui étaient nouveaux pour moi, tel que les TBI les fameux tableaux numériques Mais aussi le fait d'animer des classes virtuelles : j'ai commencé donc en 2018 à l'Alliance Française qui avait commencé à mettre ça en place. Donc, tout ça pour vous dire que c'est cette période d'enseignement en Chine qui m'a demandé de mettre en place ces approches, qui étaient très variées Et puis c'est aussi comme ça que j'ai mis le doigt dans le numérique, au départ. Suite, à toutes ces expériences, moi j'ai eu envie d'en savoir un petit peu plus aussi, sur l'enseignement Outre-Manche. J'ai voulu aller voir chez nos copains anglais comment se passait l'enseignement. l'année dernière, enfin un petit peu plus, y a pas loin de deux ans maintenant Et c'est comme ça que je suis devenue professeure free-lance, jusqu'à ce que la pandémie fasse son apparition, et qu'elle requière dans ma situation de devenir un professeur 100% en ligne, simplement pour pouvoir poursuivre mon métier. Donc je sais bien, ma situation n'a absolument rien de particulier, puisqu'en 2019, énormément de professeurs ont été contraints de commencer à travailler en ligne, alors, qui en présentiel, qui à moitié en présentiel, à moitié en distanciel, et qui complètement en distanciel... Par ailleurs, le nombre de plateformes qui proposent des cours en ligne a tout à fait explosé à cette période là. Donc, face à cette nouvelle situation, il a été nécessaire disons, de créer des approches pédagogiques, de pouvoir maintenir, quelque part, la curiosité, et l'envie, et la motivation des étudiants et des professeurs. Parce que dans l'enseignement en ligne, l'interaction, la spontanéité, ne se font pas de la même manière que dans l'enseignement en présentiel. Que ce soit entre les professeurs et les élèves, ou simplement entre les élèves entre eux : le naturel n'est pas le même. Donc c'est important de créer des espaces d'échange, de dialogues et d'apprentissage qui soient sains, et productifs pour tout le monde. C'est cette situation qui, je pense, soulève plusieurs problématiques. J'en arrive à mon point essentiel, A l'un de mes points essentiels, C'est-à-dire, qu'est-ce qui est important dans cette situation ? Quelle est la question à analyser ? Comment on va se positionner face à ces nouvelles approches, face à ces technologies ? Comment l'enseignant doit-il se positionner par rapport à l'enseignement en ligne ? En fait, ce que j'essaie de vous expliquer, c'est quelles habitudes vous allez devoir modifier pour pouvoir poursuivre votre enseignement de manière relativement sereine. Il y a différentes situations qui peuvent causer des soucis dans l'enseignement en ligne. Par exemple, vous allez peut-être avoir du mal à maintenir l'attention de votre auditoire, simplement avec votre écran. Dans mon expérience, il est beaucoup plus facile de conserver l'attention de votre étudiant lorsque vous engagez votre énergie corporelle, physique, vous bougez, vous écrivez au tableau, c'est visuel Donc il faut simplement trouver des outils des nouveaux outils technologiques pour réveiller un petit peu le cours, ce qui se fait normalement naturellement, en ligne il va falloir l'appliquer et aller chercher vos outils. Donc bien sûr je pense aux outils technologiques, ça peut-être des jeux interactifs, ça peut être des dés virtuels à lancer, et on se balade sur un jeu de l'oie que vous aller projeter, ça peut être des roues qui tournent avec des questions qui s'affichent... Tout ça va permettre de maintenir votre votre élève éveillé et engagé dans le cours. Bien évidemment, l'intonation de votre voix va aussi être extrêmement importante. Vous allez me dire, "comme en présentiel", peut-être encore plus en ligne. Avoir une voix monotone risque d'assommer votre étudiant. Une autre situation problématique qu'on peut retrouver, c'est le problème de la motivation même dans l'apprentissage en ligne. Je peux maintenant, avec un an de recul, me permettre de faire une petite comparaison entre la motivation en présentiel, et en distanciel. Les étudiants vont souvent avoir plus de motivation à venir prendre un cours dans une salle de classe avec un professeur en chair et en os, où ils vont retrouver des copains, où on va discuter 2 minutes avant le cours plutôt que de se retrouver simplement devant son ordinateur où le cours en ligne va peut-être parfois ressembler davantage à du télétravail : on était devant son ordinateur, on y reste, on clique... Et des fois on a simplement pas envie. C'est tout à fait naturel, c'est normal, mais ça va être donc au professeur de redynamiser tout ça, de faire savoir à l'étudiant que ce qui va arriver dans le cours, ça va être sympa. Donc, selon moi, il est nécessaire tout simplement de multiplier, de démultiplier les outils pédagogiques dans l'enseignement en ligne. Par ailleurs, vous le savez certainement, mais les sites web regorgent littéralement d'activités. Donc il faut s'en servir. Il faut absolument les intégrer à nos cours, les adapter au public, au niveau, aux passions des uns et des autres, mais il faut les intégrer. Ensuite, le professeur va devoir va devoir se positionner en fonction des attentes de l'apprenant. Il va devoir se positionner extrêmement rapidement pour pouvoir accrocher son élève, raccrocher son élève, et puis, si j'ose dire, fidéliser son client. Puisque c'est aussi un petit peu, il ne faut pas se mentir, l'objectif. Donc, afin de résoudre peut-être, au moins en partie ce problème, je pense qu'il est nécessaire de reconnaître le type d'étudiant que vous avez. On peut se poser la question de savoir, quel élève type est-ce ? L'objectif de cette question c'est de pouvoir adapter son cours et sa stratégie d'enseignement. Moi, je me suis amusée un petit peu à créer des catégories, afin d'être justement la plus réactive possible, de reconnaître rapidement mon élève. Donc lorsque je rencontre un nouvel élève, bien évidemment, je le questionne sur ses besoins, sur ses attentes. Et c'est souvent au fil de cette première conversation, ou lors des premiers cours, que j'arrive à en apprendre davantage sur son caractère. On oublie pas ici que la psychologie de l'élève, elle va être fondamentale quand même. La personne qu'on a face à nous a un caractère complexe, et parfois, lors de cette première conversation il ne va pas nous dire tout de suite réellement ce qu'il veut, il va nous donner un objectif général. Ça va être à nous de creuser cet objectif général. Donc, lorsque les attentes de l'élève deviennent plus claires, sont plus réelles on va affiner notre course. C'est-à-dire qu'on va faire des ajouts, on va faire des coupes, voire parfois on va modifier complètement l'ensemble. Tout ça toujours dans l'objectif de maintenir l'attention de notre étudiant, de garder vive son envie, de répondre à ses besoins. Et surtout, espérer qu'il poursuive son apprentissage avec nous. Donc, quels sont les types d'étudiants récurrents que j'ai pu rencontrer lors de cette dernière année d'enseignement en ligne. Je rappelle que là je fais un petit retour d'expérience sur comment j'ai vécu ça, et qu'est-ce que j'ai mis, moi, en place. Donc, j'ai mis en place des catégories d'étudiants. Bien évidemment, il peut y avoir des petites variations, ce sont des catégories un petit peu larges. Donc on a tout d'abord, notre premier étudiant, un petit peu l'étudiant studieux qu'on va appeler Arthur, et cet étudiant n'est pas là par obligation, mais plutôt par passion, par envie. Il a vraiment une envie de découvrir la culture française, d'en savoir plus, mais pour autant c'est pas un étudiant qui est pressé par le temps, il n'a pas besoin de connaître demain toute la langue française. Donc on est plutôt sur ce que j'appellerais de l'apprentissage plaisir. Ensuite, on va avoir l'étudiant motivé. Ici on a Bob, qui a besoin de maîtriser la langue plutôt rapidement, mais qui est aussi très occupé par sa vie professionnelle. Donc, c'est pas un étudiant qui va beaucoup travailler en dehors de ses cours Ici on a plutôt un apprentissage besoin, quelqu'un qui a besoin de mises en situation, de varier un petit peu, de diversifier les langages et les champs lexicaux, et de pouvoir rapidement les mettre en pratique dans son quotidien. Suite à Bob, on a Charles. Alors Charles, c'est un étudiant sans volonté. Il n'a pas envie d'apprendre davantage le français souvent d'ailleurs il maîtrise déjà un petit peu le français. Mais ici on a un élève qui va être plutôt contraint d'apprendre. C'est plus difficile, on ne va pas se mentir, l'élève qui n'a pas envie, et surtout, c'est un élève qui est dans l'attente un petit peu du cours magique, donc ça va demander au professeur beaucoup de, beaucoup beaucoup d'implication, mais on y reviendra. On reviendra ensuite à Charles, oui. Ensuite on a notre étudiant adulte. On a Damien, qui est adulte, jeune adulte, disons, qui doit passer des examens, qui a un objectif professionnel lié à cet apprentissage donc qui va se retrouver plutôt dans un apprentissage un petit peu scolaire. Ensuite, il y a en tout six catégories, on arrive à la fin. Ensuite nous avons l'étudiant adolescent, l'étudiant enfant, Éléonore, qui elle est une adolescente, qui a décidé de prendre des cours en ligne parce que depuis un an avec la pandémie, c'est un petit peu compliqué, les cours sont un petit peu coupés, la progression n'est pas claire, et elle, elle a cette volonté de poursuivre son apprentissage, de ne pas accumuler de lacunes. Donc on va être ici dans un apprentissage également scolaire, mais avec d'autres types d'objectifs quand même. Et puis, son petit frère, Édouard, qui a 7 ans, et dont les parents souhaitent qu'il redécouvre, ou plutôt qu'il découvre une nouvelle langue, ou qu'il retrouve un lien avec ses racines. Donc là, l'objectif, c'est un objectif de découverte, plus que d'apprentissage dur. Et enfin, nous arrivons à, non plus un étudiant, mais au cours de groupe. Donc, j'aurais pu subdiviser le cours de groupe, j'ai choisi de ne pas le faire, pour réduire un petit peu le temps. Parce que, aussi, dans le cours de groupe, la plus grosse problématique selon moi, c'est le temps de parole, la répartition du temps de parole, c'est le problème commun de ces cours de groupe en ligne. Donc on y reviendra, mais voilà, ça me permet, tout ça, de créer mes six catégories un petit peu générales, dans lesquelles je vais pouvoir aller positionner mes nouveaux élèves. Ces catégories d'élève me permettent non seulement de les positionner, mais d'adopter le juste comportement face à ces élèves type. Pourquoi ? Pour éviter tout simplement l'abandon du cours. J'ai eu l'occasion par le passé de m'apercevoir que le taux d'abandon est quand même plus important dans l'enseignement en ligne qu'en présentiel. En effet, les cours en ligne sont quand même beaucoup plus, il ont démocratisé, le choix du professeur est beaucoup plus grand, et la possibilité d'en changer est aussi beaucoup plus facile. Donc on gagne et on perd des élèves comme ça, très très rapidement. Tout ce que je vous dis là, ça a pour objectif de garder son étudiant, de s'adapter à l'enseignement en ligne, et d'être réactif, et aussi, donc, de conserver son envie à soi, d'enseignement. Donc, afin de conserver nos étudiants, d'éviter ce taux d'abandon fort, il est primordial de les fidéliser, en gardant la motivation intacte, et en proposant des cours adaptés à ces besoins. Le mot-clé, ici, c'est "besoins". Et je vais faire une toute petite pause sur ce mot-clé, parce que si l'élève a des attentes, il n'est pas rare que ses besoins, eux, soient un tout petit peu différents. Et c'est pour ça qu'il a besoin de son professeur. Il a besoin du professeur pour le guider sur la route de l'apprentissage. Notre métier c'est avant tout ça je pense, c'est d'aider les étudiants à structurer leur évolution, leur apprentissage. Faut pas attendre de l'élève qu'il nous dise ce qu'IL souhaite faire, c'est à nous de fixer des objectifs, des étapes, et de l'amener à évoluer dans son apprentissage, dans sa connaissance de la langue, peu importe la notion étudiée, le processus est le même. Et donc, tout ça, en fonction de ses besoins réels, et pas simplement de ses envies. Donc, comment on va savoir quelle méthode, quelle méthodologie, quelle pédagogie adapter à tel ou tel élève. Alors là, on en revient à mes élèves type : à chacun, on va s'amuser à appliquer une pédagogie propre. Ça a aussi pour objectif, pour vous peut-être, professeur qui écoutez, de ne pas trop vous ennuyer dans vos cours, de ne pas pas vous ennuyer dans une espèce de routine répétitive et rébarbative. Donc, on en arrive à ces petits étudiants, auxquels j'applique des méthodologies. Donc, nous reprenons notre petit Arthur, avec sa pensée bien structurée, sa motivation d'apprendre, etc. Arthur, c'est un étudiant qui étudie beaucoup en dehors des heures de cours : il lit, il apprend, il fait des traductions, il écoute de la musique, il regarde des films sous-titrés, non sous-titrés, bref, c'est un étudiant avec des objectifs clairs, mais comme je le disais, qui n'est pas pressé dans le temps. Donc, cet étudiant-là, moi je vais l'aider dans sa méthodologie. Je vais créer avec lui un programme, je vais suivre son évolution, je vais la structurer. C'est tout ça qui va lui permettre d'évoluer. Je vais également lui proposer des exercices, je vais lui proposer tout un tas d'exercices un petit peu variés, que ce soit au niveau de la culture, de la langue, de la grammaire, de la prononciation, je vais essayer de couvrir un petit peu tout les objectifs, donc ça peut être un texte à rédiger, un dialogue à rédiger, c'est assez classique, on est sur de la production écrite. Ça peut être de la production orale, je peux demander de m'envoyer un petit audio, et puis ça peut aussi être lire en amont du cours, ou alors écouter un podcast, ou bien ça peut être n'importe quoi En tout cas, en amont du cours, je lui envoie ce document-là, qu'il va commencer à travailler avant notre heure. Parfois, c'est d'ailleurs cet élève-là lui-même qui me propose des textes. Ensuite, on avait Bob, qui était notre étudiant motivé, qui ne fournissait pas beaucoup de travail en dehors de nos cours mais qui est très très enthousiaste. Donc avec Bob, la méthode première à appliquer, c'est surtout conserver cet enthousiasme qui peut être parfois très fragile : d'une semaine à l'autre, il peut avoir d'autres envies et pouf! on le perd. Bref, dans ce cas-là je propose des leçons qui ne sont pas trop rébarbatives, d'un cours à l'autre. Parfois ce sont les élèves eux-mêmes qui proposent des activités, et je suis toujours ravie de suivre leurs propositions. J'essaye donc avec Bob d'alterner un petit peu les supports : audio, lecture, dialogue, etc, etc. Il y a énormément de matériel disponible. Donc à chaque cours on va essayer comme ça de trouver un nouveau support, tout en conservant bien évidemment les étapes qu'on a fixé en amont, et puis chez moi, suivre simplement la progression recommandée par le CECRL. Bien évidemment, si l'apprenant a choisi de se concentrer sur un sujet précis, juridique, médical... un grand nombre de manuels existent, et c'est ça qui va nous permettre aussi de nous appuyer pour coller au plus près de ses besoins. Nous avions ensuite Charles, mais Charles nous allons y revenir parce que pour être honnête avec vous c'est celui qui me pose le plus de questions. Donc on va tout de suite passer à notre étudiant adulte, Damien. Je le rappelle, qui doit passer, des examens, qui est très scolaire, qui a un programme précis à suivre, et donc, qui ne laisse pas vraiment la place à la créativité. Cet élève-là n'a pas besoin de s'amuser pendant le cours, c'est pas une priorité ici. Donc, afin d'aider au mieux mon élève, je vais lui proposer des cours qui se passent sur des manuels pédagogiques scolaires assez classiques, et je concentre mon attention au vu de cette évolution sur les lacunes qu'il peut avoir. Je propose par ailleurs des tests, que je lui demande de faire, je lui envoie des exercices, et je demande à cet élève que les exercices soient rendus avec énormément de régularité. C'est ce qui permettra une bonne évolution, c'est ce qui permettra à l'élève aussi de voir qu'il évolue. C'est souvent très très important pour les élèves avec un objectif précis comme ça de savoir où ils en sont. Nous avions ensuite notre chère petite Éléonore, qui rentre donc dans la catégorie des cours adolescents et enfants. Pour cette catégorie, ce que je privilégie ce sont les temps courts. Je ne fais jamais plus de 30 minutes de cours avec ces élèves-là, simplement parce que je pense qu'un enfant ne peut pas se concentrer aussi longtemps dans un cours en ligne que dans un cours en présentiel où on va lui demander de bouger, d'aller au tableau, de jouer avec un ballon, de chanter des chansons, de tenir la main du copain, etc. Donc dans ce type de cours pour les adolescents, je vais utiliser des manuels de type classique, parfois ceux qu'eux-mêmes utilisent en cours, et puis je vais me concentrer sur ce que eux ont comme besoins, les lacunes qu'ils ont : on va essayer de faire des petits exercices supplémentaires, approfondir une notion qui n'avait pas été claire, etc. Et puis Édouard, avec lui je vais passer plutôt par des jeux, par des chansons, je vais utiliser des couleurs, je vais utiliser des flashcards... Voilà, ça c'est la méthodologie que je vais utiliser pour les petits. Plutôt amusante et ludique. Enfin, nous avons les cours de groupe, le problème que je soulevais pour les cours de groupe reste le temps de parole, à diviser entre eux. Donc pour pallier ce problème, je propose de faire à mes étudiants beaucoup de dialogue. Ça permet aux étudiants de répartir le niveau de parole de façon assez équitable. Et dans les classes virtuelles, il y a notamment, certainement dans zoom, vous connaissez les classes qu'on peut diviser, et où on va pouvoir réintégrer, faire des sous-groupes, et se balader de classe en classe pour travailler avec eux de manière plus personnalisée. Et on en revient à mon petit Charles, qui est donc l'étudiant sans volonté, et là c'est extrêmement difficile pour moi de répondre à cette question, parce que je pense qu'il faut d'abord détecter ce qui le passionne réellement, afin de pouvoir adapter le support à ses besoins. Mais étant donné que c'est un élève qui n'a pas envie de travailler, qui n'a pas envie d'apprendre la langue, souvent c'est déjà un élève qui a déjà un certain niveau, ça peut être B1, même, je n'ai pas beaucoup de bonnes idées à vous donner, j'en suis bien navrée. Moi ce que je fais c'est que je varie énormément les supports, et j'essaye régulièrement de trouver de nouveaux supports. Que ce soit de la traduction, que ce soit de la lecture, que ce soit un article de journal qui va l'intéresser, lui demander de me dire s'il a regardé un film récemment dont il voudrait qu'on parle, dont on pourrait tirer un point de grammaire, mais ça reste quand même extrêmement difficile. Enfin, et je vais terminer là-dessus, comment fidéliser notre étudiant, et, est-ce possible ? C'est une question à laquelle nous avons répondu de manière un petit peu indirecte tout à l'heure. Ce qu'il faut garder en mémoire, c'est que nous fournissons un service, bien évidemment. Donc, je pense que les élèves font confiance à notre expérience, à notre expertise, pour les aider, pour les accompagner au mieux. C'est donc important de leur montrer notre sérieux et notre implication. Je pense qu'ici le suivi prend tout son sens. Le fait de proposer des devoirs, des exercices, des lectures, et de corriger le tout, ça permet d'entretenir des échanges réguliers et aussi l'apprentissage entre deux leçons. Personnellement, indépendamment des exercices, je crée un dossier qui contient toutes les leçons qu'on aura vu ensemble. Ça contient également des liens vers les vidéos, les articles, les podcasts que je lui envoie, et ça contient aussi une feuille de route avec la progression de l'élève. Ça permet non seulement de le rassurer, de lui montrer qu'il est en évolution, qu'il progresse, parce que c'est souvent ça aussi qui démotive les élèves, c'est de ne pas voir qu'ils avancent. Ils ont l'impression de stagner et ça les stresse. Et puis ça lui permet simplement de voir combien de leçons il a payé, combien il lui en reste, et donc d'être sécurisé avec moi. C'est une progression qui est visible, pour lui. Personnellement, pour attirer un petit peu des élèves, moi j'ai fait le choix de proposer des documents en ligne gratuits, facilement accessibles à tous pour entretenir et garder la motivation. Donc j'ai créé, je vous le montre rapidement, j'ai créé une chaîne YouTube, un compte Instagram, sur lesquels je vais transmettre des fiches de révision, que je veux ludiques. Je vais faire des vidéos, où je vais reprendre des points de grammaire Je me suis rendue compte que tel point de grammaire était un petit peu compliqué donc je vais essayer de le reprendre, de manière ludique toujours, dans une vidéo. Bien entendu, tout ça ça prend du temps, il faut prendre en considération le temps employé par le professeur. Que ce soit pour les corrections, pour créer du matériel en ligne c'est extrêmement long, mais personnellement ça m'amuse, aussi. Toutes ces techniques, c'est une manière de fidéliser votre (bafouille) Pas votre patient, votre client, pardon ! Donc, une des techniques que j'emploie, c'est qu'une partie des exercices que je transmets à mes étudiants contient déjà le corrigé. Je me suis amusée à tout corriger avant de lui envoyer, comme ça il peut se corriger, et si des questions perdurent, eh bien on peut en parler lors du cours suivant. Bien évidemment, tout ce qui est production orale ne peut être corrigé que sur mon temps libre. Donc, je termine, mais la connaissance des besoins, des attentes, et du caractère, de la psychologie un petit peu de votre élève - je sais, on n'est pas psychologue mais quand même, il faut avoir un petit peu de finesse là-dedans - permet cette connaissance permet d'adapter les outils utilisés. Ça permet de proposer des activités variées, les devoirs, les machins, le travail en ligne, les quiz, l'oral... Et ça permet aussi, et ça c'est très très important je le répète, mais ça évite l'ennui, en fait, du professeur. Les cours trop répétitifs en ligne assis devant votre écran, c'est extrêmement épuisant, c'est lassant. Donc, afin d'éviter ça, moi je vous conseille d'essayer d'utiliser au maximum toutes ces petites techniques dont j'ai parlé. Je vais maintenant passer aux questions, je vois qu'il y en a un certain nombre. Donc la première question : "Y a-t-il quelque chose que tu as appris à travers l'enseignement en ligne que tu aimerais bien amener dans l'enseignement en vis-à-vis ?" Donc, oui. Sincèrement, je pense que l'utilisation des outils pédagogiques en ligne est extrêmement importante. Je me suis rendue compte que ça permet de transmettre encore d'autres choses, les petites vidéos que j'utilisais pas dans mes cours en présentiel maintenant je les utilise et ça réveille, les sites web qui regorgent d'activité ça, ça je le mettrai en place maintenant dans des classes en présentiel, absolument. Très bonne question. Suivante : "Quelle est la meilleure approche que vous recommanderiez pour enseigner aux adultes pendant le confinement ?" C'est ce que je vous disais tout à l'heure, ça va dépendre de la catégorie, les adultes peuvent avoir certains types de besoins, d'attentes, et donc, en fonction de ces attentes-là, il va falloir adapter votre matériel pédagogique, manuels scolaires ou autres. Ça c'est un petit peu en fonction des catégories dont je vous parlais, à vous de percevoir ce qui va être nécessaire. Question suivante : "Comment motiver les adultes qui veulent des résultats rapides ?" Alors, écoutez, là vous posez une vraie question, c'est un vrai problème que je rencontre aussi moi souvent, enfin que je rencontre souvent, et très simplement, je vous dirai que je répond à ces adultes que le cours magique n'existe pas. Donc les résultats rapides ne peuvent être obtenus que par une implication extrêmement régulière, soutenue, et très très soutenue. C'est-à-dire de nombreuses heures de cours par semaine, ça veut dire des cours en intensif. C'est la seule manière d'accéder rapidement à un niveau de langue supérieur. Une langue ça s'apprend, ça se digère. On ne peut pas apprendre une langue du jour au lendemain. Ça c'est définitivement pas possible. "As-tu jamais lassé - 'laissé' je suppose - un étudiant qui n'a pas envie d'étudier ?' Alors pas encore ! (rire) Pour tout vous dire pas encore, mais c'est pas faute d'avoir eu envie de dire "bon, on arrête". Malgré tout, mon objectif c'est quand même de transmettre une langue que j'aime, et de rendre aussi cette langue intéressante. Donc je vais essayer de trouver les points qui vont l'amener à retrouver peut-être de l'engouement pour cette langue, pourquoi est-ce qu'il est venu vivre dans ce pays, qu'est-ce qui lui a plus au départ, je vais essayer de retrouver les premières petites étincelles qui l'ont amené à ça. Question suivante : "Votre méthode rappelle le coaching linguistique vous aidez chaque élève à passer du point A au point B, en tenant compte de leur diversité pensez-vous que vous êtes moitié coach, moitié prof ?" Alors j'avais jamais pensé à cette question, pour être honnête, je n'ai jamais fait de coaching. Aujourd'hui je me propose de un retour sur mon expérience, sur ce qui m'a amené à être prof en ligne, et donc des questions nouvelles se sont posées, parce que dans l'enseignement, dans l’Éducation Nationale, on suit un peu un parcours tout tracé, qu'on réfléchit pas trop, donc c'est vrai que je n'ai pas l'impression d'être un coach - et je ne sais pas trop ce que ça veut dire, aussi, pour être honnête. Je serais tout à fait enclin à motiver d'autres professeurs s'il y a une baisse de moral, mais du coaching peut-être... Enfin, peut-être, je ne sais pas. Question suivante : "J'aimerais bien en savoir plus sur les flashcards, comment utiliser Anki." Alors, les flashcards, moi je les crée avec Canvas. Je n'utilise pas Anki, mais je sais que c'est une très bonne application. J'ai d'autres collègues et amis qui l'utilisent, malheureusement je ne peux pas vous en dire plus sur Anki, je ne l'ai pas utilisé moi-même. "Auriez-vous d'autres tips pour faire parler plus les étudiants pour les cours en classe ?" Alors, pour faire parler un étudiant, il faut lui poser des questions. Ça fait partie un peu de ce que je dirais être la base même. C'est-à-dire, il y a différentes techniques : il y a des sites, qui vous proposent - type "Les Experts" - qui vous proposent des petites possibilités de questions, avec des listes de questions que vous pouvez choisir. Il y a, lui montrer une image, et lui demander de vous parler de cette image. Ça peut être une image d'actualité, ça peut être un dessin satirique, ça peut être n'importe quoi. Vous pouvez aussi lui proposer d'écouter une chanson, et puis de vous en parler : ça peut être une chanson actuelle, genre Angèle, ça peut être une chanson un peu plus old school style France Gall. Pour faire parler les étudiants, il y a énormément de manières différentes. Après ce qu'il fait prendre en considération c'est aussi parfois la nationalité des étudiants. Ça c'est vrai que j'en ai pas parlé, mais s'il est vrai que certains étudiants sont extrêmement timides, la manière dont ils ont appris ne les a pas habitué à s'exprimer, et donc il faut essayer d'aller tirer des fils petit à petit, par des questions simples, par des questions plus complexes : ça peut être des questions de société aussi, ça peut être, on peut parler de la pandémie, on peut parler de politique... Avec ces élèves on peut parler de tout puisqu'il ne faut pas oublier qu'on doit aborder un petit peu tous les champs lexicaux. Donc à vous de rester neutres dans une certaine mesure, bien évidemment, mais quand même, vous pouvez aborder n'importe quel sujet, même des sujets un peu plus graves. Avec tact, bien évidemment. J'espère que j'ai répondu à votre question. Et enfin : "Qu'est-ce que tu fais pour enseigner à quelqu'un qui ne parle aucun mot en français, et qui même en temps normal, je suppose, ne parle pas non plus une langue que tu parles ?" (rire) Alors, ça c'est ce que j'ai vécu en Chine, quand j'enseignais à des adultes qui étaient à zéro. Donc, zéro connaissance du français. Je suis d'abord passée par énormément d'images. Beaucoup beaucoup beaucoup. Des gens qui se disent bonjour, pour exprimer "bonjour", en mimant... Alors, c'est vrai que c'était pas en ligne à cette époque-là, mais c'est ce que je reproduis en ligne aussi. Je mime aussi énormément : je fais des, je me lève, j'essaie de montrer ce que j'essaye de dire, j'affiche comme je vous disais beaucoup d'images. Les images sont très parlantes, elles sont souvent internationales : quelqu'un qui fait ça, c'est rarement quelqu'un qui nettoie une vitre quand on commence à apprendre le français, donc c'est automatiquement le "bonjour", le "au revoir". Les images permettent de commencer une langue. Ensuite, l'apprentissage par cœur de quelques phrases, pour se présenter. Quand l'élève a compris qu'on était dans la présentation, puisque vous avez utilisé son nom, vous avez utilisé son âge, vous avez utilisé son lieu de vie, il va bien repérer les éléments qui se rapportent à sa propre vie, vous allez ensuite lui faire apprendre par cœur au départ - moi en tout cas c'est ce que je fais - un petit texte de présentation : "je m'appelle Machin, j'habite, mon numéro de téléphone c'est, mon adresse c'est, j'aime ci, je n'aime pas ça... Et ensuite, petit à petit, on va pouvoir utiliser des touts petits dialogue, où il va repérer certains mots qu'il aura vu, le "je", le "tu", et par la suite, adapter à ce qu'on a vu un point de grammaire. Par exemple le verbe être, pourquoi pas ? Bon, il faut y aller par étapes, il faut y aller doucement, il ne faut surtout pas se dire que l'enseignement vite c'est un bon enseignement. L'objectif, c'est de respecter les étapes. Il ne faut pas les brûler, sinon on se retrouve avec des lacunes pas possible, et on pense avoir un niveau B2, alors qu'en fait on ne sait toujours pas dire "je m'appelle". Très bien, alors, concernant une autre question, "je voulais dire, faire parler davantage les étudiants quand ils sont plusieurs sur Zoom". Très bien ! Une classe de vingt, personnellement, je vais la diviser en groupes, sur Zoom. Je vais utiliser les "rooms" qui sont à disposition, je divise en groupes, et je leur fais faire, travailler des sujets, des dialogues à deux, et puis je vais leur faire faire des dialogues, je vais aussi leur faire faire des débats - toujours dans des classes dégroupées, je pense que c'est ce qu'il y a de plus simple pour répartir le temps de travail. Je ne dis pas que j'ai trouvé la méthode géniale, j'ai utilisé les outils que j'avais à ma disposition. Et généralement ça fonctionne plutôt bien parce que moi ensuite je me balade dans chacune des classes, et puis je vois comment la discussion se passe, et je fais en sorte aussi qu'ils ne reviennent pas à une autre langue, qui serait souvent l'anglais, entre eux. J'essaie de développer, comme ça, différents sujets, en fonction de leurs niveaux, bien évidemment. Et de retour en classe, j'essaie un peu de faire des plenum, de retrouver un peu ce que chacun s'est dit, quelles sont les idées des uns et des autres, et ça ça permet quand même en général d'avoir de bons retours sur le temps de parole de chacun. C'est ce que mes étudiants m'ont dit en tout cas. "Peut-on utiliser la TPR (Total Physical Response) avec des adultes, ou peut-on s'en inspirer ?" C'est une bonne question. C'est une bonne question, et je pense sincèrement qu'on peut s'en inspirer. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas l'adapter au public adulte, en tous cas. Je vois que le temps s'écoule, je ne vais pas avoir le temps de terminer cette question, et puis sincèrement je n'ai pas vraiment appliqué, donc je n'oserais pas non plus vous dire tout et n'importe quoi. Je vous parle, encore une fois, de ce que personnellement j'ai appliqué, notamment parce que je suis aussi en train de, encore en train de me former sur les publics qui ne parlent pas du tout, sur les primo-arrivants. Étant encore en formation, je n'ai pas encore décidé d'appliquer les connaissances que je découvre. Voilà, le temps s'est écoulé, j'espère, j'espère avoir pu répondre relativement bien à vos questions, et je vous souhaite une très bonne journée, après-midi, matinée. Au revoir !