J'aimerais vous raconter l'histoire
d'un garçon qui s'appelle Sven.
Il était en CM2, atteint d'autisme,
et ne savait pas lire.
Ne serait-ce que « il », « moi »
ou « le ». Pas un seul mot.
Ses professeurs ont dit à sa famille
qu'il ne pourrait peut-être
jamais apprendre à lire.
Grâce à mon programme de lecture facile,
j'ai appris à lire à Sven.
Mon histoire commence
lorsque ma fille était en CP.
Elle avait des difficultés en lecture.
À l'époque, je ne connaissais rien
de ce problème.
Je pensais : « Tout le monde sait lire,
pas vrai ? »
Faux.
Selon le ministère de l'Éducation
des États-Unis,
l'année dernière, 19%
des lycéens américains
ont obtenu leur diplôme avec un niveau
de lecture de CE2,
ce qui est considéré comme
de l'illettrisme.
Ces cas représentent 1 élève sur 5,
environ un demi-million de jeunes diplômés
chaque année.
Comment est-il possible de passer
son diplôme sans savoir lire ?
Les enseignants font tout leur possible
pour aider ces enfants,
mais les méthodes traditionnelles
d'apprentissage de la lecture
sont inefficaces pour de nombreux élèves.
Selon l'évaluation nationale
de l'alphabétisation des adultes,
« En Amérique, 85% des jeunes délinquants
et 70% des personnes détenues
sont des analphabètes fonctionnels. »
L'analphabétisme est l'indicateur premier
d'une activité criminelle subséquente.
Il y a une solution, et je vais vous
raconter comment elle est née :
Vers mes 20 ans, je suis partie au Japon
pour enseigner l'anglais.
J'ai dû apprendre le japonais
en commençant par la lecture.
J'ai découvert que les Japonais avaient
développé une méthode nommée « hiragana ».
Elle rendait l'apprentissage si facile
qu'une semaine m'a suffit.
Au début, je ne connaissais pas
le sens des signes.
Mais l'intérêt, c'est que je pouvais
prononcer le japonais correctement.
Dix ans plus tard, lorsque les difficultés
de ma fille m'ont ouvert les yeux,
j'ai décidé d'utiliser mon expérience
japonaise et de la transposer à l'anglais.
Avec l'aide d'un spécialiste en lecture,
j'ai noté tous les sons anglais.
Puis, j'ai analysé notre alphabet.
J'ai découvert que parmi nos 26 lettres,
12 n'étaient associées qu'à un seul son,
mais les 14 autres étaient associées
à plusieurs sons.
La lettre « A » forme quatre sons
et la lettre « C » en forme trois.
Le « O », lui,
forme huit sons différents !
Je pense que c'est la raison
pour laquelle l'anglais est si difficile.
Prenons l'exemple du « C ».
Les trois sons du « C »
se retrouvent dans les mots anglais
« cat »,
« face » et « ocean ».
J'ai aussi été étonnée de voir
que ces 17 lettres étaient
quelques fois muettes,
c'est-à-dire qu'elles ne se prononcent pas
et ce, dans de nombreux mots.
Arrêtons-nous un instant
sur ces quatre exemples :
on ne prononce pas le « B »
dans le mot « doubt »
ni le « G » dans le mot « sign »,
ni le « S » dans « island »,
ou le « W » dans « who ».
J'ai développé un programme
appelé « nardagani ».
J'ai trouvé un moyen d'exposer
tous les sons de chacune des 14 lettres.
Sous chaque lettre se trouve
un de ces symboles.
Ces symboles indiquent au lecteur
quel son il doit prononcer.
Ils aident aussi les élèves à apprendre
à prononcer les mots.
Je vais vous enseigner
deux de ces symboles.
Tout d'abord, le préféré de tous.
Le carré représente votre bouche,
la ligne votre doigt,
et le son qu'il produit est « ch ».
Le son « ch » peut être produit
de cinq façons différentes :
avec un « S » comme dans « sugar »,
deux « S » comme dans « mission »,
et « S-H » comme dans « sheep »,
un « T » comme dans « vacation »,
et un « C » comme dans « social ».
Le triangle indique au lecteur qu'il doit
utiliser le son « ou ».
Le son « ou » peut être produit
de quatre façons différentes,
avec un « O » comme dans « move »,
deux « O » comme dans « school »,
un « E » comme dans « flew »
ou un « U » dans « super ».
Et alors, ces lettres muettes ?
Elles sont soulignées
et faciles à repérer.
Voici un exemple
de nos symboles en action.
Notez les trois différents sons
de la lettre « U ».
« We hum a tune for you. »
(Nous fredonnons un air pour toi)
Le Dr Jeffrey Wilhelm,
professeur émérite
en enseignement anglais
à l'Université d'État de Boise,
et expert en alphabétisation,
reconnu au niveau national,
a entrepris une étude de recherche
à petite échelle
incluant notre programme.
Il affirme son efficacité,
dans le sens où il réduit
la surcharge cognitive
généralement ressentie par les personnes
apprenant à lire l'anglais.
Nous avons réalisé, dans les centres
de détention, plusieurs projets pilotes
qui ont été très prometteurs.
La méthode Nardagani a été approuvée
par le ministère de l'Éducation de l'Idaho
pour une utilisation dans les écoles
de l'État.
Avec la méthode Nardagani, Sven,
alors en CM2,
a appris à lire nos symboles
en huit leçons d'une heure.
(Applaudissements)
Il était ravi de pouvoir lire des livres
codés avec nos symboles.
(Video) Sven : « C'était assez difficile,
mais quand j'ai commencé
à travailler avec eux,
c'est devenu facile.
Je pars en safari. »
(Rires)
« Je vois des zèbres brouter en safari.
Ouah !
Je vois des animaux tout autour de moi
en safari. »
(Applaudissements)
« J'ai réussi ! »
Narda Pitkethly : « Oui ! Tu as réussi ! »
(Sur scène) Sven a donc appris
à lire nos livres codés
en huit leçons d'une heure.
Plusieurs mois plus tard,
il n'avait plus besoin des symboles.
L'année dernière, au collège,
Sven est devenu le fier membre
de la société d'honneur nationale.
(Applaudissements)
Sven déclare :
« Avant, je pensais que lire
était impossible,
mais maintenant je sais que
tout est possible. »
Merci.
(Applaudissements)