Il y a des moments pénibles, bien que décisifs ¶ qui se produisent dans notre vie et contribuent à nous façonner. Le premier dont je me souviens, en CE1, le jour de la photo de classe. D'autres s'en souviennent ? Je sens encore la pellicule et la laque flottant dans les couloirs. Et je vois encore ces petites têtes blondes qui sautillaient dans le couloir vers le gymnase. J'allais dans une école primaire presque entièrement blanche, ce qui est à peu près tout l'espace que j'ai occupé toute ma vie étant la seule ou l'une des très rares. Et il y avait un objet qui passait dans la file d'attente que j'avais déjà vu mais que je n'avais jamais utilisé. C'était petit et noir. (Rires) Vous savez ce que c'est, n'est-ce pas ? On s'en servait pour lisser les frisottis et effacer les boucles des têtes blondes. Et quand il est arrivé dans mes mains, je l'ai regardé et j'ai dit : « Eh bien, tout le monde l'utilise, alors pourquoi pas moi ? » (Rires) Cet objet, que j'appelle aujourd'hui l'ennemi public ou le peigne fin. (Rires) Je me suis donc mise au travail. et j'ai commencé à tirer sur mes boucles, en essayant de les lisser le plus possible pour éliminer tout le travail que ma mère avait probablement fait plus tôt ce jour-là. Et le résultat n'était pas tout à fait ce que je voulais. (Rires) Mais j'étais mignone. (Rires) Ce n'était que le CE1. Ce fut vraiment la première fois où je me suis rendue compte que j'étais différente des autres. Il y avait un truc que je ne pouvais pas utiliser que tous les autres pouvaient à cause de ma couleur de peau ou ma chevelure Et c'est ainsi qu'a commencé ce voyage de changement de code, qui, si vous ne savez pas ce que c'est, c'est se changer pour s'adapter à des environnements différents. Certaines personnes le font pour survivre, d'autres le font pour s'intégrer dans un espace traditionnellement blanc. Beaucoup de gens de couleur le font, des gens de communautés indigènes, et d'autres issus d'espaces marginalisés. Pour moi, ça s'est manifesté en me lissant les cheveux, et c'est ce à quoi j'ai ressemblé pendant la plus grande partie de ma vie, et même dans ma carrière professionnelle. J'ai dépensé des milliers de dollars, probablement plus, dans des produits qui pourraient faire frire une canette de Coca sur ma tête pour ressembler le plus possible à mes homologues blanches. En entrant sur le marché du travail, j'ai commencé à le voir aussi, dans la façon dont je parlais ou non dans les réunions. Ce qu'il s'est passé, c'est que j'ai commencé à recevoir ces bilans annuels qui me disaient que j'étais trop calme, que je n'avais pas de point de vue, et je n'étais pas assez forte. Pour la plupart des gens que je connais, je suis plutôt obstinée. Et c'était inhabituel, et ça m'a fait me sentir petite. Et un moment particulièrement triste, je voyageais pour affaires dans un bar de Los Angeles, à l'aéroport, l'un des endroits les plus tristes si vous avez déjà été dans un bar d'aéroport. (Rires) J'étais assise et en face de moi, il y avait une belle femme noire fière au crâne chauve. Pour ceux qui ne le savent pas, nos cheveux sont notre couronne ; nous les chérissons et beaucoup d'entre nous les changeons pour nous intégrer. Alors je me suis approchée d'elle et je lui ai dit : « Comment avez-vous eu le courage de tout raser ? » « Chérie, j'aurais dû le faire plus tôt », dit-elle. Je me suis assise pour y réfléchir un moment, mais pas trop longtemps parce que j'ai appelé mon coiffeur j'ai pris rendez-vous et je suis allée me faire couper les cheveux. Je n'étais pas complètement chauve, mais c'était assez inconfortable pour que je ressente un réel changement. J'ai commencé à laisser mes cheveux naturels en ce que j'appelle une TWA, ou une petite afro. (Rires) Je ne l'ai pas inventé, c'est normal. (Rires) À part le fait que je ne sache pas quelle quantité d'après shampooing utiliser ou de sentir mon cou pour la première fois, il y avait une autre chose inconfortable qui revenait sans cesse. C'était un son, et ce son était ma voix. Je ne l'avais jamais entendue auparavant. Peut-être qu'elle avait été frite par tous les produits que j'utilisais. (Rires) Mais c'était une voix forte : c'était gênant au début, mais ensuite j'ai commencé à m'y habituer. Elle a commencé à défendre mes intérêts comme je ne l'avais jamais fait. J'ai eu deux bébés et j'ai commencé à les défendre d'une manière que seul un nouveau parent peut le faire. J'ai commencé à défendre les femmes dans mon secteur d'activité, la publicité, dont la direction est principalement blanche et masculine, les aidant à progresser dans leur carrière. Finalement, j'ai créé une entreprise avec mes trois meilleures amies, The Coven, un espace communautaire et de travail pour les femmes et des gens non binaires ici à Minneapolis, bientôt à St Paul, (Applaudissements) (Acclamations) et bientôt dans les communautés du Midwest. Nous avons construit cet espace pour des gens qui n'avaient pas de voix ou ne l'ont pas encore trouvé ou n'ont jamais entendu leur propre voix. C'est pour celles qui veulent se présenter comme elles-mêmes et être traitées avec respect et gentillesse. Dans ce processus de construction de ce bel empire, j'ai commencé à recevoir des critiques un peu différentes. (Rires) Ils ont dit que j'étais trop forte. J'avais trop de points de vue, et j'étais trop forte. Mais c'est mieux. (Applaudissements) (Acclamations) À chaque boucle qui poussait sur ma tête, ma voix est devenue plus forte, et j'ai commencé à m'écouter davantage. Les gens me posent beaucoup de questions sur mon courage Comment ai-je eu le courage de me couper les cheveux ? de faire pousser une afro géante ? Comment ai-je eu le courage de défendre mes intérêts, ceux de mes enfants et des femmes ? Et maintenant, je peux dire : « J'ai commencé à m'écouter, et arrêté d'écouter les gens qui disaient que j'étais trop ceci ou cela. Et chérie, j'aurais aimé le faire plus tôt » . Merci. (Applaudissements) (Acclamations)